Article paru dans CPS 55 de décembre
1994
Ex-Yougoslavie :
antagonismes inter-impérialistes exaspérés
les
u.s.a. contre la france et l'angleterre
le
gouvernement français isolé
février-mars
1994 : le compromis germano-américain
avril
1994: la bataille de goradze
mai-juin
1994: manœuvres dilatoires
l’opposition
de l’impérialisme français
novembre
1994 : soutien ouvert des u.s.a.
D |
urant la seconde quinzaine du mois d'octobre, le
gouvernement français donnait l'ordre à ses troupes d'évacuer l'enclave
musulmane de Bihac située en Bosnie-Herzégovine. Aussitôt après leur départ,
les troupes bosniaques passaient à l'offensive et refoulaient les milices
serbes. En combinaison avec les milices croates sur d'autres points du
territoire bosniaque, elles attaquaient les forces serbes. Aussitôt, le
gouvernement américain faisait savoir que cette offensive était «légitime».
Mais, au début novembre, les Serbes concentraient le maximum de leurs forces
armées et de leurs moyens pour engager une contre-offensive en direction de
Bihac. Ils infligeaient une défaite sévère au Ve
corps bosniaque dont il aura bien du mal à se relever. L’armée serbe de
Bosnie-Herzégovine a reconquis les territoires perdus au moment de l’attaque
bosniaque et, au-delà, encerlait la ville de Bihac.
De son côté, le lendemain de la défaite électorale du parti démocrate, Clinton
annonçait qu'il levait l'embargo sur les armes à destination de la Bosnie,
soulevant les plaintes de ses «alliés», français en particulier.
Comprendre ces derniers événements, comprendre comment la situation dans
l'ex-Yougoslavie en est arrivée à ce point, implique de revenir sur les
évènements antérieurs, nécessité d'autant plus grande que la presse française
a, le plus souvent, tenté de rendre ces évènements incompréhensibles.
I |
l y a bien sûr à l'origine la crise économique et
politique de la Yougoslavie dirigée par la bureaucratie titiste, la dislocation
d'une Yougoslavie où les questions nationales non seulement, n'avaient pas été
résolues mais avaient été exacerbées par la politique de la bureaucratie et les
inégalités croissantes ; les différentes fractions de la bureaucratie, afin de
maintenir leur pouvoir, avaient ensuite tenté de canaliser à leur profit les
aspirations nationales des différents peuples de Yougoslavie dès lors qu'elle
ne pouvait plus les empêcher de s'exprimer: en Slovénie, en Croatie, les
bureaucrates locaux se faisaient les chantres de l'indépendance tandis qu'en
Serbie, au nom des droits du peuple serbe, les bureaucrates serbes réduisaient
au silence, par la terreur, les albanais majoritaires au Kosovo et la minorité
hongroise de Serbie.
Mais ce furent les interventions des différents impérialismes qui mirent le feu
aux poudres, chaque impérialisme cherchant à se tailler une zone d'influence en
encourageant telle ou telle fraction de la bureaucratie:
- L'impérialisme allemand a poussé les gouvernements slovène et croate à
déclarer leur indépendance (25 juin 1991), entraînant aussitôt l'intervention
militaire de la Serbie (cf. CPS n°50, novembre 1993). Si l'armée serbe évacua
rapidement la Slovénie, c'est un tiers du territoire croate qui est depuis lors
sous contrôle des milices serbes sécessionnistes (Krajina).
- Les impérialismes français et anglais, après avoir
soutenu jusqu'à la fin une Yougoslavie unie sous contrôle de la bureaucratie et
de l'armée yougoslaves (dirigées majoritairement par les serbes), ont soutenu
l'offensive de l'armée serbe et le projet d'une grande Serbie pour mettre en
échec l'avancée allemande dans les Balkans qui menaçait une zone d'influence
traditionnellement franco-anglaise.
Puis ce fut au tour de la Bosnie-Herzégovine, véritable Yougoslavie miniature,
mosaïque de nationalités et de religions, de proclamer son indépendance avec
l'appui du gouvernement français: aussitôt après le
référendum pour l'indépendance (1er mars 1992), les gouvernements européens et
américain reconnurent l'indépendance bosniaque. Or les serbes (31% de la
population) refusaient cette indépendance et avaient boycotté le référendum.
Les milices serbes, soutenues par l'armée de Serbie, entreprirent aussitôt le
dépeçage de la Bosnie, terrorisant la population, déplaçant en masses les
populations non-serbes.
Les dirigeants impérialistes, après avoir affirmé que jamais ils
n'accepteraient le découpage de la Bosnie et l'avoir admise à l'ONU,
proposèrent un premier découpage: ce fut le plan Vance-Owen. Ce plan échouait. En août 1993, un second plan (plan Owen-Stoltenberg), proposait - sous couvert d'Etats
confédérés - un découpage de la Bosnie en trois Etats ethniquement purs: 17%
pour les croates, 30% pour les musulmans et 53% pour les serbes, ces derniers
ayant la possibilité ultérieure de rallier la Serbie pour aller vers la Grande
Serbie.
Pourtant, ce deuxième plan - qui servit de base aux négociations jusqu'en
février 1994 - fut mis également en échec par les dirigeants musulmans de
Bosnie (avec à leur tête Izetbegovic) soutenus de manière quasi-ouverte par le
gouvernement des U.S.A.
A |
u début
du conflit, le gouvernement américain, soucieux de bloquer le développement de
l'influence allemande, avait encouragé l'offensive des dirigeants serbes. Mais
ils entendaient également réduire de manière décisive l'influence de la France
et de l'Angleterre ; à la différence de ces derniers qui appuyaient le projet
d'une Grande Serbie (incluant l'essentiel de la Bosnie, la Krajina croate et
accédant à la mer), les U.S.A. voulaient limiter la
puissance de la future Serbie afin de mieux la vassaliser et constituer un Etat
tampon qui leur soit totalement asservi: la
Bosnie-Herzégovine. Au delà, l'objectif était d'asseoir son contrôle sur les
Balkans et de s'ouvrir une voie de pénétration vers le sud de la Russie.
Durant l'année 1993, le gouvernement américain avait systématiquement saboté
toutes les manœuvres franco-anglaises: il exigeait en
particulier que rien ne soit fait sans l'accord d'Izetbegovic et des dirigeants
musulmans de Bosnie. Ceux-ci pouvaient donc s'opposer à tous les plans
franco-anglais.
Pour se débarrasser d'Izetbegovic, les gouvernements français et anglais
tentèrent de porter au pouvoir un bureaucrate-trafiquant-spéculateur,
le dénommé Fikret Abdic, dirigeant sécessionniste de
l'enclave de Bihac (cf. CPS n°52). Mais le gouvernement américain imposa le
maintien d'Izetbegovic à Sarajevo tandis que Fikret Abdic
gouvernait son enclave de Bihac avec la protection des 1300 casques bleus
français. La situation du gouvernement d'Izetbegovic semblait néanmoins sans
issue, tant son territoire était disloqué en plusieurs zones inviables, menacé
par les attaques de l'armée serbe mais aussi des milices croates de Bosnie. Ce
sont les U.S.A. qui l'ont remis en selle.
A |
u début
de l'année 1944 le gouvernement américain ayant mis en échec le plan
franco-anglais dit «Owen-Stoltenberg»
décide de passer à une nouvelle étape: imposer un plan sur la base d'un compromis avec l'Allemagne. Le 1er février
1994, à Washington, le chancelier Kohl et le ministre anglais des affaires
étrangères se rapprochent publiquement de la position américaine. Le massacre
de Sarajevo du 5 février 1994 va donner le prétexte nécessaire à une
intervention ouverte de l'impérialisme américain. Le gouvernement français
s'aligne à son tour et cesse de renvoyer dos à dos armée serbe et armée
bosniaque, assiégeants et assiégés. Mitterrand et Balladur se taisent, laissant
à Juppé et Léotard le soin de gérer ce premier recul français.
Le 9 février est donc adopté l'ultimatum de l'OTAN, visant en fait les serbes
et leur ordonnant de retirer les armes lourdes dans un rayon de 20 km, avant le 21 février. Les troupes serbes obtempèrent et
le secrétaire général de l'O.N.U. se déclare
satisfait. Ce premier recul du gouvernement serbe, corrélatif à celui du
gouvernement français isolé par l'accord germano-américain non explicite,
allait en préparer d'autres.
T |
rès vite en effet, à la suite du cessez-le-feu à
Sarajevo, les Etats-Unis imposent leur plan, fruit d'un compromis avec
l'Allemagne: le 23 février, un accord de cessez-le-feu est signé pour
l'ensemble de la Bosnie entre les chefs militaires croates et le gouvernement
bosniaque: «Nous sommes convenus»
déclare le nouveau chef des milices croates «d'organiser
la Bosnie-Herzégovine sous la forme d'une union des peuples croate et musulman».
Puis, le 1er mars, à Washington, est rendu public un accord entre croates et
musulmans de Bosnie visant à constituer une fédération croato-musulmane au sein
d'une Bosnie-Herzégovine redécoupée. Le 18 mars,
enfin, toujours à Washington, sont signés deux textes, l'un instituant une
fédération croato-musulmane de Bosnie, l'autre avançant la perspective d'une
confédération entre la Bosnie fédérale et la Croatie. Sont signataires les
présidents de Croatie et de Bosnie sous l'égide des États-Unis
La Bosnie sera redécoupée selon les intérêts
américains et l'ancienne Yougoslavie partagée selon les zones d'influence
américaine et allemande. C'en est fini de la Grande Serbie chère au cœur de
l'impérialisme français ; pour ce dernier, la défaite est amère mais il ne
renonce pas, d'autant plus que s'il doit se soumettre aux volontés de
l'impérialisme dominant, un ordre stable est néanmoins difficile à instaurer
dans les Balkans, laissant ainsi une marge de manœuvre à l'impérialisme
français.
Durant les mois qui suivent l'accord du 18 mars, l'impérialisme français va
donc continuer à manœuvrer, encourageant ainsi la «résistance» des dirigeants
serbes. Les uns et les autres devront, néanmoins, reculer de nouveau.
avril 1994: la
bataille de goradze
A |
yant dû
se soumettre à Sarajevo, à leur tour isolés face à l'alliance nouvelle des
croates et des musulmans, les dirigeants serbes décident de «tester» le
dispositif adverse, jouant des rivalités inter-impérialistes:
ils accentuent leur pression militaire sur l'enclave musulmane de Goradze. Le 6 avril, un ultimatum du Conseil de Sécurité
enjoint les serbes de mettre fin à cette attaque Les 10 et 11 avril, l'aviation
américaine, à titre d'avertissement, procède à deux attaques. Rien n'y fait, et
l'étau serbe se referme: la presse française jubile ;
l'éditorial du «Monde» du 17 avril
est titré à l'adresse de l'O.N.U. et, au-delà, des U.S.A.: «Le symbole
d'une impuissance» et l'éditorial commence par ces mots: «Goradze est sur
le point de tomber».
Pourtant, le 19 avril, Eltsine lâche publiquement les serbes:
à la demande du gouvernement américain, il exige des serbes la fin du siège de Goradze. Mais «Le
Monde» ne veut rien voir et publie le 23 avril un grand article d'André
Fontaine dont le titre - «la gifle» -
vaut programme: la gifle serait celle reçue par l'occident selon lui
ridiculisé, ce qui implique de revenir au projet français...
Hélas pour André Fontaine, les faits sont cruels: avec
le vote unanime du Conseil de Sécurité et le lâchage des serbes par Eltsine,
les dirigeants serbes ont compris qu'il fallait, de nouveau, reculer ; et, la
mort dans l'âme, «Le Monde» du 26
avril doit annoncer que «les serbes se
retirent de Goradze» en précisant, pour sauver la
face: «mais sans respecter les délais»...
La ville que «Libération» et «Le Monde» donnaient quelques jours
avant comme perdue, quasi conquise, symbole de l'impuissance américaine ...est
évacuée par les troupes serbes au coup de sifflet des américains.
L |
e 13 mai,
à Genève, un «accord» est conclu entre les gouvernements européens, américain
et russe visant à partager la Bosnie, 49% du territoire revenant aux serbes.
Mais les Etats-Unis ne manifestent aucune détermination à mettre ce plan en œuvre: le gouvernement bosniaque le rejette donc aussitôt.
Le 20 mai, le gouvernement français annonce qu'il va retirer ses troupes de
l'enclave de Bihac avant la fin de l'année, espérant exercer ainsi une pression
sur les Etats-Unis qui se retrouveraient alors avec une question
particulièrement épineuse à régler, celle de l'enclave sécessionniste de Bihac
encerclée par les serbes bosniaques d'un côté et les serbes de Croatie de
l'autre.
Le 4 juin, ce sont les serbes de Bosnie qui, à leur tour, rejettent une
nouvelle mouture du plan de partage de la Bosnie.
Le 8 juin, un accord de cessez-le-feu provisoire est signé afin de faciliter
les négociations. Les serbes, afin que soient entérinés leurs gains
territoriaux, demandaient un accord de longue durée, à l'inverse des bosniaques
qui le voulaient le plus bref possible: l'accord signé
est d'une durée d'un mois, traduisant un rapport de force politique en faveur
des bosniaques. Les protagonistes savaient en particulier que la Chambre des
Représentants américaine se préparait à exiger de Clinton qu'il lève
unilatéralement l'embargo sur les armes pour la Bosnie.
Le 9 juin, «l'ordre du Congrès» est voté: il ne s'applique pas immédiatement, faute d'un vote
similaire au Sénat, mais constitue une pression, un avertissement officiel.
Dans les faits, l'embargo était de moins en moint
opérant. Le vote de la Chambre des représentants n’en était pas moins lourd de
sens politique menançant pour les Serbes.s
Le 23 juin se met en place le nouveau gouvernement bosniaque, composé de 11
musulmans et de 6 croates. A la fin du mois, en dépit du cessez-le-feu, une
offensive musulmane est conduite dans le nord de la Bosnie tandis qu'à Zagreb
des discussions sont menées par Owen et Stoltenberg:
ils tentent, pour le compte des impérialismes français et anglais, de faire
pression sur le gouvernement croate, faisant valoir entre autres les risques
d'une «grande guerre» impliquant la Croatie.
Mais ces ultimes manœuvres sont sans espoir: le 5
juillet, un nouveau plan est mis par les U.S.A. sur
la table.
C |
e nouveau
plan du 5 juillet est présenté par un groupe d'Etats dit «groupe de contact»: les Etats-Unis ont imposé que leur plan soit
contresigné par ses «alliés» et «serviteurs»: Grande-Bretagne, France,
Allemagne et Russie. La presse française a tenté d'en minimiser la portée: en apparence, c'est encore d'un partage de la Bosnie
dont il s'agit, toujours sur la base 49%-51% (alors que les serbes occupent 70%
du territoire bosniaque).
Mais en réalité, tout est renversé car la question cruciale en cette affaire
est - du fait de l'imbrication des différentes zones contrôlées par les uns et
les autres -, celle de la continuité territoriale. Un coup d'œil sur une carte
de Bosnie montre qu'il est impossible de réaliser en même temps la continuité
territoriale pour les deux camps ; or, un territoire discontinu est strictement
inviable, condamné ensuite à disparaître. Dans tous les plans antérieurs,
c'étaient les serbes qui obtenaient la continuité territoriale (la Grande
Serbie se réalisant ensuite par rattachement de ces zones à la Serbie) ; les
zones musulmanes étaient disloquées, réduites pour l'essentiel à des enclaves.
Dans le plan du 5 juillet, la situation est retournée ; certes, un corridor
maintient un passage entre les territoires serbes du Nord-Ouest
et ceux du Sud mais ce corridor, fort étroit, est lui-même enjambé par un pont
autoroutier reliant Bosnie et Croatie. Surtout, tant qu'ils ne sont pas
rattachés à la Serbie, ces territoires serbes de Bosnie sont fragmentés tandis
que le territoire croato-musulman de Bosnie forme un tout cohérent.
Or, un autre point de ce nouveau plan réaffirme clairement l'unité de la
fédération bosniaque: les Serbes de Bosnie ne se
voient pas reconnu le droit de rallier ultérieurement la Serbie. Les Serbes de
Bosnie seraient donc minoritaires et disloqués au sein de l'ensemble, fédéral
et confédéral, de Bosnie et de Croatie alors que dans les plans Owen-Stoltenberg, c'étaient les musulmans qui étaient
englobés, disloqués, au sein de la Grande Serbie.
Mettre en avant, comme le faisait la presse française, la question des 49%-51%
était donc un leurre. En outre, ce plan est impératif:
les frontières, la place des uns et des autres, ne sont pas négociables. Des
sanctions sont prévues pour qui refuserait ce plan.
Les U.S.A. ont donc réussi à faire accepter à leurs alliés-rivaux un plan qui enterre définitivement les plans
franco-anglais de Owen et Stoltenberg.
F |
ace à ce
plan, le front serbe va se disloquer.
A en croire «Le Monde» du 20 juillet,
«les serbes» refuseraient ce plan. En
réalité, seuls les dirigeants serbes de Bosnie, avec Karadzic, s'opposent à ce
plan, exigeant en préalable la reconnaissance de «leur» république. Ils tentent
de fissurer le «groupe de contact»
mis en place par les Etats-Unis, organisent des attaques de provocation contre
les convois de l'O.N.U.
Les responsables des troupes de «l'O.N.U.» se gardent
de demander une riposte de l'O.T.A.N., et «Le Monde» reprend espoir:
«Les serbes accroissent leur pression sur
les casques bleus en Bosnie» titre-t-il le 29 juillet.
Les dirigeants français poussent à cette résistance serbe ; ainsi les 12 et 13
juillet, Juppé et le ministre anglais des affaires étrangères sont allés
discuter avec Izetbegovic puis avec Karadzic, mettant ce dernier sur le même
plan que le dirigeant officiel du gouvernement bosniaque. Et Karadzic de
reprendre les propos de Juppé: il y a contradiction,
dit-il, entre une levée de l'embargo sur les armes et la présence des casques
bleus.
«Le Monde» du 30 juillet exprime les
souhaits de l'impérialisme français: «Les serbes confirment leur rejet du plan de
partage de la Bosnie» et publie un article sur «un puzzle mal assemblé», rêvant d'en finir avec le plan dicté par
le gouvernement des Etats-Unis et accepté par les français à contre-cœur.
«Libération» du 1er Août exulte: «Les cinq se
sont contentés de constater leur échec».
Exit le plan américain ? Pourtant, dans un coin de ce même journal, il y a
une autre information: Milosevic, dirigeant de la
Serbie, se prononce pour la première fois pour le «plan de paix des cinq». C'est donc la cassure entre le
gouvernement serbe de Milosevic qui fait allégeance aux Etats-Unis et les
responsables serbes de Bosnie qui «font
de la résistance». Mais «Libération»
tente de masquer le sens de cette information en titrant l'article:
«Milosevic brouille les cartes» et en
parlant de manœuvres dilatoires. C'est en fait «Libération» qui brouille les cartes en voulant masquer que le
protégé des gouvernements français et anglais se soumet au diktat américain.
De même fait «Le Monde» du 2 août
dont le titre («les grandes puissances
hésitent toujours à prendre des mesures militaires») est une duperie: l'heure n'est pas aux mesures militaires puisque le
31 juillet, Milosevic a exigé de ses anciens protégés serbes de Bosnie qu'ils
acceptent le plan du 5 juillet.
L |
e 2 août,
Milosevic lance un ultimatum aux serbes de Bosnie. Ceux-ci, le lendemain,
rejettent le plan du 5 juillet et annoncent, pour la fin du mois, un référendum
dont on connaît par avance les résultats.
Aussitôt, le gouvernement de Belgrade rompt publiquement, politiquement et
économiquement, avec ses anciens alliés de Bosnie. Ce faisant, Milosevic
s'engage en pratique dans le plan américain. Pour le gouvernement français,
c'est un nouveau coup dur ; mais pendant quelques jours, la presse française va
tenter de masquer les faits.
«Libération» du 5 août titre: «Peut-on croire
Milosevic?» et explique que l'embargo décidé par Milosevic à l'encontre des
serbes de Bosnie sera sans effet. Or, l'essentiel est le caractère politique de
cette rupture signifiée par Milosevic, non sa plus ou
moins grande efficacité. Le même 5 août, à titre d'avertissement, l'O.T.A.N. intervient contre l'artillerie serbe.
Le 6 août, «Le Monde» s'interroge
encore, avec un éditorial intitulé: «tournant ou gesticulation?». Puis il
faut bien se rendre à l'évidence, aussi triste soit-elle:
«Le lâchage de Belgrade se concrétise»
reconnaît enfin «Libération» du 10
août.
D'autant que là ne s'arrête pas la soumission de Milosevic. Ce dernier est aux
abois et, bien que très partiel en réalité, l'embargo subi par la Serbie se
double du coût de la guerre et de l'effondrement de ce qui restait de
l'économie fonctionnant à partir de la propriété étatique des principaux moyens
de production (mais qui avait cessé depuis longtemps d'être planifiée).
Et l'impérialisme américain accentue sa pression: le
11 août, c'est un ultimatum de Clinton qui prendra effet au 15 octobre: Clinton
exige un revirement des serbes bosniaques faute de quoi sera levé l'embargo sur
les armes pour la Bosnie.
La Grande-Bretagne et la France se soumettent, la première annonçant qu'elle «s'abstiendra» au Conseil de Sécurité,
l'autre qu'elle ne «s'opposera pas».
En même temps, l'une et l'autre freinent autant qu'elles peuvent.
Le 14, un accord est imposé pour le retrait des snipers serbes autour de
Sarajevo. L'impérialisme américain exige aussi de pouvoir disposer des
observateurs à la frontière de la Serbie et de la Bosnie pour vérifier la
réalité de l'embargo à l'encontre des serbes de Bosnie. Pour Milosevic, se
soumettre à cette nouvelle exigence signifie qu'il renonce au projet de la
Grande Serbie. Ce n'est pas seulement accepter la vérification superficielle
d'un embargo, c'est accepter que des observateurs de l'impérialisme prennent
place sur la frontière entre Serbie et Bosnie, c'est accepter la reconnaissance
des frontières de la Bosnie, d'une frontière entre Serbie et serbes de Bosnie,
c'est accepter l'instauration d'une frontière qui n'avait en réalité jamais
existé pendant des décennies: l'acte politique est
donc décisif.
D |
ans un
premier temps, Milosevic refuse ces observateurs.
Pendant le même temps, dans la zone de Bihac, les milices sécessionnistes du breaucrate-milliardaire Fikret Abdic
sont chassées par l'armée musulmane restée fidèle au gouvernement bosniaque. La
chute de Fikret Abdic, le 21 août, c'est la chute du
protégé des gouvernements français et anglais.
Les troupes françaises n'ont donc plus de raison d'y rester. En décidant le retrait
de ses troupes de Bihac, le gouvernement français prend acte de sa défaite à
Bihac et invite les troupes serbes à attaquer cette zone désormais non
«protégée».
Fin août, le représentant russe demande au gouvernement de Belgrade d'accepter
les observateurs sur sa frontière ; cette intervention faite pour le compte du
gouvernement américain annonce un prochain recul de Milosevic.
Mais «Le Monde» du 3 septembre
préfère titrer sur les résultats bien peu étonnants du référendum organisé par
les serbes de Bosnie: «Les serbes de Bosnie lancent un nouveau défi aux grandes puissances».
C'est dérisoire.
L’essentiel c’est que le plan germano-américain s'imposait pas à pas aux
différentes cliques bureaucratiques de l'ex-Yougoslavie, ainsi qu'au
gouvernement français.
Le 13 septembre, Milosevic capitule en acceptant les observateurs sur la
frontière ainsi établie entre Serbie et Bosnie. Pour la première fois depuis la
fin de la guerre, c'est l'impérialisme qui fixe les frontières dans cette
région des Balkans.
Certes, ce ne sont que des civils, et bien peu nombreux:
mais l'essentiel est que c’est directement contradictoire à la constitution
d’une grande Serbie et ne laisse place qu’à' une pseudo-Yougoslavie
sous domination serbe (Serbie, Monténégro, Kosovo, fragments de territoires à
dominante hongroise...): Etat dans lequel les questions nationales demeurent
explosives, et qui est économiquement inviable.
Durant la seconde quinzaine de septembre, la rupture politique de Milosevic
d'avec ses anciens alliés serbes de Bosnie s'accentue:
Milosevic mène campagne contre la «clique» des dirigeants de Pale, contre la
corruption des chefs serbes de Bosnie.
L'O.N.U., pour l'encourager, allège donc
symboliquement l'embargo: l'allégement ne concerne en
fait que le déplacement des passagers et les rencontres sportives... Si l'étau
ne se desserre donc guère, il se referme durement sur les serbes de Bosnie: les dirigeants serbes de Bosnie deviennent quasiment
des hors-la-loi.
En remerciement, et sans doute pour faciliter la tâche de Clinton confronté à
des élections législatives qui s'annoncent difficiles, Izetbegovic fait soudain
preuve d'un pacifisme amusant: il renonce soudain à
demander la levée de l'embargo sur les armes!
En fait, il y a belle lurette que les U.S.A. ont
entrepris d'aider le gouvernement bosniaque à construire une armée.
Le 27 septembre, les dirigeants américains et russes appellent en commun les
serbes et les bosniaques à une mutuelle reconnaissance ; les dirigeants anglais
et français ont été oubliés.
L |
'impérialisme français s'accroche bec et ongles à ses
positions. Ayant évacué Bihac, le gros des troupes françaises demeure en
Bosnie, continuant à s'interposer, de préférence au profit des serbes.
Le 17 octobre, le ministre français des affaires étrangères accorde au «Figaro» une interview révélatrice de la
position française. Dans cet article, Juppé commence par se féliciter de
l'ultimatum de Sarajevo au début de l'année, des accords de Washington, du plan
décidé par le groupe de contact: «Les progrès sont indéniables».
Mais en même temps, il avance des propositions parfaitement contraires au plan
du 5 juillet. Après avoir évoqué pêle-mêle Byzance, Jean-Paul II et l'Union
Européenne, il demande:
- que «les différentes communautés
bosniaques bénéficient de droits égaux: la communauté
internationale a déjà reconnu aux croates et aux musulmans un certain nombre de
droits, notamment celui de se confédérer avec un Etat voisin: la République
Serbe de Bosnie (sic) doit être
assurée qu'après avoir accepté notre plan elle bénéficiera des mêmes droits».
Tout y est: la reconnaissance d'une république serbe
de Bosnie, la négation des frontières imposées par le plan du 5 juillet, la
perspective réaffirmée du rattachement à la Serbie.
- de même, pour la Krajina, il demande «un statut d'autonomie politique large
pour les zones de peuplement serbes, y compris en ce qui concerne les
possibilités de relations avec l'extérieur». Autrement dit:
le dépeçage de la Croatie.
- enfin, sous couvert, «d'échanges volontaires de territoire» il propose de
«donner un accès à la mer aux serbes»! C'est un appel
à Milosevic pour qu'il reprenne le combat pour la Grande Serbie.
«Le Monde», quant à lui, développe la
même politique sous couvert d'analyse psychologique. Dans un grand article (6
octobre) titré «L'irrésistible ambition
de Slobodan Milosevic» et sous-titré: «Le
président serbe, devenu l'interlocuteur indispensable des occidentaux, poursuit
un seul but: la création d'une Grande Serbie», le journaliste explique de
manière parfaitement ridicule que si Milosevic a lâché son vassal Karadzic,
c'est pour des raisons psychologiques: celui-ci ayant fait preuve
d'insoumission, Milosevic «ne pardonnera
jamais l'humiliation à Radovan Karadzic» dont «les ambitions l'irritaient». Mais bien évidemment, selon «Le Monde», Milosevic ne s'est pas
soumis aux exigences américaines: «Aujourd'hui, Slobodan Milosevic a deux objectifs: faire la paix en
Bosnie pour briser l'isolement de la Serbie qui risque tôt ou tard de lui
coûter son fauteuil, et se débarrasser par la même occasion de son trop
ambitieux rival de Pale. Le feu vert donné par le président serbe au
déploiement d'observateurs civils à la frontière entre la "mini-Yougoslavie" et la Bosnie, qui entraîne
aujourd'hui la réouverture de l'aéroport de Belgrade, est une ultime mise en
garde aux dirigeants de Pale plutôt qu'une concession à la communauté
internationale. Slobodan Milosevic est incapable de véritable concession (sic). S'il a accepté une surveillance
internationale de son territoire, il l'a fait en dictant lui-même les
conditions et les modalités (re-sic).
S'il milite aujourd'hui pour la signature du plan de paix proposé par les
grandes puissances, c'est que, contrairement à ses sbires impatients de Bosnie
et de Krajina, il mise sur le long terme».
Et sur l'appui du «Monde» ?
A |
u cours
du mois de novembre, les Etats-Unis infléchissent leur politique. Après avoir
fait porter ses valises aux gouvernements français et anglais, ils estiment que
le temps est venu d'avancer davantage.
A la fin d'octobre et au début de novembre, les troupes bosniaques prennent
l'offensive en plusieurs points du pays, notamment à partir de l'enclave de
Bihac et à partir de Sarajevo: de toute évidence, ces
troupes sont désormais mieux équipées et mieux entraînées. Aussitôt le
gouvernement français s'indigne en condamnant (le 1er novembre) «le recours à la force d'où qu'il vienne».
Mais en réponse, le gouvernement américain fait sèchement savoir que les
troupes bosniaques ne font qu'«user de
leur droit de légitime défense», qu'il s'agit de leur part d'«une réponse compréhensible». Pour la
diplomatie française, c'est une gifle. Et, sous pression américaine, le Conseil
de Sécurité de l'O.N.U. se tient coi.
Au lendemain des élections américaines qui se sont traduites par une défaite
politique du parti démocrate, Clinton franchit brutalement un nouveau pas: le 11 novembre, il donne l'ordre à la marine américaine
de ne plus empêcher les livraisons d'armes par bateau vers la Croatie et la
Bosnie.
Certes, tout le monde savait que depuis longtemps, les U.S.A.
fournissaient un minimum d’armement aux troupes bosniaques (armes légères)..
Même «Le Monde» a fini par le reconnaître: un long article du 17 novembre explique quels
sont les types d'armes reçues par la Bosnie, le rôle des conseillers militaires
américains pour organiser l'armée bosniaque et même, selon un diplomate cité
par le journal, la constitution par les Etats-Unis d'«un état-major opérationnel, probablement à bord d'un navire croisant
dans l'Adriatique, en liaison permanente avec le commandement de l'armée
bosniaque».
Néanmoins, le fait de rendre publics cette levée de l'embargo, cet appui
militaire, signifie que les Etats-Unis entendent imposer leur ordre, quels que
soient les plans de ses «alliés». La presse française joue aussitôt les
pleureuses pour le compte de Juppé: «Clinton torpille l'embargo sur les armes»
gémit en gros titre «Libération» du
12 novembre.
«L'Humanité»
lui fait écho en titrant: «Clinton torpille l'embargo militaire». Et tous d'évoquer le risque
d'embrasement. La réaction de Juppé après cette gifle est pourtant fort mesurée: «Nous nous interrogeons sur la cohérence de la décision
américaine avec la poursuite des efforts diplomatiques qui restent la priorité
de la France».
La réponse est pourtant évidente: le plan américain
est contradictoire aux dits efforts diplomatiques français. Ce plan ne signifie
pas pour autant l'établissement d'un ordre stable: le
couple germano-américain veut imposer «son» ordre, mais cet «ordre» sera un
désordre permanent. Laissons de côté la soi-disante «menace» russe qui soutiendrait les serbes: depuis le début du conflit, dans ce domaine comme
dans d'autres, la bureaucratie russe s'est comportée en soutien fidèle des U.S.A. et a exercé sur les serbes toutes les pressions
exigées par Washington: la capitulation de Milosevic, c'est aussi celle de la
bureaucratie du Kremlin. Celle-ci n'obtient d'ailleurs aucune récompense,
aucune compensation à l'appui qu'elle a apporté: elle
ne peut que se soumettre à la politique des Etats-Unis.
T |
outefois, le plan américain souffre aussi de graves
faiblesses, que vient de souligner l’offensive dans la poche de Bihac des
troupes serbes de Bosnie et de la Krajina. Pour que ce plan puisse s’appliquer
jusqu’au bout, il faudrait que le gouvernement bosniaque dispose d’une
puissante armée capable de battre celle des Serbes de Bosnie. Quelle est sa
capacité à la constituer y compris en bénéficiant de l’aide américaine en armes
et en conseillers ? Une telle armée devrait disposer d’artillerie et
d’armements lourds. Il faudrait qu’elle soit unifiée et forme un corps
homogène. Les délais pour former cette armée sont de toute façon importants.
D’autre part l’impérialisme américain n’entend pas s’engager militairement
directement sur le terrain. Il comptait sur les frappes aériennes pour “ramener
à la raison” l’armée des Serbes de Bosnie. L’ironie du “Monde” à ce propos
ressemble fort à des ricanements. Si la force aérienne dont dispose les USA
dans cette région était vraiment mise en action, les rapports des forces
militaires basculeraient rapidement. Oui, mais voilà : politiquement il
est très difficile au gouvernement américain, compte tenu des réactions
possibles aux USA, de s’engager seul dans des opérations aériennes de grande
envergure. Il lui faut la participation de “ses alliés” dans le cadre de
l’OTAN.
Manifestement les “alliés” de l’impérialisme US ne veulent pas s’engager dans
ce genre d’opérations, y compris l’impérialisme anglais, le plan américain
n’est pas le leur. L’épisode de l’attaque de l’aérodrome d’Ubina,
situé en Croatie mais contrôlé par les Serbes de la Krajina, est
illustratif : les avions de l’OTAN ont laissé délibérément intacts les
avions serbes y stationnant. Bien évidemment c’est parce que Anglais et
Français étaient opposés à ce qu’ils soient détruits. Le gouvernement français
mène, au moyen des médias, un vacarme étourdissant. Ainsi dans la même heure,
la radio annonce que Bihac est tombé, puis qu’il va tomber, et l’heure suivante
ça recommence. Les attaques et dénonciations de la politique américaine sont
désormais ouvertes et de plus en plus violentes. La menace de représailles des
Serbes contre les casques bleus, en cas d’opérations aériennes, est brandie
pour empêcher qu’elles aient lieu. En même temps, pour brouiller les cartes,
l’offensive serbe dans la poche de Bihac est formellement condamnée.
D'autres causes profondes de désordre existent:
l'impossibilité de régler en quoi que ce soit les questions nationales dans le
cadre des Etats dominés par la bureaucratie comme dans le cadre d'Etats où le
capitalisme aurait été restauré ; le caractère économiquement non-viable de
petits Etats voués à être transformés en semi-colonies
; la poursuite des rivalités inter-impérialistes:
l'impérialisme américain est dominant mais non hégémonique ; les différents
«parrains» vont continuer à s'affronter par bureaucraties, cliques bourgeoises
et gangs interposés: la barbarie n'est pas finie pour les peuples des Balkans.
La jeunesse, le prolétariat de ces pays sont désorientés. Dans l'ex-Yougoslavie
proprement dite, la situation du prolétariat, disloqué, de la jeunesse est tragique: déplacés par centaines de milliers, tués ou
enrôlés de force, les jeunes et les travailleurs ont subi de rudes coups. Il
n'y a pourtant pas d'autre issue que le combat contre la bureaucratie, contre
la restauration capitaliste, contre l'intervention des impérialismes, le combat
pour la prise du pouvoir par le prolétariat et pour le socialisme. L'évolution
de la lutte des classes en Europe et à l'échelle mondiale comme les immenses
ressources dont le prolétariat a su faire preuve dans son histoire, amèneront
la jeunesse et le prolétariat à se dresser de nouveau contre la politique des
bureaucraties et des impérialismes.
En tous cas l'unité de combat entre les prolétariats des puissances
impérialistes, quelles qu'elles soient, les populations exploitées et opprimées
de l'ex-Yougoslavie passe par: A bas tous les plans de «règlements»
impérialistes ; à bas toute intervention ; retrait des puissances impérialistes
quels que soient les formes et prétextes de leurs interventions. C'est sur
cette ligne que devraient agir toutes les organisations ouvrières (partis et
syndicats). Pour le prolétariat français il a à revendiquer:
retrait inconditionnel des troupes françaises, de toute intervention fût-elle
faite sous prétexte humanitaire.
Le 28/11/1994
A |
peine la
victoire serbe dans la poche de Bihac est-elle acquise que Mitterrand,
Balladur, Juppé, François Léotard, Lamassoure, publient un communiqué qui est
un chef d’œuvre d’hypocrisie. On y lit :
«La France lance un appel aux Nations
Unies et à l’Alliance atlantique pour qu’elles fassent respecter la zone de
sécurité de Bihac et les autres zones de sécurité, comme la liberté de circulation
des convois de la Forpronu. Elle estime indispensable de relancer la
négociation indispensable de relancer la négociation à l’occasion des
rencontres prévues dans les jours qui viennent (réunion ministérielle de
l’OTAN, réunion ministérielle du groupe de contact, sommet de la.....
Elle proposera que soit recherché, avec
toutes les parties qui ont accepté le plan de paix (Zagreb, Sarajevo, Belgrade)
un accord global concernant à la fois la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie-Monténégro.
Cet accord qui devrait confirmer les
principes énoncés dans le plan de Genève, ne tiendra évidemment pas compte du
fait accompli par les Serbes de Bosnie à Bihac, en violation des résolutions du
Conseil de sécurité des Nations Unies. Il devra en outre comporter l’affirmation
de l’égalité des droits des différents peuples constituants de la
Bosnie-Herzégovine, ainsi qu’un projet de règlement pour la Croatie».
Prétendue condamnation des Serbes de Bosnie. Réaffirmation de “l’accord” de
Genève. En même temps exigence de “l’égalité des droits des différents peuples
constituants de la Bosnie-Herzégovine, en clair : prise de position pour
la constitution de la Grande Serbie.
D’autre part et contradictoirement : avec l’accord du chancelier Khol, la CDU allemande réunie le 29 novembre à Bonn, a voté
en congrès une résolution réclamant la levée de l’embargo sur les armes “pour
équilibrer le rapport des forces militaires” dans l’ex-Yougoslavie.
Les antagonismes s’exaspèrent.