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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au
socialisme" (Lénine) |
CERCLE pour la construction
du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires Supplément à CPS n°22 - 12/11/2005 |
Après l’armée à la SNCM, les juges à la RTM : l’état
d’urgence !
L’ennemi qu’il faut
combattre et vaincre, c’est le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy
Comment le gouvernement peut-il enchaîner les coups
contre les travailleurs et la jeunesse ?
- Le 28 septembre, le gouvernement
faisait donner l’armée, GIGN et commandos contre les marins grévistes de la
SNCM, en grève contre la privatisation, les licenciements, la casse du statut. Le
soir même, à sa demande, Bernard Thibault se rendait seul à Matignon pour
affirmer que le dialogue devait se poursuivre avec le gouvernement, quoiqu’il
advienne.
Les dirigeants syndicaux, à
commencer par ceux de la CGT, ont bradé les revendications (demandant un
« plan social acceptable »,
une privatisation partielle). Ils ont isolé la grève, notamment dans la ville, et
accepté de se concerter incessamment avec ceux qui accablaient les marins et
les dockers de répression et de menaces, jusqu’à celle du dépôt de bilan. Le 13
octobre ce sont eux qui ont fait prendre en charge par les marins la défaite de
la grève.
- Dans la foulée de cette défaite,
après avoir pourtant, selon leurs dires, mis plus d’un million de personnes
dans la rue le 4 octobre, le 17, les directions confédérales décidaient de ne
rien faire d’autre que d’aller, une nouvelle fois, discuter avec Villepin.
Aussitôt le gouvernement a engagé la privatisation d’EDF, et le Medef bouclé un
projet d’accord sur les seniors qui crée entre autres de véritables « emplois-vieux » précaires. Aucune confédération
n’exclut à ce moment de le signer.
- Le 4 novembre, à Marseille, le gouvernement a fait déclarer
par un tribunal, après 32 jours de grève, que la grève contre une privatisation
serait illégale dans ce pays. Les directions syndicales de la RTM et des
fédérations des transports, qui s’étaient pourtant déclarées prêtes à décider la
grève contre la réquisition, ont obtempéré sans broncher et appelé à suspendre
la grève.
- Le 7 novembre, utilisant les
incidents dans les banlieues produits par ses provocations délibérées, le
gouvernement, Chirac-Villepin-Sarkozy a décidé
d’utiliser une loi datant de la guerre coloniale d’Algérie et publié un décret
instaurant l’Etat d’urgence (trois jours après que le
FN l’ait réclamé). Auparavant, les élus locaux PS et le PCF s’étaient rendus
discuter avec Villepin et Sarkozy, avec les responsables de la situation. Le PS
demandait même à Sarkozy…de ne pas démissionner (sic !) avant d’approuver carrément
la mise en œuvre de cette loi violemment antidémocratique qui donne les pleins
pouvoirs à l’appareil d’Etat dans les zones
concernées.
C’est clair : si le gouvernement
s’autorise maintenant l’expulsion des étrangers en situation régulière, la
remise en cause directe du droit à l’instruction jusqu’à 16 ans, c’est parce
les appareils syndicaux, le PS, le PCF, lui laissent entièrement les coudées
franches. Ce sont aussi eux qui, au lendemain de la défaite de Chirac au
référendum du 29 mai dernier, avaient permis au gouvernement remanié de
poursuivre l’offensive sans même chercher à y faire obstacle.
La responsabilité des organisations du mouvement
ouvrier c’est d’exiger : A bas l’état d’urgence !
C’est donc encouragé par
l’absence de réactions des organisations du mouvement ouvrier que le
gouvernement a multiplié, délibérément, les provocations martiales, racistes et
policières dans les cités qui souffrent le plus du chômage et de la misère.
Dans une situation où toute perspective alternative est bouchée par les
appareils syndicaux et politiques du mouvement ouvrier, le gouvernement savait
qu’il ne pourrait que tirer profit d’une manière ou d’une autre d’une flambée
de violence aveugle dont il porte l’entière responsabilité. Ainsi, Libération du 10/11 souligne que
Villepin et Chirac étaient parfaitement informés par les renseignements
généraux, avant d’annoncer la mise en œuvre de l’état d’urgence, que les
violences allaient baisser.
Le décret sur l’état d’urgence
permet de restreindre la circulation, d’interdire les manifestations, les
réunions, la presse, en un mot de donner les pleins pouvoirs dans les zones
touchées à la police, au gouvernement.
Ce décret a été pris sous couvert
de mettre fin aux troubles, alors que ce sont les provocations du gouvernement
et de la Police qui ont crée le climat
actuel!
Et pourtant, soit les dirigeants
des organisations du mouvement ouvrier l’ont approuvé, ouvertement comme ceux
du PS, ou de manière « réservée »,
comme Mailly (FO), soit ils l’acceptent de fait en le critiquant du bout des lèvres
(une « fausse route » selon
la direction CGT, etc.).
Leur responsabilité est de se
prononcer nettement : abrogation du décret instaurant l’état
d’urgence ! Elle est aussi de se prononcer pour l’annulation des
condamnations arbitraires qui frappent les jeunes par centaines. Elle serait d’organiser
le contrôle des quartiers et la sécurité par la population des quartiers
elles-mêmes.
Elle est aussi de dénoncer le
gouvernement qui utilise la mise en scène des affrontements avec la police,
puis des agressions contre les masses laborieuses, pour accélérer encore la
mise en œuvre de sa politique.
En effet, la promulgation du
décret sur l’état d’urgence vient renforcer le corsetage de la société par des
lois sécuritaires accumulées depuis notamment 2001, notamment les lois Sarkozy
et Perben étendant sans cesse les pouvoirs de la police, alors que le gouvernement avait déjà annoncé
une nouvelle loi qui sera discutée à partir du 22 novembre à l’Assemblée. Ce à
quoi se conjuguent les expulsions massives de clandestins, le vote d’une loi
par la majorité UMP UDF saluant comme « positive » la colonisation
française en Algérie, etc.
Qui plus est, Villepin n’a pas seulement
annoncé l’état d’urgence pour douze jours. Il a devancé les vœux de Mme Parisot
(Medef) qui, le rencontrant le 10 novembre, demandait, au nom des incidents
dans les cités, « un nouveau modèle
social ». « Nouveau modèle
social », la fin de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, sous couvert
d’apprentissage. « Nouveau modèle social », la multiplication des
contrats précaires pour les jeunes des cités, annoncée aussi par Villepin.
« Nouveau modèle social », l’extension des « zones
franches », etc.…
Voilà ce à quoi mène le refus des
directions syndicales, du PS, et du PCF, de combattre dans l’unité contre le
gouvernement et sa politique.
Enrayer l’offensive du gouvernement et du Medef reste
possible,
Pour cela, il faudra imposer la rupture des directions syndicales, du PS, du
PCF, avec lui
Pendant que les projecteurs sont
braqués sur les feux de voitures, le gouvernement poursuit. L’Assemblée
nationale UMP finira le 22 novembre d’entériner le budget, ses milliers de
suppressions de postes, ses nouveaux cadeaux pour le patronat et les plus
riches, après avoir voté un projet de loi de financement de la sécurité sociale
qui amplifie les déremboursements et l’étranglement financier des hôpitaux. Alors
qu’EDF est privatisée, à la RATP, c’est le régime des retraites qui est menacé
de liquidation pour le premier janvier avec la création d’une caisse nouvelle
adossée au régime général.
D’autres chantiers s’ouvrent pour
le gouvernement : à chaque fois il entend procéder dans la concertation
avec ses « partenaires sociaux ». Ainsi, tandis que Villepin reçoit
les Thibault et Mailly, le ministre de la fonction publique entend entamer un
cycle de discussions avec les fédérations de fonctionnaires remettant en cause
la grille salariale de la fonction publique. Le Medef quant à lui escompte que
les directions syndicales laisseront passer le projet d’accord sur les seniors,
qui le mettrait en position ultra favorable lors des négociations Unedic. Or, il
entend y faire rétablir la dégressivité des allocations chômage ! C’est là
aussi l’illustration du « modèle social » qu’il vise : misère et
précarité pour le prolétariat.
Pour faire échec à cette
politique, tous les évènements l’indiquent : il faut en finir avec la
participation des directions syndicales à sa mise en œuvre.
Les directions syndicales doivent
prendre position en défense des revendications : contre la création des
emplois spéciaux pour les seniors, contre la dégressivité des allocations
chômage et pour l’abrogation des mesures coercitives contre les chômeurs,
contre la remise en cause du statut de la fonction publique, du régime de
retraite de la RATP, pour l’abrogation du décret sur l’état d’urgence…
Agir et regrouper sur cette
orientation est possible. A la RATP, 650 agents ont pris position pour que les
bureaux syndicaux appellent au combat en défense du régime des retraites,
rompant la concertation avec la direction. L’UD Force Ouvrière de la Loire a elle
pris position contre la signature de l’accord sur les seniors.
Combattre le gouvernement implique
que cessent les journées d’actions disloquées (le 8 à EDF, le 21 à la SNCF, le
23 dans la Recherche, le 24 dans l’enseignement – après que le budget ait été
voté !-, le 3 décembre les chômeurs). Cela implique que soient rompues les
concertations engagées sur ces questions avec le gouvernement, le patronat, et
de lutter pour opposer au gouvernement le front uni des organisations du
mouvement ouvrier, partis, syndicats.
Ainsi se réuniraient les
conditions pour combattre et vaincre le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy,
les conditions de la venue au pouvoir d’un autre gouvernement, sans
représentant de la bourgeoisie, dont les travailleurs, la jeunesse, exigeraient
qu’il fasse droit à leurs revendications et aspirations. C’est sur cette
orientation que le Cercle appelle à combattre.
La situation dans les quartiers
populaires n’est qu’un avant-goût de la décomposition sociale qui grandit et
qui menace la société toute entière. Chômage de masse, précarité, liquidation
des services publics, des acquis ouvriers, crise du logement, vie chère :
ces maux sont ceux provoqués par trente ans de crise récurrente du capitalisme,
par les politiques destructrices menées au compte du grand patronat et des
banques par les partis bourgeois mais aussi par les PS et les PC. Alors que la
situation économique est difficile dans toute l’Europe et que partout, comme en
Allemagne sous l’égide de la grande coalition, les contre-réformes pleuvent, la situation des
travailleurs, de leurs familles, ne peut qu’empirer.
Au contraire, pour assurer le droit au
travail, à un logement décent, à l’éducation, la santé, il faut rejeter les
exigences féroces des capitalistes, et rompre avec la loi du profit pour satisfaire
les besoins urgents des masses, s’engager dans la voie qui mène au socialisme. C’est dans cette perspective
que combat et appelle à s‘organiser le Cercle, pour la construction d’un
nouveau parti, un parti ouvrier et révolutionnaire.