Supplément à Combattre pour
le Socialisme, 4 avril 2002
Election présidentielle:
Infliger une défaite politique à la bourgeoisie, battre Chirac
Ne pas laisser les coudées
franches à Seillière, au grand Capital et leur candidat J.Chirac
Le
Medef a engagé à l'occasion de l'élection présidentielle une campagne
intensive. Il a défini en janvier dernier le programme qu'il entend voir
s'appliquer dès le lendemain des présidentielles: déréglementation systématique
du droit du travail pour liquider les acquis ouvriers, ouverture du domaine de
l'assurance maladie à la concurrence et aux assurances privées, départ plus
tardif en retraite et multiplication des fonds de pension, baisses massives
d'impôts sur les sociétés et les capitalistes, emprise du patronat sur
l'enseignement public, "réforme de l'Etat" contre le statut des
fonctionnaires et leur droit de grève…Il s'agit d'un programme de guerre contre
les travailleurs et la jeunesse. A qui en douterait, E-A. Seillière martelait
le 25 mars dernier:
"Nous
attendons d'un gouvernement de droite qu'il ose et d'un gouvernement de gauche
qu'il comprenne! (…) Un gouvernement de droite doit oser. Il doit aller de
l'avant, et procéder sans délais ni détours aux réformes indispensables dont
notre pays a un besoin profond (…)"
Bon
gré mal gré, c'est une nouvelle fois Jacques Chirac qui sera le champion de la
bourgeoisie dans ces élections, celui qui s'engage sans grande ambiguïté à
mettre en œuvre ce programme, y ajoutant une rhétorique policière sur le
terrain de l'insécurité, prônant "l'impunité zéro", sauf bien sûr
pour ce qui concerne les affaires dans lesquelles il est impliqué, dévoilant
l'étendue de la corruption qui caractérise la 5ème République.
Principal
candidat bourgeois, Chirac n'est certes pas le seul. On doit lui ajouter bien
sûr les deux candidats issus du FN (Le Pen, Megret), les trois issus de l'UDF
(Madelin, Bayrou, Boutin), et autre Saint-Josse. Mais encore. Il faut ajouter
Chevènement, entouré des seconds couteaux de Pasqua et menant une campagne
exaltant la nostalgie du gaullisme. Taubira, candidate du débris de parti
bourgeois qu'est le Parti Radical. Enfin, Mamère, candidat des Verts, formation
profondément rétrograde et ouvertement hostile au mouvement ouvrier. Ces
candidats sont issus des formations avec lesquelles PS et PCF ont constitué la
coalition bourgeoise de la "gauche plurielle" qui a sévi durement
depuis 1997, aussi dure avec les travailleurs qu'elle fut tendre envers Chirac
et la 5ème République.
Une
victoire de Chirac, point d'appui pour la restauration d'une majorité RPR-UDF à
l'Assemblée, ouvrirait un boulevard à l'application intégrale du programme du
Medef. Aussi, pas une voix ne doit aller aux candidats de formations
bourgeoises, et Chirac doit être battu.
Infliger une défaite
politique à la bourgeoisie, malgré Jospin, candidat du PS et Hue, candidat du
PCF
Mais
tout travailleur ou jeune conscient le sait: dans les grandes lignes, les
programmes de Jospin et Hue, candidats investis par les partis ouvriers
traîtres et dégénérés que sont le PS et le PCF, ont peu à envier à celui de
Jacques Chirac.
Pour
ce qui est de Jospin, figurent notamment la poursuite des privatisations (EDF),
des restrictions budgétaires, l'allongement de la durée de cotisation retraite
pour les fonctionnaires, la "réforme de l'Etat"/décentralisation.
Y figure encore la volonté d'organiser une "conférence économique et
sociale nationale" prolongée dans chaque région, moyen d'accroître
encore la cogestion de sa politique réactionnaire par les directions
confédérales CGT et FO. On y trouve aussi la volonté de détruire les aides
sociales (bourses, ALS) à la jeunesse, notamment étudiante, par la mise en
place d'une "allocation autonomie individualisée". Ou enfin,
sous couvert de "formation tout au long de la vie", la
généralisation de la précarité, du principe du PARE de Seillière-Notat, à tous
les travailleurs.
C'en
est à un tel point que le PS doit rappeler Jospin à l'ordre. Mauroy lui a
demandé de réintroduire dans son discours les "ouvriers" et les
"employés". De son côté, la fédération de Paris du PS a sorti sa
propre version du programme de Jospin, lui donnant un vernis de
"gauche".
Quant
à Hue, candidat du PCF, les axes de fond de son programme ne se différencient
guère de celui de Jospin (ainsi la "formation tout au long de la vie"
qui s'oppose au combat contre les licenciements), "l'allocation
autonomie" pour les jeunes, la "réforme de l'Etat"...
Tout juste assaisonne-t-il cela de revendications d'augmentations des salaires
et minima sociaux. Mais depuis 1997, le PCF a donné une majorité au
gouvernement de la "gauche plurielle" sur toutes les questions
décisives en débat à l'Assemblée nationale. La majorité de députés PS et PCF,
élus contre Chirac et la politique de Chirac-Juppé, ont soutenu la politique du
gouvernement dirigé par Jospin.
Ils
ont ainsi permis que soient prolongées les privatisations, la destruction de la
Sécurité Sociale et de l'hôpital public, respectée l'Union Européenne et ses
traités. Mais encore: que passent les
lois Aubry d'ARTT et leur application à la fonction publique (décret Sapin),
lois de flexibilité, d'annualisation du temps de travail et de baisse des
salaires réels, les fonds de pension cogérés par les directions syndicales. Ils
ont soutenu la loi de "modernisation sociale" qui laisse les mains
libres aux licencieurs tout en associant les organisations syndicales à
l'élaboration des "plans sociaux", autant d'éléments allant vers la
généralisation de la cogestion. Ajoutons-y la création de CDD de cinq ans
("emplois-jeunes"), les lois liberticides type Loi Vaillant sur la
"sécurité", le soutien à la "refondation sociale" etc.
Concentré de cette politique: la participation aux guerres impérialistes contre
l'Afghanistan et la Serbie.
1997-2002, l'alternative:
imposer le front unique des organisations syndicales ouvrières, enseignantes,
étudiantes, contre le gouvernement, dicter à la majorité PS-PCF les volontés du
prolétariat
Depuis
1997, les travailleurs ont cherché à combattre. Ainsi les enseignants pour
obtenir les postes nécessaires, ainsi les grèves contre les licenciements
(Michelin, Danone, Bata, etc.), contre l'application de l'ARTT (dans maintes
entreprises privées, et aussi SNCF, la Poste et surtout les hospitaliers) pour
le retrait des contre-réformes gouvernementales (Finances, lycées en mars 2000,
etc.).
Dans
l'Hérault, un comité de grève intégrant les organisations syndicales était
constitué et adressait une délégation aux directions syndicales de
l'enseignement primaire pour qu'elles appellent à la grève générale. Aux
Finances, les directions syndicales ont dû rompre les négociations, poussées
par le mouvement vers la grève générale, et ainsi a été infligé au gouvernement
un revers sérieux: le retrait du plan Sautter.
Mais
aussi loin que soient allés ces mouvements, ils n'ont cessé de se heurter à la
politique des directions confédérales CGT et FO, celle de la direction FSU, qui
refusaient de mettre en cause le gouvernement, le protégeaient par tous les
moyens possibles, s'opposant au combat déterminé contre le gouvernement et sa
politique, refusant de rompre avec lui, refusant en particulier alors que
l'exigence s'en est fait sentir plusieurs fois (enseignants, hospitaliers,
licenciements, …), d'appeler à manifester en masse à l'Assemblée nationale
pour dicter aux députés PS et PCF les exigences des travailleurs en lutte.
Le
débouché politique de toutes les luttes de classe engagées depuis cinq ans
existait pourtant: imposer à la majorité PS-PCF qu'elle cesse de couvrir la
politique du gouvernement de la "gauche plurielle", lui faire rejeter
les lois qui la mettaient en œuvre, lui dicter les exigences des travailleurs
sur la base de la réalisation du front unique des organisations syndicales. Au
final, il s'agissait d'opposer au gouvernement de la "gauche
plurielle" un gouvernement PS-PCF sans représentants des formations
bourgeoises, responsable devant la majorité PS-PCF à l'Assemblée nationale,
chassant Chirac et mettant à bas la 5ème République. D'un tel
gouvernement, les travailleurs auraient exigé qu'il mène une politique conforme
à leurs besoins et aspirations.
Seule une politique
anticapitaliste peut satisfaire les revendications des travailleurs. Son
premier mot:
A bas Chirac, gouvernement des organisations ouvrières unies, sans ministre
capitaliste!
La
politique permettant de satisfaire les revendications et aspirations du
prolétariat et de la jeunesse existe.
Abrogation
des lois et décrets qui démantèlent les acquis ouvriers, en particulier les
lois Aubry d'ARTT et leur application à la fonction publique, le plan Juppé de
casse de la sécurité sociale et de l'Hopital public, les "réformes" contre
l'enseignement public, les travailleurs immigrés (qui doivent bénéficier de
droits égaux, y compris de vote), les libertés démocratiques.
Pour
assurer le droit au travail, outre l'interdiction des licenciements et du
travail précaire, le temps de travail doit être abaissé sans aucune flexibilité
jusqu'à embauche de tous les travailleurs au chômage. Les embauches nécessaires
dans les secteurs socialement utiles (santé, enseignement, etc.) doivent être
effectuées. Le pouvoir d'achat doit être garanti par l'instauration de
l'échelle mobile des salaires.
Pour
mener cette politique, il faut rompre avec la loi capitaliste du profit,
procéder aux expropriations nécessaires des grandes entreprises et des banques
pour mettre sur pied un plan de production élaboré et réalisé sous contrôle
ouvrier; la dette publique doit être annulée, il faut rompre avec l'Union
Européenne, ses traités, sa monnaie, dans la perspective des Etats-Unis
Socialistes d'Europe. Pour réaliser tout cela, un parti ouvrier révolutionnaire
est absolument nécessaire, et c'est à sa construction que veut œuvrer notre
Cercle.
Il
ne s'agit pas d'attendre qu'un tel parti surgisse pour lutter. L'Italie vient
d'apporter une nouvelle illustration de l'orientation sur laquelle il est
possible et nécessaire de combattre. La direction CGIL, rejointe par les
"Démocrates de Gauche" et le parti de la "refondation
communiste", a dû appeler à une manifestation centrale et nationale contre
le gouvernement de Berlusconi, centrée contre la réforme droit des licenciements.
Plus de 2 millions de travailleurs ont défilé à Rome. Oui, c'est sur la ligne
du combat pour le front unique des organisations ouvrières, partis et
syndicats, qu'il est possible d'engager de puissants mouvements de masse contre
les gouvernements au service du Capital.
Cela
est valable sur toutes les questions, et notamment aujourd'hui celle de la
Palestine, où l'exigence d'un appel uni à manifester devant et contre
l'ambassade d'Israël pour exiger l'arrêt du massacre du peuple palestinien et
son droit à disposer de lui-même est d'une actualité brûlante.
A
cet égard, les candidats Laguillier, Besancenot et Gluckstein, indépendamment
de la recherche d'une issue politique que manifesteront ceux qui voteront pour
eux, rejettent totalement cette politique posant la question du pouvoir, du
gouvernement, dont la réponse reste d'imposer un gouvernement PS-PCF sans
représentants de la bourgeoisie. En conséquence, ils prônent l'abstention au
second tour, refusent d'appeler à battre Chirac.
Mais
le contenu du vote des travailleurs se rassemblant au second tour sur le nom de
Jospin, candidat du PS, contre Chirac serait au contraire un point d'appui pour
combattre la politique au service des capitalistes qui est précisément aussi
celle que Jospin voudrait mener.
La
défaite de Chirac encouragerait le prolétariat, la jeunesse, à prendre
l'initiative, à engager le combat sur leur propre terrain avec leurs propres
méthodes, celles de la lutte de classe, sur la ligne du front unique des
organisations ouvrières, enseignantes, étudiantes.
Aussi
notre Cercle appelle-t-il à voter, sans entretenir d'illusions:
*
au premier tour, pour le parti ou l'organisation ouvrière de son choix,
*
au second tour, vote pour celui des candidats de ces organisations qui restera
en lice.
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