Dans
la nuit du 19 au 20 mars, l'impérialisme US, flanqué de l'impérialisme
britannique, a déchaîné sa formidable machine de guerre et de destruction -
dernier mot des capitalistes en matière de "civilisation" – contre
l'Irak, déjà saigné par douze ans d'embargo, Irak que les Chirac, Schröder et
Poutine ont œuvré ces dernières semaines à espionner et désarmer alors que la
guerre s'annonçait déjà.
Cette
guerre est, du côté de l'impérialisme, une guerre d'agression, une guerre dont
le but immédiat est de coloniser ouvertement l'Irak, de s'en servir comme
instrument de la "pax americana" au Moyen-Orient … et de se servir
dans ses immenses réserves de pétrole. Avec cette guerre, l'impérialisme
américain, aiguillonné par la crise économique qui le travaille depuis deux
ans, a aussi décidé d'évincer ses concurrents –principalement français et russe
– de l'Irak. Il a, enfin, décidé de s'affranchir plus ouvertement que jamais
des limites du cadre des relations internationales héritées de l'après seconde
guerre mondiale, pour renvoyer notamment la France à sa place de puissance de
troisième ordre.
L'opposition
de Chirac, poussé par l'impérialisme allemand, main dans la main avec le
boucher des Tchétchènes, Poutine, n'a pas eu d'autre raisons: défendre la place
de l'impérialisme français à l'échelle internationale, et les profits en Irak
de TotalElfFina (comme Poutine ceux des compagnies pétrolières russes),
défendre le "droit international" dans la mesure où il
coïncidait avec le "droit d'exploiter" l'Irak.
En
conséquence de quoi, après avoir activement participé aux préparatifs de
guerre, avec la résolution 1441 de désarmement de l'Irak, après avoir soutenu
tous les ans l'embargo meurtrier contre l'Irak, Chirac a fait connaître sa
position : que la guerre, qu'il "regrette" (sic!) soit "la
plus rapide possible". Chirac est pour la victoire de Bush.
Dès
le 11 mars, Chirac faisait savoir que la France ouvrirait aux avions US son
espace aérien (tandis que des tonnes de matériel militaire américain
transitaient par Francfort), et qu'elle était prête à participer à la
"reconstruction" de l'Irak: à son occupation coloniale aux côtés des
USA (comme elle le fait pour son compte en Côte d'ivoire). C'est donc clair et
net:
la
défense de l'Irak contre l'impérialisme exige de combattre contre le
gouvernement Chirac-Raffarin.
Depuis
des mois de nombreuses manifestations contre cette guerre annoncée ont eu lieu.
En France (et ailleurs) leurs organisateurs, le PS, le PCF, la LCR, les
directions CGT, FSU - et de son côté celle de FO - ont pris la responsabilité de les situer sur le terrain du
soutien à la politique de "paix" de Chirac, au nom du "droit
international". Mais ils n'avaient rien à redire quand la France et
l'Allemagne bombardaient la Yougoslavie, sans "mandat de l'ONU".
Ils
ont travesti la politique de défense des intérêts de l'impérialisme français et
de ses grands groupes en une politique favorable aux peuples opprimés, et aux
travailleurs. Au moment où Chirac et Raffarin lancent une nouvelle phase de
leur offensive contre travailleurs et jeunes visant à briser les régimes de
retraite, démolir ce qui reste de la Sécurité Sociale, pulvériser la fonction
publique et le système de santé public, ils lui apportent une aide des plus
précieuses. Ils dévoient ainsi – en France comme ailleurs – les aspirations
saines de centaines de milliers de manifestants sur une ligne de défense de
l'ordre mondial existant, son "droit international", l'ONU. Comme si
l'onction de cette assemblée mondiale de la réaction qu'est l'ONU aurait changé
en quoi que ce soit le caractère réactionnaire de cette guerre!
Contre cette guerre impérialiste, contre les
prétentions coloniales de Bush comme Chirac, la place des organisations issues
du mouvement ouvrier, et notamment en France, est dans le camp de l'Irak.
Le droit des peuples à disposer d'eux mêmes,
à commencer par les peuples d'Irak, Kurde, Palestinien, exige de combattre pour
que les organisations ouvrières (syndicats, partis) se prononcent et agissent
contre l'impérialisme:
- pour
l'arrêt immédiat et inconditionnel de la guerre contre l'Irak
- pour le retrait
immédiat et inconditionnel des troupes
impérialistes du Moyen-Orient
- contre les
résolutions de l'ONU: à bas l'embargo! Non au désarmement de l'Irak!
Non à l'occupation de
l'Irak par les forces impérialistes.
C'est
sur cette ligne qu'il s'agirait d'organiser manifestations et grèves en France:
contre l'intervention impérialiste,
contre le gouvernement Chirac-Raffarin,
bas les pattes devant l'Irak!
Cela
fait maintenant un siècle que l'humanité est entrée dans une ère de guerres
permanentes, ouvertes ou non, impulsées par les grandes puissances capitalistes
pour le partage et le pillage du monde. Le mouvement ouvrier révolutionnaire a
depuis longtemps tiré la conclusion que pour les impérialistes,
"guerre" et "paix" sont deux aspects d'une même politique
de domination de la planète. Combattre effectivement pour en finir avec les
guerres exige de combattre contre les gouvernements impérialistes, à commencer par
celui de notre propre pays. Notre Cercle fait entièrement sienne la leçon tirée
dès le début du siècle passé par les militants révolutionnaires: "si tu
veux la paix, prépare la révolution".
Paris, le 21 mars 2003
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