"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme"(Lénine)

GROUPE pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires

Supplément Université

à CPS n°30  - 04/11/2007

 

Pour arracher l’abrogation de la loi Pécresse,

il faut affronter et vaincre le gouvernement Sarkozy-Fillon

 « Peut-être la loi la plus importante de la législature » (Fillon)


C’est ainsi que François Fillon a présenté en mai dernier, suite à la constitution de son gouvernement, la contre-réforme de l’université qui s’est concrétisée par la loi relative aux « libertés et responsabilités des universités » (dite loi LRU) adoptée « courageusement » début août 2007 par les députés UMP/Nouveau Centre à l’Assemblée nationale, alors que les facultés étaient vides de leurs étudiants et de leurs enseignants.

Avant même que ne s’ouvre la « concertation » avec les organisations syndicales étudiantes et enseignantes début juin, Fillon avait clairement exposé les objectifs de la loi Pécresse. Le 27 mai 2007, il déclarait qu’il s’agissait d’instaurer des établissements « qui pourront s’organiser comme ils l’entendent, recruter leurs enseignants comme ils l’entendent, créer les enseignements qu’ils veulent, mettre en place les accords avec les organismes de recherche, avec les grandes écoles, avec les entreprises sans avoir besoin de demander l’autorisation de la tutelle ».

Fillon résumait ainsi le programme de l’UMP et du candidat Sarkozy, rendu public dès novembre 2006.

Si Fillon présentait cette loi comme la « plus importante de la législature », c’est que les enjeux pour la bourgeoisie et le patronat sont de première importance.

Il s’agit avant tout pour ce gouvernement de réussir là où tous les gouvernements de la Ve République ont échoué : domestiquer la jeunesse étudiante, lui faire accepter les exigences du capital en renonçant à ses aspirations à la culture, au savoir et à l’indépendance, et lui faire intégrer les normes de l’exploitation capitaliste.

Il s’agit pour ce gouvernement d’effacer les défaites politiques que la jeunesse étudiante et lycéenne a fait subir à la bourgeoisie en imposant en décembre 1986, au gouvernement Chirac, le retrait du projet de loi Devaquet, en 1994, au gouvernement Balladur, dont Sarkozy était le porte-parole, l’abrogation du décret instaurant les CIP, en avril 2006, au gouvernement Chirac-Villepin, le retrait du CPE.


La loi Pécresse, c’est la privatisation des universités


La loi Pécresse c’est, avec l’instauration d’une autonomie totale des universités :

- Dans la continuité de la contre réforme LMD la liquidation définitive des diplômes nationaux et la généralisation de la « professionnalisation » des enseignements ;

- La mise en œuvre progressive d’une présélection à l’entrée des universités ;

- La mainmise du MEDEF sur l’organisation l’enseignement et de la recherche universitaires en fonction des besoins des capitalistes, ceci notamment avec la généralisation des fondations à l’américaine avec en perspective la liquidation des enseignements et de la recherche jugés non rentables par le patronat;

- La précarisation de l’ensemble des personnels avec l’attribution de pouvoirs aux présidents d’universités en matière de recrutement des enseignants et des chercheurs qui sont ceux de véritables chefs d’entreprise.

 

En résumé la loi Pécresse, c’est la privatisation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui va jusqu’à la mise à l’encan des locaux des universités.

C’est une loi réactionnaire sur toute la ligne comme l’est l’ensemble de la politique du gouvernement Sarkozy-Fillon qui, au compte du MEDEF, vise à la liquidation de l’ensemble des acquis du prolétariat et de la jeunesse en matière de droits à la santé, au travail et à l’éducation.


 « Eh bien c’est fait ! » (Sarkozy)


Fin août, à l’université du Medef, Sarkozy a pavoisé :

« D'ores et déjà l'autonomie des universités a été votée, en quelques semaines et cela va tout changer. On me disait que c'était impossible : des universités dotées d'un président qui pourra diriger, des universités autonomes, toutes les universités. Eh bien, c'est fait ! ».

A peine quelques semaines après l’élection de Sarkozy, la loi Pécresse a été adoptée par l’Assemblée nationale. Dés sa constitution le gouvernement a engagé au pas de charge la « concertation » sur son projet de loi. Pour lui, il était décisif que la loi soit adoptée pendant les vacances scolaires. Si Pécresse a pu boucler l’affaire dans les délais fixés par Sarkozy et Fillon, c’est d’abord parce que les dirigeants des organisations syndicales étudiantes, enseignantes et des personnels de l’enseignement supérieur ont joué le jeu, se situant tous dans le cadre de la nécessité d’une réforme de l’enseignement supérieur avec à la clef plus d’autonomie. Courant juin et juillet, y compris pendant que le projet loi était débattu au Sénat puis à l’Assemblée nationale, ils n’ont cessé d’accepter la concertation organisée par le gouvernement sur un projet dont les objectifs étaient parfaitement connus depuis des mois. C’est dans ces conditions que le gouvernement a fait adopter la loi Pécresse.

Et c’est toujours en s’appuyant sur la concertation que le gouvernement Sarkozy Fillon entend maintenant la faire appliquer. Le premier décret d’application de la LRU est paru fin octobre. Ce sont les conseils d’administration des universités qui constituent le premier maillon de sa mise en œuvre. En effet, par ce décret les conseils d’administration doivent d’une part modifier leurs statuts pour les mettre en conformité avec la loi et d’autre part organiser sur cette base d’ici févier 2008 des élections.

Les nouveaux CA devront être élus d’ici à mai 2008. Depuis la rentrée certains conseils d’administration, dans plus de 20 universités, ont déjà devancé l’appel.

 

Mais au sein des conseils siégent les représentants des organisations syndicales étudiantes, enseignantes et des personnels. C’est en s’appuyant totalement sur leur participation que le gouvernement applique sa loi.


Comment combattre ?


Depuis la mi-octobre, dans de nombreuses universités, se sont tenues des assemblées d’étudiants. Conscients des enjeux pour leur avenir, les étudiants exigent :

* Abrogation de la loi Pécresse !

* Non à la mainmise du MEDEF sur l’enseignement supérieur et la recherche : les patrons hors des facs ! Non à la privatisation de l’enseignement supérieur ! Non  à la sélection !

* Défense des diplômes nationaux ! Non à l’autonomie des universités !

* Des locaux et des moyens pour étudier !

 

Dans certaines universités, les étudiants ont tenté de s’organiser pour empêcher les conseils d’administration de mettre en œuvre le décret d’application de la loi Pécresse. Ils ont raison.

Engager le combat contre la loi Pécresse implique d’imposer aux dirigeants de l’UNEF, de SUD, de la FSE et à l’ensemble des dirigeants des organisations syndicales d’enseignants, dont en premier lieu le SNESup-FSU, et des personnels :

* Prononcez-vous clairement pour l’abrogation de la loi Pécresse !

* Refusez de participer à son application en démissionnant immédiatement des conseils d’administration des universités : pas un seul étudiant, pas un seul enseignant dans les conseils pour collaborer à la mise en œuvre de la loi !

* Rompez localement et nationalement toute concertation avec le gouvernement Sarkozy-Fillon-Pécresse !

 

En 2006, le gouvernement Chirac-Villepin a dû retirer le CPE: isolé face à l’imposant mouvement de la jeunesse, soutenue et rejoints par les enseignants et les travailleurs, il n’a pas pu s’appuyer sur la concertation.

Aujourd’hui, les étudiants le savent : la résolution du gouvernement Sarkozy-Fillon pour faire appliquer la loi Pécresse n’a d’égale que celle qu’il affiche face aux travailleurs pour liquider les régimes spéciaux de retraite, expulser les travailleurs immigrés, liquider le CDI et les statuts des travailleurs de la fonction publiques.Pour arracher l’abrogation de la loi Pécresse, il faut l’affronter et le vaincre en réalisant le front unique des organisations syndicales étudiantes, enseignantes et de l’ensemble des personnels de l’université.


 

Chacun sait que le combat isolé université par université ne peut permettre d’affronter victorieusement le gouvernement. Est à l’ordre du jour :

La grève générale des étudiants et de l’ensemble des personnels de l’université (enseignants, chercheurs, BIATOSS) jusqu’à l’abrogation de la loi Pécresse ;

 

Il est de responsabilité des dirigeants des organisations syndicales étudiantes, en premier de l’UNEF de rompre toute concertation avec le gouvernement et de donner l’ordre : pas un étudiant dans les conseils d’administration pour appliquer la réforme ! Organisation avec les syndicats de tous les personnels de l’université – enseignants, chercheurs, BIATOSS- du boycott de la tenue de ces conseils !

 

Pour organiser et centraliser ce combat, il est de la responsabilité des dirigeants des organisations syndicales étudiantes, au premier chef de l’UNEF, de convoquer de toute urgence une conférence nationale des étudiants, composée de délégués élus et mandatés par les assemblées générales dans les universités et d’en appeler aux organisations des personnels pour qu’ils s’engagent dans cette voie.

 

Lisez Combattre pour le Socialisme, bulletin du Groupe ! Contact : AEPS, 140 Bd de Ménilmontant, 75020 PARIS. http://socialisme.free.fr