Déclaration
du Cercle pour la construction du parti et de l’Internationale ouvrièrs
révolutionnaires
Non à Chirac, à son
gouvernement, à son plébiscite !
Non à la « constitution
européenne » !
Le 16 mai, les travailleurs ont cherché
à exprimer leur hostilité du gouvernement Chirac-Raffarin et de sa politique,
sous des formes émiettées faute d’appel des confédérations et fédérations
syndicales à la grève générale pour le rétablissement du jour férié volé par le
gouvernement, pour lequel les ouvriers de Total sont entré en grève.
Le 29 mai, à l’occasion du
référendum, pour les travailleurs, la jeunesse, cette même question est
posée : infliger une défaite politique à Chirac, en votant
« non » à Chirac et à la « constitution européenne », ce
traité que Chirac et les autres gouvernements de l’UE ont négocié et conclu.
Chirac, Seillière, Raffarin veulent un « Oui »
pour « réformer le modèle social français » (Sarkozy)
Si Chirac a organisé ce
référendum, une fois assuré de l’appui de la direction du PS, c’est pour
obtenir un succès politique personnel, c’est pour se donner les moyens de mener
à bien la dernière phase de son quinquennat et les contre-réformes qu’il entend
y inscrire, et affaiblir le PS en vue des échéances électorales ultérieures.
A l’ordre du jour de l’après-référendum, il y a la « réforme » du
baccalauréat, de la Recherche publique, la privatisation d’EDF-GDF, la remise
en cause du droit du travail, du régime de retraite RATP, la destruction du
statut de la fonction publique, des mesures contre les immigrés…
Sarkozy a craché le morceau en
meeting le 12 mai, affirmant que le vote oui est le moyen de « réformer
le modèle social français », en réalité de poursuivre les
contre-réformes, l’aggravation des conditions d’existence et de travail de la
majorité de la population. Voilà aussi pourquoi le Medef, le capital financier,
fait campagne pour le « oui ».
En convoquant son référendum,
Chirac utilise une des armes particulièrement antidémocratique de la V°
République : le plébiscite, sur un texte interminable et quasiment illisible,
accompagné en guise de matériel électoral d’un véritable appel à voter
« oui ». La propagande médiatique déferle sans vergogne, à tel point
qu’elle est dénoncée par nombre de journalistes. S’y ajoute la menace :
selon Chirac et consorts, les pires fléaux s’abattraient sur le pays si le
« non » l’emportait. Mais qui serait victime si le « non »
l’emportait ? La réponse est claire : c’est d’abord Chirac.
Ce n’est pas pour rien que
Raffarin martèle que le sort du gouvernement ne serait pas l’enjeu de ce
référendum – alors que tout le gouvernement s’est transformé en staff de
campagne pour le « oui » à Chirac. Chirac, Raffarin savent et ils ne
sont pas les seuls, que la volonté de leur infliger une défaite sera le ressort
décisif du vote « non ».
Et c’est à juste titre que le
prolétariat, la jeunesse, chercheront malgré les obstacles et la confusion à
voter « non » à Chirac et au traité constitutionnel. Ce dernier est
présenté par Chirac ou Hollande comme une avancée « historique ». Mais
quel est l’objectif de ce traité ?
Un traité pour asseoir la domination des capitalismes
dominants sur l’Union Européenne
Ce traité se substituerait à
celui négocié à Nice, que Chirac et Jospin avaient alors fait ratifier.
Pourquoi veulent-ils en changer ? C’est que depuis, Allemagne et France se
sont rapprochées sous la pression de l’offensive américaine engagée depuis 2001
– en témoigne l’alignement de Chirac sur Schröder sur la question irakienne.
Aussi les impérialismes allemand et français ont-ils échafaudé ce nouveau
traité pour leur permettre de gérer l’Europe élargie comme un condominium. Suite
à l’opposition emmenée par la Grande-Bretagne, au final ce sont toutes les
principales puissances européennes qui voient leur poids renforcé, toujours au
détriment des plus petits pays.
Mais ce compromis n’est pas
encore adopté qu’à nouveau des tensions apparaissent entre les bourgeoisies
allemande, principale puissance en Europe et française, comme on a pu le
mesurer ces derniers jours sur la question du Togo.
Ces aléas dévoilent la nature
réelle de l’Union Européenne : non pas l’Europe unie, mais un cartel des
principaux capitalismes européens, qui collaborent ou s’affrontent selon leurs
intérêts du moment. Le dépeçage sanglant, par la guerre, de l’ex-Yougoslavie,
théâtre d’affrontements entre l’Allemagne et la France ; la division des
pays de l’UE lors de la guerre contre l’Irak, l’ont
amplement souligné.
Ce traité « constitutionnel »
n’est pas une constitution : le pouvoir reste entre les mains des
gouvernements nationaux. Les arcanes de la « majorité qualifiée » n’y
changent rien : sans l’accord des gouvernements essentiels, aucune mesure
ne peut voir le jour.
Il n’est qu’un seul domaine dans
lequel se réalise l’unité des gouvernements bourgeois européens, la destruction
des conquêtes arrachées depuis la fin de la seconde guerre mondiale et
défendues par des décennies de lutte de classe.
Une « Union » et une
« constitution » entièrement réactionnaires
L’UE est un instrument de la
politique menée, dans chaque pays, par les gouvernements au service du capital.
Le traité soumis au référendum en porte la marque. Ainsi la partie I permet aux
gouvernements nationaux, sur proposition d’une commission toujours réputée
« indépendante » (sauf des marchés financiers) et sans passer
par aucun parlement, d’édicter des règlements et décisions « directement
applicables » (article I-33) dans le droit national. Leur « Europe
plus démocratique », c’est celle des oukazes,
des ordonnances. Pour quelle politique ? Celle que Chirac-Raffarin et
autres mènent chacun dans leur pays ! C’est que le texte nommé
« constitution » ne se contente pas d’organiser les pouvoirs au sein
de l’UE. Il prétend aussi arrêter quelle politique peut y être menée. C’est
l’objet de la très détaillée partie III qui interdit les interventions
publiques contrariant la «concurrence libre et non faussée ».
La « constitution » exige :
« d’accélérer l’adaptation de l’industrie aux changements
structurels » (art III-279), en clair, l’accélération des
licenciements. Elle prône la mise en lambeaux des entreprises publiques,
soumises à la concurrence (article III-166), dans le droit fil de la « libéralisation »
déjà engagée (et dont le calendrier est arrêté depuis des années par les
directives européennes) des « marchés » de la Poste, du rail, de
l’énergie, etc.
Y figure aussi l’interdiction de
toute restriction à la « prestation de service » (industriels
compris) dans l’UE (article III-144), et même l’engagement des Etats à aller
« au-delà de ce qui est obligatoire en vertu de la loi-cadre
européenne » en matière de « libéralisation des services».
Les « restrictions aux mouvements de capitaux » sont également
interdites (art. III-156).
Les dirigeants du PS, non
contents de prétendre que Chirac aurait négocié, signé et défendrait un traité
qui comporterait des « avancées sociales » alors que son
gouvernement les détruit quotidiennement en France, mettent en avant la « charte
des droits fondamentaux » (partie II du traité). D’une part, cette
charte n’a pas de portée concrète. Mais d’autre part, cela vaut mieux car sinon
elle signifierait l’instauration partout, par exemple, du droit des patrons au
lock-out (art. II-88), le droit à la propagande religieuse (art II- 70),
l’interdiction des expropriations (II-77), tandis qu’au droit au travail serait
substitué le « droit de travailler »…
Contre l’Union Européenne, pour les Etats-Unis
Socialistes d’Europe
Leur « Union
Européenne » est celle du militarisme. Les Etats s’engagent en la
ratifiant à « renforcer leurs capacités militaires » tout en
se situant dans le cadre de l’OTAN (article I-41). Le sabre se marie avec le
goupillon : la « constitution », s’inspirant des « héritages
religieux » (préambule), offre aux Eglises un statut privilégié (art.
I-52). C’est aussi l’UE de la cogestion, vers la destruction des syndicats en
les chargeant à l’occasion de la transposition de ses réglementations (III-210).
Chirac et Raffarin n’ont certes
pas besoin de l’UE pour s’en prendre aux ouvriers, aux jeunes, aux immigrés,
mais réciproquement ils ne défendraient pas cette « constitution » si
elle n’était pas pour eux un instrument de cette politique.
Les hiérarques dirigeant le PS
affirment que la partie III ne serait que la reprise des traités déjà existants
et que donc ceux-ci continueraient de s’appliquer si le « non »
l’emportait. Mais pourquoi alors ont-ils été refondus dans la partie III et
sont-ils soumis au vote, sinon pour leur donner une portée
« constitutionnelle », pour mettre hors la loi toute autre politique
que celles dont la traduction est que les chômeurs dans l’UE se comptent par
dizaines de millions !
Et puis quel aveu ! Voilà
donc ce qu’est la somme de tous les traités depuis 1957 ? Quel acte
d’accusation contre « l’Union Européenne » ! Quelle autre conclusion
en tirer sinon qu’on ne peut mener une politique favorable à la population
travailleuse sans rompre avec l’UE et ses traités ?
L’Union Européenne est depuis ses
origines un hyper-« marché commun » pour les grands groupes capitalistes,
dont les brigands qui dirigent les puissances européennes s’étripent à
intervalle régulier pour en définir les règles.
Elle n’a jamais été un instrument
de paix, en témoigne la guerre qui a ensanglanté la Yougoslavie, attisée par la
France et l’Allemagne. Elle n’est et ne sera pas l’unité de l’Europe dont ont
besoin les masses pour organiser la production, leur collaboration fraternelle
à l’échelle du continent, qui ne peut aboutir qu’en en finissant avec
l’exploitation, l’oppression, qu’en allant vers les Etats-Unis Socialistes
d’Europe. Cela passe par la conquête du pouvoir politique par les prolétariats
dans chaque pays, installant des gouvernements révolutionnaires, menant une
politique anticapitaliste. Dans cette voie, il faut combattre, vaincre et
chasser le gouvernement UMP Chirac-Raffarin.
Le 29 mai : infliger une défaite à Chirac
Si le « non » l’emporte
le 29 mai, ce sera que les travailleurs et la jeunesse de ce pays auront
retourné le référendum-plébiscite de Chirac contre son initiateur, pour signifier
« dehors Chirac».
Ils l’auront fait malgré de
nombreux obstacles. Celui de la direction Hollande du PS, qui veut faire voter
une nouvelle fois Chirac, comme en mai 2002.
Mais aussi celui des directions
des organisations syndicales, dont aucune n’a appelé à voter « non »
à Chirac, B.Thibault (CGT) ayant même multiplié les interventions pour pousser
sinon au vote oui, du moins à l’abstention.
De son côté, le PCF, chef de file
de ce qu’il nomme le « non de gauche » ne remet pas une seconde en cause Chirac, et
se situe, ainsi que les minoritaires du PS, sur le terrain d’une « réorientation de l’UE», d’une
« renégociation »… Comme si le gouvernement Chirac-Raffarin et
les autres qui sévissent aujourd’hui au sein de l’UE pouvaient accoucher d’un
tout autre texte, comme si le plomb de l’UE pouvait se changer en or !
Autre obstacle : la
politique de division, de journées d’actions disloquées, un jour à EDF, l’autre
à la SNCF, dont le lundi de Pentecôte a été l’illustration.
Néanmoins si le « non »
l’emporte, cela signifiera que le prolétariat, les militants et sympathisants
du PS, du PCF, syndiqués à la GCT, à FO, à la FSU, seront allés voter
« non » à Chirac. Alors pour chasser Chirac et son gouvernement sans
attendre 2007, il faudra militer pour le front uni de ces organisations sur cet
objectif.
Dans le combat ouvert pour en
finir avec Chirac et sa « majorité » UMP – UDF se réuniront les
conditions de la venue au pouvoir d’un gouvernement issu de ce front, dont les
masses exigeront que leurs revendications soient satisfaites, qu’il soit mis
fin à l’avalanche des contre-réformes. Pour cela, il faut s’engager dans la
voie de l’expropriation du capital.
C’est ce pour quoi combat notre
Cercle. C’est dans cette perspective qu’il appelle à voter
« Non » le 29 mai.