"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme" (Lénine)

CERCLE pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires

Supplément à CPS n°8  - 6 septembre 2002

 

- Le projet de budget du gouvernement supprime des milliers de postes de fonctionnaires

- Le projet de loi Fillon aggrave encore la flexibilité généralisée par les lois Aubry d'ARTT

- La baisse du pouvoir d'achat des travailleurs s'accentue

 

La responsabilité des dirigeants des confédérations CGT et FO, de la FSU, du PS et du PCF, c'est :

Rompre avec le gouvernement UMP Chirac-Raffarin (et le Medef)

Préparer dans l’unité le combat contre lui

Un gouvernement réactionnaire sur toute la ligne


En mai dernier, Chirac était plébiscité au second tour de la présidentielle à l'appel du PS, du PCF (et de la LCR), des dirigeants confédéraux CGT, prétendument pour "faire barrage au FN". Dans la foulée, il formalisait la constitution du "parti du président", l'UMP, qui raflait la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le gouvernement UMP Chirac-Raffarin dispose ainsi de moyens politiques sans précédent sous la cinquième République.

Il les a immédiatement mis à profit pour faire adopter, lors de la session extraordinaire de l'Assemblée, une série de mesures directement inspirées des programmes du Medef … et du FN. Ainsi l'accroissement des moyens numériques (des milliers de policiers en plus) et de l'arsenal juridique de l'appareil de répression. Contre la jeunesse: enfermement des jeunes dès 10 ans, suppression des allocations familiales aux famille de "délinquants" (Loi Perben). Mais c'est aussi le durcissement de la répression contre des syndicalistes, les travailleurs immigrés, les jeunes – dont un symbole est cet enseignant bénéficiant de l'asile politique en France livré par Chirac-Sarkozy à Berlusconi. Et encore  la baisse de 5% de l'impôt sur le revenu – tandis que le pouvoir d'achat des smicards et des fonctionnaires est comprimé, l'engagement d'une nouvelle vague de privatisations (dont EDF-GDF, Air France), les "contrats-jeunes" exonérés de charges, main d'œuvre au rabais pour le patronat.

 

Le cadre général a été donné dès juillet par la déclaration de politique générale de Raffarin: un programme cohérent visant çà la destruction des acquis de l'ensemble des travailleurs, en y associant les dirigeants des organisations syndicales, aggravant encore ce qui avait été fait en ce sens pendant cinq ans de gouvernement de la "gauche plurielle". "Nous avons un démarrage du gouvernement qui nous paraît satisfaisant" (Seillière, 4 septembre)

La dégradation de la situation économique, les menaces de krach financier, outre les plans de licenciements qu'elles entraînent, ne peuvent que pousser le gouvernement à durcir encore sa politique.


Projet de loi Fillon: nouvelle aggravation de la flexibilité
et de la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs du privé


Le 6 septembre, F.Fillon a présenté aux "partenaires sociaux" un projet de loi que l'Assemblée nationale doit examiner à compter du 2 octobre. Il prévoit d'accroître dans l'immédiat le recours au heures supplémentaires (de 130 à 180 par an) dans les entreprises tout en autorisant la baisse de la rémunération de celles-ci. En matière de salaires, c'est "l'harmonisation" des différents SMIC créés par les lois Aubry. Pour cela: blocage pour trois ans des niveaux de SMIC "supérieurs". De plus, il modifie le mode d'évolution du SMIC horaire (qui serait augmenté uniquement en fonction de l'inflation "officielle" et non plus en relation avec l'augmentation du salaire ouvrier moyen). Enfin il octroie plusieurs milliards d'euros d'allègement des "charges sociales" (en fait un nouveau vol du salaire différé de la classe ouvrière) afin d'assurer au patronat la poursuite de la baisse du prix de la force de travail.

 

Le projet de loi Fillon aggrave encore des lois Aubry que Hollande (PS) lui-même décrivait ainsi:

Le rapport au travail est devenu plus intense avec la flexibilité, plus instable avec la précarité, moins gratifiant avec la modération salariale (université d'été du PS)

 

Le gouvernement prévoit de renvoyer aux négociations entre patronat et syndicats la mise en œuvre de ce projet de loi. Dans Le Monde daté du 7/9, Fillon y insiste:

"La volonté de souplesse se traduit par un renvoi aux partenaires sociaux de la fixation du niveau du contingent des heures supplémentaires et des conditions de leur rémunération. C'est là le point essentiel de la réforme proposée."

 

C’est à juste titre que " la CGT dénonce : Au bout, il y aura l'éclatement des garanties des salariés" (id.), mais ses dirigeants omettent de dire que les lois Aubry sont elles aussi des instruments de d'éclatement des acquis des travailleurs branche par branche et entreprise par entreprise.

 

Mais une chose est sûre: le rôle des organisations syndicales n'est pas de prendre en charge l'éclatement des garanties collectives des travailleurs, l'aggravation de l'exploitation, la baisse de leur pouvoir d'achat. Il appartient aux dirigeants confédéraux CGT et FO de prendre clairement position:

Pour le retrait du projet de loi Fillon,

Contre la participation à tous les niveaux aux négociations d'application de cette loi

 

Une telle position permettrait d'ouvrir la voie à l'appel dans l'unité par ces les organisations syndicales ouvrières à une manifestation centrale, massive, de la classe ouvrière à l'Assemblée nationale lors de l'examen de ce projet pour interdire qu'il soit voté.


Contre le projet de budget de suppression de postes, de baisse du pouvoir d’achat:
 front unique des organisations syndicales de la fonction publique


Avant même sa présentation officielle le 25 septembre en conseil des ministres, on sait à quoi s’en tenir sur le contenu du projet de budget du gouvernement Chirac-Raffarin. Tandis que les baisses d’impôts bénéficiant essentiellement aux capitalistes se poursuivent, tandis que vont être créés des postes par milliers dans la police et dans l’armée, les postes de fonctionnaires, les budgets sociaux commencent à être sabrés.

Ainsi aux finances, près de 1 500 postes  seraient supprimés, sous la houlette du ministre, le grand licencieur et privatiseur F.Mer, représentant direct du Medef au sein du gouvernement. Dans l’enseignement public, les créations de postes d’enseignants pourtant insuffisantes prévues par le gouvernement de la « gauche plurielle » sont carrément annulées! Aucune création dans le secondaire, des miettes dans le premier degré. Et pas moins de 5 000 suppressions de postes de surveillants sont annoncées.

Selon le ministre, il s’agit en fait de transférer cette tâche aux régions. Au travers de la catégorie des étudiants/surveillants, le gouvernement illustre ce que doit être le cœur de la loi sur la « décentralisation » prévue pour l’automne: casse des statuts et garanties nationales de tous les fonctionnaires, des fonctionnaires soumis aux baronnies locales et régionales. Ajoutons que dans le même temps, le pouvoir d'achat des fonctionnaires continue de diminuer … et les ministres, eux, sont augmentés de 70% !

 

La plupart des dirigeants des fédérations de la fonction publique ont protesté contre les restrictions budgétaires. Pour s’en excuser presque immédiatement, ainsi G.Aschiéri, secrétaire de la FSU, dans  Le Monde du 3/9 : « nous ne cherchons pas a priori des motifs de conflit (…) nous sommes prêts à discuter avec le gouvernement à tout moment ». Ce n’est pas acceptable : au contraire, ils doivent se prononcer clairement :

aucune suppression de poste !

Remplacement poste pour poste des départs en retraite ! Non au projet de budget 2003 !

Est à l’ordre du jour dans toute la fonction publique, en particulier dans l'enseignement, l'exigence de l'appel dans l’unité des organisations syndicales à une manifestation centrale et nationale devant et contre l’Assemblée à majorité UMP, pour imposer que ce projet budget, concentré de la politique du gouvernement, soit rejeté.


Pour faire face et combattre le gouvernement Chirac-Raffarin et sa majorité UMP,
lutter pour la rupture des directions des organisations syndicales CGT, FO, FSU avec le gouvernement


Alors que commence à se déployer l'offensive réactionnaire du gouvernement, le PS (ainsi que le PCF) l'invite à redoubler de "dialogue social" (Hollande), et se pose en défenseur des prétendues "35 heures", en fait des lois Aubry de flexibilité qui ne sont pourtant pas pour rien dans la défaite du PS.

A leur diapason, les dirigeants syndicaux se situent entièrement dans le cadre du "dialogue social". Ainsi M.Blondel invite-t-il la fédération des fonctionnaires FO à "contribuer au débat sur la réforme de l'Etat" après avoir multiplié les satisfecit à l'adresse de Raffarin.

Mais le gouvernement Chirac-Raffarin, dès la déclaration de politique générale de juillet dernier, l'avait annoncé: le "dialogue social", l'association des dirigeants syndicaux à l'application de son programme réactionnaire, est au cœur de sa politique, notamment en matière de remise en cause des régimes de retraite (que le gouvernement voudrait réaliser en 2003).

 

Pour la défense des travailleurs, la satisfaction de leurs revendications, ils auront à imposer aux dirigeants syndicaux , et d'abord à ceux des confédérations CGT et FO, qu'ils rompent le "dialogue social", refusent toute collaboration à tout niveau la mise en œuvre de la politique anti-ouvrière des Chirac-Raffarin. Dans le même mouvement, ils exigeront du PS et du PCF qu'ils cessent de se comporter en "opposition de sa majesté", et que soit réalisé le front unique des organisations ouvrières (partis, syndicats), contre le gouvernement et sa politique, pour le combattre.


 

*                      *                      *


Cette perspective ouvre une issue politique contre le gouvernement Chirac-Raffarin: celle d'un gouvernement issu de ce front unique, dont travailleurs, jeunes, exigeraient qu'il satisfasse les revendications.

 

Mais il faut être clair. Satisfaire les revendications fondamentales, la garantie du pouvoir d'achat par l'échelle mobile des salaires et des prix, le droit au travail par la réduction massive du temps du travail sans flexibilité jusqu'à embauche de tous les chômeurs, garantir le droit à la retraite, à la santé, exige de rompre avec les exigences du mode de production capitaliste.

 

On ne peut aller de l'avant sans s'engager vers l'expropriation du capital pour organiser un plan de production élaboré en fonction des besoins des masses, sans rejeter le paiement de la dette publique pour créer les postes nécessaires dans les secteurs socialement utiles, sans rompre avec la 5ème  République, l'Union Européenne.

On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme, sans porter au pouvoir un gouvernement s'engageant dans cette voie.

C'est pourquoi il est nécessaire de construire le Parti Ouvrier Révolutionnaire, ce à quoi veulent contribuer et appellent à s'associer les militants de notre Cercle.


 

Retour à la section : suppléments

 

Retour à l'accueil