"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme" (Lénine)

GROUPE  pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires

Supplément  METALLURGIE

à CPS n°31  - 02/02/2008

 

A bas l’accord sur la « modernisation du marché du travail » !

 


Dans la foulée des défaites qu’il a infligées aux travailleurs bénéficiant des régimes spéciaux de retraite et aux étudiants, le gouvernement a obtenu le 21 janvier la signature de 4 des 5 centrales syndicales, et principalement celle des dirigeants CGT- FO, sur un texte dit de « modernisation du marché du travail », Chérèque faisant à l’occasion observer que la direction confédérale CGT avait donné une « délégation de signature » aux autres appareils syndicaux.


Un accord « historique » pour le Medef, totalement à l’avantage du patronat et du gouvernement Sarkozy


Accord « historique » selon Kathy Kopp chef de délégation patronale, ou « révolutionnaire » pour Laurence Parisot, ce texte est aussi salué par le gouvernement comme « un succès », « une étape importante dans le processus de réformes que nous avons engagé » (Sarkozy, le 17 janvier). Ils auraient tort de mégoter leur joie. Quand Fillon salue la naissance de la « flexisécurité à la française», il faut traduire : flexibilité pour les salariés, sécurité pour les patrons.

En effet, d’une part, ce texte crée, en remplacement du CNE, un CDD d’une durée allant jusqu’à trois ans (article 12), le contrat de mission (à ce stade pour les seuls ingénieurs et cadres).  Il ouvre la porte, via des négociations de branches, à un allongement considérable de la période d’essai pour tous (article 4), jusqu’à 4 mois pour les ouvriers, sans compter les périodes d’intérim, 6 mois pour les techniciens).

Dans le même temps, il introduit (article 12) la « séparation à l’amiable », euphémisme patronal pour désigner un licenciement express contournant les procédures de protection des salariés – tout en remettant en question en filigrane l’obligation de motiver par écrit  les licenciements. En parallèle, via le renforcement de la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » (GPEC, article 9), ce texte entend associer plus étroitement les directions syndicales aux plans de licenciements.

 

Enfin, cet accord pose les bases de la future convention d’assurance-chômage (articles 16 à18), dans le cadre de la fusion ANPE-Unedic, et l’inscrit à l’avance sous le signe de contraintes plus importantes que jamais pour les chômeurs, et de réduction annoncée de la durée de l’indemnisation.


Les appareils syndicaux portent l’entière responsabilité de cet accord pourri


Quant aux « contreparties » que tentent piteusement de mettre en avant les bureaucrates syndicaux, elles valent … ce qu’en a dit Laurence Parisot le 11 janvier  à la radio : « Personnellement, rien ne m'a été coûteux ». En effet ! Il s’agirait, selon les bureaucrates syndicaux, de rendre certains droits « portables » d’un emploi à un autre. Quels « droits » ? D’abord, le droit individuel à la formation (DIF, article 14) , créé en 2003 suite à un autre accord interprofessionnel. Or celui-ci se caractérisait depuis le début par le fait que la formation se situait dorénavant hors temps de travail, dans un cadre individualisé, de gré à gré avec le patron, et non plus collectif. Le voilà maintenant transformé en un instrument pour contraindre les chômeurs à œuvrer, à leurs frais, et pour le plus grand bénéfices des organismes privés, à leur propre employabilité » - dans le cadre de la « validation des acquis professionnels » (article 6) – c’est-à-dire une formation sous contrôle patronal, jouant les « compétences » contre les qualifications. Par ailleurs l’accord revendique le passage sous la coupe du Medef de l’orientation scolaire (article 2).

 

Les dirigeants syndicaux expliquent à l’envi ce que le Parti Socialiste déclarait le 14 janvier, à savoir que, sous la menace d’un projet de loi gouvernemental, elles auraient  « évité le pire ».  En réalité, « le pire », c’est au contraire que les directions syndicales ont servi elles-mêmes au Medef ces « acquis » sur un plateau. La raison n’en est donc pas leur crainte d’une loi unilatérale : c’est leur refus de combattre le gouvernement, leur volonté même de s’inscrire dans le cadre de « l’agenda 2008 » des contre-réformes gouvernementales mis en route par Sarkozy en décembre dernier avec la participation de toutes les directions syndicales.

 

Rappelons qu’en 1984, un projet d’accord sur la flexibilité avait échoué parce que les dirigeants FO avaient dû renoncer à le signer sous la pression de leur base. « Cette fois », commente le Monde du 24 janvier: « rien de tel ne s’est produit ». Et de souligner que non seulement les dirigeants FO signent,  mais que la direction CGT «s’est impliquée comme jamais dans une négociation », au point qu’un de ses membres dit : « Nous avons rendu le texte signable par les autres ».

 

Le gouvernement s’est engagé à transposer cet accord en texte de loi, lequel serait voté peu après les municipales – texte que le PS s’est engagé à voter. Mais cette issue n’est pas inéluctable. Au sein de FO, alors que l’appareil oscille entre le soutien à l’accord et un « regret » complice qui exclut tout combat contre la signature, l’Union Départementale du Finistère, par exemple, ou le syndicat des métaux de la Loire,  entre autres, ont pris position publiquement pour le retrait de la signature de la confédération. C’est sur cette orientation, sur l’exigence de la dénonciation de cet accord par les dirigeants CGT et FO, que le combat pour empêcher le Medef d’engranger ces nouveaux acquis est possible – et qu’ainsi ce point d’appui pour le gouvernement dans son offensive d’ensemble peut lui être ôté.

 


Pour le gouvernement Sarkozy-Fillon, l’année 2008 doit être « l’année de toutes les réformes » (Fillon),
et notamment celle de la destruction de la durée légale du travail


Dans Les Echos du 10 décembre, Fillon pérorait : « 2008 verra l’engagement des principales réformes sociales ». Le 19, Sarkozy recevait l’ensemble des directions syndicales pour « élaborer en commun l’agenda social des mois à venir », autrement dit organiser l’association des appareils syndicaux à la mise en œuvre de sa politique. Au menu, entre autres : une nouvelle contre-réforme de l’assurance maladie et de l’hôpital public, l’allongement de la durée de cotisation retraite à 41 annuités, ou encore de nouvelles attaques contre l’enseignement public, notamment la liquidation des BEP.

La signature de l’accord sur le « marché du travail » par les dirigeants FO, la non-signature complice de la direction CGT sont des points d’appui considérables pour lancer le cortège des « réformes » pour 2008, mener sa « politique de civilisation », en réalité l’éclatement de toutes les garanties collectives des travailleurs, vers l’individualisation totale des relations entre prolétariat et patronat.

Ainsi, dans le cadre de « l’agenda 2008 » du gouvernement, Fillon a demandé aux « partenaires sociaux », pour le 31 mars, de lui faire des propositions visant à renvoyer aux accords d’entreprise le « seuil de déclenchement des heures supplémentaires », « leur taux de rémunération », ouvrant même la voie à un « accord direct » individuel entre chaque salarié et son patron « en matière de durée du travail ». On a bien lu : si chaque entreprise peut déterminer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, alors c’est qu’il n’existe plus de durée légale du travail ! Fillon lie dans son courrier la question du temps de travail avec celle de la « représentativité syndicale », car sa modification doit servir de levier poussant les organisations syndicales à ratifier de tels accords locaux. Si le gouvernement entend faire de l’année 2008 la rampe de lancement de « réformes », il y est d’autant plus poussé que la situation économique du capitalisme français se dégrade à vue d’œil.


Derrière l’affaire de la Société Générale : la menace d’une crise majeure


La perte record de 7 milliards d’euros annoncée par la Société Générale révèle l’ampleur de la crise financière qui s’est engagée à partir des Etats-Unis l’été dernier, laquelle crise frappe les banques, c’est-à-dire le cœur du capitalisme financier. Mais d’autre part, l’évaporation en quelques heures de plusieurs milliards d’euros, collée grotesquement sur le dos d’un seul trader, lève un coin du voile sur l’abîme dans lequel le régime capitaliste est susceptible à tout moment de verser dans son ensemble.

Les sommes astronomiques avec lesquelles jonglent les grandes banques et qui constituent leur « capital » sont essentiellement fictives, peuvent s’évanouir en précipitant une faillite générale, celle-là même qui n’a été repoussée depuis des années qu’en recourant à une accumulation de crédits qui aujourd’hui menace de s’effondrer.

A ce stade de son développement, la crise financière a déjà précipité la récession aux Etats-Unis, et un ralentissement généralisé de l’économie mondiale s’annonce. A la clé, des licenciements en cascades, de nouveaux coups contre les masses puisque telle est la condition pour repousser les échéances pour « l’économie de marché » dont les appareils syndicaux appellent à intégrer les exigences comme étant « inéluctables » - au point de voir les dirigeants CGT à la Société Générale voler au secours du chef des affairistes de cette banque, le PDG Daniel Bouton. Et pour les capitalistes en France, particulièrement en difficulté face à leurs rivaux y compris au sein de l’Union Européenne, cette situation exige de redoubler de férocité contre les masses populaires.  Et c’est au compte de ce capital financier vorace et failli, exploiteur et spéculateur, que gouvernent Sarkozy et Fillon.


Pour faire face l’offensive redoublée du gouvernement,
imposer aux dirigeants syndicaux qu’ils rompent avec lui et réalisent le front unique contre lui


L’année 2008 s’annonce donc comme cruciale pour les travailleurs, confrontés aux « réformes » Sarkozy, à de nouvelles vagues de licenciements (dont Mittal-Arcelor est un exemple), alors que les salaires réels diminuent sans cesse.

Pour faire face et combattre, il leur faudra tirer les leçons de la défaite subie sur les régimes spéciaux, dont l’essence est que le « dialogue social » avec le gouvernement signifie de la part des appareils syndicaux le refus de défendre les revendications ouvrières et de combattre pour elles.

Pour briser l’offensive du gouvernement et du Medef, il faut s’organiser pour dicter aux directions syndicales la volonté des travailleurs, leur imposer par exemple de combattre pour « aucun licenciement »ou pour le rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis des années et sa garantie par l’indexation des salaires sur les prix, ou encore le gel des loyers. Mais aucune de ces revendications élémentaires ne peut être satisfaite sans infliger une défaite au gouvernement UMP Sarkozy-Fillon. Pour cela, il faut imposer aux dirigeants syndicaux CGT, FO, … de dénoncer l’accord sur le « marché du travail », de rompre les concertations engagées sur le temps de travail, bref de rompre avec le gouvernement et de lui opposer le front uni des organisations du mouvement ouvrier. C’est sur cette orientation que notre Groupe agit et propose de combattre.

 



La crise financière et économique le confirme : pour rompre l’engrenage de la remise en cause incessante des acquis ouvriers, la vie chère, des conditions de travail sans cesse plus pénibles, il faut porter au pouvoir un gouvernement s’en prenant aux grands groupes capitalistes pour satisfaire les revendications les plus fondamentales comme le droit au travail par la diminution massive du temps de travail sans flexibilité, le rattrapage du pouvoir d’achat perdu et sa garantie par l’indexation des salaires sur les prix, un gouvernement qui exproprie le secteur bancaire, dénonce la dette publique pour se donner les moyens d’une politique ayant comme moteur la satisfaction des besoins des masses,et non plus le profit.. Pour s’ouvrir cette issue, dont les conditions se réuniront dans le combat pour le front unique des organisations du mouvement ouvrier contre le gouvernement Sarkozy-Fillon, il faut construire un nouveau parti ouvrier révolutionnaire. C’est ce à quoi entend contribuer le Groupe : prenez contact !

Vers la section “suppléments”

 

Vers l’accueil