Le 6 novembre, sur ordre direct de Chirac, la force de
frappe aérienne des troupes de Laurent Gbagbo, qui
contrôlent le sud de la Côte d’Ivoire était anéantie en réplique à un
bombardement des troupes françaises. L’offensive militaire de Gbagbo pour reconquérir la partie nord du pays était
stoppée net.
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, l’armée française a
organisé le bouclage d’Abidjan, la prise de contrôle de la plupart des ponts
ainsi que de l’aéroport international de cette ville. Face aux dizaines de
milliers de manifestants rassemblés pour stopper cette invasion, ces troupes
n’ont pas hésité à tirer à balles réelles : les victimes de cette
répression se sont comptées par centaines de blessés (450 selon la Croix Rouge
Internationale), par dizaines de morts. Ceci, les médias français cherchent à l’occulter,
déversant leur bile sur les « manifestations de haine
anti-française »… dont Chirac et sa politique sont pleinement
responsables.
Car ce qui est en jeu en Côte d’Ivoire, c’est que la France
des patrons et des banquiers, puissance impérialiste et coloniale, veut préserver
son contrôle sur la vie politique et économique de Côte d’Ivoire. Les
capitalistes français y sont les premiers investisseurs étrangers et Bouygues,
Bolloré, Air France, Axa régissent largement la vie économique du pays. Le
marché ivoirien représente 40% de la masse monétaire de la zone CFA – c’est un
élément-clé de l’influence économique, financière et diplomatique française en
Afrique de l’Ouest. Or, de nombreuses concessions seront renégociées à partir
de 2005, et Gbagbo a maintes fois laissé entendre
qu’il ne souhaitait pas privilégier les capitalistes français. Aussi l’impérialisme
français se bat avec férocité pour maintenir à tout prix sa suprématie -
notamment contre les appétits des grands groupes américains.
C’est à cette fin que, après l’échec d’un coup d’Etat
dirigé contre Gbagbo en septembre 2002, les troupes
françaises sont intervenues (« opération Licorne ») et 10 000
soldats français et casques bleus ont pérennisé la césure du pays en deux qui
en a résulté, recoupant les divisions ethniques entretenues et utilisées sous
le joug colonial français. Puis Chirac a imposé par les accords de Marcoussis
de janvier 2003 un gouvernement « d’union nationale », paravent d’un
véritable protectorat français, accords prolongés par ceux d’Accra, et appuyés
par la chambre d’enregistrement des desiderata impérialistes qu’est l’ONU – qui
a aussi, après coup, donné son soutien à l’opération de mise sous contrôle
d’Abidjan.
Comment
accepter que la Côte d’Ivoire soit transformée en protectorat français au nom
des intérêts des grands groupes qui pillent ses ressources et exploitent sa
main d’œuvre ? La première condition pour que les travailleurs et peuples
de Côte d'ivoire puissent disposer d'eux-mêmes, des immenses ressources
naturelles d'Afrique aujourd'hui pillées par les grands groupes capitalistes,
pour qu'ils s'extirpent des guerres, coups d'Etat et luttes de cliques inspirés
par les métropoles et crises économiques à répétition, c'est qu'il soit mis fin
à la présence impérialiste, et d'abord à celle de l'impérialisme français.
C’est pourquoi est inacceptable le ralliement total du PS à
Chirac « Nous sommes unis derrière l’action gouvernementale» ,( S.Royal
dixit), J.Dray porte-parole du PS allant jusqu’à
affirmer que la présence française en Côte d’Ivoire n’avait « rien à
voir avec une situation coloniale, impériale ou autre » (dépêche AFP
du 8/11/04) ! C’est pourquoi est inacceptable la position du PCF qui s’est
contenté de quémander à Raffarin ... une réunion d’information de l’Assemblée
nationale. Quant au silence des directions syndicales dans ces circonstances (cinquante
ans tout juste après le début de la guerre d’Algérie) c’est un silence
complice.
En 2003, lors de la guerre contre l’Irak, PS et PCF,
dirigeants syndicaux n’avaient pas de mots assez durs pour « la guerre de G.W.Bush » et de compliments pour Chirac… qui
entre-temps a voté toutes les résolutions de l’Onu entérinant l’occupation de
l’Irak par la coalition americano-britannique (qui
lui renvoie aujourd’hui l’ascenseur en le soutenant - comme la corde le pendu -
sur sa politique africaine).
Alors que Chirac fait tirer sur la foule à Abidjan, pour
permettre que se manifeste l’opposition à la guerre coloniale du gouvernement
Chirac-Raffarin, contre les accords de Marcoussis et les résolutions de l’ONU,
la responsabilité du PS, du PCF, des directions syndicales CGT, FO, FSU, UNEF
est engagée.
Elle est
d’appeler, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à une :
Manifestation nationale, à
Paris pour le retrait immédiat et inconditionnel
des troupes
françaises et « casques bleus » de Côte d’Ivoire.