Supplément à Combattre pour le socialisme n°10  - 21 février 2003

 

Ni invasion, ni inspections:  bas les pattes devant l'Irak!

- sans condition contre la guerre impérialiste

- contre les résolutions de l'ONU instaurant l'embargo assassin  et les inspections de l'Irak (résolution 1441)

- pour le retrait de toutes les troupes impérialistes du Moyen-Orient

Le devoir des dirigeants des organisations syndicales CGT, FO, FSU, du PS, du PCF, c'est de rompre avec Chirac en se prononçant et agissant en ce sens.

 


Le 15 février, notamment en Grande-Bretagne, Espagne et Italie, des millions de personnes se sont opposées directement aux gouvernements Blair, Aznar et Berlusconi en manifestant leur refus d'une guerre contre l'Irak.

 

Le 15 et 16 février, les avions de combat américains et britanniques ont effectué plus de cent sorties pour bombarder le sud de l'Irak. Un dispositif militaire fort de deux cent milles hommes, plusieurs navires de guerre, des centaines d'avions est en place tout autour de l'Irak. Les forces spéciales américaines y sont déjà à pied d'œuvre, tandis que des flots de dollars achèvent de circonvenir les gouvernements serviles qui sévissent alentour pour qu'ils se soumettent sans réserves à la machine de guerre américaine. L'impérialisme américain n'a pas mobilisé, avec son vassal britannique, de telles forces en vain: la guerre est déjà décidée.

 

Dans de telles circonstances, avec ou sans le sceau de l'ONU, il faut parler net : du côté de la coalition impérialiste dirigée par Bush junior, la guerre est une guerre d’agression, une guerre totalement réactionnaire, une guerre coloniale. Aussi la place des organisations ouvrières est-elle dans cette guerre aux côtés de l’Irak et des masses du Moyen-Orient, contre l’impérialisme.


Les objectifs de l'impérialisme US, de Bush: imposer le talon de fer au Moyen-Orient


Ce n’est pas un mystère que les immenses réserves de pétrole que recèle l’Irak sont des objectifs immédiats de l’impérialisme US (« Les militaires américains ne sont pas les seuls à préparer de grandes manœuvres en Irak (…) les deux principales "majors" américaines du pétrole, ExxonMobil et ChevronTexaco, sont prêtes à franchir la frontière jusqu'ici interdite » - le Monde du 12/02/03.).

 

Il s’agit pour l’impérialisme US d’imposer son talon de fer sur toute la région, de transformer l’Irak en un protectorat afin de disposer d’une deuxième base au Moyen-Orient -avec l’Etat d’Israël dont la campagne de terreur contre le peuple palestinien se poursuit sans relâche.

Ainsi seraient effacées les conséquences de la révolution iranienne de 1979 qui avait expulsé les Etats-Unis de ce pays, bien que confisquée par les mollahs. Et c’est d’ailleurs précisément pour saigner à blanc la révolution iranienne que l’Irak et Saddam Hussein ont été armés jusqu’aux dents par ceux-là même aujourd’hui qui y cherchent des « armes de destruction massive ».

L’invasion de l’Irak serait un coup porté aux masses du Moyen-Orient, au peuple palestinien mais aussi au peuple kurde, conforterait l’ensemble des régimes vassaux de l’impérialisme US.

 

Cette guerre impérialiste, de colonisation de l’Irak se situe dans la continuité de l’intervention qui a transformé l’Afghanistan en protectorat américain et a vu les troupes américaines s’installer à demeure en Asie centrale. Le gouvernement Bush utilise les attentats du 11 septembre pour doter les Etats-Unis de nouveaux « droits » à la mesure de leur stature de super-prédateur sans rival à l’échelle mondiale, menant des guerres « préventives » à leur convenance, rassemblant des alliés chargés de les financer. Et ce avec d'autant plus d'empressement que l'impérialisme US est touché depuis deux ans par de sérieuses difficultés économiques, et c'est en donnant une nouvelle impulsion à son économie d’armement, de fabrication «d’armes de destruction massive», qu'il cherche à les surmonter.


Chirac défend les intérêts des groupes français et le « droit international » des oppresseurs, contre l’Irak


Dans chaque pays impérialiste, les médias à la botte aboient et jappent, ici contre les « va-t-en-guerre », outre-manche et outre-atlantique contre «les pacifistes français».

 

Qu’en est-il ? Le 17 février, l'ensemble des puissances capitalistes de l'Union Européenne ont affirmé leur accord sur l'essentiel dans une déclaration commune: il faudrait désarmer l'Irak, y compris par la guerre. Toutes sont donc d’accord sur le principe de faire la guerre à l’Irak, y compris Schröder qui jusqu’ici disait la refuser.

 

Chirac comme tous ses compères se situe totalement dans le cadre des résolutions adoptées à l’ONU, à commencer par celles instaurant l’embargo contre l’Irak et toutes les restrictions qui ont causé des centaines de milliers de morts au bas mot, mais aussi la résolution 1441 qui octroie aux « inspecteurs » des pouvoirs inouïs, déniant toute souveraineté à l’Irak, le soumettant à un régime de fouille au corps proprement humiliant, décrétant que l’Irak serait le seul pays au monde à ne pas pouvoir disposer d’armes fabriquées par et pour les grandes puissances capitalistes, USA et France en tête.

 

De même, la résolution 1441 pave la voie à la guerre, non seulement si de telles armes étaient découvertes, mais encore si la « coopération », en fait la soumission de l’Irak à l’impérialisme n’était pas totale, car c’est au fond de cela dont il s’agit.

 

Mais dans le même temps Chirac mène une politique particulière, qu’explique et soutient … le PDG de Total (dans Le Monde du 17/02): « M. Desmarest a relevé le capital de sympathie que la position diplomatique française suscite au Proche-Orient » , «Nous avons derrière nous plus de dix ans de travail continu avec les responsables du ministère irakien du pétrole. Cela nous donne une avance sur nos concurrents ».

Ce à quoi il faut encore ajouter que les compagnies russes ont suivi la même démarche.

Voilà pourquoi, main dans la main avec Poutine, le bourreau du peuple tchétchène, Chirac parle de « donner une chance à la paix » : il veut "donner leur chance" aux groupes capitalistes français dans la région.

 

Chirac, au compte de l'impérialisme français, voudrait aussi essayer de limiter l’affirmation de la puissance de l’impérialisme américain. Mais les missives de soutien sans réserve à Washington signées par la quasi-totalité des pays de l’U.E. ainsi que des pays candidats lui ont indiqué nettement que cette voie était aujourd’hui bouchée, et qu’il était inutile de s’y engager vraiment, par exemple en utilisant un droit de véto qui de toute façon n’arrêterait pas l'impérialisme américain. En tout point, la politique de Chirac est une politique de défense des intérêts de l’impérialisme français, et rien d’autre.


Une première condition pour lutter contre la guerre impérialiste :
combattre contre l’union nationale derrière Chirac


En France, les manifestations du 15 février ont été entièrement cadrées par le soutien à la politique étrangère de Chirac, à tel point qu'y ont participé des députés UMP.

 

Il n’y a qu’à laisser la parole aux porte-paroles du PCF et du PS:  "la France, avec le président de la République, adopte une attitude courageuse » (M-G.Buffet), « Puissiez-vous ne pas flancher et avoir le courage de dire non jusqu'au bout, jusqu'à utiliser le droit de veto"(J-M Ayrault, rejoint sur cette longueur d’onde par O.Besancenot, LCR). Les dirigeants confédéraux ne sont pas en reste,  la confédération FO appelant à manifester sous les mêmes auspices que ceux de B.Thibault (CGT) : « La position de la France a été assez ferme. Il est à souhaiter que notre pays reste sur ces principes qui ne sont qu'une chose: le droit international ».

 

Mais le « droit international », ce n’est autre chose que le « droit » à saigner à blanc et opprimer l’Irak, de lui dénier toute prétention à sa souveraineté. C’est, avec la résolution 1441 votée par Chirac-de Villepin, le « droit » de faire la guerre à l’Irak ! C’est encore le « droit » de l’impérialisme français de placer la Côte d’Ivoire sous tutelle et d’y envoyer des troupes, contre la présence desquelles les bureaucrates ci-dessus n’ont jamais protesté. Le « droit international » est la négation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

 

Et aujourd’hui, dans le cadre de ce prétendu « droit international », PS, PCF, dirigeants CGT, FO, FSU, UNEF, expliquent que tout dépendrait du «véto français» ? Le sort des peuples serait donc entre les mains de l’ambassadeur français auprès des prétendues Nations-Unies? Mentalité d’esclaves, que les appareils veulent inculquer au prolétariat et à la jeunesse !

 

En mai dernier, ils ont voulu peindre le politicien réactionnaire de bas étage Chirac comme un « rempart contre le FN ». Aujourd’hui, PS, PCF, LCR et dirigeants syndicaux persistent en présentant celui qui est devenu leur "père véto", comme un "rempart contre la guerre" - alors que le budget militaire de la France s'envole.


 

Au contraire, la lutte contre la guerre que les impérialistes s'apprêtent à déchaîner dans les semaines qui viennent contre l’Irak, exigent de rompre avec Chirac en se prononçant clairement :

-                      contre les résolutions de l’ONU qui frayent la voie à l’occupation coloniale de l'Irak après dix ans d'embargo meurtrier

-                      inconditionnellement contre l'agression impérialiste contre l'Irak

-                      pour le retrait immédiat et sans condition des troupes impérialistes du Golfe et du Moyen-Orient, y compris les maigres forces françaises

-                      Pour le boycott de l'effort de guerre là où c'est possible

 


La politique extérieure est le prolongement de la politique intérieure. Tout comme ils s'alignent sur la position de la bourgeoisie française et son représentant Chirac sur la scène internationale, les dirigeants des organisations issues du mouvement ouvrier n'entendent pas faire obstacle à l'offensive tout azimut du gouvernement Chirac-Raffarin contre les retraites, les libertés démocratiques, la sécurité sociale, les conventions collectives et statuts du prolétariat de ce pays.

Les travailleurs, les jeunes, auront à combattre et s'organiser pour leur imposer de combattre le gouvernement Chirac-Raffarin, et pour cela de rompre avec lui. C'est ce à quoi les engage notre Cercle pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire.


 

 

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