Supplément à CPS n°8  - 5 juillet 2002

 

Le gouvernement UMP Chirac-Raffarin a annoncé: privatisation d'EDF-GDF, destruction des régimes des retraites, suppression de postes dans la fonction publique et liquidation du statut, atteinte au droit de grève…

 

Le gouvernement Chirac-Raffarin l'a martelé: aucune des mesures essentielles de son programme réactionnaire ne se prendra sans y associer les organisations syndicales.

 

La responsabilité des dirigeants CGT, FO et FSU, c'est d'annoncer immédiatement:

Aucune participation à la "concertation" annoncée par le gouvernement Chirac-Raffarin

 

Front unique des organisations ouvrières (partis, syndicats), contre le gouvernement UMP

 

3 juillet: le chanoine de Chirac et Seillière expose son bréviaire réactionnaire…


C'est en tant qu'aide de camp de Chirac que Raffarin est monté à la tribune de l'Assemblée le 3 juillet pour y faire sa déclaration de politique générale. Et c'est en fait un plan de guerre contre le prolétariat et la jeunesse qu'il a développé. Ainsi l'annonce de la privatisation d'EDF-GDF et de la fin du recrutement de fonctionnaires dans ces entreprises. L'annonce d'une "réforme" des régimes généraux et spéciaux des retraites d'ici l'été prochain, visant à rallonger la durée de cotisation des fonctionnaires et à "permettre" (sic!) de travailler après soixante ans ainsi que le plein développement de fonds de pension. L'aggravation à échéance immédiate des lois Aubry d'ARTT-flexibilité par l'accroissement de la "souplesse " (surexploitation) qu'elles permettent, idem pour la loi dite de "modernisation sociale". Ouverture dès cet été du "chantier" de la "formation professionnelle" qui vise à faciliter les licenciements (qui pleuvent en ce moment) au nom des "reclassements".

 

Egalement à l'immédiat ordre du jour: offensive contre les fonctionnaires par une nouvelle étape de la "réforme de l'Etat" dont le moyen sera la régionalisation de la fonction publique et de la fonction publique hospitalière par le transfert massif de compétences aux régions (dès l'automne) – "la décentralisation c'est aussi un formidable levier pour la réforme de l'Etat. C'est l'occasion et le moyen de faire les indispensables réformes de structure" - Raffarin. Allant de pair, l'annonce sans équivoque: "Tous les emplois ne seront pas systématiquement remplacés". Le collectif budgétaire de cet été, prétextant la hausse des déficits, commencera la suppression des postes tout en poursuivant la baisse du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Dans le même temps, des mesures significatives du renforcement de l'appareil d'Etat sont prévues: lois de programmation pour la police et la justice dès l'été (avec, là, des créations de postes), pour la défense à l'automne, durcissement sans précédent depuis 45 de la législation sur les mineurs. Ce renforcement des forces de répression a déjà reçu un écho: les Assises de Lille ont remis en liberté un policier qui avait volontairement abattu un jeune maghrébin désarmé d'une balle dans la nuque.

 

Enfin, dès cet été encore, des mesures totalement à l'avantage des capitalistes français seront prises: baisse de l'impôt sur le revenu de 5% (des millions en moins pour un Messier, rien pour les ouvriers), baisse des charges (du salaire différé de la classe ouvrière) et notamment exonération totale sur l'emploi des jeunes. Ceci après le refus d'augmenter le SMIC, la hausse (d'un SMIC en moyenne par mois) des honoraires des médecins, que la classe ouvrière aura à payer, par la réduction des dépenses de santé et de nouveaux coup au droit à la santé.

 

Ce programme cohérent d'agression contre la classe ouvrière, c'est celui du Medef, du grand Capital.


… Appuyé sur la victoire électorale de Chirac et son parti l'UMP


Le gouvernement Chirac-Raffarin dispose de moyens politiques sans précédent sous la 5ème République. Il s'appuie sur une majorité absolue à l'Assemblée de la seule formation créée de toutes pièces par Chirac-Juppé: l'UMP. Plus sur sa majorité au Sénat, celle au conseil constitutionnel (dont une des membres qui avait contribué à protéger Chirac des conséquences des "affaires" a été nommée au gouvernement en récompense), celle dans l'essentiel des régions et départements.

La raison immédiate de cette situation sans précédent, c'est le bilan du gouvernement de la "gauche plurielle", gouvernement à la solde du Capital, protégeant Chirac durant cinq ans, sous la houlette du PS et du PCF en alliance avec des formations bourgeoises (radicaux, Verts, chevènementistes). C'est ce bilan anti-ouvrier qui a conduit à l'élimination de Jospin, candidat du PS, dès le premier tour des présidentielles, au plus grand profit de Chirac et du Medef. Cette première victoire électorale de la bourgeoisie a été aggravée par le ralliement à Chirac au second tour du PS, du PCF, de la LCR et des dirigeants confédéraux (CGT en tête).

 

Chirac a été ainsi plébiscité à la Napoléon III, devenant le président le mieux élu de l'histoire de la 5ème République, au nom de la lutte contre le FN. C'est une escroquerie des bureaucraties syndicales, du PS, du PCF, que de présenter Chirac comme un "rempart", comme le confirme qu'il n'ait rien eu de plus pressé une fois élu que de chasser sur les terres électorales contestées par le FN, comme c'est dans la nature des partis bourgeois (Le Pen a salué les "bonnes intentions" du discours de Raffarin). Surtout que le PS, le PCF et les  dirigeants syndicaux refusent le combat contre le FN par les méthodes de la lutte de classe.

Plébiscité et renforcé, Chirac a pu enfin imposer le "parti du président", l'UMP, qu'il avait échoué depuis des années à mettre en place. Les législatives ont prolongé sa victoire des présidentielles. De leur côté, dans ces élections, le score des formations issues du mouvement ouvrier est resté au niveau historiquement bas du premier tour des présidentielles, notamment du fait d'une abstention ouvrière massive manifestant son désarroi politique. Seul le PS a limité les dégâts du fait de la volonté de secteurs du prolétariat et de la jeunesse de faire barrage aux partis bourgeois.


"Le dialogue social sera au cœur de l'action du gouvernement
et les partenaires sociaux consultés avant toute initiative majeure de l'Etat
" (Raffarin)


Mais même dans ces conditions favorables pour eux, les dirigeants de la bourgeoisie savent qu'il ne peuvent se passer de la collaboration aussi étroite que possible des directions syndicales, et d'abord des directions confédérales CGT et FO. Raffarin l'a martelé.

 EDF-GDF? "Ces évolutions feront bien sûr l'objet d'une consultation préalable avec, en particulier, les agents de ces entreprises et leurs représentants."

Les retraites? "Chaque régime privé ou public fera l'objet d'un traitement spécifique selon un calendrier approprié et des modalités à négocier au cas par cas".

L'aggravation des lois Aubry? "j'invite les partenaires sociaux à engager dès maintenant entre eux et avec le Ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité les discussions nécessaires. ".

Le service minimum?, «on ne peut pas faire les choses sans les syndicats» (Fillon, ministre des affaires sociales, Inter)

 

La méthode du gouvernement Chirac-Raffarin, c'est celle de la "refondation sociale". Raffarin veut recourir à la participation des dirigeants confédéraux pour mettre en pièce les garanties collectives nationales des travailleurs.

Il affirme:

"les partenaires sociaux se verront reconnaître une autonomie pour définir par voie d'accord, et dans le respect des principes fondamentaux de notre droit, les règles qui déterminent les relations du travail."

Chacun le sait: de la "refondation sociale" sont sortis notamment le PARE qui entraîne des dizaines de milliers de radiations de l'ANPE et soumet les travailleurs privés d'emploi aux exigences patronales, ou encore un accord sur les conventions collectives qui ouvre une brèche dans le principe de primauté à l'accord de branche quand celui-ci est plus favorable.

 

Dès lors, les prolétaires, les jeunes, sont en droit d'attendre et d'exiger des directions des organisations syndicales, du PS et du PCF, qu'ils mettent en œuvre les mesures d'autodéfense nécessaire, et pour commencer: que les dirigeants confédéraux CGT et FO annoncent immédiatement et irrévocablement qu'ils boycotteront les réunions impulsées par le gouvernement et le Medef pour faire passer leur politique réactionnaire.


Contre le gouvernement Chirac-Raffarin, front unique des organisations ouvrières (partis, syndicats)


Réagissant au discours de Raffarin, Hollande affirme: "nous nous opposerons à la fois à la remise en cause des services publics mais aussi à la décision que vous avez annoncée, fut-elle précédée d’une discussion avec les partenaires, de changer le statut d’EDF/GDF " (mesure prônée par Jospin!)

Pour le PCF "Ce discours est un appel à la mobilisation contre une politique de la régression sociale." (Buffet).

 

Tandis que la direction confédérale FO affiche sa bienveillance envers le gouvernement ("Raffarin fera ce qu'il pourra"  -Blondel), celle de la CGT annonce: "La rentrée sociale doit dans ces conditions être très revendicative".

 

Mais les travailleurs peuvent constater que dans le même temps, le PS et le PCF, pas plus que les dirigeants CGT et FO, ne remettent une seule seconde en cause l'existence du gouvernement Chirac-Raffarin, son "droit" à s'en prendre aux acquis ouvriers que le gouvernement de la "gauche plurielle" n'avait pas réussi à casser. "Les français ont fait leur choix ; il s'impose à tous." (Hollande, PS)

 

La classe ouvrière, l'ensemble du prolétariat, la jeunesse, ne peuvent accepter de voir liquidés leurs acquis sans réagir. Pour s'opposer à l'offensive du gouvernement Chirac-Raffarin, gouvernement du grand Capital, ils auront à exiger des directions confédérales qu'elles refusent toute "concertation" avec le gouvernement et le Medef. Ils auront à imposer à ces directions, au PS et au PCF, qu'ils réalisent le front unique pour combattre le gouvernement Chirac-Raffarin et sa majorité UMP, sur l'objectif de le vaincre, de le chasser, de mettre à bas la 5ème République, de porter au pouvoir un gouvernement issu de ce front unique, sans membre représentant les organisations bourgeoises.


 


Après Enron et Worldcom aux USA, c'est Vivendi qui a vu sa capitalisation s'effondrer (à l'instar de celles de France Telecom et d'Alcatel). D'autres suivront inéluctablement. Toute l'économie capitaliste ne survit, sur la base de l'accroissement incessant de l'exploitation de la classe ouvrière à travers le monde, que par une fuite en avant financière bâtie sur le sable des marchés financiers, du capital fictif, d'un endettement incroyable et généralisé. L'aggravation de la situation économique depuis le printemps 2001 pousse et poussera les différentes bourgeoisie à s'en prendre encore et plus aux travailleurs. Et au bout du chemin, il y a la faillite comme l'a montré l'exemple de l'Argentine.

 

Seul pourra garantir aux travailleurs des conditions dignes d'existence et de travail, un gouvernement impulsant la réalisation d'un plan de production réalisé selon les besoins des masses sous contrôle ouvrier, expropriant les capitalistes, satisfaisant les revendications des masses à commencer par le droit au travail.

Pour que voie le jour un tel gouvernement, un parti ouvrier révolutionnaire est nécessaire. C'est à sa construction que veut œuvrer et invite à se joindre notre Cercle.


 

 

 

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