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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au
socialisme" (Lénine) |
Groupe pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers
révolutionnaires Supplément
Finances 19/01/08 |
Contrat de travail,
statut, fusion DGCP/DGI, durée légale du travail, salaires … :
Pour stopper l’offensive
généralisée du gouvernement Sarkozy-Fillon,
obliger les directions
syndicales à rompre la concertation avec
lui
En quelques semaines, le
gouvernement vient de remporter deux victoires politiques qui lui ouvrent la
voie pour poursuivre sa politique de démantèlement de l’ensemble des conquêtes
de l’après-guerre. Et que ce soit sur la liquidation des régimes spéciaux ou
l’accord scélérat sur le « marché du travail », le gouvernement a
salué la politique des directions syndicales: « Le gouvernement et moi-même, on a été heureux de trouver des
partenaires sociaux qui ont pris leurs responsabilités » (Sarkozy). En
effet, le gouvernement a fait passer la liquidation des régimes spéciaux non à
cause de l’absence de mobilisation des travailleurs des transports, mais parce
que les dirigeants syndicaux les ont isolés et torpillé leur mouvement en
acceptant les discussions entreprise par entreprise, dans le cadre de la mise
en œuvre de la contre réforme, sans jamais exiger le retrait du projet du
gouvernement.
S’agissant du contrat de travail,
le gouvernement, le Medef, ont salué cet accord de « flexisécurité ».
Rien d’étonnant : les dirigeants syndicaux se sont entièrement pliés au
diktat fixé par le gouvernement dans le calendrier qu’il avait prévu. Cet
accord crée un « contrat de
projet », d’une durée allant jusqu’à 3 ans, pour remplacer le CNE. Il
instaure la « séparation à l’amiable », qui n’est que la liberté
totale donnée au patron de licencier le salarié quand il le veut, comme il le
veut. Enfin, l’allongement de la période d’essai va également dans le sens d’un
accroissement de la précarité des salariés. Quant aux prétendues contreparties
à la remise en cause des garanties du CDI, il n’y en a aucune. Ainsi, la
possibilité de transférer le droit individuel à la formation (DIF) d’une
entreprise à l’autre rend chaque travailleur, pris individuellement,
responsable de son « employabilité » au travers des efforts de formation
qu’il doit consentir, y compris en dehors de son temps de travail... ou
lorsqu’il est chômeur. Voilà quel est le contenu, réactionnaire au sens propre,
de l’accord qui vient d’être signé par FO, la CFTC, la CGC et la CFDT. Encore
faut-il ajouter que, selon l’expression de Chérèque,
la direction de CGT leur a donné « une
délégation de signature », qu’elle ne s’oppose nullement à cet accord
qu’elle dit « insuffisant ».
« Service public 2012 » : c’est maintenant
le tour de la fonction publique
Fort de ces deux victoires
politiques, le gouvernement entend poursuivre et accélérer sa politique
réactionnaire sur tous les plans. En particulier, il veut laminer le
statut de la fonction publique: grille unique salariale, point d’indice,
recrutement par concours, droit au déroulement de carrière, en finir avec les
règles statutaires qui assurent l’unité des fonctionnaires face à l’Etat pour individualiser au maximum tous les aspects de la
carrière, et organiser un véritable plan social de suppressions de postes.
C’est là l’objectif du plan
« service public 2012» annoncé par Sarkozy le 19 septembre. Joue un
rôle moteur dans ce plan la politique de révision générale des politiques
publiques (RGPP) qui consiste à élaborer le
« mécano » de la restructuration d’ensemble qui doit déboucher
sur un budget pluriannuel 2009-2011 permettant d’en passer au non remplacement
d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c’est à dire de supprimer
100 à 200 000 postes.
Pour faire passer le plan
« service public 2012 », comme sur les régimes spéciaux et la contre
réforme du contrat de travail, le gouvernement
mise sur l’association des dirigeants syndicaux. C’est pourquoi, il a organisé depuis octobre
une kyrielle de réunions (« conférences
fonction publique », avec leurs groupes de travail) qui visent à
associer les fédérations de fonctionnaires aux projets de déréglementation
statutaire qui doivent permettre les suppressions massives de postes.
Les thèmes qu’explorent les
appareils syndicaux avec le gouvernement dans ces réunions en témoignent :
remise en cause de la rémunération indiciaire au profit d’une
individualisation, remise en cause du recrutement par concours et des règles
statutaires nationales de gestion pour déconcentrer la gestion des ressources
humaines autour de bassins d’emplois publics locaux - en clair : organiser
une flexisécurité fonction publique -, remise en
cause du rôle des CAP car elles sont le cadre d’une gestion statutaire des
agents.
C’est cette même logique
qu’avance le gouvernement dans le cadre des discussions sur le pouvoir
d’achat : des mesures individualisées « composant » la perte de
pouvoir d’achat pour les agents qui n’auraient pas eu de promotion ces
dernières années : il s’agit donc clairement d’un cadre mettant en cause
le principe même de la grille salariale de la fonction publique. Voilà pourquoi
la responsabilité des directions syndicales est de refuser de participer à des
négociations ainsi cadrées !
La fusion DGI-CP est la déclinaison au niveau du ministère
des finances du plan « service public 2012 »
La fusion DGI-CP concrétise aux
Finances la politique gouvernementale d’explosion des garanties
statutaires. Elle est conduite là aussi
dans la concertation, au sein de « groupes de travail » avec les directions
syndicales.
Le cadre dans lequel les groupes
de travail sont appelés à fonctionner est défini par le gouvernement. Il a été
synthétisé dans 8 fiches préparatoires aux groupes de travail. Leur contenu est
explicite ! Ainsi, la fiche préparatoire au groupe de travail sur les effectifs
explique qu’à partir de 2010, le non remplacement d’un agent sur 2 partant à la
retraite sera un minimum. D’ailleurs, cette fiche annonce que la fusion des
directions au niveau central et local sera le prétexte pour « rationaliser l’organisation des fonctions
support », c’est à dire supprimer le maximum de postes dans les
services de direction.
Concernant le statut et plus
précisément les statuts particuliers aux corps A , B, C des agents des impôts
et de la comptabilité publique, ces fiches préparatoires indiquent nettement
que les règles de gestion des personnels spécifiques à chaque direction sont
condamnées car un nouveau statut commun devrait être adopté.
Sans attendre, puisque dès 2008,
il y aurait un recrutement unique pour les cadres C. Par ailleurs, dans
l’organisation de la future direction unique serait créé un troisième bloc de
compétences, « gestion des
ressources humaines », qui ne relève ni des règles de gestion de la
DGI, ni des règles de gestion de la CP. Cela indique qu’on ne se situe plus
dans le cadre des règles de gestion issues des statuts particuliers mais d’une
gestion de « métiers », qui est précisément celle que Sarkozy
préconisait dans son discours du 19 septembre où il dénonçait le statut comme
un « carcan ».
Un exemple : alors que les
règles actuelles de la DGI garantissent (sous conditions) le maintien à
résidence en cas de suppression de poste, on passerait dans le cadre du futur
statut unique à la gestion déconcentrée dans le cadre du bassin local d’emploi
constitué par le département. Ainsi les très nombreuses suppressions de postes
entraîneraient la délocalisation des agents concernés.
C’est clair : la suppression
des statuts particuliers serait le levier de l’individualisation de la
rémunération sur la base de l’entretien, de l’instauration d’une fonction
publique d’emplois et du recrutement local… bref de la gestion individualisée
en lieu et place des garanties collectives du statut. Pour aller
jusqu’où ? L’allongement du temps de travail, passé en catimini dans la
loi du 20 décembre 2007, pour tous ceux qui bénéficiaient des journées
de congés dites comptables en donne un avant goût.
Les choses sont donc parfaitement
claires. La fusion DGI-CP est la concrétisation aux Finances du plan de
liquidation de la fonction publique et de son statut. Or, le fait est que pas
une direction syndicale ne s’est prononcée pour le retrait du projet de fusion.
A la proposition du gouvernement
de concertation dans le cadre du plan de fusion, les directions syndicales ont
répondu d’emblée positivement. Certes,
le 30 novembre, les directions syndicales ont quitté le premier groupe de
travail, mais au prétexte qu’il s’agissait d’une concertation pour la forme,
vide de contenu réel. Depuis, le gouvernement a rédigé les fiches préparatoires
qui s’appuient sur le travail déjà réalisé. Sur ces bases, fin décembre le
gouvernement a proposé un nouveau calendrier de groupes de travail devant se
tenir sur janvier-février. Immédiatement, les
directions syndicales ont annoncé leur volonté de reprendre la concertation au
motif qu’il y a désormais un contenu aux groupes de travail !
En quoi est-ce que le fait que la
concertation se mène dans un cadre encore plus étroitement relié à la politique
du gouvernement représente une avancée quelconque pour la défense des intérêts
des agents des finances ? Cela ne change rien au fait fondamental que le
projet de fusion est un plan de liquidation de dizaines de milliers de postes
au ministère des finances et qu’il ouvre la voie à la remise en cause des garanties
statutaires des agents.
Défendre les garanties statutaires implique que les
directions syndicales rompent la concertation dans le cadre du plan
« service public 2012 » et sur la fusion DGI-CP.
Les fédérations de fonctionnaires
ainsi que les fédérations des finances appellent à la grève le 24 janvier pour « exiger l’ouverture de réelles
négociations sur la valeur du point d’indice et la refonte globale des grilles
indiciaires, afin de permettre le rattrapage des pertes de pouvoir d’achat ».
Mais défendre le rattrapage du
pouvoir d’achat en point d’indice, ce qui est la revendication des
fonctionnaires, défendre l’unité de la grille indiciaire, et non la demande
d’une refonte des grilles indiciaires, défendre les garanties du statut face au
plan « service public 2012 » et à la fusion DGI-CP qui en est la
première application exige de tirer les leçons des victoires remportées par le
gouvernement sur les régimes spéciaux et sur le contrat de travail : pour
stopper l’offensive contre le statut la première nécessité est que soit rompue
l’association des directions syndicales à la concertation dans le cadre du plan
« service public 2012 », et de la fusion DGI-CP.
Cela exige que les fédérations
des fonctionnaires CGT, FO, la FSU et les fédérations des finances CGT et FO se
prononcent pour le retrait du plan « service public 2012 », du projet
de fusion DGI-CP et qu’elles rompent toute concertation dans le cadre de ces
plans, qu’elle refusent les « négociations » sur le pouvoir d’achat
cadrées par la remise en cause de la grille indiciaire.
L’offensive du gouvernement de destruction de tous les acquis
issus des luttes passées s’inscrit dans une situation où une menace de
récession mondiale, d’une crise économique violente, se dessine. Cette situation ne peut que rendre l’Etat, le gouvernement, et le Medef, plus féroces encore
dans volonté de mettre en pièces les garanties collectives des travailleurs, au
nom de la défense du capitalisme. Mais encore, cette crise, l’inflation qu’elle
produit, peuvent aboutir à ruiner les conditions d’existence des centaines de
millions de travailleurs sur la planète et ce jusqu’en France.
Pour les
travailleurs des Finances comme pour tout le prolétariat, la survie du mode de
production capitaliste signifie la remise en cause incessante de leurs acquis,
la vie chère, des conditions de travail sans cesse plus pénibles. Seule peut
rompre cet engrenage la venue au pouvoir d’un gouvernement s’en prenant aux
grands groupes capitalistes pour satisfaire les revendications les plus fondamentales
comme le droit au travail par la diminution massive du temps de travail sans
flexibilité, le rattrapage du pouvoir d’achat perdu et sa garantie par
l’indexation des salaires sur les prix, un gouvernement qui exproprie le
secteur bancaire, dénonce la dette publique pour se donner les moyens d’une
politique ayant comme moteur la satisfaction des besoins des masses,et non plus
le profit.. Pour s’ouvrir cette issue, dont les conditions se réuniront dans le
combat pour le front unique des organisations du mouvement ouvrier contre le
gouvernement Sarkozy-Fillon, il faut construire un
nouveau parti ouvrier révolutionnaire. C’est ce à quoi entend contribuer le
Groupe : prenez contact !