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"On ne peut aller de
l'avant si l'on craint d'aller au socialisme" (Lénine) |
CERCLE pour la construction
du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires Supplément
enseignement public à CPS n°18 - 14/01/2005 |
La responsabilité des directions syndicales
enseignantes (FSU, SNES, SNUIPP, SE, CGT, FO), c’est d’appeler lors de sa
discussion à l’assemblée nationale une :
Manifestation centrale et
nationale à l’Assemblée nationale
pour le
retrait du projet de loi d’orientation
Le 12 janvier, le conseil des
ministres a adopté le projet de loi d’orientation sur l’école. Celui-ci doit
être discuté par l’Assemblée nationale UMPUDF à partir du 15 février, avant
d’être voté la première semaine de mars, le tout pendant les congés des
enseignants. Le temps presse.
Un projet de loi pour « changer profondément
le visage de l’école » (Fillon)
C’est en ces termes que Fillon a
présenté le projet de « loi d’orientation » à la presse le 12
janvier. Ce projet organise la mise en pièces du cadre national de
l’enseignement public pour le faire fonctionner selon les objectifs immédiats
des capitalistes. Les établissements d’enseignement (dont ceux qui peuvent être
créés dans le primaire depuis le vote de la loi de décentralisation) deviendraient
largement autonomes.
L’attribution de leurs moyens
serait contractualisée, établissement par établissement, en fonction de leur
projet qu’un « conseil pédagogique » aurait pour charge
d’élaborer. Les moyens supplémentaires pour les établissements en difficulté
seraient attribués (y compris dans le primaire) en fonction du nombre de
« contrats individuels de réussite » signés par les élèves
(rendus coupables de leur propre échec). Avec le « socle éducatif »,
éclatant les programmes nationaux, l’école à plusieurs vitesses deviendrait la
règle, nombre de disciplines seraient liquidées (ainsi les SES). Le basculement
du baccalauréat en contrôle continu est un pas essentiel vers sa destruction en
tant que réel diplôme national reconnu dans les conventions collectives. Ce
projet de loi promeut l’ignorance, voire l’expulsion directe et en masse de
dizaines de milliers de collégiens vers l’alternance sous contrôle patronal.
Un projet de casse des statuts, pour des enseignants
taillables et corvéables à merci
Casser le cadre national de
l’enseignement implique de casser les statuts des enseignants. Le projet de loi
prévoit à cette fin de généraliser la polyvalence et la flexibilité :
remplacement imposés par le chef d’établissement y compris en dehors de sa
discipline, formation continue en plus du service, utilisation des PLP
bivalents en collège, suppression du rôle pédagogique des CPE.
Mais il prévoit aussi le contournement des règles statutaires (recrutement de
professeurs associés), à mettre en relation avec les nouvelles modalités
d’entrée dans la fonction publique que le gouvernement veut mettre en place
(alternance, « pacte »), ainsi qu’avec la régionalisation
annoncée par ce projet de loi des concours de l’enseignement. Plus
généralement, le basculement vers une logique de missions locales définies par
les CA et les « conseils pédagogiques » implique une remise en cause
généralisée établissement par établissement de l’ensemble des garanties
statutaires.
Ce à quoi s’ajoute que, non
content d’alourdir le service des enseignants, de prévoir la suppression de
leurs décharges de service, le projet se donne comme objectif la suppression
massive d’heures de cours en lycée, dont la suppression des TPE et la carte
scolaire ne sont que des avant-goûts. A la clé : des milliers de
suppressions de postes à tous les niveaux de l’enseignement public.
« Des
dizaines de tables rondes et rencontres bilatérales ont eu lieu »
(SNES)
Ce projet de loi est
réactionnaire sur toute la ligne. Mais cela n’a rien d’étonnant, de la part
d’un gouvernement qui a accumulé plus de mesures scélérates qu’aucun autre
depuis la guerre. Comme tous les travailleurs, les enseignants n’ont pas oublié
les contre-réformes des retraites, de l’assurance-maladie, la casse du statut
d’EDF-GDF, ni les lois liberticides Sarkozy/Perben. La nature de ce
gouvernement se concentre dans la descente de police organisée devant nombre
d’établissements, « l’accueil » des élèves et des enseignants avec
uniformes et chiens policiers.
Pourtant, Fillon peut se vanter d’avoir
« porté ensemble ce projet avec les organisations syndicales ».
Celles-ci ont en effet appelé à participer au « grand débat » - alibi
pour sortir le rapport Thélot. Puis ce furent « des dizaines de tables
rondes et rencontres bilatérales », comme l’a rappelé récemment la
direction du SNES, qui concluait : « le projet ne tient aucun compte
des remarques qui ont été formulées ». Mais l’essentiel est qu’en
s’immergeant dans la préparation de ce projet au lieu de préparer le combat
contre lui, les directions syndicales enseignantes ont permis au gouvernement
Chirac-Raffarin de s’approcher sans heurts à quelques encablures du vote de ce
projet par l’Assemblée et sa « majorité » UMP-UDF.
La concertation soutenue entre le gouvernement et les directions syndicales
n’aura eu une nouvelle fois comme signification que l’accompagnement par ces
dernières de la politique de ce premier, que le renoncement par avance à
combattre pour empêcher la « majorité » UMP-UDF
d’entériner cette « réforme » de destruction du droit à l’instruction
et des statuts.
C’est pourquoi, depuis de
nombreux établissements s’est exprimée l’exigence de la rupture de cette
concertation étroite, qui s’est pourtant poursuivie sans discontinuer avec
l’ennemi des enseignants sur le terrain de l’application de sa politique
réactionnaire.
Il est encore temps pour imposer aux directions
syndicales d’appeler à la manifestation nationale en masse
de tous les personnels à l’Assemblée nationale pour le retrait du projet Fillon
Et maintenant ? Le 20
janvier, toutes les organisations syndicales appellent à une journée d’action –
pour demander, « l’abandon du projet » et, tenez-vous bien,
« une véritable négociation ». En d’autres termes, ils
continuent à prétendre que de ce gouvernement qui a pour mission de détruire
tous les acquis sociaux au compte du Medef, une bonne loi pourrait sortir.
Quant à leur opposition réelle au projet de loi, on est en droit d’en douter
quant on voit G.Aschieri, secrétaire de la FSU,
déclarer au JDD du 9 janvier : « Fillon va se contenter de
poser des rustines ». On est en droit d’en douter quant on voit que la
direction du SNES participe à une commission ministérielle chargé d’organiser
la « réforme » du bac en application du projet de loi d’orientation
après avoir tenté sans succès de faire entrer à la FSU les syndicats de
l’enseignement privé.
Et ensuite ? Arguant du
calendrier des congés de février, les directions syndicales appellent aux
manifestations convoquées le 5 février par les confédérations ouvrières – manifestations
dispersées, « à géométrie variable » selon Force Ouvrière, et
sans aucune revendication (et notamment pas celle du retrait du projet
gouvernemental d’allongement considérable du temps de travail et de la
flexibilité). Puis la direction du SNES, majoritaire dans le second degré,
propose des actions décentralisées académie par académie, avant d’envisager une
manifestation nationale en mars… après le vote du projet de loi !
Sur une telle orientation, l’Assemblée
UMP-UDF aurait tout loisir d’examiner et d’adopter
tranquillement le projet de loi.
C’est délibérément que le
gouvernement veut faire examiner puis voter ce projet durant les congés des
enseignants.
Mais qui peut croire que
ceux-ci ne répondraient pas sous prétexte de vacances à l’appel uni des
organisations syndicales à manifester en masse, centralement, à Paris, à
l’Assemblée nationale, pour exiger avant qu’il soit voté: retrait du
projet de loi Fillon ?
Une manifestation par centaines
de milliers, de l’ampleur de celle du 16 janvier 1994 à Paris (préparée durant
les vacances) qui avait eu raison à l’époque du projet Bayrou favorisant
l’enseignement privé, voilà ce que pourraient décider, le 20 janvier au soir
lors de leur réunion, les directions des organisations syndicales qui appellent
à cette journée d’action, à commencer par les dirigeants des syndicats de la FSU. Mais l’expérience de mai-juin
2003, le refus des dirigeants de répondre favorablement à l’exigence qu’ils
appellent à la grève générale pour le retrait du projet de loi sur les
retraites, a appris aux travailleurs de l’enseignement qu’il leur faudra exiger
et s’organiser pour aller leur imposer qu’ils appellent, pour le retrait du
projet de loi Fillon, à la manifestation de toute la profession à l’Assemblée
nationale. C’est la tâche de l’heure.
Il n’y a d’issue positive que dans le combat dans
l’unité des organisations du mouvement ouvrier
contre le gouvernement Chirac-Raffarin, pour le combattre et le vaincre
Mais les enseignants, comme tous
les travailleurs, s’interrogent : comment en finir avec cette offensive
effrénée que mène le gouvernement UMP-UDF contre
l’ensemble des positions acquises depuis plusieurs décennies par leur lutte de
classe ? A cela, il n’est qu’une réponse : dresser face à ce
gouvernement le front uni de toutes les organisations du mouvement ouvrier,
partis (PS, PCF), et organisations syndicales (CGT, FO, FSU), et dans cette
voie intervenir pour que cesse leur collaboration ouverte avec le gouvernement,
laquelle s’est considérablement amplifiée depuis la défaite subie par leur
faute en mai-juin 2003. En témoigne l’accord
anti-grève signé à la SNCF par la direction de la CGT, ou les déclarations de
Hollande (PS), qui veut faire voter « oui » à Chirac et à la
réactionnaire « constitution européenne »: « Pour changer de
politique, c'est en 2007 que le rendez-vous va avoir lieu. » N’est-ce
pas là un feu vert donné au gouvernement pour continuer jusqu’en 2007 (au
moins) sa politique destructrice ?
Voilà l’obstacle majeur qui
entrave aujourd’hui les possibilités de combat. L’initiative des travailleurs
peut le surmonter, peut imposer aux directions des organisations syndicales
ouvrières (CGT, FO), enseignantes (FSU), au PS et au PCF de cesser toute
collaboration avec le gouvernement Chirac-Raffarin-Fillon,
de constituer un front uni pour le combattre et le vaincre.
Du combat contre le gouvernement
et sa « majorité » UMP pourrait voir le jour un autre gouvernement,
issu de ce front unique, dont les travailleurs exigeraient qu’il satisfasse
leurs revendications, démantèle l’édifice des contre-réformes qui se sont
abattues dans tous les secteurs, rattrape le pouvoir d’achat perdu depuis 2000
et le garantisse par l’indexation des salaires sur les prix, etc. Pour mener
une politique favorable aux travailleurs, il faut rompre avec les exigences des
capitalistes, s’engager dans la voie dans la voie du socialisme. C’est pour
quoi combat le Cercle pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire.