En commençant de
s'engager, dans tous le pays, dans la grève, enseignants et personnels ont
signifié à l'adresse des dirigeants syndicaux de l'éducation, à commencer par ceux
de la FSU (SNES, SNU, etc.) : "nous sommes prêts".
Ils signifient à
l'adresse des dirigeants syndicaux:
Assez de discussions avec le gouvernement!
Assez d'actions éclatées, locales, "reconductibles", assez de division!
- Pour la défense du code des pensions, retrait de la "réforme" des retraites!
- Aucun transfert
de personnel, de compétences, non à la "décentralisation"!
Le
3 avril, Raffarin s'exprimait au soir d'une nouvelle "journée
d'action" dont les initiateurs, dirigeants CGT, FO, FSU, SE-UNSA,
affirmaient qu'elle avait pour but de "peser sur les choix du
gouvernement avant qu'il ne les arrête". Mais le 3 avril au soir,
Raffarin l'a dit sans ambages: "j'irai jusqu'au bout", "je
tiendrai la réforme des retraites, la réforme de l'assurance-maladie et la
réforme de l'Etat avant la fin de l'année 2003".
Le
gouvernement veut "aller jusqu'au bout"? Il faut le combattre,
le vaincre, le faire capituler.
Qui
peut honnêtement dire que les "choix" du gouvernement ne sont pas
arrêtés? Sa "réforme" des retraites est parfaitement connue (et déjà
engagée à EDF-GDF). C'est la liquidation du code des pensions et des régimes
spéciaux, l'alignement sur le régime général (création de caisses de retraite,
passage à 40 annuités, baisse des pensions, hausse des cotisations). Et en
faisant sauter ce verrou, il instaurerait l'allongement automatique de la durée
de cotisation, pour le public comme pour le privé.
En
poursuivant les "discussions" depuis des mois avec le gouvernement
sur la question au lieu de sonner l'alarme et de préparer le combat, les
directions syndicales ont déjà fait gagner un temps précieux au gouvernement.
Et elles continuent: de nouvelles rencontres doivent avoir lieu du 18 au 22
avril, et une réunion du groupe confédéral est encore prévue le 28. Les
dirigeants confédéraux et fédéraux CGT, FO et FSU font mine d'attendre le
projet de loi final? Mais il ne doit être adopté que le 28 mai en conseil des
ministres, et voté le cas échéant par les députés UMP en juillet!
C'est
aussi à l'été que le gouvernement UMP veut faire voter la loi de "transfert
de compétences", qui, dans le cadre de la décentralisation, organise
la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires d'Etat, vers la
disparition ou la privatisation de leurs missions sous la houlette des Régions
et du patronat (la liquidation du corps des MI-SE l'indique parfaitement).
Enfin
le gouvernement a fait savoir qu'il prépare pour l'automne un budget sabrant
des milliers de postes dans tous les ministères, une contre-réforme de dépeçage
de l'assurance maladie.
Mais
les personnels savent à quoi s'en tenir sur la nature des "réformes"
gouvernementales. Ils savent que le prétexte de la "démographie" (en
… 2040!) n'est avancé (et relayé scandaleusement par les appareils syndicaux)
que pour masquer le fait que l'Etat et les patrons veulent payer toujours moins
pour les régimes de retraite. Ils sentent que le seul but de la "réforme"
des retraites est de détruire ce que les fonctionnaires et les personnels des
entreprises publiques ont défendu avec
succès en novembre-décembre 1995. Que la "décentralisation" est une
opération de destruction de la fonction publique d'Etat. Et ils savent qu'il
faudra combattre et vaincre le gouvernement. C'est pourquoi ils multiplient
dans de nombreux départements grèves et manifestations.
C'est
pourquoi, dès le 3 avril, l'assemblée générale des grévistes de Montpellier
adoptait la motion suivante:
" l'AG des personnels de l'enseignement
réunie à Montpellier le 3 avril s'adresse aux dirigeants des confédérations,
des fédérations de fonctionnaires, des syndicats de l'Education Nationale
- Exigez l'abandon de la contre-réforme des
retraites, de la décentralisation, de la casse des statuts, des licenciements.
- Cessez sans délai les discussions sur les
retraites avec le gouvernement, qui ne débouchent sur aucune prise en compte
des revendications que vous défendez au nom des personnels.
- Appelez contre les projets gouvernementaux
à la grève générale de l'Education Nationale et de la fonction publique."
(adopté
par environ 360 pour, 1 contre, 3 abstentions, 4 refus de vote)."
Les
enseignants de Montpellier ont raison. Alors, que répondent les directions syndicales?
Un
communiqué commun FSU-CGT-FAEN-CFDT du 11 avril appelle à une nouvelle journée
de grève de 24 heures le 6 mai – la direction de la FSU envisageant aussi
une manifestation nationale sur la décentralisation! - , et à "étendre
les mobilisation en cours".
"Etendre"?
Fractionner, plutôt. Toutes les directions des syndicats et fédérations de
l'enseignement démultiplient les actions: catégorielles,
"spectaculaires", départementales, assaisonnées de "temps
fort" d'une journée, le tout "reconductible", c'est à dire
s'opposant totalement à un appel national à la grève, comme l'a affirmé sans
gants la direction du Snes dans l'académie de Poitiers, le 9 avril:
"D'aucuns
auraient souhaité de la direction nationale un mot d'ordre encore plus direct,
pourtant antinomique de l'idée même de reconduction décidée par des AG
d'établissements ou départementales."
Dans
le même temps, les dirigeants de la FSU demandent encore au gouvernement "
le temps et les moyens d’un véritable débat" sur la question des
retraites (communiqué FSU). Débattre et non combattre. Et tous poursuivent les
discussions avec le gouvernement UMP, indiquant que ce qu'ils cherchent, ce
n'est pas à briser son offensive, mais à s'entendre avec lui.
Le
gouvernement a déclaré la guerre aux enseignants, aux fonctionnaires, à tous
les travailleurs. En temps de guerre on ne discute pas avec l'état-major ennemi
des modalités de son offensive, on rompt avec lui et on le combat.
Ce que les personnels
attendent,
ce n'est pas que les dirigeants syndicaux leur disent de "reconduire"
dans leur coin, à l'aveuglette, une multitude de grèves émiettées et donc
impuissantes.
La "grève reconductible", c'est la
division, département par département, établissement par établissement, au sein
de chaque établissement, de chaque école, entre grévistes et non-grévistes.
Ce que les personnels
attendent,
qu'ils entrent en grève ou non faute d'appel clair des sommets syndicaux, c'est
que les dirigeants FSU(SNES, SNU, UNATOS), SE, SNAEN, FNEC-FO, FERC-CGT
:
cessent
les pourparlers avec le gouvernement
et
jettent tout leur poids dans la balance en appelant dans l'unité
à
la grève générale de l'enseignement public.
C'est nécessaire, c'est possible. En entrant en grève dans de multiples
départements, les enseignants ont largement démontré qu'ils étaient prêts à
répondre à l'appel uni des organisations syndicales à la grève générale de
l'enseignement public. Aussi s'agit-il aujourd'hui de multiplier les
initiatives à tous les niveaux (motions d'AG, délégations, etc.) pour dicter
aux dirigeants syndicaux cette exigence.
Si les dirigeants y
appellent, dès le 6 mai la grève générale de l'enseignement public peut être
totale. C'est leur entière responsabilité.
La grève générale de
l'enseignement public ouvrirait en grand la voie à la grève générale de la
fonction et des entreprises publiques, pour la défense des régimes de retraite,
contre tout transfert de personnels et de compétence, la
"décentralisation", contre les suppressions de postes.
le
gouvernement Chirac-Raffarin.
C'est
sur cette orientation que combattent aujourd'hui les militants de notre Cercle
dans toutes les académies où ils interviennent. Et il faut le dire, à l'heure
actuelle, aucun parti ou organisation ne combat sur la ligne d'imposer l'appel
uni des organisations syndicales à la grève générale –exigence qui ainsi n'a
pas été portée au congrès du SNES qui vient de s'achever. Aucun parti, aucune
organisation, ne combat pour le front unique des syndicats (CGT, FO, FSU), du
PS et du PCF, contre le gouvernement UMP Chirac-Raffarin.
S'il
existait aujourd'hui dans l'enseignement un regroupement militant combattant
consciemment sur cette ligne, la possibilité d'un combat victorieux contre le
gouvernement Chirac-Raffarin en serait considérablement facilitée.
Enseignants,
personnels, notre Cercle pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire,
de l'internationale ouvrière révolutionnaire, vous invite à en tirer les
conséquences: prenez contact avec nous, combattons ensemble.