"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme"(Lénine)

GROUPE pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires

Supplément à CPS n°30  - 13/10/2007

 

Sarkozy veut détruire rapidement les régimes spéciaux,  pour pouvoir s’en prendre ensuite au contrat de travail, aux retraites et pensions au statut de la fonction publique.

Pour sauver les acquis les plus fondamentaux :

Il faut combattre et vaincre le gouvernement Sarkozy-Fillon

 

Les régimes spéciaux : un enjeu décisif pour tous les travailleurs


Pour Sarkozy et son gouvernement, les régimes spéciaux de retraite sont un barrage qu’ils veulent faire sauter pour ouvrir la voie à une déferlante de contre-réformes. Si la bourgeoisie française veut « aligner » les cheminots, électriciens, gaziers, agents de la RATP, c’est qu’elle se souvient qu’en 1995, Chirac et Juppé s’y étaient cassés les dents face à la grève générale à la SNCF et la RATP, qui avait surgi à l’occasion d’une journée d’action convoquée par les sommets syndicaux. Et en 2003, Chirac et Fillon avaient contourné les régimes spéciaux pour concentrer leurs coups contre les fonctionnaires et les maintenir isolés – parce que les dirigeants des fédérations des transports avaient à l’époque marché dans cette combine.

 

Ce que veut Sarkozy, revanchard, c’est d’abord et avant tout effacer ce point d’appui à la résistance à sa politique, et porter ainsi un coup à l’ensemble du prolétariat.

 

Sarkozy qualifie les régimes spéciaux « d’indignes », lui qui est le porte parole d’une bourgeoisie riche comme jamais, d’une classe dont les représentants éminents – dont Arnaud Lagardère, intime de Sarkozy - viennent encore de s’illustrer à la tête d’EADS comme autant de fripouilles qui empochent des millions par centaines tout en concoctant leurs plans de licenciements et de fermeture d’usines. Ce qui « indigne » en réalité les bourgeois, c’est que persistent dans ce pays des acquis ouvriers. S’ils détruisaient les régimes spéciaux, ils s’ouvriraient la voie pour ne pas en laisser trace.

Aussi, la question des régimes spéciaux de retraite concentre le devenir de la vague des « réformes » réactionnaires annoncées par Sarkozy les 18 et 19 septembre derniers.

Dans ces circonstances, la responsabilité des dirigeants syndicaux de la SNCF, de la RATP, d’EDF, … est immense :

- exigez le retrait du projet de décret gouvernemental

- refusez de participer à tout concertation, et particulièrement aux négociations d’entreprise d’application de ce projet

- appelez à la grève générale jusqu’au retrait du projet.

 

Voilà à quoi les travailleurs de ces entreprises devront les contraindre. En effet, sans même se prononcer pour la défense inconditionnelle des régimes spéciaux, les dirigeants syndicaux de ces entreprises appellent à la journée d’actions du 18, selon Le Duigou (CGT), pour « pousser le gouvernement à ouvrir un espace de négociation ». Mais il n’y a rien à négocier !

Pis encore, à la SNCF, trois syndicats (autonomes, Sud, Fo) appellent à une grève « reconductible », émiettée dépôt par dépôt, tandis que la direction confédérale CGT a intimé par la bouche de Bernard Thibault : « Pour nous, il s'agit bien d'une grève de 24 heures » (Libération du 10/10). Un tel dispositif des appareils syndicaux, lourd de risques de dislocation et de division, ne peut que paver la voie aux projets scélérats du gouvernement. Or la casse des régimes spéciaux ouvrirait en grand la voie à la totalité des autres « réformes » annoncées par Sarkozy les 18 et 19 septembre dernier.


La pointe avancée d’une déferlante réactionnaire


Dans ses deux discours de septembre, Sarkozy a en effet lancé une véritable déclaration de guerre à la classe ouvrière et à tous les travailleurs. Pour en mentionner l’essentiel :

 

- La « réforme du contrat de travail », qui rendrait le CDI caduc, en en quadruplant la période d’essai, en permettant des licenciements express et la modification du contrat de travail au gré des patrons. Elle doit aussi servir à lancer de nouveaux contrats précaires pouvant durer des années (le « contrat de mission »). Car tels sont les projets que le Medef a mis sur la table, tandis que Sarkozy a annoncé dès le départ qu’il lui donnerait satisfaction sur l’essentiel, annonçant pour faire bonne mesure de nouvelles sanctions contre les chômeurs, qui est un des buts de la fusion forcée ANPE/Unedic.

 

- Une nouvelle contre-réforme des retraites, avec l’allongement de la durée de cotisation dans le privé et dans le public, et la détérioration des conditions de départ en retraite, que le gouvernement escompte faire aboutir en quelques mois.

 

- La casse du statut de la fonction publique, et tout particulièrement de tous les éléments communs permettant aux fonctionnaires de se rassembler contre le pouvoir: point d’indice, corps, concours, notation, etc. Traduction immédiate : un budget qui supprime plus de postes que jamais, notamment dans l’enseignement, ou encore l’annonce de la fusion Trésor/Impôts que les agents des Finances avaient fait échouer en 2000, et qui entraînerait des suppressions de postes massives et la liquidation des acquis.

 

Ce sont donc les points d’appui essentiels de résistance à l’exploitation sans bornes que veut effacer le gouvernement.


Pour faire passer son programme, Sarkozy organise un déploiement de concertation sans précédent


Le gouvernement a fait paraître un « document d’orientation » sur les régimes spéciaux dont le préambule précise qu’il s’appuie sur une première phase de concertation avec l’ensemble des dirigeants syndicaux, concertation qui aura permis au gouvernement de polir le tranchant de son arme. Ce document ouvre la voie à des négociations entreprise par entreprise pour associer partout les dirigeants syndicaux à la mise à mort des régimes spéciaux – exactement comme pour la mise en place du « service minimum », c’est-à-dire l’étranglement du droit de grève (avec le 31 décembre comme échéance dans les deux cas). Il faut relever que la fédération FO des transports a décidé de boycotter toutes les négociations de mise en place du « service minimum », de l’étranglement du droit de grève. Mais comment comprendre qu’aucune fédération syndicale n’ait annoncé qu’elle refuserait de s’inscrire dans le cadre des « négociations » fixé par le gouvernement ? Pourtant, Sarkozy a été parfaitement clair le 18 septembre en présentant ces concertations:  « Je serai ouvert sur les moyens et la méthode, mais je ne transigerai ni sur les objectifs ni sur les principes ». Et cela ne vaut pas que pour les régimes spéciaux !

 

En effet, le contournement du CDI et les nouveaux contrats de travail ultra-précaires qu’exige le Medef sont également l’objet de discussions, devant se clore d’ici quelques semaines, entre le patronat et les directions confédérales.

Dans la fonction publique, alors que les salaires sont gelés, alors que le gouvernement supprime un nombre de postes sans précédent, tous les dirigeants syndicaux se sont inscrits dans le cadre des quatre « conférences » chargées par le ministre Woerth d’élaborer un « livre blanc » ouvrant la voie à la liquidation du statut.

Enfin, c’est le conseil d’orientation des retraites où siègent les dirigeants syndicaux qui doit formuler des « propositions » à Fillon justifiant le nouvel allongement de la durée de cotisation et la baise des pensions.

 

La participation des dirigeants syndicaux à ces « concertations » d’une ampleur sans précédent ne peut avoir comme signification que de s’inscrire dans le cadre des « objectifs » et « principes » édictés par Sarkozy !

Au contraire, il faut exiger des dirigeants syndicaux confédéraux et fédéraux (ainsi que du PS et du PCF) qu’ils se prononcent :

- Défense inconditionnelle des régimes spéciaux !

- Pas un trimestre en plus, non à la nouvelle « contre-réforme » des régimes de retraite !

- Défense du CDI, à bas les contrats précaires, retrait des projets du Medef !

- Retrait du plan « fonction publique 2012 », à bas le projet de budget 2008 qui l’inaugure.

 

Combattre pour ces objectifs exige de combattre le gouvernement Sarkozy, de lui infliger une défaite. Dans cette voie la première exigence à adresser aux dirigeants syndicaux CGT, FO, FSU, c’est la :

rupture des concertations engagées avec le gouvernement et le Medef, le refus des « concertations » engagées à tous les niveaux pour accompagner la mise en œuvre de la politique anti-ouvrière de Sarkozy.

 


L’ennemi, qu’il faut combattre, et vaincre, c’est le gouvernement Sarkozy-Fillon


Pour infliger une défaite au gouvernement de Sarkozy, briser son offensive, en finir avec l’atmosphère étouffante, bonapartiste, qu’il instaure, avec la persécution criminelle des travailleurs immigrés, les dirigeants syndicaux devraient préparer le combat d’ensemble contre le gouvernement, la grève générale – préparation dont le premier acte, décisif, ne peut être que l’appel uni à la grève générale des entreprises bénéficiant des régimes spéciaux.  

 

Tel n’est pas l’objectif assigné par les appareils au 18 octobre. Ainsi les uns (dirigeants FSU ou fonctionnaires FO), déposent un préavis…et n’appellent pas à la grève, ce qui revient de fait à donner un feu vert au gouvernement pour liquider les régimes spéciaux. Un des dirigeants FSU a même expliqué lors du bureau national de cette fédération qu’il ne voulait pas « d’un mouvement anti-Sarkozy » !

Mais les autres, comme les dirigeants CGT inscrivent la grève dans le cadre des discussions tout azimut et permanentes qu’ils mènent avec le gouvernement, et n’ouvrent en aucun cas la perspective du combat contre la politique du gouvernement, contre le gouvernement, pour lui infliger une défaite salutaire. 

 

C’est pourtant la seule perspective positive pour les travailleurs, la jeunesse, pour retourner la situation à leur avantage, en opposant au gouvernement Sarkozy-Fillon le front unique de leurs organisations (partis, syndicats).

 

C’est sur cette orientation que combat le Groupe pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire et qu’il appelle à s’organiser pour la faire prévaloir.


 

 

Ce dont souffrent les régimes de retraite, c’est du capitalisme, du chômage de masse, des salaires de misère qui en sont autant de conséquences. L’augmentation générale des salaires de sorte à rattraper le pouvoir d’achat perdu depuis des années, la lutte contre le chômage en diminuant massivement le temps de travail sans diminution de salaire jusqu’à embauche de tous les chômeurs, voilà les premières mesures d’urgence qu’appliquerait un gouvernement répondant aux besoins des masses populaires. Pour cela, il faut non seulement renverser la 5ème République, rompre avec l’UE, mais surtout exproprier les grands groupes industriels et financiers, et organiser la production non plus selon la loi capitaliste du profit mais en fonction de la satisfaction des besoins de l’immense majorité de la population, opprimée et exploitée. C’est pour cette issue, vers le socialisme, que combat le Groupe pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire et de l’Internationale ouvrière révolutionnaire, et qu’il appelle à rejoindre ce combat.

Mais le premier pas nécessaire et urgent dans cette voie, c’est d’infliger une défaite au gouvernement Sarkozy-Fillon et sa majorité UMP.

 

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