"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme" (Lénine)

GROUPE pour la construction du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires

Supplément à CPS n°29  - 30/06/2007

 

 

Pour briser l’offensive du gouvernement Sarkozy-Fillon,

La responsabilité des organisations du mouvement ouvrier (partis, syndicats) :

Rompre la concertation, réaliser le front unique contre le gouvernement

 « On va aller encore plus vite, plus loin, et tout de suite » (Sarkozy)


Le gouvernement Sarkozy-Fillon a obtenu aux législatives une majorité absolue de députés pour l’UMP. Aussitôt, Sarkozy a réaffirmé ses intentions belliqueuses dans le Parisien : « on va aller encore plus vite, plus loin et tout de suite ». Les mesures réactionnaires s’annoncent en avalanche, c’est une offensive généralisée visant à saccager les conditions de travail et d’existence des masses. Parmi les plus odieuses, celles restreignant l’accès aux soins : déremboursements massifs, « franchises », etc. 

 

Au nom du « travailler plus (pour les ouvriers), gagner plus (pour le patronat) », un projet de loi va pousser à la surexploitation sans merci des ouvriers, et offrir de nouvelles suppressions de cotisations aux patrons, creusant ainsi le déficit fabriqué de l’assurance-maladie, dont la bourgeoisie arrogante veut faire porter le poids aux couches populaires. 250 000 suppressions de postes de fonctionnaires sont annoncées sur cinq ans, notamment par un « plan de restructuration» sans précédent au ministère des Finances.  S’y ajoutent de nouveaux cadeaux pour les classes dominantes, de nouvelles lois anti-immigrés et répressives...

 

Deux projets, à l’ordre du jour du parlement cet été, ont pour Sarkozy, Fillon et l’Ump une importance décisive : l’autonomie des universités et le service minimum. Ils veulent en effet entamer le quinquennat en s’en prenant d’emblée à ceux qui ont résisté ces dernières années aux gouvernements des capitalistes français : les étudiants et les travailleurs des transports, d’abord des transports publics.


Projet de loi sur l’autonomie: privatisation, casse des statuts et démantèlement de l’université


C’est se faire le complice du gouvernement que de prétendre comme le fait B.Julliard, de l’Unef, que les concertations sur le projet de loi sur la « nouvelle université » auraient finalement permis aux dirigeants syndicaux de « sauver l’essentiel ». C’est au contraire le gouvernement Sarkozy-Fillon qui maintien « l’essentiel » : l’ouverture en grand au patronat des portes d’universités devenues « autonomes » et propriétaires de leurs locaux. Celui-ci pourrait les financer directement, y implanter des « fondations » à l’américaine, se soumettre, en la brisant, la recherche publique. Ce projet casse les statuts des personnels, qui passeraient sous la coupe d’un président d’université aux pouvoirs étendus, lequel pourrait recruter sans limite des personnels précaires ou sous statut privé dans tous les secteurs de la fac.

 

Que signifiera pour les étudiants  cette étape historique vers la mort de l’université publique? Fillon l’a dit dans le Figaro du 15 juin : « l’université fixera le nombre d’étudiants qu’elle peut recevoir. Son président sera libre réduire les filières de formation qui n’offrent pas de débouchés. ». Dans cette voie, « l’orientation préalable » deviendrait obligatoire.

 

Le gouvernement peut maintenant se targuer d’avoir élaboré ce projet dans la concertation, depuis les « groupes de travail » en place depuis mai jusqu’aux rencontres à l’Elysée qui ont vu les directions syndicales « amender », co-rédiger ce texte. Il compte prolonger cette concertation en lançant cinq « chantiers » d’accompagnement de la « réforme ».

De leur côté les dirigeants syndicaux co-organisent avec la conférence des présidents d’université, favorable au texte, des « assises » pour, disent-ils : « assurer le succès de la réforme voulue par le président de la République » !

 

C’est pourquoi il est indispensable, pour faire échec à ce projet, que les directions syndicales de l’enseignement supérieur (Fsu, Cgt, Fo, Unsa), de l’Unef, rompent la concertation avec le gouvernement, forment un front uni pour le retrait du projet de loi, et appellent les étudiants, les personnels au combat en rassemblant leur force, par exemple en convoquant pour la rentrée une conférence nationale composée de délégués élus dans chaque université pour le retrait pur et simple du projet de loi.


Au nom du « service minimum », un véritable attentat contre le droit de grève


Le gouvernement Sarkozy-Fillon prétend imposer un « service minimum » dans les transports. Ce projet fait partie des préparatifs de la liquidation des régimes spéciaux de retraite, prévue pour 2008 comme condition de l’allongement de la durée de cotisation  pour tous les salariés.

 

Là encore, on ne peut que s’indigner d’entendre les dirigeants syndicaux affirmer comme Mailly (FO) que « formellement, le droit de grève n’est pas remis en cause ». Si ! Le droit de grève est un droit collectif acquis par la lutte de classe. Or il s’agirait d’en faire un acte individuel, chaque salarié étant soumis au dépôt d’un préavis personnel deux jours à l’avance auprès de sa hiérarchie. Ce projet organise aussi le recours aux non-grévistes pour casser les grèves. Il prévoit enfin le recours au « référendum », là encore à vote individuel secret, pour en finir avec les piquets de grève.

 

Le gouvernement compte sur l’engagement total des directions syndicales. Il leur demande en effet, non seulement, comme l’a fait la direction Cgt à la SNCF, de négocier des accords d’entreprise visant à éliminer les grèves par la  « prévention de conflits », mais encore des accords d’organisation du service minimum ! Et alors que le projet de loi impose que de telles négociations s’engagent partout, Le Reste déclare pour la direction CGT-cheminots (l’Humanité du 22 juin) que celle-ci est « disponible » pour négocier la « prévention de conflits » !

 

Au contraire, comme l’a exigé un délégué depuis la tribune du récent congrès confédéral de FO, les directions syndicales doivent se prononcer pour le retrait du projet de loi, et d’appeler d’ores et déjà au boycott des négociations d’application de ce texte dans les branches et les entreprises.


Sarkozy proclame : « le dialogue social, c’est l’efficacité ».
 Alors : pas de concertation avec le gouvernement !


Sur TF1, Sarkozy a résumé ce à quoi servait le « dialogue social » : ne pas « se regarder dans le blanc des yeux », mais faire passer de façon « efficace » son programme. La reformulation du projet de loi sur l’université, l’engagement de négociations obligatoires sur le « service minimum », aujourd’hui dans les transports, demain dans les écoles, en sont des illustrations frappantes. Il en va de même sur la question de la destruction du contrat de travail. Le gouvernement a donné 6 mois aux directions  syndicales, dans le cadre de discussions ouvertes le 19 juin avec le Medef, pour aboutir à des « propositions » sur le contrat de travail mais aussi sur la réforme de la « représentativité »,  lancée contre l’existence du syndicalisme ouvrier. Suite à ces discussions, des « conférences sociales » successives viendraient boucler ce dispositif pour mettre à mort le CDI.

 

La défaite subie en 2006 sur le CPE par le gouvernement de Chirac, auquel appartenait Sarkozy, faute d’avoir préparé le terrain par la concertation, a instruit ces messieurs : l’ampleur considérable du programme de Sarkozy lui impose, sur tous les fronts, d’orchestrer le « dialogue social ».

 

A l’inverse, combattre la politique du gouvernement, combattre le gouvernement exige d’intervenir pour que soit rompue cette concertation : le C.P.E. l’a montré, c’est la voie à suivre pour défaire le gouvernement Sarkozy-Fillon.


La politique du PS et du PCF conforte le gouvernement


Prolétaires, jeunes, militants, ne sont pas confrontés qu’à la collaboration ouverte des directions syndicales avec le gouvernement. Le PS et le PCF, après leur défaite des présidentielles et des législatives, n’ont eu de cesse d’affirmer que Sarkozy et sa majorité étaient « légitimes ». Comme si une seule des mesures réactionnaires de ce gouvernement avait une quelconque légitimité pour les travailleurs !

 

Le PS vient d’accepter, dans le cadre du « statut de l’opposition », la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée, ce qui va l’associer étroitement à la politique du gouvernement, que le budget concentre. Quant à Royal, qui veut s’emparer de ce parti, elle soutient carrément Sarkozy en se prononçant successivement contre l’augmentation du SMIC, contre la réduction du temps de travail, ou pour l’autonomie des universités.

 

Quant au PCF agonisant, sa direction vient de constituer un groupe parlementaire avec des députés bourgeois, comme les Verts, nommé « gauche démocratique et républicaine ». L’abandon ouvert de toute référence au communisme, écho des propositions faites par les pontes du PS d’abandonner la référence « socialiste », est un facteur de confusion politique qui vient conforter le gouvernement. Rappelons aussi que, dans les dernières élections,  la LCR ou LO ont défendu un programme dont ils affirmaient eux-mêmes qu’il était compatible avec le capitalisme. Or, via la politique de Sarkozy, c’est bien au capitalisme que les masses ont affaire.


Le prolétariat, la jeunesse, ont besoin d’un nouveau parti, d’un parti révolutionnaire


Toute la situation met en évidence le besoin d’un parti qui mène le combat contre ce gouvernement. Le PS et le PCF sont liés totalement au mode de production capitaliste. Or c’est celui-ci qui pousse à la destruction dans les pays capitalistes dominants des acquis arrachés en matière de retraite, de santé, de droit aux études, de droit du travail. Les masses sont étranglées par le coût de la vie, victimes de la spéculation immobilière, laquelle menace d’engendrer un nouveau krach financier.  Pour mener jusqu'au bout le combat contre ce gouvernement UMP, il faut un parti ayant comme but de porter au pouvoir un gouvernement ouvrier, expropriant les grands groupes industriels et financiers pour assurer le droit au travail en diminuant massivement le temps de travail pour que tous puissent s’employer ; un gouvernement qui dénonce la dette publique, impulse la production non plus pour le profit mais en fonction des besoins des masses, à commencer par des logements en nombre suffisant. Bref, un gouvernement révolutionnaire, appuyé par les masses, satisfaisant leurs revendications, brisant la 5ème République, rompant avec l’UE, s’engageant dans la voie qui mène aux Etats-Unis Socialistes d’Europe.

 

C’est ce parti ouvrier révolutionnaire qu’il faut construire, et c’est dans l’affrontement avec le gouvernement UMP que pourront mûrir les conditions de sa construction.


Il est possible d’enrayer l’offensive du gouvernement Sarkozy-Fillon


Les travailleurs, la jeunesse, ne peuvent attendre pour lutter qu’un nouveau parti soit construit. Ils tenteront d’utiliser contre le gouvernement les organisations dont ils disposent, en premier lieu les organisations syndicales, ou le PS et le PCF, comme ils ont tenté de le faire lors des élections. Contre l’offensive du gouvernement Sarkozy-Fillon, il faut le front unique des organisations du mouvement ouvrier, en finir avec la « concertation » et le « dialogue social » qui pavent la voie aux mauvais coups du pouvoir. C’est ainsi que l’offensive de Sarkozy peut être bloquée. 

 

C’est sur cette orientation que le Groupe pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire appelle à combattre, à s’organiser.


 

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