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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au
socialisme" (Lénine) |
CERCLE pour la construction
du Parti et de l'Internationale ouvriers révolutionnaires Supplément à CPS n°22 - 23 septembre 2005 |
Faire face à l’offensive redoublée
du gouvernement UMP Chirac-Villepin-Sarkozy
et du patronat
Le 29 mai, lors du référendum sur la prétendue
« constitution européenne », ouvriers, employés, jeunes, ont
largement contribué à faire échouer l’opération de plébiscite de Chirac. Ils
ont massivement voté « non », non seulement à un texte réactionnaire,
mais d’abord à la politique menée par les gouvernements successifs UMP-UDF,
« non » à Chirac à ces gouvernements.
Mais il a fallu peu de temps pour qu’un gouvernement
à peine remanié et doté d’une nouvelle tête reprenne l’offensive contre les
travailleurs.
Chirac-Villepin-Sarkozy : « cent jours » et plus au service du capital
Cette offensive redoublée a pris la forme des ordonnances Chirac-Villepin. Le C.N.E. crée un contrat de salariés jetables. Les contrats de travail et garanties collectives des salariés inscrites dans le code du travail sont encore plus mises à mal, ainsi que le statut de la fonction publique. Outre les ordonnances, le gouvernement a commis le décret facilitant les sanctions contre les chômeurs, radiés en même temps par dizaines de milliers. Et aussi la marche à l’ouverture du capital d’EDF après celle de GDF, la privatisation des autoroutes, l’engagement de la casse du régime des retraites de la RATP sous couvert de régionalisation, l’application de la loi d’orientation contre l’enseignement public. Et enfin : les expulsions de travailleurs issus de l’immigration, jusque dans les immeubles insalubres dans lesquels certains ont été rejetés par la crise du logement qui frappe les couches populaires et enrichit les spéculateurs et les propriétaires immobiliers.
Villepin voulait «cent jours» pour «rendre confiance» …aux capitalistes
français. Pour ces derniers, pour Parisot qui a comme
slogan « le travail doit être
précaire », le galop d’essai est concluant.
Mais
qui a pris la responsabilité de permettre à Chirac et sa clique de se remettre
en selle et de franchir la haie de leur défaite au référendum ? Le Monde écrivait début septembre à
propos de la privatisation de GDF:
« en juin, il aurait été facile aux syndicats
d'exploiter le non au référendum du 29 mai sur la Constitution européenne pour
s'opposer à cette opération ». Ils n’ont pas levé le petit doigt. Il
n’y a pas qu’à EDF-GDF !
Les
dirigeants confédéraux CGT et FO sont allés cautionner Villepin
en le rencontrant avant même son investiture parlementaire. Ils ont accepté de
siéger au « conseil d’orientation pour l’emploi » mis en place parle
gouvernement. Ils ont même participé aux discussions sur le contenu des
ordonnances scélérates, tout comme dans l’enseignement les dirigeants FSU ont
discuté des décrets d’application de la loi d’orientation.
Dès
juillet, avant même le vote des ordonnances, Mailly
(FO) déclarait forfait : « rendez-vous
à la rentrée pour les cent jours», rentrée lors de laquelle … il a
participé à l’université d’été du Medef ! Dès le soir du 29 mai, les tenants du
« non » de gauche quant à eux refusaient d’exiger :
« Chirac dehors !»
Les dirigeants syndicaux ne connaissent-ils pas déjà les « réponses » du gouvernement et du Medef ?
Après avoir eu ainsi les mains libres pendant cent
jours et plus, le gouvernement a engagé une nouvelle phase de son action :
une réforme fiscale profitant essentiellement aux plus fortunés, au
patronat, et opposant aux augmentations de salaires la « prime pour l’emploi ». La pression
sur les allocataires de minima sociaux et du chômage va s’accroître encore,
tandis que Sarkozy réclame « du chiffre » en matière d’expulsions.
Le projet de budget 2005 va concentrer l’essentiel
de ces mesures, ainsi que les nouvelles suppressions de postes dans la fonction
publique. Celles-ci sont de plus un levier pour la remise en cause générale du
statut de la fonction publique à laquelle le gouvernement travaille, dans la concertation
avec les directions des fédérations de fonctionnaires !
De son côté, Laurence Parisot,
nouvelle présidente du Medef, a engagé des
discussions avec toutes les directions syndicales avec comme objectif affiché
de les associer, branche par branche, et au niveau confédéral, à la gestion
prévisionnelle des licenciements – dans un « observatoire national des métiers ».
Or, les directions confédérales ont accepté le cadre
de ces discussions, tout comme elles avaient discuté du contenu des ordonnances
Chirac-Villepin, tout comme dans l’enseignement
elles se refusent à appeler au boycott des instances chargées de mettre en
place la loi d’orientation. Bernard Thibault a même reproché dans le Figaro au gouvernement et au patronat
de ne voir dans les directions syndicales que « les avocats de la revendication sociale » !
C’est dans un tel cadre que l’ensemble des directions syndicales appelle pour le 4 octobre, soutenues par le PCF et le PS, à ce que Mailly pour Force Ouvrière dénomme un « 10 mars bis », c’est-à-dire une journée d’actions dispersées et multiformes. Leur seule exigence commune, faute d’avancer quelque revendication que ce soit, c’est d’obtenir « des négociations et des réponses » du gouvernement et du patronat. Mais un an et demi après les régionales, quatre mois après le référendum du 29 mai, à qui les dirigeants syndicaux voudraient-ils faire croire que le gouvernement UMP-UDF pourrait permettre des « avancées», comme le prétend pourtant Bernard Thibault (CGT) dans ses meetings de rentrée ?
Au contraire, aucune « avancée » n’est possible, aucun acquis ne peut être défendu sans combattre le gouvernement, le patronat, et donc rompre avec eux. Mais tel n’est pas le but que fixent à la journée du 4 octobre les dirigeants confédéraux et fédéraux.
Militer
pour que organisations du mouvement ouvrier rompent avec le gouvernement
et forment un front uni pour le combattre et le défaire
Pour faire face à l’offensive du gouvernement et du
patronat, il est nécessaire d’intervenir pour imposer que les directions des
organisations ouvrières, et d’abord des dirigeants CGT, FO, FSU, défendent les
revendications des travailleurs.
Cela veut dire combattre contre tous les
licenciements, et refuser les discussions engagées à l’initiative du Medef pour associer les confédérations aux plans sociaux.
Cela signifie exiger l’abrogation des ordonnances Chirac-Villepin,
du « contrat nouvelle embauche » et donc refuser la concertation
prévue à l’occasion du prochain projet de loi de ratification de ces
ordonnances.
Cela signifie aussi exiger l’abrogation du décret de
chasse aux chômeurs pris durant l’été et d’annoncer à l’avance qu’ils
boycotteront les discussions de cet automne sur l’assurance-chômage.
Cela signifie encore combattre pour le rattrapage du
pouvoir d’achat perdu depuis des années, notamment depuis le passage à l’euro
et les lois Aubry, revendiquer le blocage des prix et des loyers, combattre
pour interdire les expulsions.
Cela signifie encore dans l’enseignement appeler au
boycott des organismes de mise en place de la loi d’orientation, pour son
abrogation, rompre dans la fonction publique les discussions engagées sur le
statut, refuser à la RATP les discussions ouvertes sur la destruction du régime
particulier de retraite.
Une échéance particulière va se présenter : la
discussion du projet de budget, en octobre, à l’Assemblé
nationale. Ce projet de loi de finances va concentrer l’ensemble de la
politique gouvernement. Alors, la responsabilité des directions syndicales CGT,
FO, FSU, du PS et du PCF, c’est d’appeler dans l’unité à une manifestation
centrale et nationale rassemblant la force des travailleurs à Paris, devant et
contre l’Assemblée nationale, sur un mot d’ordre
clair : « A bas le projet de budget !».
La constitution d’un tel front uni pour combattre le
gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy permettrait de
plus réunir rapidement les conditions de la venue au pouvoir d’un autre
gouvernement, émanant de ce front, sans représentants de la bourgeoisie, dont
les travailleurs exigeraient qu’il mène une politique conforme à leurs besoins
et aspirations.
* * *
La politique
favorable aux travailleurs, aux jeunes, existe.
Garantir le
droit au travail est possible et nécessaire, par l’abaissement du temps de
travail sans flexibilité jusqu’à embauche de tous les chômeurs, et aussi par
l’embauche massive dans les secteurs socialement utiles, à commencer par la
santé, l’éducation, la construction massive de logements, etc.
Pour s’en
donner les moyens, la dette publique qui engraisse banquiers et spéculateurs
doit être déclarée nulle et non avenue tandis qu’il doit être mis fin aux flots
de dizaines de milliards de subventions directes ou indirectes au patronat, au
pillage des caisses des assurances sociales. Les groupes qui licencient doivent
être expropriés. La production doit être orientée en fonction des besoins des
masses et non plus du profit.
Cela implique
de briser la Cinquième République et d’abroger son cortège de lois
réactionnaires, de rompre avec l’Union Européenne.
Seul le pourra un gouvernement révolutionnaire, un gouvernement issu de la
mobilisation du prolétariat, c’est-à-dire l’immense majorité des travailleurs,
s’appuyant sur eux pour aller de l’avant, vers le socialisme, pour les
Etats-Unis Socialistes d’Europe.
C’est pour
cette politique, pour le front uni des organisations du mouvement ouvrier
(partis, syndicats) contre Chirac et sa « majorité », pour un
gouvernement émanant de ce front que le Cercle appelle à se regrouper et à
combattre, et pour commencer : pour la réalisation de l’unité des
organisations du mouvement ouvrier pour défaire Chirac, son gouvernement, et la
« majorité » UMP-UDF à l’Assemblée.