Déclaration du Groupe pour la construction du
parti ouvrier révolutionnaire, de l’internationale ouvrière révolutionnaire
Election présidentielle :
Battre
Sarkozy, Le Pen, Bayrou, candidats des partis
bourgeois
Quel est l’enjeu de l’élection
présidentielle ?
Du côté du Medef, du
grand capital, des licencieurs, affairistes et spéculateurs, c’est clair. Ils
ne sont pas rassasiés par les cinq ans de contre-réformes réalisées par les
gouvernements UMP-UDF de Chirac et Sarkozy, par la casse des retraites, de
l’assurance maladie, la privatisation d’EDF-GDF, les lois contre l’école et le
corps enseignant, le CNE ou les lois sécuritaires…
Ils veulent réunir les meilleures
conditions politiques pour lancer une nouvelle vague d‘attaques contre la population
laborieuse, et pour cela, porter à la tête de la 5ème république
N.Sarkozy, candidat UMP-Medef, flanqué d’une majorité
UMP-UDF. A défaut : F.Bayrou, candidat démocrate-chrétien qui a voté la
quasi-totalité des lois réactionnaires depuis 2002.
Quant à Le Pen, candidat ultra-réactionnaire
qui partage l’essentiel de leur programme et les aiguillonne, il se félicite
déjà que Sarkozy « chante les mêmes
cantiques » que lui, comme en témoigne la proposition d’inspiration pétainiste
d’un ministère de « l’identité nationale et
de l’immigration».
Le programme commun UMP-Medef est d’une brutalité féroce, en rapport avec les
difficultés réelles du capitalisme français, en perte de vitesse face à ses
principaux concurrents.
Voici ce
programme : remise en cause du droit de grève, dans le public comme dans
le privé. Nouvelle « réforme » des retraites et destruction des
régimes spéciaux. Liquidation du contrat de travail et de toute durée légale du
travail. Autonomie totale des universités (privatisation, sélection massive). Suppressions
massives de postes dans la fonction publique, nouvelles privatisations,
nouvelles lois policières, anti-immigrés, ...C’est un programme qui vise à
balayer les acquis ouvriers restants, et qui entend effacer les défaites ou
échecs subis par les gouvernements des partis bourgeois en 1986, 1995 ou sur le
CPE.
Pour le prolétariat, la
jeunesse, le premier enjeu est donc de battre Sarkozy, les candidats des partis
bourgeois, manifester ainsi leur rejet viscéral de leur programme, de la
politique menée entre 2002 et 2007.
Les
appareils syndicaux ont pavé la voie au gouvernement jusqu’aux présidentielles
L’élection
présidentielle est centrale dans la 5ème République, puisqu’elle
sert à choisir un chef d’Etat aux pouvoirs
exorbitants, d’autant qu’il est quasiment assuré depuis la réforme Jospin du
quinquennat de disposer d’une majorité parlementaire fidèle.
Or ces derniers mois,
les dirigeants syndicaux CGT, FO, FSU, ont déblayé la voie des partis bourgeois
vers cette élection en sabotant toutes les possibilités de combat contre le
gouvernement UMP-UDF, dans la continuité de ce que fut leur politique depuis
2002 et leur appel à voter Chirac.
Ainsi, à Airbus, alors
que les grèves spontanées ont mis à l’ordre du jour l’appel à la grève générale
pour le retrait du plan de suppressions de postes, dirigeants FO et CGT y
opposent les négociations sur ce plan, assorties de … demi journées de grève. Dans
l’enseignement, les dirigeants SNES et FSU ont multiplié les journées d’actions
disloquées, contre l‘aspiration des enseignants, pour défendre leur statut, à
centraliser leur combat dans une manifestation centrale au siège du pouvoir.
Plus encore, les
directions syndicales se sont toutes déclarées prêtes à s’inscrire dans la
« modernisation du dialogue social » dont Chirac rappelait
il y a peu qu’il impliquait d’en finir avec « tradition protestataire », d’aller vers un « syndicalisme d’engagement » selon
le mot du ministre Larcher. Or, la défaite du gouvernement sur le CPE a bien
montré que cet « engagement »
des appareils syndicaux est indispensable à la bourgeoisie pour faire passer
son programme réactionnaire.
Pour couronner le tout,
alors que Sarkozy dit vouloir s’en prendre au droit de grève, au contrat de
travail, aucune direction syndicale n’a pris position pour qu’il soit battu
dans ces élections. Au contraire, toutes se préparent d’avance à collaborer
avec lui s’il était élu.
A
la volonté de battre Sarkozy et les partis bourgeois, le PS oppose la
candidature Royal et son programme
Faute de parti ouvrier
révolutionnaire à influence de masse, les travailleurs n’ont d’autre
possibilité contre les partis bourgeois que d’utiliser le vote pour les
candidats des partis et organisations issus du mouvement ouvrier, PS, PCF, ou LO
et LCR. Ils le font évidemment sans
illusion.
Depuis 1981, PS a
constitué et soutenu, avec le PCF, des gouvernements d’alliance avec des
formations bourgeoises, gouvernements serviles à l’égard des intérêts capitalistes,
au détriment des masses populaires. Mais à ce passif, qui exprime la nature du
PS et du PCF, s’ajoute aujourd’hui la teneur de la campagne du PS et de sa
candidate, S.Royal.
Cette dernière, après
avoir été imposée au PS comme la « madone des sondages », multiplie
les positions réactionnaires, teintées d’un chauvinisme bleu-blanc-rouge
glaçant. La dernière en date, le « Contrat Première Chance », est un
repoussoir pour la jeunesse. Il s’agirait en effet d’une nouvelle mouture du CPE
de Villepin, livrant au patronat une main d’œuvre totalement gratuite et
précaire, soit disant pour lutter contre le chômage.
Cette proposition
concentre ce qu’est le « programme » du PS, qui prône aussi bien
l’aggravation de la « décentralisation » de Raffarin que la
« sécurité sociale professionnelle », laquelle est un instrument de destruction
des contrats de travail et des garanties collectives de la classe ouvrière.
D’ailleurs, cette dernière, impulsée par la direction de la CGT, est
aujourd’hui reprise depuis le PCF et la LCR jusqu’à l’UMP.
Ces positions du PS, de
Royal font à l’évidence le jeu des Sarkozy et Bayrou.
Quel
gouvernement, quelle politique, peuvent répondre aux aspirations et besoins
des travailleurs et de la jeunesse ?
Les travailleurs, leurs
familles sont confrontés à la baisse de leur pouvoir d’achat, à la flambée des
loyers, aux licenciements en masse, aux déremboursements des soins, aux
conséquences de la destruction progressive de l’enseignement public, du système
de santé, à la dégradation de leurs conditions de vie, de travail, d’études.
Mais aucun candidat ne remet ouvertement en cause ce qui est à la racine de
cette situation, à savoir le mode de production capitaliste.
La politique capable
d’en finir avec ces maux existe. Bien entendu, les contre-réformes accumulées
sous la 5ème république doivent être abrogées, notamment sur les
retraites, l’assurance-maladie, l’enseignement, ou la décentralisation. Le
pouvoir d’achat perdu depuis 1982 doit être rattrapé et garanti par
l’indexation des salaires et retraites sur les prix, sous contrôle syndical.
Pour en finir avec la
crise du logement, les loyers doivent être bloqués, les expulsions interdites, les
dettes des ménages populaires annulées. Les centaines de milliers de logements
vides doivent être expropriés, et un plan de construction massif mis en œuvre
sous le contrôle des travailleurs.
Mais pour assurer le
droit le plus fondamental de tous, le droit au travail, il faut procéder à la
réduction massive du temps de travail, sans flexibilité, jusqu’à embauche de
tous les chômeurs.
De plus il faut procéder
aux nécessaires embauches massives dans la fonction publique, et pour cela
dénoncer la dette publique, en finir avec les dizaines de milliards d’aides
allouées au patronat. Un gouvernement voulant assurer le droit au travail
orienterait la production et les échanges, en nationalisant pour cela le
système de crédit, non plus en fonction de la recherche du profit, mais en
fonction des besoins des masses, selon un plan rationnel élaboré sous contrôle
ouvrier.
Bien sûr, les
capitalistes et leurs idéologues diront que tout cela est impossible. Cela
confirme qu’assurer le droit au travail, aux études, à la santé exige de
s’en prendre à leurs intérêts, d’exproprier les grands groupes capitalistes.
Cette politique, il
reviendra à un gouvernement révolutionnaire de la mettre en œuvre, renversant
la 5ème République, retirant les troupes françaises qui oppriment et
occupent en Afrique, au Moyen-Orient et à Haïti, rompant avec l’Union Européenne, sur la base de la mobilisation des
travailleurs, vers les Etats-Unis Socialistes d’Europe.
Aucun candidat, ni celle
du PCF – qui ne se présente pas sous ce sigle – ni ceux de la LCR ou LO, ne
défend cette politique. Tous prônent au contraire des mesures qui, ils le
disent eux-mêmes, ne remettent pas en cause le régime capitaliste.
Battre
Sarkozy et les candidats des partis bourgeois
En l’absence d’un parti
ouvrier révolutionnaire combattant pour le socialisme, ouvriers, employés,
agents de la fonction et des entreprises publique, bref le prolétariat et la
jeunesse étudiante ne peuvent adresser leurs revendications qu’aux partis en
mesure d’exercer le pouvoir, le PS et le PCF, pour un gouvernement émanant des
seules organisations du mouvement ouvrier (partis et syndicats) dont ils
exigeraient la satisfaction de leurs revendications.
C’est pourquoi, dans ces
élections, il n’y aura d’autre possibilité que de voter :
-au premier tour pour
les candidats des partis et organisations issus du mouvement ouvrier de son choix
(PS, PCF, ou LO, LCR)
- au second tour pour le
candidat de ces organisations resté en lice (si aucun n’était présent, il
faudrait s’abstenir).
Ce n’est qu’ainsi que
les travailleurs et la jeunesse pourront manifester leur volonté de battre
Sarkozy, les partis bourgeois, leur politique.
La défaite des partis bourgeois
serait un point d’appui pour aborder les inévitables et futurs affrontements
qui se profilent, qui nécessiteront la réalisation du front unique des
organisations du mouvement ouvrier, la rupture de la concertation et du
dialogue social que pratiquent les directions syndicales CGT, FO, FSU, UNEF,
avec le pouvoir.
* * *
C’est cette orientation
que défend le Groupe pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire, de
l’internationale ouvrière révolutionnaire, qui vient de se constituer. Et il
affirme : aucun problème ne peut être résolu sans rompre avec la loi du
profit et s’engager dans la voie qui mène au socialisme.
C’est ce combat que le
Groupe appelle à soutenir et à rejoindre.
Adopté à l’unanimité
par la Conférence du Groupe, Paris, le 9 avril 2007