Éléments
pour un programme d'action
Eléments
pour un programme d’action
Des
revendications fondamentales
Assises
nationale pour le bilan des ressources et des besoins
Défense
des acquis et conquêtes sociales
Revendications
pour la défense de l'instruction publique, du droit à l'instruction.
La
jeunesse, les immigrés et d'autres catégories sociales
Contre
l'Europe des Trusts ...
Le
gouvernement de la révolution
Que
veut dire combattre pour le Front Unique Ouvrier ? Comment combattre ?
Annexe :
Introduction et présentation de 1985
La
tâche centrale de la IVème Internationale
La
direction du PCI faillit à sa tâche et renie le passé de l'OCI.
Une
politique prévue de longue date.
Remise
en cause de la construction du PCI et de la reconstruction de la IVème
Internationale
Pour
le redressement politique et organisationnel du PCI
L'année 1985 aura une Importance exceptionnelle pour la
classe ouvrière, la population laborieuse , la
jeunesse. En Mai-Juin 1981, elles ont remporté une
grande victoire politique en chassant du pouvoir les hommes politiques et les
partis de la bourgeoisie. Mais cette victoire politique, elles l'ont remportée
dans le respect de la forme de domination de classe de la bourgeoisie en place
: la Vème République et ses institutions. Cette victoire politique a laissé intact
le régime politique, l'ordre, l'état bourgeois et ses institutions. Accédant au
pouvoir, le gouvernement de "l'union de la gauche" a frustré le
prolétariat de sa victoire. Pour défendre le capitalisme en crise, rejeter les
conséquences désastreuses de cette crise sur les épaules des travailleurs, il a
défendu et s'est servi de l'état bourgeois, de ses institutions, de ses organes
tels que la Vème République les a modelés. Tous les travailleurs en ont conscience : le
maintien de la Vème République, le jeu normal de ses institutions, le suffrage universel
assureraient le retour au pouvoir en 1986 des hommes politiques et des partis
bourgeois qu'ils sont chassés
du pouvoir en 1981. Le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau
qui a succédé au gouvernement de 'l'union de la gauche" a comme fonction
de poursuivre la politique réactionnaire et anti-ouvrière de son prédécesseur
et d'assurer la transition "pacifique" vers le retour au pouvoir des
hommes politiques et des partis que la bourgeoisie considère comme ses
représentants directs.
Leur retour au pouvoir ne peut être évité si le
gouvernement Mitterrand-Fabius- Crépeau se maintient
au pouvoir et y poursuit sa politique réactionnaire. C'est une seule et même
tâche. Il faut un autre gouvernement, un gouvernement qui fasse une politique
conforme aux intérêts des exploités, qui mette en cause le régime capitaliste
en crise,
l'Etat bourgeois et ses institutions, qui s'appuie
directement sur le prolétariat. Ce gouvernement, les députés du PS. et du P.C.F. pourraient le constituer. Ils pourraient
décider que l'Assemblée Nationale est souveraine, que le Gouvernement émane
d'elle et est responsable devant elle. Mais ils poursuivent la politique qu'ils
suivent depuis 1981.
Ils ne le font pas et ne le feront pas d'eux-mêmes.
La solution ce n'est certainement pas le bulletin de
vote. Il a épuisé toutes ses possibilités dans l'immédiat. C'est la
mobilisation, l'organisation, l'action révolutionnaire des masses exploitées
utilisant leurs moyens classiques de combat: grèves, grève générale,
manifestations. La solution c'est que à un million et plus les travailleurs, la
jeunesse se portent à l'Assemblée nationale pour dicter aux députés qu'ils ont
élus en 1981, leurs volontés,
Tous le pressentent : le retour au pouvoir d'une
coalition bourgeoise en 1986 porterait un coup politique très dur à la classe
ouvrière, à la population laborieuse, à la Jeunesse.
Elle marquerait le départ d'une nouvelle offensive
réactionnaire sur tous les plans: politique, économique, sociaux. C'est
pourquoi l'année 1985 aura une Importance majeure. Les militants trotskystes
fidèles au programme de transition "l'agonie du capitalisme et les tâches
de la IVème Internationale" ne prétendent pas être un parti. Le PCI pouvait
devenir un parti ayant une influence de masse, jouant un rôle national. Sa
direction actuelle a gâché l'opportunité qui se présentait en pratiquant une
politique de couverture gauche de "l'union de la gauche". La
nécessité d'un Parti Ouvrier Révolutionnaire n'en n'est pas moins urgente. Le
combat pour le redressement politique et organisationnel du PCI ne se comprend
que comme partie de l'activité politique pour la construction d'un Parti
Ouvrier révolutionnaire. Cette politique exige que, sans plus attendre, tout
soit mis en oeuvre pour armer le prolétariat d'une politique et d'un programme
d'action répondant aux exigences de l'heure.
L'importance majeure que l'année 1985 aura pour le
prolétariat français, l'exigence que se construise un Parti ouvrier
révolutionnaire disposant d'un programme d'action situé sur la ligne "On
ne peut rien résoudre si I'on ne s'engage pas sur la voie qui mène au
socialisme", la lutte pour le redressement politique et organisationnel du
PCI, impliquent que les militants trotskystes regroupés autour du bulletin
"Combattre pour le socialisme" apportent leur contribution à l'élaboration
d un programme d'action, d'un programme de défense de la classe ouvrière, de la
population laborieuse, de la jeunesse, d'un programme de lutte pour le
socialisme.
Déjà en 1934, Léon Trotsky
écrivait : "La plus immédiate de toutes les revendications doit être
l'expropriation des capitalistes et la nationalisation (socialisation)
des moyens de production. Cette revendication est irréalisable sous la
domination de la bourgeoisie ? Evidemment. C'est pourquoi il faut conquérir
le pouvoir."
Quelque problème économique et social que l'on aborde
il n'a pas de solution en dehors de l'expropriation des capitalistes et de la
socialisation des moyens de production.
§ Est-il possible de garantir durablement le pouvoir
d'achat, et à plus forte raison de l'améliorer, de la population laborieuse
alors que le volant d'entraînement du mode de production capitaliste est un
fantastique parasitisme, dépenses d'armement et autres, alors que l'inflation
est la règle, alors que le moteur de la production est la production et la
réalisation du profit, alors que la concurrence sur les marchés européens et
mondiaux devient féroce alors que pour maintenir leurs profits les capitalistes
doivent à tous prix faire baisser la valeur de la force de travail et qu'un grand
nombre est menacé de faillite s'ils n'y parviennent pas ; en quelques mots,
alors que le régime capitalisme est en crise et qu'il roule vers l'abîme ? Non.
§ Est-il possible de garantir durablement aux chômeurs,
à tous ceux qui, par suite de la crise, ont été rejetés du cycle de la
production ou qui ne peuvent y entrer, des allocations de chômage leur
permettant de vivre dignement, en attendant d'être rapidement réintégrés ou
intégrés dans la production, de garantir le droit au travail alors qu'il y a
déjà des millions de chômeurs et que la perspective ce sont de nouveaux
millions de chômeurs, la désagrégation économique ; en quelques mots, alors que
le régime capitaliste est en crise et roule vers l'abîme ? Non.
§ Est-il possible de garantir durablement les droits
sociaux conquis et de les améliorer -sécurité sociale, droit à la santé pour
tous, aux soins gratuits, au salaire intégral en cas de maladie, aux
prestations familiales, retraites permettant de vivre et qui ne soient pas des
allocations de chômage déguisées et au rabais -alors que pour le capital, il
est urgent que pour le capital, il est urgent pour réduire la valeur de la
force de travail, de s'emparer de tout ce qui est salaires différés des
travailleurs pour maintenir et si possible augmenter ses profits, en quelques
mots, alors que le régime capitaliste en crise et qu'il roule vers l'abîme ?
Non.
§ Est-il possible d'assurer durablement aux
travailleurs agricoles un salaire, des conditions de travail, des droits et
garanties égales aux ouvriers des entreprises industrielles alors que ceux-ci
voient leurs acquis mis en cause , leur pouvoir d'achat, leurs conditions
d'existence minés par la crise du régime capitaliste et sa marche à l'abîme ?
Non.
§ Est-il possible de garantir durablement aux petits et
moyens paysans de pouvoir vivre décemment, de vendre normalement et à des prix
rémunérateurs leurs produits, alors que le pouvoir d'achat des masses
populaires diminue rapidement-, que la production est limitée pour cause de
"rentabilité", bien que des centaines de millions de femmes,
d'enfants, d'hommes soient sous-alimentés et même meurent de faim, alors que
les gros agrariens qui bénéficient déjà de la rente différentielle et de la
rente absolue asservissent avec le concours des banques les
"coopératives", que les crédits dont Ils ont besoin dépendent de ces
mêmes banques. que les cours de nombre de produits
dépendent des décisions prises à Bruxelles par les représentants des Etats
bourgeois de la C.E.E., décisions qui correspondent aux exigences du régime
capitaliste qui roule vers l'abîme ? Non.
§ Est-il possible que le droit pour tous à une
instruction rationnelle et scientifique à la culture s'applique réellement dans
un système scolaire unique sans patron, ni curé, doté des moyens nécessaires,
avec un corps enseignant pleinement formé à ses tâches pédagogiques. ayant les garanties, les moyens, la situation matérielle.
les conditions d'exercice de leur métier nécessaires de la maternelle au
primaire, au secondaire, au supérieur en passant par la formation
professionnelle et l'enseignement technique, alors que la société bourgeoise
pourrie. se décompose, qu'elle est devenue totalement
réactionnaire qu'elle ne peut offrir aucun avenir digne de ce nom à la
jeunesse, que le capitalisme est en crise et roule vers l'abîme, que c'est une
charge Insupportable et même une menace pour lui ? Non.
§ Est-il possible que la grande masse de la population
bénéficie de services publics dignes de ce nom : eau, gaz, électricité, transports
publics, postes, téléphones, télécommunications, routes, voiries, services
municipaux etc…, que les personnels de ces
entreprises aient des conditions de salaire et de travail, des garanties
d'emploi et de
carrière correctes, alors que le maître-mot
est la "rentabilité" alors que tout ce qui es "rentable"
est exploité par les grandes sociétés capitalistes, alors que des tarifs, des
conditions préférentielles leur sont concédés, alors que les services publics
doivent avoir recours à l'emprunt à des taux astronomiques, alors que ceux qui
n'obéissent pas à ces règles sont considérés par le capitalisme décadent comme
des charges inutiles et insupportables, alors que le capitalisme est en crise
et roule vers l'abîme ? Non.
§ Est-il possible que tous aient droit à un logement
convenable, sain et dans un environnement valable, en des immeubles
correctement construits, dont les installations ne soient pas vouées à une
prompte dégradation, que le logement soit un service public non soumis à la
rentabilité, contrôlé par les associations. les
comités, les syndicats de locataires, dont les loyers ne dépassent pas les
ressources des locataires, dans un régime dont la règle est la spéculation
foncière et immobilière, alors que le capitalisme est en crise et roule vers
l'abîme ? Non.
§ Est-il possible que des villes, des régions entières
retrouvent une activité économique et sociale normale alors qu'elles ont été
ruinées, désertifiées ou qu'elles sont précipitées à la ruine, à la
désertification par la décadence, la crise du régime capitaliste qui roule vers
l'abîme ? Non.
§ Est-il possible que les sciences et les techniques se
développent sans limite dans !e but de mieux maîtriser la nature en vue de
satisfaire les besoins sociaux de l'humanité, d'accroître les forces
productives, que le renouvellement des procédés de production, leur
rationalisation libère l'homme, diminue le temps de travail et non le livre à
la déqualification, le contraigne à la polyvalence, le jette au chômage et à la
misère, menace l'humanité de destruction, lorsque ces sciences et ces
techniques ont comme principal moteur l'économie d'armement, la recherche du
profit et le perfectionnement sans limite des moyens et engins de destruction,
que le régime capitaliste est en crise et roule vers l'abîme ? Non.
§ Est-il possible que la jeunesse ait foi dans l'avenir
alors que le régime capitaliste la refoule, l'opprime, la voue à la
déqualification, à l'inculture, à la militarisation, au chômage, à la misère, à
la monotone grisaille quotidienne, alors qu'il ne lui ouvre comme horizon que
la catastrophe ? Non.
Il faut organiser l'économie sur une autre base que
la propriété privée des moyens de production : celle de la propriété collective
des moyens de production et d'échange. Il faut que le moteur de la production
cesse d'être le profit particulier et devienne la satisfaction des besoins
sociaux. Il faut que l'économie fonctionne selon un plan prenant en
considération les moyens de production disponibles, les besoins à satisfaire,
un développement harmonieux des forces productives et qui, pour ce faire, doit
être élaboré et réalisé sous le contrôle des producteurs, de la population
laborieuse dans son ensemble.
Le "Programme d'action de la classe
ouvrière" "pour le Socialisme pour le gouvernement ouvrier"
élaboré par l'OCI en 1973 y insistait :
"Qu'il s'agisse de l'enseignement, du droit à
l'instruction, à la formation professionnelle, à la culture, qu'il s'agisse de
la technique, de la science, de la recherche scientifique; qu'il s'agisse du
droit au logement; qu'il s'agisse du droit à la santé et à la gratuité des
soins; qu'il s'agisse du droit aux vacances, aux loisirs, du sport, de
l'urbanisme, des conditions générales de vie; qu'il s'agisse des problèmes de
la petite paysannerie, des ouvriers agricoles, du petit commerce, de
l'artisanat; qu'il s'agisse de la satisfaction durable des revendications de la
classe ouvrière, de la jeunesse, de la progression du pouvoir d'achat, des
conditions de travail et de vie, une seule et même conclusion se dégage :
§ L'économie doit cesser de fonctionner selon les lois
du profit, il faut un plan de production qui réponde aux besoins des masses,
qui englobe l'économie nationale, qui soit élaboré et réalisé sous le contrôle
de la classe ouvrière, de ses organisations syndicales et autres.
Il faut sans indemnité ni rachat :
§ Exproprier toutes les banques, y compris les
succursales des banques étrangères et les fusionner en une banque unique;
§ Exproprier les assurances, les instituts financiers;
§ Exproprier toute l'industrie lourde, toutes les
industries de base: thermique, électrique, électronique, atomique,
hydrocarbure, acier, ciment, bâtiment, automobile,aviation,
mécanique, etc…:
§ Exproprier les grands propriétaires terriens;
§ Exproprier les gros propriétaires de terrains à
bâtir, nationaliser les terrains urbains.
Il faut :
§ Changer radicalement le caractère des
nationalisations de l'EDF-GDF, de la RATP, de la SNCF, des Charbonnages de
France, de la RNUR, etc… et notamment pour en finir
avec les sociétés mixtes, véritables à lait du capital.
EN BREF, IL EST INDISPENSABLE DE METTRE UN TERME A LA
PROPRIETE PRIVEE DES PRINCIPAUX MOYENS DE PRODUCTION ET D'ECHANGE POUR
SATISFAIRE LES BESOINS DES MASSES, POUR EVITER LA CATASTROPHE ECONOMIQUE ET
FINANCIERE QUI LENTEMENT, MAIS SUREMENT, SE PREPARE.".
Depuis le gouvernement de "l'union de la
gauche" a procédé à la "nationalisation" de neuf groupes
industriels : sept en totalité C.G.E., Thomson, Brandt, PUK, Rhône Poulenc,
Saint-Gobain, Usinor et Sacilor
; deux sont des prises de participation à 61 %, Matra et Dassault, secteurs de
l'armement. Des accords ont été conclus avec les groupes étrangers
Roussel-Uclaf, CII-Honeywell-Bull; ITT qui permettent
au gouvernement français de contrôler les secteurs français de ceux-ci.
Désormais, les entreprises du secteur public emploient quatre millions de
travailleurs, 25 % des effectifs industriels et 11 % de la population active.
Elles assurent environ le tiers du en chiffre d'affaires de l'ensemble de l'industrie
et 17% du Produit Intérieur Brut, le tiers des exportations et le quart des
importations ( en 1982). Sont concernés : les
transports, l'électricité, le gaz, les
charbonnages, l'énergie en général, l'extraction et
le traitement du minerai de fer, la sidérurgie, la transformation de l'acier,
les métaux ferreux, ma chimie de base, les fibres et les fils artificiels,
l'armement, l'aéronautique, l'électronique professionnelle, les
télécommunications. Le poids du secteur public est prépondérant dans les biens
intermédiaires, dans certaines industries durables et semi-durables. Le secteur
bancaire nationalisé reçoit 90% des dépôts et distribue 85% des crédits.
Pourtant la nature de l'économie française n'a pas changé : elle reste
capitaliste. Elle est un des chaînons les plus faibles de la chaîne
impérialiste. Elle est durement touchée par cette crise prévue dès 1973. Elle
roule ainsi que l'ensemble du mode de production capitaliste, vers la
catastrophe.
Il ne s'est pas agi d'expropriations mais de "nationalisations".
La "nationalisation" de certains secteurs comme la sidérurgie relève
purement et simplement de la "nationalisation des pertes". Pour
l'ensemble, le gouvernement de "l'union de la gauche" tentait de renouveler
l'opération de 1944-47 où la prise en charge par l'Etat de certaines branches
de la production était indispensable à la reconstruction du capitalisme
français. Il a tenté de donner une nouvelle impulsion au capitalisme français,
de lui permettre de supporter la concurrence internationale, de le revivifier.
Mais, nous ne sommes plus en 1945-47 et les années suivantes où l'impérialisme
US aidait de tous ses moyens (plan Marshall) à la reconstruction d'un système
impérialiste organiquement structuré. Au contraire, l'impérialisme US est lui-même
décadent, les antagonismes entre impérialismes deviennent de plus en plus
brutaux sur les marchés européens et mondiaux. L'opération a échoué. Elle ne
pouvait qu'échouer.
De grasses indemnités ont été versées et vont être
versées; elles ont déjà coûté des dizaines de milliards et vont encore coûter
dans les années suivantes des dizaines de milliards de dollars. Pratiquement
tout l'encadrement jusqu'aux P.D.G. des entreprises "nationalisées",
industrielles et bancaires est resté le même. Chacune de ces entreprises
fonctionne selon les normes capitalistes. Elles sont les “ vaches à lait"
du secteur privé et peuvent à tous moments être reprivatisées.
C'est le contraire de la socialisation.
Ces "nationalisations" transformées en
socialisations seraient cependant un puissant instrument entre les mains d'un
gouvernement ouvrier. Parmi les premières mesures qu'il aurait pu prendre
serait : la suppression des mille et une formes "d'aides" financières
aux entreprises capitalistes privées; l'annulation des obligations délivrées
aux anciens actionnaires des entreprises qui ont été "nationalisées".
Un tel gouvernement en utilisant cette masse de capitaux, en supprimant les 145
milliards, en supprimant les dépenses parasitaires ( budget
de police et autres), en utilisant l'arme du crédit dont disposent les banques
"nationalisées" pourrait et devrait ébaucher un premier plan de
production orienté pour satisfaire les immenses besoins populaires et résorber
le chômage.
Immédiatement le contrôle ouvrier sur la production
pourrait et devrait être instauré dans ces entreprises, dans les banques. Un
congrès des employés de banques permettrait d'établir la comptabilité de la
nation et de mettre en place, comme dans les entreprises industrielles
"nationalisées" un personnel de direction dévoué aux intérêts des
travailleurs. Dans toutes les autres entreprises le contrôle ouvrier devrait
être institué. Un congrès national des représentants de l'ensemble des
travailleurs, préparé par des assemblées dans toutes les entreprises, des
congrès locaux, départementaux et régionaux permettrait de déterminer les
ressources économiques, les besoins populaires à satisfaire, les axes et les
rythmes du développement économique, c'est-à-dire d'établir un plan de
production pleinement élaboré pour les années à venir.
Cette politique économique et sociale exige que le
gouvernement ouvrier décrète le monopole du commerce extérieur et des
mouvements de capitaux en France et par rapport aux autres pays.
C'est seulement sur cette base que peuvent être
satisfaits les multiples besoins sociaux de la population laborieuse et de la
jeunesse. Mais pour cela il faut s'engager sur
la vole du socialisme, sur la voie de la révolution
prolétarienne.
Il n'est pas question d'attendre d'on ne sait quel
miracle l'accomplissement de la révolution prolétarienne. Dès maintenant les
travailleurs ont un faisceau de revendications provenant de leur vie
quotidienne, de leurs besoins les plus immédiats et pour la satisfaction
desquelles ils sont prêts à se mobiliser et à s'engager sur la voie de la
révolution prolétarienne.
Toutes les revendications des exploités, des
opprimés, sont justifiées. Au premier plan de ces revendications sont :
- Défense du pouvoir d'achat. Récupération de celui
perdu au cours de ces dernières années. Augmentation générale des salaires,
traitements, retraites, allocations,
prestations de toutes sortes ;
- Garantie du pouvoir d'achat par l'institution d'une
véritable échelle mobile des salaires, traitements, retraites, allocations,
prestations de toutes sortes ;
- Garantie de l'emploi et de la qualification. Pas un
seul licenciement. Reconnaissance légale du droit de tous et de chacun au
travail selon ses capacités et sa qualification.
Dès 1967, l'OCI mettait en
avant :
"- Une convention nationale inter-professionnelle garantissant à tous l'emploi et la
qualification, quelle qui soit la situation économique, le travail, le repos,
les vacances, les salaires. Cette convention doit être élaborée et discutée à
l'initiative des syndicats par l'ensemble des travailleurs de toutes
corporations.
- Garanties de l'emploi, de la qualification,
garantie du pouvoir d'achat posent un problème identique quant au fond: le
contrôle par les travailleurs, sous la direction des syndicats, des prix, de
l'emploi, de l'économie.
-Semaine légale de travail de 35 heures sans baisse
de salaire, du pouvoir d'achat".
L'affirmation du programme de transition doit être
reprise :
" Ni l'inflation monétaire, ni la
stabilisation, ne peuvent servir de mot d'ordre au prolétariat car ce sont les
deux bouts d'un même bâton. Contre la chèreté de la
vie … on ne peut lutter qu'avec le mot d'ordre de l'échelle mobile des
salaires. Les contrats collectifs doivent assurer l'augmentation automatique
des salaires, corrélativement à la montée des prix des articles de
consommation.
Sous peine de se vouer lui-même à la dégénérescence,
le prolétariat ne peut tolérer la transformation d'une partie croissante des
ouvriers en chômeurs chroniques, en miséreux vivants des miettes d'une société
en décomposition. Le droit au travail est le seul droit sérieux que l'ouvrier
ait dans une société fondée sur l'exploitation. Cependant ce droit lui est
enlevé à chaque instant. Contre le chômage tant "structurel" que "conjoncturel",
il est temps de lancer, en même temps que le mot d'ordre de travaux publics,
celui d'échelle mobile des heures de travail. Les syndicats et les autres
organisations de masse doivent lier ceux qui ont du travail et ceux qui n'en
n'ont pas par des engagements mutuels de la solidarité. Le travail disponible
doit être réparti entre tous les ouvriers existants et cette répartition
détermine la longueur de la semaine de travail. Le salaire moyen de chaque
ouvrier reste le même que qu'avec l'ancienne semaine de travail. Le salaire
avec un minimum strictement assuré suit le mouvement des prix. Aucun autre
programme ne peut être accepté pour l'actuelle période de catastrophe."
En France. Il y a aujourd'hui 2.5 millions de
chômeurs officiels, plus de 3 millions en réalité, dont des milliers et des
milliers ne touchent pas la moindre indemnité de chômage, des millions de
jeunes qui ne peuvent s'intégrer à la production. Et ce n'est qu'un début. Le
chômage est un mal qui amène à la décomposition de la principale force
productive : la classe ouvrière.
La revendication de l'annulation du décret du 24
novembre 1982 concernant l'assurance-chômage, des accords signés entre les
directions des centrales syndicales et le CNPF du 9 février 1984 et de
l'ordonnance du 16 février 1984 qui fixent Ie nouveau
régime de l'assurance-chômage est urgente. En effet, ces décisions du
gouvernement de "l'union de la gauche" et ces accords ont diminué le
montant et la durée des allocations-chômage; beaucoup
ne peuvent remplir les conditions fixées pour les obtenir. Tout travailleur au
chômage, tous ceux qui peuvent prétendre occuper un emploi, entrer dans la
production, doivent avoir droit à des allocations de chômage qui permettent de
vivre dignement et les percevoir. Le régime capitaliste est responsable du
chômage et de la misère. Les capitalistes doivent payer et alimenter les
caisses d' allocations-chômage. Ce sont les représentants élus par les
travailleurs, révocables par eux, les syndicats ouvriers qui doivent gérer ces
caisses.
Prenant le relais de gouvernement UDR-RPR le
gouvernement de "l'union de la gauche" et celui qui lui a succédé ont
inventé de multiples façons de camoufler le chômage, de fournir au patronat une
main-d'oeuvre à bon marché sous le prétexte de formation professionnelle ou de
reconversion : "stages de formation alternée écoles professionnelles-
entreprises", "stages et contrats d'emploi-formation",
"stages et contrats de formation-reconversion"
que le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau veut
généraliser, "travaux d'utilité collective"(T.U.C.), généralisation
du travail à "temps partiel" qui s'ajoutent au "travail
intérimaire", aux emplois précaires, aux contrats à durée
déterminée. etc..
etc..
Il faut en finir avec ces escroqueries. La formation
professionnelle ne peut être valablement dispensée que par les écoles
professionnelles et techniques de l'enseignement public auxquelles toutes les
ressources pour ce type d'enseignement doivent être consacrées, notamment la
totalité de la taxe pour l'enseignement professionnel que versent les
entreprises, ce qui Implique la suppression des L.E.P. privé, et autres écoles
de formation professionnelle et d'enseignement technique privées, dont
notamment les Centres de Formation d'Apprentis (CFA). Ce sont les
établissements publics, sans intervention ou présence de représentants des
entreprises privées qui doivent décerner les diplômes ayant valeur nationale de
formation professionnelle et technique du C A.P. aux diplômes d'ingénieurs.
L'Etat et non le patronat,
doit prendre en charge la reconversion professionnelle des chômeurs lorsqu'elle
s'avère nécessaire, leur donner une véritable formation et non des
"notions", leur assurer leur réinsertion dans la production, cela
sous le contrôle des représentants des travailleurs, des syndicats. Les
travailleurs concernés doivent recevoir un salaire égal, pendant leur stage. à celui qu'ils touchaient lorsqu'ils exerçaient leur
profession précédente et être assurés que dans leur nouvelle profession leur
salaire seraau moins égal à celui qu'ils percevaient
dans l'exercice de leur ancienne profession. Par contre, c'est au patronat de
prendre en charge le coût de ces reconversions.
Les "mises à la retraite anticipée" qui
camouflent la mise au chômage définitive ne doivent pas exister. La retraite
anticipée ne peut être que réellement volontaire. Pour tout travailleur d'un
certain âge, il doit y avoir la garantie du maintien du salaire jusqu'à l'âge
normal de la retraite.
La garantie du pouvoir d'achat et des ressources
Implique le droit à la retraite à 60 ans certes, pour ceux qui le désirent,
mais avec garantie du maximum de ressources qu'ils auraient eu en la prenant à
65 ans. Pour défendre leur droit à l'existence, leur droit à la réinsertion
dans le cycle de la production en des conditions normales, pour qu'ils fassent
corps avec toute la classe ouvrière, les chômeurs doivent être organisés par
les syndicats ouvriers en comités de chômeurs, mais aussi rester des syndiqués
à part entière dans les syndicats de leurs anciennes entreprises ou profession.
Ce doit être également vrai pour les retraités.
Dans la lutte contre la crise, contre le chômage,
pour le droit au travail, les organisations ouvrières, les organisations
syndicales en particulier, ont un rôle décisif à jouer. Sans attendre qu'un
gouvernement ouvrier ait été porté au pouvoir qui décide d'un plan élaboré et
appliqué sous le contrôle ouvrier, lequel orientera la production en fonction
de la satisfaction des immenses besoins populaires et non plus du profit
particulier, elles ont à préparer des assises locales, départementales,
régionales, nationales contre le chômage, pour un plan de production, pour le
contrôle ouvrier. Ces assises dresseront le bilan des ressources et des
besoins, traceront les grandes lignes d'un plan de production. De ce point de
vue. des assises des employés des Institutions
financières établissant publiquement les comptes du pays ont un rôle
particulièrement Important à remplir. Ces assises diront : comment doivent
fonctionner les entreprises, les banques et établissements financiers
"nationalisés", comment les socialiser ; quelles sont les autres
entreprises qu'il faut d'urgence socialiser en expropriant les capitalistes.
Elles ne manqueront pas de revendiquer l'expropriation et la socialisation
totales du système de crédit.
De quoi s'agit-il ? En octobre 1934 la vieille C.G.T.
face à la crise. au chômage avait élaboré un
"plan de travail". Il dessinait les grandes lignes de l'élaboration
d'un plan de production. Il fut adopté en octobre 1934 par le Comité Confédéral
National. Au comité confédéral national des 18-19 mars 1935 Alexis Bardin intervenait en tant que délégué de l'U.D. de
l'Isère. Il y lisait une interventIon que L. Trotsky lui avait rédigée. Il y était écrit :
"Au capitalisme actuel, qui se survit depuis
longtemps, nous ne pouvons opposer que le socialisme. Comme propagandiste de
notre organisation syndicale, je crois exprimer l'idée de beaucoup de militants
en demandant que le Plan de rénovation économique soit dénommé : le "Plan
des mesures transitoires du capitalisme au socialisme.
Alors avant de prendre place dans le wagon, chaque
ouvrier, chaque paysan saura où va le train de la CGT.
Camarades pour l'efficacité de notre propagande,
cette précision est absolument indispensable." (Le Mouvement Communiste en France, pages 487-488 - Editions de
Minuit)
A l'intérieur des organisations syndicales CGT,
CGT-FO, FEN, ces problèmes doivent être soulevés. Pourquoi ne pas formuler les
grandes lignes d'un plan et des mesures immédiates qu'il implique ? Pourquoi ne
pas proposer à toutes les organisations ouvrières d'en discuter ? Pourquoi ne
pas mener une agitation systématique pour les assises locales, départementales,
régionales, nationales en vue de l'élaboration d'un "Plan de mesures
transitoires du capitalisme au socialisme". Les centrales syndicales ne
peuvent être neutres. La défense des "intérêts matériels et moraux"
des travailleurs l'implique et l'exige. Il faut que dans chaque entreprise,
dans chaque quartier, dans chaque département, dans chaque région,
nationalement, les ouvriers, la population laborieuse, la jeunesse en discute,
fassent un bilan des ressources et des besoins, élaborent des propositions pour
l'ensemble du pays.
Ces problèmes et la responsabilité des organisations
ouvrières, des organisations syndicales en particulier, ne doivent pas être
soulevés seulement à l'intérieur des syndicats mais devant toute la classe
ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse.
La défense du pouvoir d'achat, la lutte pour son
amélioration, pour la défense des conditions de travail et d'existence du
prolétariat. contre le chômage et les ravages de la
crise du régime capitaliste impliquent et exigent celle pour la défense et
l'amélioration de tous les acquis, toutes les conquêtes de la classe ouvrière,
de la population laborieuse et de la jeunesse, des plus minimes aux plus
importantes. Il est évident que toute la législation du gouvernement de
"l'union de la gauche" et du gouvernement qui lui a succédé, qui a
entamé les garanties centrées autour de loi des 40 heures sur les conditions
d'emploi, de qualification au nom de"l'aménagement du temps de
travail" et de "la flexibilité" doit être abrogée. Il faut donc
également annuler l'accord entre les dirigeants des centrales syndicales et la
C.N.P.F. du 17 juillet 1981 portant sur "l'aménagement du temps de
travail" qui a été le point de départ de toute cette législation.
Il faut également abroger les lois Auroux qui mettent
en cause les conventions collectives, la représentation syndicale dans
l'entreprise et sous prétexte de "droits nouveaux" des travailleurs
dans les entreprises tentent de soumettre les travailleurs aux exigences de
l'entreprise; de les associer au "perfectionnement" des conditions de
leur exploitation dans un régime en crise. Lorsque les travailleurs sentiront
la nécessité et la possibilité de constituer leurs comités d'usine, ils n'en
demanderont pas l'autorisation au patronat, ni aux lois édictées par un
gouvernement au service du capital, pas plus qu'ils ne leur demanderont
l'autorisation pour constituer leurs comités de grève. C'est par leurs comités
d'usine en relation avec le développement du contrôle ouvrier dans le pays
qu'Ils établiront le contrôle ouvrier dans les entreprises.
L'une des plus importantes conquêtes de la classe
ouvrière à été, sans aucun doute, la Sécurité Sociale.
Si imparfaite et insuffisante qu'elle ait été, au lendemain de la guerre, elle
n'en a pas moins été une gigantesque progression dans la protection sociale des
travailleurs. Elle a toujours été un objet de convoitise de la part des
gouvernements de la Vème République. Ils visent à s'emparer des ressources considérables que
représente la masse des cotisations sociales, lesquelles ne sont, qu'elles
soient versées par les salariés ou les patrons, qu'un salaire différé. Ils ont
toujours voulu réduire au minimum les prestations versées et établir une "protection
sociale à deux vitesses", supprimer les petits risques, substituer à
"l'assurance sociale" l'assurance privée, substituer au système des
cotisations celui de la budgétisation qui remettrait tout le système entre les
mains de l'Etat. Ils ont toujours cherché à en finir avec tout contrôle
syndical sur la Sécurité Sociale.
Le gouvernement de "l'union de la gauche"
et celui qui lui a succédé n'ont pas abrogé les décrets de 1960 ni les
ordonnances de 1957 dans leur ensemble. Ils doivent être abrogés. Les caisses
doivent être fusionnées en une seule. La gestion doit en être assurée
uniquement par les représentants élus et révocables des travailleurs.
Les représentants des patrons doivent en être exclus.
Les charges de régimes qui ne sont pas des régimes de travailleurs doivent être
supprimées. Les employeurs doivent supporter la charge du financement de la
Sécurité Sociale. La gratuité totale des soins doit être établie ainsi que
l'autonomie financière de la Sécurité Sociale.
Le bon fonctionnement de la Sécurité sociale exige un
personnel nombreux et de qualité dont les droits et garanties soient assurés et
dont les salaires soient satisfaisants.
La défense de la Sécurité Sociale et son amélioration
exigent de lutter pour la constitution d'un véritable service de la santé
publique. Ce qui implique l'abrogation de la réforme hospitalière de janvier
1984, la socialisation de tout ce qui concerne la santé.
Les dépenses des établissements de santé ne doivent dépendre
que des exigences des soins à donner aux malades ainsi que leur fonctionnement,
leur contrôle étant réalisé par les caisses de Sécurité Sociale.
L'on ne peut aboutir à un véritable service de santé
nationale sans l'expropriation des Trusts pharmaceutiques et d'appareillages
médicaux.
Les revendications des travailleurs ne sauraient être
exposées a priori ainsi qu'un catalogue. Il appartient aux organisations
syndicales d'agir de telle sorte que les travailleurs se réunissent sous leur
responsabilité et leur direction pour décider dans l'unité et déterminer
ensemble leurs revendications et les moyens de les faire aboutir. La démocratie
syndicale et ouvrière est te ciment de l'unité et de l'efficacité.
Il est des questions vitales pour la classe ouvrière,
la population laborieuse, la jeunesse qui se posent à l'évidence. Parmi elles,
celle de l'enseignement est décisive.
"Après le pain, l'instruction est le premier
besoin du peuple", disait Danton. Toute grande poussée en avant de la classe
ouvrière s'est toujours traduite par de nouvelles avancées en ce qui concerne
l'instruction, l'enseignement. Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, par peur d'être submergé par la vague révolutionnaire, la
bourgeoisie et ses gouvernements ont dû faire des concessions considérables à
la population laborieuse et à la jeunesse dont la sécurité sociale et
l'instruction, l'enseignement. La bourgeoisie et ses gouvernements ont dû
institutionnaliser la formation professionnelle, constituer un réseau de
collège d'enseignement technique. Ils ont dû accepter que l'enseignement
secondaire soit ouvert à tous et gratuit. Ultérieurement, les Universités, les
écoles techniques et d'ingénieurs et même les grandes écoles ont dû entrouvrir
leurs portes à la jeunesse de la population laborieuse (
entrouvrir seulement) et leur recrutement devenir plus populaire ( les
fils et filles d'ouvriers restaient tout de même l'exception). Le nombre des
enseignants à tous les niveaux s'est considérablement accru. L'une des marques
de la décadence de la société bourgeoisie est que : l'extension de
l'instruction, de l'enseignement, de la culture, des établissements publics
d'enseignement, du nombre d'enseignants publics formés et capables lui est
devenue insupportable.
Dès les années 1950, la IVème République a
favorisé le développement de l'enseignement privé, principalement catholique.
La loi Marie du 21 septembre 1951 a étendu l'attribution des bourses d'Etat à
l'enseignement privé. La loi Barrangé du 28 septembre
1951 a accordé aux familles une allocation forfaitaire pour tout enfant
scolarisé, versée aux écoles qu'elles soient publiques ou privées. La grande
offensive contre l'école publique et l'enseignement public, la formation des
enseignants et les enseignants eux-mêmes de l'enseignement public, a commencé à
l'avènement de la Vème République. Il est impossible de retracer ici les différents moments de
l'offensive contre l'enseignement public et l'instruction en général des
enfants de la population laborieuse, de la jeunesse populaire, contre leur
droit à la connaissance et à la culture. La loi Debré du 31 décembre 1959
proclame : "la liberté de l'enseignement et en garantit l'exercice aux
établissements privés régulièrement ouverts". D'autre part, elle déclare
que l'Etat: "prend toutes les dispositions utiles pour assurer aux élèves
de l'enseignement public, la liberté des cultes et de l'instruction
religieuse". Elle établit :
§ le contrat simple : prise en charge par l'Etat des
salaires des maîtres des classes agréées, plus la moitié des charges ( la totalité à partir de 1974 pour les écoles primaires)
une grande liberté étant laissée aux établissements.
§ Le contrat d'association : prise en charge par l'Etat
de la totalité des salaires des enseignants, plus l'allocation pour frais de
fonctionnement, l'établissement devant se conformer aux règles et programmes de
l'enseignement public.
La Loi Guermeur du 25
novembre 1977 introduit la parité de carrière (aux enseignants ayant satisfait
aux conditions de recrutement de l'enseignement public) et de moyens financiers
entre l'enseignement public et les établissements privés sous "contrat
d'association". Les établissements privés conservent "leur caractère
propre", en particulier le recrutement des enseignants est laissé au chef
d'établissement.
L'enseignement catholique représente 98% de
l'enseignement privé et regroupe 2 millions d'élèves.
En même temps, l'enseignement public est saboté,
dénaturé. Les "réformes" vont se multiplier : Fouchet, Faure,
Guichard, Fontanet, Haby, Beullac, Saunie-Saïté. Des
collèges d'enseignement secondaire sont créés. Ils sont réservés au cycle court
et ont trois niveaux d'études. Les Collèges d'enseignement techniques sont
transformés en
Lycées d'enseignement professionnel. Les LEP publics
voient se dresser devant eux les LEP privés et les Centres de Formation
d'Apprentis sous contrôle patronal. Les premiers perçoivent environ 30% de la
taxe d'apprentissage, les seconds 25%, les troisième 36%.
Ce qui fait que par élève les LEP publics recevaient
en 1983 247F par mois, les LEP publics 806F, les CFA 1966F. Les CAP, les BEP,
les diplômes nationaux dans les écoles professionnelles et techniques devraient
être supprimés à brève échéance. Les programmes dans le primaire, le secondaire
sont bouleversés. Il ne s'agit plus d'instruire mais "d'éduquer".
Progressivement, les écoles normales ont été liquidées, leur enseignement
préparant à la fonction d'instituteur saboté. Elles sont sur le point de
disparaître. On sait ce qu'il en est des Universités.
Les dispositions prises par le Gouvernement de
"l'union de la gauche" et le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau
qui lui a succédé, que ce soit par rapport à la maternelle, au primaire, au
secondaire, à l'enseignement professionnel et technique, au supérieur vont
toutes dans le même sens : confirmation des crédits et du soutien à
l'enseignement privé catholique et patronal; "adaptation de l'école à la
vie", c'est-à-dire subordination de l'enseignement aux exigences du
capital en crise et qui roule vers l'abîme; dislocation de l'enseignement par
sa soumission à la régionalisation-décentralisation,
tant en ce qui concerne l'enseignement lui-même que les diplômes.
Le sort de l'instruction, de l'enseignement public
est intimement lié, qu'on le veuille ou non, au régime économique et social.
Dans le cadre du régime capitaliste, l'instruction, l'enseignement public ne
pourront jamais revenir à ce qu'ils étaient, devenir
ce qu'ils doivent être. Inéluctablement, si ce régime se maintient "l'avenir"
dans ce domaine est à la réaction cléricale et patronale, "l'avenir",
c'est la dislocation, la décomposition, la liquidation de l'enseignement
public.
Ce n'est pas à dire que des revendications précises
ne doivent pas être formulées et le combat engagé pour les arracher, ce n'est
pas à dire que tout ce qui subsiste des acquis ne doit pas être défendu pieds à
pieds. Mais toute lutte conséquente pour des revendications importantes, pour
la défense des acquis posera la question du régime, la question du pouvoir.
Il faut reprendre les revendications mise en avant
par "Le programme d'action de la classe ouvrière" "Pour le
socialisme, pour le gouvernement ouvrier" élaboré en 1973 par
l'OCI :
"Les masses ne peuvent tolérer :
§ La destruction progressive de cette liberté
élémentaire qu'est le droit à l'enseignement;
§ Que des centaines de milliards soient dispensés par l'Etat
aux écoles libres, c'est-à-dire à l'Église pour l'essentiel et au patronat;
§ Que soit remise en cause la laïcité de l'enseignement
et les curés et les patrons réintroduits à l'intérieur de l'école publique;
§ Que, par ce biais, la séparation de l'église et de
l'Etat soit battue en brèche
Défendre le droit à l'instruction, la laïcité,
chasser les curés et les patrons des écoles exige :
§ L'expropriation des écoles libres sans indemnité, ni
rachat;
§ Un enseignement qui réponde aux besoins des masses et
diffuse la culture;
§ L'abrogation des "réformes" de
l'enseignement introduites par la Vème République et des
différentes mesures d'application dont le "numérus
clausus" en médecine n'est pas la moindre;
§ La rénovation de l'enseignement placée sous le
contrôle des syndicats d'enseignants, des syndicats ouvriers, des parents
d'élèves, des élèves;
§ L'abrogation des lois de la Vème République
confiant la formation professionnelle au patronat, y compris la loi de juillet
1971 et celles qui ont suivi;
§ La nationalisation de la formation professionnelle
placée sous le contrôle des syndicats ouvriers."
Il faut combattre pour le maintien de l'unité de
l'enseignement public, contre sa "régionalisation-dëcentralisation",
pour le maintien des diplômes nationaux.
Il faut combattre pour une formation véritable des
enseignants, la défense du métier d'enseignant, des acquis des enseignants,
défendre et établir les conditions dont ils ont besoin pour enseigner.
Il faut reprendre la revendication de pas plus de 25
élèves par classe.
Il faut exiger l'augmentation des crédits budgétaires
consacrés à l'enseignement, des moyens matériels mis à sa disposition, du
nombre des établissements d'enseignement, du
nombre et de la qualité des enseignants, etc…
La jeunesse, plus qu'aucune catégorie, est menacée
par la crise du régime capitaliste et sa marche à l'abîme. Tout la concerne :
le pouvoir d'achat, le droit au travail, à un emploi qualifié et stable, le
droit à l'instruction, à la culture, le droit au logement, les acquis sociaux, etc..., etc ...
Le jeunesse en a assez d'être encasernée sous la férule
du corps réactionnaire des officiers. Elle réclame la réduction à 6 mois du
service militaire. Même cela ne peut lui convenir vraiment. Elle ne refuse pas
l'apprentissage du maniement des armes des plus classiques aux plus modernes.
Elle refuse le cadre, l'existence même de l'armée bourgeoise, l'existence de la
caste des officiers. Plus que toute autre catégorie, elle revendique une armée
ouvrière et paysanne, la milice ouvrière et paysanne dont les officiers sont
élus en fonction de leur qualification, organisée territorialement et disposant
de son armement.
Cependant, dès aujourd'hui, elle revendique : le
droit d'organisations syndicales et politiques à l'armée, le droit d'avoir ses
délégués, ses comités à l'armée, en relation avec les organisations ouvrières
syndicales et politiques.
Elle revendique évidemment :
§ Les droits, garanties, libertés : au CES, au lycée,
au LEP, au CFA, dans l'enseignement technique, les grandes écoles, à
l'Université
§ le droit à l'enseignement de la maternelle à
l'université ; le droit à la formation professionnelle; la garantie des
débouchés, le droit au travail ;
§ le droit de gérer les foyers de jeunes travailleurs,
les maisons de jeunes.
Et bien d'autres domaines.
Les revendications des travailleurs immigrés sont à
la vérité fort simples. Elles peuvent se résumer en une seule phrase - mêmes droits,
mêmes garanties, égalité, non seulement de droit, mais de fait avec les
travailleurs de souche française, cela sur tous les plans économiques, sociaux
et politiques.
Ils veulent devenir des travailleurs et des citoyens,
vivant en France, à part entière. Mais justement en raison de la ségrégation
raciale, sociale et politique dont ils sont victimes, ils n'en ont pas moins
des revendications propres, comme toute catégorie surexploitée et
particulièrement opprimée en a : la régularisation de leurs papiers, la
possibilité de faire venir leur famille , les
conditions de logement, l'égalité de salaire, de droits sociaux, l'instruction
pour leurs enfants, les droits politiques, etc. etc..
Ils sont donc dans la nécessité de constituer leurs
organisations spécifiques propres en mêmes temps qu'ils participent aux
organisations ouvrières du pays, syndicales et politiques ou autres.
La question de logement est une des questions
brûlantes qui se posent à la population laborieuse, à la jeunesse, aux
immigrés. Outre l'expropriation des terrains à bâtir, des trusts du ciment et
de la construction immobilière, un office national du logement doit être
institué et placé sous le contrôle des locataires et de leurs syndicats. Le
logement doit être considéré ainsi qu'un service public n'obéissant pas aux
lois de la rentabilité. En attendant, le moratoire des loyers doit être décrété
pour les locataires les plus défavorisés. Les loyers doivent être établis en
fonction de l'amortissement des immeubles et installations. La propriété
immobilière des immeubles locatifs doit être supprimée.
" Pour que les vacances, les loisirs cessent
d'être la poule aux oeufs d'or des sociétés privées, qui éliminent les plus
pauvres, un office national placé sous contrôle ouvrier doit être constitué. Il
en est de même du sport, de l'urbanisme, des conditions générales de vie, etc…
Pour que la petite paysannerie se libère du joug des
banques, du grand capital, des gros propriétaires agrairiens :
§ elle doit être en mesure de constituer sous son contrôle
des coopératives de différents types ( de matériel
agricole, de production, de vente, etc…);
§ bénéficier de crédits à bon
marché.
Pour que les travailleurs agricoles cessent d'être
des parias :
§ il leur faut un statut qui leur garantisse : salaires,
durée du travail, vacances, sécurité de l'emploi, Sécurité Sociale, retraites,
conditions de travail, conditions de vie.
Des problèmes de même nature se posent pour le petit
commerce et l'artisanat placés sous la coupe des banques, des grandes sociétés,
écrasés par les grandes chaînes des grands magasins de sigles multiples, ne
bénéficiant pas, ou presque pas, de droits sociaux."
Les revendications qui viennent d'être énumérées ne
sont pas limitatives des revendications qui peuvent et doivent dresser la
classe ouvrière, la population laborieuse des villes et des campagnes, la
jeunesse. Les femmes travailleuses, en particulier, ont des besoins et des
revendications propres à faire valoir.
“ Le programme d'action de la classe ouvrière"
"Pour le socialisme, pour le gouvernement ouvrier" affirmait en 1973
:
"QUEL GOUVERNEMENT PEUT LES SATISFAIRE ?
La simple énumération de ces revendications qui n'est
encore que partielle démontre que les revendications élémentaires et
fondamentales du prolétariat, de la jeunesse, des masses laborieuses, sont
incompatibles avec la survie du régime capitaliste en putréfaction. Le capital,
son Etat, ses gouvernements, peuvent être contraints de reculer, d'accorder des
concessions, des succès peuvent être remportés. Le capital, son Etat, son
gouvernement, ruseront et manoeuvreront. Ils reprendront ce qu'ils ont cédé. Il
est impossible qu'ils satisfassent durablement les revendications, qu'ils
respectent les libertés démocratiques, qu'ils respectent les conquêtes de la
classe ouvrière, de la jeunesse, des masses, les droits et garanties arrachées
par le prolétariat.
Ces lignes écrites par Marx annoncent les temps
actuels :
"Si la classe ouvrière lâchait pied dans son
conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement de la
possibilité d'entreprendre tel ou tel mouvement de grande envergure. En même
temps, et tout à fait en dehors de l'asservissement général qu'implique le
régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de
cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les
effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le
mouvement descendant mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que
des palliatifs, mais guérir le mal…"
Marx conclut :
"Les syndicats agissent utilement en tant que
centre de résistance aux empiètements du capital. Ils manquent en partie leur
but dès qu'ils font un emploi peu judicieux de leur puissance. Ils manquent
entièrement leur but dès qu'ils se bornent à une guerre d'escarmouches contre
les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps
à sa transformation et de se servir de leur force
organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe des
travailleurs, c'est-à-dire pour l'abolition du salariat."
Elles concernent tout aussi bien les organisations
politiques."
Depuis il y a eu la défaite électorale des partis et
hommes politiques bourgeois de 1981, l'élection de François Mitterrand à la
présidence de la République et d'une majorité de députés du PS et du PCF à
l'Assemblée Nationale. Se situant sur le terrain de la défense de la société
bourgeoise, du capitalisme français en particulier, du système capitaliste dans
son ensemble, ils ont contenu la classe ouvrière. Le gouvernement de
"l'union de la gauche" a déclenché une offensive sans précédent
depuis la fin de la guerre contre la classe ouvrière, la population laborieuse,
la jeunesse. Ils se sont servis et ont servi les institutions de la Vème République qu'ils condamnaient hier comme antidémocratique.
Il faut y insister : c'est parce qu'ils défendent la
société bourgeoise, son Etat, qu'ils se sont servis de la Vème République et de ses
institutions et qu'ils les ont servies.
Demain, si sous l'action révolutionnaire du
prolétariat, la Vème République s'effondrait, ses institutions se disloquaient, dans la
mesure où ils ne rompraient pas avec la bourgeoisie, ils redeviendraient de
fervents "démocrates". Ils seraient alors les fervents partisans de
la renaissance du parlementarisme bourgeois et tenteraient de le faire renaître
de ses cendres. Ils ne cesseraient pas pour autant de tenter de rejeter les
tragiques conséquences de la crise du régime capitaliste sur le dos des masses
exploitées et opprimées.
L'effondrement de la Vème République, de ses
institutions, porterait un coup très dur à I'Etat
bourgeois à ses organismes. Il ne signifierait pas sa liquidation, la
destruction de ses corps constitués sa police, son armée et son corps des
officiers, sa justice, sa haute administration. Il ne signifierait pas que la
bourgeoisie, sa puissance économique et financière, ses racines profondes, son
organisation cesseraient d'exister. Derrière la façade "démocratique"
du parlementarisme, l'Etat bourgeois se reconstruirait, la bourgeoisie
rassemblerait sa force politique. Les exemples de ce genre d'opération sont
multiples, non seulement en France, mais dans le monde.
Non, il ne s'agit pas d' opposer
au bonapartisme bâtard actuel, à la Vème
République et ses institutions on ne
sait quelle "ligne de la démocratie" qui permettrait, en cas
d'offensive révolutionnaire du prolétariat, de dresser et d'utiliser le
"parlementarisme" comme ligne de défense de la société bourgeoise, de
son Etat, de sa domination de classe. Il s'agit de combattre pour un
gouvernement ouvrier, un gouvernement sans représentant des organisations et
partis bourgeois. Un gouvernement qui satisfasse les revendications de la
classe ouvrière, de la population laborieuse, de la jeunesse, un gouvernement
qui commence à exproprier le capital et à organiser la production selon un plan
élaboré et appliqué sous le contrôle de la classe ouvrière, de ceux qui
produisent et qui satisfasse aux immenses besoins des masses populaires.
Ici aussi il faut reprendre le "programme
d'action de la classe ouvrière" "pour le socialisme
, pour le gouvernement ouvrier" que l'OCI
a élaboré en 1973:
"QUEL GOUVERNEMENT PEUT EXPROPRIER LE CAPITAL
? UN GOUVERNEMENT OUVRIER !
Un gouvernement qui, non seulement ne comprendrait
pas de ministre représentant des partis et des intérêts bourgeois, mais qui
s'appuierait directement sur le prolétariat.
Il faut dissoudre, détruire les grands corps de cet
"Etat qui depuis mille ans s'est constitué, agrandi, fortifié". La
réalisation du Front unique des organisations ouvrières atteint toute son
amplitude, toute sa portée, lorsqu'il appelle la classe ouvrière, la jeunesse,
les masses exploitées, à constituer leurs organismes politiques de clase. La
plus haute expression du Front unique ouvrier, de l'organisation, de la
mobilisation, de la centralisation du prolétariat, ce sont les comités ouvriers
formés dans les usines, les chantiers, les bureaux, fédérés localement,
régionalement, nationalement, au sein desquels les syndicats et partis de la
classe ouvrière ont toute leur place, peuvent jouer pleinement leur rôle. Eux
seuls dresseront, face à l'organisation et à la force centralisée de la
bourgeoisie - ses institutions politiques, ses corps, son Etat - l'organisation
et la force centralisée du prolétariat.
Contre le pouvoir, l'Etat bourgeois, ses corps
constitués, ses institutions, un gouvernement ouvrier s'appuiera sur les
partis, sur les syndicats, sur les comités que le prolétariat formera dans sa
lutte. Il brisera le pouvoir de la bourgeoisie, érigera le prolétariat en
classe dominante, constituera le pouvoir ouvrier.
A nouveau, les soviets, les conseils ouvriers, ont
surgi du combat révolutionnaire du prolétariat, en Bolivie, en Pologne. Ils
surgiront en France dans et pour le combat, ils seront la forme embryonnaire du
pouvoir ouvrier.
Le gouvernement ouvrier détruira l'Etat bourgeois
avec ses prébendes, ses hauts fonctionnaires, ses policiers, ses officiers, ses
députés, ses ministres, son président, grassement rétribués et jouissant
d'innombrables privilèges, son énorme gaspillage qui coûte des milliards et des
milliards. Il lui substituera l'Etat à bon marché, surgi d'un prolétariat
organisé en classe, où toutes les fonctions sont éligibles, où tout élu est
révocable à tout instant, où aucune fonction n'est rétribuée à un salaire
supérieur à celui d'un ouvrier qualifié."
A la Vème République et ses institutions Il faut opposer la République Ouvrière et
Socialiste et les institutions qui la constitueront.
Dans cette perspective il Importe de combattre
inconditionnellement contre la Vème République et ses institutions, pour la défense des libertés
démocratiques acquises et
leur élargissement, pour de nouvelles libertés démocratiques.
" La classe ouvrière, la jeunesse, les masses
laborieuses, ont combattu et combattront pour défendre et étendre les
libertés démocratiques.
Elles n'acceptent pas :
§ la constitution gaulliste;
§ la concentration du pouvoir entre les mains du
Président de la République.
Elles ne s'accommodent pas :
§ de la frauduleuse loi électorale, et, tant que
subsiste le parlement, elles exigent que les députés soient élus à la
proportionnelle.
Elles exigent :
§ l'abrogation de toutes les lois, décrets, dispositions
anti-démocratiques prises avant et après la proclamation de la Vème République.
Ces quelques revendications démocratiques nécessitent
la mobilisation, l'organisation, l'action des masses. Les cadres et les
institutions de la Vème République devront être brisés
pour que les revendications soient satisfaites."
Elles exigent :
§ que toutes les mesures et décrets pris, toutes les
lois votées depuis l'institution de la Vème République, dont les
mesures, décrets, lois pris ou fait voter par le gouvernementde
"l'union de la gauche" et son successeur qui vont dans le sens et
établissent la régionalisation-décentralisation
soient abrogés.
La régionalisation-décentralisation
a été conçue par De Gaulle en vue de réaliser le corporatisme en France. En
1969, De Gaulle s'efforçait d'obtenir les moyens de mettre en place la régionalisation-décentralisation. Les centrales syndicales,
ainsi que toutes les organisations ouvrières, ont appelé à répondre non au
projet corporatiste impliquant la régionalisation. Par la régionalisation, il
s'agit d'adapter l'organisation politique et administrative de la France aux
besoins économiques du capitalisme en crise. La régionalisation assure
l'inégalité de développement. Elle inclut les "pôles de
reconversion", la désertification de régions entières.
Au niveau local, régional, les organisations
ouvrières, syndicales notamment, doivent être associées et intégrées, soumises
à la vie économique, sociale et politique de la région et, par là même,
dénaturées. Leur unité comme organisation et représentation de la classe
ouvrière française dans son ensemble doit être disloquée pour en faire des
organisations locales et régionales. Le statut national des fonctionnaires,
l'enseignement, la sécurité sociale, la santé, les avantages acquis, etc., doivent être disloques et adaptés à la régionalisation-décentralisation.
Par contre, l'Etat gardera les moyens réels du
pouvoir centralisé : armée, police, justice, haute administration, corps
préfectoral (commissaires de la République), budget, etc..
Elles exigent : "
§ dissolution des milices patronales, chez Renault,
Simca, Citroën, ailleurs;
§ "l'ordre à l'usine" doit être assuré par
les travailleurs eux-mêmes;
§ plus de préfets, dissolution des polices d'Etat, des
CRS, des corps de gendarmerie,
dissolution des organismes de défense en surface;
§ auto-administration des communes, élections à toutes les fonctions
d'autorité, milices populaires pour assurer les fonctions de police, élection
des juges et des
magistrats;
§ droits syndicaux, politiques, d'organisation à
l'armée;
§ délégués de soldats élus démocratiquement par les
soldats, droits des soldats appliqués sous le contrôle des syndicats,
abrogation de la loi sur le Service national;
§ six mois de service qui permettent à la jeunesse
travailleuse et des écoles d'apprendre à manier les armes;
§ vers la suppression de l'armée permanente, vers les
milices;
Ces revendications démocratiques sont contradictoires
avec le maintien de "l'Etat millénaire", de ses organismes, ses
institutions politiques, ses corps constitués.
Elles ne peuvent être obtenues, imposées, qu'en
faisant éclater cet Etat et par un gouvernement qui ferait appel aux masses,
qui s'appuierait sur les masses, qui les appelleraient à former leurs propres
organismes politiques, à les fédérer à tous les niveaux de la localité jusqu'au
niveau national.
Rien ne sera solidement et durablement acquis aussi
longtemps que le capital contrôlera l'économie et le pouvoir politique."
"La lutte du prolétariat français pour son
émancipation est inséparable de celle du prolétariat international.
La classe ouvrière française, la jeunesse, les masses
exploitées françaises occupent un secteur du front de la lutte des classes
mondiales."
Elles sont solidaires de tous les combats, de toutes
les luttes, de tous les mouvements révolutionnaires que les prolétariats des
différents pays engagent pour leur émancipation, pour le socialisme. Contre
l'impérialisme, elles soutiennent inconditionnellement les luttes pour leur
indépendance politique et économique des peuples des pays semi-coloniaux,
que ce soit en Amérique Latine, en Asie, en Afrique ou ailleurs. Il est
impossible d'énumérer celles-ci ici. Mais il faut insister au moment actuel sur
le soutien inconditionnel à apporter aux peuples du Nicaragua, du Salvador,
d'Amérique centrale contre l'impérialisme US. Il faut également dénoncer la
dictature financière et économique que le Fonds Monétaire International, de
multiples organismes, les banques exercent sur les peuples semi-coloniaux,
les pays "endettés" en raison de leur exploitation par
l'impérialisme. Ils imposent à ces peuples des "accords" sur le
règlement des intérêts de "leurs dettes" qui impliquent des
conditions léonines, une exploitation éhontée.
La classe ouvrière française, la jeunesse, les masses
exploitées apportent leur soutien le plus total aux prolétariats et aux peuples
des pays où le capital a été exproprié mais où le prolétariat n'exerce pas le
pouvoir politique qui est monopolisé par des bureaucraties parasitaires et
contre-révolutionnaires : en U.R.S.S., dans les pays de l'Europe de l'est, en
Yougoslavie, en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam. au
Cambodge. au Laos, à Cuba. L'expropriation du capital
ne suffit pas. Le socialisme ne peut se construire que si le prolétariat
détient, exerce le pouvoir politique, que si l'indépendance et les droits
nationaux des peuples sont respectés. Or ces bureaucraties tiennent leurs
privilèges de ce qu'elles monopolisent le pouvoir politique; le prolétariat et
la population laborieuse n'ont aucun droit d'organisation, ne jouissent
d'aucune liberté politique fondamentale. Ils sont exploités et les peuples sont
opprimés. Les combats, les luttes, les mouvements révolutionnaires des
prolétariats, de la jeunesse, de la population laborieuse, des peuples de ces
pays font partie de ceux du prolétariat mondial pour le socialisme.
C'est notamment le cas du combat que la classe
ouvrière, la jeunesse, la population laborieuse, le peuple de Pologne mènent en
avant-garde de deux de l'Europe de l'Est et de l'URSS, contre la bureaucratie
polonaise et celle du Kremlin.
Le prolétariat français, la jeunesse sont d'abord et
avant tout solidaires des peuples que l'impérialisme français exploite et
opprime directement ou indirectement. Ils sont inconditionnellement pour leur
indépendance de droit mais pas seulement, effective, réelle. Ils se dressent
contre toutes les entreprises économiques, politiques et militaires de
l'impérialisme français qui tendent au maintien de l'exploitation et de
l'oppression de ces peuples, de la population laborieuse de ces pays, que ce
soit directement ou par la médiation de bourgeoisies compradores, de clientèles
militaires ou autres, ayant établi des régimes politiques plus ou moins
dictatoriaux. Ils soutiennent le droit de ces peuples à exproprier purement et
simplement le capital français et les intérêts de l'impérialisme français.
Ils se dressent contre toute intervention militaire
de l'impérialisme français en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. aux Antilles, dans le Pacifique pour la défense de. "ses" intérêts ou ceux du système Impérialiste dans son
ensemble. Ils exigent le retrait de toutes les troupes de l'impérialisme
français, la suppression de toutes ses bases militaires, de toute administration,
de toutes les forces de "l'ordre" françaises dans les pays semi-coloniaux, l'annulation des "accords" qui
ont été conclus en vue de leur établissement ou de leur maintien ou du soutien
des bourgeoisies compradores et des cliques militaires à la solde de
l'impérialisme français en particulier et du système Impérialiste en général.
Sont à comprendre dans ces cas : la présence française, civile et militaire en
Afrique, au Liban, dans les TOM-DOM et, notamment, en Nouvelle-Calédonie.
La présence militaire française en République
Fédérale allemande, à Berlin-Ouest constitue un cas particulier qui s'insère
dans le dispositif politico-militaire mis en place par l'impérialisme à la
suite de la division de l'Allemagne et de l'Europe en deux. Contre l'impérialisme
et le Kremlin, pour l'unité inconditionnelle de l'Allemagne, contre sa
division, pour le droit inconditionnel du peuple allemand à l'unité et à la
souveraineté nationales: retrait de toutes les troupes d'occupation, retrait
immédiat de toutes les troupes françaises, démantèlement de toutes les bases
françaises en Allemagne, dénonciation de tous les accords et traités y
afférents.
"Les gouvernements de l'Europe et du monde
sont pleinement conscients de l'ébranlement révolutionnaire qui résulterait en
Europe et dans le monde de la venue au pouvoir en France d'un gouvernement
ouvrier. Le gouvernement ouvrier devra :
Premièrement, prendre des mesures immédiates de
défense de l'économie désormais contrôlée par la classe ouvrière : interdiction
de la libre-circulation des capitaux; gel de tous les
avoirs étrangers en France, monopole d'Etat du commerce extérieur.
Deuxièmement, dénoncer les traités de Rome instituant
la CEE, complétés par les accords qui introduisent l'Angleterre et les pays de
l'Europe du Nord au sein du Marché commun, qui imposent la libre-circulation
des marchandises et des capitaux à l'intérieur des frontières qu'ils
définissent. Ils sont incompatibles avec l'expropriation du capital, la
planification en fonction des besoins des masses et sous contrôle ouvrier. Ils
livreraient l'économie française à toutes les fluctuations sur le marché
mondial, à la concurrence capitaliste. Le gouvernement ouvrier devra les
dénoncer.
Mais le gouvernement ouvrier ne peut renoncer aux
échanges internationaux, à la division internationale du travail. Il négociera
des accords commerciaux avec les gouvernements capitalistes autant que ceux-ci
le voudront. Il offrira aux gouvernements de l'URSS, des pays de l'Europe de
l'Est, de la Chine, de Cuba, de multiplier les rapports économiques sur les
bases que devraient permettre la nature des rapports sociaux de production de
ces pays.
Cependant la venue au pouvoir d'un gouvernement
ouvrier en France ébranlera l'Europe entière.
L'expropriation du capital en France, la
planification selon les besoins des masses, sous contrôle ouvrier, prendront
leur totale efficacité lorsqu'elles s'intégreront à l'expropriation du capital
dans les autres pays, à la réalisation du contrôle ouvrier à l'ouest et à l'est
de l'Europe, à la prise du pouvoir par des gouvernements ouvriers et paysans.
La perspective économique qui doit orienter toute la
démarche du gouvernement ouvrier est d'opposer à l'Europe des trusts, du
capital, à l'Europe divisée, à l'Europe coupée en deux, à la coupure du plus
puissant prolétariat de la plus puissante économie d'Europe - l'Allemagne -,
celle des Etats-Unis Socialistes d'Europe."
"Le gouvernement ouvrier, c'est le
gouvernement de la révolution prolétarienne, c'est le gouvernement qui ouvre la
voie au socialisme.
Il publiera tous les traités. Il renoncera à la
diplomatie secrète. Il dénoncera les traités et accords impérialistes ou
contre-révolutionnaires, à commencer par le Pacte atlantique.
Il renoncera aux restes de l'empire colonial : les
DOM, les TOM. Il dénoncera "l'hypocrisie des accords de coopération"
conclu entre les gouvernements de la bourgeoisie française et les gouvernements
croupion de son ancien empire, accords qui arrosent et soutiennent des
potentats dictatoriaux, des administrations véreuses et corrompues, en échange
de quoi le grand capital français continue à s'approprier les immenses
richesses de ces pays, "à faire suer le burnous"."
Tels sont les éléments pour "un programme
d'action de la classe ouvrière" "Pour le socialisme, pour le
gouvernement ouvrier" que "le comité pour le redressement politique
et organisationnel du PCI" soumet aux militants du
PCI et aux militants des organisations ouvrières, aux travailleurs et à la
jeunesse.
Ce ne sont que des éléments forcément incomplets et
insuffisants. Ce n'est pas un programme d'action à prendre ou à rejeter en bloc.
Ces éléments de programme d'action reprennent des parties entières de
programmes d'action que l'OCI a élaborés au cours des
décennies précédentes, dont principalement le programme élaboré en 1973. Leur
méthode est celle du programme de transition "l'agonie du capitalisme et
les tâches de la IVème Internationale". Leur contenu est fondamentalement le même.
Mais on ne peut faire l'impasse sur les
développements politiques qui ont eu lieu depuis 1981. On ne peut faire comme si
le PS et le PCF n'avaient pas été ensemble au gouvernement, comme si, sous la
direction de Mitterrand, ils n'avaient pas formé ensemble le gouvernement de
"l'union de la gauche", auquel ils ont associé symboliquement des
représentants de petites formations bourgeoises avérées plus ou moins
fantomatiques (radicaux de "gauche", gaullistes de
"gauche". etc..) pour bien marquer la
nature bourgeoise de ce gouvernement. On sait quelle politique ce gouvernement
a appliqué.
A la suite des élections à l'Assemblée européenne du
17 Juin 1984, de la manifestation réactionnaire massive organisée sur le thème
de la "liberté de l'enseignement" et la couverture de l'église, le 24
juin 1984, la bourgeoisie a dicté ses volontés à Mitterrand, aux députés du PS et
du PCF : le gouvernement de "l'union de la gauche" ayant accompli sa
tâche, en finir avec lui; constituer un autre gouvernement qui ne soit plus un
gouvernement de "l'union de la gauche", c'est-à-dire qui ce
comprennent plus de représentants du PCF, le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau.
La tâche que la bourgeoisie fixe à ce nouveau gouvernement est évidente :
poursuivre l'offensive anti-ouvrière le plus loin possible ; mettre en place
des institutions comme celles de la régionalisation-décentralisation
et des dispositions comme celles qui découlent des lois Auroux qui puissent
permettre de porter de nouvelles atteintes aux acquis de la population
laborieuse, de la jeunesse, de disloquer leurs organisations, de reprendre et
d'appliquer les projets corporatistes que De Gaulle n'a pu appliquer ; servir
de gouvernement de transition vers le retour au pouvoir des hommes et des
partis de la bourgeoisie, à la suite des élections à l'Assemblée nationale de
mars 1986 dans le cadre du fonctionnement normal de la Vème République et de ses
institutions, Mitterrand devant se soumettre ou se démettre et probablement se
démettre.
Sans aucun doute, le retour au pouvoir des hommes et
des partis bourgeois en 1986 serait un coup politique très dur porté à la
classe ouvrière, à la jeunesse, à la population laborieuse, dont la bourgeoisie
tenterait de tirer parti pour appliquer la politique qui a motivé la
constitution de la Vème
République et de ses institutions. De plus, désormais la bourgeoisie française
est talonnée par la crise, par la marche à la catastrophe du système
impérialiste dont elle est un des chaînons les plus faibles.
La direction du PCF a un rôle précis à jouer dans ce
plan politique de la bourgeoisie : disloquer toute réaction de la classe
ouvrière, toute lutte d'envergure pour la défense de son pouvoir d'achat,
contre les licenciements et le chômage, pour défendre ses acquis, pour ses
revendications. Elle s'efforce, en reprenant sa politique de division d'avant
Mai-
Juin 1981, de boucher toute issue politique, toute
Issue gouvernementale à la classe ouvrière, à la jeunesse, à la population
laborieuse. En même temps, elle lance la formule d'un nouveau "Front
Populaire" sans rivage à droite, sous le nom de "nouveau
rassemblement populaire majoritaire" au cas où l'irruption du prolétariat
sur la scène politique utilisant ses propres moyens et méthodes de classe,
bouleverserait, liquiderait le plan de la bourgeoisie.
Les dirigeants des centrales syndicales s'insèrent
également dans le plan de la bourgeoisie. Pommatau a
dit expressement au Congrès de la Fédération de
l'Éducation
Nationale qu'il ne fallait surtout aucun mouvement de
la classe ouvrière qui puisse mettre en cause le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau et sa politique. Il accepte
toute, absolument toute la politique réactionnaire de ce gouvernement : baisse
du pouvoir d'achat, soutien et crédits à l'école privée catholique et
patronale, dislocation et désagrégation de l'enseignement public, application
de la régionalisation qui décompose l'enseignement et le corps enseignant comme
le corps des fonctionnaires dans son ensemble et qui ne peut aboutir en fin de
compte qu'à la destruction de la Fédération de l'Éducation nationale comme des
autres centrales syndicales.
La direction de la CGT applique mécaniquement la
politique de la direction du PCF, de l'appareil stalinien. Celle de FO n'ouvre
pas plus de perspective à la classe ouvrière. Elle
a dû renoncer à signer l'accord sur "la
flexibilité", "l'accord salarial" pour 1985 dans la fonction
publique, mais elle n'a qu'un objectif : sous prétexte de "politique
contractuelle" trouver des terrains d'accord avec le C.N.P.F.
Pas plus que la direction de la FEN, que celle de la
CGT, elle ne veut remettre en cause le Gouvernement actuel, le plan politique
de la bourgeoisie. Elle se proclame ouvertement contre l'unité, le Front unique
ouvrier.
Pourtant, elle réalise "l'unité" à
l'occasion avec les dirigeants des autres centrales syndicales pour appeler à
des "mouvements", à des "grèves" qui ne mènent à rien, qui
sont de véritables contre-feux à des combats réels et efficaces, comme la grève
de 24 octobre du 26 octobre 1984 dans la fonction publique. Elle lance
également dans la division des "mouvements" qui n'ouvrent aucune
issue, ne peuvent déboucher sur rien et sont des sabotages de la combativité
ouvrière; ainsi, à la Sécurité Sociale les 31 janvier et 1er février 1985. Par ailleurs, elle signe des "accords" qui
organisent les licenciements (sidérurgie, chantiers navals, etc.).
Elle se déclare pour les stages de formation-reconversion,
etc. Elle participe à tous les organismes de
participation à vocation corporatiste, de la même façon que les autres
centrales syndicales. Elle admet parfaitement les subventions aux écoles
privées.
A la place qui est la sienne et selon ses moyens, la
direction du PCI s'efforce aussi de boucher toute issue politique à la classe
ouvrière, à la jeunesse, à la population laborieuse. Elle prétend que la
"majorité de 1981 n'a pas de représentation politique", ce qui
revient à dire que la classe ouvrière n'a pas ou n'a plus de représentation
politique. S''il en est ainsi, il ne peut y avoir de perspective politique,
d'issue politique avant longtemps.
Certes, le PS et le PCF sont des représentations
politiques ouvrières traîtres, mais ce sont des représentations politiques de
la classe ouvrière. Il faut combattre pour le
Front Unique ouvrier sur la ligne de la rupture avec
la bourgeoisie, pour un gouvernement ouvrier. Mais la direction du PCI a
substitué à cela la "ligne de la démocratie", à l'action politique
pour la construction d'un parti ouvrier révolutionnaire les combinaisons pour
un soi-disant parti des travailleurs sans programme.
En réalité, là est toute la question : la
participation des dirigeants des organisations ouvrières, partis et syndicats,
à la défense de l'ordre et de l'Etat bourgeois, leur adhésion au plan politique
de la bourgeoisie française.
Une fois de plus, le programme de transition
"l'agonie du capitalisme et les tâches de la IVème Internationale"
pose correctement cette question lorsqu'il dit :
"De tous les partis et organisations qui
s'appuient sur les ouvriers et les paysans et parlent en leur nom, nous exigeons
qu'ils rompent avec la bourgeoisie et entrent dans la voie de la lutte pour le
gouvernement ouvrier et paysan. Dans cette voie, nous leur promettons un
soutien complet contre la réaction capitaliste. En même temps, nous déployons
une agitation inlassable autour des revendications qui devraient, à notre avis,
constituer le programme du Gouvernement ouvrier et paysan."
Il poursuit :
"La création d'un tel gouvernement par les
organisations traditionnelles est-elle possible? L'expérience antérieure nous
montre, comme nous l'avons déjà dit que c'est, pour le moins, peu
vraisemblable. Il est impossible cependant de nier catégoriquement par avance
la possibilité théorique de ce que, sous l'influence d'une combinaison tout à
fait exceptionnelle de circonstances ( guerre,
défaite, krach financier, offensive révolutionnaire des masses, etc, …), les partis petits bourgeois, y compris les
staliniens, peuvent aller plus loin qu'ils ne le veulent eux-mêmes dans la voie
de la rupture avec la bourgeoisie."
Ces lignes (que confirment une fois de plus
l'expérience du gouvernement de "l'union de la gauche", de celui qui
lui a succédé, la politique des dirigeants du PS, du PCF, des centrales
syndicales) sont claires : en aucun cas on ne peut attendre d'elles qu'elles réalisent
spontanément la constitution d'un gouvernement ouvrier et paysan et de
l'application du programme d'un véritable gouvernement ouvrier et paysan.
Une fois de plus, il faut répéter ce que le programme
de transition écrit :
"Tout dépend du prolétariat, c'est-à-dire au
premier chef, de son avant-garde révolutionnaire."
Il est indispensable de formuler ce à quoi aspirent
le prolétariat, la jeunesse, la population laborieuse; que les organisations
ouvrières syndicales et politiques rompent avec la bourgeoisie, qu'elles
réalisent le Front Unique Ouvrier dont l'objectif ne peut être finalement que
de prendre le pouvoir, de constituer un Gouvernement Ouvrier et Paysan.
Il est indispensable de donner une expression claire
et précise à ces aspirations, à cette volonté des masses et, en fonction des
circonstances précises, d'ouvrir la voie aux masses pour qu'elles-mêmes exigent
et aillent exiger des directions des organisations traditionnelles qu'elles
rompent avec la bourgeoisie et réalisent le Front Unique ouvrier.
Le rôle de l'avant-garde n'est pas de se substituer
aux masses mais de les aider, de les orienter politiquement. Pas plus qu'il
n'est d'adresser des suppliques aux dirigeants.
C'est pourquoi il importe, au moment actuel, de mettre
en avant, sous la forme appropriée, l'objectif d'une manifestation à un million
et plus à l'Assemblée nationale pour aller dicter aux députés du P.S. et du
P.C.F. la volonté de la population laborieuse qui les a élus en 1981. La grande
masse des prolétaires sait que, livrés à eux-mêmes, les députes du P.S. et du
P.C.F. continueront de pratiquer la politique qu'ils pratiquent depuis 1981 et
depuis juillet 1984. Seule l'intervention des masses peut changer ce cours.
L'exigence adressée aux dirigeants d'avoir à rompre
avec la bourgeoisie, de réaliser le Front Unique Ouvrier à des aspects
multiples. Comment les dirigeants des centrales syndicales et des syndicats
peuvent-ils cautionner par leur présence les organismes innombrables de la
"participation" qui préludent au corporatisme. "Sortez des
organismes pré-corporatistes régionaux et autres ;
sortez des conseils d'administration des entreprises et des banques
"nationalisées" ; ne participez pas à la mise en place des organismes
que prévoient les lois Auroux ; sortez des conseils d'établissement dans
l'enseignement, etc..". Il faut adresser aux
dirigeants de l'UNEF-ID et à ceux de l'UNEF dite
"Solidarité" la revendication : "sortez des conseils
d'université ; cessez de participer aux élections à ces conseils". Leur
adresser cette revendication, c'est renouer avec le
combat qui a permis de sauvegarder l'UNEF contre les
"participationnistes" staliniens et autres et contre les gauchistes
qui voulaient la transformer en "l'organisation politique de masse",
c'est-à-dire la détruire.
L'exigence que les organisations, les centrales
syndicales réalisent le Front Unique Ouvrier pour la défense du pouvoir
d'achat, les atteintes aux acquis, pour les revendications est indispensable.
Il faut préparer la grève générale de corporations entières pour obtenir
satisfaction. Il faut se rendre en masse à I'Assemblée
Nationale pour exiger des députés du P.S. et du P.C.F. qu'ils décident que ces
revendications soient satisfaites. La grève générale de toutes les corporations
doit être préparée, la manifestation à un million et plus à l'Assemblée
nationale doit l'être également. Chacun sait, qu'au moment actuel, tout se
concentre sur la question du gouvernement. Quel gouvernement ? Pourquoi faire ?
Un autre gouvernement que le gouvernement Mitterrand-Fabius-Crépeau, ou qu'un nouveau gouvernement de
"l'Union de la gauche", ou qu'un gouvernement des partis et des
hommes du capital reste possible.
Les députés du P.S. et du P.C.F. ont la majorité à
l'Assemblée Nationale. Ils doivent déclarer : l'Assemblée Nationale est
souveraine ; elle décide de constituer un gouvernement sans ministre
représentant la bourgeoisie, émanant d'elle et responsable devant elle, qui
appliquera une politique conforme aux intérêts de la classe ouvrière, de la jeunesse,
de la population laborieuse, politique qui résoudra la crise selon leurs
besoins et aspirations, au détriment du capital.
Cela ne se fera que par l'intervention directe des
masses. Grèves générales de corporations entières, manifestations massives à
l'Assemblée nationale, grève générale de toutes les corporations, manifestation
de toutes les corporations de la classe ouvrière, de la jeunesse, de toutes les
catégories de la population laborieuse à l'Assemblée nationale ont un
dénominateur commun : imposer la constitution d'un tel gouvernement appliquant
une telle politique. C'est cette voie qu'il faut ouvrir. Il faut montrer qu'il
est possible de s'y engager.
Au moment actuel les centrales et organisations
syndicales ont un rôle extrêmement important à jouer. Elles ne peuvent, ni ne
doivent, certes, se substituer aux organisations politiques de la classe
ouvrière. Elles ont cependant des responsabilités politiques.
Les travailleurs, pour résister à l'offensive dirigée
contre eux, se tournent obligatoirement vers elles. Actuellement, ils estiment
qu'il leur est infiniment plus facile d'agir sur les syndicats et les centrales
syndicales que directement et immédiatement sur les dirigeants du PS et du PCF.
L'abstention massive aux élections exprime que les
travailleurs rejettent la politique de ces derniers mais elle est une
démonstration passive.
Par contre, travailleurs et militants ont pu peser
suffisamment fort sur les dirigeants F.O. pour que ceux-ci, qui pourtant
étaient les promoteurs de la discussion sur "la flexibilité" avec le
CNPF, de l'accord réalisé, soient contraints de renoncer à le signer et, qu'à
leur suite, les dirigeants de la C.F.D.T., de la C.F.T.C., de la C.G.C. ne le
signent pas non plus. Les dirigeants de F.O. ont également été contraints de
renoncer à signer "l'accord" salarial pour 1985 dans la fonction
publique.
En 1969, F.O. et à sa suite les autres centrales
syndicales se sont engagées dans le combat politique ouvert contre le
corporatisme en appelant à voter "Non" au référendum que De Gaulle a
organisé pour se donner les moyens de l'instaurer. Elles ont pris ainsi, à
juste titre, une décision politique de leur ressort.
Il n'y a aucun doute : si rien ne change dans les
rapports politiques en France d'ici les élections à l'Assemblée Nationale de
1986, "démocratiquement" les hommes politiques de la bourgeoisie
reprendront légalement le pouvoir. S'appuyant sur ce que le gouvernement de
"l'union de la gauche" et celui qui lui a succédé ont réalisé contre
les masses, ils iront plus loin, beaucoup plus loin. Ils passeront à une étape
qualitativement supérieure de l'attaque économique et sociale contre la classe
ouvrière, la jeunesse, la population laborieuse, pour détruire leurs acquis,
disloquer, intégrer les organisations syndicales ouvrières. Leur objectif sera
: détruire les libertés démocratiques, établir le corporatisme.
Faut-il attendre et subir ? Ou
faut-il, au contraire, que les centrales syndicales, les syndicats prennent
maintenant les responsabilités politiques qu'elles ont le devoir d'assumer pour
la défense des intérêts matériels et moraux de la classe ouvrière ? La réponse
n'est pas douteuse. C'est pourquoi il leur revient plus particulièrement de
réaliser l'unité pour préparer des grèves générales de corporations entières,
des manifestations massives à l'Assemblée nationale, la grève générale de
toutes les corporations, la manifestation à un million et plus à l'Assemblée
nationale, pour un autre gouvernement, une autre politique.
Les revendications adressées aux dirigeants des
organisations ouvrières, partis et syndicats, sur la ligne "rompez avec la
bourgeoisie, réalisez le FUO pour un "gouvernement ouvrier" ne sont
pas des artifices. Elles correspondent à ce qu'il est
nécessaire de faire pour défendre les intérêts du prolétariat. Mais elles
doivent être comprises comme des leviers pour la mobilisation des masses, leur
organisation, leur action, sur leur propre plan, selon leurs propres moyens et
méthodes.
C'est un fait : bien qu'ils ne peuvent tirer un trait
sur les organisations ouvrières syndicales et politiques traditionnelles et se
passer d'elles, les travailleurs ont accumulé une énorme méfiance vis-à-vis des
dirigeants du P.S., du P.C.F., des centrales et des syndicats, de leurs
appareils. Beaucoup les rejettent. La politique que les dirigeants pratiquent
depuis quatre ans et actuellement ne fait qu'accroître cette méfiance, ce
rejet.
Cette politique a paralysé les travailleurs, les a
désorientés. Elle vise à les décourager.
La conscience est de plus en plus grande que rien ne
se fera, que les travailleurs n'imposeront pas leurs initiatives, que la
rupture avec la bourgeoisie, un véritable Front
Unique Ouvrier ne se réaliseront que si les
travailleurs les imposent et les contrôlent. Les travailleurs se méfient même
de "l'unité' des dirigeants, des appareils. "L'Union
de la gauche" est, en effet, l'exemple de ce type "d'unité". Les
appareils syndicaux ont réalisé maintes fois "l'unité" pour mener à
l'impasse, disloquer les luttes de la classe ouvrière, faire aboutir les plans
du gouvernement et du patronat : sidérurgie, charbonnage:.
naval, fonction publique, etc
... etc.. "Unité" de ce type et
"division" sont utilisées en alternance pour
aboutir aux mêmes fins.
C'est pourquoi il n'est pas "académique" de
préconiser, de définir des formes d'organisation de type pré-soviétiques,
de comités formés et élus par les travailleurs eux-mêmes qui incluent les
représentants dès organisations mais ne se limitent pas à eux et de tenter d'en
constituer. C'est à quoi correspondent les mots d'ordre de : conférences
ouvrières unitaires et démocratiques constituées de délégués élus, mandatés en
assemblées générales et révocables et de représentants des organisations
syndicales; constitution de comités de grève de comités centraux de grève, etc... Ce sont d'ailleurs là les embryons des organismes
sur lesquels devra s'appuyer un Gouvernement ouvrier qui, sur les ruines de
l'Etat bourgeois, passera à la construction de l'Etat ouvrier.
Ce sont ces organismes qui sont les plus aptes à
assurer, non seulement la préparation et la direction du mouvement ouvrier,
mais aussi la constitution d'embryons d'organismes d'autodéfense de la classe
ouvrière, de ses organisations, de ses mouvements contre la police, les bandes
patronales, voire les bandes fascistes, de préparer les conditions de la milice
ouvrière et paysanne, de l'armement du prolétariat.
*
* *
Les délais se raccourcissent. La trahison des
dirigeants du PCI a retardé l'élaboration d'un programme d'action de la classe
ouvrière" "pour le socialisme, pour le gouvernement ouvrier".
Elle n'en veut pas car sa politique est en contradiction avec un tel programme.
Ce ne sont là que des "éléments" pour ce programme. C'est une de nos
contributions pour "le redressement politique et organisationnel du
PCI". Il est urgent que les militants en discutent et mettent ces
propositions en oeuvre. Il est urgent d'agir pour la construction d'un Parti
Ouvrier Révolutionnaire qui soit armé d'un "programme d'action de la classe
ouvrière" "pour le socialisme, pour le gouvernement ouvrier".
Le 21.2.1985
Les militants regroupés autour de "Combattre
pour le socialisme" organisés dans "Le Comité pour le redressement
politique et organisationnel du P.C.I." s'inscrivent totalement
dans la continuité de la IVème Internationale et de
son programme.
Du programme de transition adopté par la Conférence
de fondation de la IVème Internationale, intitulé "L'agonie du capitalisme et les tâches de
la IVème Internationale:
Léon Trotsky écrivait :
"Je souligne qu'il ne s'agit pas encore du
programme de la IVème Internationale, le texte ne contient ni la partie
théorique, c'est-à-dire l'analyse de la société capitaliste et de son
stade impérialiste, ni le programme de la révolution
socialiste proprement dite. Il s'agit d'un programme d'action pour la période
intermédiaire."
Ce dont le prolétariat français a besoin plus que
jamais c'est d'un programme d'action pour la période intermédiaire entre la situation
actuelle, situation de crise dans tous les
domaines de la société bourgeoise, situation pré-révolutionnaire et sa prise du pouvoir. Le moment où il
établira sa domination de classe dans le cadre de la démocratie prolétarienne.
En France aujourd'hui :
"L'économie, l'Etat, la politique de la
bourgeoisie et ses relations internationales sont profondément atteintes par la
crise sociale qui caractérise la situation pré-révolutionnaire
de la société. Le principal obstacle dans la voie de la transformation de la
situation prérévolutionnaire en situation révolutionnaire, c'est le caractère
opportuniste de la direction du prolétariat, sa couardise petite-bourgeoise
devant la bourgeoisie, les liens traîtres qu'elle maintien avec celle-ci même
dans son agonie" (Programme de
transition)
Le 10 Mai 1981 la population laborieuse, la jeunesse
ont élu François Mitterrand président de la République parce qu'il était le
principal dirigeant du Parti socialiste. Pour
gouverner, Mitterrand a dû dissoudre l'Assemblée Nationale où
siégeait une majorité de députés du R.P.R. et de I'U.D.F. Les 14 et 21 Juin les
masses populaires élisaient une
majorité écrasante de députés du Parti Socialiste et du Parti
Communiste français. A eux seuls les députés du P.S. ont la majorité. En
conjonction avec la crise de la société
bourgeoise s'établissait ainsi une situation pré-révolutionnaire.
De Mitterrand, de la majorité P.S. et P.C.F. à I'Assemblée Nationale, les travailleurs espéraient qu'ils :
· Constituent un gouvernement sans représentant des
partis bourgeois, au service des exploités, s'appuyant sur eux ;
· Satisfassent leurs revendications ;
· S'attaquent aux causes de la crise économique, le
régime capitaliste, la propriété privée des moyens de production ;
· résolvent la crise en faveur des travailleurs en
établissant un plan de production en vue de satisfaire les immenses besoins
populaires, plan élaboré et réalisé sous le contrôle des travailleurs.
En quelques mots. les
travailleurs attendaient de leurs élus qu'ils s'engagent et engagent la société
sur la voie qui mène au socialisme.
Qu'ont-ils faits ? Ils ont imité Léon Blum et le
gouvernement de Front Populaire en 1936, ils se sont comporté en "gérants
honnêtes et loyaux du capitalisme" en crise. Ils n'ont pas résolu la crise
de la société bourgeoise mais pour défendre celle-ci ils ont engagé une
offensive réactionnaire contre la classe ouvrière, la population laborieuse, la
jeunesse qui les avaient portés au pouvoir ; ils ont tout mis en oeuvre pour
apporter une aide multiforme aux capitalistes exploiteurs.
Les organisations qui se réclament de la IVème Internationale, de son programme, ne pouvaient attendre autre chose de
dirigeants de partis qui, par leur origine sociale, leur référence au
socialisme, au communisme, les espoirs que mettent en eux les travailleurs,
sont sans doute des partis ouvriers, mais des partis qui sont directement ou
indirectement liés à la société bourgeoise par mille liens. Le programme de
transition "L'agonie du capitalisme et les tâches de la IVème Internationale" le dit explicitement :
"La tâche centrale de la IVème Internationale
consiste à affranchir le prolétariat de la vieille direction, dont le
conservatisme se trouve en contradiction complète avec la situation
catastrophique du capitalisme à son déclin et constitue le principal obstacle
au progrès historique. L'accusation capitale que la IVème Internationale
lance contre les organisations traditionnelles du prolétariat, c'est qu'elles
ne veulent pas se séparer du demi-cadavre politique
de la bourgeoisie."
L'accomplissement de cette tâche est évidemment
indispensable à celle de la construction du parti de la IVème Internationale
jouant un rôle national et postulant à la direction du prolétariat et y est
lié. Il appartenait à I'O.C.I., devenue à son 26ème Congrès en
décembre 1981, Parti Communiste Internationaliste, de s'y atteler. La préface
de
I'édition de 1978 du programme de transition que la
"Selio" a édité, explique :
"C'est la IVème Internationale
- que le révisionnisme pabliste en abandonnant son programme, a trahie et qu'il
est parvenu à disloquer politiquement et
organisationnellement -qu'il faut reconstruire… L'OCI occupe une place
importante dans ce combat, voire déterminante, car, depuis 1951, elle a défendu
le programme et ses
implications. C'est un fait : jamais à la veille d'une crise
révolutionnaire, dans un pays comme la France, n'a existé organisation
trotskyste, construite sur le programme de la
IVème Internationale, ayant la force et les liens que l'OCI possède. Depuis des elle se prépare à la révolution en
préparant la révolution."
Dans cette même préface, la ligne à suivre était
nettement tracée :
"Dans un pays comme la France, le développement
de la révolution suit toujours la ligne qui, partant de la nécessaire unité du
prolétariat, de ses organisations syndicales et politiques, passe par
l'exigence d'un gouvernement des seules organisations et partis du prolétariat
sans ministre représentant les partis bourgeois; aux "fronts populaires",
quelles que soient leurs formes concrètes ( et l'union de la gauche en est une
), il faut opposer le front unique des organisations et partis ouvriers, le
gouvernement des partis ouvrier pour aboutir au gouvernement ouvrier et paysan
dont la tâche est de détruire l'Etat bourgeois et d'instaurer la dictature du
prolétariat.
Au cours des semaines et des mois qui viennent, tant
contre la division que contre l'Union de la Gauche, plus que jamais cette ligne
doit être suivie par les militants qui combattent pour la révolution
prolétarienne en France."
Mais tout en construisant une organisation trotskyste
qui a assumé la continuité de la IVème
Internationale en impulsant le Comité
d'organisation pour la reconstruction de la
IVème Internationale et
dont la force et les liens en France étaient sans précédent pour une
organisation trotskyste, la direction de l'OCI n'en a
pas moins développé une politique
très souvent marquée par l'opportunisme. Elle a non moins
souvent utilisé des méthodes de direction ayant des traits bureaucratiques.
Opportunistes ont été les campagnes pour
un candidat unique dès le Premier tour des élections présidentielles,
le renoncement de fait à défendre en toute occasion notre propre programme sous
le prétexte du front
unique et de la nécessité de battre les candidats des
partis bourgeois. Bureaucratiques ont été les manoeuvres pour assurer à la
direction la maîtrise absolue de l'organisation et
empêcher que ne s'y constitue une opposition quelconque.
Aucune organisation n'est à l'abri d'oscillations, voire d'un cours
opportuniste, ni de développement de traits
bureaucratiques dans son fonctionnement. Instrument de combat contre
la société bourgeoise, toute organisation révolutionnaire n'en est pas moins un
produit de la société
bourgeoise. Elle intègre de nombreuses et puissantes
contradictions. Elle subit la pression de la société bourgeoise. Elle est à la
fois un moyen indispensable de combat et
un enjeu du combat. Aucune n'a jamais été et ne sera
jamais immunisée contre les risques et dangers de déviations.
La venue au pouvoir du gouvernement de 'l'union de la
gauche". le gouvernement Mitterrand-Mauroy-Fiterman-Crépeau.
a accentué les tendances et le cours opportuniste de
la politique de la direction de l'OCI : refus de
mettre en cause ce gouvernement qui, pourtant, était caractérisé de
gouvernement bourgeois ; refus de s'adresser aux députés du P.S. et du P.C.F.
pour qu'ils décident d'un gouvernement émanant de la majorité de l'Assemblée
nationale et responsable devant elle, appliquant un programme anticapitaliste;
refus surtout d'une politique de mobilisation du prolétariat. de la jeunesse pour qu'en masse ils manifestent à
l'Assemblée nationale et imposent aux députés qu'ils ont élus la constitution
d'un tel gouvernement et une politique correspondant à leurs besoins et à leurs
aspirations.
En conséquence, la direction du PCI a rejeté
l'exigence d'élaborer un programme d'action anti-capitaliste qui traduise, en
fonction de la situation française actuelle, la méthode et le contenu du
programme de transition "L'agonie du capitalisme et les tâches de la IVème Internationale" et qui guide toute l'action politique
du PCI. sur la ligne "on ne peut rien résoudre si
l'on ne veut pas s'engager sur la voie qui mène au socialisme".
Bientôt elle est allée plus loin. Sous prétexte que “
la forme de domination de classe de la bourgeoisie n'est pas indifférente"
et que celle existant aujourd'hui est le "bonapartisme", laquelle
exclut "la démocratie", elle prétend qu'il faut adopter "la
ligne de la démocratie", "des réformes nécessaires",
c'est-à-dire du retour au parlementarisme bourgeois.
Adoptant cette orientation, la direction du PCI. a adopté une orientation révisionniste.
Elle a renié le passé de l'OCI . Dès 1967, à l'occasion d'élections à
l'Assemblée Nationale, l'OCI avait adopté un
programme d'action. Il était intitulé "Pour le Front Unique
Ouvrier - Pour un programme de défense de la classe
ouvrière". On y lisait : "Les droits démocratiques, droits
d'organisation, droits syndicaux, droits de grève, droits
de réunion, droits de manifestation, liberté de la
presse ne sont maintenus que par crainte de la force potentielle de la classe
ouvrière. Sa puissance est la seule garantie qui protège les
libertés démocratiques. Les "démocrates" de profession, les bavards
de toutes sortes qui criaillent et s'agitent au théâtre des ombres, n'ont rien
à y voir. Ce qui subsiste des droits démocratiques, subsiste uniquement parce
que la classe ouvrière reste capable de combattre et de vaincre.
Sans la magnifique réplique des mineurs à l'ordre de
réquisition de De Gaulle en mars 1963, c'en était
fait des libertés. Par contre, le refus des dirigeants des syndicats et des
partis, qui se réclament des travailleurs, de mobiliser toute la classe
ouvrière autour des mineurs, a sauvé le régime gaulliste d'une cuisante défaite. Il put reprendre
l'initiative dans la lutte des classes, réglementer le droit de grève pour les
travailleurs de la fonction et des services publics dès juillet 1963.
Tout ce qui divise, émiette, fragmente le front de
lutte des travailleurs, tout ce qui subordonne la classe ouvrière au
parlementarisme moribond, tout ce qui lie le prolétariat à la bourgeoisie
contribue à la mise en place de l'état policier, à la destruction des libertés
démocratiques, à la destruction des conquêtes du mouvement ouvrier.
En 1958, c'est la subordination de la classe ouvrière
au parlement bourgeois qui a pavé la voie à De Gaulle."
Le 13 mai 1968 plus d'un million de manifestants
déferlait dans Paris. De leurs poitrines un cri jaillissait : "De Gaulle
dix ans ça suffit". Rapidement la grève générale s'étendait spontanément.
Elle a mis en cause De Gaulle, la Vème
République et ses institutions. Mais
faute de l'objectif clairement exprimé d'un gouvernement des partis ouvriers,
faute d'être organisée à tous les niveaux par des comités de la grève générale
et centralisée par un comité central national de la grève générale. Les
appareils bureaucratiques des centrales syndicales les partis socialiste et
communiste parvenaient à la disloquer et à la liquider. Les appareils des
centrales syndicales utilisaient à cette fin les accords de Grenelle, les dirigeants
du P.S. et du P.C.F épousaient la tactique de De
Gaulle qui dissolvait l'Assemblée Nationale et fixait sa réélection aux 23 et
30 juin. Le 30 juin, l'Assemblée Nationale "bleue CRS" où l'UDR,
ancêtre du RPR, avait à elle seule la majorité absolue était élue. Malgré cela,
c'en était fini de la possibilité d'instaurer le corporatisme. La défaite de De Gaulle au référendum d'avril 1969 l'a démontré. Il
devait se démettre.
Certes, la Vème République et ses
institutions ne se sont pas effondrées pour autant. C'est une forme
bonapartiste de domination le classe de le
bourgeoisie. L'exécutif, l'Etat comme tel, que le Président de la République
incarne, détient le pouvoir réel. L'Assemblée
nationale doit servir de couverture au pouvoir exécutif. Mais il s'agit d'un
bonapartisme bâtard. Loin d'avoir pu établir le corporatisme, d'avoir intégrés,
donc détruits, les syndicats à l'Etat, d'en avoir fini avec le régime des
partis, la Vème République
a subi le maintien des droits fondamentaux que la
classe ouvrière a conquis et dont Léon Trotsky disait
: "à l'intérieur de la démocratie bourgeoise, se servant d'elle et
luttant contre elle, les ouvriers ont édifié leurs fortifications, leurs
foyers de démocratie prolétarienne : syndicats, partis, clubs,
organisations sportives, coopératives". C'est pourquoi, exemple sans
précédent en France, la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse,
utilisant ces libertés ont pu, dans le cadre de la Vème République, élire un
président de la République, principal. dirigeant du
P.S., une majorité écrasante de députés du P.S. et du P.C.F. Il ne dépendait
que des dirigeants du P.S. et du P.C.F., des députés à l'Assemblée nationale,
de Mitterrand, qu'ils s'engagent dans la voie qui mène au socialisme, d'en
finir avec la Vème République, sa constitution, ses
institutions, de proclamer la république ouvrière et socialiste. Ce qui les en
a empêché ce sont "seulement" "les liens traîtres qu'ils
maintiennent avec la bourgeoisie même dans son agonie".
La politique que Mitterrand et la majorité PS-PCF à
l'Assemblée Nationale ont suivie a été prévue de longue date. Déjà en 1973 dans
son “ programme d'action de la classe ouvrière"- "pour le socialisme
pour le gouvernement ouvrier" l'O.C.I. soulignait :
"L'Union de la
gauche" subordonne la classe ouvrière et ses partis à la bourgeoisie, au
parti radical, parti de la grande bourgeoisie et, par l'intermédiaire du parti
radical, à la défense de l'ordre bourgeois, des institutions bourgeoises, de
l'Etat bourgeois, du grand capital et, finalement, aux autres partis du capital
financier, des monopoles. L'OCI le dit, Mitterrand le prouve. A la Convention
socialiste du 7 janvier 1973 après avoir rappelé que la gauche ne prévoyait pas
de "réunir une Assemblée constituante mais qu'elle était désireuse de
revenir à la lettre de la loi suprême", Mitterrand déclarait dans "le
Monde" : Il faut, pour réviser la Constitution, une majorité plus grande
qu'une majorité relative. C'est un problème. Mais il y aura, je crois, dans les
deux assemblées assez de parlementaires responsables. Je fais confiance à
certains adversaires d'aujourd'hui qui accepteront notre conception de la
République". "L'Union de la gauche"
est bien la main tendue aux partis de la bourgeoisie via le parti radical.
Mitterrand poursuit : "Nous appliquerons honnêtement la Constitution"
Et encore : "Faut-il enlever des pouvoirs au
Président de la République ? Nous ne le demandons pas … La gauche n'entend pas
bouleverser les institutions et elle fait confiance au peuple pour juger des
réformes qui pourraient être nécessaires. Ultérieurement, Mitterrand, au cours
d'une intervention radiodiffusée, préconisa que même Pompidou devait demeurer
Président de la République. Marchais expliquait très clairement au XX° Congrès
du PCF :
"S'agit-il dans le cadre du Programme commun,
d'instaurer le communisme, ou même le socialisme ? Il est évident que non.
La société socialiste a pour fondements essentiels la
propriété collective des grands moyens de production et d'échange et l'exercice
du pouvoir politique par la classe ouvrière en alliance avec les autres couches
de la population laborieuse. Il suffit de prendre connaissance du Programme
commun pour constater que sa réalisation n'équivaudrait pas à l'instauration du
tel régime en France".
Aucune ambiguïté ne subsiste : "La gauche
unie" et le "programme commun de gouvernement" se situent dans
le cadre du maintien de l'ordre bourgeois et même de sa forme politique, des
institutions actuelles de la Vème République, de sa constitution bonapartiste voulue
par De Gaulle en 1958 et renforcée en octobre 1962. Compte-tenu
de la crise du système politique, de l'Etat bourgeois, du régime capitaliste
dans son ensemble, "la gauche unie", "le programme commun"
se proposent de défendre l'ordre bourgeois, l'Etat
bourgeois. Ils se présentent comme une issue bourgeoise à la crise.
N'en déplaise à Mitterrand et à Marchais, le dilemme
est le suivant :
· Ou mobiliser, organiser le prolétariat, réaliser
l'unité de ses organisations politiques et lutter contre le pouvoir, pour un
gouvernement ouvrier, pour le pouvoir ouvrier, exproprier le capital;
· Ou défendre contre l'assaut des masses, aux côtés des
partis bourgeois, l'ordre bourgeois, les institutions politiques, le capitalisme,
"l'Etat millénaire" dont parle Pompidou.
Car chaque revendication importante, chaque puissant
mouvement du prolétariat se heurte au régime et le met en cause."
Mais la direction du P.C.I. a renié ses
appréciations. Elle a appliqué une politique de critique “ gauche" du
gouvernement de “ l'union de la gauche". Elle a détaché la condamnation de
la Vème République, de sa constitution et de ses institutions du combat pour un gouvernement du P.S. et du P.C.F.
ayant rompu avec la bourgeoisie et appliquant un programme ouvrier. Elle a
condamné l'élaboration d'un tel programme. Elle lui a oppose "la ligne de
la démocratie", des réformes nécessaires".
Du même coup la direction du PCI remettait en cause
les raisons de la nouvelle proclamation du PCI en décembre 1981 et la
possibilité de le construire comme
organisation trotskyste. La proclamation du PCI était une
anticipation. Il s'agissait de réaliser les conditions de sa construction en
tant que parti de la IVème Internationale ayant
une influence et un rôle nationaux. Pour y parvenir il
fallait que le PCI combatte pour la rupture des partis ouvriers traditionnels
d'avec la bourgeoisie, pour un gouvernement
ouvrier et paysan appliquant un programme anticapitaliste.
Il devait prétendre devenir, au travers de ce combat, à plus ou moins longue
échéance, le parti dirigeant du prolétariat,
capable d'impulser et finalement de diriger la lutte pour la
prise du pouvoir par le prolétariat et la construction de l'Etat ouvrier
fonctionnant selon les règles de la
démocratie ouvrière, capable de prendre lui-même le pouvoir. Le
PCI a piétiné et a commencé à se décomposer politiquement. Confrontée à cette
situation, qu'elle a ellemême
provoquée, la direction du PCI en est venue à tenter de
construire un autre parti dénommé "Parti des travailleurs", un parti
qui n'aurait pas de programme mais une ligne
politique. celle de "la
démocratie" et des "réformes nécessaires", c'est-à-dire axé sur
la renaissance du parlementarisme bourgeois et combattant pour lui. Le PCI est
devenu le
parti qui construit un autre parti, le "Parti des
travailleurs". A la vérité, il s'agit d'une dissolution politique et
programmatique du PCI sinon formelle et organisationnelle.
Très logiquement d'ailleurs la direction du PCI va
plus loin encore. Elle remet en cause, sans le dire expressément, la nécessité
de reconstruire la IVème Internationale. Le
No 26 de "Tribune Internationale" daté de
décembre 1984, publie un article significatif article éditorial signé Marc Gauquelin. Le voici :
"Du changement dans Tribune Internationale.
Notre revue fait peau neuve : son format réduit
correspondant mieux à sa vraie nature de revue mensuelle, mais aussi à une
modification sur le fond afin de l'adapter aux besoins d'aujourd'hui. De quoi
s'agit-il ? Nous assistons à l'échelle internationale et dans de nombreux pays,
à une véritable crise des organisations politiques traditionnelles de la classe
ouvrière. De nouveaux dirigeants, des regroupements politiques ou syndicaux
indépendants du contrôle de la social-démocratie et du stalinisme, surgissent.
La révolution polonaise est un facteur majeur de ce processus, avec la
constitution de Solidarité comme syndicat représentatif des travailleurs
polonais. La révolution sandiniste et la constitution d'un gouvernement ouvrier
paysan au Nicaragua dirigé par le FSLN en constituent un autre.
En Europe, et en particulier en Espagne, en Grèce, en
France, en Allemagne et en Angleterre, la crise des appareils dégage des forces
importantes de la classe ouvrière qui cherchent la voie de l'organisation
indépendante. Au Brésil, un puissant Parti des travailleurs se construit; au
Pérou, les prémisses d'un tel parti sont réunies.
Tribune Internationale veut aider à ce dégagement
qui, au delà des confusions, contradictions et erreurs dont nous ne sommes pas
nous-mêmes à l'abri, cherche à rétablir dans la réalité la devise de la
Première Internationale : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous."
Donner les informations, échanger les expériences,
connaître les combats et les réflexions des uns et des autres, sans sectarisme,
voilà la nouvelle revue que nous nous proposons de faire.
Pour son succès, nous avons besoin de tous nos
lecteurs dans le monde entier. (Tribune Internationale sort en français, en
espagnol, en portugais et en allemand). Faites connaître notre revue,
transmettez-nous vos informations et documents, formulez vos critiques.
Ensemble, nous réussirons."
Cet article est plus remarquable encore par ce qui
n'y est pas écrit que par ce qui est écrit. Il est légitime et nécessaire de
conclure des accords internationaux avec des organisations qui ne se réclament
pas de la IVème Internationale et de son programme: tout dépend du contenu de ces accords.
Il peut être non moins légitime et nécessaire
d'engager des discussions avec des organisations nées de
ruptures avec les partis socialistes ou social-démocrates
et staliniens, ou surgies directement de la classe ouvrière et qui se réclament
de l'indépendance de classe du prolétariat, de la lutte pour le pouvoir de la
classe ouvrière et le socialisme (encore faut-il qu'elles se situent réellement
ainsi) et de mettre en avant l'exigence de construire une
nouvelle internationale ouvrière.
Mais pourquoi, lorsque l'on appartient à "IVème Internationale - Comité International de Reconstruction" passer
sous silence la IVème Internationale et son programme , taire que
de notre point de vue il faut reconstruire la IVème Internationale et adopter son programme? Agir ainsi n'a rien d'ultimatiste. Il est indispensable de mettre en avant notre
point de vue, nos positions, notre programme, notre
conception de l'Internationale et de les défendre.
Marc Gauquelin écrit :
"Tribune Internationale veut aider à ce dégagement, au regroupement
internationale d'une avant-garde, qui au-delà des confusions, des
contradictions et erreurs dont nous ne sommes pas à l'abri nous-mêmes, chercher
à rétablir la devise de la Première Internationale "Prolétaires de tous
les pays unissez-vous."
La devise de la Première Internationale est plus
actuelle et nécessaire que jamais.
Cependant manifestement elle est utilisée ici pour
masquer l'absence de toute proposition politique, programmatique, principielle
indispensable à tout regroupement international d'une avant-garde. Gauquelin projette à l'échelle internationale la conception
de la construction d'un "Parti des Travailleurs" dont l'originalité
serait qu'il n'aurait pas de programme mais une "ligne" celle de
"la démocratie" et "des réformes nécessaires". Gauquelin fait le premier pas vers la conception d'une “
Internationale" sans programme au nom de aquelle
se dissoudrait la lutte pour la reconstruction de la IVème Internationale.
Cet éditorial amorce la décomposition de la force
politique Internationale qui a combattu depuis plus de trente ans contre le
révisionnisme pour maintenir la continuité de la IVème
Internationale et la reconstruire.
Confrontés à la politique opportuniste et ensuite
révisionniste des dirigeants du PCI, à leur remise en cause de la construction
du PCI en tant que parti authentiquement trotskyste qui débouche maintenant sur
une orientation amenant à la dissolution politique de la force Internationale
qui a combattu pour assurer la continuité de la IVème Internationale et sa reconstruction,
il était inéluctable que des militants réagissent, tandis que d'autres
quittaient le PCI. Dès 1980-1981 des réactions notables à la politique de la
direction du PCI se produisaient. En 1982 quelques articles parus dans le
Bulletin Intérieur préparatoire au 27ème Congrès du PCI
témoignent que ces réactions commençaient à s'exprimer ouvertement. Mais c'est
au cours de la discussion préparatoire au 28ème Congrès qui s'est
tenu en avril 1984 que ces réactions se sont précisées et
généralisées. Un courant politique se dessinait. Il pouvait se cristalliser et par la suite, conformément aux statuts du PCI qui prévoient le droit de
tendance sur la base d'une plate-forme politique, se constituer en
tendance.
L'axe de ce courant en formation
peut être défini rapidement : en finir avec la politique de couverture gauche
de "l'Union de la Gauche"; exiger des députés du PS et du PCF qu'ils
décrètent la souveraineté de l'Assemblée Nationale, constituent un gouvernement
émanant de la majorité PS-PCF à l'Assemblée nationale et responsable devant
elle, appliquant un programme anti-capitaliste. C'est-à-dire : combattre à
l'intérieur du PCI pour l'élaboration d'un programme d'action tel que Léon Trotsky l'entendait.
La direction du PCI ne pouvait souffrir que se forme
un tel courant et encore moins que se constitue à l'intérieur du PCI sur cette
plate-forme politique une tendance. Il ne fait aucun doute que très rapidement
ce sont des centaines de militants du PCI qui se seraient organisés dans cette
tendance. Elle en a prévenu la constitution en procédant à une véritable
épuration du PCI. Mélusine avait écrit dans un bulletin Intérieur un article où
il soulignait que par la politique suivie au Conseil municipal de Vénissieux “
nous décevons les travailleurs qui nous avaient aidés aux élections
municipales". Il citait quelques exemples de cette politique : le vote
pour le candidat-maire, dirigeant du PCF tête de liste
de “ l'union de la gauche", l'abstention sur le budget ; la participation
à la minute de silence proposée par le maire pour saluer les soldats français
morts au Liban.
Les événements lui ont donné raison. En 1983, la
liste soutenue par le PCI à Vénissieux aux élections municipales obtenait 1.096
voix soit 6,3 % dont 50 voix et 13,2 % dans le bureau de vote de la rue de la
Démocratie, école où l'élue conseillère municipale PCI exerce ; en 1984, la
liste soutenue par le PCI aux élections européennes obtenait à
Vénissieux : 67 voix, soit 0,47 % dont 2 voix et 0,84
% rue de la Démocratie. Mélusine n'en fut pas moins accusé de falsifications et
une résolution votée par le 28ème Congrès l'excluait du PCI. Cette
même résolution stipulait que tous les militants du PCI qui ne ratifieraient
pas l'exclusion de Mélusine "se mettraient d'eux-mêmes en-dehors du
Parti".
Par ce procédé, plus d'une centaine de militants du
PCI ont été exclus. La direction du PCI épurait ainsi celui-ci des militants
qui seraient devenus le noyau constitutif d'une
tendance et sa force d'entraînement.
En procédant à l'épuration du PCI, la direction
espérait liquider toute opposition à l'intérieur et que les exclus se
disperseraient politiquement. Son coup a manqué. Les exclus se sont organisés
et ont constitué "le comité national pour la réintégration des exclus et
le redressement politique et organisationnel du PCI.“
De nombreux militants qui avaient soit quittés le PCI en raison de la politique
de la direction, soit été exclus précédemment ont rejoint le comité national.
Ensemble, ils ont adopté une plate-forme politique et ils ont décidé de
construire une organisation qui poursuive à l'extérieur du PCI, dans la lutte
des classes, le combat sur le programme de transition "l'agonie du
capitalisme et les tâches de la IVème
Internationale", qui se construise
en tant que force politique et nourrisse les développements inévitables à
l'intérieur du PCI pour son redressement politique et organisationnel.
La force politique organisée des militants fidèles au
programme de transition "l'agonie du capitalisme et les tâches de la IVème Internationale" est une réalité. Par contre, la direction du PCI
voit se dresser contre elle et sa politique de nouveaux militants. La
préparation du 29ème Congrès en porte témoignage. Le 29ème Congrès devait être le
Congrès de la "normalisation" du PCI
suivant le 28ème Congrès qui a été le congrès de l'épuration du PCI.
Or, toute la préparation, les articles qui ont été édités dans le bulletin
intérieur, ont été axés par rapport à des articles de militants qui ont mis en
cause "la ligne de la démocratie", "les réformes
nécessaires", la politique de division de la Fédération de l'Éducation
nationale, les résultats des campagnes politique s engagées depuis le 28è
Congrès et ceux obtenus dans la construction du PCI et du Parti des
travailleurs. Ces militants ont opposé à l'orientation de la direction celle de
l'élaboration d'un programme d'action, du combat pour un gouvernement émanant
de la majorité PS-PCF à l'Assemblée nationale et responsable devant elle, d'une
manifestation d'un million de travailleurs et plus à l'Assemblée nationale pour
dicter aux députés du PS et du PCF la volonté de ceux qui les ont élus. Ils ont
affirmé : c'est dans et par ce combat que peut être construit en France un
parti révolutionnaire. L'un d'entre eux a estimé nécessaire d'appeler à la
constitution d'une tendance sur cette orientation.
La réponse de la direction ne s'est pas fait
attendre. Quelques dirigeants ont écrit des articles violents et calomnieux
contre ces militants. Toute possibilité de se faire élire délégué à un congrès
régional leur a été bouchée. Toute possibilité de contact entre eux par les
voles normales de l'organisation pour constituer une tendance leur a été
également bouchée. Dès avant la tenue du 29ème Congrès,
plusieurs d'entre eux, ainsi que certains militants qui ont voté contre
l'orientation de la direction ou même qui se sont abstenus. Ont été exclus pour
ne pas avoir voté une résolution affirmant que Stéphane Just
trompait le PCI bien avant le 28ème Congrès. Une nouvelle
épuration est en cours.
Ces épurations successives témoignent aussi de la
vitalité de la tradition du PCI de l'attachement des militants au combat contre
le révisionnisme, au programme de transition "l'agonie du capitalisme et
les tâches de la IVème Internationale", à la construction en France du parti de la IVème Internationale et à la reconstruction de la IVème Internationale. D'autre part, pour
maintenir son contrôle sur le PCI, la direction est obligée de se référer à la
tradition de lutte contre le révisionnisme qui a disloqué politiquement et organisationnellement la IVème Internationale; de
faire allégeance au programme de transition tout en lui substituant en pratique
" la ligne de la démocratie" et des "réformes nécessaires"
; de continuer à prétendre que son objectif reste la construction du PCI et la
reconstruction de la IVème Internationale, tout en s'axant sur la construction d'un "Parti des
travailleurs" et d'un "regroupement international'' politiquement non
défini et sans programme. Le PCI et "lVème Internationale-Comité International de Reconstruction" sont malades
en raison de la politique et des méthodes de leur direction. Ils ne sont pas
morts pour la construction du parti de la IVème Internationale en
France et la reconstruction de la IVème
Internationale dans le monde.
Vers la section : textes fondamentaux du Cercle