Quand Le Monde calomnie les trotskystes
Cps 8 a publié un Droit de réponse, adressé au Monde par Combattre pour le Socialisme, à la suite d’un article publié dans son édition du 30/3 par C. Nick, auteur d’un livre sur “ les trotskystes ” - La 1ère phrase du livre - “ Les trotskystes sont partout ” - donne la “ tonalité ”, en évoquant la publication “ Je suis partout ”, où Brasillach, “ dès les années 30, s’exprime avec violence contre la ‘’mainmise judéo-démocratique’’, vante les mérites de Franco et de Mussolini, s’extasie devant Hitler… ” (M. Winock, in Le siècle des intellectuels), et s’en donnera à cœur joie pendant la guerre ! - Dans cet article, Nick cite des extraits du numéro de Combattre pour le socialisme consacré à Stéphane Just, qui - pour lui - prouverait que “ ces trotskystes choisissaient le Sto plutôt que le maquis ” ! Nick et son livre, “ Les trotskystes ” ont été tournés en dérision dans le Monde par L. Mauduit, journaliste au Monde, ancien membre du PCI et par R. Morder, membre de la LCR, pour ne s’en tenir qu’à la lecture de ce journal. L. Mauduit écrit, par exemple : “ Et chapitre après chapitre, presque page après page, il en va ainsi : petites et grandes erreurs, omissions, imprécisions, contrevérités, rumeurs invérifiées s’accumulent, sur un ton qui n’est pas celui, froid, de l’historien. Le ‘‘ trotskysme est un léninisme et le léninisme enfantera toujours des Staline, Mao, Pol Pot et Ceauscescu’’, s’emporte C.Nick. ” (Le Monde – 8/3/2002). Le Monde lui a offert une place généreuse, 2 pleines colonnes. Dans cet article, “ Nick essaie de faire diversion sur ses errements ” - comme l’écrit sobrement R. Morder (Le Monde – 5/4) – sur plus d’une colonne. Et brusquement, il attaque Stéphane Just en citant notre publication. Avec ce commentaire : “ En faut-il d’autres (noms, exemples) pour prouver aux trotskystes borgnes que leur passé n’est pas plus ou moins glorieux que celui de François Mitterrand ? Le Droit de réponse note d’abord que: “ utiliser la réquisition de Stéphane Just au Sto en 1943 pour prouver quoi que ce soit sur les trotskystes est une imbécillité; en 1943, Stéphane Just n’était pas encore trotskyste. Il a adhéré à la 4ème Internationale en 1947. ” Stéphane Just au “ passé pas plus ou moins glorieux que ” le décoré de la Francisque par Pétain en décembre 1943, ami fidèle, jusqu’à la mort de celui-ci, de Bousquet, secrétaire général à la police (ministre de l’Intérieur) de Vichy, “ bourreau des Juifs de France ” (M. Rajsfus), alias “ l’homme qui riait avec les nazis ” ? La calomnie n’est pas nouvelle. Vivant, Stéphane Just - et son frère Jacques - pour “ garantir (leur) honorabilité ” contre la calomnie, disposaient, face au Pcf, de la meilleure garde, celle des ouvriers de l’Atelier central de Championnet, le “ Boulogne-Billancourt ” de la Ratp (cf. document ci-joint) On supposera que Nick n’a pas osé poursuivre cet infâme rapprochement. Sinon, il aurait rappelé, entre autres, que Stéphane Just et Mitterrand sont demeurés, chacun, fidèles à leur combat, qui, en devenant le ministre de l’Intérieur, engageant les forces de répression contre les masses algériennes combattant pour leur indépendance, et Stéphane Just, avec le Pci, en soutenant cette juste guerre. Mais cette comparaison entre les trotskystes et Mitterrand n’est qu’une mise en jambe. C’est que Nick – voyez vous ! - a eu, entre ses mains, la thèse de J-P. Cassard sur “ les trotskystes en France pendant la 2ème guerre mondiale ”, publiée autrefois par la Vérité, organe du PCI, et, comme s’il dressait un procès-verbal de carence, écrit qu’“ il n’y a rien sur le génocide ”, pour nous amener, au bout d’une démarche tortueuse, à sa conclusion, mise en exergue dans son article : “ Oui, j’écris que pour les trotskystes, la question de l’antisémitisme est un détail ”. Au-delà d’une mensongère et stupide affirmation, c’est l’apparentement avec la formulation de Le Pen – “ Les chambres à gaz … je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la 2ème Guerre mondiale ” qui indigne. Le Monde n’a jamais donné suite au droit de réponse.
La déontologie du Monde.Si c’est Nick qui a commis l’article, c’est Le Monde qui l’a publié, a refusé le droit de réponse et porte la pleine responsabilité de la calomnie déversée contre les trotskystes. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. Le Monde reste bien le successeur du Temps, “ la bourgeoisie faite journal ”, selon l’expression de Léon Trotsky. Ce journal était aux mains des Maîtres des forges – dont le patron des patrons, M. Seillière, est le représentant actuel de la dynastie du plus célèbre, de Wendel - flanqué de la Banque Rothschild. En décembre 1933, avec l’appui de l’ambassadeur de France, son directeur rendait visite à Hitler, chancelier depuis janvier (le 1er camp de concentration était ouvert le 22 mars). En pleine crise de Munich (1/9/1938), copiant le Times anglais, il soutenait Hitler “ champion de la paix. (…) On n’a aucune raison de mettre en doute sa sincérité. ” (La chambre des députés approuvera l’accord de Munich – 73 Pcf, 1 Sfio et 1 ‘modéré’ votant contre). Mais à la Libération, Le Temps disparaît pour indignité nationale : Il s’est sabordé 72 heures après le délai fixé ! Sur décision de de Gaulle, Le Monde est créé en novembre 1944 pour lui succéder (comité de rédaction et locaux compris). Le “ grand journal d’information ” est né, qui, selon un adage, dit la vérité sur les petites choses, pour mieux mentir surs les grandes. Illustration : quand une forteresse volante lâche sur Hiroshima, le 6 août 1945, la 1ère bombe atomique, Le Monde titre : “ Une révolution scientifique. Les Américains lancent leur 1ère bombe sur le Japon ”. En écho au célèbre et bref “ Le chassepot a fait merveille ”, télégraphié à Napoléon III, pour annoncer l’écrasement des troupes de Garibaldi, en octobre 1867 ? Le Monde préfère parfois, comme le reste de la presse d’ailleurs, le silence. Ainsi, pas un mot sur le terrible bombardement d’Haïphong, en novembre 1946, par les troupes françaises ! Fidèle allié de la caste bureaucratique du Kremlin contre les révolutionnaires, le “ grand journal d’information ” refuse une publicité, payante, pour le Samizsdat, édité par la Vérité (n°546 – novembre 1969) sous le titre : La voix de l’opposition communiste en Urss. “ Parce qu’il n’est pas question de faire connaître ceux qui, en Urss, combattent la bureaucratie au nom du communisme ”. La perspicacité politique du successeur du Temps est devenue proverbiale depuis cette pontifiante analyse sur “ la France (qui) s’ennuie ” (Le Monde – 15/3/1968), quelques semaines avant mai 1968. Mais évoquer Le Monde n’est pas toujours aussi réjouissant ! Dans un livre au titre explicite : “ Le Monde : un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais ”, de terribles charges ont été portées, dans ces termes : “ …un journal qui mériterait plutôt qu’on innove en matière de jurisprudence en le poursuivant, lui, pour complicité de génocide ” (prologue, page 8). Enfin, tout lecteur du Monde a en tête ce dessin de Plantu – qui vaut éditorial – sur 3 colonnes à la une du numéro daté du 25 avril représentant une foule sympathique (dans la signalétique du dessinateur, cela se mesure au nombre de souris !) portant une banderole “ Votez Chirac ”, face à un Le Pen, rogue, et à ses côtés – pour n’avoir pas appelé à voter Chirac au 2ème tour de la Présidentielle – Laguiller (Lutte ouvrière) et Blondel (secrétaire général de la Cgt-Fo), les 3 en uniforme et brassard évocateurs de sinistre époque ! Les trotskystes et le StoDans La Vérité, clandestine, n°43 – 31/3/1943, les trotskystes donnaient leur position : “ Partir, est-ce trahir ? Pour la révolution européenne Sous le titre ‘‘ Partir, c’est trahir ’’, La Voix du Peuple, organe ouvrier contrôlé par le Parti Communiste, préconise contre les déportations ‘‘ un seul moyen, la résistance : et non celle préconisée par les pantouflards, les trembleurs prétendant que l’ouvrier partant pour les bagnes hitlériens peut très bien continuer la lutte là-bas en discutant avec les Allemands en accentuant chez eux la démoralisation. ’’ Il y a là une critique et une caricature de la campagne que mène contre la soi-disant relève inlassablement, La Vérité. Ce que nous disons réellement. Selon La Voix du Peuple, des ‘‘ pantouflards ’’ et des ‘‘ trembleurs ’’ envisagent qu’on ‘‘ peut très bien ’’ continuer la lutte là-bas – comme s’ils avaient choisi d’abandonner la lutte ici, comme s’ils avaient soudain découvert un prétexte à ne pas poursuivre la résistance. Les ‘‘ pantouflards’’, les ‘‘ trembleurs ’’, voilà qui est aussi ridicule qu’injurieux à l’égard du Poi qui a, le 1er, donné des mots d’ordre de résistance ici et là-bas, comme, en général, de la classe ouvrière. Le Parti ouvrier internationaliste ne tremble ni devant la répression ni devant ceux les injures de ceux pour qui la lutte ouvrière est devenue un accessoire de la résistance nationale à la manière gaulliste. Il a ses morts, nombreux, tombés sous les balles des bourreaux nazis. Il a ses militants emprisonnés. Il ne tremble et il regarde l’avenir avec confiance. Il sait que la lutte qu’il mène vaut seule d’être menée, car elle conduit à la libération définitive de l’humanité, la Révolution socialiste internationale. Quant aux travailleurs qui partent en Allemagne, eh bien non ! Ils n’ont pas choisi la déportation, ils ne cherchent pas de prétexte. Nous leur avons dit et nous disons encore : Résistez avec vos moyens ! Mais si vous devez partir, alors ne partez pas en vaincus. Vous n’êtes pas vaincus, car là-bas la lutte continue contre vos oppresseurs qui sont aussi les oppresseurs du peuple allemand ! et ce programme est compris par la classe ouvrière. Des traîtres ? Si celui qui part est un traître, bien qu’il ne parte que contraint et forcé, alors il y a des dizaines de milliers de ‘‘ traîtres ’’ dans la classe ouvrière dans notre pays : l’Allemagne est emplie de ‘‘ traîtres ’’ de ce genre, qui y ont été par la Gestapo et les gouvernements bourgeois de toute l’Europe. Pourquoi, d’ailleurs, ceux qui travaillent ici pour les Allemands – et tous les ouvriers français travaillent plus ou moins directement pour eux – ne seraient-ils pas des traîtres à ce compte là ? (…) Le texte poursuit en rappelant les leçons du Manifeste communiste : On a reproché aux communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur prendre ce qu’ils n’ont pas… ” Le “ Service du travail obligatoire ” a été instauré, le 15 février, 2 semaines après la défaite retentissante de l’armée allemande à Stalingrad. Il avait été amorcé par une loi du 3/9/1942. On peut lire dans le fac simile de la Vérité clandestine/1940-1944 (Edi) comment, dès septembre 1942, les trotskystes ont appelé à la mobilisation contre la relève : “ Les ouvriers français ne seront pas les esclaves du fascisme ”. La Vérité fait connaître les grèves contre les réquisitions. “ A bas la déportation ouvrière ! En Bretagne, comment ils sont partis ”, le poing levé chantant l’Internationale, inscrivant sur les wagons “ A bas Laval ! ”, “ A bas Hitler ! ” “ A bas Pétain ! ” (n°39 – 15/12/1942). Au même moment, le Pcf apostrophe les ouvriers : “ Les Français qui vont travailler en Allemagne sont des traîtres et des imbéciles. (…) Ils se feront écrabouiller par les bombes de la Raf. Ca, ce sera bien fait pour eux. ” (début octobre 1942, reproduit dans La guerre des papillons, d’A. Rossi). “ Halluciné ”… par ses propres trucages“ Pourquoi – s’interroge Nick - ces trotskystes choisissaient le Sto plutôt que le maquis ? Résister, c’était ‘‘défendre la liberté et la démocratie britannique, c’est-à-dire les intérêts de la banque Hambro et Cie de la City de Londres.’’ (…) Hallucinant, mais je n’y peux rien. ” Les trotskystes prôneraient-ils la passivité ? un neutralisme ? la collaboration peut-être ? Pourquoi les trotskystes ont-ils été si férocement réprimés par les nazis et leurs alliés ? Pourquoi l’acharnement des staliniens à les éliminer physiquement ? (Dans son livre, Nick note l’existence d’un maquis très actif, gagné au trotskysme…). La Vérité n°6 du 15/11/1940, que Nick cite, en maniant allègrement les ciseaux sans l’indiquer, commence en fait ainsi : “ Les Balkans sont dans la guerre. Les ouvriers et les paysans de la Grèce fascistes vont défendre la liberté et la démocratie britannique, c’est-à-dire les intérêts de la banque Hambro et Cie de la City de Londres. ” En janvier 1943, écrit R. Dazy dans “ Fusillez ces chiens enragés !…/ Le génocide des trotskystes ”, quand les perspectives de victoire et de libération commençaient d’éclaircir la nuit de l’Occupation, Le Prolétaire, organe clandestin des trotskystes en Grèce, versait une douche froide sur les enthousiasmes : “ La participation de l’Urss à la guerre n’en change pas le caractère impérialiste… Les Anglo-Américains vont venir rendre à la bourgeoisie grecque le pouvoir étatique. Les exploités n’auront fait qu’échanger un joug contre un autre ”. Ce que stigmatise Nick, c’est ne pas avoir adopté la politique du Parti Communiste Grec “ la libération nationale aux côtés de nos grands alliés ” (Cahiers Léon Trotsky n°23, page 46) C’est au nom de la “ démocratie ” et de la “ liberté ” de l’union nationale “ contre le fascisme ” que le Pc grec, agence directe de Staline, a mené – depuis 1936 – et poursuivra une terrible répression (600 trotskystes liquidés sur ordre du bureau politique), participe à la mise en place du gouvernement Papandréou et au retour de la monarchie haïe, isolera le soulèvement révolutionnaire d’Athènes, et finalement ordonnera le désarmement des troupes de l’Elas qu’il contrôle politiquement, les livrant à la répression. C’est ainsi que Churchill put “ sauver la Grèce du communisme ” et réaliser “ enfin son plan d’écrasement de la révolution grecque (…) et empêcher ce qu’il appelait la victoire du trotskysme nu et triomphant, avec un ricanement de complicité en direction de Staline ” (ibidem). “ La guerre impérialiste et la révolution prolétarienne ” (Le Manifeste d’alarme)Rédigé par L. Trotsky, il donne la position de la 4ème internationale, qui l’adopte dans la Conférence d’Alarme, le 26 mai 1940, sur la guerre impérialiste (qui n’était pas encore mondiale). Il analyse la cause principale de la guerre – comme de tous les autres maux sociaux – chômage, coût élevé de la vie, fascisme oppression coloniale – qui réside dans la propriété privée des moyens de production et dans l’Etat bourgeois qui repose sur ces fondements. Il souligne que l’avertissement de Lénine – “ sans une série de révolutions victorieuses ”, une nouvelle guerre impérialiste est inévitable – est désormais une tragique vérité. “ La cause immédiate de la guerre est la rivalité entre les empires coloniaux anciens et riches – Grande-Bretagne et France, et les pillards impérialistes attardés : Allemagne et Italie ”. “ Le patriotisme officiel n’est que le masque des intérêts des exploiteurs. Les ouvriers conscients jettent au loin ce masque avec mépris. Ils ne défendent point la patrie bourgeoise, mais les intérêts des exploités et des opprimés de leur propre pays et du monde entier. Les thèses de la 4ème Internationale affirment : au mot d’ordre réactionnaire de la ‘‘défense nationale’’, il est nécessaire d’opposer le mot d’ordre de la destruction révolutionnaire de l’Etat national. A l’asile d’aliénés de l’Europe capitaliste, il est nécessaire d’opposer le programme des Etats-Unis socialistes d’Europe, comme étape dans la voie des Etats-Unis socialistes du Monde. Non moins mensonger est le mot d’ordre d’une guerre de la démocratie contre le fascisme… ” Il faut défendre l’Urss, “ défendre une conquête aussi colossale que l’économie planifiée contre la restauration des rapports de production capitalistes. Ceux qui ne peuvent défendre les anciennes positions n’en conquerront jamais de nouvelles. (…) Seule la révolution mondiale peut sauver l’Urss pour le socialisme. Mais la révolution mondiale entraîne inévitablement l’éviction de l’oligarchie du Kremlin. ” Quant aux pays coloniaux et semi-coloniaux, “ la lutte menée pour leur Etat national et indépendant et par conséquent “ la défense de la patrie ” est différente de celles des pays impérialistes. Le prolétariat révolutionnaire du monde entier accorde un soutien inconditionné à la lutte de la Chine ou de l’Inde pour leur indépendance nationale. ”… Que faire ?“ Ce Manifeste est adopté au moment où, après avoir accablé la Hollande et la Belgique et écrasé la 1ère résistance des troupes alliées, les armées allemandes sont en train de rouler comme une marée de feu vers Paris et la Manche. A Berlin, on se hâte de fêter la victoire. (…) Mais la classe ouvrière n’est-elle pas, dans les conditions actuelles, obligée d’aider les démocraties contre le fascisme allemand ? Telle est la question que se posent de larges cercles petits-bourgeois pour qui le prolétariat ne demeure toujours qu’un instrument auxiliaire aux mains de telle ou telle fraction de la bourgeoisie. Nous rejetons cette politique avec indignation. Il existe naturellement une différence entre les régimes politiques dans les sociétés bourgeoise tout comme il y a une différence de confort entre les divers wagons d’un train. Mais quand l’ensemble du train se voit précipité dans un abîme, la distinction entre la démocratie décadente et un fascisme meurtrier disparaît en face de l’effondrement tout entier. Par ses victoires et ses bestialités, Hitler provoque naturellement la haine aiguë des ouvriers à travers le monde. Mais entre cette haine légitime des ouvriers et l’aide apportée à leurs ennemis plus faibles mais non moins réactionnaires, il y a un abîme infranchissable. ” “ Pouvons nous être appelés militaristes ? – Oui, dans un certain sens. Nous sommes des militaristes révolutionnaires socialistes prolétariens. ” (Léon Trotsky, le 12/6/1940 – discussion avec des visiteurs du Swp) Le manifeste poursuit : “ Les ouvriers doivent apprendre les arts militaires. ” “ La militarisation des masses s’intensifie chaque jour davantage. Nous rejetons la grotesque prétention de supprimer la militarisation par de creuses protestations pacifistes. Toutes les grandes questions seront décidées dans un prochain avenir, les armes à la main. Les ouvriers ne craindront pas les armes, au contraire, ils apprendront à s’en servir. Les révolutionnaires ne se séparent pas plus du peuple pendant la guerre que pendant la paix. Un bolchevik s’efforce de devenir non seulement le meilleur syndiqué mais aussi le meilleur soldat. Nous ne désirons pas permettre que la bourgeoisie pousse sur les champs de bataille à la dernière heure des soldats qui n’ont pas été entraînés ou l’ont été à demi. Nous réclamons que l’Etat fournisse immédiatement aux ouvriers et aux chômeurs la possibilité d’apprendre à s’exercer au fusil, à la grenade, au fusil automatique, au canon, à l’avion, au sous-marin et aux autres instruments de guerre. Des écoles militaires spéciales sont nécessaires en liaison avec les syndicats, de sorte que les ouvriers pourront devenir des spécialistes qualifiés de l’art militaire, capables d’assurer des postes de commandement. Cette guerre n’est pas notre guerreDans le même temps, n’oublions pas que cette guerre n’est pas notre guerre. En opposition à la 2ème et à la 3ème Internationales, la 4ème Internationale édifie sa politique non pas sur le sort des points de vue militaires des Etats capitalistes, mais sur la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile des ouvriers contre les capitalistes, sur le renversement des classes gouvernantes de tous les pays, sur la révolution socialiste mondiale. Les défaites sur le front, la destruction des capitaux nationaux, les occupations de territoires, la ruine des Etats individuels ne représentent de ce point de vue que des épisodes tragiques dans la voie qui mène à la reconstruction de la société moderne. Indépendamment du cours de la guerre, nous remplissons notre tâche fondamentale; nous expliquons aux ouvriers l’opposition irréconciliable de leurs intérêts et des intérêts du capitalisme assoiffé de sang; nous mobilisons les exploités contre l’impérialisme; nous travaillons à l’union des ouvriers de tous les pays belligérants et neutres; nous appelons à la fraternisation des ouvriers et des soldats dans chaque pays ainsi qu’à la fraternisation des soldats avec les soldats du côté opposé du front; nous mobilisons les femmes et les enfants contre la guerre; nous poursuivons une préparation constante, persistante, infatigable de la révolution dans les usines, dans les manufactures, dans les villages, dans les casernes, au front et dans la flotte. Tel est notre programme. Prolétaires du monde, il n’y a pas d’autre voie que celle de l’union sous le drapeau de la 4ème Internationale. ” “ Je suis membre de la 4ème Internationale et je travaille à mettre fin à la guerre.
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