Article publié dans CPS
n° 11 d’août 1986
TROIS
FOYERS REVOLUTIONNAIRES :
HAÏTI,
LES PHILIPPINES, L'AFRIQUE DU SUD
PUISSANCE
DES REVOLUTIONS : CUBA...
"PACIFISME"
? CYNISME ET BRUTALITE
REAJUSTEMENT
DE LA DOMINATION IMPERIALISTE
L'AFRIQUE
DU SUD : REVOLUTION NOIRE, REVOLUTION PROLETARIENNE
UN
CARREFOUR DE LA REVOLUTION PROLETARIENNE MONDIALE
LES
RESSOURCES POLITIQUES DE L'IMPERIALISME : HAÏTI...
Le
Parti communiste désavoue l'appel à la grève générale
TOUJOURS
: LA QUESTION DE LA DIRECTION REVOLUTIONNAIRE
Depuis le début de l'année,
deux nouveaux foyers révolutionnaires se sont allumés dans la zone d'influence
directe de l'impérialisme américain ou, pour mieux dire, dans deux de ses semi‑colonies.
Le 7 février, Jean‑Claude DUVALIER devait fuir de Haïti. Le 24 février,
MARCOS devait fuir des Philippines. Dans les deux cas, ce sont de puissants
mouvements de masse qui ont chassé les dictateurs. Ils ont ouvert des processus
révolutionnaires qui se poursuivent. Dans les deux cas l'impérialisme américain
à soutenu jusqu'à la limite du possible les sanglants
dictateurs. Mais il a été contraint de les abandonner, non sans leur avoir
trouvé de confortables refuges l'un en France, l'autre à Hawaï et leur avoir
permis de garder d'énormes fortunes, produit d'années de pillage des pays sur
lesquels leurs dictatures se sont exercées.
Haïti est certes un
petit pays. C'est la partie est de l'île du même nom définitivement coupée en
deux Etats en 1844, l'autre partie étant Saint‑Domingue.
La surface de la République de Haïti n'est que de 27 750 km2 et sa population
de 5.3 millions d'habitants. De 1916 à1924, les USA ont occupé militairement
Haïti et Saint‑Domingue. En 1957, François
DUVALIER devenait président de la République de Haïti. "Réélu" en
1963, il se faisait nommer en 1964 président à vie. A
sa mort, en 1971, son fils, Jean‑Claude DUVALIER, lui à
succédé. La dictature des DUVALIER s'est appuyée sur les USA et les tontons
macoutes, sorte de garde prétorienne, ainsi que sur l'armée.
L'histoire des
Philippines n'est pas moins significative. Avec Cuba, Porto‑Rico, les Philippines ont été parmi les dernières colonies
espagnoles de l'ancien empire d’Espagne datant du 15e siècle. La "grande
démocratie américaine" ne pouvait moins faire que de soutenir la lutte du
peuple cubain pour son indépendance. En 1898, elle envoyait à La Havane un de
ses cuirassés, le "Maine" "soutenir" cette lutte et
"protéger" la vie des citoyens américains. Le 15 février, le
"Maine" explosait dans le port de La Havane, entraînant la mort de
deux cent soixante officiers et marins. Le gouvernement américain attribua la
responsabilité de cette explosion aux espagnols. Le 25 avril 1898, les Etats‑Unis
entraient en guerre contre l'Espagne.
L'objectif du gouvernement
américain était évidemment de s'emparer de Cuba, la plus grande Île des
Caraïbes "la perle des Antilles", située à 150 km
des côtes de Floride et déjà largement investie par les capitaux américains. Il
était aussi de s'emparer des Philippines, archipel qui se situe à la limite du
sud‑est asiatique, bordé à l'ouest par la mer de Chine, à l'est par le
Pacifique.
En janvier 1899, au
traité de Paris, l'Espagne reconnaissait "l'indépendance" de Cuba, de
Porto‑Rico, des Philippines, de la petite île de
Guam que l'armée américaine occupait. Jusqu'en 1903, le gouvernement américain
a purement et simplement occupé militairement Cuba. A cette date, un
gouvernement cubain conforme à la volonté américaines et le gouvernement des
USA, ont signé un traité qui a fait de Cuba un véritable protectorat américain.
Il attribuait aux USA la base militaire de Guantanamo (qu'ils occupent toujours
actuellement), le droit d'intervenir dans les affaires de Cuba. Ce traité est
resté officiellement en vigueur jusqu'en 1932. Porto‑Rico
devenait un "territoire" américain.
Les USA occupaient
militairement les Philippines. Le 4 février 1899 un soulèvement dressait le
peuple philippin contre l'occupation américaine. Emilio
AGUINALDO, dirigeant des organisations qui venaient de combattre contre
l'Espagne, pour l'indépendance des Philippines le dirigeait. Le gouvernement
américain dut envoyer un corps expéditionnaire de 70
000 hommes. Il mit trois ans pour maîtriser le soulèvement. Les Philippines
devinrent tout simplement une colonie américaine. Ce n'est qu'en 1946 que les
USA ont accordé l'indépendance politique aux Philippines. Mais elles sont
restées une des semi‑colonies des USA et la tutelle américaine s'y exerce
très étroitement. Peuplées d'environ 52 millions d'habitants, leur importance
stratégique, économique et politique est considérable étant donné leur position
géographique. Pendant des années, MARCOS a été un des hommes des américains.
Depuis 1972 il exerçait une dictature ouverte.
La puissance et
l'impact dans la lutte des classes mondiales des révolutions n'est
pas nécessairement proportionnelles à la grandeur du pays où elles se
produisent. Ainsi, la révolution cubaine est allée jusqu'à l'expropriation du
capital à Cuba. Elle a défié le plus puissant des impérialismes et cela à 150
kilomètres de ses côtes, alors qu'il considère Cuba comme faisant partie de sa
"zone de sécurité immédiate". Il en a été ainsi parce que la
révolution cubaine a eu un écho considérable en Amérique Latine, du Mexique à
l'extrémité de l'Argentine et du Chili.
L'impérialisme
américain à tenté de briser et de liquider la
révolution cubaine en prenant des mesures comme le boycott économique de l'île,
en suscitant des complots comme celui du débarquement des contre‑révolutionnaires
à la baie des Cochons, le 14 avril 1961. Il l'a au contraire radicalisée
et a provoqué une extraordinaire mobilisation révolutionnaire des ouvriers et
paysans cubains. Ceux‑ci ne voulaient plus supporter le joug et
l'exploitation semi‑coloniaux de l'impérialisme américain et de la
bourgeoisie cubaine liée à lui et à son service.
L'impérialisme
américain n'a pu aller jusqu'à intervenir militairement à Cuba. Manifestement,
cela n'aurait pas été une simple promenade militaire et, surtout, la révolution
cubaine bénéficiait du soutien des masses latino‑américaines opprimées et
exploitées. De plus, il était déjà difficile de +aire accepter au peuple
américain une expédition militaire sans aucun doute coûteuse et aux résultats
incertains. L'impérialisme américain s'est contenté d'un compromis conclut avec
la bureaucratie du Kremlin et auquel CASTRO a souscrit ‑ les USA
maintiennent leur boycott économique mais n'interviennent pas militairement ;
CASTRO et les dirigeants de la révolution cubaine ne mettent pas, en pratique,
en cause la main‑mise de l'impérialisme US sur l'ensemble de l'Amérique
Latine ; à l'occasion, ils se font mime les agents du maintien de
"l'ordre" dans cette région du monde. Quant à la bureaucratie du
Kremlin, elle soutient économiquement Cuba dans la mesure où l'île peut devenir
un élément d'un marchandage planétaire entre elle et l'impérialisme américain.
C'est de cette façon que finalement la révolution cubaine a été circonscrite et
relativement aseptisée. Le prestige de CASTRO et des dirigeants de la
révolution cubaine a pu alors "être utilisé... contre le développement de
la révolution en Amérique Latine.
L'exemple de la
révolution au Nicaragua n'est pas moins significatif et démonstratif. Le
Nicaragua est un pays économiquement arriéré qui ne compte que trois millions
d'habitants. Mais il est situé en Amérique Centrale, au centre de ce que
l'impérialisme américain considère comme son "arrière cour".
Le Nicaragua a une
riche tradition de lutte contre l'impérialisme américain. Dès 1912,
l'impérialisme américain y envoyait ses "marines" pour y rétablir et
maintenir "l'ordre". Ils y restèrent jusqu'en 1924. En 1927, les
"marines" débarquaient à nouveau au Nicaragua toujours pour y rétablir
et maintenir "l'ordre". Sous la dictée de l'impérialisme américain,
les deux partis bourgeois, conservateurs et libéraux, qui se disputaient le
pouvoir signaient un "accord". Ils s'engageaient : à déposer les
armes sous le contrôle des USA, le parti libéral entrait au gouvernement ; à
organiser une police sous le commandement d'officiers nord‑américains ; à
accepter la surveillance des élections de 1928 par les USA et le maintien des
"marines" pour assurer la "paix". En conséquence de cet
accord, la garde nationale était constituée.
Le général SANDINO,
membre du parti libéral, rejeta cet "accord". Il appela les ouvriers
et les paysans à combattre contre la garde nationale et les
"marines". Lorsqu'en 1933 ROOSEVELT décida de retirer les
"marines" du Nicaragua, SANDINO accepta de déposer les armes et de
négocier avec le gouvernement. Le président Bautista
SACASA le fera assassiner, à la sortie d'un dîner, par SOUROJA, chef de la
garde nationale. En 1937, SOMOZA devenait président de la République. Il le
restera jusqu'à sa mort après laquelle son fils lui succédera. En juillet 1979,
la grève générale insurrectionnelle et l'action armée du Front Sandiniste de
Libération Nationale ont disloqué la garde nationale et ont obligé SOMOZA à
s'enfuir.
A priori il y à
disproportion écrasante des fortes entre le géant américain et le Nicaragua.
D'autant plus que l'impérialisme US bénéficie encore aujourd'hui à l'intérieur
du Nicaragua de l'appui actif de la bourgeoisie dite "nationale" et
de la hiérarchie catholique. Jusqu'alors le pouvoir sandiniste s'est refusé à
éliminer la bourgeoisie et à neutraliser, la hiérarchie catholique. Pourtant,
au moins jusqu'à maintenant, l'impérialisme américain n'a pu écraser la
révolution nicaraguayenne bien qu'il lui ait porté des coups très durs par le
blocus économique et en utilisant les "contras".
C'est que la
révolution nicaraguayenne s'inscrit dans une situation révolutionnaire qui
s'étend à des degrés divers en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, dont la
guerre révolutionnaire au Salvador est une autre expression. Elle s'est
développée alors que la révolution de février 1979 venait de renverser le chah
en Iran et qu'elle menaçait de s'étendre au Moyen‑Orient ; alors que
quelques années plus tôt l'impérialisme américain avait subi une cinglante
défaite politique au Vietnam et que, à la suite du Watergate, il était en
pleine crise de direction politique.
Accédant au pouvoir
en 1981, REAGAN se fixait comme quelques uns de ses principaux objectifs :
surmonter la crise de direction de l'impérialisme américain, les conséquences
de la défaite politique subie au Vietnam ; rétablir sa toute puissance dans ses
semi‑colonies et ses propres zones d'influence directe et aussi dans les
zones du monde où son influence s'exerce conjointement avec celle d'autres pays
impérialistes. Le moins que l'on puisse dire est qu’il a échoué.
Les renversements de
MARCOS aux Philippines et de DUVALIER à Haïti sont de nouveaux coups très durs
portés à l'impérialisme US précisément parce qu'il s'agit dans les deux cas d'anciennes
colonies (devenues des semi‑colonies américaines) datant d'avant qu'il ne
soit encore la puissance impérialiste dominante et parce qu'elles ont fait
partie des bases sur lesquelles il s'est appuyé pour le devenir. Le processus
révolutionnaire en cours à Haïti ne peut être isolé du développement de la
lutte des classes en Amérique Latine, de la révolution cubaines de la
révolution nicaraguayennes de la guerre révolutionnaire au Salvador, de la
situation révolutionnaire dans l'ensemble de l'Amérique centrale, des
situations pré‑révolutionnaires ou révolutionnaires au Brésil, en
Argentine, en Bolivie, au Pérou, au Chili et certainement en d'autres pays
d’Amérique du Sud. Or, l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud font partie de
la chair, de la substance de l'impérialisme US.
Pour s'en convaincre,
il suffit de rappeler ce que dès 1823, MONROE, président des USA, proclamait du
nord au sud, l’Amérique aux américains, par contre les Américains n'ont pas à
s'occuper des affaires européennes. Cette "doctrine" était formulée
après que, du Mexique à la Terre de Feu, l'ensemble des pays d'Amérique Latine aient arraché leur indépendance à l'Espagne et au Portugal.
Elle précisait que les USA ne sauraient tolérer que les puissances européennes
constituent dans les deux Amériques de nouvelles colonies. Toutefois, MONROE et
ses successeurs devaient consentir de sérieux compromis : ne pas mettre en
cause les colonies anglaises de vieilles dates du Canada, des Bahamas, à
quelques îles des Caraïbes, au Honduras et à la Guyanne
britannique ; les maigres restants de l'empire espagnol dont Cuba et Porto‑Rico, les possessions françaises des Antilles, la Guyanne française et hollandaise.
La
"doctrine" de MONROE a été le point de départ de la constitution des
USA dans leur dimension actuelle, de l'Atlantique au Pacifiques du Canada à la
Californie, au Nouveau Mexique, au Texas, au Rio Grande. Vers cette époque
commençait "la ruée vers l'ouest". Elle a exigé que près de la moitié
de son territoire soit volé au Mexique qui venait en 1821 d'arracher à
l'Espagne son indépendance. A la suite de la guerre entre les USA et le Mexique
(1846‑48) les USA annexaient le Texas, le Nouveau Mexique, la Californie.
La guerre de Sécession, la victoire du Nord et l'immigration de dizaines de
millions d'hommes et de femmes venant d'Europe allaient permettre que se
constitue la nation américaine telle qu'elle existe aujourd'hui. Encore cela
exigea‑t‑il le refoulement, la spoliation et presque
l'extermination des tribus indiennes.
Très rapidement,
l’impérialisme américain a commencé à disputer à l'impérialisme français mais
surtout à l'impérialisme anglais, la prépondérance sur le Mexique, l'Amérique
Centrale et l'Amérique du Sud. L'échec de l'expédition militaire de Napoléon
III au Mexique, pendant que se déroulait la guerre de Sécession (1861‑1865)
a renforcé la prédominance américaine sur le Mexique. En 1867, les USA
achetaient l'Alaska à la Russie comme ils avaient acheté la Louisiane à la
France en 1803.
Dès 1889 le gouvernement
des Etats‑Unis réunissait à Washington une conférence à laquelle
participaient 17 pays d'Amérique Latine. Son objectif : réaliser une union
douanière entre les USA et les pays d’Amérique Latine. En fait il s'agissait de
consacrer la prédominance économique de l'impérialisme US sur l'ensemble de
l’Amérique Latine et de faire de celle‑ci une semi‑colonie des
Etats‑Unis. Mais la pression de l'Angleterre empêcha que ce beau projet
aboutisse. L'accord conclu se limita à prévoir la discussion de traités de
commerce et la création d'une vague union pan‑américaine, simple agence
de renseignements et d'échange d'informations. L'impérialisme américain n'en
avançait pas moins sur la ligne de l'investissement de l'ensemble de l'Amérique
Latine.
Bien avant la
première guerre mondiale, l'Amérique centrale était sous l'influence
prépondérante des Etats-Unis, son "arrière cour". En 1903, ils
suscitaient une "révolte" du "peuple panaméen" contre la
Colombie qui contrôlait alors l'isthme de Panama. "L'indépendance"
obtenues le "gouvernement" de Panama louait à perpétuité aux USA une
bande de terrain allant de l'Atlantique au Pacifique où fut creusé le canal de
Panama. Pourtant par ses investissements, l'influence de la Grande-Bretagne
restait prépondérante dans plusieurs pays d’Amérique du Sud jusqu'avant la 2ème
guerre mondiale. Depuis, en ce qui concerne l'Amérique Latine, la doctrine de
MONROE s'est pleinement réalisée dans sa première partie, « l'Amérique aux
Américains », les "Américains" étant bien entendu l'impérialisme
US. Dans son ensemble l’Amérique Latine est devenue une semi‑colonie de
l'impérialisme américain.
Dans une conférence
prononcée en 1925 et éditée en brochure sous le titre de "Europe et
Amérique", Léon TROTSKY expliquait :
" Les USA
sont intervenus sur l'arène mondiale alors que le globe terrestre tout entier
était déjà conquis et opprimé. C'est pourquoi l'avance impérialiste des Etats‑Unis
s'effectue sous les mots d'ordre : "liberté des mers", "portes
ouvertes", etc... Ainsi quand l'Amérique est
obligée d'accomplir ouvertement une canaillerie militariste, la responsabilité
aux yeux de sa population et, dans une certaine mesure, de l'humanité toute
entière, en incombe uniquement aux citoyens retardataires du reste du
monde ".
Plus loin :
" Les Etats‑Unis
s'engagent dans toutes les voies et partout ils prennent l'offensive. Ils
opèrent de façon strictement "pacifique", c'est‑à‑dire
sans emploi de la force armée, "sans effusion de sang" comme disait
la Sainte Inquisition lorsqu'elle brûlait vif les hérétiques ; ils s'étendent
pacifiquement parce que leurs adversaires, en grinçant des dents# reculent pas
à pas devant cette nouvelle puissance sans se risquer à la heurter ouvertement.
C'est la base de la politique "pacifique" des Etats-Unis. Leur
principal instrument est maintenant le capital financier avec une réserve d'or
de neuf milliards de roubles. C'est là une force terrible, une force qui balaie
tout sur son passage dans toutes les parties du monde". ("Europe et
Amérique" Ed. Anthropos, pages 24 et 63).
Toute l'histoire
démontre le cynisme et la brutalité du capitalisme et de l'impérialisme
américains. A la fin du siècle dernier et au début du 20e siècles ainsi que le
montrera la guerre entre les USA et l'Espagne et ses conséquences,
l'impérialisme américain s'était avancé sur la voie de la constitution d'un
empire colonial où il exerçait directement l'administration et le pouvoir
politique. Mais sa puissance économique et financière lui a donné les moyens
d'exercer sa domination et son exploitation de façon semi‑coloniale dans
la plupart des cas, en laissant aux pays qu'ils dominaient et exploitaient leur
indépendance politique formelle et par la médiation de bourgeoisies plus ou
moins nationales, plus ou moins compradores ainsi que ce fut et c'est le cas en
Amérique Latine, non sans parfois intervenir militairement directement. En
19l7, à la veille d'entrer dans la 1ère guerre mondiale et de déclarer la
guerre à l'Allemagne, une armée américaine intervenait au Mexique alors en
révolution et se mettait à la poursuite de l'armée de PANCHO VILLA, les USA
occupaient Vera‑Cruz. Mais entre les deux guerres mondiales, généralement
face à des rivaux européens déjà en décadence, l'impérialisme américain pouvait
s'étendre "pacifiquement" sans avoir recours à la colonisation
directe et à un nouveau partage du monde# sous la forme de la constitution d'un
gigantesque empire colonial style empires britannique et français.
A la fin de la 2e
guerre mondiale, les vieux empires coloniaux où la métropole exerçait
directement l'administration et le pouvoir dans les pays colonisés, se sont
plus ou mains rapidement disloqués. Confrontées à l'aspiration des peuples des
pays colonisés d'accéder à l’indépendance, les vieilles puissances coloniales
n'avaient plus la force de maintenir leurs anciens empires coloniaux. Elles ont
dû accorder, de gré au de force, l'indépendance politique formelle à leurs
anciennes colonies et transmettre l'administration et le pouvoir politique à
des bourgeoisies plus ou moins nationales, plus ou moins compradores, plus ou
moins croupions.
L'impérialisme
américain est sorti de la 2e guerre mondiale comme la puissance impérialiste
dominante, force motrice et clé de voûte du système impérialiste, dont il a
impulsé la reconstruction. A condition toutefois que dans les pays qui
l'arrachait le capital ne soit pas exproprié, l'indépendance politique formelle
faisait bien son affaire. Toute barrière à sa propre expansion impérialiste
disparaissait. A l'occasion, il imposait la « décolonisation ». Lui‑même accordait
"l’indépendance" aux Philippines. Il décidait que Hawaii et l'Alaska
devenaient les 49e et 50e Etats des USA. Naturellement, il n'avait aucun mal à
imposer sa présence dans les pays qui avant la guerre avait gardé leur
indépendance politique formelle mais qui, en pratique, étaient sous la tutelle
de vieilles puissances impérialistes européennes. Rapidement l'emprise de
l'impérialisme américain s'est étendue sur les anciens pays coloniaux, comme
sur les pays déjà semi‑coloniaux, où le capital n'était pas exproprié. Il
nouait avec les bourgeoisies de ces pays des rapports économiques, financiers,
politiques et militaires du mime type que ceux qu'il entretient avec les
bourgeoisies d'Amérique latine, soit en évinçant les
vieilles puissances impérialistes européennes et le Japon, soit en coopération
ou en concurrence avec elles.
Toute médaille a son
revers. Depuis la fin de la 2e guerre mondiale, l'impérialisme américain à perdu son auréole pacifique. Il a développé un militarisme
qui couvre la terre entière, la course aux armements, un formidable arsenal
d'armes sophistiquées qui peuvent détruire plusieurs fois l'Humanité. Il est
devenu le gendarme contre‑révolutionnaire impérialiste sur les cinq
continents. L'inéluctable contre‑partie de la
formidable extension de sa domination est qu'il est forcément directement
concerné par toute crises toute situation, tout mouvement des masses qui met en
cause « l'ordre » impérialiste, que ce soit la révolution chinoise,
la guerre révolutionnaire du peuple vietnamien pour son indépendance, ce qui se
passe en Asie, en Afrique, en Amérique Latine, comme il est aussi concerné par
ce qui se passe dans les autres puissances impérialistes et également dans les
pays où le capital a été exproprié. Officiellement et ouvertement
l'impérialisme américain a du prendre directement en charge, depuis la fin de
la 2e guerre mondiale, deux grandes guerres ouvertement contre-révolutionnaires
: la Corée et le Vietnam. Il a été et est impliqué plus ou moins directement
dans ce qui est convenu d'appeler les "conflits locaux" qui depuis la
fin de la 2e guerre mondiale se chiffrent par centaines. Son intervention
militaire au Vietnam à abouti à une défaite politique
aux conséquences inépuisées et qui l'a marqué indélébilement.
Les processus
révolutionnaires en cours à Haïti et aux Philippines sont parties
composantes de la crise qui frappe la sphère de domination la plus ancienne et
la plus directe de l'impérialisme américain. Aux Philippines et en Amérique
latine le combat contre l'impérialisme américain est alimenté par une situation
économique et financière catastrophique qui n'a cessé de s'aggraver au cours de
ces dernières années. Aux Philippines, la baisse du revenu national en 1984 à
été de 5.8 % et de plus de 5 % en 1985.
L'endettement dépasse
25 milliards de dollars. Bien entendu les Philippines, en raison de leur
endettement de la nécessité du rééchelonnement de la dette sont soumises par le
FMI à un "plan d'austérité" qui restreint encore un peu plus la
consommation intérieure pour redresser le déficit de la balance commerciale et
favoriser les exportations. Mais en même temps la chute des cours du sucre, de
la noix de coco, du cuivre, etc, coûte des milliards
de dollars de manque à gagner aux Philippines.
Haïti est à la limite
de la décomposition économique. Ces situations ne sont pas propres aux
Philippines et à Haïti. Par exemple, à Saint-Domingue, l'autre partie de
l'île, l'endettement atteint 3.5 milliards de dollars. En janvier 1985 le
gouvernement décrétait une hausse des prix de 50 %. Il dut
reculer en partie face à la grève générale du 11 février. Voici ce qu'écrivait,
à propos de l'Amérique Centrale, Moises ICONICOFF, directeur de la recherche au
CRNS, dans "Le Monde Diplomatique" de mai 1986 :
"Avec une dette d'environ 15 milliards de dollars, la région présente un déséquilibre financier extrême qui apparaît de prime abord, comme le facteur fondamental de la crise. Considérée en termes relatifs, la situation des pays d'Amérique centrale semble être la plus grave d'Amérique latine puisque le montant de la dette représente pour la région 71.4 % du PIB, c'est‑à‑dire le double de la moyenne établie pour l'ensemble des pays du sous‑continent. La capacité de paiement est, quant à elles inférieure à celle des autres pays latino-américains, le pourcentage du service de la dette atteignant 300 % de la valeur des exportations".
Et encore :
"Les cinq pays d'Amérique centrale connaissent depuis les années 1980 une récession sans précédent. Le recul de l'activité économique est tel que trois décennies d'efforts de développement semblent anéanties ... ... Le chômage et le sous‑emploi affectent aujourd'hui 35 % de la population active".
La situation
économique et financière sans issue des trois grands pays d'Amérique latine, le
Mexique, le Brésil, l'Argentine, est connue. Eux aussi sont soumis aux diktats
du FMI : plan Austral en Argentine, cruzado au Brésil, nouvelle crise
financière au Mexique qui exige l'intervention du FMI lequel dicte un nouveau
plan d'austérité.
En d'autres termes :
le processus de la décomposition économique de l’Amérique latine et des
Philippines ‑ zones organiquement nécessaires à l'impérialisme américain,
zones premières de sa domination coloniale et semi‑coloniale, composante
de sa formation historique ‑ est engagé. L'impérialisme dresse contre lui
des centaines de millions d'exploités et d'opprimés. C'est ce que traduisent,
expriment et impulsent les mouvements révolutionnaires en cours à Haïti, aux
Philippines, au Nicaragua, au Salvador, dans toute l'Amérique centrale, les
situations révolutionnaires et pré‑révolutionnaires en Amérique du Sud.
Les multiples combats
engagés ces dernières années par les masses opprimées et exploitées des pays
semi‑coloniaux ont obligatoirement concernés l'impérialisme américain :
au Moyen‑Orient, en Afrique du Nord, au Soudant pour ne citer que ceux
là. Mais le combat, sans doute le plus important de ceux engagés ces dernières
années, du point de vue de la lutte de classe internationale, est celui que la
population noire d'Afrique du Sud a engagé pour une nation, un État, le pouvoir
noir. Un nouveau foyer de la révolution s'est allumé dont l'importance
historique ne saurait être sous‑estimée. Cette révolution prolétarienne
met en cause le système impérialiste dans son ensemble et donc nécessairement
au premier chef l'impérialisme US.
L'union sud‑africaine
est née en 1910 de la fédération des deux colonies anglaises, le Cap et Natal,
des anciennes républiques boers de l'Orange et du Transvaal, dépendantes de
l'Angleterre depuis la guerre des Boers (1899‑1902). A l'Afrique du Sud
étaient strictement soumis les trois protectorats britanniques : le Lesotho, le
Botswana, le Swaziland. Dès sa constitution, la République de l'Afrique du Sud à été une république "démocratique"... blanche.
Les noirs sont exclus de tout droit politique. Ils constituent l'essentiel du
prolétariat et de la population laborieuse. Ils sont dépourvus dans leur énorme
majorité de propriété et de terre. La ségrégation des noirs n'a cessé de
s’aggraver. Elle a abouti à "l'apartheid".
L'Afrique du Sud est
devenue à partir de 1910 un modèle de semi‑colonie, administrée et
dirigée politiquement par une bourgeoisie locale relativement puissante,
s'appuyant elle‑même sur une base de masse relative, la population
blanche qui représente environ 14 % de la population : 32 millions d'habitants
environ dont près de 80 % de noirs. Tous les blancs ne sont pas des
capitalistes. Ils forment encore 22 % des travailleurs de l'industrie mais, la
plupart, à des postes de direction. Nombre travaillent dans la fonction
publique, d'autres font partie des classes moyennes. Les salaires moyens des
blancs par rapport à ceux des noirs sont 4.9 fois plus élevés dans les services
publics, 4.8 fois plus élevés dans la construction, 5.4 fois plus élevés dans
le commerce, 5.9 fois dans le textile, 10.9 fois dans les mines. Ce sont des
privilégiés et ils ont conscience que leurs privilèges dépendent de la
surexploitation des noirs, du maintien du pouvoir blanc, donc de l'apartheid.
Inversement, il existe une petite minorité de noirs qui peut être considérée
comme faisant partie des couches moyennes et de l'intelligentsia : environ 5 %
de la population noire. Mais les gros bataillons des ouvriers d'industrie, de
la construction et des transports ce sont les noirs : 6 millions. Dans
l'agriculture il y a 1,5 millions de travailleurs noirs et quelques dizaines de
milliers de blancs. Telle est la stratification des classes sociales.
L'Afrique du Sud a
plus que jamais le caractère d'une semi‑colonie du point de vue
économique et financier. Les investissements étrangers ont évolué de la façon
suivante – 2.9 milliards de rands en 1958, 7.8 milliards en 1972, 10.4
milliards en 1976. Si jusqu'à la seconde guerre mondiale l'Afrique du Sud
restait une chasse gardée de l'impérialisme britannique, depuis le capital US y
a largement pénétré ‑‑ il réalise dans ce pays 30 % de ses
investissements en Afrique, 60 % si on
exclut le pétrole et 95 % pour ce qui concerne le secteur industriel. En mime
temps, le capital sud‑africain a investi à l'étranger 2,8 milliards de
rands, dont 770 millions en Afrique..
Depuis la crise
économique a durement frappée l'Afrique du Sud. Les capitaux fuient. Le 1er
septembre 1984, le ministre de l'économie, devant la fuite des capitaux, dut geler le remboursement de la dette extérieure, soit à
court terme 14 milliards de dollars sur une dette totale de 25 milliards. Le
blocage a duré huit mois. L'expansion économique est arrêtée. Le chômage croît.
Les perspectives sont sombres.
Réduire à la crise
économique et financière les causes du combat révolutionnaire du peuple noir
serait erroné. C'est un mouvement politique dont les origines se situent dans
une lutte datant de plus d'un demi‑siècle et à laquelle les évènements de
Soweto, il y a dix ans, ont donné un nouveau départ. Ce dont il s'agit, c'est
du pouvoir. Mais le peuple noir ne peut conquérir le pouvoir que par une
révolution prolétarienne qui exproprie les capitalistes blancs d'Afrique du
Sud , instrument de l'impérialisme et plus particulièrement des impérialismes
anglais et américain, et bien entendu l'impérialisme lui‑même. Par la
position de l'Afrique du Sud en Afrique et dans le mondes le prolétariat noir
menace de déstabiliser le système impérialiste en Afrique, de donner une
direction politique à la population laborieuse d'Afrique noire, exploitée et
opprimée au compte de l'impérialisme par des bourgeoisies noires croupion, des
camarillas militaires exerçant une dictature d'autant plus brutale qu'elles
sont instables et fragiles.
La combat du
prolétariat noir d'Afrique du Sud signifie à tous les peuples opprimés et
exploités par l'impérialisme : il n'y a de libération de l'oppression et de
l'exploitation impérialistes, d'indépendance authentiques que par
l'expropriation du capital et seule la révolution prolétarienne peut la
réaliser. La lutte du peuple noir d'Afrique du Sud s'inscrit directement dans
le processus de la révolution prolétarienne mondiale et ouvre également la voie
à la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes.
La farouche volonté
de REAGAN et de la "dame de fer", Mme THATCHER de tout faire pour
maintenir et appuyer l'apartheid, le pouvoir blanc, y compris un s'opposant à
toute apparence de "sanctions économiques", témoigne de la pleine
consciente que les impérialismes américains et anglais ont de ce que la lutte
du peuple noir met en cause la stabilité de tout le système impérialiste et
généralement du capitalisme. Pour l'impérialisme américain en particulier, la
révolution noire en Afrique du Sud est une menace non moins immédiate et directe
que la révolution aux Philippines, à Haïti, en Amérique centrale et du Sud.
En concédant une
partie plus ou moins importante de la plus‑value extorquée à la
population laborieuse des pays soumis à l'impérialisme, à des bourgeoisies plus
ou moins nationales, plus ou mains compradores, voire croupions l'impérialisme
a pu maintenir l'oppression et l'exploitation de ces peuples. Ouvriers et
paysans apprennent que pour combattre l'impérialisme, le vaincre, le chasser,
il faut combattre, vaincre et chasser les bourgeoisies de leur propre pays,
exproprier le capital, instaurer un nouvel État, l’Etat ouvrier, un nouveau
mode de production social.
C'est loin d'être
nécessairement clair à priori. A Haïti et aux Philippines, tout est mis en
œuvre pour masquer cette réalité et maintenir au pouvoir les représentants de
la bourgeoisie et même ceux qui hier étaient les collaborateurs directs des
DUVALIER et des MARCOS, faire avorter le mouvement révolutionnaire. A Haïti,
c'est l'armée et ses officiers qui ont pris le pouvoir que Jean‑Claude
DUVALIER devait abandonner. Le général NAMPHY préside le Conseil National de
Gouvernement (CNG). Jusqu'au 21 mars au moins trois des sept membres du CNG
avaient été des membres dirigeants de l'équipe de DUVALIER. A la suite de
manifestations de masses sur lesquelles l'armée a tiré ils ont été contraints
de démissionner mais le pouvoir est toujours exercé par l'armée. A l'appel du
« Comité pour la défense de la démocratie » constitué par un groupe
de journalistes, d'étudiants et d'écclésiastiques
après le remaniement du CNG, des manifestations se sont produites pour exiger
le départ du gouvernement militaires mais le CNG a réussi à se maintenir tel
que. De nouvelles manifestations se produisaient le 26 avril devant la prison
de Fort‑Dimanche sur lesquelles l'armée a encore tiré 7 morts. D'autres
encore se sont déroulées pendant la première semaine du mois de juin. Un appel
à la grève générale était lancé. Une dépêche AFP‑Reuter rapporte :
Haïti
Port‑au‑Prince AFP, Reuter. Le calme régnait lundi 4 juin à Port-au-Prince après une semaine de violentes manifestations (ayant fait un mort et une vingtaine de blessés) et à la veille d'un mouvement de grève générale.
L'ordre de grève à été lancé par la Centrale autonome des travailleurs Haïtiens (CATH), le Comité d'unité démocratique (KID), créé récemment par de jeunes progressistes, le Parti démocrate‑chrétien de M. Sylvio Claude, et l'Union des forces Patriotiques et démocratiques (IFOPADA, de tendance socialiste). En revanche. toutes les autres formations politiques, notamment le Parti communiste ont désavoué cet appel à la grève. M. Marc Bazin, leader du Mouvement pour l'implantation de la démocratie en Haïti (MIDH), ancien Ministre des finances et ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, considéré comme l’un des aspirants les plus sérieux à la Présidence de la République, a déclaré lundi, que l’heure « était à la concertation et au dialogue, non pas aux affrontements ».
Des radios locales ont diffusé lundi une déclaration du CATH appelant à soutenir la grève « dans toutes les parties du pays. sur tous les lieux de travail et dans toutes les écoles ». Un communiqué signé par une cinquantaine de personnalités affirmait, la semaine dernière, que la grève visait à obtenir la démission du ministre des finances, M. Delatour, et du colonel Regala, ministre de la défense, l'un des trois membres du Conseil national de gouvernement.
La grève générale a
échoué.
Au mois de mai, le
secrétaire du PC de Haïti, René THEODORE expliquait :
« Nous avons fini par imposer notre présence, une existence de facto qui offre parfois plus de garanties que l’existence légale. Pour nous, communistes , précise‑il, le CNG est un gouvernement provisoire. Nous constatons qu'il est relativement paralysé à cause de ses contradictions internes, mais, en même temps, il réagit aux pressions du mouvements populaire et est amené à faire des concessions. Il est juste de parler d'apprentissage de la démocratie, cela est également valable pour le CNG lui-même. Avant de songer à l'élection présidentielle, nous pensons qu'il serait préférable d'élire une constituante qui pourrait elle-même se convertir en Assemblée nationale et désigner l'exécutif en attendant une normalisation. »
Une autre dépêche AFP
rapporte :
Elections
Législatives et présidentielles en novembre 1987
Port-au-Prince (AFP, UPI, Reuter). ‑ Le général Namphy, président du Conseil national de gouvernement (CNG), à annoncé, dimanche 8 juin, que des élections législatives et présidentielle auront lieu en Haïti en novembre 1987 et que le nouveau chef d'Etat élu prêtera serment le 7 février 1988, jour anniversaire de la chute du régime duvaliériste. La général Namphy à précisé qu'il ne serait pas lui‑même candidat. Cette décision a été prise par la Conseil national de gouvernement à la suite de nouvelles et violentes manifestations de rues dans la capitale et dans plusieurs villes de province. Les manifestants réclamaient, en particulier, la démission de trois ministres et une intervention du général Namphy pour la constitution d'un nouveau gouvernement civil. Le calme était revenu, ce lundi 9 juin, à Port‑au-Prince et dans l'ensemble du pays. Le porte‑parole du Conseil national de gouvernement à fait connaître le calendrier électoral qui comprend notamment la promulgation de décrets sur les partis politiques et la presse, en juillet 1986, l'élection d'une assemblée constituante, en octobre 1986, un référendum sur la ratification de la nouvelle Constitution et la proclamation de cette Constitution, en février 1987. La promulgation de la loi électorale doit avoir lieu en mars 1987. Des élections municipales, en juillet 1987, doivent précéder les élections législatives et présidentielle fixées en novembre de la même année.
Aux Philippines,
toutes les forces de la bourgeoisie, à commencer par l'armée et les généraux au
service de MARCOS et des USA, la hiérarchie catholique, se sont ralliées
derrière Mme AQUINO. A la vérité, Mme AQUINO, en
dehors de vagues promesses démocratiques, n'a d'autre
programme que la sauvegarde du pouvoir bourgeois. Par contre, le Parti
Communiste Philippin est en train de négocier son ralliement au "processus
démocratique" : abandon de la guérilla en échange de sa
reconnaissance.
Au cours des années
cinquante, le PC des Philippines était lié à la Chine. A la suite d'une
tentative de soulèvement il a été démantelé. Il s'est reconstitué vers 1968.
Voici, selon "Le Monde Diplomatique" de décembre 1985, son
programme :
Le programme du Front démocratique national
Emanation du Parti communiste des Philippines, la Front démocratique national (FDN) ‑ clandestin ‑ a vu le jour en 1973, cinq après la création du nouveau mouvement communiste(1968). Il souligne d'emblée dans son programme que « la lutte armée –la guerre populaire- est la forme principale de lutte à ce stade de la révolution philippine », mais il « reconnaît également l’importance de la combinaison et de la coordination de la lutte armée avec les autres formes de luttes, clandestines ou ouvertes, légales ou illégales ». Le FDN « étend et consolide la révolution nationale jusqu’à la victoire totale dans tout le pays et jusqu’à l’établissement d’une nouvelle République philippine dotée d’un gouvrnement de coalition démocratique ».
La République doit être « démocratique et populaire ». Le programme garantit les libertés et droits fondamentaux : parole, religion, vote, association, propriété, etc. Il prône une « vraie réforme agraire » tout en soulignant, par exemple, que « les paysans riches seront autorisés à conserver leur niveau de vie ». Le Front garantit « à tous le droit à la propriété privée des moyens de production et de consommation ». Il met l'accent sur le développement économique et social, se propose de nationaliser les « secteurs industriels vitaux et stratégiques », notamment les banques, mais affirme vouloir tolérer les capitaux étrangers. Le texte souligne le droit à l'autodétermination et à l'autonomie politique des musulmans du Sud (Moros) et des minorités ethniques,
Sur le plan international, la FDN précisé que des relations seront nouées « avec tous les pays sans distinction d'idéologie ni de système social ». Les Etats‑Unis « devront quitter leurs bases militaires aux Philippines et cesser d'aider les réactionnaires locaux ». Cela fait, « aucune puissance que ce soit ne pourra établir des bases militaires sur le soi philippin ».
Ce programme est un
programme classique d'unité nationale englobant la bourgeoisie
"démocratique et nationale".
Une fois de plus à
Haïti et aux Philippines, se fait sentir l'absence de direction
révolutionnaire. C'est le grand danger qui menace le processus révolutionnaire,
car on ne peut espérer dans ces deux pays une solution dans de courts délais, à
cette question.
En Afrique du Sud le
caractère net et tranché des rapports politiques et des rapports de classe, une
déjà longue expérience politique font que la solution
à la question de la direction révolutionnaire peut être plus rapide. Certes en
Afrique du Sud les forces politiques existent ‑de l'Eglise anglicane à la
tête de laquelle se trouve Desmond TUTU à l’ANC (African National Congress), au PC‑
qui cherchent un "compromis" avec le pouvoir blanc, qui s'efforcent
d'éviter que le prolétariat noir pose sa candidature, comme prolétariat, au
pouvoir politique et veulent empêcher l'expropriation du capital. Un
regroupement commun de ces forces politiques à prétention multi‑raciale,
l'UDF, a été constitué. Mais il existe un bouillonnement politique favorable à
la constitution d'un parti ouvrier révolutionnaire noir combattant pour le
pouvoir noir, le pouvoir ouvrier. En 1985, une puissante centrale syndicale
noire s'est constituée la COSATU. Elle regroupe
500 000 travailleurs noirs et ne se contente pas de
"revendiquer" : elle soulève les problèmes politiques. Des
organisations politiques existent comme l'AZAPO ou le
National Forum Committee qui soulèvent la question du
pouvoir noir.
Une fois encore on
peut mesurer les terribles conséquences de la crise de la IVe
Internationale et de la trahison des dirigeants du PCI qui contrôlent « IV-Internationale‑CIR ». La construction de
partis ouvriers révolutionnaires dans tous ces pays est non seulement
nécessaire mais l'ébullition politique, le mouvement de la révolution la rendent possible. Il manque au rendez‑vous le PCI et
« IVe Internationale‑CIR » déviés de
leurs tâches politiques par leurs directions.
Quelles que soient
les insuffisances, les faiblesses, les contradictions des processus
révolutionnaires en cours en Haïti aux Philippines, tout comme au Nicaragua, au
Salvador ou ailleurs, la seule position internationaliste possible est soutien
inconditionnel contre l'impérialisme et notamment l'impérialisme américain.
Dans le cas de
l'Afrique du Sud manifestement ce soutien inconditionnel peut avoir une
concrétisation immédiate campagne pour le boycott de l'Etat blanc d'Afrique du
Sud et de son économie. Mais la plus grande des duperies est d'exiger soi‑disant
des gouvernements bourgeois et impérialistes que ce soit eux qui boycottent
l'agence de l'impérialisme en Afrique du Sud : l'Etat et le pouvoir blanc.
C'est en direction des centrales et organisations syndicales et ouvrières aux
échelles nationales et internationales que la campagne pour le boycott de
l'Afrique du Sud que doit monter la revendication : UNITE POUR ORGANISER LE
BOYCOTT DE L'ETAT ET DU POUVOIR BLANC D'AFRIQUE DU
SUD.