Supplément à Combattre pour le socialisme n°9,  11 octobre 2002

 

Le devoir des directions du mouvement ouvrier, c'est de se situer inconditionnellement:

Aux côtés de l'Irak et du peuple palestinien

Contre l'impérialisme et l'Etat d'Israël

 

Non à l'intervention impérialiste en préparation contre l'Irak, avec ou sans mandat de l'ONU


Quels que soient les délais, il est clair et net que l'impérialisme américain a décidé d'engager une nouvelle offensive militaire contre l'Irak. Le commandement militaire opérationnel a déjà été transféré depuis la Floride jusque dans le Golfe persique.

 

Quel en est le prétexte? Que l'Irak disposerait d'un armement chimique voire nucléaire et constituerait une "menace". Compte-tenu de l'embargo assassin dont souffre le peuple irakien depuis plus de dix ans, et qui a causé vraisemblablement des centaines de milliers de morts, on peine à y croire. Mais de toute façon, ça ne changerait rien à l'affaire. Il est de notoriété publique qu'au Moyen-Orient, un seul Etat dispose d'un gigantesque arsenal meurtrier et poursuit officieusement des programmes d'armement chimiques: l'Etat d'Israël, vassal des Etats-Unis.

 

Les objectifs de guerre américains sont limpides: il s'agit, quel qu'en soit le prétexte, de s'assurer le contrôle de l'Irak, de lui dénier toute souveraineté (ce à quoi participe la présence dans ce pays d'inspecteurs/espions de l'ONU devant laquelle le régime de Saddam Hussein s'est incliné une nouvelle fois), d'en faire un simple protectorat américain.

 

Il s'agit encore d'affirmer la prépondérance de l'impérialisme américain, son droit à mener les guerres "préventives" (sic!) qu'il souhaite quand il le souhaite, quoiqu'en pensent ses "alliés" membres du conseil de sécurité de l'ONU. La guerre en préparation contre l'Irak s'inscrit dans la continuité de celle menée en Afghanistan sous le prétexte de la "lutte antiterroriste", avec les mêmes objectifs qu'alors. Elle en prépare d'autres, ouvertes ou larvées, en particulier contre l'Iran d'où les Etats-Unis ont été expulsés par la révolution de 1979, quand  bien même celle-ci a été étouffée ultérieurement par les mollahs et par … la guerre dans laquelle l'Irak s'est engagé dès 1980 sous l'impulsion des USA, de la France ou de l'Allemagne notamment.

 

Dans la ligne de mire de l'impérialisme US: les ressources pétrolières immenses de l'Irak, motif qui a aussi poussé Washington à fomenter il y a quelques mois un coup d'Etat contre le régime de Chavez au Vénézuéla. A l'évidence, la situation économique difficile pousse d'autant plus le gouvernement Bush à s'engager dans la guerre, tant pour fournir ainsi un débouché artificiel à l'industrie d'armement que pour s'assurer une totale maîtrise du Moyen-Orient, qui serait ainsi pris dans une tenaille dont l'autre pince est l'Etat d'Israël.


Halte au massacre du peuple palestinien! A bas l'Etat d'Israël !


Engagée il y a maintenant deux ans, l'offensive de l'Etat sioniste, raciste, d'Israël contre le peuple palestinien s'est intensifiée depuis le 11 septembre 2002, toujours au nom de la "lutte anti-terroriste". Ce sont par milliers que les Palestiniens ont été tués, c'est systématiquement qu'Israël et le gouvernement Sharon-Péres cherche à en faire un peuple de mendiants errant dans des ruines ou prenant la route de l'exil, comme des millions y ont été contraints depuis 1948. Après avoir obtenu une déclaration de reddition en bonne et due forme de la part des organisations nationalistes palestiniennes reconnaissant Israël et acceptant une "souveraineté" illusoires sur des miettes de territoires en Cisjordanie, dans le cadre du défunt  "processus de paix" d'Oslo et Washington, Israël pousse maintenant son avantage, avec le soutien total de Washington et malgré la résistance héroïque des Palestiniens et le soutien dont ils disposent parmi les masses arabes. L’objectif du gouvernement sioniste est maintenant la destruction pure et simple des organisations palestiniennes, la reprise en main directe des confettis en Cisjordanie et à gaza délégués un temps à l'autorité palestinienne. La prise de contrôle US sur l’Irak serait évidemment un point d’appui pour une telle opération

 

Fondamentalement, aucune issue positive ne peut s'ouvrir sans en finir avec l'existence de l'excroissance coloniale sur le Moyen-Orient qu'est l'Etat raciste d'Israël, aucune issue positive n'existe en dehors du combat pour l'expropriation des colons, le retour des réfugiés dans le cadre d'une République unifiée de Palestine sur tout le territoire historique de celle-ci, instaurée par une Assemblée constituante palestinienne. Une telle République n'aurait d'avenir durable que dans le cadre d'une Fédération socialiste du Proche et Moyen-Orient.

 

Mais le premier acte dans cette voie est le combat uni pour l'arrêt immédiat du massacre du peuple palestinien, combat qui recoupe aujourd'hui contre toutes les agressions impérialistes dans la région, celui contre l'intervention réactionnaire annoncée contre l'Irak.


Le "droit international", c'est le "droit" des oppresseurs et l'ONU est leur Assemblée générale


A l'heure actuelle, d'incessantes tractations diplomatiques ont lieu entre les puissances impérialiste de second rang et les Etats-Unis. L'impérialisme français, bien que condamné à s'aligner, cherche à garder une petite place à la table des "grands" (et l'accès au pétrole irakien) en tentant d'éviter le scénario de l'Afghanistan dont l'impérialisme US s'est fait une chasse gardée, et a affirmé son droit à intervenir militairement quand bon lui chante, y compris sans l'accord du conseil de sécurité de l'ONU (conformément à la nouvelle doctrine militaire américaine qui lui fixerait volontiers le rôle de chambre d'enregistrement). L'impérialisme allemand, pour ses propres intérêts, a décidé de s’opposer à toute intervention contre l'Irak, même sous couvert de l'ONU (Schröder).

 

Les travailleurs et la jeunesse ne peuvent, eux, que rejeter les références quasi religieuses au droit international. C’est en effet ce "droit" qui permet à l'Etat d'Israël de spolier et massacrer sans vergogne les Palestiniens, à l'impérialisme US flanqué de son supplétif britannique de bombarder sans relâche l'Irak, d’imposer un embargo qui a fait des victimes par centaines de milliers. C’est ce  "droit" qui est aujourd'hui invoqué par l'impérialisme français pour tenter de défendre ses propres intérêts au Moyen-Orient ou en Côte d’Ivoire. Le "droit international" doit donc être dénoncé pour ce qu’il est : la couverture juridique des opérations de brigandage des grandes puissances impérialiste.

 

Or, force est de constater que l'appel à la "journée d'action" du 12 octobre 2002 à Paris du PS, du PCF, de la CGT et de la LCR (mais aussi des Verts, du MRAP, etc.) reprend pour l'essentiel l'argumentaire diplomatique de l'impérialisme français.

Reprochant à la guerre annoncée de "fragiliser encore le système de sécurité mondial", de ne pas effectivement "s'attaquer au problème du terrorisme international", d'être "contraire à la charte des nations-unies", elle demande à Chirac ("la France") de "faire usage de son droit de veto" – tout en se situant dans la continuité des accords qui ont conduit les Palestiniens dans l'impasse, demandant "la reconnaissance d'un Etat palestinien, aux côtés de l'Etat d'Israël " (donc acceptant la spoliation du peuple palestinien).

 

Lutter contre le "terrorisme international", c’est le mot d’ordre de Bush et Chirac. C’est au nom de cette "lutte" que sont menées les opérations impérialistes dans cette région du monde. Défendre "le système de sécurité international", c'est pratiquement défendre la place de l'impérialisme français, membre du conseil de sécurité de l'ONU. C'est de langage de vulgaires aides de camp du Quai d'Orsay ou de l'Elysée, c'est surtout légitimer par avance une intervention contre l’Irak. Il suffit de citer Raffarin (à l'Assemblée nationale le 8 octobre):

"Le droit n'exclut pas le recours à la force, mais la règle internationale exclut la force unilatérale telle qu'elle a été codifiée à San Francisco, il y a bientôt soixante ans, dans la Charte des Nations unies. C'est le message que la France entend porter"

 

C’est pourquoi il est indispensable d’intervenir sur l’orientation suivante :


 

Pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU comme le PS et le PCF, sont responsables. Ils doivent se prononcer:

·         Non à l'intervention impérialiste contre l'Irak, avec ou sans couvert de l'ONU

et  en conséquence, agir pour:

 


Il est possible d'imposer aux partis et syndicats issus du mouvement ouvrier de rompre avec l'impérialisme français, d'engager le combat réel contre l'intervention impérialiste contre l'Irak et pour la défense du peuple palestinien.

 

Ainsi, le 28 septembre, 250 000 manifestants étaient à Londres, dont des pans entiers du parti travailliste, sur cette exigence. Lors du congrès du Labour Party britannique, les soutiens de Tony Blair ont dû retirer une motion en forme de chèque en blanc à la guerre contre l'Irak, et une motion s'opposant à toute intervention, avec ou sans couvert de l'ONU, a obtenu 40% des votes.

En Allemagne, Schröder a évité une déroute électorale notamment en prenant position contre toute intervention, ce qui a rencontré un écho favorable dans de larges secteurs de la classe ouvrière.

 

Il est de la responsabilité du PS, du PCF, des dirigeants des confédérations CGT, FO, de ceux de la FSU ou encore de l'UNEF d'appeler à une manifestation centrale et nationale à Paris, en direction et contre l'ambassade américaine, sur les mots d'ordre:

- Non à l'intervention impérialiste contre l'Irak, avec ou sans couvert de l'ONU

- Troupes impérialistes hors du Moyen-Orient

 


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