(Article paru dans Combattre pour le Socialisme  n°80 de janvier 2000 )

 

XXXème congrès: un pas en avant vers la liquidation du PCF

 


Le 30ème congrès du PCF, qui s'est tenu à Martigues à la fin du mois de mars, a été l'objet d'une préparation soigneusement "cadrée" par les dirigeants de ce parti. Les moindre développements et remous liés à ce congrès ont été l'objet d'une assez large couverture médiatique.

Un nombre inhabituel d'"invités" s'est joint aux délibérations: des représentants du mouvement ouvrier officiel et du PS, mais aussi des délégations des partis bourgeois du gouvernement (PRG, MDC, Verts), des représentants d'"associations" en tous genres, des "intellectuels", des "personnalités"... jusqu'aux dirigeants des deux principales organisations qui, en France, usurpent la référence au trotskysme, Arlette Laguiller (LO) et Alain Krivine (LCR).

 

Ainsi, c'est un véritable "front sans rivages" qui s'est assemblé autour de Robert Hue pour la naissance de  ce que la direction du PCF appelle un "nouveau parti communiste".


Un "nouveau parti communiste des années 2000"?


Dès novembre 1999, le secrétaire national du PCF, Robert Hue, pouvait annoncer que le 30ème congrès du PCF serait, "sans ambiguïtés", "un congrès dont le sens est celui d'un congrès fondateur." (conférence de presse du 23/11/99). Le 26 mai dernier, il concluait les travaux du congrès dans des termes similaires:

"Le congrès de Martigues fera date dans l'histoire du communisme français. Il aura bien été - conformément à la volonté clairement affirmée par les adhérentes et les adhérents - le congrès fondateur du nouveau Parti communiste des années 2000." (supplément à L'Humanité du 27/3/2000).

 

Les deux congrès précédents, en particulier le 29ème congrès, analysé dans CPS n°65, avaient déjà réalisé des avancées décisives dans le sens de l'abandon de toute référence au marxisme, au mouvement ouvrier, à la lutte des classes. De ces références, il ne reste quasiment rien dans les textes adoptés à Martigues: et, quand de-ci de-là apparaissent quelques termes, c'est pour les vider de leur contenu, les travestir et les bafouer que le PCF les emploie, comme on le verra. En lieu et place d'une analyse un tant soit peu sérieuse de la situation politique et des développements sociaux, ces "thèses" cousues de fil blanc, ne servent qu'à justifier les "nouvelles" perspectives avancées par le PCF: appuyée sur une liquidation presque totale de ses références traditionnelles, la direction du PCF a engagé une nouvelle étape dans la dégénérescence de ce parti, vers sa liquidation.


Un parti à la dérive


On ne peut comprendre l'évolution du PCF sans rappeler une donnée fondamentale: la disparition de l'URSS et l'éclatement de la bureaucratie du Kremlin. La SFIC, ancêtre du PCF, s'est constituée en France sous l'impulsion de la révolution d'Octobre 1917: mais, comme toutes les sections de la IIIème Internationale, elle a subi les effets de sa dégénérescence stalinienne. Le PCF est devenu pour des décennies l'agence française de la bureaucratie du Kremlin qui usurpait le pouvoir en URSS. Il ne pouvait exister comme parti ouvrier traître distinct du PS que du fait de l'existence de l'URSS - parce qu'il usurpait en France la référence au parti bolchévique et à la révolution d'Octobre. Sa politique, ses multiples retournements "tactiques" étaient étroitement subordonnés aux intérêts de la bureaucratie russe.

 

Mais aujourd'hui le PCF a perdu sa raison d'être: c'est un parti politiquement "orphelin", à la dérive, qui est entré dans la phase finale de sa crise et est voué à disparaître en tant que parti ouvrier. Du fait de l'existence en France d'un PS, ce parti ne peut nourrir aucun espoir de voir se produire en France un processus à l'italienne, pays dans lequel le plus grand fragment de l'ancien PCI (devenu PDS, puis DS) a très vite occupé la place vacante du parti social-démocrate. Les résultats électoraux du PCF n'ont cessé de décliner dans la dernière décennie, à tel point que les règles de fonctionnement de l'Assemblée nationale ont dû être modifiées pour lui permettre de disposer encore d'un groupe parlementaire et des avantages afférents.

 

Il lui reste cependant un dernier rôle à jouer, dans le prolongement du rôle contre-révolutionnaire que la bureaucratie stalinienne remplissait auparavant: liquider toute référence à la lutte des classes, au mouvement ouvrier, au marxisme dans les rangs du prolétariat; l'enfermer dans le cadre du mode de production capitaliste, sans issue politique organisée, le rendre ainsi aussi démuni politiquement possible face aux coups toujours redoublés que lui assène la bourgeoisie française.

 

Le PCF du fait de son histoire, de ses références au communisme, à la révolution d'octobre, aussi mensongères soient-elles, peut jouer un rôle irremplaçable dans la lutte politique de la bourgeoisie contre la perspective du socialisme.

 

De plus, ce parti peut s'appuyer sur les positions considérables dont il dispose au sein du mouvement ouvrier. L'appareil du PCF pèse encore d'un poids décisif dans la CGT; il dispose d'une influence considérable au sein de la première confédération syndicale enseignante du pays, la FSU; il est représenté à l'université par les dirigeants de l'UNEF-SE. Le PCF est également présent à tous les échelons de l'appareil d'Etat, des conseils municipaux jusqu'au gouvernement dont il est une composante essentielle: il occupe cette place du fait de ses liens organiques avec le mouvement ouvrier, du fait qu'une fraction de l'électorat ouvrier continue de se saisir du vote PCF pour tenter de s'exprimer.


La "démocratie" selon Robert Hue


Un des textes adoptés à Martigues affirme:

"la démocratie est pour nous le moteur d'une transformation révolutionnaire de la société".

De quelle "transformation" il s'agit en réalité, la façon dont a été organisée la discussion préparatoire au congrès, véritablement scandaleuse, en est très révélatrice.

Dès le 12 juillet 1999, Robert Hue dans une "adresse aux communistes" présentait une première série de quatre textes posant des "questions" en précisant:

"C'est une préparation du congrès inédite qu'il nous faut entreprendre. (…) Il ne s'agit évidemment pas de textes préparatoires au congrès (…)".

 

Ayant ainsi placé hors de critique ces textes, ceux-ci ouvraient le bal avec des "questions" qui bien vite se dépouillaient de leurs points d'interrogation:

"pour les communistes, décidément, la démocratie est un projet de société"; "nous avons décidé de mettre au centre de notre mutation la voie citoyenne de transformation sociale",

ou ne les gardait que pour la forme:

"N'est-ce pas sur la conception même du parti, son mode d'organisation, qu'il faut s'interroger? Sont-ils adaptés à ce qu'est la société française d'aujourd'hui (…)? Cela n'implique-t-il pas qu'il soit en permanence et dans ses structures mêmes "ouvert" sur la société (…)?"

 

Evidemment, il était entendu dès le départ qu'il n'y aurait pas possibilité de déposer un texte alternatif, conformément aux vieilles habitudes staliniennes. A partir d'octobre, en lieu et place d'une discussion politique, dans le cadre des assemblées de cellules prévues à cet effet par les statuts du PCF c'est à non plus quatre, mais sept séries de "questions" qu'ont été confrontés les "adhérents". Ces questions soumises aux "adhérents" supposaient une nouvelle fois d'ores et déjà une orientation - ainsi, la question générique n°2: "Est-ce le communisme qui a échoué en ce siècle?", qui menait en filigrane à l'objectif d'un "nouveau communisme" énoncé par Hue.

Et c'est à partir des résultats de cette pseudo-"enquête" qu'en février, la direction Hue pouvait soumettre à une seconde "consultation" sept "bases communes de discussion"... en y joignant in extremis un projet de modification des statuts et un autre portant sur l'élection des instances nationales de direction du PCF, le tout devant être adopté courant mars!

Fait significatif de la dégénérescence de ce parti: seuls 50 000 à 60 000 "adhérents" ont souscrit aux "consultations" engagées par Hue et consorts, quand le PCF revendique officiellement 210 000 membres.

 

Cependant, et malgré de forts témoignages du désarroi politique de la part des "adhérents" (notamment une abstention moyenne tournant autour de 10%, et des refus de votes exprimés dans certaines fédérations), les résultats de ces deux plébiscites ont permis à Hue de se revendiquer d'une "large majorité", englobant 80% de votes positifs. Les résultats sont allés de 84,5% de votants "acceptant ce texte comme base de discussion" (sur le premier texte) à 78,5% (sur le texte concernant le fonctionnement du PCF).

 

Dès avant la tenue des conférences fédérales, chargées d'élire les délégués au congrès, l'orientation défendue par les dirigeants du PCF était donc avalisée. Le recours aux "bonnes vieilles" recettes staliniennes au cours des conférences permettait d'achever le travail: à Paris, notamment, près de 60 délégués fédéraux hostiles à la ligne Hue étaient poussés à refuser de voter, se privant ainsi de représentation au 30ème congrès et laissant les mains libres à la direction, alors que dans cette fédération, le texte sur le PCF avait été minoritaire d'une courte tête.

Enfin, une contribution "exceptionnelle" de 1000 francs était demandée à chaque délégué pour couvrir les frais d'organisation et d'hébergement du congrès, quand des dizaines de "personnalités" étaient cordialement invitées et reçues royalement!

Plébiscites à répétition et suffrage censitaire: c'est ainsi qu'a été organisé le congrès de Martigues. Et c'est en  s'appuyant sur cette conception de la "démocratie" que le PCF a porté sur les fonts baptismaux son "nouveau projet communiste", dont la première caractéristique est de .. condamner le communisme.


Une offensive frontale contre la révolution d'octobre 1917


Etablissant un "bilan" de la trajectoire qui aurait conduit l'URSS a éclater, le texte n°2 adopté par Martigues, intitulé "Est-ce le communisme qui a échoué en ce siècle?"  déclare:

"C'est une conception du communisme qui a échoué dans ce siècle et non le communisme lui-même."

 

Ce texte part en effet d'une pseudo "critique" et d'un pseudo "bilan" de la politique menée en URSS:

"elles (les "sociétés de type soviétique", ndlr ) ont reproduit des systèmes de domination et donné naissance à des états oppressifs, bafouant les droits de l'homme et provoquant des millions de morts".

 

"Loin de l'exigence démocratique", ajoute encore ce texte, "c'est une société  écrasée par un Etat bureaucratique omniprésent qui s'est installée ,en URSS et dans les pays du "camp socialiste"."

 

Est-ce pour autant véritablement le stalinisme que condamne le PCF? En aucun cas, puisque ce texte affirme que, quoique "dans cette évolution, les circonstances ont pesé lourd",

"ce ne sont pourtant pas elles, mais des hommes, des communistes, qui ont fait le stalinisme, y compris contre d'autres communistes".

 

La bureaucratie du Kremlin aurait donc été "communiste", fidèle au programme légué par Marx, Engels et Lénine. Quant au PCF lui-même, il aurait, tout de même:

"joué un grand rôle dans l'histoire nationale, dans les conquêtes sociales et démocratiques de notre histoire récente."

 

Après avoir donc attribué les crimes du stalinisme a des "communistes", faillibles en tant que tels, arrive le meilleur: c'est précisément le fait d'avoir été "communistes" qui aurait constitué leur "faute" principale. En effet, le PCF en vient ainsi à affirmer que

"les évolutions négatives (en URSS, ndlr)ont été facilitées, non par la révolution elle-même, mais par une conception historique qui l'a réduite au pouvoir d'Etat, à la dictature du prolétariat et à l'étatisation de l'économie".

 

C'est donc la prise du pouvoir d'Etat, la constitution d'un Etat ouvrier établissant la domination des exploités sur les exploiteurs, l'abolition par cet Etat de la propriété privée des moyens de production - bref la révolution prolétarienne - qui doit être condamnée.

On retrouve là un des axes définis par le 29ème congrès: "Eviter étatisme et collectivisme". Et le PCF précise en quel nom: parce que l'URSS a "bafoué les droits de l'homme" et "l'exigence démocratique".

 

Il en conclut que "pour promouvoir une alternative crédible au capitalisme" il faudrait

"construire aujourd'hui la cohérence nouvelle d'un projet, d'une pratique et d'une organisation adéquates: c'est cela que nous entendons par "nouveau parti communiste"".

 

Pour construire le "nouveau parti communiste" annoncé par Hue, il est donc nécessaire de décréter l'avènement d'un "nouveau communisme": la caractéristique fondamentale de cette "nouvelle" théorie est bien sûr de partir d'une offensive brutale contre le bolchevisme et la révolution d'Octobre 1917.

Mais de quel bois ce "nouveau communisme" est-il fait?


Des "révolutions au pluriel" (R.Hue)


Quelle "révolution" propose donc le PCF? La réponse est formulée par Hue dans sa "prise de parole" au cours du 30ème congrès:

"C'est de véritables révolutions, "révolutions au pluriel", dont il faut parler. Révolutions dans les connaissances, les technologies, la communication. Révolutions dans le travail, dans les modes de vie. Révolutions ouvrant de nouvelles pistes qui pourraient conduire à des progrès de civilisation".

Rien de moins!

 

Le texte n°1, Mondialisation, enjeux internationaux et action du Parti communiste français, dégage ce qui selon le PCF serait la plus grande de ces "révolutions": il s'agirait de la pseudo "révolution informationnelle" qui accélérerait "la tendance à la mondialisation", permettrait "d'achever le remplacement des mains de l'homme par la machine" et entraînerait "l'émergence de nouvelles conditions de production et de consommation, de nouveaux rapports humains dans le travail".

 

Pour les bureaucrates ci-devant staliniens, Internet est donc une création merveilleuse: elle permet d'affirmer que tout ce qui caractérisait le mode de production capitaliste serait en passe d'être aboli. Puisque machines et ordinateurs seraient désormais en passe de remplacer "la main de l'homme", la classe ouvrière passe à la trappe et, du même élan, l'exploitation capitaliste se voit remplacée par de "nouveaux rapports humains"... On n'arrête pas le progrès!


Quant à voir que les racines du succès des entreprises du secteur des nouvelles technologies repose sur une surexploitation forcenée de la main d'oeuvre - techniciens et ouvriers - main d'œuvre qui, dans ce secteur surfant sur des flots de capitaux fictifs, fait même défaut, telles ne sont pas les préoccupations du PCF.

 

Reste que d'après Hue,

"une révolution manque à l'appel, alors pourtant qu'elle est indispensable à l'accomplissement de toutes les autres: c'est la révolution dans les rapports sociaux".

De quoi veut-il parler? Le texte 1 précise que les

"processus (de la "mondialisation", ndlr) sont aujourd'hui dominés par le capitalisme: ce ne sont pas les êtres humains qui priment mais l'argent pour l'argent".

 

La notion de "capitalisme" est ramenée à une notion morale: ce qui le caractériserait, c'est une "mauvaise" utilisation de l'argent. Il s'ensuivrait que le "nouveau communisme" aurait pour objectif

"le combat nécessaire contre la mondialisation capitaliste, pour une autre mondialisation au service des êtres humains".

Le texte 1 formule à partir de là une formulation générique de ce que Robert Hue entend par "nouveau communisme":

"Il s'agit d'en finir avec le capitalisme en le dépassant, c'est-à-dire d'agir pour remplacer graduellement, dans un processus de création et de progrès, au rythme des luttes, des conquêtes et de la volonté des gens, toutes les règles existantes par des règles nouvelles."


Un aperçu sur le "dépassement du capitalisme" selon le citoyen Robert Hue


"Dépasser le capitalisme", voici donc le "nouveau projet communiste". Cette formule, déjà au cœur du précédent congrès du PCF, peut prêter à confusion. Le premier texte adopté à Martigues ne s'écrie-t-il pas: "nous voulons en finir avec le capitalisme"?

On le sait, dès le manifeste, Marx plaçait au cœur du programme des communistes "l'abolition de la propriété privée". Telle est la condition première pour en finir avec le capitalisme, commencer à organiser la production en fonction des besoins des masses, selon un plan élaboré et réalisé sous contrôle ouvrier, d'en finir avec l'aliénation, l'oppression, l'exploitation. Exproprier le capital, détruire l'Etat bourgeois qui le protège, instaurer l'Etat ouvrier, instrument du pouvoir ouvrier, de la dictature révolutionnaire du prolétariat, voilà comment il est possible d'en "finir avec le capitalisme".

Mais ce qu'est le "capitalisme dépassé", les textes de ce congrès le révèlent plus que ce ne fut jamais le cas.

Après avoir catégoriquement rejeté l'étatisation des moyens de production, celle-ci étant la seule voie immédiate vers leur socialisation, il ne reste guère de solutions. Aussi le modèle de "capitalisme dépassé" du citoyen Hue s'appelle:

"une nouvelle mixité public-privé utilisant l'argent autrement" (cf. texte 4: "le projet communiste")

 

L'ajout de l'adjectif "nouvelle" s'est fait à Martigues. Preuve que les congressistes savent ce qu'il leur faut cacher: "l'économie mixte à prédominance sociale" est la sœur jumelle de "l'économie mixte de marché" de feu Mitterrand.

 

Qu'y trouve-t-on en effet? Un secteur public, mais, attention: "rénové et démocratisé". La "réforme de l'Etat" n'est pas loin. Pour le reste: un secteur privé, qui continue de réaliser des "profits, y compris financiers" (ibid.), mais qui doivent être "mis à contribution" "pour faire face aux énormes dépenses nécessaires à la nation".

On y trouve la "spéculation financière", qui elle doit être "mise à contribution" (via la taxe Tobin ou un succédané) pour financer notamment les retraites. Au passage, le PCF ouvre une piste pour que les retraites ne relèvent plus du tout de la solidarité ouvrière mais de la charité étatique par le biais de l'impôt.

 

Mais on trouve encore d'autres vieilles connaissances dans la douce contrée du "capitalisme dépassé". Ainsi (texte 1)  l'Union Européenne, mais "réorientée progressivement", y compris les traités de Maastricht et Amsterdam dont il s'agit tout au plus de "mettre en cause" "les règles ultra-libérales", mais pas d'abroger. Ainsi encore le FMI, mais "réorganisé", l'ONU, mais "démocratisée" (ibid.).

La seule structure dont le PCF demande la dissolution est celle de l'OTAN.

 

Mais en quoi "l'économie mixte à prédominance sociale" est-elle singulière? C'est qu'on ne s'y résigne pas à "abandonner aux capitalistes le marché et la production des biens et services" (texte 4, le projet communiste). Mieux, il s'agit:

 "d'inciter les entreprises à utiliser leur profit pour la création d'emplois et de richesses nouvelles, la formation et la recherche-développement".

 

Et quels sont donc les moyens qui transformeraient le loup capitaliste en agneau, l'exploiteur en généreux bienfaiteur? Qui permettrait que naisse "une mixité public-privé poursuivant un but social d'ensemble y compris dans la gestion du secteur privé" (ibid) ? Des "réformes de structure" sont revendiquées, mais on n'en saura guère plus. Une seule est tout à fait claire: aller vers ce "capitalisme dépassé" selon le PCF repose en fait sur une seule méthode: l'association capital-travail. Le congrès prône en effet

" élargir le nombre de ceux qui prennent part aux décisions"

 l'exercice de droits et de pouvoirs nouveaux d'intervention et de décision des salariés sur la politique des entreprises et leur gestion " (texte 4)

Derrière le masque du "dépassement du capitalisme", apparaît la cogestion.


"Notre but n'est pas de prendre le pouvoir"


Le congrès du PCF précise les moyens qu'il se donne afin de "dépasser le capitalisme": "l'intervention citoyenne".

"Les enjeux en cours exigent le développement d'interventions citoyennes. Avec toutes les forces qui s'impliquent dans la lutte contre la mondialisation capitaliste, avec toutes celles qui s'inscrivent dans la construction d'une alternative au capitalisme, l'heure est au dialogue, à l'action convergente, à la solidarité, à la coopération sous des formes multiples". (texte 1)

 

C'est ce qui ressort de l'étude du "projet communiste" du PCF, exposé dans le texte n°4 (le projet communiste) adopté à Martigues. Le PCF y dévoile le rôle "nouveau" qu'il s'assigne:

"Notre but n'est pas de prendre le pouvoir, mais de permettre aux citoyens de l'exercer dans une société citoyenne de partage." 

Il ajoute:

"La démocratie est pour nous le moteur d'une transformation révolutionnaire de la société. Nous voulons promouvoir la citoyenneté, encourager l'esprit critique, fortifier la laïcité, décentraliser les pouvoirs, limiter les cumuls, élargir le nombre de ceux qui prennent part aux décisions, aller vers une nouvelle Constitution, pour une République moderne. Nous voulons stimuler la démocratie directe tout en améliorant profondément la démocratie représentative notamment par un statut de l'élu, du militant associatif et syndical, par la proportionnelle et par le renforcement du rôle des assemblées élues."

Notons que le baragouin des ex-staliniens sur le "statut du militant syndical" ne signifie rien d'autre qu'une volonté de destruction des organisations syndicales ouvrières par leur intégration à l'Etat  bourgeois.

Mais voilà donc cette orientation, qui conduit au désarmement politique complet de la classe ouvrière, pétrie "d'intervention citoyenne" et de "démocratie". Que reste-t-il à faire une fois écartée la "prise du pouvoir"?

"L'action politique des citoyens, les mobilisations sociales, du local au mondial, les convergences planétaires favorisées par les nouveaux moyens de communication peuvent faire bouger les choix des entreprises, des Etats, des institutions internationales" (texte 1, "Mondialisation")

 

"Faire bouger les choix"… le "nouveau communisme" de Robert Hue a dit son dernier mot: réduire la classe ouvrière à un lobby.

"L'intervention citoyenne" a sa logique: il s'agit en fait de nier le droit politique de la classe ouvrière à l'existence. Ainsi une première conséquence de la politique préconisée par le PCF est de priver le prolétariat d'une de ses possibilités d'expression politique: si le PCF, parti ouvrier dégénéré, refuse officiellement d'être candidat à l'exercice du pouvoir, si son seul but est désormais de permettre aux "citoyens", toutes classes confondues, d'"exercer le pouvoir", alors il prive le prolétariat d'une de ses possibilités d'expression, sur son terrain de classe et pas sur celui de la "citoyenneté".

C'est d'ailleurs ce qui s'est déjà produit au cours des dernières élections européennes, où le PCF ne s'est pas présenté en tant que tel, mais a soutenu une liste comprenant des éléments petits-bourgeois et réactionnaires, la liste Bouge l'Europe!  Mais cette politique a d'autres implications.


Le "mouvement social" pour étouffer la lutte des classes


Au total, dans les textes adoptés à Martigues, la notion de "lutte des classes" n'apparaît presque pas: encore est-ce pour être totalement travestie qu'elle est invoquée par le PCF. Le texte n°3, portant sur "la société française", nous apprend en effet qu'elle s'étendrait à "de nouveaux terrains et acteurs", et qu'elle s'incarnerait dans "ce que, depuis 1995, on appelle le mouvement social".

Il précise que désormais:

"il faut nécessairement inventer, expérimenter, au sein du mouvement social et avec les forces politiques, dans le respect de l'indépendance de chacun, d'autres types d'interventions, d'échanges, de coopérations en vue de projets de transformation à construire ensemble".

 

Le texte n°4 ajoute encore que le projet du PCF "s'inspire des formes nouvelles du mouvement social". Parmi celles-ci:

"Le féminisme est une dimension identitaire de notre projet"; "Nous luttons contre le racisme, l'antisémitisme, les intégrismes, la xénophobie et l'homophobie"; "Nous voulons conjuguer l'économique, le social et l'écologique".

 

Le "mouvement social" est une notion fondamentalement opposée à celle de mouvement ouvrier. Elle est naturellement utilisée par le PCF pour y dissoudre la notion de lutte des classes. Le "mouvement social" dont le PCF ne se soucie pas de donner une quelconque définition précise est simplement un truchement pour ravaler le prolétariat aux rang de simples citoyens éparpillés.

Il s'agit finalement d'une tentative, au nom de la "citoyenneté", à ramener la conscience du prolétariat à son niveau d'avant 1848, avant le Manifeste et la constitution d'un véritable mouvement ouvrier: elle consiste à occulter la différence fondamentale entre exploiteurs et exploités, entre propriétaires des moyens de production et travailleurs salariés. Elle conduit le prolétariat à s'incliner, en tant que "citoyens", devant la politique de l'Etat "démocratique" bourgeois... et à désigner de temps en temps qui ira fouler ses droits à l'Assemblée.

Le mouvement social sert à justifier la séparation que la direction du PCF voudrait définitive entre "le politique" et "le social" (rien d'étonnant à ce que des premiers signes d'autonomie de la direction de la CGT apparaissent).

 

Aussi peut-on utiliser ce qu'écrivait Marx dès 1843, dans son texte A propos de la question juive:

"On fait une distinction entre les "droits de l'homme" et les "droits du citoyen". Quel est cet "homme" distinct du citoyen? Personne d'autre que le membre de la société bourgeoise. Pourquoi le membre de la société bourgeoise est-il appelé homme, homme tout court, et pourquoi ses droits sont-ils appelés droits de l'homme? Qu'est-ce qui explique ce fait? Par le rapport de l'Etat politique à la société bourgeoise, par l'essence de l'émancipation politique."

 

Examinant en détail les différentes moutures de la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen", Marx en vient à la conclusion que:

"L'application pratique du droit de liberté, c'est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit? "Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie (Constitution de 1793, art.16 )"

 

Il en conclut que (souligné par nous):

"L'émancipation politique, c'est la réduction de l'homme d'une part au membre de la société bourgeoise, à l'individu égoïste et indépendant, et d'autre part au citoyen, à la personne morale.

L'émancipation humaine n'est réalisée que lorsque l'homme a reconnu et organisé ses propres forces comme forces sociales et ne sépare donc plus de lui la force sociale sous la forme de la force politique."

 

Il est nécessaire de préciser que le texte qui vient d'être cité est antérieure de plusieurs années à la publication du Manifeste du parti communiste, et remonte à une époque où Marx n'avait pas encore "réglé ses comptes avec sa conscience philosophique". Néanmoins, ce texte témoigne clairement d'une réflexion qui conduira Marx à lutter pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière, pour la révolution sociale, pour le communisme.

 

A contrario, la politique "moderne" du PCF consiste à faire reculer aussi loin que possible la classe ouvrière. Et pour cela, contribuer à a priver de représentation politique en avançant vers la liquidation du PCF lui-même, au nom de l'ouverture sur "le mouvement social", "sur la société".

 

Mais précisément, ce qui justifie l'organisation du prolétariat en parti politique distinct, c'est que dans le cadre des rapports sociaux capitalistes, il est sans cesse divisé par la concurrence, aliéné, soumis à l'exploitation, aux idées dominantes, etc. La constitution de la classe ouvrière en parti est une nécessité absolue pour pouvoir même avoir une conscience politique d'elle-même, que sa place dans la société capitaliste , répétons-le, ne peut lui donner d'elle-même. "L'ouverture du PCF sur la société" (société que les textes adoptés "oublient" de qualifier de "bourgeoise") ne signifie en réalité que sa liquéfaction, plus ou moins rapide.


Au nom de l'ouverture au "mouvement social", avancées vers la liquidation du PCF


Au congrès de Martigues ont été effectués des changements très significatifs dans le sens de la liquidation organisationnelle du PCF: une modification importante des statuts a été adoptée.

Les instances nationales de direction en sont fondamentalement transformées: ainsi, le "Conseil National" du PCF doit désormais être composé de 250 membres dont

"une centaine de militant(e)s politiques et du mouvement social" et "environ cent cinquante militant(e)s  investi(e)s de responsabilités importantes dans le parti et les institutions".

C'est un pas important dans la transformation du PCF, dont les responsables ne sont plus désignés officiellement par le parti mais par "le mouvement social": c'est un élément de dilution du PCF.

 

Dans la foulée de l'élection de cette direction "nouvelle formule", un certain nombre de "personnalités" petites-bourgeoises sont parvenues à la tête du PCF:  des membres de la liste Bouge l'Europe!, des "dirigeants associatifs", etc. La part belle était également faite à l'aile "refondatrice" du PCF. Enfin, des dirigeants et ex-dirigeants syndicaux étaient accueilli au titre du "mouvement social", tels Michel Deschamps (FSU), Bernard Thibault (CGT) Karine Delpas (UNEF-SE). Plusieurs "personnalités" étaient ensuite nommées à la plus haute instance du PCF, son "Collège Exécutif": ainsi Michela Frigiolini (responsable "féministe" et ex-membre de la liste Bouge l'Europe!), Eugène-Henri Moré ou Michel Deschamps.

 

Il ne faut certes pas surestimer l'importance qu'ont par elles-mêmes ces "personnalités": mais, si elles ne pèsent rien en tant que telles, elles remplissent par contre le rôle d'"éclaireurs" au compte de la direction du PCF, pour lui indiquer jusqu'où il peut aller. Leurs "contributions" à la discussion au sein du PCF, dûment relayées par l'appareil, lui permet aussi d'aiguiller l'ensemble du parti, de le matraquer idéologiquement, d'accélérer sensiblement la marche à la "mutation". Il faut rappeler que de cette manière, plusieurs colistiers du PCF au cours des élections européennes, en plein cœur de la guerre dans les Balkans, ont pu prendre publiquement position en faveur de l'intervention impérialiste. Au demeurant, le pouvoir réel du PCF est et reste totalement entre les mains de l'appareil, du secrétariat, des permanents.

 

Par ailleurs, la modification des statuts adoptée à Martigues octroie de nouveaux pouvoirs aux instances de direction:

"Il (le Conseil National, ndlr) peut, sur une question à l'ordre du jour, réunir une conférence nationale composée des membres du Conseil National et de délégations élues par les comités fédéraux. Il peut consulter des invités ou organiser la consultation des communistes ainsi que l'animation publique de leurs débats sous des formes appropriées dans la presse communiste. Lorsque la situation l'exige, il peut décider la convocation d'un congrès extraordinaire et en fixe la date et l'ordre du jour."

Ces nouveaux pouvoirs exorbitants vont permettre aux dirigeants du PCF d'accélérer encore davantage la marche à la liquidation de leur parti. Une commission présidée par Marie-Georges Buffet, élue par le 30ème congrès, oeuvre d'ores et déjà à une refonte complète des statuts actuels: la convocation d'un congrès "exceptionnel" à brève échéance est programmée.

 

Certaines des modifications structurelles majeures qui sont envisagées par la direction du PCF sont annoncées par le texte n°6 intitulé Le parti communiste:

"Le changement proposé part d'un choix majeur: la primauté de l'adhérent. Il s'agit de fonder la conception de l'organisation non plus sur des structures mais sur les attentes, les motivations et la liberté d'engagement des hommes et des femmes communistes. A chacune et à chacun de décider où, quand et comment s'impliquer, de proposer et de choisir selon ses intérêts le cadre d'activité qui correspond à ses motivations".

 

Dans ce cadre, les dernières cellules qui continuent aujourd'hui à fonctionner, notamment les cellules d'entreprises, seraient totalement liquidées au profit de "réseaux, collectifs, ateliers, liens transversaux, etc". Là encore, la transformation du PCF en véritable moulin où "chacun décide quand et comment s'impliquer" est un levier vers sa dissolution. De plus, au nom de la primauté à l'adhérent, cette conception laisse totalement les mains libres à la direction.


Rien ne se dégage de la crise du PCF 


Il faut constater que les changements majeurs opérés par le congrès de Martigues n'ont rencontré que de faibles résistances. Seule, la fédération du Pas-de-Calais a vu se dégager une majorité de votes opposés à la ligne du CN. Mais les regroupements actifs dans ce département ont des noms qui, en eux-mêmes, sont lourds de pourriture politique: il s'agit par exemple des "comités Honecker" constitués en "défense" de l'ancien dirigeant est-allemand, et qui depuis se sont illustrés par leur attachement fanatique et nauséabond à tous les débris du stalinisme.

 

Il faut également donner un aperçu du texte soutenu par la fédération du Pas-de-Calais dans son ensemble dans la préparation du 30ème congrès:

"Maastricht, c'est le programme commun à la droite et à la social-démocratie. C'est ce programme qui inspire toute l'action gouvernementale aux effets si néfastes pour le peuple de France. C'est pourquoi toute volonté de changement doit pouvoir se construire par l'Union des forces progressistes contre ce programme(...)

Le PCF doit se faire le relais des revendications populaires, appeler à l'action et au rassemblement pour infléchir, pendant qu'il est encore temps, les mauvaises orientations actuelles et prendre toutes ses responsabilités au Parlement(...)

Unissant le drapeau rouge des luttes au drapeau tricolore de la nation, le PCF doit prendre la tête de l'action pour préserver la souveraineté nationale, les acquis laïques et républicains"

 

Ce texte ne fait rien d'autre que reprendre les axes politiques défendus par le PCF avant le tournant vers la "mutation": il ne permet certainement pas de dégager une perspective politique pour la classe ouvrière, mais contribue à nourrir la confusion en son sein.


Aux basques de Robert Hue


Ajoutons enfin à l'analyse du congrès de Martigues les contributions de plusieurs représentants d'organisations se réclamant du trotskysme. Le Monde du 25/3/2000 rend compte de celle d'Arlette Laguiller:

"Les communistes vont-ils rester communistes? Arlette Laguiller, elle, en est persuadée. La porte-parole de Lutte Ouvrière qui assistait pour la première fois au congrès du Parti Communiste Français (PCF), ouvert jeudi 23 mars à Martigues (Bouches-du-Rhône), explique: "Ce qui me réjouit, c'est que le PC souhaite rester communiste" (…) elle ajoute: "Ca reste un grand parti, qui tient surtout grâce à l'action de ses militants"".

 

Le diplôme de vertu ainsi accordé par Arlette Laguiller au PCF se passe de commentaires. Alain Krivine, de la LCR, était également présent pour la première fois au congrès de ce parti ex-stalinien, auquel Rouge a consacré une large couverture, en décidant de s'inscrire dans le cadre fixé par la direction (une contribution sur chacun des textes soumis au congrès, comme l'aurait fait une tendance du PCF si une telle chose existait). Les participations de ces deux dirigeants s'ajoutent à une liste déjà éloquente d'adaptations au PCF en décomposition: les députés européens de LO et de la LCR ont en effet rejoint le groupe parlementaire du PCF dès leur entrée en fonction; LO et la LCR ont également cautionné la manifestation du 16 octobre organisée par le PCF.

 

Mais Le Monde du 28/2/2000 apprenait également que:

"autour de la présentation du livre Bastille, République, Nation (éditions Michalon) de Pierre Lévy, journaliste à L'Humanité et membre de la Fondation Marc Bloch, une autre réunion associait MM. Auchedé, Gastaud, Page, Alleg (des "opposants" à la "mutation" du PCF, ndlr) mais aussi Marie-Claude Beaudeau, sénatrice (PCF) du Val-d'Oise, ainsi que des proches de Charles Pasqua - Henri Guaino, ancien commissaire général au Plan, et Jean-Claude Barreau - et l'économiste trotskiste François Chesnais."

Ainsi, le rédacteur en chef du bulletin Carré Rouge, n'hésite pas à plonger dans la fange  la plus réactionnaire pour chercher à nouer des liens avec des "oppositionnels".

Il est en particulier coauteur avec J-P.Page, un dirigeant du groupe d'opposition dit "l'appel des 500", d'un livre intitulé "réflexions sur la guerre en ex-Yougoslavie" dont un des mots d'ordres est: "défendre le système de relation internationales héritées de l'après-guerre", au premier rang desquelles ces grands révolutionnaires placent … l'ONU.


Les travaux pratiques: vive le gouvernement Jospin-Gayssot-Chevènement-Voynet-Schwartzenberg!


Le 30ème congrès du PCF a une nouvelle fois confirmé la participation du PCF au gouvernement, en lui donnant ce coup de chapeau qui résume tout à fait ce que signifie "le nouveau communisme" (texte n°5)

"malgré les résistances qui se sont exprimées, des réformes ont été entreprises. Pour faire reculer les inégalités, les discriminations dans la société. Nous y avons pris toute notre part, nous voulons aller plus loin"

 

Quant à savoir ce que sont que ce "réformes" dont le congrès se félicite, motus. Par contre, pour ce qui est "d'aller plus loin"… Dans une interview accordée à Politis du 2 mars 2000, troquant le ton badin du faux "citoyen" pour reprendre celui de l'authentique bureaucrate qu'il n'a jamais cessé d'être, le secrétaire national du PCF déclare:

"Le PCF a non seulement une influence électorale certaine, mais il a aussi une influence au plan social. On peut considérer, je l'ai entendu, que le PCF est maintenu sous perfusion par le PS, mais si le PCF retire la perfusion qu'il apporte à la majorité plurielle, il n'y a plus de gouvernement pluriel. Tout le monde ne peut pas prétendre à cela."

 

Et c'est dans le même esprit que Hue a conclu les travaux:

"Ce qui est pour nous à l'ordre du jour et doit mobiliser toutes nos énergies, c'est le développement des mouvements sociaux, ce printemps populaire que j'ai évoqué, sur lequel la majorité et le gouvernement doivent pouvoir s'appuyer pour aller résolument de l'avant."

 

On peut trouver une illustration de la façon dont le PCF entend organiser son "printemps populaire" pour "appuyer le gouvernement" dans la façon dont il a organisé sa "grande manifestation pour l'emploi" à Paris, le 16 octobre 1999:  toute critique du gouvernement était bannie . Le PCF a facilité l'adoption par le gouvernement de la seconde et très réactionnaire loi Aubry.

 

Voilà ce que reprend  le texte n°5 adopté à Martigues, Les choix stratégiques du parti communiste:

"A tous les niveaux, nous cherchons à travailler pour infléchir plus à gauche la politique du gouvernement. Malgré les résistances qui se sont exprimées, des réformes ont été entreprises (...) Nous voulons ainsi contribuer à faire progresser, à partir de cette expérience, la confiance de notre peuple dans sa force et sa réflexion sur les changements radicaux nécessaires et possibles, et à faire grandir des luttes et des rapports de force nouveau en faveur de ces changements. L'initiative de la manifestation du 16 octobre 1999 est généralement appréciée positivement comme un pas en avant notable dans ce sens."


Pour prolétariat: un élément d'accroissement de la confusion politique


Dans une période marquée par un désarroi politique croissant, le parti ex- stalinien pèse de tout son poids pour répandre la pire confusion, générer la démoralisation la plus complète et, par son action au gouvernement et dans les syndicats, tout faire pour faire avaler aux travailleurs et aux jeunes les "réformes" les plus réactionnaires.

Il n'est pas possible d'établir de pronostic pour savoir dans quelle mesure, et pour combien de temps encore le PCF restera un parti ouvrier: mais ce qui est certain, c'est que ce parti avance à grands pas vers sa liquidation en tant que tel. Et sa destruction progressive au compte de la bourgeoisie, sa dégénérescence politique qui atteint des profondeurs sans précédent en l'absence d'un Parti Ouvrier Révolutionnaire combattant pour le socialisme, contribue largement à priver la classe ouvrière d'expression politique.

 

Les axes politiques que le PCF entend désormais répandre dans le prolétariat au nom de la "citoyenneté" constituent une attaque en règle contre le marxisme, et contre tout élément de conscience politique dans le prolétariat: à ce titre, dans cette situation difficile, les combattre est une nécessité dans la perspective de  la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire et de l'Internationale Ouvrière Révolutionnaire.

Le 25 avril 2000

 

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