Déclaration du Comité pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire,

de l'internationale ouvrière révolutionnaire (28 mars 1999)

 

A bas l'intervention militaire impérialiste

contre la Yougoslavie et les peuples des Balkans !

 

Pour le droit des peuples à disposer d'eux mêmes:

Front unique des organisations ouvrières (partis et syndicats), pour:

 - L'arrêt immédiat des bombardements

 - Le retrait immédiat et inconditionnel des forces armées impérialistes

  des Balkans et de l'Adriatique, à commencer par les troupes françaises

 

Une nouvelle guerre en Europe


Le mardi 24 mars, les forces de l'OTAN, bras armé de l'impérialisme américain, et parmi elles les forces armées françaises, ont enclenché une véritable guerre contre la République Fédérale de Yougoslavie (RFY, qui comprend la Serbie et le Monténégro), guerre baptisée "opération force déterminée". Des tonnes de bombes pleuvent sur les Balkans, y compris le Kosovo. Le 28 mars, les raids aériens se sont intensifiés, l'OTAN démarrant ce qu'elle appelle la "phase deux". La "phase trois" qui pourrait suivre est "désignée par certains diplomates sous le vocable "Dresde" (Le Monde du 27 mars), en référence à la destruction barbare de cette ville allemande en février 1945, qui fit 250 000 morts.

 

Les grandes puissances capitalistes, au premier rang d'entre elles les Etats-Unis poursuivent au cœur de l'Europe la politique totalement réactionnaire et dévastatrice qui les a caractérisé tout au long du XX° siècle, au travers de deux guerres mondiales et des guerres coloniales contre l'Algérie, le Vietnam, ou l'Irak, où les morts dus à la guerre du Golfe et à l'embargo se comptent par centaines de milliers.


Les objectifs de l'agression militaire dans les Balkans


Les Etats-Unis, en décidant et organisant cette guerre, se sont pour la première fois affranchis totalement des formalités d'usage en pareil cas, en court-circuitant cette assemblée consultative mondiale de la réaction qu'est l'ONU.

Ils affirment et renforcent ainsi leur statut de "superpuissance mondiale", pour reprendre les termes de la déclaration de guerre faite Clinton en date du 23 mars.

Ils ont littéralement aligné derrière eux les gouvernements français, britannique, italien, et allemand. Il faut souligner que ce dernier engage directement l'Allemagne dans une guerre, pour la première fois depuis 1945.

 

L'objectif immédiat des USA dans cette guerre est d'imposer le "plan de paix" de Rambouillet, rédigé sous leur dictée. Ce plan prévoit en particulier d'envoyer 30 000 soldats de l'OTAN en République Fédérale de Yougoslavie, c'est-à-dire de déployer une véritable armée d'occupation. Celle-ci viendrait boucler le dispositif militaire constitué par des dizaines de milliers de soldats déjà en place en Bosnie et en Macédoine, pour asseoir l'emprise américaine sur les Balkans en faisant du Kosovo un protectorat des Etats-Unis.


Une guerre menée contre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes


Les puissances impérialistes prétendent motiver leur intervention au nom de la nécessité de "contraindre les Serbes à faire marche arrière, empêcher une offensive encore plus sanglante contre les civils innocents du Kosovo" (Clinton, le 23 mars).

 

La réalité, comme toujours, est que les gouvernements des pays capitalistes dominants se soucient comme d'une guigne du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le cas du Kosovo ne fait pas exception à la règle.

 

Dans les Balkans, les différents impérialismes ont utilisé systématiquement les questions nationales (que la variante yougoslave du stalinisme n'a pu et ne pouvait résoudre) pour les dévoyer, pour se tailler chacun sa propre zone d'influence. Ainsi procéda l'Allemagne en s'offrant deux semi-colonies: la Croatie et la Slovénie, en 1991.

 

Ainsi ont procédé à leur tour les USA qui ont organisé au travers des accords de Dayton, en 1995, le dépeçage de la Bosnie en deux, s'appuyant à ce moment sur la Serbie, entérinant et utilisant les massacres commis par les troupes de Milosevic dans les enclaves bosniaques, dont ils se sont parfaitement accommodés, comme ils s'en accommoderont peut-être également en ce qui concerne le Kosovo .

 

Car le "plan de paix" de Rambouillet est de la même eau. Il s'oppose formellement à la revendication d'indépendance exprimée par les albanais du Kosovo. Il prévoit même le désarmement de l'armée de libération du Kosovo, l'UCK.

 

Et comme les principaux dirigeants de celle-ci refusaient de se passer la corde au cou en signant un tel accord, ils ont été remerciés, d'autres dirigeants, plus dociles, ont été convoqués à Washington, et ceux-ci ont finalement accepté de renier les aspirations des Kosovars à l'indépendance en paraphant le plan de Rambouillet. "Les pressions américaines ont été efficaces" (Libération - 9 mars 1999).


Chirac et le gouvernement de la "gauche plurielle", la main dans la main, s'en vont en guerre.


En accueillant et co-présidant la conférence de Rambouillet, Chirac et le gouvernement Jospin-Gayssot-Chevènement-Voynet-Zuccarelli, au nom des "intérêts supérieurs de la Nation", ont d'abord essayé de jouer leur propre jeu, qui n'est pas plus ragoûtant que celui des Etats-Unis. Mis en échec, ils ont pris place sans hésiter derrière la bannière américaine dans la guerre en cours. Ils espèrent ainsi garder quelque influence dans les développements ultérieurs. Ils ont mis à la disposition de l'OTAN le porte-avions Foch, stationné en Adriatique, et 43 avions. Les Mirage français larguent quotidiennement leurs bombes sur la RFY.

Ainsi, le même gouvernement qui procède en France à une offensive généralisée contre les acquis de la classe ouvrière et de la jeunesse, contre l'enseignement public, est un gouvernement qui s'engage entièrement dans les bombardements dans les Balkans, main dans la main avec Chirac. En France comme dans les Balkans, ou encore notamment en Afrique, le gouvernement défend les intérêts de "la France", c'est-à-dire de ses patrons, de ses banquiers, de ses financiers; c'est un gouvernement au service du capitalisme français.


Le PS, le PCF, les dirigeants des organisations syndicales, couvrent la politique du gouvernement


La responsabilité du PS, du PCF, des dirigeants des organisations syndicales est immense: s'ils étaient contraints de rompre avec le gouvernement Jospin-Gayssot-Chevènement-Voynet-Zuccarelli, celui-ci se trouverait en grande difficulté pour poursuivre la guerre contre la Yougoslavie et les peuples des Balkans. Mais ils ont face à la guerre la même attitude qu'envers les autres aspects de la politique du gouvernement: le soutien.

 

Au moment présent, le PS s'aligne derrière le gouvernement, toutes tendances confondues. Ainsi, J-L.Mélanchon de la dite "Gauche Socialiste" proclame "un certain malaise face à cette guerre autoproclamée où tout se passe comme si il n'y avait pas d'ONU", ce qui revient à regretter que les forces militaires qui mènent la guerre le fassent sans avoir de cartons d'invitation en bonne et due forme, ni de gants blancs.

Quant au PCF, R.Hue déclare qu'il "désapprouve la position française", critiquant, lui aussi, une intervention faite: "sans résolution en cours de l'ONU et en violation des principes fondateurs de la charte de l'ONU".

Hue est parfaitement clair: "Nous ne quitterons pas le gouvernement. On peut être dans une majorité et ne pas se taire!". Voilà qui permet de mesurer ce que vaut la "désapprobation" de Robert Hue: pour le PCF, les "divergences" sur l'intervention militaire en Yougoslavie ne justifient en rien de remettre l'existence du gouvernement en cause. Mais, au fait, que propose exactement le PCF? "une conférence européenne sur les Balkans (...) placée sous l'égide de l'OSCE".  Dit avec d'autres mots, cela s'énonce ainsi: "ramener les Serbes à la table des négociations afin de conclure les accords de Rambouillet". Et de qui est cette phrase? De Lionel Jospin lui-même (dans son discours devant l'Assemblée nationale le 26 mars).

 

L'accord entre eux est patent, à cela près que le secrétaire général du PCF, et avec lui les dirigeants de la CGT, de la FSU, de l'UNEF,  sont des gens fort sensibles qui ne supportent pas la vue du sang et des bombes, tandis que les dirigeants de FO, de la FEN ou de l'UNEF-ID soutiennent sans faire de manières, eux, la politique du gouvernement.


La seule voie


Pour les peuples des Balkans, et en particulier pour les Kosovars, les puissances impérialistes coalisées derrière les Etats-Unis n'ont à offrir que de nouvelles guerres et une misère et une réaction sans fin. Les pays capitalistes dominants ont fait montre depuis des décennies de leur incapacité congénitale à résoudre les questions nationales qui déchirent les Balkans. Seule la classe ouvrière et la paysannerie des Etats issus de l'ancienne Yougoslavie et des autres Etats de la région le peuvent, en prenant le pouvoir, en combattant pour une fédération socialiste des Balkans, partie prenante du combat pour les Etats-Unis Socialistes d'Europe, ce qui implique le respect du droit des peuples à l'autodétermination, y compris à l'indépendance.

 

La seule voie conforme aux droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, la seule aide véritable qui puisse être apportée aujourd'hui aux Kosovars, c'est de combattre contre ces bandits que sont les grandes puissances impérialistes qui veulent pouvoir rançonner les Balkans comme l'ensemble de la planète à merci. C'est de combattre en France pour que cesse le soutien des directions syndicales, du PS et du PCF au gouvernement qui participe à la guerre d'agression contre la Yougoslavie.

 

Pour cela doit s'exprimer et s'élever l'exigence:

 

Dirigeants des organisations syndicales (CGT, FO, FSU, FEN, UNEF-ID, UNEF), prononcez-vous:

 

·         Pour l'arrêt immédiat de l'agression militaire contre la Yougoslavie et les peuples des Balkans;

·         Contre le plan de Rambouillet qui piétine le droit des peuples à l'autodétermination, à commencer par celui des kosovars;

·         Pour le retrait immédiat et sans conditions des forces armées impérialistes des Balkans et de l'Adriatique, qu'elles y soient sous couvert de l'OTAN ou de l'ONU, à commencer par les troupes françaises;

 

Appelez ensemble à une puissante manifestation à l'Assemblée nationale pour imposer ces exigences aux députés du PS et du PCF.

 

Le 28 mars 1999

 

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