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Article paru dans Combattre pour le Socialisme  n°60  de novembre 1995

 

préparation du 45e congrès de la cgt :

vers l'officialisation du soutien au capitalisme

 

 

introduction: court rappel sur la constitution  de la cgt

Le 45e congrès de la CGT se tiendra du 3 au 8 décembre 1995 à Montreuil. L'appareil confédéral fixe à ce congrès l'objectif de poursuivre et d'accentuer l'orientation définie il y a près de 4 ans au 44e congrès (26 au 31 janvier 1992) : "développer une démarche revendicative au service du mouvement social", opérer une "véritable rénovation du syndicalisme". La préparation du congrès se déroule dans le même temps que la célébration du centenaire de la CGT créée à Limoges du 23 au 28 septembre 1895 en fédérant la Fédération Nationale des Syndicats et la Fédération des Bourses du Travail. Lors du Comité Confédéral National du 5 et 6 avril 1995, qui a convoqué le congrès, Louis Vianet a déclaré :

"La roue du temps et celle de l'histoire (sic) sont ainsi faites qu'elles se rencontrent en cette année 1995 en faisant coïncider un congrès confédéral décisif pour les enjeux contemporains du syndicalisme et la célébration du centenaire de la CGT."

Puisque centenaire il y a, rappelons que dès son origine, la CGT tout en se proclamant "syndicat révolutionnaire" marquait son opposition à une véritable action telle que l'avait décidée, sur l'initiative de K. Marx, la Conférence de Londres de l'A.I.T. en 1871 :

"Il faut que l'union des forces de la classe ouvrière qui a déjà été réalisée par les luttes économiques serve également de levier pour la masse de cette classe dans sa lutte contre la puissance politique de ses exploiteurs : la conférence rappelle que dans l'état de la lutte de la classe ouvrière son activité économique et son activité politique sont inséparablement liées."

L'influence de l'anarchisme et surtout celle du réformisme conduit le congrès de 1906 à adopter la Charte d'Amiens. Tout en affirmant que "l'accroissement du mieux‑être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l'augmentation des salaires, etc... (...)n'est qu'un côté de l'oeuvre du syndicalisme, il prépare l'émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste", la Charte cantonne l'action syndicale dans "l'action économique (qui) doit s'exercer contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas en tant que groupements syndicaux à se préoccuper des partis et sectes qui, en dehors et à côté peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale."

Elle s'accommode dans les faits du pouvoir, de l'État bourgeois donc du régime capitaliste.

Cela dit, la CGT est une confédération ouvrière qui participe du processus de la constitution de la classe ouvrière en classe pour soi, anime de grandes luttes revendicatives, centralisant le combat de corporations entières, contre le gouvernement bourgeois (grève du 1er mai 1906 coordonnée à l'échelle nationale pour l'obtention des 8 heures ; grève des électriciens parisiens en 1907, grandes grèves de 1907 en Languedoc viticole, tentative de syndicalisation des postiers et des instituteurs en 1907 - 1908...) Clémenceau puis Briand mobilisent la troupe, assassinent les militants, empoisonnent les dirigeants.

A l'origine, l'orientation de la CGT était à la fois bien plus combative, plus radicale que celle de la CGT d'aujourd'hui et en même temps elle se refusait d'ouvrir la perspective du combat pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière.


 

"pour un syndicalisme moderne"

 


Pour les dirigeants actuels de la CGT, l'enjeu est de faire disparaître cette ambiguïté et d'inscrire pleinement leur orientation en défense du capitalisme. Déjà, au 44e congrès, Louis Vianet intitulait son rapport : "Relevons le défi pour un syndicalisme moderne" (voir CPS n°45 du 5 déc. 1992). Proposant de faire "le neuf par les revendications et la gestion", l'appareil décidait de définir les revendications en fonction de "l'efficacité de l'entreprise : La France a besoin d'une ambitieuse politique de l'emploi (...) véritable source d'efficacité économique et sociale". Reprenant les exigences patronales de meilleure "gestion des ressources humaines" au nom de "l'efficacité économique", ce "nouveau syndicalisme" fixait à la CGT le rôle de faire accepter aux salariés la mise en cause des garanties sociales arrachées durant les décennies précédentes et "d'associer" les salariés aux objectifs patronaux. Dans ce but, le 44e congrès fixait l'objectif de "mener avec énergie un immense effort de transformation de (la) vie syndicale".


Dans l'introduction du rapport d'activité pour le 45e congrès, Louis Vianet fait le bilan :

"Des progrès ont été réalisés, d'autres sont en cours, mais la route est longue..." Le 45e congrès doit "nous aider à assurer nos pas et à accélérer la cadence."

Aller beaucoup plus loin dans la prise en compte par la CGT du programme de la bourgeoisie et du gouvernement Chirac-Juppé, tel est le contenu du projet de document d'orientation pour le 45e congrès. Adapter plus encore la CGT aux besoins actuels de la bourgeoisie, tel est le sens du projet de modification de statuts que l'appareil veut faire adopter au 45e congrès. Pour "accélérer la cadence", à l'occasion du 45e congrès, l'appareil pourra s'appuyer sur la politique conduite depuis le précédent congrès : la place prise par la CGT dans les négociations ouvertes par le CNPF le 28 février dernier et le refus d'appeler à un vote classe contre classe lors des élections à la Présidence de la République (position elle‑même consécutive au refus d'organiser le combat contre la politique du gouvernement RPR-UDF dirigé par Balladur).


   

le projet de document d'orientation défend ouvertement les intérêts de l'impérialisme français

 

Pour accélérer la cadence dans la rénovation du syndicalisme, l'appareil définit quatre axes d'orientations qu'il développe dans les quatre parties du document. Il s'agit de quatre défis que devrait relever la CGT :

∑   Défi de solidarité

∑   Défi de plein emploi solidaire : pour le progrès social, répondre aux besoins sociaux

∑   Défi de démocratie : répondre aux besoins de citoyenneté, c'est‑à‑dire de participation

∑   Défi de rassemblement et d'unité : adapter la CGT, ses structures.


 

solidarité nationale contre solidarité ouvrière

 

La "solidarité" est à la mode. C'est en son nom que le gouvernement Chirac-Juppé fustige les privilèges que représentent selon lui les acquis ouvriers : au nom de la solidarité nationale et de l'équité, le gouvernement bloque les salaires des fonctionnaires. A l'inverse, pour la classe ouvrière, la solidarité ouvrière prend corps dans les acquis arrachés à la bourgeoisie et qui limitent la concurrence entre les salariés, concurrence inhérente au système capitaliste. C'est à partir de ces acquis, dont un grand nombre a été codifié dans les lois sociales (Sécurité sociale, semaine de 40 heures, SMIC, etc...), que s'organise la solidarité ouvrière. La défense des acquis ouvriers est donc indispensable à la solidarité ouvrière. Mais l'appareil de la CGT prône l'inverse, refusant de donner un contenu de classe à la solidarité :


"Agir pour de nouvelles solidarités entre les générations (...) entre les salariés qui ont un statut, des conventions collectives et ceux qui sont livrés au bon vouloir du patronat.  (...) Créer des convergences et des rassemblements qui dépassent le seul monde du travail."


Puisqu'il faut agir pour de nouvelles solidarités, à aucun moment il n'est question de la défense des statuts, des conventions collectives, de la Sécurité sociale. Or la défense inconditionnelle des acquis est la seule possibilité d'imposer leur extension à toutes les catégories de salariés. En refusant de donner un contenu de classe à la solidarité, l'appareil s'aligne sur les thèmes de solidarité nationale chers au gouvernement Chirac-Juppé : ainsi, il propose "d'agir pour que les pouvoirs publics à tous les niveaux remplissent leur devoir de solidarité en développant les services publics et en les rénovant". De ce point de vue, chacun constate la volonté de solidarité et de rénovation du gouvernement Chirac-Juppé qui crée un "ministère de la solidarité entre les générations" dont l'objectif central est de détruire les acquis ouvriers (allocations familiales, retraites par répartition ...).


 

les “besoins sociaux” contre les acquis ouvriers

 

Dans le rapport d'activité, Louis Viannet rappelle que le 44e congrès a permis à la CGT de dépasser le stade du "programme revendicatif pour se tourner vers une démarche ancrée sur les besoins". Le document d'orientation fait la réponse aux "besoins sociaux" une exigence fondamentale :

"Elle est l'élément déterminant pour sortir de la crise. Elle conditionne une réelle efficacité économique." (p 208)

Ces formules combinent plusieurs positions réactionnaires :

            - l'idée que le système capitaliste pourrait être organisé pour la satisfaction des besoins alors que le moteur du système est la recherche du profit ;

              - le fait que ce mode de production pourrait être réformé en transformant par exemple "en profondeur les institutions financières internationales", en exigeant des États qu'ils "limitent la spéculation", en imposant aux entreprises d'autres choix de gestion, alors que le maintien du système capitaliste implique le développement de la misère pour les masses et menace de détruire la civilisation de l'humanité entière ;

              - l'idée "réformiste" classique qu'une relance de la consommation permettrait un nouveau développement économique alors que le maintien du système capitaliste implique de faire baisser considérablement la valeur de la force de travail, de s'attaquer aux conditions d'existence des masses.

Définir les revendications des salariés en fonction des "besoins", selon "l'efficacité économique et sociale" c'est les soumettre à la capacité concurrentielle de l'entreprise, à la défense et à l'augmentation du taux de profit. Marx explique ce qu'est l'efficacité de l'entreprise dans le système capitaliste :

"C'est la nature de la production capitaliste de limiter la part du producteur à ce qui est nécessaire pour l'entretien de sa force ouvrière et d'octroyer le surplus de son produit au capitaliste."

C'est pourquoi les salariés sont contraints de lutter sans cesse pour vendre à sa valeur leur force de travail ; les patrons s'efforcent à l'inverse d'obliger les salariés à vendre leur force de travail au‑dessous de sa valeur et d'intensifier au maximum le travail. Dans le cadre du système capitaliste, "l'efficacité économique et sociale", c'est la défense des capacités concurrentielles de l'entreprise, le combat pour maintenir et accroître le taux de profit.

Au nom de "l'efficacité économique et sociale", le patronat et son gouvernement engagent aujourd'hui le combat pour la défense du taux de profit. Pour ce faire, ils exigent de faire baisser la valeur de la force de travail : exonération du salaire différé que constituent les cotisations patronales versées à la Sécurité sociale, non‑paiement des heures supplémentaires dans le cadre de l'annualisation du temps de travail, etc... Ils combattent aussi pour accroître la productivité du travail (flexibilité du travail afin que les machines tournent en continu, etc...).

Pour la classe ouvrière, il n'y a pas d'autre voie que de combattre pour la défense de ses acquis ; ce combat s'inscrit dans la perspective de la lutte contre l'Etat bourgeois et pour sa destruction.

K. Marx conclut son ouvrage "Salaire, prix et profit" ainsi :

"Les syndicats agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Ils manquent en partie leur but dès qu'ils font un emploi peu judicieux de leur puissance. Ils manquent entièrement leur but dès qu'ils se bornent à une guerre d'escarmouche contre les effets du régime existant au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force comme d'un levier pour l'émancipation de la classe ouvrière, c'est‑à‑dire pour l'abolition définitive du salariat."

Aujourd'hui, cela implique que la classe ouvrière exige des dirigeants de la CGT qu'ils rompent avec le gouvernement Chirac-Juppé, qu'ils combattent pour la défense des acquis ouvriers et que se réalise le front unique des organisations ouvrières (en particulier des syndicats) pour défaire ce gouvernement.


 

défi du plein emploi, mise en cause des acquis ouvriers

 

Reprenant à son compte les critères d'efficacité de l'économie capitaliste, l'appareil de la CGT se prononce ouvertement pour la mise en cause des acquis ouvriers.

"Des évolutions considérables touchent l'ensemble des activités humaines. Elles modifient en profondeur l'organisation du travail et son contenu. (...)Les bouleversements des sciences et des techniques contribuent à modifier les métiers et appellent objectivement à des transformations des rapports au travail."

L'utilisation de nouvelles découvertes scientifiques et techniques fait partie de l'histoire du capitalisme. Mais la bourgeoisie les emploie toujours dans le but d'accroître la productivité du travail, ce qui implique la mise en cause des acquis ouvriers (licenciements massifs, etc...).

Cela résulte du fait que dans la production capitaliste, la masse de capital constant croît plus vite que la masse du capital variable qui le met en mouvement (le rapport c/v s'accroît). K. Marx écrit :

"L'augmentation progressive du capital constant par rapport au capital variable doit avoir nécessairement pour effet une baisse du taux de profit général, le taux de plus‑value ou degré d'exploitation du travail par le capital restant le même. Or, il est révélé - et c'est une loi du mode de production capitaliste - qu'à mesure que celui‑ci se développe, il se produit une diminution relative du capital variable par rapport au capital total mis en mouvement. En d'autres termes, le même nombre d'ouvriers - la même quantité de force de travail - rendue disponible par un capital variable d'une valeur donnée, par suite du développement des méthodes de production propres à la production capitaliste, mettront en mouvement, transformeront et consommeront de façon productive, dans le même temps, une quantité toujours croissante de moyens de travail, de machines, de capital fixe de toute sorte, de matières premières et auxiliaires - bref, un capital constant d'une valeur sans cesse croissante. Cette diminution relative et progressive du capital variable par rapport au capital constant - donc par rapport au capital total - est identique à la progression constante de la composition organique du capital social moyen. Ce n'est d'ailleurs qu'une autre expression du progrès de la productivité sociale du travail."(Karl Marx, Tome II, p. 1001- 1002, Ed. "La Pléiade").

C'est, toujours selon Marx, l'abaissement du salaire qui est le principal moyen de freiner la tendance à la baisse du taux de profit. Ainsi l'extraordinaire accumulation du capital constant que l'appareil de la CGT qualifie "d'évolutions considérables" exige l'intensification de l'exploitation pour augmenter la plus‑value relative (la plus‑value absolue est produite par la simple prolongation de la journée de travail, la plus‑value relative provient de l'augmentation de la productivité du travail, de l'augmentation du taux d'exploitation de la classe ouvrière : pl/v). "Modifier en profondeur l'organisation du travail et son contenu", transformer "les rapports au travail", c'est tout simplement l'arsenal de moyens que développent le patronat et le gouvernement pour faire baisser la valeur de la force de travail afin de limiter la baisse du taux de profit : c'est la réorganisation du temps de travail permettant aux machines de tourner le plus possible en continu, la mise en place de structures améliorant la productivité (cercles de qualité ...), la flexibilité, l'annualisation du temps de travail, etc... Ces "modifications en profondeur" mettent en cause le pouvoir d'achat des salariés, dégradent leurs conditions de travail, d'existence, leur niveau culturel, prolongent leur temps de travail : blocage des salaires, confiscation du salaire différé, travail du samedi et du dimanche, prolongation de l'âge de départ à la retraite, etc...

Renonçant à définir les revendications à partir de la défense des acquis ouvriers, l'appareil de la CGT adopte, au nom de "l'efficacité", les exigences patronales :

"La réduction du temps de travail (...) selon les branches, les entreprises ou secteurs d'activité suppose nécessairement une nouvelle organisation du travail à construire avec les intéressés."

Au nom d'une revendication apparemment radicale (la réduction à 35 h, voire à 32 h de la semaine de travail), l'appareil se situe dans le cadre des discussions d'entreprises ("à construire avec les intéressés") ce qui ouvre la voie à la mise en cause des acquis codifiés par la loi (39 h par semaine), à la mise en oeuvre de l'annualisation du temps de travail. Cette orientation débouche sur le contenu de l'accord sur le temps de travail signé le 31 octobre dernier.

"...associant étroitement usagers et personnels, le secteur public doit être profondément rénové." (p 179)

Mais la "rénovation" implique obligatoirement la mise en cause du statut de la Fonction publique.

"En matière de réforme du système de financement (de la Sécurité sociale) la CGT propose d'instaurer une modulation de la cotisation patronale. Celle‑ci permettrait d'accroître la contribution globale des entreprises favorisant celles qui priorisent ou développent l'emploi, pénalisant celles qui licencient et réduisent la masse salariale." (p 249 - 250)

Encore une fois, au nom de "l'efficacité économique", l'appareil de la CGT met en cause la Sécurité sociale fondée sur le salaire différé et s'aligne sur le patronat qui exige la diminution des cotisations patronales pour faire baisser la valeur de la force de travail. Bien entendu à aucun moment on ne trouve l'exigence que les employeurs et l'Etat payent les milliards qu'ils doivent à la Sécurité sociale.


 

s'adapter à "un monde qui bouge"

 

Le document fustige tour à tour la "spéculation sur les monnaies (qui) contribue au gonflement de la sphère financière et à l'augmentation des taux d'intérêts réels et empêche ainsi un développement des productions et activités utiles et les États qui encouragent et favorisent la stratégie des "sociétés transnationales" qui dominent l'économie au plan mondial.

Ainsi donc, il pourrait y avoir un bon capitalisme avec développement "des productions et activités utiles" débarrassé de la spéculation.

L'appareil fait de la spéculation la cause de "la crise structurelle qui se poursuit".

Mais la spéculation n'est pas la cause de la crise. Elle est inhérente au mode de production capitaliste. K. Marx comparait les économistes qui prétendaient expliquer les crises de l'industrie et du commerce par la spéculation à ces philosophes qui "considéraient la fièvre comme la véritable raison de toutes les maladies".

Au cours des dizaines d'années écoulées, l'économie d'armement, l'augmentation du crédit, l'endettement ont semblé élargir sans limites le marché. Mais les dépenses parasitaires des États (armement...), des collectivités publiques ont fortement contribué à l'accroissement de la masse des capitaux fictifs. Ces dernières années, la chute du taux de profit dans la production a poussé des masses de capitaux à s'engager dans la spéculation. Ce circuit autonome détaché de la production contribue pour les entreprises à atténuer les effets de la récession. Ce développement des capitaux fictifs qui engendrent des profits fictifs est la conséquence et non la cause de la crise. L'ampleur de la masse des capitaux fictifs n'est pas moins une menace pour l'économie capitaliste : un krach boursier peut entraîner un krach bancaire avec des répercussions économiques considérables. Si cette menace est bien réelle, ce n'est pas le gonflement en soi de la sphère financière qui empêche le développement de la production, c'est l'inverse : le mode de production capitaliste à son stade impérialiste génère le développement du parasitisme et de la spéculation.

L'appareil de la CGT demande aux États, et en particulier à l'Etat français, de se libérer de l'emprise des trusts, des monopoles baptisés "sociétés transnationales". Or, au stade impérialiste, le commandement centralisé des trusts, des syndicats patronaux, a recours à la collaboration étroite de l'Etat pour diriger la vie économique. En prétendant lutter contre les "sociétés transnationales", les monopoles qui "imposent des préjudices considérables aux salariés et aux peuples", l'appareil de la CGT masque sa politique de conciliation avec l'impérialisme français : la lutte contre la politique des trusts et des banques, si elle ne s'attaque pas aux bases de leur économie, se réduit à des voeux pieux inefficaces, à un réformisme. Or il est impossible de réformer les bases de l'impérialisme. Répondant à Kautsky qui proposait de réformer le fonctionnement de l'impérialisme, Lénine expliquait :

"Admettons que, en effet, la libre concurrence sans monopole d'aucune sorte puisse développer plus rapidement le capitalisme, le commerce. Mais plus le développement du commerce et du capitalisme est rapide et plus est forte la concentration de la production et du capital, laquelle engendre le monopole. Et les monopoles sont déjà nés - issus précisément de la libre concurrence ! Si même les monopoles se sont mis de nos jours à freiner le développement, ce n'est cependant pas un argument en faveur de la libre concurrence, qui n'est plus possible depuis qu'elle a engendré les monopoles." (Lénine - "L'impérialisme, stade suprême du capitalisme")

En aucun cas, la réponse du prolétariat, de ses organisations, à la politique économique de l'impérialisme ne peut être "la coopération pour un co‑développement planétaire", formule actuelle pour exprimer le retour au stade de la libre concurrence, ni "la démocratisation en profondeur des institutions financières internationales, (...) la démocratisation des institutions européennes." Le retour à la libre concurrence est un idéal réactionnaire, de même que favoriser "la démocratie en France en élargissant les droits des salariés", c'est‑à‑dire leur participation aux organismes de cogestion. Le seul but que le prolétariat et ses organisations peuvent et doivent se fixer c'est la suppression du capitalisme.

Depuis longtemps l'appareil du PCF qui contrôlait la CGT soutenait la politique contre‑révolutionnaire de défense de l'ordre bourgeois que lui dictait la bureaucratie stalinienne. Depuis l'éclatement de l'URSS et de la bureaucratie du Kremlin, l'appareil de la CGT s'adapte de plus en plus directement à l'Etat impérialiste français. La bureaucratie du Kremlin et son appareil international se disloquant, il renforce de plus en plus les liens qu'il a tissés depuis longtemps avec son propre impérialisme. La concentration du capital, le commandement centralisé des capitalistes (cf. la place importante du CNPF) amène l'appareil à s'adapter de plus en plus à l'Etat impérialiste français, à coopérer avec lui. N'est‑ce pas là la cause profonde du leitmotiv qu'exprime le projet de document d'orientation : "Prendre en compte les réalités telles qu'elles sont", s'adapter "à un monde qui bouge." ?

Le contenu des deux derniers "défis", celui de "démocratie" et celui de "rassemblement et d'unité" s'exprime clairement dans le projet de changement de statuts.


 

"une CGT qui change" : pour le meilleur et pour le pire

 

 

La masse des syndiqués de la CGT souhaite un changement d'orientation en défense des intérêts de la classe ouvrière, pour combattre la bourgeoisie. Le changement proposé par la direction va rigoureusement dans l'autre sens.


 

modifier les statuts

 


Le projet de document d'orientation affirme :

"Si la CGT n'a pas vocation à définir une société idéale, elle place au centre de cette transformation sociale la réponse aux besoins et à la démocratie en mode de fonctionnement permanent de l'entreprise, de la société tout entière.

L'expérience nous a montré que toute tentative de transformation radicale de la société qui nie ces exigences démocratiques est vouée à l'échec.

Notre conception est celle d'un processus de transformation appuyé sur une intervention directe des salariés et des populations et placée sous leur contrôle."


En conséquence de quoi, l'appareil de la CGT modifie le but de la CGT. L'article 1 des statuts actuels indique :
"La CGT s'assigne pour but la suppression de l'exploitation capitaliste."
L'article 1 du projet de modification devient :
"Son but est de défendre avec eux (les salariés) leurs droits et intérêts professionnels, moraux et matériels, sociaux et économiques, individuels et collectifs."

La charte d'Amiens, qui fixait au combat de l'organisation syndicale l'émancipation intégrale de la classe ouvrière par l'abolition du salariat, s'accommodait pourtant du pouvoir bourgeois. Néanmoins, tous les statuts de la CGT (ceux de la CGTU, de la CGT en 1922, de 1936, 1943...) faisaient référence à la nécessité d'en finir avec le capitalisme. Les statuts actuels, par leur référence à la classe ouvrière, en se prononçant pour une centrale ouvrière unique, même si le but du syndicat dans la formulation "socialisation des moyens de production et d'échange" évacue la question de la prise du pouvoir par la classe ouvrière, l'étatisation des moyens de production, un plan de production sous contrôle ouvrier, indiquaient pour les syndiqués, pour la classe ouvrière la perspective du socialisme et faisaient de la CGT un syndicat de la classe ouvrière.

A cela, l'appareil entend substituer l'idéal de la démocratie en général, c'est‑à‑dire de la démocratie bourgeoise, de "liberté et d'égalité"(projet de préambule).

Comment ne pas rapprocher ces lignes de celles d'un des plumitifs actuels de la bourgeoisie tel François Furet, universitaire, "spécialiste" de la révolution de 1789, ancien membre du PCF, qui vient de publier un violent pamphlet contre le mouvement ouvrier, la révolution d'octobre et le socialisme en l'identifiant au stalinisme. Il a déclaré à l'hebdomadaire catholique Télérama (1er mars 1995) :

"La question essentielle demeure : une société libre est‑elle compatible avec l'abolition de la propriété privée ? Si la réponse est négative, toute l'élaboration de la pensée socialiste s'écroule. Nous demeurons alors dans l'hypothèse capitaliste qu'il faut domestiquer en y introduisant un maximum de contrôle politique."

L'abolition de la propriété privée des moyens de production est effectivement la négation de la première des exigences "démocratiques bourgeoises : "liberté" d'exploiter la force de travail ouvrière que "librement" le prolétaire vend au capitaliste.

Le "défi de démocratie" n'est pas celui de la démocratie ouvrière étouffée depuis des décennies par l'appareil du PCF au sein du syndicat, mais la défense de la démocratie bourgeoise. Il s'agit de transformer la CGT en outil pour la cogestion du capitalisme :
"L'entreprise doit être avant tout une collectivité de femmes et d'hommes qui, parce qu'ils coopèrent ensemble pour la faire vivre, ont des droits sur elle."(p 368)

Tout prolétaire conscient sait que l'entreprise est avant tout le lieu de l'exploitation capitaliste. Sous la plume de l'appareil elle devient une "collectivité" qui, comme son nom l'indique, doit être gérée en commun, patrons et ouvriers "coopérant pour la faire vivre". Mais la prétendue "gestion commune" n'est rien d'autre que la soumission de la classe ouvrière à la domination capitaliste.


 

vers la destruction des fédérations d'industries et professionnelles

 

Les syndicats se sont regroupés en syndicats nationaux, en fédérations d'industries pour la défense de la valeur de la force de travail, imposant à toute une profession les mêmes acquis (conventions collectives, statuts...).


Dans son "Histoire du mouvement ouvrier en France" (Aubier 1946), Jean Montreuil souligne :

"A peine constituées, les chambres syndicales parisiennes (...) cherchent à essaimer dans le pays.(...) A quoi servirait‑il d'obtenir quelques avantages à Paris si l'autorité patronale s'exerçait en province sans aucune limite ?"

A partir de 1879, les fédérations de métiers se constituent, se muant rapidement en fédérations d'industries. C'est une structuration fondamentale du point de vue de la défense de la valeur de la force de travail : c'est le combat pour limiter la concurrence entre les ouvriers d'une même industrie. Le projet de modification des statuts maintient les fédérations. Mais l'appareil tend à les vider de leur contenu, à les dénaturer. Le projet de document d'orientation propose d'adapter le syndicat aux structures actuelles de l'Etat bourgeois :

"...en lien avec la politique d'aménagement du territoire, site, zone d'activité, localité, département, région recouvrant des enjeux économiques pour les salariés qui y travaillent et qui y vivent." (p 549)

"L'enjeu décisif est la présence sur chaque lieu de travail d'une CGT structurée s'adressant aux salariés présents, quel que soit leur statut ou leur employeur." (p 572)

  Il s'agit de développer des syndicats de site ; dans le même but, les unions locales (UL) devront être revalorisées.

  Par ailleurs, l'objectif de l'appareil est que la CGT soit liée à un vaste rassemblement d'associations. Pour collaborer avec cette multitude d'associations qui interviennent sur les terrains du logement, de la santé, du racisme, de l'exclusion, de la consommation, du sport ... la CGT doit étendre son "champ revendicatif à tous les domaines de la vie" (notons que nombre de ces associations créées par la bourgeoisie défendent une orientation d'aménagement, d'humanisation du système capitaliste afin qu'il ait un meilleur fonctionnement).

  Poursuivant son objectif, l'appareil répudie la perspective de réunification des centrales ouvrières. Il lui oppose un "syndicalisme rassemblé", "un syndicalisme solidaire", "la construction d'une force attractive pour l'ensemble du monde du travail constitué sur une base plurielle" (p 617), c'est‑à‑dire l'immersion de la CGT, syndicat de classe, dans le "mouvement social".


 

la place décisive de la CGT
dans les négociations avec le cnpf et dans le soutien au gouvernement Chirac-Juppé

 

C'est la CFDT qui est à la tête des propositions les plus réactionnaires contre les intérêts ouvriers, mais la place de la CGT dans le mouvement ouvrier est telle que la bourgeoisie a besoin de son appareil.

Tout en préparant le 45e congrès, l'appareil de la CGT prend en charge directement les besoins de l'impérialisme français et de son Etat. La CGT a pris une place considérable dans les négociations ouvertes le 28 février 1995 entre le CNPF et les 5 confédérations. La CGT et les autres organisations signaient le "relevé de décisions" engageant les partenaires à poursuivre les négociations sur l'organisation du temps de travail, l'insertion des jeunes puis la "protection sociale".

Outre que ces négociations ont été un point d'appui pour la mise en oeuvre de la politique anti‑ouvrière du gouvernement Chirac-Juppé, elles ont débouché sur des accords amplifiant des dispositions anti‑ouvrières prises précédemment ; ce sont des accords de mise en oeuvre de la loi quinquennale dite "pour l'emploi".

 

"négociations"

 


        14 juin 1995 : L'insertion des jeunes.

La participation de la CGT aux côtés des autres confédérations a permis au CNPF d'obtenir un "avis favorable" des confédérations CFDT, FO, CFTC, CGC sur des mesures d'insertion des jeunes : les jeunes sans qualification seront orientés vers des contrats de qualification et d'apprentissage. La prime aux entreprises passe de 15 000 à 30 000 F ; pour les "jeunes diplômés", les entreprises recevront une prime de 1000 F (CAE) s'ajoutant aux 1000 F de l'APES pendant 9 mois pour un contrat à durée déterminée (CDD) de 18 mois ; pour les "jeunes en grande difficulté", les entreprises recevront une prime de 1000 F pour mener des "expérimentations" avec les COPIRE (Commissions interprofessionnelles paritaires régionales). Les 4 mois de négociations ont permis qu'en dépit des réserves émises (CGT - FO) le conseil des ministres du 5 juillet reprenne l'essentiel de ce dispositif.


     26 juillet : "Financement de la formation professionnelle"

Les questions de la centralisation et de la répartition des fonds (environ 13 milliards de francs) versés par les entreprises pour la "formation professionnelle" sont depuis longtemps importantes pour l'Etat bourgeois, afin d'orienter l'utilisation de cet argent en fonction de ses objectifs ; essentiellement : en finir avec l'enseignement technique organisé par l'Etat (dans le cadre de l'Instruction publique), au profit du patronat.


L'accord signé (CNPF, CFDT, CFTC, FO, CGC) fait partie du champ d'application de la loi quinquennale dite "pour l'emploi" et complète celui du 5 juillet 94 créant les organismes paritaires collecteurs régionaux (opcareg). Il prévoit que les branches professionnelles reverseront à ces organismes 35 % des fonds collectés auprès des entreprises au titre des contrats d'insertion en alternance.


La CGPME et l'UIMM, qui ont leurs propres organismes, en ont appelé au RPR qui, le 28 juillet, a fait voter à l'Assemblée nationale un amendement exonérant "de cette obligation, les branches professionnelles ayant conclu des accords pour faire bénéficier leurs structures d'apprentissage d'une partie des fonds de l'alternance" (Le Monde 30-31 juillet 95).

La signature de l'ensemble des confédérations (la CGT ayant fait savoir le 4 septembre qu'elle l'avait signé le 29 août) doit permettre le développement de l'apprentissage et s'oppose à la revendication ouvrière traditionnelle : "Ces fonds sont un impôt ! l’Etat doit le centraliser et le reverser à l'Enseignement public !"


        6 septembre  : "Accord relatif au développement de l'emploi en contrepartie de la cessation d'activité des salariés totalisant 160 trimestres et plus de cotisations aux régimes de base de l'assurance vieillesse", signé par l'ensemble des "partenaires sociaux".

  Il s'agit de l'accord du 5 juillet. Contrairement à son intitulé, il ne crée pas un emploi supplémentaire. Il baisse le pouvoir d'achat des préretraités qui ne toucheront que 65 % de leur précédent salaire brut, moins 5,5 % de cotisations sociales.

Il contribue à la baisse de la valeur de la force de travail ouvrière : les préretraités seront indemnisés par "l'excédent" de l'UNEDIC, baptisé "fonds paritaire pour l'emploi". Excédent ? Si excédent il y a, c'est uniquement en raison de la hausse des cotisations ouvrières et de la baisse des indemnisations allouées aux chômeurs.

"Au 30 juin 94, 82 % des chômeurs touchaient moins de 5000 F par mois, et 46,3 % moins de 3000 F. Fin 93, sur les quelques 4 millions de chômeurs, 40 % ne percevaient aucune indemnisation." (Le Monde - 29 septembre 95).

L'accord permet l'embauche de deux salariés à mi‑temps pour le départ d'un salarié à plein temps, ce qui permet au patron d'être exonéré de 30 % x 2 des charges sociales.

Il entérine les 40 annuités pour que les salariés aient droit à une retraite à taux plein.

En outre tout est soumis à la bonne volonté de l'employeur qui doit donner son aval au départ du salarié volontaire, qui bénéficie d’un délai de 3 mois pour embaucher et qui n'est contraint à employer le nouvel embauché que jusqu'à la date du soixantième anniversaire du partant.

Il permet au patronat d’embaucher, pour remplacer ceux qui partiraient à la retraite dans ces conditions, des travailleurs de qualification inférieure et aussi à un salaire inférieur

Enfin cet accord s'oppose à la revendication : retraite pleine et entière à 55 ans.

Le patronat et le gouvernement Chirac-Juppé ont salué cet accord. Le journal "Les Échos" du 8-9 septembre 95 a noté qu'il signait "avec éclat le renouveau de la politique contractuelle." Quant à Louis Vianet, il a déclaré qu'il "illustre les possibilités que peut donner un front syndical uni et ferme, et constitue un encouragement pour s'attaquer aux grands dossiers de la réduction du temps de travail, de la protection sociale." (L'Humanité - 8 septembre 95).

31 octobre : accord sur la réduction du temps de travail.

Il est qualifié "d'historique" par "Libération". La CGT n'a pas signé, considérant que cet accord "est destiné à améliorer la flexibilité des entreprises sans véritablement créer d'emplois." Elle a néanmoins participé jusqu'au bout aux négociations. Notons que c'est pour le même motif qu'elle avait refusé de signer le 26 juillet l'accord créant un fonds paritaire pour l'emploi encourageant les préretraites, ce qui ne l'a pas empêché d'apposer sa signature le 6 septembre. Selon "Libération" :"Le patronat accepte de parler de réduction du temps de travail ... et les syndicats (à l'exception de la CGT) par-delà leur répugnance à cautionner l'annualisation du temps de travail autrement dit la flexibilité."


Les branches professionnelles se trouvent dans l'obligation de négocier les modalités d'application avant le 31 octobre 1996, sinon elles se verront imposer des règles plus précises par le CNPF et les syndicats au plan national. Les branches sont engagées à réfléchir sur une compensation des heures supplémentaires par repos compensateurs. N'ayant pu trouver d'accord sur le temps partiel, les syndicats et le patronat sont convenus d'en reparler.
Dans l'éditorial du "Peuple" (n°1404), Y. Marest écrivait cyniquement il y a déjà plusieurs mois :"Chacun comprendra que la présence ou l'absence de la CGT modifierait le contenu même de ces discussions."


 

soutien au gouvernement Chirac-Juppé

 

Le soutien apporté au patronat dans la mise en oeuvre de ses plans anti‑ouvriers va de pair avec celui que l'appareil de la CGT apporte au gouvernement Chirac-Juppé. Dès la nomination de ce gouvernement, Louis Vianet s'écriait :


"Il me tarde (sic) de voir le gouvernement à pied d'oeuvre et comment il traduit les engagements de changement pris par le candidat Chirac !" (L'Humanité - 19 mai 195)


Dans la négociation de la destruction des acquis ouvriers comme dans le soutien direct au gouvernement Chirac-Juppé, Louis Vianet et l'appareil de la CGT sont à pied d'oeuvre.


Le 45e congrès de la CGT marquera un pas en avant dans la politique de l'appareil pour soumettre l'ensemble des syndicats et de la classe ouvrière aux exigences de la bourgeoisie. En même temps, la CGT ne changera pas de nature, elle restera une centrale ouvrière dirigée par un appareil contre‑révolutionnaire. Elle restera un enjeu de la lutte des classes. Les dirigeants de la CGT s'appuieront sur les modifications de statut et le document d'orientation adopté pour aller plus loin dans la réponse aux besoins de l'impérialisme français en crise. Dans son mouvement pratique, la classe ouvrière combattra pour utiliser à ses propres fins une organisation qu'elle a construite.


Il faut noter par exemple que le projet de modification des statuts maintient le préambule des statuts de 1936 - 1943 - 1969 - 1972. Certes, il le maintient en note comme un pestiféré, mais il le maintient. Le maintien de ce préambule qui affirme le caractère de classe de la CGT, qui n'exclut pas le combat avec les organisations politiques de la classe ouvrière est parfaitement contradictoire avec le document d'orientation et le projet de nouveaux statuts.


Cela exprime les contradictions internes à l'appareil, le fait que la classe ouvrière n'est pas écrasée. Dans ce processus contradictoire, les militants ouvriers révolutionnaires ont les moyens d'intervenir. Ils interviennent en partant de la défense des intérêts des masses, en développant une orientation centrée sur la défense des acquis ouvriers (la défense de la CGT comme syndicat ouvrier en est partie intégrante) en combattant pour la rupture de la confédération, de ses syndicats avec le patronat, son Etat, le gouvernement Chirac-Juppé.

Le 1er novembre 1995.


 

(voir aussi sur le 45ème congrès de la CGT l'article consacré au mouvement de novembre-décembre 1995)

 

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