Article paru dans Combattre
pour le Socialisme n°3 (85) de mars 2001
Normalisation à l'espagnole
Mars 2000: nouvelle victoire
électorale du Parti Populaire
Le dimanche 12 mars 2000, des élections
législatives, sénatoriales et une élection régionale en Andalousie, se tenaient
en Espagne. Depuis 1996, le Parti Populaire, principal parti bourgeois de ce
pays, avec Jose Maria Aznar comme premier ministre, était au pouvoir, allié aux
Catalans de Convergècia i Unio (CiU) et le parti canarien.
Les élections législatives ont représenté une
victoire écrasante du P.P. : il obtient 183 sièges, c’est à dire la
majorité absolue aux Cortés (fixée à 176 sièges) et 44,54% des voix. En 1996,
il n’avait obtenu que 156 sièges et 38,8% des voix. Les résultats (le vote
a lieu à la proportionnelle par liste dans chaque Province qui élit un nombre
de députés proportionnel à sa population).
|
1996 |
2000 |
||||
Inscrits |
32.531.833 |
33.045.318 |
||||
|
Pourcentage |
Sièges |
Voix |
Pourcentage |
Sièges |
Voix |
Abstention |
22,62% |
- |
7.358.706 |
30,2% |
- |
9.979.686 |
Parti Populaire |
38,85% |
156 |
9.716.006 |
44,54% |
183 |
10.230.345 |
PSOE |
37,48% |
141 |
9.425.678 |
34,98% |
141 |
7829.210 |
I.U.[1] |
10,58% |
21 |
2.639.744 |
5,46% |
8 |
1.253.859 |
CiU |
4,61% |
16 |
1.151.633 |
4,2% |
15 |
964.990 |
P.N.V.[2] |
1,28% |
5 |
318.951 |
1,53% |
7 |
351.816 |
Herri-Batasuna (Euskal Herritarrok) |
0,73% |
2 |
181.304 |
- |
- |
- |
Autres[3] |
4,01% |
9 |
780.181 |
5,46% |
12 |
1.300.828 |
Pour le PSOE et IU, ces élections représentent une
véritable défaite : ils ont 1,2 millions de voix de moins que le PP et 50
sièges de différence. En même temps le prolétariat et la jeunesse se sont
abstenus massivement.
Le PSOE, le seul parti ouvrier représenté en tant
que tel, a environ 2,5 millions de voix d’écart avec le PP. Depuis 1982, année
de son arrivée au pouvoir, sa puissance décline régulièrement : 48,1% des
voix en 1982, 44% en 86, 39,6% en 89, 38,8% en 93 et 37,5% en 1996, année où il
perd le pouvoir. Pour le PSOE, les résultats de cette année sont les pires
qu’il ait eu depuis 1979.
IU, une coalition hétéroclite constituée autour du
PCE allant de formations bourgeoises aux pablistes de l'ex-LCR espagnole, subit
une défaite encore plus importante. Elle perd la moitié de ses députés et de
ses voix par rapport à 1996. Cette défaite était annoncée depuis les
européennes de 1999, où IU n’avait eut que 5% des voix.
Le PP progresse dans toutes les Provinces. Ainsi, à Seville, où Felipe
Gonzales se présentait, le PSOE passe sous la barre des 50%, perd 1,5% de ses
voix par rapport à 1996, alors qu’en même temps le PP gagne quatre points (il
passe à 35% des voix) et un siège. En Andalousie, Province détenue
traditionnellement par le PSOE et est considérée comme un bastion d’IU, le PSOE
se maintien à 44,2%, mais IU réalise le résultat le plus bas de son
histoire : elle passe de 14,1% à 8,1% des voix et de 13 à 6 sièges. Le
plus important reste le fait que le PP passe de 34,2% à 38,1% des voix et gagne
6 sièges.
Enfin les résultats des élections font apparaître
une relative réussite des partis régionalistes ou
“ nationalistes ” : CiU, qui faisait partie de la coalition
soutenant le gouvernement Aznar, devient le troisième parti aux Cortès. En même
temps, les Galiciens gagnent un siège, les Andalous et les Aragonais gagnent un
député chacun, ce qui leur permet d’entrer aux Cortès.
Au Pays Basque, le PNV gagne deux sièges. Il profite
en partie du mot d’ordre de boycott lancé par ETA, qui a conduit à ce que Herri
Batasuna, qui avait eu 13% des voix au Pays Basque en 1996, ne se présente pas
et perde ses deux députés. En outre, la consigne de boycott a été peu suivie,
puisque l’abstention n’est que de 35,5%, soit cinq points de plus que dans
toute l’Espagne.
Le fait majeur de ces élections, c’est la victoire
écrasante du PP, qui a les mains totalement libres pour poursuivre une
politique de combat contre le prolétariat et la jeunesse menée depuis quatre
années.
Cette victoire a une grande portée: en un sens elle
clôt définitivement la période politique de l'après-franquisme ouverte en 1975
en Espagne.
A l'origine du Parti
Populaire: "un cartel d’anciens ministres de Franco"
Le parti populaire est le nouveau nom que s'est
donnée en 1989 l’Alliance Populaire, parti héritier direct du franquisme. Ce
parti est fondé en 1976 comme un cartel de sept partis dirigés chacun par
d'anciens dignitaires du franquisme, dont cinq fusionneront l'année suivante.
“ la
continuité avec la période la plus récente, c’est à dire le franquisme, est
nettement affirmée dans le premier manifeste de l’AP qui récuse aussi bien les
“ desseins revanchards ” - en clair, ceux attribués à la gauche
anti-franquiste- que toute rupture avec l’œuvre accomplie par le peuple pendant
près d’un demi siècle... il faut dire qu’à l’origine -octobre 1976- l’AP n’est
rien d’autre qu’un cartel d’anciens ministres de Franco (...). ” (J.MAURICE,
C.SERRANO, L’Espagne au XX° siècle, Carré Histoire, Hachette, 1992, p.184).
Il
faut aussi préciser que le fondateur et chef de l’AP, Manuel Fraga, n’est rien
d’autre qu’un ancien ministre de l'information de Franco, et ministre de
l'intérieur dans le gouvernement constitué au lendemain de la mort de Franco. A
partir de 1989, les personnalités directement liées au franquisme se retirent
de la direction du PP. Aznar prend la direction du PP, il rajeunit et
renouvelle son appareil, tout en “ recentrant ” idéologiquement le
parti : par exemple, au niveau européen, il quitte le groupe conservateur
pour rejoindre le Parti Populaire Européen. Pourtant, en 1996, la presse
présente encore le PP comme le parti des anciens franquistes :
“ Le
Caudillo est mort en 1975, Manuel Fraga, ancien ministre du dictateur, a fondé
le parti en 1976, avec des franquistes convertis. José Maria Aznar, qui a pris
en 1990 la direction du PP, a grandi dans une famille naturellement franquiste.
Son grand-père a été l’un des historiens de la “ croisade ”. Son père
était l’un des responsables de la radio officielle. Ses rares écrits de
jeunesse révèlent un jeune homme très conformiste. Les nostalgiques de l’ancien
régime qui avaient jusqu’ici voté sans état d’âme pour les
“ populaires ” sont pourtant perplexes. José Maria Aznar affecte en
effet une élégante distance verbale à l’égard des droites franquistes qu’il
qualifie de “ classiques ”. Tendu vers la conquête du pouvoir, il a
lancé une OPA sur le centre et renvoyé à l’histoire les éventuelles leçons sur
le passé.
(...)Les
héritiers de la dictature ont été discrètement éloignés. Ils sont pourtant
nécessaires et le font toujours savoir. Manuel Fraga préside la Galice ;
de Santiago de Compostela, il dit haut et clair tout le mal qu’il pense des
concessions fiscales accordées par Aznar aux régionalistes catalans. (...)
Jeune élue européenne et conseillère municipale de Madrid, Mercedes de la
Merced a revendiqué les acquis sociaux du franquisme. ” (Problèmes
politiques et sociaux, La Documentation Française, N°792, 24 octobre 1997,
p.32).
Ajoutons que le groupement catholique
particulièrement réactionnaire Opus Dei est omniprésent dans le PP. Ce
groupement a prospéré avec le franquisme; la politique de Jean-Paul II, pape
élu grâce à l'Opus Dei, donne une idée du caractère réactionnaire de cette
église.
L'accession du PP au pouvoir en 1996, plus encore sa
victoire nette en 2000, sont à apprécier d'abord au regard de cette origine
historique.
Retour sur l'agonie du
franquisme
Au terme de la guerre civile en 1939, la classe
ouvrière d'Espagne avait été écrasée. Les franquistes avaient instauré sur
cette base un régime fasciste, corporatiste (unicité syndicale – CNS - et
partidaire – la phalange), niant les libertés démocratiques élémentaires; une
monarchie, mais sans roi, Franco, caudillo, étant chef de l'Etat à vie.
Mais progressivement, la classe ouvrière a recouvré ses forces et engagé le
combat contre le régime franquiste. D'abord lors de la grève générale et des
affrontements de rue à Barcelone en février-mars 1951. Puis avec la vague
nationale de grève qui démarra dans les mines des Asturies en 1962 (mouvement
qui donnera naissance aux commissions ouvrières qui seront ensuite chapeautées
par le PCE). Il faut encore mentionner les manifestations de 1970 contre la
condamnation à mort des "six de Burgos" qui imposera à Franco de
renoncer à leur exécution, et l'activité grandissante des organisations
ouvrières clandestines, à commencer par la confédération syndicale UGT et le
PSOE.
Les années 1970 verront les grèves se multiplier, se
durcir. En 1974, au Portugal voisin, la révolution prolétarienne fracasse le
régime corporatiste mis en place par Salazar.
La maladie puis la mort de Franco vont être
également un élément de fragilisation extrême du régime. Ainsi que l'écrivait
en février1976 La Vérité n°570, revue théorique de l'Organisation
Communiste Internationaliste:
avec
Franco disparaît celui qui a été pendant quarante ans au sens le plus plein du
terme le bourreau de la classe ouvrière d’Espagne ; celui dont l’ensemble
des forces de répression tenaient en dernière instance leur force ; celui
qui était le seul encore en mesure politiquement de leur faire jouer tout leur
rôle ; celui qui symbolisait, face à la classe ouvrière, l’écrasement de
1939. Franco disparu, c’est tout ce que le système répressif gardait encore
comme force dissuasive effective face à la classe ouvrière qui tend à se
désagréger rapidement.
(…)
la conduite de la bourgeoisie est d’ores et déjà commandée par le fait qu’il
n’y a plus à la tête de l’Etat d’homme politique en mesure, politiquement, de
se servir des armes répressives établies et maniées si longtemps par Franco. La
mort de Franco constitue ainsi, par son seul fait, un nouvel élément de
modification des rapports de force
entre les classes en faveur de la classe ouvrière.
Cette
nouvelle modification des rapports entre les classes intervient, d’autre part,
au moment précis où la bourgeoisie se trouve placée dans une situation où elle
est contrainte, en raison même du vide créé par la disparition de Franco, de
bouger tant soit peu les éléments constitutifs de l’édifice constitutionnel
dans un sens qui doit obligatoirement comporter l’introduction dans cet édifice
d’éléments incompatibles avec ce qu’est celui-ci. ”
C'est Juan Carlos qui va diriger les opérations de
transformation du régime franquiste.
Juan Carlos, successeur
désigné de Franco, organise la "réforme politique" du régime
A la mort de Franco, le 2 novembre 1975, Juan
Carlos, qu'il a désigné comme son successeur, accède au trône. Très rapidement,
il va se lancer dans une opération de "réforme politique" du
franquisme pour préserver l'Etat bourgeois espagnol et ses institutions
essentielles. Le gouvernement Juan Carlos – Suarez constitué en juillet 1976
(au retour de Juan Carlos d'un voyage aux Etats-Unis) accouchera d'une loi de
"réforme politique", validée par référendum en 1976.
Cette loi correspond à la nécessité pour la
bourgeoisie espagnole d'adapter la forme de sa domination aux nouveaux rapports
politiques avec sa classe ouvrière, de tenter de préserver contre elle
l'essentiel des institutions de l'Etat. Il s'agit également ainsi pour le
capitalisme espagnol d'accroître son insertion dans la division internationale
du travail (et en particulier dans la CEE) à un moment où la crise récurrente
du capitalisme pèse d'un lourd poids sur la péninsule ibérique.
Mais elle est lourde de dangers: l'apparition de
fissures dans l'édifice franquiste peut précipiter l'irruption révolutionnaire
des masses. C'est pourquoi de nombreux secteurs de la bourgeoisie espagnole
s'opposent à la "réforme politique", comme plus tard certains
secteurs de l'armée tenteront un coup d'Etat dans une tentative vaine de
rétablir l'ordre antérieur des choses.
La loi de "réforme politique" garantit
cependant l'essentiel: elle préserve l'Etat bourgeois.
"Le
projet de réforme des institutions présenté aujourd'hui par le gouvernement
Suarez prévoit un système qui comporterait deux chambres élues dans des conditions
qui en limiteraient au maximum la représentativité. Ces deux chambres
fonctionneraient de façon à permettre à la seconde chambre, désignée de
surcroît encore en partie par le roi, d'exercer son veto sur la première. Ainsi
que le note le "Times", le roi concentrerait entre ses mains des
pouvoirs beaucoup plus importants que la plupart des chefs d'Etat européens et
possèderait en particulier le droit de recourir sur toutes les questions à la
voie du référendum. Le projet de loi réaffirme "l'Unité du royaume et de
l'Etat" c'est-à-dire se prononce contre le droit de séparation des
nationalités et pour le maintien de l'état actuel d'oppression nationale. Il
laisse surtout intact l'appareil répressif policier militaire et juridictionnel
construit par Franco".
(La vérité n°574 de décembre 1976)
Ce projet de réforme va mener tout droit à des
élections (scrutin à un tour, avec circonscriptions soigneusement découpées) à
des Cortes (parlement) octroyées, dites "constituantes" en juin 1977.
En mars 1977, le PCE est légalisé. En avril, la liberté syndicale est restaurée
(l'unicité syndicale avait été maintenue jusque-là notamment à cause du PCE qui
avait appelé à participer aux élections syndicales corporatistes en 1975).
Le prolétariat et la jeunesse, participent
massivement aux élections (il y a 75% de participation). Les fraudes
électorales ne seront pas moins massives. 800 000 voix seront
"reportées" de l'abstention au compte de l'UCD durant les trois
semaines nécessaires à un décompte "officiel" des voix, tandis que
les urnes des quartiers ouvriers de Madrid "disparaissent".
L’UCD (Union du Centre Démocratique), une coalition
des courants de la bourgeoisie les moins impliqués avec Franco, remporte les
élections avec une majorité relative de 34,6% des voix (166 sièges). Son
dirigeant, Adolfo Suarez, qui a été le second Premier ministre de Juan Carlos,
de 1976 à 1977, reste alors à la tête du gouvernement. En même temps, le PSOE
obtient 29,2% des voix (118 sièges), le
PCE 9% (20 sièges). Les partis bourgeois issus du franquisme, c’est à dire
l’UCD et l’Alliance Populaire (le parti des franquistes avoués, l’ancêtre du
PP), ont la majorité absolue aux Cortès.
Pourtant, pour parvenir à mener à bien la
“ Transition Démocratique " il est nécessaire que Juan Carlos,
Suarez et l’UCD, aient le soutien des partis ouvriers afin de faire barrage au
mouvement des masses et élaborer une politique de consensus autour du maintien
de la monarchie, garante du maintien de la continuité des institutions de l’Etat
franquiste.
Contre l'irruption
révolutionnaire des masses: les directions ouvrières traîtres, et en premier
lieu le PCE.
Dès avant leur légalisation, les partis politiques
de la classe ouvrière espagnole ont répondu positivement à la "transition
démocratique". Au premier rang d'entre eux, le PCE (dont il faut rappeler
qu'il a poignardé la révolution espagnole des années 30 dans le dos au compte
de la bureaucratie stalinienne). En mars 1975, La Vérité relate les
propos de Santiago Carillo, dirigeant du PCE
"La
bourgeoisie espagnole, les forces capitalistes, ont de plus en plus confiance
en la possibilité de se maintenir dans le cadre d'un changement politique en
Espagne. (…) Ce changement politique va se faire sans détruire l'appareil
d'Etat. "(…)
Il tend la main à l'appareil d'Etat franquiste:
"Nous
posons la question d'un passage relativement pacifique d'un système bourgeois à
un autre système bourgeois. (…) L'appareil d'Etat n'est plus le même appareil
d'Etat fasciste qu'il y a vingt ans. (…) Ce n'est plus l'appareil fasciste du
passé: avec des retouches, il pourrait presque convenir à un Etat démocratique
bourgeois. Dans ces conditions cette convergence momentanée peut déterminer un
changement sans convulsions. Aujourd'hui, nous ne voyons pas cette issue et
nous travaillons à sa traduction dans les faits."
En mars 1977, avec sa légalisation, le PCE
abandonnait le drapeau républicain pour adopter celui de la monarchie
franquiste. A sa suite, le PSOE s'intégrait aussi dans le dispositif de
sauvetage de l'Etat hérité du franquisme, non sans contradictions internes. Et
avec eux les appareils des commissions ouvrières et de l'UGT (qui passe de
20 000 membres début 1976 à 2 millions en octobre 1977).
Face au mouvement de la classe ouvrière, le PCE et
le PSOE, les appareils syndicaux, vont se maintenir sur la ligne de la
"transition démocratique". Ils participeront aux élections pour les
Cortès octroyées de 1977, et négocieront en leur sein une constitution qui
aboutira évidemment ainsi à ce qui était prévu (le PSOE défendra pour la forme
un amendement proposant la République … sans même que le PCE ne le soutienne!).
Puis, face à une nouvelle poussée des masses en septembre
1977 (des centaines de milliers, voire des millions de manifestants) sur les
questions nationales et pour les revendications ouvrières, en octobre 1977,
l’UCD, le PSOE, le PCE et l’AP, signent les accords de la Moncloa (le Matignon
espagnol), qui mettent en place un plan d’assainissement économique et
financier, et qui, en même temps, donnent au gouvernement Suarez la tâche
d’élaborer une nouvelle constitution.
Pourtant, la signature du pacte de la Moncloa s’est
faite malgré la résistance de la classe ouvrière espagnole :
"
La réaction immédiate de la classe ouvrière au pacte de la Moncloa a été celle
d’une mobilisation massive pour le rejeter, refuser l’ensemble des mesures
d’agression économique anti-ouvrière qui y sont inscrites. Cette mobilisation a bien entendu pris la forme de
manifestations de rue massives (…).
Mais
elle a aussi pris au départ la forme d’une condamnation du pacte et de ses
mesures anti-ouvrières par la CNT et pratiquement par toutes les instances
syndicales, sections syndicales, unions départementales et instances fédérales
de l’UGT (…)."
(La Vérité, N°581, avril 1978)
Seule la direction de l’UGT refusait de prendre
position aux côtés de la classe ouvrière espagnole, puis en s’alignant sur l’appareil
des commissions ouvrières, elle empêchait que le mouvement vers la destruction
des institutions franquistes se poursuive. Cette situation stoppait alors la
mobilisation des masses. Insistons encore une fois sur la politique du PCE, fer
de lance du pacte de la Moncloa, qui
combat ouvertement contre tout mouvement de grève. C’est cela qui a permis que
la nouvelle constitution soit adoptée par un referendum en décembre 1978,
malgré une abstention de plus de 30%, allant jusqu'à 56 % dans certaines provinces
du Pays Basque. Le PSOE et le PCE avaient fait campagne pour l'adoption de
cette constitution, dont l’article 2 fait du roi la personnification de la
permanence des institutions, qui en assure la continuité et les arbitrages
après chaque élections, le premier ministre devant lui prêter serment au moment
de son investiture.
Malgré le coup porté par le pacte de la Moncloa et
l’adoption de la nouvelle constitution, la mobilisation des masses a repris.
Les directions des organisations ouvrières ne parviendront pas à signer un
second pacte prolongeant le premier. En 1979, le nombre de jours de grèves
atteint son chiffre le plus élevé depuis la mort de Franco. Malgré la politique
de soutien à la monarchie qu’a mené le PSOE depuis 1976, aux législatives de
1982, le prolétariat vote en masse pour ses partis.
Les
masses expriment leur volonté que le PSOE rompe avec la monarchie et la
bourgeoisie espagnole, qu’il en finisse avec les restes du franquisme. Ainsi,
l’UCD la représentation politique de la monarchie s’écroule et n’a plus que
7,1% des voix et 12 sièges ; elle finie par se dissoudre en 1983. Pour le
PSOE, ces élections représentent une victoire écrasante : il obtient un
peu plus de dix millions de voix, soit 48,4% et 202 députés. Même si le PCE s’effondre
du fait de sa politique acharnée de défense de la monarchie (il se retrouve
avec 4,1% des voix et 4 sièges), les partis ouvriers détiennent la majorité
absolue des voix et des sièges.
Le PSOE au pouvoir (1982-1996): au compte du capital
Quand en 1982 le PSOE arrive au pouvoir, il n’a
nullement l’intention de remettre en cause la constitution dont il a contribué
à la mise en place, il se soumet à l’autorité de Juan Carlos et s’engage dans
une politique au compte des intérêts de la bourgeoisie. Le programme du
gouvernement Gonzales est celui du rétablissement des "grands équilibres
économiques" par la relance de l’investissement et la restructuration de
l’appareil productif: les licenciements vont vite pleuvoir.
Ainsi, dans les années 1980, il parvient à réduire
l’inflation, à relancer l’investissement et à reconstituer les marges
bénéficiaires des entreprises. Pour le prolétariat, cette politique se traduit
par une réduction continue du salaire réel, une augmentation importante du
chômage et par la précarisation de l’emploi.
Pourtant cette politique ne suffit pas au
redressement de l’économie espagnole. En 1993, l’Espagne est dans un état de
quasi crise économique : l’inflation se maintien à plus de 5%, le taux de
croissance est tombé à son taux le plus bas depuis la chute du
franquisme ; en même temps, la consommation recule de 2,2% et
l’investissement s’effondre de 17%.
La politique anti-ouvrière que mène le PSOE depuis
1982, conjuguée à la situation économique de l’Espagne, conduisent à ce qu’aux
élections législatives de 1993, le Parti Populaire progresse en passant de
25,8% des voix en 89, à 34,8%. En même temps, le PSOE perd la majorité absolue
des sièges aux Cortès. Néanmoins, il faut noter que le PSOE était donné perdant
avant les élections et que c'est un sursaut de dernière minute de fractions du
prolétariat qui a fait barrage à la victoire annoncée du Parti Populaire.
Malgré la politique du PSOE, il s'agissait de se saisir de celui-ci pour voter
contre le retour des héritiers de Franco au pouvoir.
Le PSOE s’appuye alors sur CiU et poursuit sa
politique au compte de la bourgeoisie. Entre 1993 et 1996, le prolétariat subit
le découplage de la hausse des salaires par rapport à la hausse des prix, des
privatisations et une "réforme" du marché du travail.
Le caractère ouvertement bourgeois de la politique
du PSOE, conjuguée aux nombreux scandales financiers qui touchent Gonzales et
son parti, permettent une courte victoire du PP aux législatives de 1996.
Celui-ci arrive alors au pouvoir grâce à une coalition avec CiU, un parti
canarien et le PNV. Pour mener à bien son programme de guerre contre les masses
espagnoles, le PP dispose de l’acquis laissé par le PSOE.
De plus, le ravalement du PP a porté ses fruits,
puisqu’en 1993 il progresse pour la première fois depuis, 1982, aux élections
législatives et gagne les élections en 1996. Mais, il n’a alors que 300 000
voix d’écart avec le PSOE, soit environ un pour cent des voix, et une
différence de seulement 15 sièges . En 1996, la victoire du PP est due,
d’une part au fait qu’une partie du prolétariat ne s’est pas déplacée pour
voter PSOE, ou s’est reportée sur IU.
Cela dit, la position du P.P. est d’Aznar est
fragile : il lui faut deux mois de négociations pour conclure un accord
avec CiU. Cette alliance avec les “ nationalistes ” catalans,
canariens et basques, constitue une première rupture avec la tradition dite
“ espagnoliste ” des franquistes.
Le parti populaire au
pouvoir (1996-2000)
En 1996, le programme du gouvernement Aznar est
celui d’une offensive générale contre le prolétariat espagnol, cela en
s’appuyant sur les acquis laissés par la politique qu’ont conduit les
différents gouvernement du PSOE de 1982 à 1996. Le programme d’Aznar est le
suivant : strict respect des critères de Maastricht, lancement d’un
“ plan d’austérité ”, d’un “ plan stratégique de
privatisation ”... accompagnés d’un “ dialogue social ”.
Le Monde du 12 et 13 mars 2000 dressait le bilan suivant de
la politique menée par le gouvernement Aznar:
“ L’Espagne
va bien”,
plaide [Aznar]. Sur trois grands fronts, celui de la croissance, des grands
équilibres financiers et surtout du chômage, traditionnel talon d’Achille de
l’Espagne, José Maria Aznar peut en effet s’enorgueillir d’un bilan de
législature positif. De 2% à peine en 1996, le taux de croissance du produit
intérieur brut (PIB) espagnol a quasiment doublé quatre ans plus tard. Un bond
qui s’explique par le dynamisme de la consommation “ mais aussi
par la plus grande flexibilité de l’offre, notamment en raison des réformes
libérales entreprises et l’élimination des rigidités ”, tient à souligner
José Luis de Molina, directeur général de la Banque d’Espagne. (...)
Pour
l’heure, la bonne santé de l’économie et les rentrées fiscales qui en ont
découlé ont permis de réduire de façon drastique le déficit public (4,4% du PIB
en 1996, 1,1% fin 1999) et, dans une moindre mesure, de diminuer la dette de
l’Etat (70% au début de la législature, 63% à ce jour). De 22% encore en 1996,
le nombre de demandeurs d’emploi (...) est tombé à 15,4% fin 1999. (...) Cette
amélioration résulte de plusieurs facteurs, notamment la modération salariale
qui a encouragé la demande de main d’œuvre, mais, patronat et syndicats en
conviennent, elle doit beaucoup à la réforme du marché du travail intervenue en
1997 et négociée par les partenaires sociaux. ”
Avant de revenir sur cette "réforme du marché
du travail", il faut ajouter à ce panégyrique qu'en même temps, le
prolétariat a subit une politique de privatisations. Entre 1996 et 2000, il y a
eut au total 43 entreprises privatisées, dont la plupart en 1996 et 1997 (21 en
96, 18 en 97). Ces privatisations ont touché des grands groupes des secteurs
clés de l’économie : dans le secteur bancaire (Argentaria), l’électricité
(Endesa, l’EDF espagnol, pour une valeur de 1600 milliards de pestas), les
télécommunications (Telefonica et Retevision), le pétrole (Repsol), la
sidérurgie (Aceralia). Au total, les privatisations ont permis la suppression
de 60000 emplois, dont 20000 chez Telefonica.
L'accord patronat-syndicats
sur la "réforme du marché du travail", la "réforme" des
retraites
Lors de la dernière campagne des législatives, le PP
et Aznar ont mis au centre de celle-ci la baisse “ spectaculaire ” du
taux de chômage. En effet, celui-ci est tombé de 21,7% en 1996 à 15,4% en 2000,
alors que l’Espagne a eut le taux de création d’emploi le plus élevé d’Europe.
Ainsi, de janvier 1998, à fin septembre 1999, 1,03 million d’emplois ont été
créés et en quatre ans, il y en a eut 1,8 million : autant que pour le
reste de l’Union Européenne réunie.
La baisse du chômage qu’a connu l’Espagne doit être
relativisée, même si elle est réelle. 33% des contrats de travail sont à durée
déterminée ; en trois ans, les contrats précaires ont augmenté de 34% et
leur durée moyenne est passée de 90 à 69 jours. De plus, bien qu’ayant baissé
de dix points depuis 1997, le chômage des jeunes est encore de 30% et le
chômage des femmes s’accroît et le
chômage de longue durée s’est maintenu à 51%. Enfin, le SMIC en Espagne est le
plus bas d’Europe.
Enfin, cette baisse a aussi pour cause la politique
de modération salariale et la “ réforme ” du marché du travail de
1997. Cette “réforme” a été élaborée et mise en place par une négociation entre
les directions des Commissions Ouvrières, de l’UGT et le patronat (c’est à dire
la Confédération Espagnole des Organisations d’Entrepreneurs et la
confédération des PME).
Cet accord a mis en place un nouveau CDI à
destination des “ jeunes de moins de 29 ans, des personnes de plus de
45 ans et des handicapés physiques ”, ainsi qu’aux travailleurs ayant
un contrat à durée déterminée, dont le contrat est transformé en CDI. C’est en
fait un CDI au rabais : le nombre de jours d’indemnisation accordés pour
licenciement non justifié est abaissé à 33 jours par années de travail, au lieu
de 45 auparavant et l’indemnisation maximale passe de trois ans et demi à deux
ans. De plus, pour l’ensemble des contrats de travail, la possibilité de
licencier individuellement pour raisons économiques est légalisée. Cet accord
est une véritable attaque contre les acquis du prolétariat.
Depuis la contre-réforme de 1997, près de 2,5
millions de nouveaux "CDI" auraient été signés, contre 800 mille pour
les anciens CDI. En même temps, les directions de l’UGT et des commissions
ouvrières négocient avec les organisations patronales un nouvel accord sur les
contrats de travail prolongeant le premier.
En s’insérant dans le cadre de la négociation avec
le patronat, les directions syndicales font savoir qu’il ne s’agit pas de
rompre avec la bourgeoisie et donc de combattre en défense des intérêts des
travailleurs. Les résultats de l’accord de 1997 sont là pour montrer que les
directions syndicales sont prêtes à s’associer à une nouvelle offensive contre
les contrats de travail, au nom de la "lutte contre la précarité".
Quant aux retraites, en 1996, le gouvernement et les
directions syndicales des CCOO et de l’UGT ont signé un accord valable jusqu’en
2001. Dans cet accord, en “ échange ” de l’indexation des retraites
sur le coût de la vie, entre 1996 et 2001, la période de référence servant pour
le calcul de la retraite passe de 8 aux 15 dernières années travaillées. De
même, la pondération annuelle change : 35ans de cotisation assurent
toujours 100% de la retraite, mais elle tombe à 50% pour 15 années cotisées (le
minimum requis) contre 60% auparavant.
La politique qu’a menée le gouvernement Aznar depuis
1996 se traduit par une dégradation des conditions de vie du prolétariat et de
la jeunesse :
“ Si
en trois ans, le gouvernement peut se targuer d’avoir abaissé le chômage de 23
à 17%, le prix est élevé : accès interdit au logement pour les jeunes,
éducation en chute libre par manque d’appui de l’Etat, spéculation immobilière
saisie d’une nouvelle fièvre, état des routes et aéroports faisant craindre
pour la sécurité des usagers, pollution obscurcissant chaque jour l’horizon des
citadins, délinquance croissante. ” (Monde du 25 juin 1999)
Crises à répétition au Parti
Socialiste Ouvrier Espagnol
Après les élections de 1996, une crise s’est ouverte
dans le PSOE : Felipe Gonzales qui le dirigeait depuis 1974 a démissionné
du secrétariat général sous le coup de sa défaite électorale et de scandales
financiers qui l’ont touché de près. Il est alors remplacé par Almunia, son
dauphin, élu avec 73% des voix. Avec Almunia, c’est la clique regroupée autour
de Gonzales qui se maintient à la tête du PSOE. Almunia engage une soit disant
“ refondation ” du parti, sur la ligne de la continuité avec
l’héritage politique des gouvernements PSOE : il défend l’Euro, les
privatisations et la libéralisation de l’économie. En même temps, Almunia
débarrasse la direction du PSOE du courant “ gauche ” regroupé
derrière Guerra (l’homme qui a codirigé le PSOE avec Gonzales de 1982 à 91).
Aussi, en 98, c’est avec la quasi certitude d’être
élu qu’Almunia organise des primaires internes pour être désigné candidat du
PSOE. José Borell, en tant que représentant du courant “ gauche ”, se
présente contre Almunia, et à la surprise de la direction du PSOE, il est élu
avec 55,1% des voix des 383 000 adhérents du parti.
Ce vote révèle une réaction des militants du PSOE
contre les héritiers de Gonzales ; l’élection de Borell a été, à travers
les militants du PSOE, la réfraction indirecte de la volonté du prolétariat
espagnol de s’opposer au cours de plus en plus ouvertement réactionnaire de
l’orientation des dirigeants du PSOE, en même temps que la crainte d’une partie
de l’appareil d’aller au devant de nouvelles défaites.
Finalement en mai 99, l’appareil obtient sa
démission à la suite de scandales financiers où sont impliqués des personnes de
son entourage. Ainsi, à la veille des élections européennes, régionales et
municipales, le PSOE se retrouve sans tête de liste officielle ; Almunia
n’a plus qu’à prendre la place. Même si ces élections sont une défaite pour le
PSOE, il progresse légèrement, ce qui conforte Almunia. En même temps, il est
conscient que pour les législatives il va vers une nouvelle défaite, c’est
principalement la raison pour laquelle il cherche à conclure un accord avec
I.U.
Pour les élections de mars
2000: accord PSOE-Izquierdia Unida
L’accord PSOE-I.U. conclu le 2 février 2000, est le
suivant :
“ Une
déclaration de programme commun entre le PSOE et I.U., le soutien de la candidature
d’Almunia à la présidence du gouvernement et la présentation de candidatures
communes aux élections sénatoriales. ” (Le Monde, 3 février 2000).
C’est la première fois depuis 1936, que le PSOE et
le PCE (qui vertèbre I.U.) concluent un accord de gouvernement. Mais il faut
immédiatement relever qu'IU est une coalition
que le PCE a créée en 1986, regroupant autour de lui des petites
organisations bourgeoises, le MCE regroupant ex-maoïstes et pablistes, organisations
qui s'étaient regroupées lors d'un référendum contre l'adhésion de l'Espagne à
l'OTAN. I.U. est une coalition étrangère au mouvement ouvrier, facteur de
dissolution du PCE et de confusion politique pour le prolétariat.
Cet accord , bien que le PSOE présentent
indépendamment ses propres candidats, offre comme perspective un gouvernement
bourgeois dans le style “ gauche plurielle ” à la française, baptisé
“ gouvernement de progrès ”.
Dans ce programme, il n’est nullement question de
remettre en cause la politique d’Aznar ; d’ailleurs, pendant toute la
campagne électorale, Almunia n’a cessé de déclaré que les privatisations
avaient été initiées par Gonzales et qu’il les respecterait. Par ailleurs, les
grandes lignes de ce programme restent dans le vague : pour le mieux elles
n’engagent à rien, pour le reste, elles reprennent à leur compte la défense des
intérêts de la bourgeoisie :
“ Ainsi
l’emploi, notamment celui des jeunes, est une priorité [Aznar ne dit pas le
contraire-Ndlr], tout comme l’éducation et la formation. Concernant l’U.E., l’accent
est mis sur la construction d’une Europe sociale où seront garantis les droits
de l’homme, la coopération et le développement. On ne manquera pas toutefois de
noter que le PSOE veut tenir les engagements contenus, en matière de déficit
public, dans le pacte de stabilité, quand I.U. souhaite aller “ au delà de
Maastricht ”( ? ! !). ”
(Le Monde, 9 février 2000).
Ajoutons-y
la reprise des "35 heures" à la sauce Aubry, c'est-à-dire avec
annualisation et flexibilité maximale.
Cette alliance in extremis n'avait rien qui
soit de nature à éveiller l'intérêt des masses espagnoles. L'abstention
ouvrière aura été significative, et la "gauche plurielle" à
l'Espagnole a frayé la voie à une victoire du PP. La défaite qu’ils ont subi
aux élections a provoqué une nouvelle crise dans le PSOE et aggravé celle
d’I.U.
Après les élections:
nouvelles crises
I.U. existe seulement grâce au PCE, qui, depuis
1979, est resté très minoritaire dans le prolétariat espagnol. En fait, depuis
la chute du franquisme, le PCE n’a pas une influence réellement importante dans
la classe ouvrière, à part en Catalogne. En revanche, il a joué un rôle
contre-révolutionnaire central en tant que représentant de la bureaucratie du
Kremlin (place héritée des années 1930, lors desquelles le PCE a été la
principal liquidateur de la révolution espagnole). La constitution d’I.U. à
partir de 1986 a été une tentative pour le PCE d’échapper à une disparition
certaine tout en accroissant son insertion et sa dissolution dans la société
bourgeoise. Aux législatives de 1989, I.U. rassemble 9% des voix et se maintien
autour de 10% jusqu’en 1996. Lors des élections européennes de mai 1999, c’est
la débâcle pour I.U. qui se retrouve avec 5% des voix ; les élections
législatives de 2000 ont confirmé ce recul. Les défaites d’I.U. en 99, ont
conduit à ce que Julio Anguita, son dirigeant depuis 1986, secrétaire général
du PCE de 88 à 98, démissionne de la direction d’I.U. avec 18 de ses membres.
Le déclin d’I.U. est le fruit de la décomposition du
PCE, qui, aujourd’hui, après la dislocation de la bureaucratie stalinienne, n’a
plus de place en Espagne. Sa disparition est inéluctable.
La défaite qu’a subi le PSOE aux élections de 2000 y
a provoqué une nouvelle crise. En effet, dès le lendemain des élections,
Almunia démissionnait de la direction du PSOE. A la suite de cela, la comité
exécutif votait à 117 voix contre 38 pour la formation d’un comité de gestion
chargé d’organiser un congrès en juillet 2000.
Deux courants s’affrontent : d’un côté, les
pro-Gonzales, qui se réclament ouvertement de l’héritage de la politique qu’il
a mené au pouvoir entre 82 et 96 et qui se prononcent pour une
“ transition démocratique ” dans le PSOE. ; de l’autre côté,
l’aile “gauche”, représentée par Guerra et dans une certaine mesure par Borell.
Ces derniers se prononcent pour une
“ refondation véritable du parti ”, ce qu’exprime plus clairement le
président de la section d’Aragon du PSOE : “ les responsables de la déroute ne
sont pas seulement M.Almunia, mais l’ensemble de la direction de l’exécutif. ” Ce second courant ne remet pas en cause l’orientation en
défense des intérêts de la bourgeoisie que mène le PSOE.
Le 35° congrès du PSOE qui s’est tenu le 22 juillet
dernier a élu un nouveau secrétaire général, Luis Rodriguez Zapatero. Mais,
face à trois candidats, Zapatero n’a obtenu que 9 voix de majorité sur 995
voix. Ses deux principaux rivaux étaient José Bono candidat de l’ancienne
direction, et Mathilde Fernandez représentante de la “ gauche ” du
parti, auxquels il faut ajouter Rosa Diez un “ réformiste basque ”.
Zapatero doit son élection en particulier au fait qu’une partie des délégués de
“ l’aile gauche ” ont voté pour lui contre le candidat de l’appareil.
D’ailleurs, l’une des premières mesures de Zapatero à la tête du PSOE a été de
vider tous les anciens membres de la commission exécutive.
Zapatero se présentait pour "le changement
par le dialogue en rénovant l’héritage reçu" et défendait une "nouvelle
voie", sans préciser en quoi consistait celle-ci :
"Seule
certitude, M.Zapatero veut “ une politique de proximité privilégiant les
nouvelles technologies, en accord avec la nouvelle société ” ( ?).
Mais il entend aussi, face aux défis de la globalisation, “ protéger les
intérêts d’une majorité sociale ” en en retrouvant “ des valeurs
menacées en Espagne ”. " (Le Monde 25 juillet 2000)
Une
chose est sûre: la "rénovation" de Zapatero , comme celle de ses
compères sociaux-démocrates et socialistes ailleurs en Europe, ne peut que
tendre à déliter tant et plus le caractère ouvrier du PSOE.
Aznar bénéficie d'un soutien
particulièrement net des directions des organisations ouvrières
Face aux coups portés aux masses, la victoire écrasante du P.P. aux
dernières élections semble d’autant plus étonnante. La baisse du chômage et la
reprise économique jouent en partie dans ces résultats, mais c’est d'abord la
politique des dirigeants du mouvement ouvrier qui en est responsable. Ainsi,
Aznar s’est appuyé sur les acquis laissés par les gouvernements du PSOE,
desquels le PSOE se réclame encore. Aznar a également bénéficié de la politique
de collaboration des directions syndicales à la mise en place de ses
contre-réformes et de leur soutien à sa politique.
Les CCOO sont à l’avant garde de cette politique.
Ainsi, lors de leur dernier congrès, qui s’est tenu après les élections, les
CCOO ont proclamé leur fidélité à Aznar et fait l’éloge de sa politique :
“ Tout
un symbole : CCOO, traditionnellement proche des communistes,(…) couvre de
louanges l’exécutif de José Maria Aznar, renforcé après sa victoire triomphale
aux législatives de mars.
Lune
de miel. Le
7e congrès du syndicat, ouvert hier à Madrid, illustre la lune de
miel entre une centrale d’inspiration communiste et un gouvernement de droite.
Devant quelques 700 délégués et des centaines d’invités, Antonio Gutierez, le
secrétaire général, n’a pas manqué d’applaudir les “ efforts du
gouvernement en matière d’emploi et de protection des travailleurs ”, et
de faire l’éloge de la politique sociale d’Aznar. L’invité de marque n’était
autre qu’Alberto Ruiz Gallardon, président PP de la Région, qui côtoyait José
Maria Cuevas, président du patronat espagnol ! ”(Libération, 13 avril
2000).
Aujourd’hui, le P.P. sort renforcé des élections
législatives, il a les mains libres pour continuer et approfondir sa politique
et sait qu’il peut compter sur le soutien des dirigeants du mouvement ouvrier. En
février, avant les élections, dans une interview pour le Monde, Aznar
donnait l’axe de cette politique :
“ Pour
les quatre années qui viennent, si je suis reconduit dans mes fonctions, je
vise un surplus budgétaire en 2002, une baisse des dépenses de l’Etat d’un
point par an pour les ramener à 40% du PIB en 2004 et un nouveau volet de
réformes. Elles concerneront la fiscalité, avec une baisse des impôts des
familles, des PME et des travailleurs indépendants ; le marché du travail,
avec des aides à l’emploi des femmes ; et la sécurité sociale. (...)
-
Comment maintenir la paix sociale avec les dures réformes structurelles qui
restent à faire ? - Certains critiquent en disant qu’il faudrait
réformer plus vite. Je dis non : il faut procéder petit à petit, dans le
consensus. ”
(Le Monde, 28 février 2000).
Aznar l’affirme clairement : si il a pu mener à bien son offensive
contre les acquis du prolétariat, sans que celui-ci n’est pu combattre son
gouvernement, c’est avant tout grâce à l’élaboration d’une politique de
“ consensus ” avec les dirigeants des organisations syndicales.
Mais ont joué et jouent un rôle très important dans
la victoire du Parti Populaire les opérations à répétition d'union nationale qui
ont été orchestrées ces dernières années sur l'axe de la lutte contre "le
terrorisme", opérations d'union nationale dont le PP est le principal
bénéficiaire.
La question Basque: un axe
d'union nationale…
Par un de ces renversements dont l'histoire a le
secret, la question nationale basque, qui, sous Franco a servi de détonateur à
de multiples mobilisations de masse contre le régime corporatiste, est devenue
aujourd'hui un axe de regroupement autour du régime issu de la "transition
démocratique". Des manifestations
immenses ont jalonné les attentats commis par l'E.T.A., qui a totalement
dégénéré depuis les années 70, et dont le cours politique est de plus en plus
désespéré, criminel et totalement étranger et contraire aux intérêts de la
classe ouvrière et même à la cause de l'indépendance du pays basque.
En juillet
1997, près de six millions d'espagnols (selon la presse) se retrouvaient dans
la rue après l'assassinat d'un conseiller municipal du Parti Populaire. A
nouveau, en janvier 2000, soit deux mois avant les élections, une démonstration
massive d'union nationale était organisée. Ses responsables (cf. L'Humanité du 24
janvier 2000):
"Le
premier ministre, José Maria Aznar, le leader de l'opposition socialiste
Joaquim Almunia, le candidat de Gauche unie, Francisco Frutos, les trois
anciens présidents de gouvernement, Adolfo Suarez, Leopoldo Calvo Sotelo,
Felipe Gonzalez, et les représentants des grands syndicats espagnols ont pris
la tête de la manifestation."
Ce sont les dirigeants du
PSOE, de la I.U., des confédérations syndicales qui ont appelé la population
laborieuse à défiler contre l'ETA, main dans la main avec les héritiers directs
du franquisme (PP et Suarez, dans ce cas), avec ceux qui ont organisé parfois
personnellement la répression des militants basques, qui ont perpétué une
oppression nationale sauvage au pays basque, et aussi en Catalogne et d'autres
régions de l'Etat espagnol. Les dirigeants du vieux mouvement ouvrier espagnol
ont ainsi puissamment contribué à estomper le caractère franquiste du Parti
Populaire. Mais ils ont aussi défilé aux côtés et sous la direction d'un parti
qui continue autant que faire se peut à opprimer les basques.
C'est en effet le gouvernement Aznar qui a procédé à
l'arrestation collective de tous les dirigeants de Herri Batasuna en 1997 pour
avoir voulu diffuser une cassette video de l'ETA pendant leur campagne
électorale (CPS a publié une déclaration contre cette arrestation en
date du 3 janvier 1998). Cette arrestation collective, viol éhonté des libertés
démocratiques élémentaires, a finalement été cassé par la cour
constitutionnelle espagnole en 1999… décision fort opportune puisqu'elle
intervenait après que l'ETA ait décrété une trêve des attentats. Les dirigeants
d'Herri Batasuna, l'interdiction de ce parti, ont servi d'otages, de monnaie
d'échange, ni plus ni moins, dans les tractations secrètes entre le
gouvernement et l'ETA par l'intermédiaire du PNV, pour aboutir un à
"processus négocié" (ce sera l'objet de la déclaration de Lizarra en
septembre 1998 cosignée par Herri Batasuna et le PNV).
Ajoutons encore que le gouvernement Aznar refuse le
rapprochement des prisonniers politiques (sur environ 600 prisonniers, un
cinquantaine seulement se trouve au pays basque). Le 10 mars 2001, à nouveau,
16 dirigeants de l'organisation de jeunesse basque Haika étaient écroués pour
"appartenance (présumée) à l'ETA".
Les dirigeants du PSOE (qui avaient au pouvoir
couvert les GAL, groupes paramilitaires menant une campagne de terreur contre
les militants basques) ont pavé la voie à la victoire électorale du Parti
Populaire en lui servant la soupe de l'Union nationale. Il a franchi un nouveau
cran en décembre 2000, en signant avec le Parti Populaire un pacte “ contre
le terrorisme ”, qui affirme:
"Nous
voulons affirmer notre ferme intention de faire échouer la stratégie terroriste
(…) et défendre le droit des Basques et de tous les espagnols à vivre en paix
et en liberté" (Le Monde, 11 décembre 2000).
De
son côté Aznar a déclaré :
"C’est
un grand exercice de responsabilité et de cohérence, pour la défense des
libertés et de notre cadre commun de convivialité." (idem)
En
réalité, cet accord représente l’alliance du PSOE et du PP pour le renforcement
de l’Etat policier et monarchiste, de la répression contre les droits du peuple
basque. Ainsi, en septembre, en même temps que le PSOE appelait à un “ front-uni ” à la violence, 1500
policiers supplémentaires étaient postés aux frontières espagnoles et
françaises.
… en deçà et au delà des
Pyrénées
La
prétendue "lutte contre le terrorisme" est en réalité une lutte
contre les droits nationaux du peuple basque. Et celle-ci est menée en étroite
collaboration avec les gouvernements français, et reçoit le soutien des
dirigeants du mouvement ouvrier français. Les gouvernements successifs en
France ont tous collaboré à la répression. Depuis 1996 (l'arrivée d'Aznar au
pouvoir), plus de 150 militants basques ont été arrêtés en France et livrés à
la police espagnole.
Cette
coopération policière repose sur le soutien des dirigeants des organisations
syndicales ouvrières. Dans la foulée du pacte anti –terroriste conclu en Espagne,
le 14 février 2001, les dirigeants CGT, CCOO, UGT (rejoints ultérieurement par
ceux de FO) adoptaient avec la CFDT et l'UNSA une déclaration: "Pour
les libertés et contre le terrorisme" . Elle exige notamment "la
dissolution de l'ETA" qu'elle caractérise de "fasciste".
Encore une fois, si les attentats de l'ETA sont totalement condamnables,
l'emploi du terme de "fasciste" s'agissant d'un pays qui connut le
joug franquiste est particulièrement pervers.
Mais
c'est qu'il s'agit dans cette déclaration d'exiger le respect préalable de la
monarchie instituée par le franquisme, ou encore de la 5ème
République:
"
Nous exigeons de tous les partis politiques du Pays-Basque et d’ailleurs qu’ils
défendent leurs idées par des voies démocratiques et dans le cadre des systèmes
politiques et institutionnels existants dans l’Union européenne, en France et
en Espagne, seule garantie de défense de tout projet politique."
Pis
encore, la déclaration somme
"tout
syndicat concerné, en particulier à ceux qui, avec nous, font partie de la CES,
et qui, cependant, maintiennent une stratégie politique de collaboration avec
les organisations syndicales, politiques et sociales dans la mouvance de ETA,
de rompre leurs alliances, lesquelles sont incompatibles avec l’affiliation à
des organisations."
Point
n'est besoin d'un décodeur: la "mouvance" de l'ETA est une expression
policière qui désigne les indépendantistes basques quels qu'ils soient. La
"confédération européenne des syndicats", confédération de soumission
des organisations syndicales ouvrières au cadre de l'Union Européenne, s'engage
pour l'isolement politique des militants basques, et cautionne la répression
policière des deux côtés des Pyrénées.
Prolongement
du pacte PP-PSOE de décembre 2000, le PNV qui s'est retrouvé isolé a dû se
résoudre à la dissolution du parlement régional basque et à convoquer des
élections législatives anticipées pour le 13 mai. Pour la première fois depuis
1979, là aussi, le Parti Populaire peut sérieusement envisager de remporter les
élections. A défaut d'une majorité absolue, le PP pourra s'appuyer sur l'accord
passé avec le PSOE sur le "terrorisme" pour constituer un
gouvernement de "grande coalition" dirigé par le PP, nouveau pas dans
la dégénérescence politique du mouvement ouvrier non seulement en Espagne, mais
qui aurait des répercussions partout en Europe.
Pour le droit des
nationalités à l'autodétermination
En 1931, Trotsky expliquait:
"Les
tendances séparatistes posent devant la révolution le problème démocratique du
droit des nationalités à disposer d’elles mêmes. Ces tendances, considérées
superficiellement, se sont aggravées pendant la dictature. Mais tandis que le
séparatisme de la bourgeoisie catalane n’est qu’un moyen pour elle de jouer
avec le gouvernement madrilène contre le peuple catalan et espagnol, le
séparatisme des ouvriers et paysans n’est que l’enveloppe d’une révolte intime,
d’ordre social. Il faut établir une rigoureuse distinction entre ces deux
genres de séparatisme. Cependant, et précisément pour disjoindre de leur
bourgeoisie les ouvriers et les paysans opprimés dans leur sentiment national,
l’avant-garde prolétarienne doit prendre, sur cette question du droit des
nationalités à disposer d’elles-mêmes, la position la plus hardie, la plus
sincère. Les ouvriers défendront intégralement et sans réserves le droit des
Catalans et des Basques à vivre en Etats indépendants, dans la cas où la
majorité des nationaux se prononcerait pour une complète séparation. Ce qui ne
veut nullement dire que l’élite ouvrière doive pousser les Catalans et les
Basques dans la voie du séparatisme. Bien au contraire : l’unité
économique du pays, comportant une large autonomie des nationalités, offrirait
aux ouvriers et aux paysans de grands avantages du point de vue de l’économie
et de la culture générales."
(La
révolution espagnole et les tâches communistes, 24 janvier 1931)
En 1978, La Vérité analysait que:
"Le
franquisme, à un degré qualitativement plus élevé encore que la monarchie et la
dictature militaire de Primo de Riveira, a fait de l’oppression nationale des
Basques, des Catalans et des Galiciens l’une des bases fondamentales de l’Etat
bourgeois. Les revendications nationales ont acquis de ce fait, aux côtés des
revendications centrales du droit à l’organisation, à l’expression, à la grève,
pour l’affirmation desquelles la classe ouvrière s’est regroupée toujours plus
résolument face au franquisme, le caractère des revendications s’attaquant aux
fondements mêmes de la domination bourgeoise en Espagne." (La Vérité, N°581,
avril 1978)
Ainsi, en août 1977, des procédures d’extradition
engagées contre un militant de l’ETA entraînèrent de gigantesques
manifestations dans toutes les villes basques. Au cours de ces manifestations,
le mot d’ordre d’indépendance prédominait, contre celui d’autonomie défendu par
les partis traditionnels bourgeois (e PNV), et le PSOE (alors majoritaire dans
la classe ouvrière basque). De même, en septembre, en Catalogne, une
manifestation de plus d’un million de personnes avait lieu, mais maintenue dans
un cadre étriqué par les partis catalans et les partis ouvriers. La Vérité expliquait
alors :
"Seuls
les mots d’ordre de “ République libre d’Euzkadi et de République libre de
Catalogne dans une Union des Républiques libres d’Espagne ” (…) et liés
directement à ceux de “ A bas la monarchie ”, “ République et
constituante ”, pouvaient libérer l’ensemble des potentialités
révolutionnaires des ces puissantes mobilisations." (Ibidem)
Aujourd'hui,
la responsabilité des directions du
mouvement ouvrier, en France comme en Espagne, est de se prononcer pour
le droit du peuple Basque à l'autodétermination, la libération des prisonniers
politiques, pour le droit d'asile en France des militants qui en font la
demande et contre toute poursuite menée pour "délit d'assistance" ou
d'hébergement de ces militants. Il s'agit de combattre contre tout accord liant
une organisation du mouvement ouvrier aux partis bourgeois espagnols ou basques
(PNV) sur la question nationale.
Combattre contre le
gouvernement dirigé par Aznar, pour le front unique des organisations
ouvrières.
Tant sur la question des nationalités opprimés, que sur
celle de la légitimité de l’Etat bourgeois espagnol, aujourd’hui, Aznar peut se
réclamer d’avoir débarrassé la bourgeoisie espagnole des séquelles du
franquisme pour ce qui la concerne. La bourgeoisie espagnole au travers de son
principal parti a récupéré les moyens politiques lui permettant d'exercer de
nouveau, sans entraves, le pouvoir. Ainsi est définitivement close la période
politique de l'après-franquisme, au profit de la bourgeoisie.
Contre le gouvernement Aznar et sa majorité aux
Cortés, il s'agit aujourd'hui au prolétariat d'Espagne d'imposer aux directions
des confédérations ouvrières UCGT et COOO, au PSOE et au PCE, qu'ils rompent
avec le gouvernement d'Aznar et le combattent dans l'unité. En particulier, il
faut exiger d'eux qu'ils dénoncent tout pacte passé avec le gouvernement Aznar
tant en matière de destruction des acquis ouvriers que sur la question
nationale basque.
Le combat sur l'axe du front unique des
organisations ouvrières contre le gouvernement Aznar peut permettre que se réunissent
les conditions du renversement de celui-ci, de la venue au pouvoir d'un
gouvernement résultant de ce front unique dont les masses exigeraient la
satisfaction de leurs revendications politiques, sociales, et nationales. Cette
satisfaction exige à l'évidence la liquidation de l'Etat monarchique hérité de
Franco, le respect scrupuleux des nationalités opprimées à disposer
d'elles-mêmes, dans la perspective d’une fédération des républiques socialistes
ibériques. C'est sur une telle ligne
que pourrait être construit le parti ouvrier révolutionnaire dont l'existence,
en Espagne comme en France, sera la question décisive.
15 mars 2001
[1] Izquierda Unida : Gauche Unie, coalition du P.C.E. avec des petites organisations bourgeoises, à laquelle appartiennent les pablistes (ex-LCR).
[2] Parti Nationaliste Basque : Parti Basque “ modéré ”, démocrate-chrétien, créé en 1895. A rompu, le 22 septembre 1997, l’accord de gouvernement conclu avec le P.P. en 1996.
[3] Divers partis régionaux, dont la Coalition Canarienne, le Bloc nationaliste galicien, le Parti Andalou, la Gauche Républicaine de Catalogne, Eusko Alkartasuna et la Junte aragonaise.