Les militants interviennent et informent C.P.S.
Interventions de deux délégués au congrès CGT RATP Metro-RER
des 23-24 et 25 mai 2007
Le
congrès se tient alors que vient d’être élu président de la 5ème
république Sarkozy, le candidat désigné par le grand capital, sur un programme
de liquidation de conquêtes fondamentales de la classe ouvrière. Au cœur de ce
programme, urgences annoncées parmi les urgences : en finir avec les
régimes spéciaux de retraite, casser le droit de grève dans les transports
publics. C’est à cela et à tous les coups que la direction, stimulée par la victoire
de Sarkozy, va chercher à redoubler que le congrès doit se décider à faire
face !
Les
masses laborieuses et les jeunes ont fait leur possible pour battre Sarkozy, en
votant au 2ème tour, pour Royal, la candidate présentée par le Parti
socialiste. Sans illusion, et malgré ce que représentent de glaçant Royal et le
Parti socialiste.
Les
directions des organisations syndicales ont leur responsabilité dans cette
défaite, en ayant refusé de prendre position et de mobiliser pour battre
Sarkozy. Alors que Sarkozy a obtenu sa victoire en galvanisant la bourgeoisie
et son électorat – ameutant sur son nom une écrasante majorité d’électeurs
lepénistes – en promettant de poursuivre et d’achever l’œuvre des gouvernements
Chirac-Raffarin et Chirac-Villepin,
d’accomplir le programme le plus anti-ouvrier depuis la Guerre, Bernard
Thibault, au nom de la Cgt, a répété : « La Cgt ne donnera pas de consigne de vote ». Les anciens
avaient raison qui m’ont appris que les patrons et le pouvoir n’ont rien à
craindre des syndicats tant qu’ils revendiquent de ne pas se mêler de
politique.
La
présidente du Medef, triomphante, a déclaré « au nom de l'ensemble des
chefs d'entreprises » : « Nous nous engageons à contribuer avec responsabilité et
enthousiasme à l'écriture de la nouvelle page qui s'ouvre pour la France ».
Mais Thibault a confié au journal Le
Monde (11/5) : « Je
comprends qu'au lendemain de l'élection, ceux qui se trouvent aux postes de
responsabilité déclarent qu’ils incarnent une légitimité exclusive pour
décider. » et ensuite : « Nous ne sommes ni une force d'opposition a priori, ni une force d'accompagnement a priori. »
Quand
Sarkozy, avant même qu’il prenne officiellement le pouvoir, consulte les
secrétaires généraux des confédérations syndicales, le message est clair :
plus les attaques anti-ouvrières sont dures, plus le « dialogue
social » est nécessaire. Mais alors que cherche Bernard Thibault en
rencontrant Sarkozy, le 14 mai ? et en déclarant,
ensuite : Sarkozy « a présenté un
calendrier et affirmé sa volonté de dialoguer avec les syndicats avant que les
décisions ne soient prises. Il souhaite qu'on ne lui fasse pas de procès
d'intention. J'en prends acte» ?
Il
faut le dire résolument : le rôle du syndicat est à l’opposé de ce que dit
Thibault; il doit prendre systématiquement la défense des travailleurs contre
le patron et le gouvernement. La Cgt doit affirmer que son orientation
est : - défendre sans concession tous les acquis, - refuser toute
consultation, discussion, négociation, concertation avec le gouvernement et la
direction sur ce terrain. Cela s’adresse à tous les niveaux de la Cgt, jusqu’au
sommet de la confédération, - tout faire pour dresser le bloc uni des
organisations syndicales et des personnels et faire échec à toute remise en
cause des acquis, à toute nouvelle atteinte au droit de grève.
Une
tâche centrale du congrès est de se prononcer pour la défense du régime de
retraites. Sans transiger. En effet, jusqu’à présent, la direction et le
gouvernement ont bénéficié, d’abord en mai 2003, au moment du projet de loi
Fillon, de la décision de la Cgt et des autres organisations syndicales de
pousser et même d’appeler à cesser la grève à la Ratp, le 15 mai, à la Sncf, etc. Et le
gouvernement a pu alors se concentrer contre les fonctionnaires isolés et
casser leur régime de retraites. Ensuite, en 2005, la direction a pu
bouleverser le financement de notre règlement particulier, en faire une annexe
du régime général, après des mois de dialogue social, sans se voir opposé un
seul appel à la grève pour le retrait du projet, sans qu’un syndicat exige le
retrait du projet !
Je
demande au congrès d’adopter la résolution suivante :
Le
syndicat Cgt du réseau ferré
-
s’élève contre toute
remise en cause du régime des retraites,
-
décide de boycotter
toute négociation sur cette question avec la direction et le gouvernement,
-
demande aux autres
syndicats Cgt et à la confédération de faire leur cette décision (pour la
confédération : boycotter le conseil d’orientation des retraites qui a été
associé depuis des années à tous les sales coups),
-
appelle toutes les
organisations syndicales à réaliser l’unité pour combattre et faire échec à
toute menace contre le régime des retraites.
5
délégués ont voté pour; 10 se sont abstenus; la majorité (non dénombrée par le
bureau du congrès) a voté contre.
Noter : le bureau syndical sortant
avait appelé à voter formellement contre la résolution.
En
écho à l’intervention du camarade de Robinson, nous avons voulu, avec les
camarades de la section de Rueil, répondre sans
détour aux attentes des travailleurs avant le 2ème tour de la
présidentielle en affichant l’appel suivant :
« La
section syndicale Cgt de Rueil réaffirme sa
position : on ne peut rester neutre face à l’offensive décidée par le
candidat du Medef et de la bourgeoisie. Ses dernières déclarations confirment
sa volonté de casser les régimes spéciaux de retraite, le droit de grève, la
protection sociale et de mettre en place le service minimum.
Aujourd’hui
il est nécessaire de faire barrage et de battre Sarkozy en votant massivement
pour la candidate présentée par le Parti socialiste ».
Il
y a un an, contre le projet de prolongation de service présenté par les
départements métro, l’ensemble des organisations syndicales avait réagi, dans
un 1er communiqué, en en exigeant le retrait. Elles dénonçaient
notamment le projet « qui remet en
cause l’unicité du métro et du Rer, les règles
d’embauche pour les jeunes conducteurs », les règles d’utilisation et
de travail des personnels, « la Stc15
et instaure de la flexibilité à la conduite ».
Le 24 avril dernier, entre
les 2 tours – sinistre illustration de la « neutralité politique »
affichée par les dirigeants des syndicats, - un protocole d’accord a été signé
par 5 syndicats (Fo, Sat, Cfdt, Cftc et
indépendants) : ils accordent un chèque en blanc à la direction pour
déréglementer.
Comment
et qui peut expliquer ce renversement ? C’est aux signataires bien sûr de
s’expliquer mais aussi au bureau syndical qui avait immédiatement, et le 1er,
rejeté le 1er communiqué commun, qui ne sera de ce fait jamais
diffusé.
On
connaît la suite. Le syndicat n’a jamais exigé le retrait du projet; il s’est
déclaré « sans ambiguïté, pour la
prolongation de service » et a réclamé « de véritables négociations ». Le président Mongin
lui a d’ailleurs donné acte en répondant à Gérard Lebœuf, secrétaire général de
l’Union syndicale Cgt, le 9/11/2006 : « Je souhaite vivement que le dialogue se
poursuive de manière constructive sur ce dossier. (…) Les directions de Mts et de Mes ne manqueront
pas de poursuivre les discussions afin de préciser leur réponse, d’examiner
avec soin vos nouvelles propositions et de saisir toute opportunité permettant
de dégager les points de consensus possibles… »
Le
« dialogue social » a sa propre logique. En se déclarant – lors des Cdep - « nullement
opposé au programme de modernisation du métro pour laquelle elle a toujours
fait de propositions concrètes », le syndicat en est arrivé à opposer
conducteurs et agents de manœuvre. Je rappelle que l’opération Ouragan, mise en
œuvre aussi dans le cadre du « dialogue social » a pour objectif de
liquider 500 à 600 postes de B2. J’ai en tête le tract du 27/2 qui « revendique l’intégration de la surveillance
réciproque dans les services conducteurs etc… »
Camarades, vous savez que
si le syndicat a particulièrement reculé au métro, lors des élections de fin
2006, contrairement au Rer, c’est que les agents ont
voulu sanctionné la politique que le syndicat a appliquée notamment par rapport
à la prolongation de service.
Je
demande au congrès d’adopter la résolution suivante :
Le
congrès
-
dénonce la signature du protocole d’accord sur la prolongation de service au
métro,
-
affirme que la Cgt s’oppose à tout projet concernant le Rer,
qu’elle refuse toute négociation sur la prolongation de service,
-
déclare que la Cgt entend mettre tout en œuvre pour s’opposer à cette opération
qui ouvre à la direction de nouveaux espaces de dérégulation.
8 délégués ont voté
pour; 3 se sont abstenus; la majorité (non dénombrée par le bureau du congrès)
a voté contre.
Le bureau syndical sortant avait également appelé à
voter formellement contre cette résolution