Hommage à Serge Selleron

 

Nous publions ci après l’intervention faite au nom du bureau du Cercle pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire, de l’internationale ouvrière révolutionnaire, lors des obsèques de notre camarade Serge Selleron, décédé le 6 juin 2006.

 

Michelle,

 

J’apporte à Serge, au nom de nos camarades, le salut du cercle politique, du Cercle pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l’Internationale ouvrière révolutionnaire.

L’adolescent pendant la guerre, l’apprenti au centre d’apprentissage de la (future) RATP, marin dans la “ Royale ” comme nombre d’ouvriers qualifiés, en particulier comme ceux issus du CA de la Régie, deviendra trotskiste et le restera jusqu’au bout.

 

Et d’abord dans son acception la plus élevée : militant internationaliste. Quand les circonstances exigeaient un engagement ferme, résolu, courageux, parce qu’il fallait affronter – en particulier, pendant la guerre d’Algérie – son propre impérialisme, son Etat colonialiste, policier, la répression, et aussi, les lieutenants ouvriers de la bourgeoisie, et d’abord, l’appareil stalinien et son emprise encore colossale dans la classe ouvrière. Et, à partir de 1953, les liquidateurs pablistes de la 4ème Internationale. En ces temps-là, personne n’est, en outre, à l’abri des balles du FLN.

Serge s’est engagé en faveur du juste combat des masses algériennes pour leur indépendance. Il s’agit, en particulier, d’œuvrer à la protection physique de militants du MNA. La famille Selleron recevra une lettre de remerciements de la fille de Messali Hadj.

 

Il faut, aussi, affronter physiquement les cercles de paras et leur infliger, à l’occasion, une bonne dérouillée – à l’origine, et pendant longtemps, d’une “ certaine ” réputation des trotskistes dans l’extrême-droite.

 

Le militant trotskiste qu’est Serge milite dans son entreprise, la RATP. Les documents font foi d’un intense militantisme. Il milite aux côtés de Stéphane Just, de Fernand Savinas, ton père, Michelle, conducteur sur la ligne 6, qui milite hors cellule, d’autres que j’ai connus, d’autres dont je ne connais que le nom. C’est dans ces années 50 que les campagnes politiques menées par les trotskistes, sous l’autorité de Stéphane, prennent une dimension de masse. En militant trotskiste, il intervient, bien sûr, dans le syndicat.

 

Puis, les années passent. Le cours politique devient favorable à la construction de l’organisation révolutionnaire, l’OCI. Il est toujours présent, pas toujours organisé en cellule, mais, pour utiliser un sigle d’avant-guerre, TPPS – toujours prêt pour servir, quand les besoins du parti le demandent. En tout cas, dans les meetings, journées d’étude - où il s’affaire à constituer une suite de précieux enregistrements, que Francis s’occupe à rendre accessibles par les techniques actuelles.

 

Et, c’est le nouveau désastre politique : la direction de l’OCI-PCI plonge dans le révisionnisme, expulse Stéphane Just, le seul dirigeant resté fidèle au combat pour le socialisme, et ceux qui combattent avec lui. Les lambertistes aboutiront en 1991 à la liquidation définitive du combat pour la reconstruction de la 4ème Internationale. Dans le Comité pour le POR, l’IOR, Serge se charge d’abord de l’appareil technique, de la sortie de Combattre pour le socialisme. Qui l’a connu alors se rappelle son exceptionnelle minutie. [Noter : en amont, la frappe est réalisée par Maryse]

La disparition de Stéphane, du chef, porte un coup fatal au Comité et nous subirons des crises successives. Serge, fidèle au Comité de Stéphane Just, restera fidèle à notre Cercle jusqu’à ce que les injures de la vie l’écartent. Sa présence même était un réconfort politique. Il nous considérait comme des trotskistes. Il palpitait toujours, en particulier, des initiatives des camarades sur le terrain.

La perspective générale avait changé au début des années 90, avec la restauration du capitalisme dans l’ex-URSS et dans les autres pays, il est resté jusqu’au bout un partisan du combat pour le socialisme, aussi vivement que l’homme jeune qu’il avait été quand il rejoignit les combattants de la 4ème Internationale, quand les événements allaient justifier la perspective de la conjonction de la révolution sociale et de la révolution politique. Cela comptait pour nous. Il était un militant dont on est assuré que, quand il s’engage, il s’engage indéfectiblement.

Salut, camarade Michelle, à ton compagnon pour la vie !

 

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