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Article paru dans Combattre pour le socialisme n°26 d’octobre 2006

Après l’Afghanistan et l’Irak, l’impérialisme ouvre au Liban

le « troisième front de la guerre mondiale contre le terrorisme » (Bush)

Ière partie : après avoir été écrasé sous les bombes, le Liban occupé.

IIème partie : en difficulté en Irak et en Afghanistan, « les Etats-Unis ont besoin de l’Europe, cette fois » (Massimo d’Alema)

IIIème partie : le sort du peuple palestinien concentre l’avenir que l’impérialisme réserve à toute la région.

 

Ière partie : après avoir été écrasé sous les bombes, le Liban occupé

 


« Troisième front de la guerre mondiale contre le terrorisme » : c’est en ces termes que Georges W. Bush a caractérisé la situation ouverte au Liban par l’offensive meurtrière de l’armée israélienne, le 14 août dernier. Ce jour était celui de la proclamation d’un « arrêt des hostilités » au Liban. Ce qui indiquait que, pour Washington, un mois d’offensive israélienne contre le Liban ne constituait que la première étape d’un plan de plus vaste envergure, « mondiale ».

C’est bien un nouveau chapitre de l’offensive impérialiste contre tout le Moyen-Orient qui s’est ouvert au Liban sous les coups de l’armée israélienne. Actuellement, une impressionnante force militaire mandatée par l’ONU - la FINUL « renforcée » - se déploie au sud du pays, comme au long de ses côtes.

L’impérialisme français, qui a été le premier sollicité et assure actuellement le commandement de cette force, a d’ores et déjà envoyé d’importants renforts lourdement armés. Les autres principaux contributeurs sont, pour l’essentiel, des opposants repentis à la guerre de 2003 contre l’Irak ou des pays qui, après avoir rappelé leurs troupes d’Irak, les renvoient aujourd’hui au Liban : l’Italie, l’Espagne, la Pologne, la Turquie, la Chine et, last but not least, l’Allemagne, dont la participation a été qualifiée d’ « historique » par la presse.

En parallèle, Washington a annoncé, le 29 septembre dernier, l’incorporation des 12 000 soldats américains en Afghanistan à la force locale de l’OTAN : l’ISAF. Cette armée, désormais forte de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, voit de facto son mandat étendu à toutes les provinces, tandis qu’est évoquée l’idée de nouveaux renforts.

Les renforcements conjoints de la FINUL et de l’ISAF ne constituent pas un hasard : l’une et l’autre force constituent aujourd’hui les deux flancs d’une seule et même coalition, dont l’Irak est le centre. Ils témoignent du fait que, désormais, trois ans après l’invasion de l’Irak et les dissensions inter-impérialistes que cette guerre avait provoquée, l’ensemble des grandes puissances capitalistes fait cause commune dans la région.

Et c’est d’ailleurs dans l’objectif d’accélérer ce processus qu’Israël a agressé le Liban.



Le déploiement de la « FINUL renforcée » constitue, non le résultat inattendu, mais bien la conséquence prévisible - prévue, souhaitée par Bush et Olmert - de l’offensive lancée par Tsahal contre le Liban.

Pendant tout l’été, Israël a eu toute latitude pour mettre le Proche-Orient à feu et à sang : le 25 juin, sous prétexte de répliquer à l’enlèvement d’un caporal israélien, le gouvernement Olmert-Peretz lance la meute de ses chiens de guerre contre la Bande de Gaza - déjà régulièrement bouclée et pilonnée depuis des mois - frappant en premier chef les infrastructures civiles (ponts, centrale électrique, station d’épuration des eaux) ; le 12 juillet, c’est officiellement pour répondre au kidnapping de deux soldats qu’Israël organise le blocus maritime du Liban et lance son aviation contre ce pays. Cyniquement, Dan Haloutz, chef d’Etat-major de Tsahal, commente : « Le Liban paie un prix très fort à cause du Hezbollah : destruction de ponts, de routes, d’aéroport, et il pourrait encore être privé d’autre infrastructures (…) Rien n’est à l’abri au Liban, c’est aussi simple que ça ».

Comme il l’a fait lors de l’offensive contre les palestiniens, Bush salue l’opération comme un acte d’ « autodéfense ». Il désigne également un « agresseur » : « La Syrie devra rendre des comptes.». Olmert, le premier ministre israélien, réclame de son côté, non la simple libération de ses deux soldats, mais aussi l’ « arrêt des tirs de roquettes et l’application de la résolution 1559 de l’ONU », c’est-à-dire le désarmement pur et simple du Hezbollah – ou pour tout dire son suicide. On comprend bien que l’affaire des otages n’était qu’un prétexte.

Dès le 13 juillet, au lendemain des premiers bombardements, la porte-parole du gouvernement israélien, Miri Eisin, s’adresse à Chirac : « Nous demandons à la France d’user de ses liens historiques et privilégiés avec le Liban pour qu’il démantèle le Hezbollah ». Ce dernier réagit avec embarras, lors de son allocution du 14 : « On peut se demander s’il n’y a pas aujourd’hui une certaine volonté de détruire le Liban »… Il n’en accrédite pas moins l’idée qu’Israël ne ferait là que répliquer à ses adversaires et met aussi en cause la Syrie et l’Iran : « Il y a une espèce de processus qui est porté par le Hamas et le Hezbollah et qui est dans le système provocation/répression. Ce sont des gens absolument irresponsables (…) Le Hamas, le Hezbollah ne peuvent pas avoir pris ces initiatives tout à fait seuls. Il y a quelque part un soutien de telle ou telle nation ».

« Détruire le Liban » ? C’est effectivement ce qu’Israël va faire, méthodiquement, jour après jour, pendant un mois – provoquant l’exode d’un million de libanais (un quart de la population !), des morts par centaines, des milliers de blessés, réduisant en miettes des infrastructures essentielles, des services sanitaires et sociaux, des villages et des villes entières. Les objectifs – et donc l’appréciation du bilan – de l’offensive israélienne sont clairement dès le début de mettre le Liban à genoux. Cela lui sera d’autant plus facile qu’à l’instar de Chirac, le G8, l’Union Européenne, l’ONU, et avec eux toutes les grandes puissances, vont tour à tour cautionner l’offensive israélienne - en l’appelant, il est vrai, à « la plus grande retenue » dans le saccage du pays - un doigt accusateur pointé vers le Hezbollah.

Il ne fait, certes, pas de doute, vu leurs intérêts économiques sur place, que les gouvernements d’Europe, et le français plus que tout autre, éprouvent de vraies réserves face aux ravages de l’agression israélienne. Demandent-ils dans ce sens un cessez-le-feu rapide? C’est un souhait que Washington et Tel Aviv sont prêts à exaucer… une fois qu’ils auront imposé leurs conditions. Dans un premier temps, ils s’opposent à toutes les initiatives dans ce sens, Condoleeza Rice déclarant qu’il est « impossible de s’en tenir au statu quo ».


L’objectif de Bush et Olmert : imposer une force d’occupation


  Bush, Olmert, Peretz, savent en effet que, des ravages infligés au Liban, dépendra la réussite pleine et entière de leur plan. A la proposition d’un renforcement de la FINUL, lancée dès le 16 juillet par le G8, puis par Kofi Annan, Miri Eisin répond ainsi  qu’« Israël ne pense pas que l’on soit déjà (nous soulignons, ndlr) au stade de la force internationale. Nous sommes au stade où nous voulons nous assurer que le Hezbollah n’est pas déployé à notre frontière nord. »

Idée que Washington reprend à son compte par la voix de John Bolton, ambassadeur à l’ONU, qui met en cause le bilan de la FINUL, force d’ « observation » au Liban. Si force il doit y avoir – et les propos d’Eisin montrent que tel est le souhait d’Israël – il ne peut que d’une force d’occupation : c’est pourquoi Tsahal poursuivra tranquillement ses tueries jusqu’à la mi-août, pour être en mesure de faire monter les enchères jusqu’à satisfaction.

Dès le 18 juillet, Chirac avance d’un pas dans ce sens : « Il faut », déclare-t-il, « avoir un moyen de répression le cas échéant, et dans tous les cas, de surveillance » à l’encontre du Hezbollah. Il précise encore que la « coercition » est indispensable pour faire appliquer la 1559… Mais n’ayant cure des « belles » paroles, Israël lance le 22 ses premières incursions terrestres en vue d’instaurer « une zone de sécurité jusqu’à l’arrivée d’une force internationale » (A. Peretz, ministre israélien « travailliste » de la Défense) : Alliot-Marie annonce alors que la France est prête à participer à l’envoi d’une telle force, voire à en prendre le commandement, et fait savoir que 1700 militaires stationnant aux larges des côtes libanaises sous prétexte d’humanitaire resteront « aussi longtemps que nécessaire ».

Le 26 juillet doit être convoqué un sommet international à Rome, dont Douste-Blazy espère encore qu’il appellera à un « cessez-le-feu immédiat ». Mais à deux jours de cette échéance, Olmert déclare qu’il ne peut être question que d’une force dirigée par l’OTAN - non de l’ONU - qui « devra obligatoirement comprendre le contrôle des points de passage entre la Syrie et le Liban, un déploiement au Sud et un soutien à l’armée libanaise ». John Bolton (USA): « Nous étudions la possibilité d’une force multinationale, peut-être autorisée par le Conseil de sécurité, mais pas une force de casques bleus ». Un avant-poste de l’ONU est bombardé le lendemain par Tsahal – geste « apparemment délibéré » selon Kofi Annan… A la demande des Etats-Unis, la conférence de Rome écarte pourtant toute condamnation d’Israël et renvoie l’idée d’un cessez-le-feu à une date indéterminée. Commentaire d’Haïm Ramon, ministre israélien de la justice : « Hier à Rome, nous avons en fait obtenu l’autorisation pour continuer nos opérations jusqu’à ce que le Hezbollah ne soit plus présent dans le sud du Liban et soit désarmé ».

Le gouvernement Olmert-Peretz en profite pour monter d’un cran dans la barbarie. Annonces de plan dans Haaretz du 28/7/2006: « Toute personne qui se trouve encore au Liban sud est liée au Hezbollah. Nous avons appelé tous ceux qui s’y trouvent à partir. Bint Jbeil n’est pas une localité civile. Il faut la traiter comme une zone militaire » (Haïm Ramon, justice), « Ceux qui sont restés dans leurs villages prennent délibérément le risque de mourir » (Benyamin Ben Eliezer, infrastructures). La mise en oeuvre débute le 30 par le bombardement, à Cana, d’un bâtiment dans lequel s’étaient réfugiés des dizaines d’habitants… La tuerie prend alors des dimensions monstrueuses au Sud Liban, à tel point que l’organisation Human Rights Watch dénonce, dans un rapport du 7/8/2006, des frappes israéliennes délibérées sur des civils fuyant vers le nord et arborant le drapeau blanc. De même, Tsahal s’oppose systématiquement à l’envoi d’aide humanitaire vers le sud. Cet acharnement meurtrier s’avère payant.



Début août, le gouvernement libanais, qui comprend des ministres du Hezbollah, propose officiellement de déployer l’armée libanaise au sud du pays. Il faut en mesurer la portée.

Depuis 1969, et les accord du Caire, jamais le gouvernement libanais n’a eu la moindre autorité au Liban-sud. D’abord base arrière des fedayins de l’OLP, puis base principale après les massacres de « septembre noir » commis par la monarchie jordanienne, envahi pour cette raison par Israël et occupée par ses supplétifs, le Liban-sud est tombé sous le contrôle du Hezbollah quand Israël, dans le cadre de la politique développée par l’impérialisme US avant septembre 2001, s’en est retiré.

De plus, le déploiement de l’armée libanaise ne fait que réitérer une exigence antérieure des impérialismes français et américain, exprimée via les résolutions 1614 et 1680 de l’ONU – résolutions devant lesquelles le Hezbollah accepte donc de s’incliner. Cet acte de soumission du mouvement chiite ouvre la voie à la conclusion, le 12 août, d’un accord franco-américain au conseil de sécurité : la résolution 1701.

Cette résolution a pour premier principe d’imposer un « arrêt des hostilités » aux deux parties… sauf une : Israël ! En effet, tandis que les miliciens du Hezbollah sont astreints à l’abandon pur et simple de toute opération militaire, c’est un très ambigu arrêt des « offensives militaires » qui est attendu de l’armée israélienne : or, cette dernière affirme, depuis le début de son offensive, n’avoir exercé que son « droit de se défendre », thèse grossière que le Conseil de Sécurité reprend à son compte… La possibilité pour Israël de jouer de cette ambiguïté lui reste offerte à tout instant.

15000 soldats libanais doivent être déployés au sud du pays, sous la tutelle d’une force de l’ONU équivalente en nombre – présence militaire massive pour une si petite région. La FINUL se voit autorisée à prendre « toutes les mesures nécessaires » en cas d’accrochage avec le Hezbollah. Israël n’est contraint de retirer ses troupes qu’ « en parallèle » à ces déploiements et une « zone d’exclusion » est imposée au Hezbollah entre la « ligne bleue » et le fleuve Litani.

 En troisième lieu, doit être conclu un accord politique incluant « le respect de la ligne bleue » (soit la cession à Israël des territoires annexés en 1967), le « désarmement des groupes armés » (la milice du Hezbollah en premier chef) et la communication par Israël de toutes les mines laissées par son armée dans le sud du pays. En effet, pour les mêmes raisons qui l’ont poussée aux destructions massives et aux tueries pendant un mois, l’armée israélienne s’est adonnée, dans les 72 heures précédant le vote de la résolution, au largage de bombes à fragmentation sur le Sud-Liban, répandant des centaines de milliers de mines sur cette région… et offrant un prétexte « humanitaire » au déploiement d’une force d’occupation.

  L’adoption de cette résolution est ainsi commentée par Condoleeza Rice : « Nul ne peut s’attendre à une fin immédiate des actes de violence. C’est un premier pas, mais un bon pas. ». Chirac qui, dans son empressement à mettre fin au saccage méthodique de ses intérêts, s’est imprudemment fait le champion du combat pour une force internationale sous l’égide de l’ONU, va très vite prendre la mesure de ce que ces paroles signifient.


Tsahal aiguillonne Chirac et la FINUL


Le soir même du vote de la résolution, Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, fait savoir qu’il est prêt à accepter l’ « arrêt des hostilités », ou prétendu tel : en effet, en comparaison du feu roulant israélien sur tout le Liban, les tirs du Hezbollah s’apparentent à des piqûres de moustiques.

Deux jours plus tard, un accord est conclu dans ce sens entre Olmert et Fouad Siniora, premier ministre du Liban. La question de la contribution française à la FINUL renforcée, ouvrant la voie à d’autres contributions, devient décisive.

Mais, Chirac, qui depuis des semaines joue les Matamore, déclare le 18 août, sous prétexte que les conditions ne sont pas assez claires ne plus vouloir expédier que 200 hommes supplémentaires… Mettant à profit son droit à l’ « autodéfense », Israël lance dès le lendemain un raid contre le Hezbollah, puis propose à l’Italie de prendre la tête de la FINUL : le gouvernement Prodi, appâté, annonce une participation massive… ce qui conduit Chirac à revoir sa proposition, en catastrophe.

  Dans les semaines qui suivent, les garanties offertes à Israël par la résolution 1701 sont systématiquement mises à profit par cet Etat pour imposer le déploiement de la FINUL renforcée à ses conditions – d’autant plus que ni cette dernière, ni l’armée libanaise ne disposent d’une couverture aérienne à même d’empêcher à Tsahal d’organiser ses raids sur le Liban.

Chirac et Siniora réclament-ils la levée de l’embargo maritime ? Celle-ci ne sera accordée qu’en échange du déploiement en Méditerranée, début septembre, de navires français et italiens, en attendant que l’Allemagne annonce l’envoi de 2400 marins au large des côtes libanaises - là encore en réponse à une demande israélienne - à charge pour cette flotte de faire « appliquer l’embargo sur les armes destinées au Hezbollah au Liban » (Olmert).

Les règles d’engagement de la FINUL renforcée semblent-elles trop ambiguës à l’Etat sioniste ? Il décide alors, fin septembre, de bloquer le retrait de ses troupes d’occupation… avant d’obtenir un premier élément de satisfaction de la part du siège de l’ONU, qui fait savoir le 4 octobre que la FINUL pourrait faire usage de ses armes « au-delà de la légitime défense (…) dans la zone de déploiement de la FINUL ». Le 4 octobre, une portion du territoire libanais aux confins du Golan, fortifiée par Tsahal, n’avait toujours pas été restituée au Liban…

 Conformément au « droit international », Israël se réserve le droit de frapper à nouveau le Liban, chaque fois que les services fournis par l’ONU ne seront pas à la hauteur de ses exigences : « Nous avons fait savoir que nous ferions usage de notre droit à l’autodéfense face à toute activité terroriste » (Dan Haloutz, le 27/9/2006). C’est assez pour en conclure que, loin d’être une « force d’interposition », la FINUL renforcée est une force d’occupation du Liban, exclusivement tournée contre le Liban et la Syrie.



  A la date où cet article est écrit, l’armée libanaise a achevé son déploiement au sud du pays et les troupes de la FINUL renforcée sur le terrain ont d’ores et déjà passé le seuil des 5000 hommes. Pour Bush et Olmert, c’est une incontestable réussite.  Si le Hezbollah - quand il ne se targue pas de respecter à la lettre l’ « arrêt des hostilités » - ne cesse de scander, contre toute évidence, de grotesques cris de « victoire divine» (les voies du seigneur sont décidément impénétrables), s’il multiplie les « mises en garde » à l’adresse de la FINUL renforcée, c’est qu’il s’agit pour lui de camoufler sa soumission aux exigences de l’ONU - à commencer par le déploiement de ladite force. Un simulacre tourné en dérision par Bush le 14 août: « Comment pouvez-vous clamer victoire alors que vous étiez un Etat dans l’Etat, en sécurité au Liban sud, et que vous allez être supplanté par une armée libanaise appuyée par une force internationale ? »  

Depuis la « fin (officielle, ndlr) des hostilités », quelques remous traversent, il est vrai, la vie politique d’Israël : outre qu’ils n’entravent en définitive nullement l’action du gouvernement Olmert-Peretz (la manifestation la plus massive n’a pas excédé 20000 personnes), ils ne font qu’exprimer la nature fondamentalement raciste, coloniale et sanguinaire de cet Etat. N’est-il pas reproché avant tout au gouvernement Olmert-Peretz d’avoir « manqué d’efficacité » dans sa guerre contre le Liban – c’est-à-dire d’avoir concédé quelques pertes lors des accrochages avec le Hezbollah, et de n’avoir pas somme toute tué assez d’Arabes ?

L’arrivée de la  « FINUL renforcée » est un renfort précieux pour Bush et Olmert, et elle vient se déployer, nous y reviendrons, à un jet de pierre de la Syrie, laquelle se retrouve de plus en plus encerclée.

Mais il serait faux de considérer que les autres impérialismes n’interviendraient au Liban - contingents massifs et lourdes dépenses militaires à l’appui - qu’en qualité de supplétifs, contraints et forcés. C’est, bien au contraire, parce que les intérêts sont réels aux yeux des dirigeants de ces grandes puissances – et notamment à l’Elysée – que Washington et Tel Aviv ont choisi le Liban pour y mettre en œuvre leur plan.



En 2003, le déclenchement de la guerre contre l’Irak, à l’initiative de Bush, avait été à l’origine d’une crise dans les relations internationales à l’échelle mondiale, et notamment des rapports entre puissances impérialistes, qui s’était répercuté jusqu’en Europe : le trio constitué par Schröder, Chirac, et Poutine s’était alors, pour défendre ses intérêts menacés en Irak, opposé à Bush sur le terrain de l’ONU. Force est de constater que le déploiement de la FINUL renforcée témoigne d’une unité retrouvée des grandes puissances impérialistes dans la mise en place d’un projet de « Grand Moyen Orient » - projet dont le but essentiel est de rétablir leur domination directe, coloniale,  sur toute la région.

Pour de multiples raisons (la volonté de conserver un semblant d’influence au Proche-Orient, une certaine détérioration des relations franco-allemandes… mais aussi l’assassinat de Rafic Hariri imputé au régime Syrien), Chirac s’était engagé, dès 2004, dans une stratégie de rapprochement avec Washington (v. CPS n°17 et 19).

Mais c’est la volonté de défendre vaille que vaille ses intérêts au Liban qui, en phase avec la stratégie américaine à l’encontre du régime syrien, l’avait conduit à engager un tournant diplomatique, d’abord en élaborant la résolution 1559 de l’ONU, conjointement avec les Etats-Unis, puis en constituant un front commun Bush-Chirac au printemps 2005, pour imposer le retrait des troupes syriennes installées depuis 1976 (v. CPS n°19). La politique de l’impérialisme français au Liban est en outre considérée par Chirac comme son domaine réservé.

C’est en pleine connaissance de cause qu’Israël s’est servi du Liban pour amener à la France à donner une suite militaire à son tournant diplomatique. Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères, l’a expliqué sans vergogne au Figaro le 29 juillet : « Ce n’est pas Israël qui a pris l’initiative de la 1559, c’est la France. La France, pays pour lequel Israël a de l’amitié et du respect, a déjà obtenu beaucoup du Liban. S’il y a aujourd’hui à Beyrouth un gouvernement démocratique libéré de la tutelle syrienne, c’est en grande partie grâce au soutien français lors du « printemps de velours » libanais de l’an dernier. Que la France finisse son magnifique travail au Liban en appliquant sur le terrain la résolution dont elle a eu l’initiative ! ».

Ce n’est pas sans réticences que l’impérialisme français a décidé que le meilleur cap à tenir était de s’impliquer plus avant au Moyen-Orient. Le rapprochement avec l’impérialisme US peut être lourd de conséquences, y compris en termes d’attentats. En un sens, pour l’impérialisme français, et Chirac en particulier, la résolution 1701 a des airs de piège.

Mais c’est pour la défense de ses intérêts rapaces que Paris accepte aujourd’hui de renforcer sa présence militaire au Liban : ses liens privilégiés avec feu Rafic Hariri lui ayant notamment permis de devenir le premier partenaire économique du pays, se taillant la part du lion dans le marché de la reconstruction du Liban aux lendemains de la guerre civile, au prix d’une dette publique gigantesque pour l’Etat libanais… avant d’exploiter cette dette pour devenir en 2002 le premier bailleur de fonds du Liban, restituant au pays une fraction infime de ce qu’il lui a extorqué, en contrepartie de projets de « réformes structurelles » et d’une servilité encore accrue des politiciens locaux !

Force incontournable au Liban, le Hezbollah constitue, notamment depuis les dernières élections, un obstacle aux intérêts de l’impérialisme français. Au compte de ces intérêts, Chirac a finalement décidé pour maintenir le Liban sous influence française d’y déployer chars, soldats et missiles tandis que, hors Finul, la flotte française demeure, menaçante, au large des côtes du levant.


 

IIème partie : en difficulté en Irak et en Afghanistan,«les Etats-Unis ont besoin de l’Europe, cette fois » (Massimo d’Alema)

 


L’ensemble des impérialismes d’Europe – à l’exception de l’impérialisme anglais, dont l’implication en Irak et en Afghanistan est déjà conséquente – ont annoncé d’importantes participations à la constitution de la « Finul renforcée ». L’Italie et l’Allemagne se sont même offert le luxe de dépasser la France en termes d’effectifs.

Sans doute, les ravages commis par Tsahal – à dessein – contre l’essentiel des infrastructures libanaises, dans la mesure où ils contraignent le Liban à mendier sa reconstruction, contribuent-ils à exacerber la concurrence entre impérialismes, l’Italie notamment, déjà influente économiquement au Liban, caressant l’idée de souffler à l’impérialisme français son ancien protectorat.

La participation allemande à la FINUL constitue quant à elle, après l’envoi de troupes allemandes en ex-Yougoslavie et en Afghanistan, un nouveau pas important dans l’affirmation de la place prise par l’impérialisme allemand à l’échelle mondiale. Elle constitue également une expression - la plus significative à ce jour – d’un changement dans la politique extérieure de cette puissance qui, depuis l’éviction de Schröder par la CDU Angela Merkel, à la tête du pays, multiplie les signes d’ouverture à l’attention de Washington. C’est ainsi qu’après avoir accueilli Bush en Forêt Noire, l’Allemagne vient d’annoncer le maintien, pour une année supplémentaire, des troupes allemandes en Afghanistan. L’Allemagne a par ailleurs durci le ton à l’encontre des travaux d’enrichissement d’uranium par l’Iran – un pays qui entretient pourtant d’importantes relations économiques avec elle – tandis qu’elle annonçait, fin août, la vente à Israël de trois sous-marins… nucléaires !

Mais, le fond de la question est que l’impérialisme américain, engagé profondément en Irak et en Afghanistan, a besoin de ses alliés traditionnels. Tout en feignant de se distancier de l’impérialisme américain sur le plan des objectifs, Massimo D’Alema, ministre italien des affaires étrangères, a exprimé cette situation fin août lors d’un entretien au Monde :

« Les Américains ont [tout comme Israël] un grand intérêt au succès de la résolution [1701, ndlr]. A l’évidence, ils cherchent une sortie de crise. L’Irak est une tragédie, et les projets de « nouveau Moyen-Orient » un désastre. Les Etats-Unis ont besoin de l’Europe, cette fois. Il faut les aider et en profiter pour les aider à changer leur approche. C’est une occasion que l’Europe doit saisir en étant unie, alors que pour la guerre en Irak nous étions divisés. »

De facto : si la « sortie de crise » ne saurait être autre chose, pour Washington comme pour ses partenaires, que la soumission totale de la région aux intérêts impérialistes, le fait est qu’il rencontre, en Irak et en Afghanistan, d’importantes difficultés qui lui imposent désormais de chercher l’appui des autres grandes puissances.



L’intervention militaire impérialiste, en 2001, contre l’Afghanistan, avait constitué l’ouverture du premier « front » de la prétendue « guerre mondiale contre le terrorisme » annoncée par Bush au lendemain des attentats du 11 septembre. Sous couvert de traquer Ben Laden et de renverser le régime taliban, il s’agissait pour lui d’installer un protectorat à sa botte, établir des bases militaires dans toute l’Asie centrale, conforter son influence dans toute la région et masser des troupes aux portes d’une autre cible stratégique : l’Iran.

Alternant tractations avec les seigneurs de guerre locaux et opérations militaires, les troupes de la coalition ont imposé au pays la façade d’une « démocratisation ». Un gouvernement fantoche appuyé sur les factions tribales - notamment les anciens moudjahidins de l’Alliance du Nord - a été mis en place, chapeauté par un collaborateur de longue date de la CIA : Hamid Karzaï. Puis, en décembre 2005, a été inauguré le « Parlement » afghan – en fait un lieu de tractations entre chefs de guerre.

En février 2006 encore, Le Monde accordait son satisfecit à cette entreprise de colonisation : «[L’accord de Bonn], en décembre 2001, avait lancé le processus de reconstruction politique du pays après la chute du régime taliban. Quatre ans plus tard, ce premier accord parrainé par l’ONU a été largement respecté : l’Afghanistan dispose d’une Constitution, d’un président et d’un Parlement élus. » Mais la réalité s’est chargée, depuis, de balayer cette propagande pour mieux faire ressortir le seul véritable tour de force accompli par la coalition : la régénération des talibans.

Ainsi, à la fin du printemps, ces derniers ont-ils été en mesure de lancer une véritable offensive au sud du pays et d’étendre leur contrôle sur de nouveaux territoires – réduisant Kandahar au rang de ville fantôme. Selon un article publié dans le Monde diplomatique de septembre 2006, les talibans seraient notamment parvenus à remobiliser des dizaines de milliers de combattants réfugiés depuis 2002 dans la province pakistanaise du Waziristan (région où la guérilla a conclu un armistice avec Musharraf), ainsi qu’à gagner d’anciens adversaires à leur cause : « La première faction, Hezb-e-Islami, dirigée par M. Hekmatyar. La seconde, aux ordres de l’ultraorthodoxe mollah Mohammad Younès Khalid. » Mais il existe d’autres alliés objectifs pour cette faction ultra-réactionnaire, meurtrière et communautaire : le désespoir des masses afghanes et leur haine parfaitement légitime des occupants.

Cinq ans après l’invasion impérialiste, les peuples d’Afghanistan, pays ravagé par des décennies de guerre permanente, connaissent aujourd’hui, dans leur grande majorité, des conditions d’existence toujours terribles. L’ « aide internationale » a d’abord profité aux chefs de guerre qui collaborent avec Karzaï : la misère et la barbarie sont par contre le lot quotidien du reste de la population. La production de pavot, principale ressource du pays, bat chaque année de nouveaux records, seulement concurrencés par ceux du taux de suicide, en particulier celui des femmes. Le recours aux attentats-suicides - un phénomène inexistant jusqu’alors en Afghanistan - constitue d’ailleurs l’un des aspects nouveaux de la lutte des talibans… Les écoles, les hôpitaux, les services publics sont inexistants. Quant à trouver un changement d’idéologie entre l’ex-régime taliban et les moudjahidins de retour au pouvoir, la réapparition d’un « ministère du vice et de la vertu » au gouvernement, fin septembre, qui s’assigne pour but de faire régner des règles similaires à celles en vigueur avant 2002, suffit à montrer que c’est une mission bien difficile.

Plus encore, la haine des occupants puise chaque jour à la source des opérations meurtrières de la coalition, tels que le bombardement du village d’Azizi, en mai dernier, où, sous prétexte de lutte contre les talibans, des civils ont été bombardés par dizaines. Evènements qui en disent long sur les pratiques de la coalition, que, tenant ses informations des états-majors, l’AFP occulte en coiffant chaque jour les victimes du nom de « talibans présumés » !

A Kaboul même, le 29 mai, une fusillade déclenchée par des militaires sur des civils a provoqué une véritable émeute populaire contre les occupants, signe d’importance.

  C’est dans ce contexte qu’est organisée la fusion de toutes les troupes d’occupation au sein d’une force unique - l’ISAF - et l’extension des opérations de cette force à tout l’Afghanistan (le commandement passant toutefois, à partir de février 2007 et pour un an, à un officier américain…). Les troupes françaises, qui sont plusieurs centaines en Afghanistan, prennent leur part des massacres et des affrontements, notamment dans l’aviation et, depuis cet été, à travers le commandement de l’OTAN à Kaboul.



Le « processus démocratique » irakien s’est achevé quant  à lui depuis plusieurs mois… pour déboucher sur une situation d’impasse sanglante. Il faut dire que  la destruction de l’Etat baathiste après 2003, puis le passage des cellules du Baath dans la clandestinité et la « résistance » avaient contraint l’impérialisme américain à tenter de reconstruire de toutes pièces un Etat subordonné à ses intérêts, ce qui était une tâche difficilement réalisable – CPS l’a souligné plusieurs fois. Pourtant, outre les factions kurdes (UPK et PDK qui collaborent avec Washington depuis 1991), il est parvenu, en 2005, à intégrer la majeure partie des factions chiites à l’ « Assemblée constituante » convoquée par ses soins – les autres factions, en particulier l’Armée du Mahdi de Moqtada Al-Sadr, ayant abandonné la lutte armée à l’encontre des troupes d’occupation (v. CPS n°17).

Le « référendum constitutionnel » d’octobre 2005, puis les « élections législatives » du 15 décembre ont été marquées, à leur tour, par l’intégration au « processus » du mouvement d’Al-Sadr et de plusieurs coalitions électorales sunnites – en particulier le « Front Irakien de la Concorde Nationale » dont le cœur est le Parti Islamique, organisation dirigée par les Frères Musulmans – la plupart des factions qui composent ces dernières coalitions restant toutefois opposées à la prétendue « constitution irakienne ».

L’objectif de Washington, une fois ce processus achevé, n’était pas un mystère : « Le gouvernement issu des urnes détiendra la légitimité nécessaire pour s’atteler à deux chantiers prioritaires : la promulgation d’une loi énergétique [permettant à ce gouvernement de négocier avec les trusts pétroliers et parapétroliers, ndlr] et la création d’une compagnie nationale des hydrocarbures partiellement autonome » (Le Monde du 17/12/2005). La production du brut irakien ayant, en effet, chuté très en deçà de son niveau d’avant 2003, en raison notamment des sabotages, l’impérialisme américain espérait enfin voir les affaires reprendre.

Rendus publics le 20 janvier 2006, les résultats n’octroyaient opportunément que 128 sièges sur 275 à la coalition chiite – la contraignant, pour obtenir une majorité, à appeler à la formation d’un « gouvernement d’union nationale ».

Mais, à compter de cette date, les tractations entre factions communautaires ont pris un tour insoluble. C’est qu’une fois sorti de l’abstraction juridique, la prétendue « constitution irakienne » n’a rien réglé des problèmes fondamentaux qui divisent ces factions, à savoir : qui dirige le gouvernement, qui contrôle la police et l’armée, qui contrôle quels territoires et surtout qui, des « gouvernements régionaux » prévus par la constitution ou du « gouvernement national », s’arroge le droit de négocier les marchés pétroliers.



Le 22 février, dans une situation marquée par un mois de tractations stériles en vue de former le « gouvernement d’union nationale » et une tension croissante entre factions, éclate une bombe qui détruit complètement le dôme de Samarra – l’un des principaux lieux saints du chiisme. En réaction, des « escadrons de la mort » chiites déferlent alors sur les mosquées et les quartiers sunnites et procèdent à des exécutions sommaires massives. C’est le point de départ d’une vague d’affrontements terribles qui perdure encore actuellement : près de 7000 civils irakiens auraient officiellement péri du fait de ces massacres au cours des seuls mois de juillet et d’août 2005, soit plus de 100 victimes chaque jour.

Dans le prolongement, en mars, une crise éclate portant sur la nomination du 1er ministre irakien et du ministre de l’Intérieur – les candidats désignés par l’alliance chiite, Ibrahim Jaafari et Bayan Jabr Solagh, étant accusés par les autres factions de complicité avec les « escadrons de la mort ». Jaafari est finalement remplacé fin avril, sous la pression directe de Bush, au profit de l’actuel titulaire Nouri Al-Maliki. Changement suivi d’une séries de plans de sécurité qui n’atténuent en rien, pour l’instant, les exécutions sommaires et les attentats par lesquels les factions sunnites et chiites communiquent entre elles et délimitent leurs territoires. « Tant de gens sont enlevés, torturés et finalement tués (…) que beaucoup d’Irakiens estiment que la situation qu’ils vivent aujourd’hui est pire que sous le régime de Saddam Hussein » (Le Monde du 22/9/2006).

Ces massacres, en eux-mêmes, ne sont d’ailleurs pas le plus préoccupant pour Washington. Martyrisée, la population sunnite - qui constituait le terreau privilégiée de la « résistance » - se trouve en effet réduite à considérer l’occupation américaine comme le moindre mal : « Les chefs sunnites ont abandonné la revendication d’un retrait rapide des troupes américaines » (New York Times, 17/7/2006). A tel point que la présence de soldats américains aux côtés des « policiers irakiens » est désormais exigée des milices locales – la frontière entre « policiers » et « escadrons de la mort » étant bien ténue. Le « président » irakien Talabani peut même affirmer, en appui à sa propre demande, que « Dans quelques endroits, les sunnites veulent que les Américains restent. Ils pensent maintenant que le principal danger vient de l’Iran. » (Washington Post, 25/9/2006). Jaafari – ancien « premier ministre » – déclare : « J’insiste : nous voulons cette force multinationale en Irak. Son rôle premier, c’est d’améliorer la sécurité et, quand les forces irakiennes auront pris le relais, elle pourra partir » (Le Monde du 27/9/2006).

Mais cette situation tendant vers la guerre civile présente un sérieux inconvénient pour l’impérialisme américain : les troupes d’occupation, seules, constituent la pierre angulaire de tout son dispositif de domination. L’Etat irakien, à commencer par son armée, ne fonctionne pas. Le plan de mise en coupe réglée de l’Irak patine. L’impérialisme n’arrive pas à instaurer un « nouvel ordre mondial », comme CPS n’avait cessé de l’annoncer (voir notamment notre texte Actualité du combat pour le socialisme).



Il est un problème particulièrement préoccupant pour l’impérialisme américain : trois ans après l’invasion de l’Irak, le pétrole ne coule toujours pas vraiment. En décembre 2005, Le Monde indiquait que la production était tombée à 1,6 million de barils, dont 1,2 millions exportés contre plus de 2 millions avant 2003. Là même où une certaine stabilité existe – dans la zone contrôlée par les milices kurdes - se pose un problème épineux : celui de l’attribution des marchés pétroliers.

  La « constitution » irakienne, qui définit l’Irak comme un Etat fédéral et reconnaît le Kurdistan comme une de ses « régions », ne permet pas d’établir avec précision qui, du gouvernement « national » ou du gouvernement « régional », est à même de s’octroyer cette prérogative – en particulier concernant les nouveaux champs pétrolifères - ni les règles de répartition des profits. Lacunes que le « président » kurde d’Irak, Talabani (UPK), et son compère Barzani (PDK) se sont empressés d’exploiter en signant, dès novembre 2005, un contrat avec une firme norvégienne sans consulter le prétendu « gouvernement fédéral »… et s’attirant les foudres de ce dernier.

  Cherchant à pousser l’avantage, ils se sont engagés à partir de janvier 2006 dans la marche à la constitution d’un « gouvernement régional » kurde unifiant les zones d’influence des deux factions : le but de cette manœuvre est, en particulier, de renforcer les prétentions de Talabani et Barzani sur la ville de Kirkouk, autrefois massivement « arabisée » par le régime baathiste et marquée, depuis 2003, par un afflux massif de population et de miliciens venus du Kurdistan. Ville dont le contrôle permettrait par ailleurs de faire main basse sur 15% du pétrole irakien… L’opération suscite une opposition farouche des factions arabes, en particulier chiites : « Des centaines de miliciens chiites se sont déployés au cours des dernières semaines dans cette cité – considérée comme étant le point de départ potentiel le plus probable pour une guerre civile irakienne (…) La constitution irakienne, adoptée lors d’un scrutin national en octobre [2005, ndlr] prévoit un référendum sur l’avenir de cette région  fin 2007, mais bien des détails suscitent la polémique, notamment qui aura le droit de vote » (Washington Post, 26/4/2006).

Mais encore : suite à une polémique sur le drapeau irakien, au cours duquel UPK et PDK ont brièvement fait hisser le drapeau kurde dans leurs zones d’influence, la Turquie, dont la participation à la FINUL renforcée vient de revivifier les relations avec Washington, a fait savoir que « la défense des intérêts de la minorité turcomane turcophone [à Kirkouk, ndlr] constituait une « ligne rouge » pour Ankara ». Il ne s’agit là que d’un prétexte pour interdire à la « région kurde » d’Irak d’acquérir une indépendance qui aurait inévitablement des répercussions sur son propre sol, où les kurdes représentent près de 20% de la population. Un véritable casse-tête pour l’impérialisme américain…



Dans un Irak qui sombre dans le chaos sous une façade « démocratique », les troupes américaines continuent d’être la cible d’attentats réguliers qu’il ne faut pas noyer ni confondre avec les affrontements communautaires. Ces attentats sont en grande partie l’œuvre des anciennes fractions de l’appareil d’Etat liées au Baath, celle que les opérations de ratonnade sur une échelle et d’une violence inouïe – comme à Fallujah – tentent de détruire, notamment dans l’Ouest du pays, vers la frontière syrienne. Il est vraisemblable – pourquoi s’en priverait-il ? – que le régime syrien alimente et aide les différents groupes armés qui agissent en Irak. Pour l’impérialisme US, mettre au pas la Syrie est d’autant plus une condition de la réussite, au moins pour un temps, de son opération en Irak.

Après l’offensive sur le Liban, la Syrie est aujourd’hui dans la ligne de mire immédiate de la coalition impérialiste : ce pays, on l’a vu, a fait, dès le lendemain des bombardements israéliens, l’objet des menaces explicites, conjointes, des présidents américain et français. La FINUL renforcée est, de fait, une arme pointée contre la Syrie tout autant voire plus que contre le Hezbollah.

Il existe, du point de vue de l’impérialisme, d’autres raisons profondes à cette hostilité : si le parti Baath de Syrie, vertébré par l’armée, s’est érigé, lors de son coup d’Etat en 1963, comme le dernier rempart face à la révolution prolétarienne qui sourdait depuis la fin des années 50, il n’en a pas moins été conduit, paradoxalement, à nationaliser l’essentiel de l’économie (à commencer par le pétrole et le gaz), prenant appui sur l’existence de l’URSS pour garantir son indépendance. La dislocation de l’URSS, le rétablissement du capitalisme en Russie, puis le déclenchement de la « guerre mondiale contre le terrorisme » au lendemain du 11 septembre, ont offert à Bush la possibilité d’une recolonisation de la Syrie comme de toute la région – opération désignée sous le nom de « grand Moyen-Orient »

L’impérialisme français, qui a rompu ses liens avec le régime syrien depuis le vote de la résolution 1559 (v CPS n°19), a de son côté tout intérêt à renforcer sa pression sur la Syrie, sinon à renverser Assad : outre que cela lui permettrait de briser au Liban toute opposition, Paris a également des vues sur la Syrie où la première banque privée est le fruit d’une association franco-saoudienne.

Signe des temps : Israël, qui occupe depuis 1967 une portion du plateau du Golan, a déclaré fin août qu’il excluait toute négociation de paix avec la Syrie, Olmert qualifiant la Syrie de « membre le plus agressif de l’Axe du Mal » et ajoutant : « Tant que j’occuperai les fonctions de premier ministre, le plateau du Golan demeurera entre nos mains car il est partie intégrante de l’Etat d’Israël ». (Yediot Aharonoth du 26/9).



Comprimé dans un étau mortel, cerné par les troupes de la coalition (Irak, Liban, Israël, Turquie), le régime d’Assad est sur la défensive : déjà contraint de se retirer du Liban au printemps 2005, au prix de pertes économiques importantes et du rapatriement de centaines de milliers d’ouvriers syriens, il connaît depuis une crise profonde que ne cesse d’aiguillonner le tandem franco-américain. Le dernier congrès du Baath, en juin 2005, s’est conclu par l’éviction de « la quasi-totalité des vétérans » et… l’expression de la « volonté de poursuivre le dialogue avec les Etats-Unis », concrétisée par la perspective d’un « réexamen des articles de la constitution stipulant que l’économie est une économie socialiste », autrement dit une plus grande ouverture de l’économie aux investisseurs privés (L’opinion, Maroc, 12/6/2005).

Ces appels de phare se sont révélés insuffisants pour Bush et Chirac, qui ont, dans le prolongement de la 1559, voté plusieurs résolutions contre la Syrie (en particulier la 1595 et la 1636) : sous prétexte d’enquête sur Hariri, le régime syrien est sommé d’« arrêter les responsables syriens (…) que la commission soupçonne » et de « les mettre pleinement à disposition » du juge Brammetz chargé de l’instruction… Une instruction ponctuée de « disparitions » suspectes (Ghazi Kanaan, ex-ministre de l’Intérieur, a été « suicidé » en octobre 2005) et de défections (Abdel Halim Khaddam, ancien vice-président réfugié à Paris, a accusé en décembre 2005 Assad d’avoir collaboré à l’assassinat de Hariri), à mesure que la liste des personnalités « soupçonnées » se rapproche du cercle des intimes du président syrien…

Last but not least : une « opposition unifiée » allant des « communistes » aux « libéraux », en passant par les partis kurdes, s’est rassemblée en octobre 2005 autour d’une « Déclaration de Damas » qui appelle à un « changement démocratique et radical » du régime et a en outre obtenu le soutien de la confrérie interdite des Frères Musulmans. Ces derniers constituent sans doute la menace la plus sérieuse au régime d’Assad, qui s’appuie sur le communautarisme alaouite dans un pays très majoritairement sunnite : à deux reprises, en 1964-65 et en 1982, le régime baathiste n’a survécu à des insurrections fomentées par les islamistes sunnites qu’au prix d’affrontement meurtriers (15000 morts lors du massacre de Hama, en 1982).

Menacé de toutes parts, le régime d’Assad n’a plus désormais, pour seule ressource intérieure, que le ressort de l’union nationale qu’il exploite à l’envi, maintenant sa population en état d’alerte à la perspective d’une attaque israélienne imminente, et pour seul point d’appui extérieur que son alliance avec l’Iran.



Face aux menaces toujours plus précises de l’impérialisme américain, une certaine radicalisation de l’axe syro-iranien s’est faite sentir à partir de l’été 2005 : cette radicalisation a pour point de départ l’élection, en juin 2005, d’un nouveau président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Aux lendemain de sa prise de fonctions, le premier geste du président iranien a été de recevoir son homologue syrien pour réaffirmé l’alliance de leurs deux pays en ces termes : « La Syrie représente la ligne de front de la nation musulmane. Les menaces communes nous rapprochent et rendent notre coopération encore plus nécessaire » (AFP, le 8/8/2005).

Cette élection a constitué un développement inattendu. A la veille du scrutin, Le Monde du 17/6/2005 pouvait encore expliquer: « En Iran, les principaux candidats à la présidentielle veulent améliorer les relations avec les Etats-Unis ». Le vainqueur attendu était, en effet, le « conservateur modéré » Hashemi Rafsandjani, déjà président de 1989 à 1997, qui avait mené sous le nom d’ « ajustement structurel » une politique de privatisations soldée par des licenciements massifs, et bien connu pour ses vélléités pro-américaines (ses liens, illégaux, avec le trust parapétrolier Halliburton lui ayant valu quelques ennuis après son échec électoral).

  C’est pourtant, en définitive, le seul candidat opposé à la reprise des relations diplomatiques avec les Etats-Unis qui l’a emporté : un candidat qui, en outre, prônait le renforcement du programme nucléaire iranien et se présentait comme le « balayeur des rues iraniennes », c’est-à-dire l’adversaire de la corruption qui ronge les sommets de l’Etat.

 Ce qu’exprime l’élection d’Ahmadinejad est la pression d’une fraction importante du régime du mollah : celle des officiers des « Gardiens de la révolution » (Pasdaran) et des miliciens « volontaires » (Bassidj), appuyés par les restes de la petite-bourgeoisie iranienne, les Bazaris. Créés par Khomeiny pour consolider le régime islamique au lendemain de la révolution iranienne de 1979, les Pasdaran - corps d’élite de l’armée iranienne - et les Bassidj - milices auxiliaires de l’appareil d’Etat, chargé de l’observance des « principes islamiques » - ne dépendent pas du gouvernement, mais sont directement subordonnés au Guide suprême : ils sont les piliers du régime, mais aussi ceux qui ont le plus à perdre à une ouverture trop grande de l’économie iranienne. Nombre d’entreprises privées et de biens appartenant au shah ont été expropriés, après la révolution de 1979, au profit de « fondations » ou bonyads qui, sous prétexte de « bienfaisance », redistribuent les bénéfices, de façon opaque, entre les divers épigones : bénéfices dont les partisans les moins haut placés de la République Islamique seront privés les premiers dans le cas d’une « libéralisation » trop brutale.

Depuis 1980, Ahmadinejad a gravi les principaux échelons des Pasdarans : en 1999, face à l’explosion d’un mouvement étudiant de masse qui mettait en cause le pouvoir des mollah et reflétait une lame de fond issue des masses iraniennes, la mouvance Ansar-e-Hezbollah dont il constitue un dirigeant éminent a, selon le site internet Iran Focus, pris la tête des opérations de répression. C’est à ce titre qu’en 2003, le courant « ultra-conservateur » l’a porté à la mairie de Téhéran, dans un contexte de reflux des masses et d’abstention massive.

Son élection à la présidence du régime tient peut-être autant du coup d’Etat que du plébiscite ; c’est ce que laisse penser une dépêche AFP du 22/6/2005 :

« Un front de refus s’est formé pour faire barrage à M. Ahmadi Nejad, mais aussi à la fraude qui, disent ses adversaires, lui a permis d’être au second tour (…) Le ministère de l’Intérieur [qui n’a aucun contrôle sur les Pasdaran et Bassidj, ndlr] a mis en garde contre le risque d’une manipulation plus importante encore au second tour qu’au premier, de la part de « certaines personnes prêtes à tout pour rester au pouvoir » ».



L’élection d’Ahmadinejad reflète la crispation d’une fraction de l’appareil d’Etat iranien devant la pression toujours plus forte de l’impérialisme américain sur l’Iran.

Washington veut effacer la révolution prolétarienne de 1979 qui a chassé le shah. Ni le retour de l’ayatollah Khomeiny après la révolution, ni la mise en place sous sa direction d’un régime contre-révolutionnaire sur la base d’une répression sanguinaire – la République islamique – ni encore la guerre Iran-Irak provoquée à dessein par Washington, avec le concours intéressé de l’impérialisme français et de la bureaucratie du Kremlin, n’ont empêché la nationalisation de l’essentiel de l’économie (s’ajoutant à la nationalisation du pétrole depuis 1951) et l’ouverture d’une profonde brèche dans le dispositif de domination de l’impérialisme américain sur le Moyen-Orient et l’Asie centrale - conséquences de la révolution que Bush aspire à effacer. L’impérialisme américain a par ailleurs un objectif à plus court terme : maintenir l’Iran dans la nécessité d’user de son influence sur le Hezbollah, les diverses factions chiites d’Irak et celles de toute la région pour les soumettre aux exigences de la coalition.

En avril, Bush a évoqué la possibilité de « raids aériens pour détruire les sites nucléaires » iraniens. Toutefois, les principales armes de l’impérialisme américain sont d’une autre nature. Depuis 1984, la liste des sanctions économiques prises contre l’Iran est impressionnante : interdiction des ventes d’armes et technologies de pointe, des subventions à caractère non humanitaire (1984), des importations iraniennes (1987), des investissements (1995). Politique qui s’accompagne d’un encerclement stratégique via la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Afghanistan et les petites républiques d’Asie centrale.

Cette politique connaît aujourd’hui deux importants développements. D’une part, un accord de coopération nucléaire conclu en grande pompe entre Washington et New Delhi, en mars dernier, s’est conclu à une condition : le remplacement du ministre du Pétrole, favorable à un accord pétrolier et gazier avec la Chine, la Syrie et l’Iran.

Mais plus encore, l’arrivée à échéance, le 31 août de l’ultimatum pour la suspension du programme… nucléaire de l’Iran, qui s’est heurté à un refus, pourrait être mis à profit par l’impérialisme américain, qui mène aujourd’hui des tractations en vue d’imposer le vote de sanctions par l’ONU, tout en laissant entendre qu’il pourrait passer outre cette instance si l’un des membres du Conseil de Sécurité y opposait son véto. A cet effet, le Congrès américain a d’ailleurs adopté, fin septembre, une loi prévoyant « des sanctions à l’encontre des pays qui collaborent au programme nucléaire iranien » et qui constitue notamment « un avertissement à l’intention de la Russie et de la Chine » (AFP, 30/9/2006).

 En ce qu’elles ne peuvent s’affranchir du marché mondial, les économies iranienne et syrienne sont tributaires des relations avec les grandes puissances impérialistes. Fait significatif s’il en est de cette réalité: pendant des mois après les élections présidentielles iranienne, le poste de ministre du Pétrole est resté vacant, toutes les propositions formulées par Ahmadinejad se heurtant au refus du Parlement. Malgré leur raidissement, le régime des mollah et celui d’Assad ne peuvent que chercher à négocier leur survie auprès des grandes puissances impérialistes, avec un empressement d’autant plus grand que se resserre autour d’eux l’étau de la coalition.

Cette nécessité est d’autant plus forte pour Téhéran que le régime des mollah est pris en tenaille par les luttes de son propre prolétariat, secoué par d’importantes grèves (cf. Notes sur la situation internationale, CPS n°25) S’y s’ajoute l’effervescence des nombreuses minorités nationales opprimées : baloutches, arabes, azéris, en Iran, kurdes en Iran et en Syrie. Ainsi, en mai dernier, des manifestations massives ont secoué l’Azerbaïdjan iranien, en réaction à la publication d’une caricature. En septembre, l’annonce d’une subvention massive au Hezbollah pour la reconstruction du Sud-Liban a provoqué des émeutes au Khouzestan, province frontalière à l’Irak où des centaines de milliers d’arabes iraniens attendent de voir reconstruits leurs logements détruits depuis… la guerre Irak-Iran, achevée en 1988 !

La répression meurtrière à l’encontre du peuple baloutche – meurtri par l’armée du Pakistan voisin – et plus encore contre les masses kurdes – qu’on retrouve en Iran, en Syrie, en Irak et en Turquie – sont aujourd’hui utilisées par Damas et Téhéran comme des instruments de consolidation de leurs gouvernements par la terreur. Ainsi en Syrie, au printemps dernier, à l’occasion des fêtes de leur nouvel an (Newroz), la répression s’est abattue à nouveau sur les Kurdes, notamment Alep.

Ces contradictions expliquent qu’entre deux discours radicaux ou déclarations fracassantes contre Israël qu’Ahmadinejad sait très populaires en Iran et dans toute la région, le régime iranien cherche à faire feu de tout bois pour rentrer dans les bonnes grâces de Washington. Malgré son refus initial de reprendre des relations diplomatiques avec Washington, Ahmadinejad a écrit à Bush et Chirac, début mai, en vue d’ouvrir des « négociations globales ». Utilisant les signes d’ouverture envoyés par Chirac et motivés par la situation au Liban, le président iranien a encore proposé à l’Elysée, début octobre, d’enrichir en France l’uranium destiné à Téhéran – espérant par ce moyen enfoncer un coin dans le front impérialiste.

C’est encore l’Iran qui, en dernière analyse, détermine les actes de soumission successifs du Hezbollah au Liban ou des factions chiites en Irak.

L’élection d’Ahmadinedjad a de fait entraîné, à l’unisson avec la Syrie, une radicalisation des positions du Hezbollah, qui était entré au gouvernement libanais sous l’influence du président précédent, avant donc que se manifeste ce durcissement des positions du régime iranien.

Même les actions « spectaculaires » à l’encontre d’Israël sont montées d’un cran – via le Jihad islamique - après l’affirmation de l’axe irano-syrien. On peut le dire : ce n’est qu’avec l’élection d’Ahmadinedjad que le contrôle du Liban sud par le Hezbollah est devenu un problème pour Israël, mais aussi une opportunité ouverte d’intervenir à nouveau au Liban .

Inversement, l’agression contre le Liban, et en particulier les coups portés au Hezbollah – malgré l’afflux de pétrodollars supposés panser les plaies et reconstruire les immeubles – sont des coups portés indirectement contre l’Iran, d’abord, et également la Syrie.



Ces développements permettent de le comprendre : l’agression menée par Israël contre le Liban s’inscrit dans le cadre de la situation de toute la région.

Les difficultés rencontrées par l’impérialisme US et ses alliés en Irak et en Afghanistan, d’une part, l’élection d’Ahmadinedjad, la formation d’une alliance entre l’Iran et la Syrie, d’autre part, poussaient à ce qu’interviennent de nouveaux développements, de nouveaux coup de force de l’impérialisme, avec comme objectif premier le renforcement de son dispositif militaire contre les masses de la région, et comme objectif de fond obtenir la soumission ou la destruction de l’Iran et de la Syrie.

Telle est la raison de l’agression menée contre le Liban, contre les masses libanaises.

Une précision s’impose.

Dès 2002, dans la conférence qu’il a tenue après l’invasion de l’Afghanistan, notre Cercle soulignait

« Il faut enfin insister sur une dernière chose: l'agressivité décuplée de l'impérialisme US, la nouvelle offensive à l'échelle internationale dont la "lutte anti terroriste" est le bélier, n'effacent en rien le fait que le mode de production capitaliste est historiquement épuisé. Même dans ces conditions politiques relativement privilégiées, l'impérialisme US n'a pas été et ne sera pas capable d'instaurer un "ordre", une stabilité durable. Tout au plus peut-il comprimer les contradictions sous sa botte ici ou là. »

Répétons-le quatre ans après : malgré la mise en place d’institutions croupion, malgré une déploiement et une sauvagerie militaire terrifiants, l’impérialisme US, et derrière lui les impérialismes britanniques, français, allemands, italiens, engagés tous ensemble désormais dans la tentative de recoloniser le Moyen-Orient, ne sont pas capables d’impulser un développement économique tel qu’il permettrait de bâtir un « nouveau Moyen-Orient ». Il s’agit ici d’une entreprise de pillage et de mort, au bout de laquelle pour tous les peuples du Moyen-Orient il n’y a que la ruine. Quelle illustration plus frappante de ce fait que le sort du peuple palestinien ?

 

 


IIIème partie : le sort du peuple palestinien concentre l’avenir que l’impérialisme réserve à toute la région



Lorsqu’on se penche a posteriori sur les évènements en Palestine depuis le début de l’année, il apparaît clairement que la nouvelle phase qu’a ouverte Israël, dans sa lutte contre le peuple palestinien, a constitué un ballon d’essai en direction de l’ensemble des puissances impérialistes : c’est une fois assuré du soutien plein et entier de ces dernières qu’Olmert, avec l’accord avec Bush et probablement à sa demande, a lancé l’offensive contre le Liban. Aujourd’hui, alors que se déploie la FINUL renforcée, à Gaza, le peuple palestinien vit un véritable martyre.

Lors du « désengagement unilatéral » d’Israël, au cours de l’été 2005, les grands médias n’avaient pas ménagé leur peine pour présenter l’événement comme une concession « historique » de l’Etat sioniste. Son premier ministre d’alors, le boucher Ariel Sharon, était même grimé, de façon grotesque, en « homme de paix »… Moins d’un an plus tard - si Sharon, lui, a effectivement rendu les armes - cette fiction a volé en éclats : le gouvernement Olmert-Peretz a lancé, le 25 juin dernier, l’opération « Pluie d’été » qui a mis Gaza à feu et à sang.

Les quelques éléments d’autonomie de la bande de Gaza – tels que sa centrale électrique, la station d’épuration des eaux de Gaza-ville ou ses bâtiments administratifs – ont été anéantis. Tandis que se sont multipliées incursions, destructions et « assassinats ciblés », le pseudo-gouvernement palestinien dirigé par le Hamas - qui dans les faits ne gouverne strictement rien - a fait l’objet de rafles massives, ses ministres arrêtés comme de simples voleurs. Des vols supersoniques, déclenchés à faible distance des habitations, privant les gazaouis de sommeil, ont poussé leurs conditions de vie jusqu’aux limites du supportable. Tsahal a ainsi réaffirmé, si c’était nécessaire, le fait que son état-major se réservait le droit d’intervenir où bon lui semblait, quand bon lui semblait, et sous n’importe quel prétexte.

Depuis des mois, la bande de Gaza est bouclée en quasi permanence. Le nombre d’habitants vivant en-dessous du seuil de pauvreté augmente chaque mois : il représente d’ores et déjà 65% des ménages. En conséquence de l’arrêt des subventions européennes à l’ « Autorité palestinienne », début avril, les salaires ne sont plus versés aux fonctionnaires. Seul un mécanisme de charité au compte-gouttes, contournant le Hamas, mis en place par l’UE à la mi-juin, empêche les palestiniens de mourir de faim : c’est qu’il s’agit, non de provoquer une catastrophe humanitaire qui pourrait faire des vagues, mais de briser le peuple palestinien dans son ensemble.

Pendant toute la durée de ses opérations contre le Liban, le gouvernement Olmert-Peretz a en outre lâché la bride à la colonisation qui défigure les lambeaux de Cisjordanie, déjà démembrée par la construction du « Mur de l’apartheid ».



Pourtant, loin de lutter contre l’occupation, les miliciens du Hamas et ceux d’une partie au moins du Fatah n’ont pris les armes au début du mois d’octobre que pour s’entretuer.

Suite à la rupture d’un énième volet de négociations en vue de constituer un « gouvernement d’union nationale » soumis aux diktats d’Israël, des affrontements sanglants ont eu lieu à nouveau, après une première vague à la fin du mois de mai et quelques incidents en juillet-août. En Cisjordanie, à Ramallah, le siège de l’ « Autorité palestinienne » a été incendié.

Depuis le 2 septembre, sous l’impulsion du Fatah, une grève des fonctionnaires de l’« Autorité palestinienne a été déclenchée contre le « gouvernement » Haniyeh: elle est sans issue, puisque le versement des salaires dépend totalement d’Israël et de l’Union Européenne. Elle permet toutefois au Fatah de faire pression sur le mouvement islamiste, dans sa lutte pour reconquérir les débris de l’ « Autorité ». Des manifestants ont été battus par les nervis du Hamas, avant que ce dernier n’ait tenté d’interdire militairement les rassemblements.

Le 6 octobre, des milliers de partisans du « gouvernement » islamiste ont été rassemblés par le « premier ministre » Haniyeh en réplique à l’offensive du Fatah. Tout en réitérant le prétexte qui a permis à Israël et aux impérialismes européens de faire capoter les tractations entre Fatah et Hamas - « Nous ne reconnaîtrons pas Israël », revendication qu’il sait populaire - Haniyeh n’a toutefois proposé, en guise de perspective que… la reprise de négociations avec cet Etat qu’il prétend ne pas reconnaître, en contrepartie d’une « trêve de dix ans ».

Depuis l’ouverture du processus d’Oslo, les dirigeants des organisations nationalistes palestiniennes, Arafat en tête, ont peu à peu transformé leurs organisations en auxiliaires corrompus de l’Etat d’Israël, habitués à vivre des miettes de sa table et des subventions européennes en contrepartie du cadenassage des masses palestiniennes.

Aujourd’hui que ces subventions ne lui sont plus versées, loin de mettre fin à la fiction d’une « Autorité palestinienne », le Fatah en dispute les décombres fumants. Le Hamas, quant à lui, ne désespère pas de reprendre les pourparlers avec l’Etat qui est à la source de tous les maux du peuple palestinien pour obtenir sa part du gâteau et, plus simplement, survivre, surnager par-dessus la misère effroyable dans laquelle les masses palestiniennes sont en train de couler. Une situation dont le gouvernement Olmert, qui l’a délibérément créée, ne peut que se délecter.


 

Un mouvement ultra-réactionnaire, prêt à collaborer avec Israël


En janvier dernier, l’élection d’une majorité de « députés » islamistes avait servi de prétexte à Olmert pour franchir un cran de plus dans la terreur contre le peuple palestinien. Mais on ne saurait, en retour, voir dans ces élections un quelconque retournement de situation favorable aux masses palestiniennes. Bien au contraire.

La victoire du Hamas à ces élections était prévisible : lors des précédentes élections municipales, à Gaza puis en Cisjordanie, le Hamas avait raflé la plupart des grandes villes. Avant toute autre chose, ces résultats exprimaient le rejet du cours suivi par le Fatah, en pleine décomposition, par les masses palestiniennes : un rejet sans perspectives. De fait, l’idée d’une victoire du Hamas n’était nullement dérangeante pour Washington qui, jusqu’au dernier moment, a fait pression sur Sharon pour que les élections puissent se tenir, y compris à Jerusalem-est.

Le Hamas a été fondé lors de l’Intifada, en 1987, par la branche palestinienne des Frères Musulmans, pour faire pièce au Fatah et aux autres organisations nationalistes palestiniennes. Tout au long des années 70 et 80, lesdits Frères Musulmans ont été financés par l’Arabie Saoudite et le Shin Beth (service de contre-espionnage israélien). Ses nervis combattaient parfois les militants des autres organisations palestiniennes avec la complicité des troupes d’occupation (cf F. Maulion, L’organisation des Frères Musulmans, 2ème partie, pp. 35-36). Lors de l’Intifada, c’est d’abord contre le mouvement révolutionnaire des masses palestiniennes que le Hamas a été constitué.

 La collaboration du Hamas avec l’Etat d’Israël a été rompue à l’initiative de ce dernier, à compter de la signature des accords d’Oslo, au profit de l’OLP et du Fatah. Le Hamas s’est vu contraint de basculer dans l’orbite de l’Iran et de la Syrie, pays qui héberge ses dirigeants depuis 1999 : il a, dès lors, exploité à son profit le rejet des accords d’Oslo par les masses palestiniennes, voyant sa popularité croître à mesure que s’affirmait la corruption des dirigeants du Fatah. Mais ce mouvement est ouvertement divisé depuis 1996 entre une « direction extérieure » - qui contrôle l’aile militaire du mouvement depuis Damas - et la « direction intérieure », celle des notables gazaouis, qui aspire à l’intégration au sein de l’ « Autorité palestinienne ».

La participation aux élections législatives de janvier 2006 était une expression du fait que le mouvement espérait retrouver sa vocation première en reprenant, côté à côte avec le Fatah, sa collaboration avec Israël. Le « désengagement unilatéral » de la bande de Gaza, fruit de la pression américaine sur Sharon, saluée par le Hamas comme une « victoire », avait constitué un test de cette volonté politique, de même que la hudna - « trêve unilatérale » demandée par Abbas en 2005, Israël ne s’engageant nullement pour sa part à rendre la politesse.

Qu’on en juge aux déclarations émises par les dirigeants du Hamas avant les élections : « Notre Charte [qui exige la destruction d’Israël, ndlr] n’est pas le Coran et nous pourrions négocier avec Israël à partir du moment où Israël se retire des territoires conquis en 1967 » (M. Ghazal, chef du Hamas à Naplouse, septembre 2005) ; « Des négociations avec Israël ne sont pas interdites » (M. Zahar, Gaza, en janvier 2006). Au lendemain des élections, le chef de la « direction extérieure » lui-même, Khaled Meshaal, se montre encore plus explicite : « Le Hamas mettra un terme à sa lutte armée contre Israël si l’Etat hébreu se retire des territoires palestiniens occupés » (Le Monde du 13/2/2006).


Appuyé sur le résultat des élections palestiniennes, Olmert relance l’offensive israélienne


C’est pourtant en s’appuyant sur ces résultats qu’Ehoud Olmert, successeur de Sharon à la tête du parti Kadima et premier ministre par intérim, a donné le signal, à la veille d’élections législatives en Israël, d’une nouvelle offensive contre le peuple palestinien. Après la proclamation d’un « gouvernement de technocrates » par le Hamas le 19/2 – ce dernier n’ayant pu constituer un « gouvernement d’unité nationale » faute de l’accord des autres partis – Olmert déclare : « Compte tenu de la majorité du Hamas au parlement, l’Autorité palestinienne devient de fait une autorité terroriste ». Le versement mensuel de subsides correspondant à plusieurs dizaines de millions d’euros, produit de taxes sur les marchandises prélevées par Israël au compte de « l’Autorité », est dès lors gelé par le gouvernement israélien – ce qui, en termes clairs, n’est autre qu’un hold-up gigantesque.

Le 6 mars, Haaretz annonce que l’Etat-major de Tsahal élabore un plan visant à « réduire davantage les contacts avec les palestiniens, isoler davantage la bande de Gaza et démanteler les colonies de Cisjordanie ». Commentaire d’Avi Dichter (Kadima) : « La feuille de route est désormais obsolète ».

Quatre jours plus tard, le candidat Olmert accorde une série d’interviews à plusieurs quotidiens pour y annoncer son programme :

  « Nous allons nous replier derrière la clôture [le Mur, ndlr], les gros blocs d’implantations seront annexés et une séparation absolue sera instaurée entre nous et la population palestinienne, de façon à préserver nos droits en Judée-Samarie [Cisjordanie, ndlr] tout en garantissant à la fois un état démocratique et majoritairement juif. L’unité de Jerusalem sera assurée et ses limites seront donc redessinées. Il n’est pas possible de maintenir Jerusalem sous notre souveraineté tout en conservant des quartiers périphériques arabes ou un camp de réfugiés comme Shouafat » (Maariv)

« Il va falloir changer le tracé de la clôture de séparation, mais cela ne se fera qu’au terme d’une négociation… entre israéliens, du Meretz au Yesha [Conseil des colons en Cisjordanie, ndlr]. Le tracé actuel de la clôture est strictement sécuritaire, et nous allons devoir tracer les frontières d’Israël. » (Yediot Aharonoth)

La volonté affirmée est déjà, clairement, de se passer de l’ « Autorité palestinienne » : elle conduit en droite ligne à la situation actuelle. Très vite, Olmert va recevoir le soutien des puissances impérialistes.



Le 15 mars, sur ordre d’Olmert, Tsahal organise une incursion à Jericho sous les flashes et les caméras des journalistes : il kidnappe, au sein même de la prison de l’ « Autorité palestinienne », le dirigeant du FPLP, Ahmed Saadat, et ses compagnons de cellule. Akiva Eldar, politologue israélien, commente : « Excellente manœuvre, mais la cible d’Olmert, ce n’est pas Saadat mais les quelques 20% d’indécis dont le cœur balance entre Kadima et le Likoud ». Cette prison était gardée par… une « force de protection » anglo-américaine, qui s’est retirée quelques heures avant les événements. Bush et Blair ont donc décidé d’apporter leur soutien au plan d’Olmert et de l’adouber comme leur candidat.

Parvenu au poste de premier ministre d’un gouvernement de coalition avec le parti travailliste, début avril, Olmert pose ses conditions à une « reprise des négociations » avec l’ « Autorité » : le désarmement du Hamas, la reconnaissance d’Israël et celle de tous les accords passés par l’Autorité palestinienne… accords dont le dernier avatar, la « feuille de route », vient justement d’être déclaré « obsolète » par Kadima ! Reprenant pourtant ces « conditions » à leur compte, les grandes puissances d’Europe décident, par le biais de l’Union européenne, de couper les vivres à l’ « Autorité Palestinienne », privant de salaires 165 000 fonctionnaires palestiniens, et en particulier les « forces de sécurité » vertébrées par le Fatah.

Le but est alors, clairement, de déclencher une véritable guerre civile. Une fraction du Fatah - celle de M. Dahlan, qui entretient des liens étroits avec Washington (v. CPS n°19) - s’engage effectivement dans ce sens, mais échoue à entraîner le reste de l’organisation : politiquement, néanmoins, le coup porte.

Une initiative prise par des cadres emprisonnés du Hamas, du FPLP, du Djihad islamique et du Fatah - en particulier Marwan Barghouti - va alors être utilisée par Abbas : tout en garantissant au Hamas une place au sein de l’OLP, ce « document des prisonniers » préconise la constitution d’un « gouvernement d’union nationale » sur des bases qui donnent satisfaction aux exigences d’Olmert… Haniyeh, qui retire des rues de Gaza les milices du Hamas, signe ce document le 27 juin.

A mesure que ces tractations avançaient, Israël – qui depuis le 14 mars organise le pilonnage de Gaza – a multiplié les provocations pour pousser les différentes milices à rompre la hudna : il y est parvenu le 25 juin quand, en réponse au kidnapping de deux militants du Hamas, des combattants palestiniens abattent deux soldats israéliens et capturent le caporal Shalit. L’impérialisme français monte alors en première ligne, par l’intermédiaire de Douste-Blazy, pour exiger la libération sans condition de ce « compatriote » (il a la double nationalité). Le soir même de la signature du « document des prisonniers » par Haniyeh, l’opération « Pluie d’été », prévue à l’avance, commence… suivie de l’offensive contre le Liban.



Le déploiement de la FINUL renforcée au Liban, loin d’impliquer une « stabilisation » du Moyen-Orient, contribue à l’extension de la barbarie impérialiste à la région. Il augure de nouveaux développements sanguinaires de la guerre coloniale conduite par Bush – demain en Syrie, après-demain en Iran. Cette offensive doit être dénoncée, combattue, et stoppée.

Il n’existe pas, aujourd’hui, de « sauveur suprême » pour les masses du Moyen-Orient : ni les organisations nationalistes petites-bourgeoises, ni les mouvements islamistes ultra-réactionnaires, ni les dictatures iranienne et syrienne ne feront avancer la lutte des masses et peuples opprimés de la région,- qu’ils contribuent à soumettre, à cadenasser, à réprimer - pour en finir avec l’occupation impérialiste. Seule l’action du prolétariat, entraînant derrière lui la masse des exploités, balayant la tutelle écrasante des castes cléricales, féodales, celle des petites-bourgeoisies corrompues, pourra engager la lutte résolue pour en finir avec l’occupation – prélude au déferlement d’une lutte révolutionnaire pour en finir avec les Etats compradore, les frontières artificielles héritées de l’ère coloniale, l’Etat raciste et colonial d’Israël, mettre fin à l’oppression des minorités nationales, aux clivages communautaires et tribaux, à l’oppression des femmes, avancer vers une Fédération Socialiste du Moyen-Orient. Pour cela, les masses du Moyen-Orient devront construire leurs propres partis : des partis ouvriers révolutionnaires.

Les peuples du Moyen-Orient ont besoin du soutien des travailleurs d’Europe et d’Amérique, au travers de la lutte contre les gouvernements impérialistes.

Après les soldats français dépêchés en Afghanistan, l’envoi de milliers de militaires français armés jusqu’aux dents au Liban par le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy constitue une confirmation de la pleine participation de l’impérialisme français à la coalition impérialiste qui ravage le Moyen-Orient.

Cette politique reçoit aujourd’hui la caution de l’ensemble des dirigeants syndicaux, de ceux du PS et du PCF : il est indispensable de combattre pour en finir avec l’union nationale derrière Chirac, pour que les dirigeants des organisations ouvrières – partis et syndicats – dénoncent les résolutions de l’ONU qui organisent la recolonisation du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, à commencer par la résolution 1701, se prononcent pour le retrait de toutes les troupes d’occupation du Moyen-Orient et d’Afghanistan, à commencer par les troupes françaises impliquées dans l’ISAF et dans le FINUL, prennent toutes les initiatives nécessaires à la satisfaction des ces exigences.

La barbarie impérialiste au Moyen-Orient exprime ce qu’implique le maintien du mode de production capitaliste usé jusqu’à la corde : elle constitue un rappel constant de la nécessité d’en finir avec le capitalisme générateur de guerre, de combattre pour le socialisme.


Le 4 octobre 2006

 

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