Editorial du numéro 23 nouvelle série de combattre pour le socialisme – 3 janvier 2006

 

Enrayer l’offensive du gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy et du patronat

 


Il y a plus de 6 mois, au lendemain de la défaite de Chirac lors du référendum sur la « constitution européenne », Villepin est devenu premier ministre avec un cap : « redonner la confiance » à la bourgeoisie française. Cela signifiait en premier lieu faire en sorte que la classe ouvrière ne puisse exploiter pour son compte le « non » au référendum du 29 mai en accélérant encore – notamment via les ordonnances - l’offensive contre les masses.

Le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy y est parvenu dans les conditions que nous avons analysées dans notre précédent numéro, renforçant ainsi le sentiment d’impuissance du prolétariat à peser sur le plan politique.

Plus encore : lors du premier affrontement sérieux sur le terrain direct de la lutte des classes, à la SNCM, le gouvernement, mobilisant les forces de répression de l’appareil d’Etat, appuyé sur la politique traître des directions syndicales, a infligé une défaite sans appel aux marins, suivie par celle des salariés de la RTM (on se reportera à l’article que ce numéro consacre à ces grèves), défaites retentissantes pour tous les travailleurs, modifiant la situation politique plus encore à l’avantage de la bourgeoisie.

 

Dans ces circonstances sur lesquelles nous allons revenir, rien d’étonnant à ce que Villepin puisse annoncer, tirant le bilan de ses 6 mois à Matignon le 19 décembre dernier, qu’il entend faire de l’année 2006 une « année utile » - pour les classes possédantes s’entend. Villepin a en effet annoncé un programme chargé.

D’abord – au nom de la « bataille pour l’emploi » -  la poursuite du démantèlement des protections collectives de la classe ouvrière, ce dans quoi s’inscrit l’annonce d’un « contrat de transition professionnelle », après le C.N.E.

Ensuite, au nom cette fois-ci du désendettement, une accélération de la « réforme de l’Etat », de la destruction des statuts des fonctionnaires, avec comme initiative première une conférence nationale des finances publiques dès janvier à laquelle les directions syndicales sont conviées à s’associer, ce qui vaudrait, nous y reviendrons « diagnostic partagé » sur la dette, comme il y en eu un sur l’assurance-maladie.

 

A ces deux grands axes, il convient d’ajouter la liquidation du régime de retraite à la RATP, le projet de loi de privatisation rampante de la Recherche publique, la marche à la destruction des ZEP, l’accumulation de lois et mesures antidémocratiques, la poursuite de l’application systématique de la contre-réforme de l’assurance-maladie, etc.

 

Mais il est une question particulièrement illustrative autant que singulière : la France a en effet été placée de novembre à début janvier sous Etat d’urgence, dans un régime d’exception.


Instauration de l’état d’urgence : le signal d’une accélération de l’offensive anti-ouvrière 


La décision prise le 7 novembre par le tandem Chirac-Villepin de recourir à l’Etat d’urgence ne tombe donc pas du ciel, mais est un des produits amers des reculs que le gouvernement a pu imposer aux travailleurs grâce à la complicité des appareils syndicaux.

 

L’armée avait été envoyée contre les travailleurs de la SNCM. Puis c’était un tribunal qui décrétait, à la RTM, que la grève contre la privatisation de l’entreprise était illégale. A chaque fois, les huiles du mouvement ouvrier acceptaient sans broncher, ou approuvaient de facto – ainsi Thibault se rendant chez Villepin au soir de l’intervention du GIGN contre le Pascal Paoli.

 

 

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Quatre petits jours après que la grève de la SNCM eut été défaite, les cinq directions confédérales qui avaient mis, selon leurs dires, plus d’un million de personnes dans la rue le 4 octobre s’étaient fendues d’une déclaration commune demandant… de nouvelles rencontres avec Villepin, comme ce dernier l’avait d’ailleurs lui-même proposé publiquement dès le 6 octobre au soir.

Le refus des directions syndicales de prendre toute initiative pouvant être interprétée comme permettant de combattre le gouvernement, au lendemain de la défaite cuisante à la SNCM, quatre mois après que le « non » au référendum ait été retourné en son contraire, l’absence apparente de toute alternative politique immédiate aux yeux des masses, tout cela constituait pour le gouvernement une situation propice pour aller plus loin encore, comme il l’avait expérimenté avec succès sur le port de Marseille, en maniant à la fois la répression et le dialogue social.

 

A cet égard, il faut bien comprendre que les insultes à répétition de Sarkozy en visite dans des quartiers populaires dont il entend « nettoyer » la jeunesse (assimilée globalement à de la « racaille ») au « kärcher » sont calculées, délibérées, répétées. Il n’y a jamais eu de dérapages, mais une volonté délibérée de provoquer.

Quand à Clichy-sous-bois, deux jeunes sont morts parce qu’ils voulaient échapper à un contrôle de police, le ministre de l’intérieur s’est surpassé : déclarations contradictoires et mensongères quant au rôle de la police (profitant du silence imposé au compagnon d’infortune des jeunes électrocutés, imposé car sans papiers), puis tir d’une grenade lacrymogène de CRS à l’entrée de la mosquée le dernier jour du ramadan.

A Clichy, la colère légitime de toute une partie de la jeunesse s’est traduite par des affrontements avec la police. Ailleurs, le gouvernement a atteint son objectif : créer un climat de peur dans tout le pays, médiatisant à outrance les actions de quelques petites bandes – actions dirigées cette fois-ci quasi exclusivement contre la population laborieuse des quartiers populaires, ainsi contre les écoles. Parler « d’émeutes » dans ce dernier cas est tout à fait inapproprié. Il faut noter dans quelques endroits que la population des quartiers a cherché, souvent en lien avec les élus PS ou PCF, à assurer elle-même sa propre protection et celle de ce qui lui tient à cœur. C’est en tout cas la solution que devaient prôner et mettre en œuvre les directions des organisations du mouvement ouvrier, en particulier le PS et le PCF, pour l’opposer à l’intervention de la police.

 

Au lieu de quoi ce ne fut qu’un cri, ou presque : « encore plus de police ! »  (d’urgence, de proximité, tout ce qu’on voudra). François Hollande et Julien Dray prirent même la peine de spécifier qu’il était hors de question pour le PS de demander la démission de Sarkozy, autrement dit, de pointer même indirectement la responsabilité écrasante du gouvernement. Le 7 novembre, Villepin n’avait plus qu’à ramasser la mise en annonçant l’instauration de l’état d’urgence, en sachant d’ailleurs pertinemment (ainsi que l’a révélé Libération du 10 décembre) que les incidents allaient déjà en diminuant. Fait remarquable : c’est le Front National qui avait suggéré en premier le recours à la loi de 1955. Autre fait remarquable : la progression revendiquée des adhésions au FN et au MPF de Villiers au terme de cette flambée de violences, ces mouvements ultra-réactionnaires n’auront pas manqué de se féliciter de voir la politique qu’ils prônent être enfin appliquée.

 

Et effectivement, qu’en est-il de cet état d’urgence ? C’est une loi qui donne les pleins pouvoirs à la police et éventuellement à l’armée dans les zones où il s’applique. Elle autorise : perquisitions à volonté, arrestations facilitées en court-circuitant en tant que de besoin les procédures judiciaires habituelles. Elle permet d’interdire à discrétion la circulation des personnes et des véhicules, les réunions publiques, et même la presse. Déjà, durant les incidents dans les quartiers populaires, des centaines d’arrestations arbitraires ont eu lieu, suivies de condamnations qui ne le furent pas moins. Cela donne un aperçu de ce que permet la loi sur l’Etat d’urgence, loi d’exception, loi brutalement, frontalement, antidémocratique.

 

Le recours à cette loi s’inscrit dans la tendance générale au corsetage des sociétés capitalistes dominantes dans un écheveau de lois liberticides, pour en comprimer les contradictions, tenter de contrôler les effets de la décomposition sociale que le capitalisme engendre tant et plus et qui s’accumule dans la société française, et utiliser ces moyens pour réprimer la lutte de classe du prolétariat.

 

Et c’est à cette loi que le PS a dit amen – quand bien même il a ensuite voté contre sa prolongation – accompagné par les dirigeants Force ouvrière, les uns comme les autres faisant part de leur « vigilance ». De leur côté, dirigeants CGT, ou FSU,  PCF, LCR, ou encore l’UNEF faisaient part sous des formes variées de critiques purement platoniques, portant d’ailleurs sur « l’inutilité » (communiqué PCF/LCR/FSU etc.) de l’Etat d’urgence – arguant même que « même en 1968 alors que la situation était bien plus dramatique » (la grève générale est pour eux un drame - sic !) il n’y avait pas eu besoin de lois d’exceptions.

 

A cela s’ajoute le fait les députés PS n’ont pas rejeté le projet de loi prétendument « anti terroriste » de Sarkozy (projet que les sénateurs PS qualifieront, eux, de liberticide en votant contre, à l’exception de Bockel).

De même, ils n’ont pas protesté une seconde – pas plus qu’aucune organisation traditionnelle du mouvement ouvrier - contre les condamnations en rafale autant qu’arbitraires qui ont rythmé les incidents dans les quartiers sinistrés par le capitalisme.


Signe des temps : avec une arrogance inouïe, l’UMP célèbre le « rôle positif » de l’oppression coloniale


L’état d’urgence a été créé sous la 4ème République pour réprimer le combat du peuple algérien pour son indépendance. Le 29 novembre, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a déposé une demande d’abrogation d’un article de loi voté en février 2005 intimant aux manuels scolaires de mettre en valeur de « rôle positif de la présence française outre-mer», et d’abord en Algérie, vu qu’il s’agit d’une loi portant sur l’indemnisation des harkis (loi dont l’article 1 porte aussi une appréciation positive du colonialisme).

 

Après l’instauration de l’Etat d’urgence, cela a fourni l’occasion à la majorité UMP de donner un grand retentissement à ce qu’elle avait déjà voté beaucoup plus discrètement en février 2005 – quitte à poser des problèmes diplomatiques à l’impérialisme français envers ses anciennes colonies.

En février 2005, ni le PS ni le PCF ne s’en étaient émus,  jusqu’à ce que des enseignants se mettent à protester publiquement. En fait, alors, non seulement les députés  PS et PCF n’avaient rien trouvé à redire à cet article, mais encore, lors du premier examen de cette loi, le 11 juin 2004, intervenant au nom du groupe socialiste, le député fabiusien de l’Hérault K.Mesquida avait salué « l’oeuvre civilisatrice de la France », PS comme PCF proposant des amendements à ce projet dont J.Bascou (député PS, NPS) saluait « les avancées ».

Il est bon de le rappeler puisque, à l’initiative de D.Strauss-Kahn, une forme fugace de l’Union de la Gauche, de Taubira et Voynet jusqu’à Besancenot et Laguiller a été réalisée autour d’une pétition demandant l’abrogation de l’article 4 et … s’adressant pour cela à Chirac ! Il s’agit là, en plus de camoufler les traces de la position du groupe PS à l’Assemblée lors de la première lecture, d’une manœuvre politicienne, dans laquelle l’article 4 n’est que prétexte, et dont on sait par avance qu’à part des suppliques à Chirac, elle ne débouchera sur aucun combat. A sa manière, le refus d’Aimé Césaire de rencontrer Sarkozy suite au vote du parlement – ce qui a entraîné l’annulation de sa visite en Martinique - ne fait que souligner qu’au contraire, malgré les protestations de pure forme, dans l’Hexagone, les partis issus du mouvement ouvrier, eux, n’ont en aucune manière coupé les ponts avec le gouvernement, l’UMP.

 

Le vote de cette loi, et notamment de cet article, par lui-même est une insulte faite à tous les travailleurs, et en particulier aux travailleurs et jeunes issus de l’immigration.

Mais son sens profond est donné par les multiples déclarations – à commencer par celles de N.Sarkozy – sur la fin du temps de la « repentance » pour l’impérialisme français : l’UMP, principal parti de la bourgeoisie, estime possible et nécessaire de se montrer telle qu’en elle-même. Les forces réactionnaires ont le vent en poupe.

 

Rien d’étonnant à ce que ce soit la célébration de l’Algérie française qui serve d’étendard à l’UMP.

On peut utilement rappeler ce que Marx et Engels écrivaient dès 1858 dans un article pour une encyclopédie américaine (d’autant plus que, lors du débat un député UMP a essayé de les enrôler sous la bannière de la « colonisation positive »)

« De la première occupation de l'Algérie par les Français jusqu'à nos jours, ce pays malheureux a été l'arène de violence, de rapines et de carnages incessants. Chaque ville, grande ou petite, a été conquise en détail et au prix d'un immense sacrifice de vies humaines. Les tribus arabes et kabyles, pour qui l'indépendance est chose précieuse, et la haine de la domination étrangère un principe plus cher que la vie elle-même, ont été écrasées par les terribles razzias qui brûlèrent et détruisirent demeures et propriétés, abattirent les récoltes, massacrèrent les malheureux ou les soumirent à toutes les horreurs de la brutalité et de la concupiscence.(…)

tout ce que l'on peut dire de l'Algérie, c'est que c'est une école de guerre pour les soldats et généraux français, dans laquelle tous les officiers français qui remportèrent des lauriers dans la guerre de Crimée, reçurent leur éducation et leur entraînement militaire. »

 

Après ces premiers temps du colonialisme, et en même temps que, vague après vague, les terres des Algériens étaient accaparées par et pour les colons, « l’Algérie française » est restée un régime d’exception, régime dictatorial pour les maghrébins, et a toujours été un point d’appui et parfois une base arrière aux forces les plus réactionnaires sévissant sur la scène politique française. D’abord bien sûr, comme du temps de Marx, à l’Etat- major des armées qui y réalisa ses « prouesses » tranquillement des années durant. Mais aussi, plus tard à l’OAS, puis au Front National.

L’ « Algérie française » est depuis toujours le cri de ralliement de la réaction la plus sinistre – des tenants de « l’état d’urgence » en permanence.


Une « fenêtre de tir »


Le Monde du 2 décembre rapporte les propos d’un conseiller de Villepin :

« Les nuits de violences ont ouvert une fenêtre de tir". Le même poursuit : "Cela fait longtemps que le premier ministre voulait faire tomber ces barrières, mais il pensait que cela ne passerait pas avant 2007. »

 

Ces propos sont tenus au sujet des mesures de suppression des allocations familiales (« L’UMP en rêvait » souligne le même journal). Mais ils s’appliquent parfaitement à toute la politique du gouvernement, laquelle a rebondi sur les violences urbaines comme sur un tremplin. Naturellement en premier lieu dans le domaine répressif : suppressions des prestations sociales, expulsions d’étrangers en situation régulières, le tout sur fond de campagne ignoble contre la « polygamie », relayée et prolongée par les Carrère d’Encausse et autres Finkelkraut.

 

Mais il serait réducteur de ne voir que l’accélération en ce seul domaine. La « fenêtre de tir » s’est ouverte plus largement. Les annonces Villepin-Chirac ont ainsi comporté l’annonce de nouvelles zones franches, de nouveaux contrats précaires à destination des jeunes des cités.  Mais ils se sont notablement concentrés sur l’école, contre le droit à l’instruction.

Dans un premier temps, c’est la mesure d’apprentissage dès 14 ans qui a été annoncée. Cette mesure ne doit tromper personne : il s’agit ni plus ni moins de faire reculer l’âge de la scolarité obligatoire dans ce pays, sous couvert d’apprentissage « junior ».

Puis ce sont les ZEP dont le « dynamitage » pour reprendre le mot de la direction du SNES a été lancé.

Avant d’en dire plus, soulignons tout de même à quel point l’opposition Sarkozy/Villepin relève du marketing. L’un est présenté comme voulant en finir avec le « modèle social » français, l’autre voulant le préserver. Sur les ZEP, même discours du premier « il faut déposer le bilan des ZEP » alors que le second prétend au contraire les « renforcer ». Mais en fait, il suffit d’écouter De Robien pour comprendre que « renforcer » dans la bouche de Villepin, ça veut dire liquider. Interviewé par le Monde du 14 décembre, Robien explique en effet : « Plutôt que de s'attacher à la notion de zone, il s'agit de s'intéresser aux élèves (…) Nous allons créer trois niveaux parmi les dispositifs de l'éducation prioritaire », l’une étant labellisée « ambition réussite », et mise en réseaux, Robien précisant : 

« Les réseaux de réussite feront l'objet d'une contractualisation pour quatre ou cinq ans entre l'établissement et l'inspecteur d'académie. Ils seront soumis à une évaluation régulière des résultats fondée sur un baromètre de la réussite scolaire. »

Un autre de ces « niveaux » concerne les établissements… ayant « vocation à sortir en trois ans » des zones d’Education prioritaire. C’est décidément d’un véritable dépeçage dont il s’agit. C’est également le prolongement de toute la logique de la loi Fillon d’orientation : l’individualisation, la contractualisation, comme moyen de casser encore une fois tout ce qui unifie, qui soude les personnels.

 

Dans une telle situation on ne peut s’étonner que l’agression d’une enseignante par un de ses élèves ait été l’occasion pour De Robien de proposer, autre vieux rêve de l’UMP, que la police tienne ses permanences dans les établissements scolaires (voir à ce sujet la réaction d’enseignants dans la rubrique : On nous communique).

Et cela – comme pour le reste de ses mesures – dans la « concertation ».


La politique des appareils syndicaux fraye la voie au gouvernement


On l’a mentionné : après la journée d’actions éparpillées du 4 octobre, les appareils confédéraux ont attendu que la déroute de la grève SNCM soit totale – ce dont ils portent l’entière responsabilité. Ensuite de quoi ils ont demandé à Villepin ce que lui-même avait proposé dès le 6 au soir. Evidemment, les dits entretiens se sont situés totalement sur le terrain de la poursuite de la politique gouvernementale.

C’est dans ce cadre que peut être comprise la succession rapprochée de journées d’actions dispersées : un véritable travail de déminage déblayant la voie du gouvernement en vérifiant que plus aucun obstacle ne s’y dresse.

 

- Le 7 novembre : journée « d’action » de la seule CGT dans la métallurgie, à l’occasion d’une nouvelle rencontre dans la branche entre patronat et syndicats sur la question des classifications. Dans cette discussion, le dernier projet patronal, présenté en septembre, « fait sauter 80 % des acquis gagnés depuis les années soixante-dix », selon Daniel Pellet-Robert, secrétaire fédéral de la CGT des métaux. Mais la CGT continue, comme les autres fédérations, des discussions placées sous de tels augures !

 

- Le 8 novembre : EDF, journée d’action dérisoire au vu de la trahison des agents lors de la discussion du projet de loi Sarkozy en 2004 qui a ouvert la voie à la privatisation, journée qui ne fera que donner plus de relief encore à la victoire politique qu’est cette mise sur le marché pour le gouvernement.

 

- Le 21 novembre au soir : SNCF. Cette journée d’action est la sixième depuis le début de l’année – après le 4 octobre, dans certains dépôts, la grève avait été fugacement reconduite. Mais cette fois, les principaux syndicats de conducteurs appellent à la grève « reconductible » (les guichetiers ayant été appelés à la grève … le 8 novembre).

Trois jours avant la grève, à l’unisson les voilà qui déclarent:

« « La grève n’est pas inéluctable », ont affirmé, hier, unanimes les fédérations CGT, FO, SUD et FGAAC de cheminots qui ont déposé un préavis reconductible à compter de lundi 21 novembre 20 heures. « La direction de la SNCF peut se saisir de la réunion bipartite prévue par le Code du travail dans le cadre d’un mouvement de grève et qui se déroule aujourd’hui, pour ouvrir de véritables négociations. Nous étions disponibles le week-end du 11 novembre pour négocier, nous le restons, y compris ce week-end », a ainsi déclaré le secrétaire général de la CGT, Didier Le Reste. »

 Le week-end, la nuit… La veille de la grève on apprend:

« Un porte-parole de la FGAAC a dit que son syndicat n'excluait pas de lever le préavis. "Pour le moment il est maintenu, en attendant le résultat des consultations de notre bureau fédéral, mais on ne l'exclut pas", a-t-il dit à  Reuters. »

Quant à Le Reste (CGT) il spécifie qu’il ne veut surtout pas de la grève: 

« "J'espère que la grève sera d'une durée limitée, mais tout ne m'appartient pas", a-t-il dit. »

 

Il fera le maximum en ce sens. A peine la grève engagée – et suivie malgré tout par les conducteurs bien que les taux de participation soient plus faibles que lors des précédentes journées – les négociations continuent sans cesse.

Dans la mesure où aucune revendication claire et nette n’a été mise en avant, les dirigeants syndicaux vont sortir de celles-ci en affirmant avoir obtenu ce qu’ils voulaient ! 0,3% d’augmentation des salaires… pour l’essentiel et une prime de 120 euros inférieure à ce que la direction avait budgétisé au titre de l’intéressement avant que l’absence d’accord fasse que cette prime ne soit pas versée. La CFTC ironise sur cette "démonstration de faiblesse":

«  La grève a fait 'pschitt', la CFTC l'avait prévu", a déclaré Bernard Aubin, secrétaire fédéral CFTC Transports. » (Reuters)

 

Dès le mercredi 23 « Eric Falempin, de FO-cheminots, a annoncé pour sa part "la reprise (du travail) un peu partout, sauf quelques dépôts à Marseille (décidément ! – Ndlr) et un dépôt sur Reims". »

Le 24, sur France 2, Luis Gallois se laisse aller :

« "Les syndicats ne vont pas relancer un mot d'ordre de grève d'ici quelques temps parce qu'ils n'ont pas franchement réussi mardi", (…) C’est une très mauvaise performance des syndicats. »

 

La grève de décembre sur la ligne D du RER d’Île de France justifiera cette arrogance de la direction. Partis en grève contre l’alourdissement considérable de leur charge de travail, les conducteurs y ont subi un échec cuisant et pesant, vu le caractère national, de punition exemplaire, donné à ce mouvement (depuis les tracts de la direction de la SNCF dénonçant les cheminots jusqu’à  l’intervention de Chirac contre la grève). A noter encore une fois durant cette grève:

« Les syndicats, qui réclament des aménagements du temps de travail, nécessitant une hausse des effectifs, ont affirmé avoir "revu à la baisse (leurs) revendications". »(AFP)

 

- Le 23, à la RATP, la direction CGT a lancé un appel « à se mobiliser » à l’occasion de la tenue du comité d’entreprise qui porte sur les décrets détruisant le régime de retraite Ratp (voir les interventions militantes dans ce numéro). Cet appel est évidemment peu suivi, et de toute façon l’essentiel est que la direction CGT-RATP participe à cette réunion, dernière étape de la « concertation » à la RATP avec le Conseil d’Administration du 25. La voie de la destruction du régime de retraite spécifique à l’entreprise est quasi inéluctablement ouverte.

 

- Le 24, dans l’enseignement secondaire, la direction du SNES appelle à la grève, seule ou presque, contre les mesures d’application de la loi Fillon. Résultat prévisible, vu les circonstances, et tout à fait conforme à ce qu’en attendaient les dirigeants syndicaux, plus préoccupés par les élections professionnelles de début décembre, et dont l’objectif n’est en rien de susciter un réel combat d’ensemble contre l’application des décrets sur les remplacements.

 

- Le 29, c’est aux Finances que se déroule une journée d’action avec manifestation centrale à Bercy, laquelle rassemblera peu d’agents. Comme l’écrit le supplément Finances à CPS diffusé dans la manifestation :

« Les directions fédérales conçoivent le 29 comme un moyen de pression sur le prochain CTPM du 16 décembre, et demandent  « l’ouverture de réelles négociations ».

Dans un tract du 24 novembre, les directions fédérales CGT, FDSU et UNSA reprochent même au gouvernement ceci : « Bercy se place donc dans une véritable logique de confrontation et d’affrontement » … C’est le monde à l’envers !

Ce sont précisément les directions syndicales dont la responsabilité est d’entrer, elles, dans une « logique d’affrontement » avec ce gouvernement ! »

 

Le 24 au soir:

« Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, constate jeudi l'impossibilité à l'heure actuelle d'une "action interprofessionnelle coordonnée" devant le refus des autres centrales, même s'il ne renonce pas à cette perspective, dans un entretien accordé à l'AFP. »

Le gouvernement a le champ libre.


« M. de Villepin rêve d'un pacte avec les syndicats »


Le 12 décembre, après maintes rencontres bilatérales officielles et officieuses, Villepin se rend à Grenelle. Le Monde titre  M. de Villepin rêve d'un pacte avec les syndicats  et souligne :

« Le choix du lieu est ainsi censée refléter l'ambition de M. de Villepin. Il veut parvenir à un accord avec les syndicats, dont il estime qu'ils sont confrontés à la même exigence que les politiques face aux citoyens : se fixer des objectifs et obtenir des résultats concrets. "Les Français croient toujours à l'utilité de leurs syndicats mais ils veulent désormais que leur action soit constructive et qu'elle débouche sur des résultats" analyse-t-on à Matignon, (…)

 M. de Villepin se propose donc d'"aider" les organisations syndicales à présenter une feuille de route, en ouvrant plusieurs chantiers assortis d'un calendrier de négociation. »

 

Les deux principaux « chantiers » ouverts ce jour par Villepin concernent les salaires, d’une part, et d’autre part la création d’un nouveau « contrat », le Contrat de Transition Professionnelle.

Concernant les salaires, alors que le ministre Larcher annonce que les branches professionnelles ont conclu leurs négociations, Villepin ressort des tiroirs la loi préparée par le gouvernement précédent sur la participation, qui complète les dites négociations de branches puisqu’une telle loi sert à aider les patrons à refuser des augmentations de salaires pérennes pour y opposer les primes d’intéressement, l’association capital-travail sous toutes ses formes.

Concernant les fonctionnaires, c’est aussi le mépris : les premières « négociations » ont vu le ministre arriver les mains vides et ne pas le cacher. Une telle outrecuidance pousse les dirigeants des fédérations à claquer la porte… avant de renouer immédiatement des contacts bilatéraux.

 

Mais la mesure la plus importante, expérimentée dans la foulée dans 6 villes, est celle du Contrat de transition Professionnelle. Maryse Dumas pour la CGT en dresse les caractéristiques principales :

« - le salarié licencié signera un contrat avec un groupement d’intérêt public (structure à créer).

- Ce groupement pourra mettre le salarié à la disposition d’entreprises publiques ou privées où il exercera une activité.

- Le salarié aura droit à une formation.

- Il touchera « quasiment » son salaire (France Inter annonçait 80%).

- Le groupement percevra les allocations chômage à la place du salarié. Il percevra également le prix facturé aux entreprises utilisant le salarié.

- Si cela ne suffit pas, l’Etat prendra en charge la différence. »

 

C’est une nouvelle attaque sérieuse contre les garanties existant dans le droit du travail : les chômeurs sont ainsi non seulement sortis des statistiques, mais encore et surtout mis à la disposition de tous les employeurs qui en font la demande sans toucher pour cela un seul centime de plus que ses allocations, captées au passage par un nouveau groupement dit « d’intérêt public ». Un nouveau bond en avant dans la précarité.

 

Il faut noter que même le patronat a été pris de vitesse, Laurence Parisot se déclarant « choquée » de découvrir dans le journal du matin les détails de ce nouveau « contrat » inventé pour mettre en pièces les contrats de travail – d’autant qu’il vient s’ajouter, en allant plus loin, au dispositif de Convention de Reclassement Personnalisé signé par les confédérations (sauf la CGT) et le patronat au printemps dernier. Villepin, zélote du bonapartisme qu’il est, a pratiqué en matière de destruction des contrats de travail de la même manière qu’en instaurant l’état d’urgence : au pas de charge.

 

Pour autant, l’appel au « dialogue social » lancé une nouvelle fois par Villepin est tout sauf formel. Une série de décisions visant à renforcer la concertation « en amont de la décision publique », « pour prévenir le conflit », sont mises en chantier.

Dans l’immédiat, le gouvernement s’appuiera sur l’accord négocié par le patronat et syndicats sur les seniors – qui crée un « contrat-vieux »  après les contrats-jeunes, CDD renouvelable jusqu’à trois ans. Villepin a annoncé une conférence nationale sur les seniors dès février. De même, Villepin a annoncé qu’il validerait l’accord sur l’Unedic.

 

Cet accord, il faut le préciser, est un accord à double fond.  Dans un premier temps, il réduit la durée d’indemnisation des futurs chômeurs, en changeant les filières d’indemnisation. Dans un second temps, l’accord prévoit une « remise à plat du système » pour 2006. C’est un jalon de plus vers la destruction de toute l’assurance-chômage, à mettre en relation avec le nouveau « Contrat » inventé par Villepin-Borloo.

 

Après avoir hésité, la confédération FO n’a pas signé cet accord, signature qu’il aurait été difficile de faire « passer » à l’intérieur de la confédération. Elle a mis ce refus au compte d’un non-respect de la part du Medef d’engagements pris dans la nuit sur la taxation du travail précaire.

Mais cette non-signature (celle sur les seniors étant toujours en suspens) ne doit pas masquer le cours politique suivi par Mailly, comme en témoigne cette réponse à une question du Figaro du 30 décembre :

« Ce refus de signer vous éloigne du champ du dialogue dans lequel vous vouliez replacer FO. »

Réponse de Mailly :

« Mais nous avons négocié! (…) Nous n'étions pas là pour faire de la surenchère (…) C'est nous qui avons fait toutes les propositions, notamment en ouvrant la discussion sur les filières. J'appelle ça du dialogue et de la négociation. »

C’est donc la délégation FO qui a proposé l’idée de réaménager les filières d’indemnisation, idée qui a abouti sur la diminution de la durée d’indemnisation.


Conférence nationale des finances publiques : une échéance d’importance


Deux jours après avoir fixé un cap aux directions syndicales réunies rue de Grenelle, Villepin est intervenu à la télévision et y a annoncé une autre initiative plus rapprochée encore à laquelle il compte associer les directions syndicales : une conférence nationale des finances publiques, pour fin janvier.

 

Le gouvernement avait préalablement organisé, notamment par la voix de Thierry Breton, un plan de communication catastrophiste sur l’ampleur de la dette française dont on découvrirait d’un coup qu’elle serait ingérable (cette dette rappelons-le dépasse les 60% du PIB, du même ordre de grandeur que les Etats-Unis ou l’Allemagne, nettement moins que l’Italie – 109% de son P .I.B. – sans parler du Japon, deuxième puissance économique mondiale, qui culmine à 175% de son P.I.B. – selon le Fmi).

A l’appui de ces propos, le rapport commandité au sieur Pébereau, remis le 14 décembre. Inutile de détailler exagérément ses propositions : couper brutalement dans les dépenses pour revenir à l’équilibre et, notamment, réaliser la « réforme de l’Etat » en profitant des départs massifs en retraite.

 

Les « contraintes européennes » ont été mises en avant par Villepin. N’y croiront que ceux qui le veulent bien. En réalité, la question de la dette est saisie par le gouvernement vu les circonstances politiques favorables comme un levier de la « réforme de l’Etat », précisément l’année où la « Lolf » entre en application. Or rappelons-le, la logique de la « Lolf » est en fin de compte d’appliquer aux dépenses publiques les critères d’évaluations des entreprises privées, de la concurrence.

 

Le Figaro paru le jour de la sortie du rapport Pébereau reprenait l’exemple instructif du Canada, loué pour avoir en quelques années diminué sa dette.

Sous le titre : « La recette du Canada : supprimer un poste de fonctionnaire sur cinq », ce quotidien soulignait


 « Cette réforme de l'État canadien a débuté avec une «revue de programme» qui a permis d'évaluer tous les grands projets et services du gouvernement au sein de chaque ministère (…) Dans un certain nombre de cas, le gouvernement a estimé qu'il n'avait plus à prendre en charge les services qui pouvaient être assurés par le secteur privé. 
»


Soulignant au passage qu’ « une partie des excédents budgétaires dégagés depuis 1997 ont été réinvestis dans la défense et la sécurité » (ce n’est pas la rigueur pour tout le monde), Le Figaro conclut :

« Dans un souci de plus grande rigueur financière, la nouvelle présentation du budget français (Lolf) s'inspire de l'exemple d'Ottawa puisque les dépenses ne sont plus affectées par ministère mais par «mission». »

 

Il s’agit bien pour le gouvernement au moyen de la dette de porter des coups brutaux aux fonctionnaires. Dès le 27 octobre, dans son point de presse mensuel, Villepin avait ouvert ce « chantier » :

« extension des horaires d’ouverture, allongement du temps de travail, casse des corps statutaires sous prétexte de « mobilité », substitution de primes d’intéressement et de productivité aux augmentations générales de salaires, et dans ce sens faire noter les agents par les « usagers »… » (supplément Finances à CPS du 26 novembre).

 

C’est en application d’une telle orientation que Yvon Jacob, le ministre de la fonction publique, s’est autorisé de recevoir les fédérations de fonctionnaires le 6 décembre pour … ne rien leur proposer du tout en matière d’augmentation salariale, sinon, évidemment trouver des mécanismes pour en finir avec les augmentations générales du point d’indice. Au terme de cette réunion, le ministre commentait, serein :

« «Personne n'a claqué la porte. Maintenant, on va se revoir en bilatérales »

Voilà la politique à laquelle la « conférence nationale sur les finances publiques » veut associer, voire ligoter, les organisations syndicales, au nom de la dette.

 

Aussi est-il nécessaire d’intervenir contre toute participation des directions confédérales ou des fédérations à cette conférence.

 

C’est aussi l’occasion de souligner que la « dette publique » ne vient pas de ce qu’il y aurait trop d’enseignants, d’infirmières, ou d’agents dans les ministères. Elle est le produit cumulé d’années et d’années d’exonérations de charges sociales, de baisse des impôts aussi, qui ont bénéficié aux plus grands exploiteurs et aux plus grandes fortunes de ce pays.

 

La dette publique provient aussi d’années de dépenses militaires exorbitantes, dont en particulier la récente loi de programmation. Il devrait aller de soi pour tout dirigeant d’une organisation syndicale ouvrière que cette dette n’est pas celle des travailleurs, et que ce n’est pas aux travailleurs et à la jeunesse de payer pour la gabegie des bourgeois, ce n’est pas au prolétariat de payer somme toute une deuxième fois l’argent qui a déjà été détourné par les gouvernements successifs au compte des plus gros groupes capitalistes à commencer par ceux du secteur de l’armement.  On peut encore ajouter que les intérêts de la dette alimentent les parasites de la finance et de la spéculation boursière, les grands groupes financiers.

 

Tout cela met en évidence à quel point il est scandaleux de la part du gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy, lui qui s’est particulièrement distingué dans les exonérations de charges, dans les baisses d’impôts pour les plus riches et  dans les dépenses militaires, d’utiliser la question de sa dette pour tenter d’associer les directions d’organisations syndicales à la « réforme de l’Etat » et à de nouvelles coupes budgétaires, etc. La responsabilité des directions syndicales, c’est de boycotter cette « conférence ».


Pour enrayer l’offensive du gouvernement et du patronat,
militer pour briser la politique de collaboration avec lui menée par les bureaucraties syndicales


« Nous allons accélérer » a promis Chirac lors de ses vœux du 31 décembre, placés sous le signe du « patriotisme ». Il a ajouté aux axes de combat mentionnés jusqu’ici celui d’une « réforme » des cotisations sociales aboutissant bien entendu à alléger le « coût du travail », proposition encore vague mais pourtant accueillie avec « intérêt » par les dirigeants CGT comme FO. Au terme de cet éditorial, on ne peut être surpris d’une telle tonalité.

 

La situation politique pour les travailleurs, la jeunesse, n’a pas à être embellie. Selon Le Monde, en 2004, le nombre de jours de grèves était tellement bas qu’il faudrait remonter à la fin du 19ème siècle pour trouver des comparaisons. Certes, l’année 2004 fut dominée par les conséquences immédiates de la défaite de 2003 sur les retraites, et il se peut que pour 2005 les choses soient légèrement différentes, notamment au vu des grèves du premier semestre sur les questions salariales.

 

Mais les modifications négatives intervenues dans les rapports entre les classes depuis l’annihilation des conséquences du référendum sur le plan intérieur pour la bourgeoisie française ne peuvent être niées. Les coups portés aux travailleurs des transports, notamment, eux qui avec les enseignants furent ces dernières décennies à la pointe des combats menés contre les gouvernements de la 5ème république, doivent être appréciés. Ainsi, à la RATP, il faut constater que sauf évènement imprévu la destruction du régime particulier des retraites sera passée sans même croiser en chemin une réelle journée de grève.

 

Pour autant, tout ce qui précède, ainsi que les interventions militantes qui suivent cet éditorial, montre avec netteté que la possibilité demeure que le prolétariat intervienne et combatte sur son propre terrain.

 

Aujourd’hui, des tractations au sommet ont commencé entre les partenaires de l’ex- « gauche plurielle » flanqués par moment de la LCR pour discuter des élections de 2007 et d’éventuelles alliances de gouvernement.

Tout le PS, après avoir réalisé la synthèse derrière la direction qui a appelé à voter « oui » à Chirac le 29 mai dernier, est orienté sur cette perspective. Les « forums » lancés par le PCF pour  associer autour de lui le prétendu  « formidable mouvement du non de gauche » s’avèrent être une nouvelle déconfiture – mais indiquent le même objectif que le PS, à savoir préparer les élections de 2007.

 

Mais pour les travailleurs, il ne peut s’agir aujourd’hui de se résigner à n’avoir d’autre horizon que les élections présidentielles et législatives de 2007. Des échéances pressantes et menaçantes sont à l’ordre du jour dès cette année, et tout faire pour enrayer l’offensive du gouvernement UMP Chirac-Villepin-Sarkozy est la seule orientation possible, et c’est d’ailleurs sur celle-ci que les élections de 2007 pourraient se charger d’un contenu positif pour le prolétariat.

 

Le présent éditorial a donné les grandes lignes de l’offensive gouvernementale et patronale. Il a aussi montré que les mettre en échec exigera le combat pour en finir avec l’association étroite des directions syndicales, et sur leur plan du PS et du PCF, à la politique ultra-réactionnaire que développe le gouvernement.

 

En ce sens il faut accorder une certaine importance à ce qui s’est déroulé en Grande-Bretagne à l’automne. Confrontés à une contre-réforme des retraites pour le secteur public devant faire passer l’âge de la retraite de 60 à 65 ans, « les treize syndicats concernés, qui représentent 3 millions de salariés du public, promettaient une grève d'une ampleur comparable à la grève générale de 1926. Leur menace a payé » selon Le Monde du 19 octobre.

 

Certes, si le gouvernement Blair a renoncé à son projet, ce n’est pas sur sa totalité ni pour toujours, et les situations politiques ne sont pas comparables (cf. le précédent numéro de CPS); néanmoins, c’est une confirmation : en dressant face au gouvernement à la solde du capital le front uni des organisations ouvrières pour le combattre et le vaincre, il est possible d’enrayer son offensive.

 

Telle est décidément, en France, la tâche de l’heure, dans laquelle s’inscrivent les interventions communiquées ci après, et à laquelle Combattre pour le Socialisme appelle à s’atteler. C’est dans ce combat que peuvent se réunir les conditions de la construction du parti révolutionnaire qui manque aux travailleurs et jeunes.


 

 

Le 3 janvier 2006

 

 

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