Article paru dans C.P.S nouvelle série n°21 de juin 2005

 

Italie :

Après les élections régionales, comment en finir avec Berlusconi ?

 

Les élections régionales de 2005, une cinglante défaite pour Berlusconi et ses alliés.


Bien que les pèlerins affluant à Rome pour l’enterrement du pape eussent réclamé sa canonisation immédiate, force est de le constater, aucun miracle n’a eu lieu.

Ce n’est certes pas faute d’avoir proclamé un deuil national de trois jours, ce n’est certes pas faute de déclarations de tout le personnel politique italien en hommage au « souverain pontife », jusqu’aux représentants des « Démocrati di Sinistra » (DS), et du « Partito della Rifondazione Communista » (PRC), issus de l’éclatement du PCI, qui y allèrent de leur petite phrase pour souligner l’engagement « moral » du pape des « droits de l’homme » - ce pape le plus ouvertement réactionnaire depuis Pie XII. Durant la semaine qui a suivi les élections régionales, leurs résultats  semblaient avoir été ensevelis sous l’afflux des représentants de la cagoterie catholique des quatre coins de la planète, les tenues chamarrées des cardinaux et l’hommage des chefs d’Etats de tous horizons.

Pourtant, pour comprendre les résultats des élections, nul besoin de conclave, d’interpréter les signaux de fumée : 11 régions à l’opposition sur les 13 en jeu. Seuls les bastions de la Lombardie et de la Vénétie ne sont pas tombés. Six régions ont basculé : le Latium (Rome), la Ligurie (Gênes), le Piémont (Turin), les Abruzzes, les Pouilles et enfin la Calabre. Dans toutes les régions déjà détenues par les coalitions dites de « centre-gauche », les scores ont été spectaculaires, jusqu’à 62 % en Emilie-Romagne, tandis que l’alliance du « centre droit », la « maison des libertés », n’y faisait que 30 % ! Partout le parti de Berlusconi, Forza Italia, perd des voix.

 

Fini, le vice-premier ministre déclarait le lundi 4 avril :

« le gouvernement est politiquement affaibli, il nous faudra beaucoup d’humilité et de sérieux pour que le résultat de 2006 nous soit favorable ».

C’est que ces élections faisaient figure de répétition générale pour les législatives de 2006. Tandis que Prodi, étonné lui même déclarait :

« Je ne m’attendais pas à un succès de cette ampleur. Les Italiens nous demandent de nous préparer à gouverner pour faire avancer le pays. »

Prodi propose donc de prolonger le bail de Berlusconi jusqu’en 2006. En attendant, c’est aux critiques de ses partenaires de la majorité, que Berlusconi a dû faire face, bien plus violentes que celles de l’opposition ! L’UDC, une des fractions de la démocratie chrétienne soutenant Berlusconi, réclame une « réflexion en profondeur », et souligne que ces élections étaient « un référendum sur Berlusconi ». Alors, le résultat est clairement non.

 

Finalement, c’est le président de la Cofindustria, la confédération patronale italienne, lui-même patron du plus grand groupe du pays, Fiat, qui évoquera des élections anticipées. Pour obtenir un gouvernement qui ait les moyens de gouverner. Mais après une mini-crise « parlementaire » entre les alliés de la « maison des libertés », Berlusconi qui avait dû démissionner, s’est vu confier la tâche de reformer un gouvernement, avec les mêmes ! Il déclare :

« le gouvernement terminera la législature et travaillera treize mois, soit plus que la moyenne des gouvernements du passé, qui tombaient tous les onze mois. » .

 

Et quel programme mettra en œuvre ce gouvernement ? Voici le compte-rendu qu’en fait le Monde du 28 avril :

« La relance proposée par Silvio Berlusconi pour la dernière année de la législature porte sur trois points : les entreprises, les familles et le Mezzogiorno. Le chef du gouvernement a annoncé une réforme de la fiscalité sur les sociétés, en particulier la réduction des cotisations sociales.

Ces mesures, destinées à réduire le coût du travail, devraient favoriser la consommation, a-t-il précisé, en augmentant le pouvoir d’achat des familles. Cela devrait représenter un dégrèvement de 12 milliards d’euros sur trois ans. M. Berlusconi a, par ailleurs, annoncé qu’il poursuivrait sur la voie des baisses d’impôts pour les faibles revenus. » 

 

Non seulement Berlusconi est maintenu au pouvoir, mais il poursuit sans encombre la liquidation de la sécurité sociale, au nom du « pouvoir d’achat des familles », comme si de rien n’était.

S’il peut le faire c’est que « l’opposition », responsable, charitable, le lui permet. Prodi déclarera donc : « si le gouvernement change de politique, nous l’aiderons ». Or, derrière Prodi, membre depuis toujours du personnel politique de la bourgeoisie à Rome comme à Bruxelles, s’alignent les dirigeants des partis du mouvement ouvrier italien, dans le cadre de la « grande alliance démocratique ». Leur attitude au lendemain des élections – que Berlusconi reste – résume la ligne qu’ils y ont défendue, à savoir boucher toute perspective politique propre au prolétariat.


Le prolétariat italien à nouveau interdit d’apparaître sur la scène des élections régionales.


Les élections sont l’occasion pour le prolétariat de se rassembler, de manifester son existence politique au travers d’un vote pour ses organisations, ses partis. En Italie, lors des régionales, il faut avouer que c’était particulièrement difficile, du fait de la politique menée par les dirigeants des DS tout particulièrement, mais aussi du PRC. Dans bien des régions, y compris des bastions, les DS ne se présentaient pas au scrutin sous leur propre nom, mais dans le cadre de la coalition de « l’olivier », composée donc des DS mais aussi de la « marguerite », parti bourgeois agglomérant certains écologistes, et des amis de monsieur Prodi, c’est à dire un fragment de la défunte démocratie chrétienne, qui a explosé au début des années 90 dans les scandales de la corruption et l’opération « mains propres ». Ainsi, en Emilie-Romagne, en Toscane, etc. il était impossible de voter pour les DS !

Ajoutons à cela que « l’olivier » était membre d’une coalition encore plus large, intégrant à gauche le Parti de la Refondation Communiste (PRC) et celui des Communistes d’Italie (CI), jusqu’à d’autres partis issus de la démocratie chrétienne en passant par les Verts. Un chat n’y retrouverait pas ses petits.

 

Le scrutin lui même se décomposait en deux parties : la présidence des régions, les sièges à pourvoir. Pour la présidence, le PRC a décidé de soutenir ce qui a été appelé la « grande alliance démocratique », ou « l’unione » en ne présentant aucun candidat hors de cette coalition dans toute l’Italie. Dans les Pouilles, le candidat du PRC avait remporté la primaire : il est devenu celui de… la coalition. Il a d’ailleurs remporté la région, mais en tant que candidat de l’alliance, donc d’une coalition bourgeoise.

Dans les autres régions, il faut le préciser, les candidats à la présidence soutenus par la GAD étaient plus souvent qu’à leur tour, des représentants politiques de la bourgeoisie, de la marguerite, voire purement et simplement des chefs d’entreprise censés représenter la « société civile ».

Ajoutons que le congrès du PRC qui avait lieu en février juste avant les élections, avait très majoritairement entériné l’accord électoral proposé par sa direction et Bertinotti, et même 60 % des délégués ont voté, au prétexte de s’opposer à Berlusconi, pour l’entrée dans un gouvernement dirigé par Prodi ou un de ses semblables (Rutelli, ancien maire de Rome, Marguerite a fait savoir qu’il se verrait bien dans le rôle), après les élections législatives de 2006.

 

Toute aspiration du prolétariat italien à se rassembler derrière les organisations issues du mouvement ouvrier pour tenter de porter un coup au gouvernement Berlusconi-Fini-Buttiglione, était donc détournée au profit d’une coalition dirigée directement par des représentants directs de la bourgeoisie italienne.


Une tentative d’approche de rapport entre les classes : les résultats du Piémont.


En dehors du Piémont, les DS ne se présentaient que dans le sud de l’Italie, en Campanie, par exemple, où ils arrivent après les représentants de la marguerite. Pour autant les DS se sont maintenus dans le scrutin pour la répartition des sièges dans cette région capitale. Turin est la ville où se trouve la plus grande concentration ouvrière au travers des usines Fiat, et c’est à Turin dès 1919 que se regroupèrent les premiers militants pour l’adhésion à la IIIème internationale derrière le journal Ordine Nuovo, les futurs fondateurs et dirigeants du PCI. C’est peut être pour ces raisons historique, que Fassino, secrétaire des DS et élu de la région n’a pu comme ailleurs ensevelir son propre parti sur le terrain électoral.

Quant à la présidence, les DS y avaient renoncé !


 

 

Partis

Voix

%

sièges

Alliances total

Sièges région

Forza Italia

458 305

22.4

11

 973 349, 47,7%

Ensemble des partis

soutenant le gouvernement

Berlusconi

23

A N

194 516

9.5

5

Lega Nord

173 208

8.5

4

UDC

93 998

4.6

2

Ambienta Lista

23 179

1.2

1

Socialisti Liberali

16 939

0.8

-

Partito Pensionati

14 204

0.7

-

Alter.Soc Mussolini

14 131

0.7

-

Liste sans alliance

-

Democrazia cristiana

14 204

0.7

-

Liste sans alliance

-

D S

411 615

20.1

11

595 687, 29 %, ensemble des

partis issus du mouvement ouvrier

16

PRC

130 684

6.4

4

C I (scission Cossuta)

53 388

2.6

1

La margherita

212 072

10.4

6

Partis bourgeois de la GAD,

448 750, 22 % (total opposition

centre-gauche 1 044 437), 51%

10

UDEUR-popolari

10 687

0.5

-

Verdi

57 426

2.8

1

SDI

49 983

2.4

1

Pensionati Europa

5162

0.3

-

Insieme per Bresso

60 309

2.9

1

L’Italia dei valori

30 947

1.5

1

Lista consumatori

22 164

1.1

 


Ces indications montrent à quoi s’en tenir sur le plan de l’appréciation des rapports politiques entre les classes. Dans la région où c’est le plus favorable pour eux, les partis issus du mouvement ouvrier arrivent loin derrière l’alliance des partis soutenant Berlusconi !

Dans les autres régions de telles comparaisons sont possibles : dans les Pouilles, les trois partis issus de feu le PCI atteignent 24% des exprimés, en Calabre, 20,5%, dans les Abruzzes, 26,4%, en Campanie 22%.

 

C’est bel et bien le résultat politique d’un travail de sape de longue haleine, depuis 1991, les dirigeants du PCI ont tout fait pour faire disparaître et dissoudre leur propre parti. Pour les représentants de son aile majoritaire, les DS, ils ont réussi depuis 15 ans à faire disparaître, les mots « partis » et « communiste », au profit de ce vocable étranger en soi à la classe ouvrière : « démocrates de gauche ». Depuis lors ils se sont présentés presque systématiquement sous l’étiquette « Olivier », c’est-à-dire en coalition avec le « centre-droit », principalement des fragments de la Démocratie Chrétienne qui avait explosé dans l’opération « mains propres » en 1992. C’est à cette œuvre que l’aile « gauche » issue de l’éclatement du PCI, vient de se raccrocher, sous la forme de « l’unione ».


La politique de liquidation du mouvement ouvrier italien, menée depuis la direction de son parti traditionnel le plus puissant, l’ex-PCI, porte ses fruits sur le terrain électoral, sur le terrain de liquidation aux yeux des masses, de la perspective d’un gouvernement de ses seules organisations, mais ne suffit pas à ne pas rendre compte des rapports réels entre les classes. En effet, Berlusconi subi une défaite électorale dans une situation où prolétariat italien n’a cessé de combattre depuis 2001 contre son gouvernement, sans subir de défaite politique, même si celui-ci a pu engranger des acquis au compte de la bourgeoisie italienne en crise.


Depuis 2001, un prolétariat qui combat.


Malgré le ton donné par la répression policière des manifestations de Gênes en 2001, jamais le gouvernement Berlusconi n’a pu venir à bout même momentanément de la volonté de combattre du prolétariat italien. En 2002, la gigantesque manifestation du 23 février dans la capitale a montré la puissance (et les limites politiques) du prolétariat italien. Cette manifestation de 2 millions et plus de travailleurs à Rome posait déjà la question de l’existence du gouvernement.

Ce type de mouvement de masse, résultat de l’appel uni des dirigeants des syndicats, CGIL et UIL, et aussi des DS et du PRC, s’est reproduit, de manière atténuée, ou encore massive, à plusieurs reprises ; ainsi la « grève générale » de 8 heures du 16 avril 2002, ou au mois de novembre 2004, une nouvelle « grève générale » de 4 heures, demi-journée d’action généralisée, qui a mobilisé plusieurs centaines de milliers de travailleurs. Les manifestations contre la participation de l’Italie à la coalition d’agression contre l’Irak en 2003 ont été assez massives, bien que moins importantes que celles qui eurent lieu en Espagne et au Royaume Uni.

 

Le prolétariat italien n’a pas subi de défaite majeure, et il a tenté d’engager le combat à de nombreuses reprises, sur de nombreux aspects de la politique du gouvernement Berlusconi : article 18 sur les licenciements, réforme Moratti de l’enseignement parallèle à la modification de la constitution organisant la « décentralisation » à l’italienne, sous prétexte de « fédéralisme », retraites, budgets, participation à la guerre.

Cette disponibilité au combat, cette lutte de classe sans répit, n’a pu être détournée de son but, le combat contre le gouvernement, que par la politique des dirigeants du mouvement ouvrier italien, ceux de la CGIL et de l’UIL, des DS et du PRC. Elle s’est illustrée par les développements de la lutte des classes dans les mois précédents les élections.


Deux mouvements : les traminots et Fiat-Melfi.


Durant l’hiver 2003/2004, puis au printemps 2004, deux mouvements grévistes fort différents d’ailleurs, ont montré la disponibilité du prolétariat italien pour le combat. Deux secteurs clés du cœur de la classe ouvrière italienne, les transports urbains et les métallos de Fiat, entreprise centrale de l’économie italienne. Les deux conflits ont pris une tournure politique au sens où ils ont remis en cause très directement l’autorité du gouvernement, sous la forme du refus d’obtempérer devant la loi limitant le droit de grève dans les transports, ou encore le refus de céder après l’évacuation d’un piquet à Melfi par la police.

 

Dans les transports urbains, le mouvement de décembre 2003/janvier 2004 a éclaté à propos de la question salariale. Alors que le salaire moyen des conducteurs de tramways, de bus des villes italiennes est de 950 euros, la convention collective, selon l’accord de 1993, prévoit une « progression » salariale en vertu d’une inflation « programmée », pour deux ans. Cette dernière est toujours bien entendu inférieure à l’inflation réelle constatée pendant la période. En conséquence de quoi, la dernière convention signée en 2000, aurait dû être réactualisée sur les salaires en décembre 2001 de façon à combler l’écart entre l’inflation réelle et les augmentations consenties par la direction en vertu de cette inflation prévisionnelle.

A l’occasion de la journée d’action du 1er décembre 2003, à Milan, les traminots ont débordé le cadre fixé par les appareils, les lois de 1990 et 2000 sur « l’autorégulation » des conflits, en faisant grève tôt le matin, et tard le soir, c’est à dire aux heures de pointe. En outre la participation générale dans les grandes villes italiennes était de 90 à 100%. Immédiatement le préfet de Milan a interdit la poursuite de la grève dans la ville, appuyé sur le gouvernement et les autorités réclamant de sévères sanctions. Même les DS, ou encore les directions confédérales, notamment celles de la CGIL et de l’UIL ont condamné l’attitude des « autoferrotranvieri » de Milan.

 

Pourtant les syndicats locaux ont déposé de nouveaux préavis, et le 13 décembre, ces « règles » anti-grève ont été enfreintes dans de très nombreuses villes, et les dépôts ont été bloqués par des piquets à Turin et Brescia. Les travailleurs réquisitionnés par l’administration se sont immédiatement mis en arrêt maladie. Une grève sans préavis a bloqué la ville de Gênes le 19 décembre. L’affrontement pratique entre les traminots et leur direction était intense, même s’il n’a pu se centraliser en un combat unique.

Le 20 décembre, un accord intervenait entre les directions des transports urbains et les syndicats appartenant aux confédérations. 81 euros d’augmentation mensuelle, et une prime de 970 euros au titre du rattrapage depuis 2000. En janvier 2004, un nouvel appel à la grève des Cobas (Comité de base, entités syndicales fondées dans les années 70, dites de bases, autonomes, c’est-à-dire anarchisantes ou gauchistes) a été suivi par 70 à 90 % des travailleurs du secteur des transports, en respectant cette fois-ci les dispositions légales. Cette grève a empêché la ratification rapide par les dirigeants des syndicats confédérés d’un accord de branche sur les bases du 20 décembre.

 

A nouveau le 12 et le 13 janvier 2004, les transports milanais étaient paralysés par une grève sans préavis. Le 14 janvier 2004, l’ATM, entreprise des transports milanais, signe un accord complémentaire avec les trois fédérations des transports CGIL, UIL et CISL, l’employeur s’engage à rajouter 25 euros supplémentaires aux 81 consentis nationalement, portant l’augmentation mensuelle à 106 euros. Sans avoir obtenu une victoire totale, les travailleurs de la branche ont limité les effets de la perte du pouvoir d’achat, et surtout, sont passés outre les lois sur le service minimum à plusieurs reprises entre décembre et janvier, paralysant les grandes villes italienne, manifestant ainsi leur force après des années de réquisitions, et de grèves de 4 ou 8 heures qui rendaient vaine leur mobilisation.

 

L’usine Fiat de Melfi, dans le Basilicate, au sud de l’Italie, construite en 1993, emploie 5 100 ouvriers, c’est donc avec le site napolitain de la firme, la deuxième concentration ouvrière après Turin (14 500 ouvriers). L’usine de Melfi est la plus productive du groupe : les ouvriers y montent 1200 voitures par jour, tandis que ceux de Turin, trois fois plus nombreux n’en fabriquent que 900. Ces résultats sont obtenus notamment par un appareil productif plus récent et une très grande différence de traitement des ouvriers. En effet, les ouvriers de Melfi ne sont pas concernés par l’accord général de Fiat, mais un accord d’entreprise particulier ; les salaires sont 15 % inférieurs, les rythmes de travail beaucoup plus élevés, les ouvriers travaillent douze jours de suite avant d’avoir droit à un repos compensateur, même s’ils travaillent de nuit. Les mesures disciplinaires pleuvent, 10 par jour en moyenne, elles se traduisent par des mises à pied et des suspensions de salaires.

Le 19 avril 2004 la grève débutait alors que seule la FIOM, fédération des métallos de la CGIL, avec les syndicats autonomes, comme les Cobas, a soutenu la grève. Le chômage technique s’est alors étendu dans tout le groupe. La direction a alors tenté d’organiser une manifestation contre les grévistes qui paralysent le groupe et les travailleurs de Turin. C’est ainsi que la direction avait réussi à briser la grève de 1980 à Turin, où le site était occupé. La contre manifestation de Melfi échoue.

Le 24 avril, une discussion entre syndicat et direction s’est ouverte à Rome. L’UIL et la CISL y participèrent ainsi que la FIOM pour la CGIL, sous les pressions contradictoires de l’appareil et des grévistes ; G. Epifani (secrétaire général CGIL) déclarait le 24 avril même :

« Il est évident que l’on ne peut pas aller de l’avant pour un temps infini avec un blocus de la production, dont on peut certes se servir pour porter un coup, mais qui n’est pas la forme appropriée pour gérer une lutte qui a des caractéristiques nouvelles ». (Décidément la « nouveauté des formes de lutte » chez les dirigeants syndicaux est partout la même : ne plus appeler à la grève).

 

Le 26 avril, alors que la police n’était plus intervenue contre des grévistes en Italie depuis 1969, elle a forcé le piquet de Melfi en faisant 13 blessés. Cette mesure a suscité une émotion dans tout le prolétariat italien. La FIOM a alors appelé à 4 heures de grève de solidarité dans tout le groupe, et les travailleurs de Mirafiori, à peine sortis du chômage technique se sont lancés dans la grève.

Des négociations ouvertes le 28 avril, ont débouché le 9 mai sur l’accord suivant :

          alignement des salaires, par 105 euros d’augmentation en trois étapes de juillet 2004 à juillet 2006 ;

          les équipes continues de 12 jours sont abolies, le travail est organisé en une semaine de six jours, suivie d’une semaine de quatre jours ;

          la commission paritaire « conciliation et prévention » doit réexaminer les mesures disciplinaires des douze derniers mois.

 

En réalité si les revendications ne sont pas totalement ni immédiatement satisfaites, la direction a tout de même dû reculer face à au mouvement des ouvriers de Melfi et à la menace d’une grève générale dans tout le groupe contenue dans la grève de 4 heures de Turin.

 

Mais sur d’autres plans, le gouvernement Berlusconi a engrangé les acquis politiques pour la bourgeoisie.


L’achèvement de la contre-réforme des retraites.


Entamée en 1992, la contre-réforme des retraites s’est achevée à l’été 2004. Selon une note d’information du C.O.R., décrivant le processus entamé en 1992, deux grandes étapes avaient été franchies, la première sous le gouvernement d’Amato, en 1922, la seconde en 1995, sous le gouvernement Dini. Avant 1992, le système de retraite était composé de deux pensions, la pension d’ancienneté, octroyée sans condition d’âge, mais avec 35 annuités dans le privé, 20 dans le public (15 pour les femmes), et la pension vieillesse, octroyée sur condition d’âge, 60 ans pour les hommes, 55 pour les femmes et 15 ans de cotisations. Les taux de remplacements pouvaient atteindre 80 % pour 40 annuités, plus encore dans le secteur public.

En 1992, le gouvernement Amato a rallongé les taux de cotisations et augmenté l’âge d’accession à la pension vieillesse, 5 ans de plus de cotisation, 5 ans de plus pour les départs en retraite ; les travailleurs du public ont été alignés sur ceux du privé pour la pension d’ancienneté, à 35 annuités. Les pensions ont été indexées sur les salaires.

En 1995, la contre-réforme du gouvernement Dini, dit de « techniciens », est allée plus loin encore. Elle a créé un compte individuel pour chaque assuré, donc en fonctionnant comme une retraite par capitalisation. L’évolution du capital virtuel constitué par les années de cotisations, est fonction du taux de croissance du PIB, de l’évolution de l’espérance de vie, bref il s’agit d’en finir avec une retraite définie par du salaire différé, mais lier celle-ci à l’évolution économique générale. En réalité, cela sert notamment à produire une baisse drastique des pensions versées. Avec 40 annuités à 60 ans, le taux de remplacement Dini est de 56.2 % contre 80 % auparavant.

Les conséquences de ces deux contre-réforme du système de retraite ont été d’allonger en général la durée du travail, de maintenir les cotisations des salariés, et de faire baisser de manière vertigineuse les pensions versées.

 

Le gouvernement de Berlusconi a œuvré à terminer le travail, en repoussant l’âge minimum de départ en retraite, de 57 à 60 ans, puis 61 ans à partir de 2010 pour les pensions d’ancienneté. Le total d’annuité nécessaire sera de 35, mais avec 40 annuités on ne tiendra plus compte d’un quelconque âge minimum. Si les femmes pourront bénéficier encore du vieux système elles devront se contenter d’un mode de calcul de leur retraite beaucoup moins avantageux, ne prenant plus en compte les derniers traitements comme base de la pension.

 

Quant à ceux qui resteraient plus longtemps que leurs 35 annuités et au-delà de 60 ans, ils toucheraient un salaire majoré de l’équivalent des cotisations sociales qu’ils n’auraient plus à verser. Le gouvernement tente aussi, toujours sur une base volontaire, de stimuler les retraites complémentaires par le biais du « trattamento di fine rapporto » (TFR), la somme que l’employeur est obligé de provisionner pour la verser au salarié à la fin de la carrière.

Le Monde du 03/08/2004, apprécie :

« Sur le plan financier, la réforme vise à réaliser une économie de 0,70 % du produit intérieur brut à partir de 2008, soit, selon les estimations de la sécurité sociale, 360 millions d’euros. Mais c’est sur le plan politique qu’elle revêt encore plus d’importance pour le Cavaliere. En 1994 déjà, lors de son premier gouvernement, il s’était essayé à une réforme en profondeur des retraites mais avait dû y renoncer face à la mobilisation des syndicats qui avaient fait descendre plus d’un million de personnes dans la rue. Cette fois aussi, plusieurs grèves générales ont été proclamées mais M. Berlusconi a maintenu le cap. A la rentrée, annoncent les syndicats, la lutte reprendra. »

 

Quant à l’Humanité, voici ses explications :

« En pleine crise politique, «Il Cavaliere »  a dû recourir au vote de confiance pour faire adopter une réforme des retraites très dure pour les travailleurs.

En votant hier la confiance au gouvernement, les députés ont certes sauvé la mise à Silvio Berlusconi et permis l’adoption sans heurts de sa réforme des retraites. L’issue du vote ne faisait guère de doute : les quatre partis de la coalition avaient appelé à soutenir le premier ministre. »

Une « crise politique », peut-être, mais dont les effets pour les travailleurs ne se font guère sentir !

 

Une nouvelle fois les directions syndicales (CGIL, UIL et même CISL) avaient appelé à une grève générale à cette occasion, en mars 2004. Selon l’AFP :

 «  La durée des arrêts de travail a varié entre 4 et 8 heures selon les secteurs d’activité et les régions. Ecoles, banques, postes, administrations sont restées fermées toute la journée…Un service minimum a toutefois été assuré dans les transports publics et la grève ne concernait pas le secteur aérien, qui sera en revanche touché le 5 avril. Les syndicats assurent être parvenus à bloquer le pays et affirment avoir rassemblé 200.000 personnes à Milan pour manifester avec le secrétaire général de CISL, Savinio Pezzotta; 120.000 à Palerme (Sicile) avec celui de la CGIL, Guglielmo Epifani, et 80.000 à Rome avec le leader de l’UIL, Luigi Angeletti.

 

Des dizaines de milliers de personnes ont également manifesté à Naples, Gênes, Turin, Florence, Bologne, Cagliari (Sardaigne) et Venise. A Parme, les salariés du géant agroalimentaire Parmalat, dont les emplois sont menacés par les malversations de leurs anciens dirigeants, étaient en tête du cortège. Partout, les syndicats avaient distribué aux manifestants d’énormes ballons gonflables à l’effigie du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. L’Italie n’avait pas vécu de grève générale pendant vingt ans, mais depuis le retour de la droite au pouvoir en mai 2001, elle en a subi quatre : avril 2002, octobre 2002, octobre 2003 et mars 2004. »

 

En définitive, cette « grève générale » a encore été contrôlée de bout en bout par les appareils : elle est restée coulée dans le moule de la journée d’action, avec manifestations décentralisées, en respectant les horaires fixés par le service minimum des transports.

 

Pour autant, l’achèvement de la contre-réforme des retraites ne peut être comparée à ce qui s’est passé en France en mai-juin 2003. Elle n’a pas le caractère d’une défaite politique d’ampleur, même si elle s’inscrit dans le mouvement général de destruction des conquêtes ouvrières en Italie, comme dans le reste de l’Europe.


« Réforme fédérale », contre-réforme de l’enseignement, réforme fiscale.


En parallèle le gouvernement a mené une « réforme fédérale », qui d’ailleurs a subi les aléas politiques liés à la question des retraites. En mars 2004, une première mouture en avait pourtant été adoptée, mais les remous suscités par la politique du gouvernement, s’étaient traduits par des « affrontements » dans la majorité. Ce n’est qu’en octobre, et à la suite de la bataille acharnée de la Ligue du Nord, qu’elle a été adoptée en première lecture. Il faut noter toutefois que son adoption définitive n’était prévue, après le vote du Sénat, qu’après les vacances parlementaires de Pâques 2005. Le gouvernement ne semble pas tellement accorder la première place à cette « réforme » de l’Etat, tandis que la Ligue elle s’acharne à tenter d’accélérer le processus. Après les déclarations de Bossi, un ministre de la ligue du Nord a démissionné en mars 2005.

Cette réforme permet le transfert exclusif aux régions italiennes, de l’enseignement, de la santé, et de la police locale. Il est question aussi de transférer le cadre contractuel des conventions collectives aux régions. Il faut noter que cette « réforme fédérale » se double, et ce n’est pas vraiment contradictoire, d’un renforcement des pouvoirs du gouvernement, et en particulier de son chef, qui de « président du conseil » devient le « premier ministre ». Le Sénat doit aussi pouvoir « représenter les équilibres régionaux ». Il s’agit donc d’un levier pour détruire les garanties nationales en matière de politique sociale. D’autant plus important dans un pays où les écarts économiques et sociaux entre le Nord et le Mezzogiorno sont énormes, dans un pays qui n’est unifié, imparfaitement, que depuis 1860-1870. D’autre part c’est une tentative de renforcer les pouvoirs de l’exécutif dans des institutions encore profondément marquées par le parlementarisme (ce dont Berlusconi se plaignait encore en 2004 en ces termes « il est difficile de faire avancer les choses quand notre système parlementaire requiert des délais bibliques pour l'approbation des lois »).

 

La contre-réforme Moratti de l’enseignement découle du dispositif d’ensemble de la « réforme fédérale ». Son axe affiché, ce sont les trois « i » : « informatica, inglese, impressa », c’est à dire informatique, anglais et entreprise. Une sorte de « socle commun » à l’italienne, décidemment les Alpes ne sont pas une frontière pour les plans de la bourgeoisie, qu’on juge ! Sous prétexte d’individualisation des parcours, le cadre national de l’enseignement vole en éclat, des matières sont supprimées, les entreprises rentrent massivement, par le biais des régions dans les écoles, et du financement des activités scolaires, mais surtout de l’orientation professionnelle dès 13 ans. Une note de conduite accompagnera les collégiens et lycéens italiens, tandis qu’une partie des horaires seront dévolus à des enseignements régionaux.

 

Une journée d’action le 15 novembre 2004 a eu lieu, pour le « retrait de la réforme Moratti », il faut noter qu’elle a regroupé que 200 000 manifestants à Rome … en deux cortèges séparés ! Malgré son activité le corps enseignant n’a pourtant pas pu faire reculer le gouvernement. Le gouvernement n’a d’ailleurs pu empêcher la mobilisation des enseignants, tant que le paquet global de la « réforme fédérale » n’a pas été totalement adopté.

 

Quant au budget 2005, il abolit, tout simplement, la progressivité de l’impôt sur le revenu ! Un vaste plan de cadeaux fiscaux à la bourgeoisie italienne, sous couvert de « crise du pays » l’accompagne. Une nouvelle journée d’action « grève générale » de 4 heures est venue ponctuer l’adoption de la loi de finance, le 30 novembre, sans toutefois entraver nullement le gouvernement.


Malgré les coups portés, la crise de la bourgeoisie italienne demeure.


La crise de la bourgeoisie est multiforme, elle revêt en particulier la forme d’une crise permanente de sa représentation politique depuis le début des années 90 et l’explosion de la Démocratie Chrétienne. Mais en ce moment, l’Italie subit une profonde crise économique. La croissance économique, le développement de la lutte des classes, la concurrence internationale, en particulier dans le cadre de l’Union européenne, tout cela fait aujourd’hui de l’Italie un des « hommes malades » de l’Europe. Le taux de croissance italien est anémique, l’euro fort, fait un tort tout particulier à l’Italie dont la monnaie traditionnellement faible permettait des exportations compétitives notamment vers le nord de l’Europe. La part des entreprises italiennes sur le marché mondial est passée en dix ans de 4 à 3%.

 

Les faillites se succèdent, en 2003 le groupe Parmalat, Alitalia en 2004, Candy. Même Fiat, l’entreprise pivot du capitalisme italien a connu en 2002 une quasi-faillite. Après la mort des Agnelli, une menace pèse sur le capital de cette entreprise qui pourrait se trouver contrôlé par le capital bancaire italien, et son partenariat avec GMC, ne s’est traduit par aucune recapitalisation durant la crise de 2002. L’Italie est aujourd’hui en récession et le patronat s’alarme de la situation.

La place même de l’Italie dans le monde et l’Europe est de plus en plus contestée. Le différent qui oppose l’Italie à l’Allemagne, à propos de la question de la réforme du conseil de sécurité est évocatrice. Selon           Le Monde du 25/09/04 :

« le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé que le meilleur moyen d’obtenir un Conseil plus ouvert et plus efficace était de « créer de nouveaux sièges de non-permanents » et non de procéder à de nouvelles nominations permanentes et irrévocables. « Certains pays ont plaidé pour l’addition de nouveaux sièges supplémentaires... pour eux-mêmes », a-t-il ironisé. Le ministre a rappelé que l’Italie est le sixième contributeur au budget de l’ONU. L’Italie s’est toujours vivement opposée à la candidature de l’Allemagne. Cette fois, elle ne brigue cependant plus le siège pour elle-même, semblant entériner le fait que Londres et Paris ont pris position pour Berlin (les Etats-Unis, qui soutiennent le Japon, n’ont pas mentionné l’Allemagne). »

 

Les déclarations contradictoires de Berlusconi sur le retrait ou non des troupes italiennes en Irak, ont aussi également mis en lumière la sujétion de la bourgeoisie italienne à l’impérialisme américain, et sa position de faiblesse.

 

Pour toutes ces raisons, il est nécessaire à la bourgeoisie italienne de mener une politique anti-ouvrière. Mais une fraction importante, essentielle du capital italien, conteste aujourd’hui la méthode du gouvernement Berlusconi. Si des victoires politiques sont bel et bien engrangées, dans les cercles dirigeants de la bourgeoisie italienne, on propose ouvertement des méthodes d’association du capital et du travail, que Berlusconi n’est pas nécessairement le mieux placé pour réaliser – mais Prodi et « l’unione », si. C’est aussi le sens des appels de Montezemolo, dirigeant de la Cofindustria, aux syndicats, pour réaliser un « pacte social» au printemps 2004. Mais les négociations en ce sens, engagées avec les dirigeants de la CGIL, ont avorté.

Sans doute faut-il chercher dans cette situation le sens du « réveil » des procédures judiciaires contre Berlusconi, qui apparaissent régulièrement, notamment avant les élections régionales comme après, au moment pour une fraction de la bourgeoisie de le pousser vers la sortie. Ce qui avait été le cas en 1994.

 

A ce jour, après la défaite électorale de la « maison des libertés », les affrontements entre ses partis, notamment, entre l’UDC et l’Alleanza nazionale de Fini, et Forza Italia de Berlusconi, les rangs se sont resserrés pour entamer une nouvelle phase de l’offensive contre le prolétariat italien, sous la forme d’un plan de liquidation des « charges », c’est-à-dire du salaire différé et des cotisations que paie le patronat italien, notamment pour la santé publique. Et durant encore treize mois Berlusconi devrait, sauf événement imprévu terminer son mandat. S’il n’est pas favori pour les élections de 2006, le « centre gauche », Olivier, ou « unione », n’offre aucune perspective politique propre au prolétariat italien, mais au contraire des ressources pour la bourgeoisie italienne, et notamment empêcher la formation du Front Unique en Italie.


Battre Berlusconi et son gouvernement, c’est combattre malgré les obstacles
pour le Front Unique des organisations du mouvement ouvrier italien.


L’aspiration du prolétariat italien est certainement d’affronter le gouvernement Berlusconi 2, et le faire tomber avant la fin de son mandat. Pour cela, il s’agit – les occasions ne manquent et ne manqueront pas – d’opposer à Berlusconi le front unique des organisations du mouvement ouvrier.

Dans cette voie, nombreux et considérables sont les obstacles. Le plus important est l’absence de perspective politique propre au prolétariat italien, pris en otage au sein de coalitions en forme de poupées russes et menées par des politiciens bourgeois. Difficile dans ces conditions, bien qu’indispensable, de poser la question d’un gouvernement qui le représente, un gouvernement de ses seules organisations. Cela passe à l’évidence par le combat pour que DS et PRC rompent avec Prodi, quittent qui l’Olivier, qui l’unione, et posent leur candidature au pouvoir.

 

Sur cette perspective, le prolétariat italien cherchera forcément pour combattre, à imposer que les organisations qui sont le plus immédiatement à sa portée, ses syndicats, combattent ensemble pour en finir avec Berlusconi et sa politique (rappelons que la CGIL, confédération ouvrière, compte 5 millions d’adhérents, et que c’est à son appel, celui de l’UIL, de DS, du PRC, qu’ont eu lieu les grandes manifestations et grèves de ces dernières années).

 

Les difficultés sont nombreuses, et d’autant plus qu’il n’existe en Italie aucune force combattant sur cette perspective, combattant pour libérer la classe ouvrière de toutes les combinaisons politiques bourgeoises. Ni lors du récent congrès du PRC, qui a avalisé l’entrée dans la grande union, derrière son leader Bertinotti – surnommé « prodinotti » - et avec la participation, critique, comme il se doit, des camarades de la LCR en Italie. Ni au sein des DS malgré l’existence d’un courant d’opposition, le « correntone », qui n’a pas remis en cause l’alignement derrière Prodi.

 

Mais le prolétariat combattra, et les nécessités de ce combat finiront par dégager à une autre étape les opportunités et les matériaux pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire en Italie – quand bien même aujourd’hui, plus que jamais, ce pays fait figure de pointe avancée de la décomposition du mouvement ouvrier européen.


 

Le 10 mai 2005.

 

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