Editorial de CPS nouvelle série n°12, paru le 31 mai 2003

 

Pour arracher le retrait du projet de loi Fillon, la responsabilité des dirigeants confédéraux (CGT et FO), fédéraux (FSU, …), du PS et du PCF est totale .

C'est d'appeler, maintenant, à :

Une manifestation à un million et plus à l'Assemblée nationale pour imposer le retrait du projet de loi Fillon,

 contre le gouvernement Chirac-Raffarin et sa majorité UMP 

 

13 mai, 19 mai, 25 mai, les travailleurs ont parlé clair et net : pour le retrait inconditionnel du plan Fillon,
pour l'appel des directions confédérales et fédérales à la grève générale


Le 13 mai, près de deux millions de travailleurs et jeunes défilaient dans toutes les villes de France. Parmi eux, par dizaines de milliers, des enseignants en grève contre le projet Fillon sur les retraites, mais aussi contre le transfert de pans entiers de l'enseignement public et ses personnels aux collectivités territoriales. Parmi eux, les travailleurs de la Fonction publique, hospitaliers, communaux, fonctionnaires, pour la défense de leurs régimes de retraite, mais aussi ceux de l'enseignement supérieur confrontés au projet de loi sur l'autonomie des universités.

 

Le 13 mai aussi, en masse, les travailleurs du secteur public de l'île de la Réunion qui n'ont cessé depuis des mois de faire grève et manifester, ceux de Corse. Parmi eux, encore, de nombreux électriciens et gaziers, eux dont le "non" à la remise en cause de leur régime particulier lors du référendum de janvier a été le premier revers dans l'offensive du gouvernement contre tous les régimes de retraite. Parmi eux, les cheminots SNCF et agents RATP, conscients du danger pour leurs régimes que représente le projet Fillon. Mais aussi des secteurs de la classe ouvrière frappés par les licenciements (Alsthom, GIAT, Metaleurop, etc.), et, plus généralement, des manifestants venus de grandes entreprises (Renault, Peugeot, …), contre l'allongement de leur durée de cotisation.

 

Dans tous ces cortèges, la revendication du retrait du plan Fillon, que jamais les directions syndicales n'ont pourtant formulée. De multiples slogans demandent la démission de tel ou tel ministre, de Raffarin, et même, pour la première fois depuis les présidentielles, mettent en cause Chirac.

Dans tous ces cortèges, et plus chez les centaines de milliers de manifestants du dimanche 25 mai, une exigence : "grève générale!"… exigence adressée de partout en France aux directions syndicales CGT, FO, FSU, par mail, fax, pétitions, motions votées en Assemblées générales. 

 

Les grèves (essentiellement dans l'enseignement), les manifestations, expriment le rejet par la masse des travailleurs de la politique du gouvernement UMP, Chirac-Raffarin, de ce gouvernement. Et c'est ce que concentre l'exigence unificatrice du retrait du projet de loi Fillon qui passe à l'Assemblée nationale à compter du 10 juin.


Le projet de loi Fillon : un hold-up sur les retraites


La contre-réforme gouvernementale contre les retraites porte la hache sur des acquis datant de l'après-guerre. Pour les fonctionnaires, premiers visés, ce plan signifie le passage à grande vitesse à quarante annuités, une sévère baisse des pensions réelles et, de fait l'instauration de la retraite à 65 ans pour la plupart, de cinq ans plus tard pour tous. Pour l'ensemble des travailleurs, le projet de loi indique que la durée de cotisation sera portée à 41 annuités dès 2012, puis que, en fonction de divers paramètres, il devrait atteindre les 42 ans en 2020.          

 

Le projet de loi charge expressément le Conseil d'Orientation des Retraites – donc les organisations syndicales qui y siègent, sauf si elles devaient enfin le quitter – de fournir un des rapports qui serviraient de base aux allongements ultérieurs. Le Conseil économique et social – autre organisme d'association des organisations syndicales créé par de Gaulle – serait aussi mis à contribution. Le gouvernement en place arrêterait, tous les quatre ans, la durée effective de cotisation ouvrant droit à la retraite à taux plein. Ajoutons que l'adoption du projet Fillon pèserait gravement dans les "négociations" prévues à l'automne sur les régimes de retraites complémentaires du privé, alors que la structure provisoire qui sert à leur financement est menacée par le Medef.

Enfin, le troisième volet du plan Fillon, utilisant pour ce faire la loi Fabius sur l'épargne salariale, généralise les fonds de pensions individuels, et prévoit pour ces "produits d'épargne" des exonérations massives de taxes et charges. S'il fallait que ce soit dit..: le gouvernement affirme, dans le même projet de loi, qu'il n'y a pas d'argent sur son budget pour payer les pensions des fonctionnaires, mais décide de priver l'Etat de rentrées fiscales au profit des groupes bancaires et d'assurance!

La ténacité des travailleurs, leurs grèves et manifestations, l'auront mis en lumière: il s'agit avec ce projet de loi non pas de "sauver les retraite", mais de faire travailler les masses plus longtemps, de leur servir des pensions réduites, pour s'assurer que tous les gains futurs de productivité du travail, de l'accroissement de l'exploitation, iront bel et bien dans la poche du patronat. Il s'agit corrélativement de créer un véritable marché des fonds de pensions.

 

Au contraire de ce que serinent et ont seriné les directions syndicales, permettant par exemple à Chérèque de justifier le ralliement de la CFDT au plan Fillon (conformément à la nature réactionnaire de cette organisation) il n'y pas de problème de financement des retraites, il n'y a pas besoin de tailler dans le code des pensions, d'aggraver le régime général et de casser les régimes particuliers, quand l'Etat offre aux capitalistes des dizaines de milliards d'euros par an de subventions, d'allègements de charges – 20 milliards-, de financement … des plans sociaux, sans parler des baisses d'impôts. Il ne s'agit pas d'une "réforme" des retraites, le plan Fillon est un hold-up, un vol organisé du salaire différé de la classe ouvrière, des pensions des fonctionnaires.


"La réforme-mère" (E-A Seillière)


Il n'y a que peu d'exagération dans les propos tenus par E-A. Seillière, au nom du Medef quand il qualifie le projet de loi Fillon de "réforme-mère" (le 22 mai) précisant :

" Si la réforme des retraites "devait être, d'une manière ou d'une autre atténuée ou abandonnée, ça en serait fait de notre capacité à se réformer, donc de faire dans les années qui viennent de la croissance et de l'emploi"

 

Il s'agit en effet pour le gouvernement et ses donneurs d'ordres du Medef, de réussir là où Chirac-Juppé ont échoué en 1995, d'effacer un revers cuisant pour eux. Il s'agit peut-être plus profondément pour Chirac-Raffarin et l'Ump de remporter une victoire politique sur les secteurs qui leur ont tenu tête, comme à d'autres gouvernements bourgeois, de manière récurrente depuis l'instauration de la Ve  République: les corps de fonctionnaires, les travailleurs des entreprises publiques.

Il est opportun, alors que se multiplient les menaces gouvernementales  à l'adresse des enseignants ("requis si besoin" pour les examens, menace Ferry) ou des travailleurs de la RATP ("grève illégale", menace de Robien après le 13 mai), de rappeler que le premier échec subi par le gaullisme après l'instauration de la Ve  République fut la grève des mineurs de 1963, lorsque ceux-ci repoussèrent l'ordre de réquisition, réponse du pouvoir gaulliste à leur grève générale.

 

Plus immédiatement, pour toute la bourgeoisie française, une victoire sur le front des retraites est indispensable pour profiter des conditions politiques dont elle dispose, à savoir la possession par ses principaux partis de l'ensemble des leviers du pouvoir sans élections en vue avant quatre ans. Il leur faut passer coûte que coûte sur les retraites.


Chirac-Raffarin et leur majorité UMP : un gouvernement, une politique, ultra-réactionnaires


Alors même que l'avenir du projet Fillon n'est pas scellé, la multiplication des manifestations, des journées d'actions et de grèves n'empêche pas – et d'ailleurs tel n'est pas le but que leur fixent les dirigeants syndicaux – le gouvernement UMP de poursuivre méthodiquement la mise en œuvre de sa politique.

Ainsi, ces dernières semaines le gouvernement a continué de porter coup sur coup en matière de décentralisation, de restriction des libertés démocratiques. Dans le premier domaine, il a adopté en conseil des ministres deux lois "organiques", prélude à la loi sur les transferts de compétences. L'une d'entre elles régit les conditions d'expérimentation par les collectivités territoriales, c'est-à-dire codifie les dérogations au code du travail, aux conventions collectives, à la loi, qui pourront avoir lieu – pour une durée limitée ! – dans telle ou telle région. L'autre loi organique crée les référendums locaux, dont le premier concernera début juillet la Corse : il s'agit, là aussi, d'un instrument pour faire de la charpie des droits des travailleurs.

 

Une application concrète de cette "décentralisation" a été adoptée par le Sénat en première lecture : le transfert du RMI aux départements et en même temps la création du RMA (revenu minimum d'activité). Cette délégation a pour objet, d'une part de diminuer le nombre d'allocataires en organisant leur flicage par les services des conseils généraux, mais surtout d'offrir carrément, "insertion" oblige, le montant du RMI aux patrons qui embaucheraient un RMIste, ne restant à leur charge dans ce cas (pour un travail à mi-temps sur la base du SMIC) qu'une somme tout à fait dérisoire, quelques euros de la journée.

Le texte central sur la décentralisation, le projet de loi global sur le transfert de compétences (toujours en préparation), depuis son annonce par Raffarin le 28 février dernier, a largement nourri la mobilisation dans les établissements scolaires. A juste titre. Il organise le transfert de pans entiers de l'enseignement public, de personnels dont les missions doivent être privatisées (agents) ou largement modifiées (conseillers d'orientation, médecins scolaires…) pour assurer la mainmise des régions et départements sur les établissements, leurs personnels, et sur les formations, et d'abord la formation professionnelle, au compte du patronat.

On doit ajouter à ce tableau le projet de loi sur l'autonomie des universités, qui, en relation avec la réforme LMD, doit porter le coup de grâce aux diplômes nationaux, à l'enseignement supérieur public (et là aussi aller vers la destruction du statut des personnels), projet qui entraîne quelques universités dans des mouvements de grève – même si le gouvernement a annoncé son "report à l'automne", c'est-à-dire son maintien.

 

Dans le même temps, une nouvelle loi Sarkozy portant sur l'entrée et le séjour des étrangers en France a été adoptée le 30 avril par le conseil des ministres, tandis qu'est examinée début juin à l'Assemblée nationale la "réforme" de Villepin du droit d'asile. Ensemble, elles donnent un nouveau tour de vis contre les libertés démocratiques et un renforcement des pouvoirs de la police : triplement de la durée de rétention administrative, suspicion systématique sur tous les actes administratifs (création de la notion de "paternité de complaisance" après celle du "mariage blanc"), "contrat d'intégration" qui sert de moyen de pression sur les étrangers, mise en cause du regroupement familial…

 

Et après le projet de loi Fillon sur les retraites doit venir la "réforme" de l'assurance-maladie, dont les déremboursements massifs de médicaments courants décidés en avril tracent directement les contours: faire payer à tous les travailleurs l'accès aux soins, élargir la place des mutuelles et diminuer celle de l'assurance maladie, faire porter à l'ensemble de la population laborieuse le poids de déficits provoqués uniquement par le chômage et la politique du gouvernement (les médecins libéraux, eux, ont été augmentés !). Et encore:  pour la fin de l'année est prévue la conclusion des "négociations" impulsées par la loi Fillon sur les licenciements.


Dans une situation économique tendue à rompre


Pourquoi une telle avalanche, un tel acharnement?

Naturellement, les partis bourgeois prennent appui sur les circonstances politiques qui leur sont les plus favorables. Il faut en effet rappeler que le PS, le PCF, la LCR, les dirigeants syndicaux (sauf ceux de FO) ont appelé à plébisciter Chirac en mai 2002 au second tour des présidentielles (notamment au nom de la "défense des acquis sociaux" selon la direction CGT!). Que, dans la foulée, une majorité UMP a été élue et que Chirac et l'UMP disposent en théorie de cinq longues années devant eux. Qu'au moment de la guerre contre l'Irak, un remake d'union sacrée s'est opérée derrière Chirac (voir l'article dans ce numéro).  Politiquement, les circonstances ne pouvaient guère être plus favorables pour faire droit aux revendications patronales. C'est d'ailleurs ce qui pèse aujourd'hui sur les travailleurs et explique les limites des mouvements engagés, qui n'ont pas jusqu'ici, sauf dans l'enseignement, la puissance de novembre-décembre 1995.

 

Mais partout en Europe, les mêmes problèmes se posent. En Allemagne, avec "l'Agenda 2010" du gouvernement Schröder, contre lequel le 1er mai un million de travailleurs ont manifesté et dont le rejet se réfracte au travers des syndicats et du parti social-démocrate:

" Pour reboucher les trous dans les caisses sociales, Schröder propose des remèdes dignes d'un gouvernement de droite : réduction des allocations pour les chômeurs de longue durée, assouplissement du droit de licenciement, retraite à 67 ans, coupes dans les dépenses de l'assurance maladie." (Le Figaro du 27 mai 2002)

En Autriche, aussi, est à l'ordre du jour un projet portant l'âge de la retraite à 65 ans, qui a provoqué à l'appel de la centrale syndicale la première grève générale depuis 1945 dans le pays. On pourrait continuer la liste.

Tout cela témoigne d'une situation précise : depuis 2001, à la suite des Etats-Unis, les principales économies du monde sont dans une phase de crise, de stagnation; aujourd'hui, en Europe, la "récession" touche directement les principaux pays (Allemagne, Italie, etc.), la France n'étant pas épargnée. La baisse du taux de profit, de l'investissement productif, n'a pas encore été surmontée, et étreint d'autant plus l'économie capitaliste que la chute des marchés financiers a restreint les possibilités de crédit en frappant les institutions financières (banques), alourdi l'endettement des entreprises, etc. En Europe, 2002 a été une année record pour les faillites d'entreprises. On peut parier que 2003 soit une des pires années jamais connues sur ce plan.

Même aux USA, où un virage à 180° dans le mode de financement de l'économie a été pris avec le retour d'une politique de "déficits sans pleurs", l'injection massive de crédits dans l'économie n'a pas suffi à ce jour à redresser durablement la situation. La chute du dollar, même si elle sert d'arme pour faire payer la crise aux concurrents de l'Amérique, témoigne d'abord des risques de krach généralisé, d'effondrement de l'économie capitaliste si la situation n'était pas surmontée.

 

Il ne s'agit donc pas de la part des capitalistes et leurs gouvernements, comme le claironnent les "théoriciens" de l'ex-"gauche plurielle" et d'ATTAC de "choix idéologiques", d'une sorte de mauvaise gestion du capitalisme. Il s'agit d'une lutte à mort pour défendre les profits aujourd'hui menacés.

 

Ce que l'évolution du capitalisme au bord du gouffre met à l'immédiat ordre du jour, c'est la destruction dans tous les pays dominants de ce qui reste des acquis les plus fondamentaux (retraite, santé, assurance chômage, droit à l'instruction) dont l'existence a structuré les conditions de vie même de générations de prolétaires.

De la même manière, aujourd'hui en Irak, mais aussi en Afrique (Côte-d'Ivoire, Congo), c'est le retour direct au colonialisme sans fard qui est à l'ordre du jour.

Voilà ce qui est en jeu et dans quoi s'insère la brutale offensive menée par le gouvernement Chirac-Raffarin en France.


Le gouvernement UMP ne veut ni ne peut rien céder : il faut le faire capituler 


Dans ces circonstances, le gouvernement Chirac-Raffarin, épaulé par tous ses confrères de l'Union Européenne, pour qui une défaite du gouvernement français sur les retraites aurait des répercussions immédiates dans leurs propres pays, ne veut ni ne peut rien céder. Il ne retirera son projet sur les retraites qu'au prix de sa propre existence.

 

Il l'a d'ailleurs dit sans ambages, à plusieurs reprises, on peut même dire qu'il l'a proclamé, lançant un défi au prolétariat "nous ne nous arrêterons pas en chemin" (Fillon), "ce n'est pas la rue qui gouverne" (Raffarin).

Mais il faut rappeler que c'est dès sa constitution, après les législatives, notamment lors du discours de politique générale de Raffarin, que les objectifs politiques du gouvernement avaient été annoncés. Dès le 5 juillet 2002, notre Cercle avait publié un supplément détaillant ce programme d'agression et concluant que les dirigeants syndicaux devaient refuser de participer au "dialogue social" annoncé également par Raffarin et réaliser le front unique contre le gouvernement UMP.

 

Dès mois durant, dirigeants syndicaux confédéraux et fédéraux CGT, FO et FSU ont participé au contraire à d'innombrables rencontres et discussions – sur les retraites à des "groupes de travail". Dans le même temps, ils publiaient en commun avec la CFDT notamment une plate-forme commune, sur la base de laquelle ils ont organisé "tous ensemble" les premières journées d'actions. Cette plate-forme affirmait notamment la nécessité d'une "réforme", et ne mentionnait pas une seule seconde les 37,5 annuités. Au lieu de réaliser le front unique contre le gouvernement en rompant avec lui pour le combattre, il n'est en rien exagéré de dire que les dirigeants confédéraux et fédéraux lui ont prêté leur concours, lui ont permis de respecter son calendrier "à la semaine près" jusqu'aujourd'hui.

En avril, Thibault ne déclarait-il pas encore (le 31 mars au Monde) "nous ne faisons pas de procès d'intention au gouvernement" (sic!)?

 

Mais les travailleurs qui manifestent et font grève sont conscients de la nécessité d'affronter le gouvernement, et de le vaincre. Voilà pourquoi ils exigent le retrait du projet Fillon (comme celui sur la décentralisation dans l'enseignement). Le contenu de ce mot d'ordre de retrait est clair: c'est le refus d'aménager les détails de ce plan, le refus des négociations. D'ailleurs la conclusion des dites "négociations", le 16 mai, s'est déroulée sans la direction CGT qui a jugé préférable de ne pas s'y rendre – celle de FO quittant les lieux au bout de quelques minutes.

 

Les travailleurs qui font grève et manifestent le savent : pour arracher le retrait du plan Fillon, il faut infliger une défaite cinglante au gouvernement. Voilà pourquoi, contre la volonté des appareils syndicaux, ils ont affirmé partout, dans l'ensemble des manifestations, de leurs assemblées générales, leur volonté : l'appel uni des dirigeants syndicaux à la grève générale jusqu'au retrait du plan Fillon.

 

En manifestant à deux millions le 13 mai et en faisant massivement grève, en répondant une nouvelle fois massivement à l'appel des organisations syndicales le 25 mai pour manifester à Paris et ce, malgré des limites posées par la direction CGT elle-même, les travailleurs ont montré qu'ils étaient prêts à engager le combat pour infliger une telle défaite au gouvernement. Mais quels sont les obstacles à cette grève générale inscrite dans toute la situation ?


Thibault et Blondel répètent après Raffarin : "ce n'est pas la rue qui gouverne"


Interviewé au soir du 13 mai sur France 2, sourire aux lèvres, Bernard Thibault, pour la direction CGT,  reprenait mot pour mot l'avertissement lancé par Raffarin le 7 mai "ce n'est pas la rue gouverne".  A la question de savoir s'il demande le retrait du plan Fillon, il biaise : "nous demandons de nouvelles négociations, sur d'autres bases". A la question de savoir s'il compte appeler à la grève générale, il répond : "si le gouvernement s'obstine, il fera le choix du rapport de forces". Mais le 25 mai, Thibault précisait dans le JDD:

"Arrêtons d'agiter ce vieux chiffon rouge (sic!Ndlr). Nous ne faisons pas une manifestation avec l'objectif de renverser le gouvernement. Ceux qui sont dans la rue étaient parmi les plus mobilisés le 1er mai, l'an dernier, pour défendre les principes républicains (re-sic!- Ndlr)"

 

De son côté, Blondel répondait presque en direct à l'exigence des manifestants du 25 mai, interviewé pendant la manifestation: "appeler à la grève générale ça veut dire vouloir faire sauter le gouvernement".

Dans Le Monde du 27 mai, il complètera :

« J'ai utilisé à dessein les notions d'"amplification", de "généralisation", de "coordination". Mais j'ai quelques craintes à employer le terme de "grève générale interprofessionnelle". Qu'on le veuille ou non, il renvoie à l'idée d'insurrection et, bien sûr, à une lutte politique contre le gouvernement. »

Dans la foulée il propose:

"Il faut discuter avec le gouvernement, qui, je le regrette, a été la plume du Medef (…). Il faut faire jouer tous les paramètres en matière de retraite. Créons un mouvement, et si tous les paramètres bougent, pourquoi pas la durée ! (…) Je suis prêt à faire des ouvertures "

 

Il n'est pas le seul. Thibault dans France-Soir du 20 mai:

"on peut aboutir à une réforme dans trois ou quatre mois, y compris, je le dis clairement, avec la signature de la CGT (…) il n'y a pas de refus de principe, d'opposition culturelle de la CGT à l'approbation d'accords""

 

La position de Blondel, la plus retentissante vu ses propos antérieurs ("les retraites méritent une grève générale") a été immédiatement relayée par le Parti des Travailleurs, justifiant dans son journal du 21 mai la disparition des mots "grève générale" de ses "unes" au profit de la "grève totale":

"la grève générale pose le problème du pouvoir, de "quel gouvernement?" Est-ce qu'aujourd'hui on peut dire : "gouvernement des comités? Non. Alors, commençons par construire des comités de grève. Là est le problème".

Une semaine plus tard, le PT revendiquera, si l'on ose dire… "l'ouverture des négociations".

 

Quel tour de passe-passe! Parce qu'ils ne veulent pas ouvrir de réponse positive à la question du pouvoir, les Blondel, les Thibault et leur suite (PT, LCR, LO) affirment finalement que la chute du gouvernement Chirac-Raffarin sur la question des retraites ne serait pas en tant que telle une victoire pour tous les travailleurs de ce pays, ressentie comme telle dans toute l'Europe!? Incroyable mais vrai.  

 

La réalité est que ces appareils protègent le gouvernement et son existence, qu'ils défendent la "démocratie" bourgeoise (le résultat des élections de mai et juin dernier "s'impose à tous pour cinq ans" disait déjà F.Hollande) et ses institutions dans lesquelles ils ont leur place (même si leur politique peut leur coûter cher ce qui ne va pas sans soulever des contradictions). Voilà pourquoi dirigeants CGT, FO, FSU et autres réclament de concert "de nouvelles négociations". Voilà pourquoi ils s'opposent aux innombrables prises de positions, motions et slogans réclamant l'appel à la grève générale. Voilà ce que les travailleurs n'acceptent pas, exigeant, eux, et cherchant à l'imposer aux appareils, l'affrontement avec le gouvernement pour le vaincre.


La puissance du prolétariat dispersée en "journées d'actions" et "grèves reconductibles" par les appareils


Bien que le mouvement des enseignants ait été un mouvement largement spontané, prenant de vitesse par endroits les appareils, ces derniers ont toujours gardé la maîtrise du calendrier, faisant coïncider les "journées d'actions" à répétition jusqu'à la nausée avec les échéances de la "concertation" avec le gouvernement Chirac-Raffarin.

 

La ténacité des personnels de l'enseignement à combattre n'était sans doute pas prévue par les appareils syndicaux, qui avaient déroulé un tapis de journées d'actions à répétition ordonnées autour du 13 mai et devant se conclure par la grande manifestation "symbolique" "familiale"– (B.Thibault dixit) du 25 mai à Paris.

 

Cette ténacité, les grèves tout aussi "reconductibles" et donc éparpillées perdurant dans d'autres secteurs de la Fonction publique, ou certaines régions (Réunion, Corse), entreprises (transports marseillais), n'ont néanmoins pas empêché que les appareils gardent jusqu'ici le contrôle de la situation. Les lendemains du 13 mai l'ont illustré : l'appareil CGT a fait reprendre le travail dans les dépôts de la RATP, a empêché que le feu de la grève s'allume à la SNCF, y opposant la date retenue par la confédération, c'est-à-dire le 3 juin, tandis que les gros bataillons de la Fonction publique seraient déjà essoufflés par des journées d'actions préventives (qui le 19 mai – Fonction publique – qui le 27 mai – France Telecom, Poste, etc.).

Ce dispositif orchestré par l'appareil confédéral CGT, avec la complicité active de la direction confédérale FO, ne sert que le gouvernement. Il risque de transformer les personnels SNCF et RATP au lendemain du 3 juin en véritables cibles politiques isolées – et à mettre une telle pression sur leurs seules épaules, eux que le projet Fillon ne touche que par ricochet, que ces grèves "reconductibles" se révèleraient particulièrement friables. Pour en rajouter, le gouvernement a martelé que ces régimes n'étaient pas concernés par la loi – et reporté celle modifiant le statut d'EDF-GDF à l'automne.

 

Les appareils syndicaux n'ont de cesse, à tous les niveaux, que de dire "la grève générale ne se décrète pas en appuyant sur un bouton". Ils appuient donc … sur tous les autres boutons: journées d'actions sectorielles, voire régionales (à Marseille), découpant le mouvement des travailleurs en tranches.

 

Pourquoi ? Fondamentalement, cela ne fait que témoigner de leur insertion profonde dans les rouages du dialogue social, du partenariat social, bref dans la société bourgeoise. Ils ne sont pas opposés à l'appel à la grève générale pour une quelconque autre raison que ce mot d'ordre signifie "faire sauter le gouvernement".


Petites et grandes manœuvres contre les enseignants et les personnels


Quelle illustration frappante en donne l'enseignement public! Ses personnels auront quasiment tous été en grève chacun leur tour, depuis le mois de mars à Bordeaux et au Havre, jusqu'au début juin, entrant les uns après les autres en ordre dispersé dans la "grève reconductible". Mais qu'est-ce que la "grève reconductible" (dont se réclame notamment la LCR) ? La décentralisation faite grève! Une collection de grèves décidées localement, votées "souverainement" (par dérision) par les Assemblées générales. Cette "souveraineté" est en effet illusoire: s'agirait-il de grèves locales, d'enjeux académiques ? Non. Pratiquement, pendant que la "chair à grève reconductible" (expression d'un gréviste de Grigny dans l'Essonne) s'agite, les dirigeants syndicaux continuent de rencontrer les ministres, de représenter les enseignants, de diriger la manœuvre, de fixer les "temps forts".

 

Les enseignants n'ont pas pu constituer partout des comités de grève (quoique cette tendance se soit largement exprimée) se centralisant à tous les niveaux jusqu'à former un comité central et national de la grève, à même de l'unifier et de la diriger, permettant de se soumettre les appareils syndicaux.  Ils se heurtent notamment aux "intersyndicales" coiffant les Ags avec le soutien des militants LCR intégrés à l'appareil FSU, et ceux du PT (qui dirigent FO dans l'enseignement) qui sont pour les "comités de grève" … uniquement au niveau local ! De leur côté, SUD, CNT, Lutte Ouvrière ont impulsé une "coordination" peu représentative qui, objectivement, n'a aboutit qu'à laisser les mains libres aux appareils syndicaux.

Ces derniers se rendent sans gène presque quotidiennement au ministère pour "discuter" - au nom des enseignants !- dans des "groupes de travail" sur la décentralisation, tout en prétendant parfois demander le retrait de la loi de transfert de compétences, sans que les enseignants aient les moyens de leur imposer la rupture de ces négociations (mot d'ordre auquel s'opposent les organisations LCR, PT, LO dans l'enseignement!).

 

Comme l'écrit Libération du 29 mai, les grandes manœuvres commencent pour liquider la grève:

" Gérard Aschieri (FSU) a discrètement ouvert la porte sur Europe 1 en évitant de prononcer le mot «retrait» sur l'ensemble de la loi. Il a simplement demandé que le projet «ne comporte pas de volet Education»."

Les dirigeants FSU tablent comme le gouvernement sur l'essoufflement de la grève, car, sans mot d'ordre de grève générale au moment des examens et échéances de fin d'année, la pression sur chaque enseignant individuellement orchestrée par le gouvernement devient vite  intenable.

 

Depuis avril, les enseignants auront partout exigé de leurs dirigeants fédéraux qu'ils appellent à la grève générale, pour que tous soient en grève ensemble, cherchant ainsi à se réapproprier leurs syndicats, à dicter leurs volontés. Ils n'auront eu en réponse qu'une suite de journées d'actions et de grèves impressionnante : plus de dix sur l'ensemble de l'année, et une ou deux par semaine au mois de mai ! "Il faudra trouver des formes imaginatives de mobilisation" avait averti le secrétaire général de la FSU Aschieri, dans une interview au Monde le 4 mai. En fait, comme les médecins de Molière avec leurs sangsues, "l'imagination" des bureaucrates se borne au nombre possible de journées d'actions et ne va pas au-delà, jusqu'à épuisement des troupes (après un ou deux mois de grève !), le tout assaisonné des sempiternels appels à "reconduire" (appels qui ont commencé au moment du congrès du SNES, soit début avril!). les enseignants sont particulièrement à même de mesurer en ce moment la nécessité de construire une organisation révolutionnaire qui puisse diriger le combat pour affronter victorieusement les appareils des syndicats!

 

Dernière ruse des appareils: le refus d'appeler à la grève générale dans leur secteur au nom de la "grève générale interprofessionnelle". Le 26 mai, la direction nationale de la FSU se penche sur une motion demandant qu'elle appelle sans plus attendre à la grève générale. Elle la rejette (militants LCR membre de l'appareil FSU compris). Comment? En votant une résolution vantant … la perspective de la grève générale interprofessionnelle ! Qu'il revienne aux confédérations syndicales d'appeler à la grève générale pour tous les travailleurs est incontestable. Mais si l'on comprend bien que les travailleurs de telle ou telle branche du privé, de telle ou telle entreprise publique, ne puissent pas prendre sur eux la responsabilité de se lancer seuls en grève  à l'appel de leurs fédérations pour le retrait d'un projet de loi concernant tous les travailleurs et au premier rang ceux de la Fonction publique, autant il est crapuleux dans l'enseignement public, dans les trois fonctions publiques, de se cacher derrière les jupes des confédérations pour ne pas répondre aux aspirations exprimées nettement par les enseignants.

 

Encore une fois, les moyens correspondent aux fins. Si les dirigeants des fédérations des fonctions publiques, n'appellent pas à la grève générale, ce n'est pas parce que les travailleurs ne seraient pas prêts mais parce que eux, les dirigeants, ne sont pas "prêts" à lancer un mot d'ordre de rupture avec le gouvernement.


Pour une manifestation à un million et plus à l'Assemblée contre le vote du projet Fillon !


Au moment où ces lignes sont écrites, tous les efforts conjugués des appareils syndicaux n'ont pu venir à bout de la volonté du prolétariat et de la jeunesse de chercher à combattre le gouvernement Chirac-Raffarin en lui faisant rentrer dans la gorge son projet de loi sur les retraites.

 

Après l'adoption de ce projet le 28 mai par le conseil des ministres, se sont réunies les confédérations et fédérations CGT, FO, FSU, UNSA (la présence de cette dernière dans ce cartel s'expliquant par la place qu'y occupent les syndicats issus de la destruction de la FEN).

" Aujourd’hui, le Conseil des ministres vient de confirmer la volonté du gouvernement de passer en force. (…)

En conséquence, les organisations syndicales, CGT, CGT-FO, UNSA, FSU réaffirment leur exigence d’une véritable négociation et d’un débat démocratique pour construire le projet de réforme permettant de garantir l’avenir de nos retraites.
Alors que les actions et les grèves sont décidées et se développent dans de nombreux secteurs, y compris dans les entreprises privées, la CGT, la CGT-FO, l’UNSA, la FSU appellent les salariés à amplifier la mobilisation. Dans cette démarche, elles mettent tout leur poids.

En effet, seule une généralisation du mouvement, privé-public, et s’inscrivant dans la durée, pourra faire revenir le gouvernement sur ses choix néfastes. C’est une mobilisation générale qu’il faut organiser. Dans cette perspective, la CGT, la CGT-FO, l’UNSA, et la FSU appellent les salariés à faire de la journée du 3 juin un rendez-vous majeur de grèves et de manifestations. Elles sont prêtes à donner, avec eux, à cette journée, tous les prolongements indispensables.

Fait à Bagnolet, le 28 mai 2003 à 18 heures 30 "

 

Comment oser, après le conseil des ministres et les déclarations de Fillon affirmant que c'est désormais au Parlement que tout se décide, demander "une véritable négociation" ? Seuls peuvent croire à cet objectif des imbéciles finis. En fait cette déclaration ne signifie qu'une chose : pas d'affrontement avec le gouvernement. L'appel au 3 juin et la ritournelle sur les "prolongements" indispensables. Et après ? Les circonstances politiques font que le gouvernement peut manœuvrer sur la réforme de l'université, y compris sur la décentralisation – le projet de loi n'étant de toute façon pas terminé -,  mais il ne lâchera rien sur les retraites – à moins d'être vaincu. Toute la question reste d'imposer que ce combat soit mené, que la volonté des travailleurs prévale sur celle des appareils.

 

Pour cela, il existe, au moment où ces lignes sont écrites, un débouché immédiat à la volonté des travailleurs de combattre pour le retrait du projet Fillon. Le projet arrive à l'Assemblée à compter du 10 juin et y sera examiné.

Que les directions confédérales et fédérales qui ont jusqu'ici pris la responsabilité d'appeler à des journées d'actions, à des mouvements reconductibles et qui disent aujourd'hui vouloir "mettre tout leur poids" pour "amplifier la mobilisation" fassent enfin ce qu'exigent les travailleurs : qu'ils lancent l'appel au combat, à la grève générale, avec maintenant comme objectif central le Parlement, l'appel à une manifestation à un million et plus à l'Assemblée nationale, contre la majorité UMP, pour lui interdire de voter le projet de loi Fillon.


Il existe une réponse à la question du pouvoir : un gouvernement des seules organisations ouvrières


Obtenir le retrait du projet de loi Fillon porterait un coup terrible, décisif au gouvernement UMP Chirac-Raffarin, le brisant, pouvant le chasser. Ce coup ne peut être porté aujourd'hui que par la même méthode qui a permis de rassembler deux millions de travailleurs dans la rue (et dans la grève) le 13 mai dernier : l'appel uni des organisations ouvrières, syndicats, mais aussi partis, PS, PCF. 

D'ores et déjà, sous le feu du mouvement du prolétariat contre la "réforme" Fillon, le PCF s'est détourné un moment de la crise qui a marqué son dernier congrès, et a formellement réclamé le retrait du projet Fillon. Quant au PS, comme l'avait indiqué l'article que le précédent numéro de CPS avait consacré à la préparation de son congrès, le mouvement notamment des enseignants a eu des répercussions immédiates : le congrès s'est achevé par un appel solennel pour le retrait du plan Fillon et des plans sur la décentralisation. Hollande s'est même permis de déclarer "le PS est de retour", remis en selle par le mouvement actuel contre le gouvernement et sa politique.

 

Aussitôt le congrès passé, F.Hollande, Ayrault, ont cherché à amoindrir la portée de la position du congrès de Dijon, prise en présence de Bernard Thibault, position prise en rupture avec le gouvernement Chirac-Raffarin (et condamnée pour cela comme "extrêmement dangereuse" par un expert es-liquidation du PS, Michel Rocard). 

Car ces évènements, résultant du mouvement des masses, montrent qu'il est possible d'imposer un autre gouvernement : un gouvernement issu du front unique. Il est possible que les masses imposent que les dirigeants CGT, FO, le PS le PCF, engagent le combat pour chasser le gouvernement Chirac-Raffarin, et revendiquent ensemble le pouvoir.

 

Bien entendu, cela signifierait rompre avec la "légalité" de la Ve  République, s'appuyer directement sur les travailleurs en mouvement et eux seuls. Mais cette possibilité existe et elle seule aujourd'hui représente une alternative positive à la continuation du gouvernement Chirac-Raffarin.

 

Le surgissement de la classe ouvrière serait un formidable encouragement pour tous les travailleurs qui en Europe subissent l'offensive déchaînée des différents gouvernements au service du capitalisme en crise.

Un gouvernement sans représentant de la bourgeoisie issu d'une telle situation, nécessairement imposé par les travailleurs, contre la volonté des dirigeants syndicaux, du PS et du PCF, aurait à prendre des mesures permettant de satisfaire les revendications: l'abrogation des décrets Balladur et le retour à 37,5 annuités pour tous, l'interdiction des licenciements, l'abrogation des lois Sarkozy/Perben, des lois de décentralisation, la création des postes nécessaires dans les services publics, le rétablissement et la garantie du pouvoir d'achat, etc.

Mener une telle politique implique de s'affronter avec les capitalistes, de rompre avec la loi du profit, cesser de rembourser la dette publique, en finir avec les mannes financières versées au patronat, s'engager dans l'expropriation des grands groupes capitalistes, l'organisation de la production selon un plan élaboré sous contrôle ouvrier en fonction des besoins des masses ; bref s'engager dans la voie qui mène au socialisme, pour les Etats-Unis Socialistes d'Europe.

 

Que ce soit dans le combat contre le gouvernement Chirac-Raffarin ou dans la perspective que naisse un gouvernement s'engageant réellement dans la voie tracée ci-dessus, l'absence du parti ouvrier révolutionnaire se fait sentir à chaque pas. C’est pourquoi il n'est pas de tâche plus urgente que de s'atteler à sa construction. C'est ce à quoi notre Cercle entend participer, en combattant et regroupant sur l'orientation définie dans le présent éditorial. Et il invite tous ceux qui sympathisent avec lui à en discuter.


Le 31 mai 2003

 

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