Communiqué de février 2003, publié dans
Combattre pour le Socialisme n°11 (93) de mars 2003
La
responsabilité des dirigeants CGT, FO, FSU, UNEF, du PS et du PCF, c'est de se
prononcer:
Retrait
immédiat et inconditionnel des troupes françaises de Côte d'Ivoire
Non aux
accords de Marcoussis et à la résolution 1464 de l'ONU!
Depuis
le 19 septembre 2002, suite à une tentative de coup d'Etat, la Côte d'Ivoire
est à nouveau plongée dans la guerre et le chaos. Les populations sont
ballottées au gré des affrontement entre diverses cliques armées qui s'appuient
sur les clivages hérités du colonialisme et soigneusement entretenus depuis
lors. Les peuples de Côte d'Ivoire sont aujourd'hui sous la menace d'une
situation de totale décomposition sociale et politique, comme au Libéria
voisin. Ils sont sous la menace d'opérations de chasse à l'homme, de massacres
à grande échelle comme on l'a vu au Rwanda il y a dix ans. Il est déjà certain
que de nombreuses expéditions meurtrières (menée par des "escadrons de la
mort") ont eu lieu dans des quartiers d'Abidjan abritant des travailleurs
immigrés.
Les responsables:
l'impérialisme français, Chirac.
Comme
pour tant de pays d'Afrique, (qu'on songe au Congo), c'est à Paris qu'est le
centre de l'oppression et la spoliation coloniales de la Côte d'Ivoire, Etat
regorgeant de richesses, mis en coupe réglée par les groupes capitalistes
français et leurs hommes de main.
On
pouvait lire dans Courrier International du 16 janvier que la Côte
d'Ivoire accueille l'essentiel des investissements français en Afrique,
concentre le quart des filiales françaises de la "zone franc", la moitié
au moins du secteur privé de droit local étant sous contrôle de capitaux
français. Les banques et les grands groupes français tels Bouygues, Bolloré,
France Telecom, TotalFinaElf, Air France, contrôlent des pans entiers de
l'économie du pays.
Mais
ce n'est pas tout. Très rapidement après la mutinerie simultanée dans les
principales villes du pays, échouant à Abidjan mais réussissant au nord du
pays, là où sont les populations ouvertement méprisées par le pouvoir Ivoirien,
puis s'étendant à l'Ouest depuis le Libéria, le gouvernement de Gbagbo a accusé
la France d'en être l'instigatrice. Selon la presse d'Abidjan, le gouvernement
de Gbagbo, se conformant aux demandes du FMI, avait l'intention de ne pas
renouveler certains contrats tenus par les
groupes français.
Le
fait est que les accords conclus fin janvier à Marcoussis ont permis non
seulement à Chirac et de Villepin décider eux-mêmes de la composition du
gouvernement dit de « transition », mais encore que Chirac a attribué
aux mutins les ministères de la Défense et de l’intérieur, de même que les
accords de Marcoussis prévoient de facto la dissolution de l’armée
ivoirienne et sa fusion sous l’égide de ces ministres avec les troupes « rebelles ».
Le
fait est également que les appétits américains pour l’Afrique occidentale n’ont
cessé de s’affirmer ces dernières années (et que pour la première fois des GIs
sont intervenus en Côte d’Ivoire en septembre dernier sous couvert
« d’évacuer les ressortissants » américains) même si jusqu'ici la
Maison Blanche laisse faire la France.
A bas les accords de
Marcoussis du 24 janvier et la résolution 1464 de l’ONU
Les
accords issus du sommet de Marcoussis et la résolution 1464 adoptée le 4
février par le conseil de Sécurité pour les entériner sont inacceptables. Ils
ravalent officiellement la Côte d’Ivoire au rang de simple protectorat, la
France recevant le "droit international" d'agir à sa guise jusqu’à ce
que le gouvernement qu’elle a concocté en toute arrogance soit en place – en
d’autres termes jusqu’à ce que Gbagbo ait capitulé ou soit chassé. Ils
éclairent sans doute possible la nature de l’opération militaire
(« opération licorne ») enclenchée par l’impérialisme français :
une opération de type colonial pour affermir son emprise sur la Côte d’Ivoire.
Or,
ce qui rend possible cette opération n'est pas d'abord la situation en Côte
d'Ivoire, mais en France. En effet, tandis que les appareils des syndicats
ouvriers, enseignants et étudiants observent un silence complice, le PCF – qui
déjà n'a pas voté contre le budget des affaires étrangères pour afficher sa
bienveillance envers Chirac - déclare
sa " satisfaction que les acteurs de la crise ivoirienne aient pu
trouver un accord à Marcoussis." Et de soutenir "l'opération
licorne": "les Forces françaises présentes en Côte d'Ivoire
doivent être placées immédiatement sous mandat de l'ONU et intégrées dans une
force d'interposition franco-africain" (28 janvier 2003)
Quant
au PS, quant il critique (Hollande) "l'échec total de la diplomatie
française", ce n'est que pour déplorer un "échec"
(momentané) à trouver et imposer une solution préservant les intérêts de
l'impérialisme français, solution que de surcroît le PS préférerait avec
Gbagbo, lié au PS.
Or,
la première condition pour que les travailleurs et peuples de Côte d'ivoire
puissent disposer d'eux-mêmes, des immenses ressources naturelles d'Afrique
aujourd'hui pillées par les grands groupes capitalistes, pour qu'ils
s'extirpent des guerres, coups d'Etat inspirés par les métropoles et crises
économiques à répétition, c'est qu'il soit mis fin à la présence impérialiste,
et d'abord à celle de l'impérialisme français.
Les
travailleurs et peuples qui vivent en Côte d'Ivoire n'ont rien à attendre des
bandits qui s'y disputent aujourd'hui leur part de butin. C'est la
responsabilité des organisations ouvrières en France (partis, syndicats) est de
se prononcer:
Pour
le retrait immédiat et inconditionnel des troupes françaises de Côte d'Ivoire,
Contre
les accords de Marcoussis et la résolution 1464 de l'ONU qui les entérine.
Paris, le 7 février 2003
le
bureau du Cercle pour la construction du parti et de l'internationale ouvriers
révolutionnaires