Supplément à CPS n ° 57 avril 1995

Prolétaires, jeunes,

 

le 7 mai, au deuxieme tour de l'election  la presidence de la rpublique

 

contre l'election de jacques chirac

(candidat unique des organisations et partis bourgeois, RPR)

 

votez lionel jospin

(élu, le 4 février 1995, par les militants du PS, candidat de ce parti à cette élection)

 

 

Dans sa déclaration du 21 mars, le “Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire, la construction de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire”, écrivait :

 


quel vote emettre?



L

es appareils bureaucratiques des syndicats, les organisations et partis traditionnels sont irredressables. Historiquement ce sont des partis ouvriers, mais ce sont des partis ouvriers traîtres et dégénérés que le mouvement du prolétariat devra balayer alors que se développera le processus de la reconstruction du mouvement ouvrier sur un nouvel axe. Mais tant que ne seront pas construits des Partis et une Internationale révolutionnaires ayant une influence de masse, qui soient en mesure d’impulser et de diriger les combats du prolétariat jusqu’à ce qu’il prenne le pouvoir, aussi traîtres et dégénérés que soient ces partis, la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse chercheront à les utiliser contre la bourgeoisie. Contradiction sans doute, mais contradiction qui ne peut être résolue que par le mouvement des masses lequel passe nécessairement par là.


A l’étape actuelle, le “Comité” n’a ni les moyens politiques, ni les moyens matériels de présenter un candidat à la présidence de la République pour utiliser les possibilités, que la campagne lui donnerait, de défendre sa politique, son programme. Or, après deux ans de retour au pouvoir du RPR et de l’UDF, au moins une partie de l’électorat habituel des partis ouvriers, pour exprimer son rejet de cette majorité parle-mentaire, de son gouvernement, votera pour ses organisations et partis traditionnels, tandis qu’une autre partie plus ou moins importante marquée par les deux septennats Mitterrand s’y refusera sans doute.


Tenant compte que plus réduit seront les suffrages obtenus par les partis bourgeois, plus nombreux seront les suffrages exprimés votant pour les candidats des partis ouvriers, si traîtres et dégénérés qu’ils soient, plus le prolétariat et la jeunesse seront encouragés à combattre, pour leurs propres objectifs et selon leurs propres moyens, les gouvernements et partis bourgeois, le capital, le patronat, le “Comité” appelle à voter au premier tour pour les candidats des partis ouvriers. Ce n’est pas pour autant leur faire confiance, cela va de paire avec la revendication qu’il faut leur adresser : “Rompez avec la bourgeoisie, réalisez le Front unique des organisations ouvrières contre le capital, son État, ses gouvernements, pour les revendications ; combattez pour un gouvernement du Front unique des partis ouvriers sans ministres représentant la bourgeoisie” et cela s’inscrit dans la politique visant à la mobilisation des masses qui les submergera et ouvrira une voie nouvelle au prolétariat et à la jeunesse.


Les candidats des partis ouvriers se limitent à deux : celui du PS, Lionel Jospin, celui du PCF, Robert Hue. A eux on peut ajouter Arlette Laguiller, dont l’organisation, “Lutte Ouvrière” se réclame du prolétariat, de la révolution, du socialisme, mais dont le programme est une sorte de populisme ouvriériste et la politique une politique d’adaptation au PCF et aux appareils syndicaux.


En aucun cas il ne faut voter, quelle que soit la démagogie “gauche” qu’il puisse développer, pour Jean-François Hory, candidat de la formation bourgeoise “Radical”, dont l’origine et la tradition sont celles du parti bourgeois que fut par excellence le “Parti radical” et “Radical socialiste” des Herriot, Daladier et autres, ni pour les candidats des formations bourgeoises que sont les formations se réclamant de “l’écologie”.

Au deuxième tour, si un des candidats des partis ouvriers réussi à y accéder : vote pour lui. Au cas où ne resterait en lice que Balladur et Chirac, le Comité appelle travailleurs et jeunes à ne pas voter ou à voter blanc.


Le 21 mars 1995»


 

responsabilite politique  1981 - 1986

 


A

u premier tour, Jospin est arrivé en tête. Il a obtenu 23,30 % des suffrages exprimés. C’est un redressement électoral important par rapport aux scores obtenus par le PS au premier tour des élections législatives de mars 1993 (17,59 %) et des élections européennes de juin 1994 (14,4 %). C’est loin de ce qu’avait obtenu Mitterrand au premier tour de l’élection présidentielle de 1988 (34,09 %). Hue (PCF) atteint au premier tour de l’élection présidentielle de 1995 le score de 8,64 %. Comparé au résultat de 1988 (6,76 %) c’est une progression ; comparé à celui du premier tour des élections législatives de 1993 (9,18 %) c’est un nouvel effritement. Arlette Laguiller (LO) passe de 1,99 % en 1988, de 0,77 % en 1993 et 2,27 % en 1994, à 5,3 % en 1995. C’est un bond en avant. Mais, au total, la somme des pourcentages des candidats des partis “ouvriers”(ou assimilables) ne s’éleve, le 23 avril 1995, qu’à 37,24 % des suffrages exprimés, alors qu’au premier tour de l’élection présidentielle de 1988 elle s’élevait à 43,22 %.


Il n’y a pas de mystère. A deux reprises Mitterrand a été élu président de la République, il a dissout l’Assemblée Nationale, les deux fois le PS plus le PCF ont détenu la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. La population laborieuse et la jeunesse attendaient d’eux qu’ils appliquent une politique de défense de leurs intérêts et répondent à leurs aspirations. Mitterrand, les gouvernements dirigés par le PS (y compris le gouvernement de Mauroy d’”Union de la gauche” auquel le PCF a participé) ont pratiqué une politique de défense des intérêts du capital en crise, au détriment du prolétariat et de la jeunesse. Le PCF “critiquait” ces gouvernements, mais les appuyait en pratique.

 

En conséquence déjà aux élections législatives de 1986 le RPR et l’UDF retrouvaient la majorité à l’Assemblée Nationale. Mitterrand acceptait de nommer Jacques Chirac premier ministre. Le gouvernement Chirac a donné une nouvelle dimension à la politique de défense du régime capitaliste en crise au détriment du prolétariat et de la jeunesse. Mais le mouvement des étudiants de novembre-décembre 1986 l’a contraint d’annuler le projet de loi Devaquet. Pour lui ce fut une dure défaite politique. Elle a eu sa traduction électorale aux élections présidentielles et législatives de 1988 : réélection de Mitterrand, nouvelle majorité PS-PCF à l’Assemblée Nationale ; défaite de Chirac, mise en minorité à l’Assemblée Nationale du RPR et de l’UDF.


 

responsabilite politique 1988 - 1993

 


M

itterrand et les gouvernements qu’il a constitués, entre 1988 et 1993, ont repris la politique de “gestion honnête et loyale” du régime capitaliste, de la société, de l’État bourgeois en crise, au détriment du prolétariat et de la jeunesse. En 1993 et 1994 le PS a payé la note électorale. Mais le retour d’une majorité RPR-UDF à l’Assemblée Nationale, la nomination par Mitterrand du gouvernement Balladur-Chirac, c’était nécessairement un nouveau stade dans l’offensive contre la population laborieuse et la jeunesse qui commençait.


La classe ouvrière et la jeunesse ont combattu. En contraignant Balladur à mettre au rancart la loi Bayrou (le 16 janvier 1994 manifestation à Paris d’un million de travailleurs et de jeunes), elles lui ont infligé une importante défaite politique. Cela s’est exprimé dans les urnes le 23 avril au premier tour de l’élection présidentielle. A cette élection, le prolétariat et la jeunesse ont voulu manifester, sur le terrain électoral, leur volonté de combat contre les organisations et partis bourgeois, contre leurs gouvernements et leur politique, en votant pour les organisations et partis ouvriers traditionnels, fussent-ils traîtres et dégénérés.


 

ils poursuivent sur la meme orientation

 


L

a réalité politique du scrutin c’est aussi que l’ensemble des voix qui se sont portées sur les organisations et partis bourgeois atteint encore au total 62,76 % des suffrages exprimés dont 15 % pour le FN et 4,78 % pour De Villiers. Pourquoi ? Parce que la politique du PS et du PCF conforte ces organisations et partis. En effet, ils se situent sur le même plan : défense du régime capitaliste en crise et décadent au détriment des travailleurs et de la jeunesse. A tel point que dans sa déclaration aux électeurs, Lionel Jospin ne dit pas un mot sur le socialisme. Pire encore, si possible, il ne dit même pas qu’il est candidat du Parti Socialiste. Le “programme” qu’il défend est une variante de ceux de Chirac et Balladur. Il se tourne vers les hommes politiques regroupés derrière Balladur pour tenter d’obtenir leur appui. Lang va jusqu’à tendre la main en direction du Front National. Quant à l’égérie politique de Lionel Jospin, Martine Aubry (fille du révérent Père Delors), elle annonce qu’au lendemain de l’élection présidentielle la tâche urgente sera de noyer, de dissoudre le PS dans un magma de type bourgeois. Le PCF, sous la houlette de Hue, annonce de plus en plus ouvertement la couleur : s’insérer dans la société bourgeoise en crise pour la “démocratiser”.

 

Le “Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire, la construction de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire” répète :


contre l’élection de chirac,

vote au second tour pour lionel jospin


Le capital, la bourgeoisie en faisant élire Chirac veulent faire faire un saut qualitatif à l’offensive contre le prolétariat et la jeunesse. Tout devrait y passer : chute brutale de la valeur de la force de travail ; utilisation de la masse énorme des chômeurs pour réduire les travailleurs à la situation d’une masse informe, malléable et exploitable à merci ; fiscalisation et destruction de la Sécurité Sociale en tant qu’organisme de solidarité ouvrière ; poursuite de la destruction du corps enseignant et de l’enseignement public, autonomie des universités ; liquidation des statuts des personnels de la fonction, des services, des entreprises publics, privatisation, etc, etc


 

une politique ouvriere

 


E

n votant contre Chirac, pour Jospin, prolétaires et jeunes exprimeront leur volonté de combattre cette politique, de défendre et d’arracher leurs revendications.

 

• Rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 1982, sa garantie par l’échelle mobile des salaires. Transformation des contrats à durée déterminée, du travail précaire, en embauche ferme et à durée illimitée. Plus de licenciements, droit au travail pour tous, les 35 heures par semaine immédiatement et pour tous sans diminution de salaire. Plan de production répondant aux besoins des masses élaboré et réalisé sous contrôle ouvrier. Abrogation de toutes les “réformes” réactionnaires, lois, circulaires, décisions, portant atteinte aux acquis de la population laborieuse (dont notamment les lois Pasqua). La liste n’est pas limitative.


A l’évidence ces revendications posent la question du gouvernement, du pouvoir, du régime social, économique et politique. Elles ne peuvent être arrachées que par un gigantesque mouvement du prolétariat et de la jeunesse portant au pouvoir un gouvernement de Front Unique des organisations ouvrières, sans ministres représentants des organisations et partis bourgeois, un gouvernement qui exproprie la bourgeoisie de la possession des moyens de production, un gouvernement qui s’engage sur la voie menant au socialisme, un gouvernement qui oppose à “l’Europe” des capitalismes l’objectif de l’Europe des prolétariats, les États Unis Socialistes d’Europe.


C’est sur cette orientation politique que, à tout moment, peut s’exprimer l’exigence adressée au PS, au PCF et aussi aux appareils syndicaux : rompez avec la bourgeoisie, ses partis, ses hommes politiques, réalisez le Front Unique, engagez le combat pour un gouvernement de ce Front Unique, sans ministre du capital.


 

le combat du comite

 


N

ulle illusion : les uns et les autres sont définitivement passés du côté de la défense de l’ordre bourgeois. Pourtant, étant donné les rapports politiques actuels, lorsque les gros bataillons du prolétariat et de la jeunesse se mettent en mouvement pour arracher leurs revendications, réaliser leurs aspirations, porter au pouvoir un gouvernement dont ils espèrent qu’il sera “leur gouvernement”, ce sont eux qu’ils s’efforcent d’utiliser. C’est une contradiction inévitable tant que ne sera pas construit le Parti Ouvrier Révolutionnaire capable d’engager la lutte pour le pouvoir ouvrier. La solution positive de cette contradiction c’est, qu’engagées dans ce mouvement, les masses submergent les vieux partis ouvriers traîtres et dégénérés, dégagent les conditions politiques objectives de la construction de ce parti, que les militants révolutionnaires le construisent.


Le 25 avril 1995


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