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supplément universités à CPS n°34

Enseignants, lycéens, étudiants italiens se soulèvent en masse au cri de:

« Nous ne paierons pas votre crise ! »

 

  Italie : une mobilisation de la jeunesse scolarisée sans équivalent depuis 40 ans


Des dizaines de facultés et des centaines de lycées occupés, des écoles où s'organise le combat unitaire enseignants-parents, des manifestations de masse quasi quotidiennes (500 000, le 17 octobre) ; un mouvement qui a la sympathie manifeste des salariés qui voient la crise les frapper de plein fouet : l'Italie montre à toute l’Europe que les travailleurs et la jeunesse ne veulent pas subir la crise du système capitaliste sans combattre.

C’est pourquoi une véritable conspiration du silence a été organisée notamment par la bourgeoisie française et ses medias – et aussi par les organisations du mouvement ouvrier - sur cette mobilisation.

Au moment où les attaques contre le prolétariat et la jeunesse dans tous les pays d'Europe sont furieusement accélérées par l'évolution de la crise du système capitaliste, où les gouvernements européens lâchent 1 700 milliards d'euros pour sauver les banquiers de leur faillite, ce ne sont que coupes claires dans les budgets de la santé, de l'instruction, les retraites, comme la liquidation annoncée de 87 000 postes d’instituteurs et la diminution massive des horaires d’enseignement décidés par le gouvernement Berlusconi.

La présidente de la Confindustria (Medef italien) résume : « mais quelle réforme? Il n'y a pas de réforme, il y a seulement un décret de réduction des  dépenses » ("La Repubblica" du 26 /10)

  8 milliards en moins pour l’école, tiroir-caisse grand ouvert pour les banques, 23 milliards pour l’armée…


Sous le fouet de la crise, l’Italie et les autres puissances capitalistes rivalisent dans le soutien aux capitalistes nationaux. " Nous mettrons ce qui sera nécessaire (pour secourir les banques, ndr), au cas par cas, chaque pays détermine son mode de financement, cuius regio, eius religio, et, aujourd'hui il n'est pas nécessaire de prédéterminer un montant " déclare sans embarras le ministre de l'économie G.Tremonti !

Mais, pour cette ouverture de crédit illimité aux banques, les 8 milliards prélevés sur l'Éducation (pour les 3 ans à venir) ne suffiront pas. Il leur faut liquider tous les acquis restants, par exemple en matière de retraite.

Seuls des charlatans peuvent  prétendre qu'il pourrait y avoir un autre avenir avec le capitalisme, alors que les principaux constructeurs automobiles du monde mettent leurs usines à l’arrêt, que des millions de chômeurs en plus sont annoncés dans l’ensemble des pays capitalistes dominants, que la menace d’un krach dislocateur demeure. Le gouvernement italien, comme le gouvernement français,  tout en procédant à un hold-up historique au profit du capitalisme financier, envoie ses troupes au Liban, en Afghanistan : pour le système capitaliste en banqueroute, la seule perspective ce sont de nouvelles guerres impérialistes, coloniales, marchant de pair avec la casse des acquis ouvriers.

   …et en Italie comme en France : saccage de l’université publique


Alors que l’industrie d’armement, de mort, et ses chercheurs, est subventionnée grassement par l’Etat, dans les universités italiennes les chercheurs, dont de nombreux précaires, sont priés d'aller trouver des fonds dans le privé. Comme avec la loi LRU en France, les facultés devront se constituer en fondations pour cela. Le ministre de la Fonction Publique Brunetta ne l'envoie pas dire :

" Il faut aller chercher l'argent sur le marché, attirer les fonds internationaux. Malheur si il n'en est pas ainsi.(...) (Ceux qui ne seront pas titularisés) ne seront pas sans travail, ils chercheront autre chose " (La Repubblica du 12/10). C'est conscients de ces énormes enjeux que les étudiants et les enseignants des universités, accompagnés des lycéens ont rejoint  les écoles dans la lutte "antiGelmini".  Ils exigent le retrait des articles 16 et 66 du décret-loi 133 qui réduisent les fonds attribués aux universités par l'Etat : De 6,8 milliards à 6,1 milliards en 2010, puis à 5,8 en 2011 et qui prévoient 4 départs à la retraite sur 5 non remplacés. 

Un puissant mouvement spontané


Début septembre, à la rentrée des classes, la ministre Gelmini plastronnait :" Pour l'école une époque est finie, elle ne sera plus un amortisseur social, il faut qu'ils se mettent tous ça dans la tête, syndicats compris." (La Repubblica du 8/09). Le 8 octobre elle en rajoute: "Je lance un appel pour que les entreprises financent les écoles comme elles le font pour le foot."

Mais l'initiative prise par les instituteurs d’une école de la périphérie de Rome allait rencontrer un succès énorme: appel aux parents pour une assemblée commune d’information sur les conséquences de la « réforme »; mise en place d'une coordination. Ce comité s'est ensuite fédéré avec ceux de 40 écoles du secteur. En quelques semaines, des collectifs se sont centralisés localement dans les principales villes d'Italie. Le 3 octobre commence la mobilisation dans les universités, avant même la rentrée. Le lendemain 30 000 étudiants, lycéens, enseignants et parents manifestent à Turin. Le 10 octobre des manifestations d'étudiants et de lycéens ont lieu dans tout l'Italie, 500 000 manifestants environ; à Rome les étudiants se rassemblent devant le ministère.

Les syndicats dits "de base" (COBAS, CUB, ...) avaient lancé  un appel à la grève générale pour le 17 octobre sur une  plate forme fourre tout : l'appel est suivi massivement dans l'enseignement (ou dans les transports publics): 300 000 sous la pluie à Rome, 30 000 à Milan. Mots d'ordre : "Nous ne paierons pas votre crise", "bas les pattes devant l'école", ... Un véritable raz de marée déferle sur les facultés et les lycées : assemblées générales massives, occupations, report de la rentrée, nouvelles manifestations. 

Les étudiants se dressent contre la concertation-trahison


Le 23 octobre lors de l'ouverture de la discussion sur les "réformes", spontanément encore, des milliers d'étudiants se dirigent vers le Sénat  pour en exiger le retrait. Ce même jour la ministre propose une rencontre aux organisations étudiantes, le comité "taglia la gelmini", une des tentatives pour centraliser le mouvement des étudiants publie un communique qui s’oppose à cette « tromperie »: " Nous, nous ne parlons avec qui traite de terroristes les étudiants qui se rassemblent devant le sénat. Nous lançons un appel aux organisations étudiantes afin qu'elles rejettent cette rencontre-tromperie et qu'elles continuent la mobilisation pour contraindre la ministre à s'en aller." Les diverses organisations qui s’y rendent néanmoins doivent rompre les pourparlers et maintiennent l’exigence du retrait du décret. A cette étape, la ministre a échoué dans sa tentative de briser l'unité des organisations étudiantes. Le gouvernement doit obligatoirement faire voter le décret loi dans un délai de 60 jours après avoir été approuvé au conseil des ministres c'est-à-dire avant le  30 octobre. C'est donc une date charnière. Les comités et collectifs qui se sont peu à peu organisés, essentiellement sur un plan local, appellent à une mobilisation nationale contre le vote au sénat les 28 et 29 octobre des jours décisifs. "Il Manifesto" parle d’une « vague hors normes » qui déferle devant un Sénat encerclé de policiers.

Un mouvement qui pose la question de chasser le gouvernement


Si le gouvernement Berlusconi était obligé de retirer ses décrets sur l'école, ses jours  seraient comptés ! La mobilisation de masse en défense des intérêts immédiats de la jeunesse et de la classe ouvrière pose la question du pouvoir. Le mot d'ordre " Nous ne paierons pas votre crise" affirme l'existence de deux camps aux intérêts contradictoires. On ne peut assurer la pérennité du système capitaliste en secourant le Capital financier et assurer le droit à l'instruction. C'est une réalité incontournable dans tous les pays.

Mais la jeunesse scolarisée et les personnels de l'éducation seuls ne peuvent pas gagner : l'appui de la classe ouvrière et ses organisations est indispensable pour vaincre, comme ce fut le cas en France en 1968, ou plus près de nous pour arracher le retrait du CPE. Or en Italie les directions des confédérations manoeuvrent pour ne pas affronter Berlusconi. La direction de la fédération de la Fonction Publique CGIL (principal syndicat ouvrier)  a lancé un appel à la grève générale des écoles … pour le lendemain du vote!

Les enseignants sont confrontés à une véritable entreprise d'émiettement : les personnels des universités sont appelés, eux, à la grève le 14 novembre, précédés de grèves fonction publique … régionales les 3,4 et 7 novembre. Cela s'oppose à la volonté des enseignants qu'exprime cet appel aux syndicats signé par des syndiqués de la CGIL du Nord : 

 "Les soussignés demandent aux directions syndicales de proclamer la grève générale de l'école immédiatement, avant que les décrets soient adoptés au parlement et que soit voté le budget."

Pourtant toutes les conditions du rassemblement au grand jour de la classe ouvrière et de la jeunesse sont mûres. Dans la métallurgie devant la menace  de licenciement de 300 000 précaires et l'augmentation de 30 à 40% du chômage technique, la fédération de la CGIL vient également d'annoncer  une grève pour le 12 décembre de ce secteur décisif de la classe ouvrière italienne. 


   En Italie ou en France, la clé : imposer le front unique des organisations contre le pouvoir


La mobilisation en cours en Italie montre toute la puissance du mouvement spontané et aussi ses limites. Pour faire reculer le gouvernement, il faut imposer le Front Unique des organisations étudiantes, enseignantes et ouvrières. La constitution du comité central de grève intégrant les organisations syndicales, prenant appui sur les multiples organismes nés spontanément dans les écoles, les lycées, les facs, est posée : cette force unifiée imposerait aux directions syndicales, en premier lieu la CGIL, qu'elles appellent à la grève générale de la maternelle à l'université et à une manifestation nationale à Rome, au Parlement. 

Si le gouvernement refusait de retirer les décrets, la grève générale de tout le pays viendrait à l’ordre du jour.

Malgré la politique du « Parti Démocrate » bourgeois, issu de la liquidation du principal parti ouvrier italien par la bureaucratie, et qui aujourd’hui prône un « référendum » (comme le font les appareils en France pour s’opposer au combat de classe contre la privatisation) le gouvernement Berlusconi pourrait être balayé, ouvrant la voie à un gouvernement émanant du front unique des organisations du mouvement ouvrier italien.

Les problèmes rencontrés par la jeunesse et les travailleurs italiens sont les nôtres. Ils sont le produit de l'offensive du  capital  contre ce qu'il reste de  civilisation. En France, la "réforme" du recrutement des enseignants prolonge les études de 2 années, consacrées à la mise en conformité des futurs profs avec l'idéologie du pouvoir, fait sauter l'année de stage et ouvre la voie à la disparition du concours national c'est-à-dire au recrutement  clientéliste par les chefs d'établissement. Si on y ajoute la privatisation rampante instaurée par la loi LRU, l’attaque contre le système des bourses, celle contre les étudiants étrangers, on a un tableau du désastre en cours.

Or cette politique n'avance que dans la mesure où les dirigeants des organisations (UNEF, SNESup, ...) s’associent au gouvernement dans des discussions portant sur la mise en œuvre de ses projets. Qu’ils les quittent – que les dirigeant syndicaux refusent l’invitation à l’Elysée lancée par Sarkozy au moment même où il annonce la généralisation du travail le dimanche ; qu’à l’université ils combattent dans l’unité la « réforme » des concours-  et le gouvernement serait aussitôt en difficulté. Qu’ils les combattent dans l’unité – comme ils devraient le faire contre le projet de budget 2009 – et la voie pour vaincre, balayer Sarkozy serait ouverte.

Combattre pour le socialisme, pour l’Internationale révolutionnaire de la jeunesse


Sarkozy avait indiqué en septembre à Toulon l’alternative : soit « l’accélération des réformes », soit « renouer avec le collectivisme ».  Face à banqueroute capitaliste, en particulier, alors que les gouvernements capitalistes « nationalisent » à leur manière les banques pour écoper les pertes avec l’argent des travailleurs, il faut combattre pour la nationalisation sans indemnité ni rachat du système bancaire, pour que l’ensemble du crédit soit mis au service de la satisfaction des besoins sociaux des larges masses, et non au service de la réalisation du profit des capitalistes, ce qui exige d’exproprier les grands groupes capitalistes, les grands moyens de production et d’échanges, de dénoncer la dette  publique. Voilà ce qui serait au programme d’un gouvernement ouvrier révolutionnaire.

Pour que les travailleurs et jeunes ne paient en aucune manière la crise des capitalistes, pour le retrait des « réformes » de Sarkozy-Darcos, pour que la jeunesse conquière un avenir digne de ce nom, il faut s'organiser pour construire l’organisation révolutionnaire de la jeunesse, au compte d’un nouveau parti, ouvrier, révolutionnaire, levier pour la construction d'une internationale ouvrière révolutionnaire, d’une internationale révolutionnaire de la jeunesse.

C’est ce combat que le Groupe vous propose de mener ensemble, tirant les premières leçons du combat de la jeunesse scolarisée en Italie. Prenez contact !

 

 

 

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