DÉclaration du
Groupe pour la construction du parti ouvrier rÉvolutionnaire,
de l’internationale ouvriÈre rÉvolutionnaire
L’impérialisme, ses guerres à outrance, sont responsables de la
barbarie qui contraint des millions d’émigrés à l’exil.
Lorsqu’ils parviennent aux frontières du pays, Hollande
répond : expulsions et bombardements sur la Syrie !
Pour le mouvement ouvrier, partis et syndicats : « Les
travailleurs n’ont pas de patrie »
(Marx et Engels). C’est la responsabilité de ses dirigeants de se
prononcer :
Liberté de circulation !
Régularisation de tous les émigrés !
Troupes françaises, hors d'Afrique et du Moyen-Orient !
Arrêt des bombardements de Syrie et d'Irak !
Au
début du mois de septembre, suite à une décision du gouvernement hongrois, une
des digues établies par les principales puissances impérialistes d’Europe pour
contenir le flot de leurs victimes a sauté : plusieurs centaines de
milliers d’émigrés, venus notamment de Syrie, tentent d’affluer vers l’Europe
occidentale.
Le 7 septembre, Hollande
annonçait ce qu’était sa « réponse » à cette situation : d’une
part, l’aumône de 24000 octrois du droit d’asile en deux ans, ce qui revient à
programmer un plan de tri et d’expulsions massives pour tous les autres demandeurs ;
d’autre part : l’extension des bombardements déjà organisés sur l’Irak à
la Syrie voisine.
Ainsi,
Hollande et son gouvernement prennent appui sans vergogne sur la situation
épouvantable des émigrés pour « justifier », et leur politique
d’expulsions, et leurs opérations de guerre barbares… qui sont la cause
principale de l’émigration.
L’impérialisme est responsable de
la barbarie en Syrie
Hollande proclame : « C’est Daesh
qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles ».
Alors rappelons-le : Daesh n’est qu’une des
nombreuses émanations de la « résistance » islamiste subventionnée et
armée par la monarchie saoudienne… qui est elle-même l’une des principales
clientes des marchands d’armes français.
Ainsi Al Nosra,
branche d’Al Qaïda en Syrie, qui fut jadis félicitée
par Fabius (« Al Nosra
fait du bon boulot »). Ainsi Aqpa (Al-Qaïda dans la Péninsule arabique), qui avait
revendiqué en janvier 2015 la tuerie à Charlie
Hebdo et se retrouve membre « de fait
» de la coalition, dirigée par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui
sème le chaos, la mort... parmi les populations civiles yéménites ! D’un côté, Aqpa bénéficie des armes distribuées par cette coalition.
De l’autre, la France développe un juteux commerce d’armes financées par
l’Arabie. Enfin, Hollande fut l’invité d’honneur de ce CCG, en mai 2015, à
Riyad !
Daesh
est une créature de l’impérialisme. Il a ses racines dans l’Irak, massacré et
pulvérisé par l’impérialisme et ses guerres. Daesh a
été financé par l’Arabie et a été allié à l’Etat turc dans leur guerre contre
le peuple kurde. Ajoutons qu’il se finance aussi en vendant, via la Turquie
(membre de l’Otan), du pétrole à « des pays membres » de l’Union européenne.
Depuis deux ans, Hollande a
fait déverser des tonnes de bombes sur le Moyen-Orient – mais jamais il n’a
daigné accorder le droit d’asile systématique à l’infime portion des émigrés
syriens qui sont parvenus jusqu’en France. Au contraire : ce droit et les
« aides » afférentes ont été strictement restreints et transformés
par une loi promulguée en juillet 2015.
Les
guerres au Moyen-Orient, en Afrique sont pour Paris de splendides foires
commerciales. 2015 est annoncé comme une année « record » pour les
ventes d’armes françaises : c’est au Moyen-Orient que se trouvent les plus
gros clients (Arabie Saoudite, Emirats, Egypte). Les interventions militaires
françaises ? « C’est une
vitrine assez exceptionnelle pour montrer la qualité des armements
français », confie-t-on aux journalistes de l’Usine Nouvelle du côté du ministère de la Défense (10/2/2015).
Les puissances impérialistes sont
fauteuses de barbarie partout dans le monde
Côte à côte, Hollande, Valls,
Sarkozy, Marine Le Pen, se succèdent pour donner de l’actuelle vague d’émigrés
l’image d’un déferlement effroyable, avec un racisme à peine voilé – les uns
parlant d’un « essaim de gens
traversant la Méditerranée » (Valls), les autres « d’une fuite d’eau » posant le « problème (…) de la gestion du stock »
(Sarkozy). La réalité est qu’il s’agit de naufragés, dans un océan de boue
et de sang… dont la source se trouve à Washington, Londres et Paris.
Ainsi, selon les chiffres
tronqués du HCR de l’ONU : de 2005 à 2015, le nombre de réfugiés dans le
monde serait passé de 19,4 millions à 52,9 millions. Pour suivre la cartographie
de leur répartition, il suffit de se référer à la multiplication des
interventions militaires conduites par les impérialismes dominants (Côte
d’Ivoire, République centrafricaine, Libye, Mali, RDC, Soudan, Afghanistan,
Syrie, Irak…). Pour un pays tel que la Syrie, c’est quasiment la moitié de la
population totale qui se retrouve déplacée ou exilée.
Sous l’impact de la crise du
capitalisme, le système de pillage impérialiste en vigueur depuis des décennies
débouche aujourd’hui sur une barbarie sans limites : les interventions militaires enchaînées par les grandes puissances ont
institué des territoires entiers de non-droit, disloqués économiquement et où
règne la terreur des clans et autres bandes armées… restent les profits
des marchands d’armes et la nécessité d’écraser les peuples. La surface du
globe terrestre se couvre de plaies ouvertes, purulentes, dont les puissances
impérialistes portent l’entière responsabilité.
Le constat qui vaut pour les
victimes de cette barbarie s’étend aux prétendus « immigrés
économiques », dont la situation découle de l’exploitation forcenée de la
main-d’œuvre par les grandes métropoles, accompagnée du soutien aux régimes qui
leur sont inféodés ou soumis par la contrainte (récemment encore : vente d’avions
Rafale à la dictature égyptienne, accueil en grande pompe du roi saoudien… et
soutien de Hollande au troisième « memorandum »
en Grèce).
Du reste, tandis qu’il stigmatise
l’ « immigration économique », Hollande entend faire le tri des
réfugiés… sur la base de la demande patronale !
Leur politique
d’ « accueil »
C’est un véritable scandale que
Hollande puisse s’attribuer le « mérite » d’un
« accueil » limité à un quota dérisoire, sans que soit immédiatement
exposée et dénoncée la réalité de sa politique. Après avoir tout tenté pour
résister au premier plan de l’Union européenne de répartition de
l’ « accueil » de 40 000 immigrés, Hollande s’est rallié
piteusement au second plan construit sous l’égide de l’impérialisme allemand.
La nature de ce plan ? Il
se concentre dans la mise en place de centres de tri (comme à Drancy à partir
de 1941, ou encore dans le camp des Milles, inauguré en 1939 sous le
gouvernement du Radical Daladier ?) et l’accélération des modalités de
« traitement » des dossiers – autrement dit l’intensification des
expulsions. Le credo : distinction entre quelques « réfugiés »
légitimes et d’autres qui viendraient « pour
d’autres raisons » (Hollande). Quant aux rares propositions de quotas
contraignantes, elles ont été évacuées.
Les accords de Schengen et
Dublin ? Invoquant en principe la « liberté de circulation »,
ils autorisent en pratique l’expulsion et le refoulement massifs des émigrés
pour « raisons de sécurité », leur entassement dans des camps
inhumains (« hotspots »)
dans les premiers pays d’arrivée, au seuil de l’Europe. C’est au nom de cette politique que plus de 31 000 émigrés
sont morts noyés en Méditerranée depuis 2000 (dispositif FRONTEX), des
centaines de milliers stoppés en Europe de l’est ou dans les Balkans, quand ils
ne sont pas contenus au seuil du désert, comme au Maroc, avec des subventions
de l’Union européenne.
Il
faut ajouter : champion en Europe des guerres impérialistes, le
gouvernement français est aussi celui des lois xénophobes et des expulsions.
Selon le New York Times, les seules
expulsions de Roms hors de France au cours des trois dernières années
correspondent à une moyenne de 150 personnes par semaine !
La responsabilité des dirigeants
issus du mouvement ouvrier
Face aux annonces de Hollande, tandis
que les partis bourgeois (UMP, FN) s’époumonent en stigmatisant le
« manque de fermeté » du gouvernement, le silence ou la complaisance
des principales organisations issues du mouvement ouvrier, partis et syndicats,
sont flagrants.
En tout et pour tout, un seul
communiqué signé, entre autres, par la CGT, la
FSU, Solidaires et l’UNEF, parlant au nom de « citoyens d’Europe » et adressé à « tous les hommes et femmes de bonne volonté » demande au
gouvernement « qu’il appuie sans
équivoque un accueil [des] réfugiés dans tous les pays de l’Union
européenne » et « l’organisation
d’un grand débat public sur la question des réfugiés » (9/9/2015). Pas
un mot, pas une mise en cause de la politique menée en France par le
gouvernement, et encore moins de ses interventions impérialistes ! En
fait et pratiquement, il s’agit d’un soutien et d’une couverture à ces
derniers.
La
question des réfugiés ne peut être dissociée du combat pour que cessent les
guerres impérialistes. Elle lui est subordonnée. Le premier combat à mener en
France est d’exiger des directions syndicales (CGT, FO, FSU, UNEF) et des
partis ou organisations issus du mouvement ouvrier (PS, PCF…) qu’ils
rassemblent un front unique sur ces exigences :
· Arrêt immédiat
des bombardements en Syrie et en Irak. Retrait inconditionnel des troupes
françaises du Moyen-Orient et d’Afrique.
· Arrêt immédiat
des expulsions. Fermeture des centres de rétention. À bas les accords de
Schengen, de Dublin et les quotas !
· Ouverture des
frontières, liberté de circulation pour tous les émigrés. Mêmes droits pour les
travailleurs immigrés que pour les travailleurs français.
Le combat sur ces mots d’ordre
ne peut être dissocié de celui pour imposer aux dirigeants des confédérations
et fédérations syndicales (CGT, FO, FSU, UNEF) ainsi que des partis PS et PCF
qu’ils rompent avec le gouvernement
Hollande-Valls-Macron-Pinel et s’engagent dans la
voie pour l’affronter et le vaincre.
Il existe une majorité PS-PCF à l’Assemblée
nationale, majorité qui constitue la matérialisation de la défaite imposée aux
partis bourgeois en 2012. Il faut lui imposer de s’engager dans cette voie,
pour un gouvernement issu du front unique ouvrier, rompant avec la bourgeoisie
et dont le prolétariat et la jeunesse exigeraient la satisfaction de leurs
revendications.
Seul
un tel gouvernement renouant avec l’internationalisme prolétarien pourrait
s’engager dans la voie pour en finir avec l’Union européenne, pour les Etats
Unis Socialistes d’Europe. C’est le combat politique que mène le Groupe pour la
construction du Parti et de l’Internationale Ouvriers Révolutionnaires.
le 19 septembre 2015
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