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article paru dans CPS n°36 nouvelle série, mars 2009

Palestine: après les massacres de Gaza, Netanyahu et ses alliés veulent aller encore plus loin dans la colonisation et les expulsions

« Israël assassin ! Sarkozy complice ! »


Le samedi 10 janvier dernier, dans toute l'Europe, de nombreuses manifestations étaient organisées pour dénoncer l'offensive meurtrière menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Près de 80 000 manifestants ont défilé à Bruxelles, tentant de marcher en direction de l’ambassade d’Israël. A Londres ils étaient près de 100 000, des milliers à Oslo, Stockholm, Duigsbourg, Milan, Turin, Berne, Athènes, Salonique, Budapest, Sarajevo ou Varsovie. On en dénombrait un million à Alger. Des centaines de milliers de personnes avaient précédemment manifesté au Maroc et en Turquie.
En France, autour de 200 000 personnes (123 000 selon les chiffres du ministère de l’Intérieur) ont défilé dans 130 villes. Les organisateurs de la manifestation parisienne annonçaient le chiffre de 100 000. Celles de Marseille, Lyon et Lille rassemblaient chacune entre 15 et 20 000 personnes, celle de Nice, 6000. Le 17 janvier, les préfets des Alpes-Maritimes et des Pyrénées-Orientales interdisaient les  manifestations prévues ce jour-là.
Parmi les slogans scandés dans les cortèges, dont la majeure partie était fournie par la fraction immigrée de la classe ouvrière, venue en familles, ceux-ci : « Halte au massacre du peuple palestinien ! », « Nous sommes tous des Palestiniens ! », ou encore « Israël assassin ! Sarkozy complice ! »
Ces manifestations concentraient la colère de la classe ouvrière face au massacre, sans précédent depuis la guerre de 1967, auquel se livrait l’Etat d’Israël depuis le 27 décembre. Entre cette date et le 20 janvier, pas un jour ne s’est écoulé sans une incursion, un raid, des bombardements sur l’étroite bande de Gaza et contre le million et demi de ses habitants.


Une peau de chagrin en guise de territoire.

Un examen de l’évolution de la carte de la Palestine entre 1946 et 2005 permet d'avoir un éclairage saisissant sur la nature de ce que la presse bourgeoise appelle le « conflit » israélo-palestinien.


Encore faudrait-il, pour plus d'exactitude, y ajouter des dizaines de kilomètres de murs et barrières en tous genres, des dizaines de points de contrôle (checkpoint) qui font du moindre déplacement un calvaire et une humiliation, ainsi que les nouvelles colonies et autres « zones tampon » créées ces quatre dernières années.
La Palestine historique s’étend sur 20 500 km2, la Cisjordanie sur 5655 km2, quant à la bande de Gaza, c’est un minuscule bout de terre de 365 km2. Dans ce ghetto grand comme Andorre, qui fut le berceau de l’Intifada, se concentre une population de 1,4 millions d’habitants, d’après le recensement effectué en 2008 (ils étaient 1 million au recensement de 1997), dont 1 million de réfugiés. Parmi eux, nombreux sont notamment des habitants de la région de Haïfa qui, passée sous la domination israélienne en 1948, furent contraints de partir pour aller s'entasser à Gaza. C’est ainsi qu’en quelques temps, après 1948, Gaza a vu sa population augmenter de 300%.

Tout comme la Cisjordanie, la bande de Gaza est entourée par une barrière et, depuis septembre 2007, subit un blocus à la fois terrestre et maritime, décidé par l’Etat d’Israël mais aussi par l’Union Européenne et les Etats-Unis. 98% des 3900 entreprises gazaouies ont fermé leurs portes après qu’Israël a décrété ce territoire « entité hostile » et fermé tous les points de passage. Le taux de chômage dans la bande de Gaza est de 49%, selon la Banque mondiale, et près de 70% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Environ 1,1 million sont dépendants de l’aide humanitaire internationale. Condamnés à la clochardisation au milieu des ruines, les Gazaouis vivent dans une véritable prison à ciel ouvert.


Une opération soigneusement préparée depuis des mois


A en croire la propagande israélienne et celle des puissances impérialistes, l’offensive israélienne qui a débuté le 27 décembre aurait été déclenchée en réponse à des tirs de roquettes en provenance de Gaza, le Hamas ayant « violé la trêve » signée avec Israël.
Dans un article daté du 24 janvier, Henry Siegman, pourtant un ancien directeur de l’American Jewish Congress, a réfuté cette version des choses : « C’est Israël, et non pas le Hamas, qui a violé la trêve : le Hamas avait accepté d’arrêter ses tirs de roquettes vers Israël ; en retour, Israël devait alléger sa pression sur Gaza. En fait, pendant la trêve, elle s’est accrue. » (London Review of Books).
Cette fameuse « trêve » de six mois avait été conclue le 19 juin 2008, au Caire, entre le Hamas et des responsables égyptiens jouant les bons offices pour Tel Aviv. Les conditions posées par Israël étaient simples: avant toute levée du blocus qui meurtrit Gaza, le Hamas devait interdire toute attaque contre Israël et son armée. Pour ce dernier, il ne suffisait donc pas de capituler: encore fallait-il faire la police dans le ghetto, étouffer toute vélléité de résistance et... prier pour qu'Israël accepte de relâcher sa pression criminelle. L'organisation islamiste a rempli ce rôle à merveille – allant jusqu'à arrêter de nombreux militants palestiniens prêts à en découdre.
Cela n'était pas suffisant aux yeux du gouvernement israélien, peu désireux de desserrer l'étau autour de la population gazaouie.
Dès le 24 juin, deux responsables des brigades al-Qods (branche armée du Djihad islamique) sont abattus à Naplouse, en Cisjordanie. En réponse, trois roquettes sont tirées depuis Gaza. Les dirigeants de l’État hébreu reportent alors l’ouverture prévue de trois points de passage des marchandises. Le 19 août, les voies ferrées de Gaza sont fermées.
Le 4 novembre, Israël viole délibérément le cessez-le-feu par une incursion sanglante dans la bande de Gaza. La riposte dérisoire qui s'ensuit - une quarantaine de roquettes lancées au sud d’Israël – est invoquée par Tel Aviv pour « justifier » le bouclage total de Gaza, bloquant l’aide humanitaire, et lancer des opérations militaires qui se poursuivront jusqu'au 16. En Cisjordanie, des ratonnades sont organisées contre des écoliers.
A cette date, la situation humanitaire à Gaza est d'ores et déjà intenable, au point que le syndicat des boulangers annonce une possible fermeture totale des fours à pain, faute de farine et de carburant. Le Hamas se voit contraint d'annoncer que la « trève » qui touche à sa fin ne sera reconduite qu'à la condition d'une réouverture des points de passage et, faute de réponse, lance quelques roquettes aux alentours de Sderot. Tel Aviv y trouve le prétexte espéré pour lancer son offensive.


L'opération « Plomb durci »: un massacre délibéré


Le 27 décembre est déclenchée l’opération « Plomb durci », non pour protéger les villes situées de manière à encercler la bande de  Gaza, mais pour affirmer le « droit » d’Israël à étrangler la population gazaouie. Les premiers bombardements font plus de 270 morts et des centaines de blessés. Le ministre « travailliste » de la Défense Ehoud Barak, déclare: « L'opération se poursuivra et s'intensifiera autant que cela sera nécessaire (...) Depuis des mois, nous nous sommes préparés à frapper durement le Hamas pour qu'il cesse ses attaques contre des civils israéliens. »
Washington rend immédiatement le Hamas responsable de la « violence », invitant cyniquement Tsahal à ne pas faire de « victimes civiles » - une absurdité sur un territoire où la densité de population est parmi les plus élevées au monde. Le Conseil de Sécurité de l'ONU adoptera , dans les jours qui suivent, plusieurs déclarations « non contraignantes » pour « l'arrêt des violences »: tartufferies qui laissent les mains libres à Tsahal pour massacrer et détruire tout son saoûl.
Le 3 janvier, c’est une offensive terrestre que lance Israël contre Gaza. A partir de cette date, le territoire est interdit à tout journaliste. Le 4, le président tchèque de l'Union Européenne déclare que ces opérations sont « défensives, non offensives »: avec un tel feu vert, le massacre prend une nouvelle dimension. Le 11, une troisième phase de l'attaque est lancée, avec le déploiement de milliers de réservistes et des assauts « au coeur des villes et dans les camps de réfugiés » (Le Monde, 12/1/2009). Le 18 janvier est enfin décrété un « cessez-le-feu unilatéral » par Tsahal, aussitôt singé par un Hamas à bout de souffle et poussant de pitoyables cris de « victoire ».

Les dates suffisent à le montrer: la période choisie pour l’attaque israélienne était des plus opportunes. Elles permettaient de profiter des derniers jours de l’administration Bush. Elles s’inscrivaient aussi dans le cadre d’un éventuel réajustement de la politique de l’impérialisme US au lendemain des élections : Israël pratiquant le fait accompli alignait on va le voir l’ensemble des puissances impérialistes derrière lui et indiquait en même temps qu’il défendrait le cas échéant par tous les moyens ses intérêts spécifiques, lesquels ne coïncident pas toujours avec ceux de ses parrains américains.
Par ailleurs, il ne fait aucun doute que deux piliers du gouvernement Olmert – Tzipi Livni, tête de liste pour Kadima, et Ehoud Barak, ministre « travailliste » de la guerre - préparaient les élections législatives israéliennes de février avec les cadavres des Gazaouis.


La barbarie sioniste en action.


Associant raids aériens, opérations terrestres et opérations maritimes contre la bande de Gaza, l’opération dite « Plomb durci » a occasionné des dégâts considérables. Le bilan des victimes gazaouies, établi par les services médicaux palestiniens après le 18 janvier (date du « cessez-le-feu unilatéral) fait état de 1330 morts palestiniens, dont 437 enfants de moins de 16 ans. Des écoles connues pour accueillir des réfugiés aux abois ont été sciemment bombardées. A Zeitoun, l'armée israélienne a délibérément enfermé toute un famille avant de la massacrer (v Libération du 23/1/2009). On dénombre également plus de 5300 blessés.
Plus de 4000 maisons ont été détruites, 17 000 sérieusement endommagées. La quasi-totalité du maigre tissu industriel gazaoui - les usines électriques, les minoteries, etc. - est détruit; les champs et les troupeaux ont pour la plupart été anéantis. La bande de Gaza est ainsi privée de la faible marge d'autonomie dont elle disposait et se retrouve plus que jamais à la merci de Tel Aviv, totalement dépendante de l'aide « humanitaire » que l'ONU et l'Union Européenne lui font payer au prix du sang et de l'humiliation.
Plus sinistre encore, Gaza a été un laboratoire pour l’Etat d’Israël qui y a testé de nouvelles armes de destruction massive, conçues pour provoquer les pires dégâts humains: bombes au phosphore blanc, bombes à fragmentation dites DIME, bombes à uranium appauvri, obus à fléchettes... 1,95 milliard d’euros ont été consacrés à cette entreprise de mort et de destruction.
Côté israélien, les autorités de l’Etat hébreu ont compté 4 morts civils, 10 tués et 84 blessés dans l'armée. Sur ce total, 3 ont été tués et 24 blessés par un tir de char … israélien. Les chiffres montrent d’emblée la dissymétrie entre les forces en présence.
Les répercussions humanitaires à long terme de « Plomb durci » sont enfin impossibles à évaluer, à ceci près qu'on sait qu'elles seront monstrueuses. Quant à l'aide internationale, il suffit du moindre prétexte à l'UE, à l'ONU ou à Israël pour l'interrompre quand bon leur semble. Les incursions israéliennes se poursuivent à l'envi, cessez-le-feu ou non.


Un « front uni » aux côtés d'Israël (Olmert)


Dans son oeuvre de mort, Israël a pu compter sur un soutien affiché de la part des principales puissances impérialistes.
Le 21 janvier, trois jours après la fin des massacres, le premier ministre israélien sur le départ, Olmert, recevait ses « amis » européens à Jerusalem. Merkel, Brown, Berlusconi et Sarkozy étaient aux premières loges – les deux derniers n'hésitant pas à se montrer hilares sous les flashes des journalistes. Olmert saluait le rôle joué par ses invités durant les « opérations »:
« Je voudrais exprimer mon estime toute personnelle et l'estime du peuple d'Israël à vous tous, dirigeants des Etats européens, pour l'expression de soutien très impressionnante à l'Etat d'Israël dont vous avez fait preuve et vos préoccupations pour sa sécurité. Ce front uni que vous représentez, cette position sans compromis pour ce qui concerne la sécurité de l'Etat d'Israël, réchauffent nos coeurs et nous renforcent en cette heure si sensible et complexe. »
Olmert soulignait encore la promesse, faite par les quatre ténors européens, de « faire tout ce qui est possible pour empêcher la contrebande d'armes, pour que ces armes ne tombent pas aux mains des groupes d'assassins [sic] de Gaza ». Ces remerciements n'ont rien de superfétatoire.
L'Union européenne est partie prenante du blocus de Gaza, qu'elle a privé de ses subventions, et a dépêché en Egypte, au côtés des garde-frontières locaux et de spécialistes américains, plusieurs équipes chargées de condamner les tunnels par lesquels Gaza s'approvisionne au prix fort. A l'inverse, elle a envisagé de renforcer son accord de coopération avec Israël – décision qui n'a été « suspendue » qu'en raison de l'indignation provoquée par les massacres.
Les impérialismes français, italien, allemand et espagnol ont soutenu Israël au sud du Liban via la FINUL, force militaire sous mandat de l'ONU dont ils fournissent les principaux contingents. Les ministres des affaires étrangères français et italien, Kouchner et Frattini, se sont félicités, le 23 février, dans une lettre ouverte au gouvernement libanais, du « calme global observé le long de la ligne bleue [la frontière libano-israélienne, ndlr] pendant le récent conflit à Gaza », laissant libre cours aux opérations de Tsahal.
Dans ce palmarès européen de l'abjection, il convient de réserver un prix spécial à l'impérialisme français et à son président.


Sarkozy joue les bons offices pour Washington et Tel Aviv


Au moment même où les massacres de civils sous les assauts israéliens se multipliaient, Tzipi Livni était chaleureusement accueillie par Sarkozy, le 1er janvier 2009. Cette dernière remerciait « le président Sarkozy pour sa compréhension ». Quatre jours plus tard, en tournée diplomatique dans le Proche-Orient, Sarkozy s’entretenait avec le président égyptien, l’ultra-autoritaire et corrompu Hosni Moubarak, pour déclarer au sortir de cette rencontre: « Le Hamas, en décidant de mettre fin à la trêve et en reprenant les tirs de roquettes sur les populations civiles d'Israël (...) porte une lourde responsabilité pour la souffrance des Palestiniens de Gaza » (AFP, 6 janvier 2009).
Ces bons et loyaux services diplomatiques ne devaient pas convaincre Tel Aviv d'offrir au petit bonaparte en parade une réelle contrepartie. Ce dernier demandait une « trève humanitaire » pour faire bonne figure, une pause symbolique et dérisoire au milieu du massacre: Tel Aviv a instauré une interruption des combats de... trois heures par jour. Sinistre « concession »: les Palestiniens sont dès lors massacrés 21 heures sur 24, et non plus 24 heures... encore est-ce vrai les jours, pas si fréquents, où Israël respecte ses engagements.

Mais c’est peu de temps après la déclaration de cessez-le-feu que Sarkozy dévoilait l’ampleur de sa complicité avec Israël. En effet, le vendredi 23 janvier au soir, il dépêchait au large de Gaza, aux côtés des forces navales massives d'Israël, une frégate porte-hélicoptère rattachée à la FINUL, afin de renforcer le blocus. La caractérisation portée par CPS, dès 2006, sur le rôle de la FINUL – partie intégrante de la coalition impérialiste au Moyen-Orient - se voit confirmée (v CPS n°26).


Aider Israël à écraser le peuple palestinien ? « Yes, we can !»


Le soutien sur tous les plans de l'administration Bush à Israël, de la préparation de « Plomb durci » à sa conclusion et de la Maison Blanche à l'ONU, est une évidence qu'il convient à peine de rappeler dans cet article. Toutefois, les torrents de haine légitime (et les quelques chaussures) qui ont accompagné Bush Jr vers la porte de sortie ne doivent pas être accompagnés d'illusions sur ce qu'implique l'investiture d'Obama.
Dans le prolongement de l'opération d'intoxication planétaire qui lui a permis d'accéder au pouvoir, Obama faisait savoir le 21 janvier qu'il avait consacré son premier coup de téléphone officiel au président de l' « Autorité palestinienne » en Cisjordanie, Mahmoud Abbas, pour lui promettre une « paix durable dans la région ». Puis il nommait un « émissaire spécial » au Proche-Orient, George Mitchell. Ce numéro médiatique constituait certes un message en direction de l'Etat sioniste et des pays voisins, à la veille des élections israéliennes; mais il visait aussi à donner le change après le long silence observé par Obama tout au long des massacres.
Au cours de l'opération « Plomb durci », républicains et démocrates ont observé une unité sans faille dans le soutien à Israël: le 9 janvier, la Chambre des représentants reconnaissait le « droit [pour Israël] de se défendre contre les attaques venues de Gaza » par 390 voix contre 5, tandis que le Sénat affirmait à l'unanimité « le soutien déterminé des Etats-Unis à Israël dans sa bataille contre le Hamas ». C'est devant la commission des affaires étrangères de ce même Sénat qu'Hillary Clinton expliquait le 13 janvier: « Le président élu et moi comprenons et sommes favorables au désir d'Israël de se défendre dans les circonstances actuelles (...) Mais nous connaissons le prix humanitaire des conflits au Proche-Orient et nous sommes peinés par les souffrances des civils palestiniens et israéliens ». Obama et Clinton reconnaissent le « Droit » de tuer au bourreau, et offrent leurs larmes de crocodiles aux victimes.
Déjà, en qualité de candidat à la présidentielle, Obama avait multiplié les gages en direction d'Israël. Le 4 juin 2008, il effectuait son tout premier discours de campagne devant l'AIPAC, l'incontournable lobby pro-israélien d'outre-Atlantique, assurant qu'il s'élèverait « toujours pour soutenir le droit d'Israël à se défendre à l'ONU et dans le monde entier », affirmant son refus de toutes négociations directes avec le le Hamas et promettant: « Jerusalem restera la capitale d'Israël, et elle doit rester indivisible ». Ladite capitale étant en réalité Tel Aviv, il s'agissait là d'une concession par avance, extrêmement significative, aux prétentions de l'Etat sioniste. Plus tôt dans l'année, de passage en Israël, Obama avait précisé le sort qu'il réservait aux millions de réfugiés palestiniens qui s'entassent dans les pays voisins: « Le droit au retour est quelque chose qui n'est pas une option dans le sens littéral » (Jerusalem Post, 3/2/2008).

Les Etats-Unis sont les principaux pourvoyeurs d’armes d’Israël. Un accord signé en 2007 prévoit d'accroître de 25% l'aide militaire américaine à Israël, passant de 2,4 à 3 milliards de dollars annuels pendant 10 ans. Obama s’est scrupuleusement engagé à respecter cet accord. Le « changement », on le voit, ne concerne en rien la politique américaine vis-à-vis d'Israël.
Et pourtant: toute cette bonne volonté n'empêche nullement l'administration Obama de se trouver confrontée à un sérieux accroc avec le résultat des élections israéliennes.


Des élections sur fond de surenchère raciste et coloniale


Le scrutin législatif israélien, qui s'est tenu le 10 février, le montre : en Israël, les élections se gagnent dans le sang des Palestiniens. Il s'agissait – la précision est nécessaire – d'élections anticipées, organisées après l'annonce de sa démission par l'ex-premier ministre Ehoud Olmert, en proie à des démêlés juridiques. Son successeur désigné au sein de Kadima, Tzipi Livni, n'était pas parvenue à réunir autour d'elle une nouvelle majorité. Estimant la situation favorable à un coup de barre à droite, le parti « ultra-orthodoxe » Shass a en réalité délibérément dynamité la fragile alliance sur laquelle Kadima s'appuyait pour précipiter l'échéance électorale.
Kadima et les travaillistes ont tenté de prendre appui sur l'ahurissante démonstration de brutalité qu'a été « Plomb durci » pour empêcher leur défaite prévisible. Néanmoins, le scrutin du 10 février 2009 a profité avant tout... aux organisations qui avaient fait campagne sur l'idée que le massacre n'était pas allé assez loin, rengaine déjà entonnée en 2006, à l'issue de l'offensive contre le Liban.
Si Kadima est resté en tête, malgré une légère érosion, le Parti Travailliste connaît les plus mauvais résultats de son histoire. La « gauche » sioniste est laminée. A l'opposé, le Likoud de Netanyahu, que même Washington craignait de voir triompher, redevient la seconde force politique du pays avec 27 députés (contre 12 auparavant). Le parti ultra-raciste Israël Beitenou progresse et se retrouve en troisième position avec 15 élus. Globalement, les partis qui considèrent nécessaire de frapper les palestiniens plus fort et plus vite que le gouvernement sortant rassemblent plus de la moitié des 120 sièges de la Knesset, sans toutefois qu'un accord entre ces forces aille de soi.
C'est dans ces conditions que, le 20 février, le président israélien Shimon Peres a désigné Netanyahu, chef du Likoud, pour être premier ministre du pays. Ce dernier refusant de s'engager publiquement sur la perspective d'un « Etat palestinien », fût-il aux dimensions d'un terrain vague, les pourparlers avec Kadima échouent rapidement. Netanyahu peut néanmoins compter sur l'appui d'Israël Beitenou – parti dont la revendication fondamentale est celle du « transfert » des arabes vivant en Israël, autrement dit leur déportation – et du parti « ultra-orthodoxe » Shass, partisan viscéral de Jerusalem comme « capitale éternelle et indivisible » d'Israël, au grand dam des centaines de milliers de palestiniens qui l'habitent... et avec un net soutien de sa population juive.
Mais encore: le chef du Parti Travailliste, Ehoud Barak, a conclu le 24 mars un accord en vue de participer au gouvernement, accord qui lui permettrait de rester ministre de la guerre mais qui, à peine ratifié, menace de provoquer une crise au sein de ce parti sioniste historique, fondateur d'Israël, désormais de très loin dépassé par ses successeurs.


Des résultats qui expriment la nature même d'Israël


Il faut le dire car c'est la vérité: les résultats des élections israéliennes ne constituent en aucun cas un accident fortuit, malheureux, évitable. Ils expriment au contraire un mouvement profond, récurrent au sein de la population israélienne, qui reflète la nature même de l'Etat sioniste: un Etat colonial et raciste.
Au coeur de l'idéologie sioniste fondatrice d'Israël, il y a la perspective d'un « foyer national juif » en Palestine, et le refus subséquent de cohabiter avec une majorité arabe. Produit du nettoyage ethnique de la majeure partie de la Palestine, en 1948 et 1967, Israël a contraint à l'exil des générations de palestiniens s'entassant par millions dans des camps de réfugiés en Jordanie, Syrie, Liban... Ces réfugiés n'ont d'autre perspective que de se battre pour rentrer chez eux. Le prétendu « droit à l'existence » d'Israël, leitmotiv entonné à l'envi par le choeur des impérialistes, suppose une guerre permanente.
De sa création à nos jours, l'évolution politique d'Israël, ponctuée par des vagues successives d'immigrants, s'est toujours effectuée vers la droite – l'essor du Likoud à partir des années 1970 et sa résurgence rapide, trois ans après la scission qui a donné naissance à Kadima, la progression constante d'Israel Beitenou depuis la fin des années 1980,  enfin la marginalisation des travaillistes et de la « gauche » sioniste en témoignent. Ce mouvement vers la droite s'est toujours accompagné d'une radicalisation contre les palestiniens, exprimant l'aspiration des colons à se faire une place.
Dans son immense majorité, la population « juive » ou assimilée d'Israël considère que son destin est lié au maintien de l'Etat sioniste. Les « pacifistes » israéliens eux-mêmes s'inscrivent dans ce consensus, reconnaissant tout au plus aux palestiniens le droit d'installer, dans un avenir lointain, un « Etat » morcelé aux marges d'Israël, inviable et soumis à son bon vouloir.
Le mouvement électoral vers les organisations coloniales et racistes les plus radicales a été profond:  le taux de participation de 65,2% était plus élevé qu'en 2006. Même dans certains kibboutzim (communautés collectivistes et bastions traditionnels du « travaillisme »), Israel Beitenou a pu engranger des scores importants. Les premiers soubresauts de la crise du capitalisme eux-mêmes n'ont d'autre conséquence: conduire la masse des israéliens à vouloir frapper et coloniser davantage les palestiniens, imposer des conditions plus dures aux Etats arabes voisins.


Imposer de nouveaux reculs aux palestiniens


S'il parvient à se mettre en place, le gouvernement Netanyahu devra sans doute nuancer ses orientations, du moins publiquement. Obama, après toutes les concessions qu'il a octroyées par avance aux milieux sionistes, ne voit pas en effet d'un bon oeil le fait qu'Israël pousse encore plus loin l'avantage.
Le 24 mars, il affirmait ainsi la nécessité de pourparlers israélo-palestiniens : « Ce n'est pas plus simple que cela n'était, mais c'est tout aussi nécessaire (...) Mais ce que nous savons, c'est que le statu quo est intenable. Il est indispensable que nous progressions vers une solution à deux Etats où israéliens et palestiniens puissent vivre en paix côte à côte ». Il ajoutait qu'il ferait pression dans ce sens, que Netanyahu le veuille ou pas. Ce dernier se voyait dès lors conduit à manoeuvrer en recul, s'affirmant un « partenaire pour la paix » (AFP, 25/3/2009). Pour autant, il ne fait aucun doute qu'appuyé sur les conséquences de « Plomb durci », l'Etat sioniste se dispose à imposer de nouveaux reculs  brutaux aux masses palestiniennes.
En septembre 2000, face aux vélléités de Washington de faire aboutir un « Etat palestinien » croupion en Cisjordanie et à Gaza, ainsi qu'à la revendication par les palestiniens du contrôle des quartiers arabes de Jerusalem, le dirigeant du Likoud Ariel Sharon avait organisé une provocation à l'encontre des palestiniens pour dynamiter l'ensemble du processus, proclamant qu'il allait en finir pour de bon avec l' « Autorité palestinienne ». Pragmatique, il n'en a pas moins formellement accepté, par la suite, le cadre de la « Feuille de route », ou procédé à la demande de Bush au « retrait unilatéral » de Gaza - allant, de connivence avec Washington, jusqu'à scissionner son propre parti, le Likoud, pour créer Kadima: l'essentiel étant que, parallèlement à chaque « concession douloureuse » revue chaque fois au rabais, la colonisation pût se poursuivre. Des date-butoir pour la proclamation d'un « Etat » palestinien ont été fixées pour 1998, 2000, 2005, 2008: l'Etat d'Israël parle de « paix »... et prend la terre.

Le retour aux affaires du Likoud doit permettre à Israël d'imposer de nouveaux reculs aux palestiniens, avec l'appui de larges pans de la population israélienne: le ministère israélien de l'habitat n'annonçait-il pas récemment un doublement des colonies? Un accord entre le Likoud et Israël Beitenou prévoit ainsi de relancer le développement de la colonie de Maalé Adoumim, gelé en 2005 à la demande de Washington – ce qui reviendrait à casser en deux ce qui reste de Cisjordanie sous contrôle palestinien, la coupant en outre totalement de Jerusalem.
Cette surenchère coloniale ne serait cependant pas possible si Israël n'avait conscience de l'état de faiblesse sans précédent dans lequel se trouvent les masses palestiniennes et les masses arabes de la région, et en particulier l'extrême dégénérescence du principal parti nationaliste, le Fatah.


Le Fatah toujours plus décomposé


A l'issue de l'opération « Plomb durci », le Monde du 21/1/2009 effectuait ce constat sans appel: « Une victime n'a pas encore été dégagée des ruines fumantes de Gaza, livrée pendant trois semaines à une puissance de feu israélienne sans précédent dans l'histoire tourmentée de ce territoire. Le Fatah, colonne vertébrale de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), absent pour la première fois d'un affrontement armé avec Israël depuis sa création, en 1959, au Koweït. »
Au début des opérations israéliennes, Mahmoud Abbas, « président » de l' « Autorité palestinienne » en Cisjordanie, a imputé la responsabilité des événements au Hamas. Au cours des massacres, le principal fait d'armes du Fatah aura été... d'organiser le tabassage de manifestants palestiniens rassemblés sous les couleurs du parti islamiste, le 9 janvier à Ramallah. Ces éléments en disent long sur la dégénérescence que connaît le principal parti nationaliste palestinien.
Jusqu'alors, aucun coup de semonce d'Israël n'avait été sans provoquer des vélléités de résistance en son sein. Face à la répression orchestrée par Sharon en 2000 et en 2002, les jeunes militants s'étaient engagés derrière Marwan Barghouti dans la résistance à l' « occupation » au-delà des frontières de 1967. Il s'agissait, il est vrai, d'une réaction limitée, puisque se plaçant sur le terrain pourri des résolutions de l'ONU, lesquelles octroient par avance à l'Etat sioniste le « droit » d'occuper 78% de la Palestine mandataire. Mais ils traduisaient l'impossibilité pour Arafat et ses pairs de museler totalement leur parti.

L'arrestation de Barghouti en 2002, la mort d'Arafat en 2004, puis la propulsion à la tête de l' « Autorité » de Mahmoud Abbas, avec la bénédiction de Washington (v CPS n°19), ont permis au courant le plus conciliateur avec Israël de s'imposer – les Etats-Unis devenant dans le même mouvement un important bailleur de fonds pour Abbas. Nullement reconnus par la base du Fatah, Abbas et ses alliés s'en approprient la direction et y paralysent la vie politique, alors que la direction n'a pas été réélue ni modifiée depuis 1989. Le Fatah semble tétanisé, de moins en moins vivant en dehors de l' « Autorité palestinienne », au point de se décomposer comme il l'a fait à Gaza en 2007, ou de se voir débordé, comme au Liban, par des milices islamistes ultra-réactionnaires, sans qu'à l'inverse rien de positif ne semble se dégager en termes d'organisation.


Hamas, Fatah: ennemis dans leurs fiefs, unis dans la prosternation


Un mois s'était à peine écoulé après le massacre des gazaouis que des dignitaires du Hamas et du Fatah se donnaient l'accolade, le 25/2, au Caire, à l'invitation des autorités égyptiennes, étroitement impliquées dans le blocus de Gaza, et qui lors de l'opération « Plomb durci » ont fait tirer sur les palestiniens qui tentaient de trouver refuge de l'autre côté de la frontière. L'objet de cette rencontre? Une énième amorce de tractations en vue de constituer un « gouvernement d'union nationale » en Cisjordanie et à Gaza, à charge pour ce gouvernement de reprendre la mauvaise comédie toujours recommencée des « pourparlers de paix » avec le bourreau israélien.
Cette reprise des discussions Hamas-Fatah constitutait une exigence de Washington et de l'Union européenne. Une semaine plus tard se tenait à Charm el Cheikh la réunion « des donateurs », dite « Conférence internationale sur la reconstruction de Gaza » à laquelle ont participé 75 Etats, en particulier les principales puissances impérialistes. Sous couvert de charité, c'est bien la reprise en main de l' « Autorité palestinienne » qu'il s'est agi d'organiser. Les 4,5 milliards de dollars d' « aide » annoncés sont, dans ce sens, avant tout destinés à la corruption: ainsi, sur les 900 millions de dollars d’aide américaine « promise », seul un tiers est destiné à Gaza.
Sarkozy, dans son discours d'ouverture, posait à la suite d'Hillary Clinton les conditions des puissances impérialistes: « Rassemblez-vous dans un gouvernement d’union derrière le président Abbas », ce dernier étant décrit en outre comme « le seul interlocuteur de la France », « dont la démarche de paix est la seule qui produira des résultats ». Quant au Hamas: s'il « veut être respecté, il doit avoir une position respectable », autrement dit abandonner tout « terrorisme » -  Israël ne perdant nullement sa « respectabilité » en dépit de ses bombardements meurtriers.

Cinq jours après la réunion de Charm-el-Cheikh, la pression des impérialistes obtenait ses premiers résultats: le « premier ministre » palestinien Salam Fayyad présentait sa démission à Mahmoud Abbas afin d’ouvrir la voie à un nouveau cabinet. Mais la participation du Hamas à un gouvernement d’union nationale doit s’accompagner de son acceptation de l’exigence numéro un formulée par les puissances impérialistes : la reconnaissance de l’Etat d’Israël – la reconnaissance implicite via les « frontières de 1967 », que le mouvement islamiste a déjà acceptées depuis un certain temps, n'étant manifestement pas suffisante aux yeux de Washington et Paris.

Formellement, l'accord pour un « gouvernement d'union » n'a pas été trouvé à ce jour – et l'histoire récente a connu plusieurs accords de ce type, qu'Israël a rapidement dynamités. L'essentiel est ici que les notables palestiniens des deux bords se prêtent à ce jeu du chat et de la souris. Quant aux raisons pour lesquelles l'administration américaine adopte en apparence une plus grande détermination dans la recherche d'une « solution à deux Etats », elles tiennent essentiellement du calcul diplomatique.


L'objectif d'Obama: effacer les séquelles de « Plomb durci »,
faciliter un rapprochement avec la Syrie et l'Iran


Pour illustrer la disponibilité du Hamas pour tous les compromis, dès lors qu'il se voit assuré d'une place véritable au sein de l' « Autorité palestinienne », il n'est qu'à considérer les derniers propos tenus, depuis Damas, par le principal chef du Hamas, Khaled Meshaal, au sujet d'Obama. Le locataire de la Maison Blanche et sa suite ont déclaré sur tous les tons que le Hamas ne serait pas un interlocuteur tant qu'il n'aurait pas cédé à toutes ses exigences. Réaction du dirigeant islamiste: « Le président Obama emploie un ton nouveau pour évoquer la région (...) Une ouverture officielle en direction du Hamas n'est qu'une question de temps. » (Reuters, 22/3/2009).

Derrière les propos de Meshaal, il y a l'expression du plus vif intérêt de son hôte – la Syrie – et de l'un de ses principaux mécènes – l'Iran – pour les signes d'ouverture diplomatique envoyés en leur direction par le nouveau président. L'élection d'Obama est en effet l'occasion de réajuster la politique américaine au Moyen-Orient: pour éviter un désastre complet, Washington a besoin de la collaboration des deux pays. Et Damas, en particulier, multiplie en retour les signes de disponibilité. Bien plus qu'une recherche de « solution » pour les masses palestiniennes, l'annonce d'une relance du « processus de paix » en Palestine a pour fonction première de faciliter ce rapprochement. Agiter la carotte de « deux Etats » permet en outre de contenir les masses de la région. Pas plus qu'Israël ou Washington, les dictatures arabes n'ont intérêt à ce que les masses palestiniennes obtiennent gain de cause: pendant plusieurs décennies, ces dernières ont constitué un ferment révolutionnaire dans toute la région, menaçant d'entraîner dans leur sillage les masses des pays environnants. Si la Syrie et l'Iran instrumentalisent diverses factions aux comptes de leurs intérêts, l'une et l'autre sont en définitive hostiles à la cause palestinienne – Damas n'ayant par le passé pas rechigné à l'écraser dans le sang.

Les mobilisations d'ampleur qui se sont développées dans le monde entier contre le massacre des gazaouis se sont enfin nourries d'une prise de conscience: celle que les puissances impérialistes et leurs alliés régionaux étaient complices d'Israël. De l'Union européenne à l'Egypte en passant par la Turquie, l' « arnaque » Obama s'impose comme une aubaine pour donner le change, faire refluer la rage des masses en leur chantant à nouveau, en modulant à peine, ces berceuses pour la « paix » et le « droit international » qui les assomment depuis plus de quinze ans.


Qui viendra au secours du peuple palestinien?


Quelles que soient les péripéties à venir des gesticulations internationales pour une prétendue « paix », quels que soient les actes de soumission toujours plus humiliants que les dirigeants du Fatah ou du Hamas accepteront d'effectuer, quelles que soient y compris les vélléités d'Obama de s'engager dans la voie d'un quelconque « règlement » de la question palestinienne – « règlement » qui ne pourrait qu'être réactionnaire - l'histoire déjà longue du « processus de paix » permet de l'affirmer: aucune issue positive, aucun arrêt des massacres, aucune « paix » fût-elle payée au prix fort n'en sortira.
Depuis le « processus d'Oslo » jusqu'aux accords d'Annapolis, la finalité de ces tractations n'a jamais été, pour Israël, que de lier les mains des masses palestiniennes, tandis que l'Etat sioniste poussait toujours plus loin la colonisation. La logique de la « Feuille de route » de 2004, qui fait de l'arrêt de toute attaque contre Israël et du démantèlement des milices un préalable à toute « concession » israélienne, permet à Tel Aviv de remettre constamment en cause ses maigres engagements. Du reste, lorsque l'état des négociations le nécessite, Israël peut toujours les dynamiter, comme Sharon l'a fait en 2000, pour relancer ensuite des « négociations » à la baisse. Et l'expérience de septembre 2000 le prouve également: jamais Washington n'ira au-delà de récriminations limitées à l'encontre de l'Etat sioniste.

Quoiqu'il en soit des aléas à venir du gouvernement Netanyahu et de sa majorité fragile et hétéroclite, les élections israéliennes l'ont exprimé sans appel: Israël se prépare à porter de durs coups aux palestiniens, déjà dans une situation épouvantable. Ce qui conduit à poser la question: qui viendra en aide au peuple palestinien?
Cet article permet de répondre d'emblée: ni Obama, ni Sarkozy, ni l'Union européenne, pas plus que les dictatures arabes de la région. Pas l'ONU, où les bandits impérialistes disposent d'un droit de veto, qui est à l'origine de l'Etat colonial d'Israël, et dont les résolutions consacrent l'annexion des quatre cinquièmes de la Palestine. Quant au « droit international » que les appareils du mouvement ouvrier ne cessent d'invoquer, outre qu'il est fondamentalement réactionnaire, celles de ses dispositions qui pourraient être favorables au peuple palestinien ne trouveront jamais de bras armé pour les appliquer: invoquer ce « droit » est une mystification.

Plus de quinze ans de « processus de paix » ponctué de bombes, d'intégration du Fatah dans l' « Autorité palestinienne » ont porté leurs fruits pourris: la décomposition du Fatah et de l'OLP est extrême, sans que se dégage en parallèle une force nouvelle. L'émergence de cette force, qui ne pourrait être qu'une organisation révolutionnaire, supposerait que soit réaffirmée la seule perspective à même d'en finir avec le martyre du peuple palestinien: le combat pour en finir avec l'Etat d'Israël, pour l'Assemblée constituante palestinienne appuyée sur le retour des réfugiés, vers l'édification d'une Palestine socialiste, laïque et démocratique, partie intégrante d'une Fédération socialiste du Moyen-Orient.

Le peuple palestinien ne pourra toutefois pas vaincre seul – d'autant plus que l'étau qui l'enserre n'a jamais été aussi meurtrier. Pour briser cet étau, appuyer la lutte des masses palestiniennes pour leur émancipation, le mouvement ouvrier, ses partis et ses syndicats, peuvent et doivent jouer un rôle essentiel: celui d'organiser un véritable boycott de l'Etat sioniste. C'est le combat dans ce sens que propose notre Groupe.


25 mars 2009

 

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