Editorial de CPS ancienne série n°57 - avril
1995
élections présidentielles
déclaration
du comité pour la
construction
du parti et de l’internationale ouvriers et révolutionnaires
pour la liquidation de
la ve
république
les principaux candidats
P |
ar dizaines,
scandales financiers, affaires de corruption, de prévarications éclatent en
surface, ce qui indique la pourriture en profondeur du régime capitaliste.
C’est dans cette atmosphère que se déroule la campagne électorale pour
l’élection du président de la République qui aura lieu le 23 avril pour le
premier tour, le 8 mai pour le second. Désormais les principaux candidats à la
présidence sont connus.
Partis bourgeois, dits de droite : les duettistes rivaux Chirac et
Balladur (RPR), Le Pen (FN), De Villiers (Mouvement
pour la France.
Partis ouvriers traîtres et dégénérés : Lionel Jospin (PS), Robert Hue
(PCF).
Il faut mentionner les candidatures de Jean-François Hory au nom de “Radical”,
organisation bourgeoise dite de gauche, dont l’objectif est de prendre le plus
de voix possible à Jospin pour l’empêcher d’accéder au deuxième tour — les
candidatures des différents groupes écologistes, formations petites
bourgeoises.
Enfin, il y a la candidature d’Arlette Laguiller représentant “Lutte Ouvrière”,
organisation que l’on peut considérer comme ouvrière et qui développe une
politique populiste.
Après longues réflexions Barre et Giscard d’Estaing ont renoncé à être
candidats en reconnaissant que leurs candidatures n’auraient que peu d’écho. De
façon à peine voilée, en déclarant que Juppé ferait un excellent premier
ministre, Giscard a appelé à voter Chirac. Millon et les “fidèles” de Giscard
l’ont fait ouvertement.
«une institution contraire à la tradition républicaine»
L |
a conception d’un “Président de la République” est née
de la réaction bourgeoise. La première République, dans la phase
révolutionnaire de la Convention, de septembre 1792 à juillet 1794, a été un
régime d’Assemblée. La Convention détenait le pouvoir
et le déléguait éventuellement à ses comités. Jean-Marie Mayeur, dans son livre
“Les débuts de la IIIe République” a écrit :
«La présidence de la
République est une institution contraire à la tradition républicaine française
attachée à un exécutif collégial. En fait le président de la République,
irresponsable, élu pour sept ans par le Congrès formé du Sénat et de la Chambre
des députés, a les pouvoirs d’un monarque
constitutionnel».
En France, c’est la IIe République qui, après l’écrasement du prolétariat
parisien au cours des journées insurrectionnelles du 23 au 27 juin 1848, a
adopté le système d’un président de la République, qui plus est, élu au
suffrage universel. La “Constituante” a accouché le 23 octobre 1848 de la
Constitution qui établissait cette disposition. L’objectif était de donner le
pouvoir au général Cavaignac, le massacreur de juin et depuis chef du pouvoir
exécutif. Le 10 décembre, c’était Napoléon Bonaparte qui était élu. La voie lui
était ouverte vers le coup d’État du 2 décembre 1852
(voir le 18 brumaire de Louis Bonaparte).
la iiie
république et la présidence de la république
A |
près la chute du IIe Empire, à
la suite de la défaite de Sedan, la proclamation le 4 septembre 1870 de la
République, la capitulation devant l’Allemagne, l’écrasement de la Commune de
Paris au cours de la semaine sanglante (21 au 28 mai 1871) - l’Assemblée
nationale a élu Thiers, le 31 août 1871, qui était déjà président du Conseil
des ministres, président de la République. Le 24 mai 1873 mis en minorité
devant l’Assemblée nationale par une majorité
composée de partisans d’une restauration monarchique (orléanistes et
légitimistes) Thiers démissionnait de la présidence de la République. Le même
jour, le maréchal de Mac-Mahon était élu à ce poste.
Le 30 janvier 1874 l’Assemblée nationale votait le
fameux amendement Wallon (353 voix contre 353) qui précisait que le président
serait élu par la Chambre et le Sénat siégeant ensemble. Cependant De Broglie,
président du conseil, faisait prolonger de sept ans le mandat de Mac-Mahon. La
présidence de Mac-Mahon était comprise comme une transition vers une
restauration monarchique. Jean-Marie Mayeur, déjà cité, ajoute :
«Il suffisait d’une bien légère révision pour permettre une restauration. Le
président n’a-t-il pas le droit de grâce et de conclure les traités ? Il a
l’initiative des lois, comme les Chambres. Il peut proroger et clore les
sessions des Chambres, après cinq mois de session ordinaire. Il peut dissoudre
la Chambre des députés avec l’avis du Sénat. Il nomme les ministres» (page 33)
Mais les monarchistes ne parvenaient pas à s’entendre entre orléanistes et
légitimistes et les républicains bourgeois bénéficiaient aux élections législatives
du 5 mars 1876 d’une puissante percée : ils obtenaient 360 députés, les
monarchistes seulement 150 dont 75 bonapartistes.
En conflit avec la majorité républicaine qui, le 19 juin 1877 votait un ordre
du jour affirmant que le ministre de Broglie n’avait pas “la confiance de la
nation”, appuyé sur le Sénat, Mac-Mahon dissolvait la Chambre. Aux élections
des 14 et 28 octobre 1877, les républicains conservaient 321 élus, les
monarchistes en obtenaient 208. Après avoir tenté le bras de fer avec la Chambre,
le 30 janvier 1878, Mac-Mahon démissionnait. La IIIe
République telle qu’elle a vécu jusqu’en 1940 était née.
«une monarchie élective»
C’ |
est la Ve République qui a rétabli l’élection du
président de la République au suffrage universel : sa constitution donne
véritablement le pouvoir au président de la République : il désigne le
gouvernement et le renvoi, il a ses domaines réservés, il peut dissoudre l’Assemblée nationale. Le bon fonctionnement de la Ve
République implique que la majorité parlementaire soit une projection de la
majorité présidentielle. A propos de la décision de soumettre à référendum
(octobre 1962), la décision que le président de la République soit élu au
suffrage universel, André Fontaine a écrit dans “Le Monde” du 17 février 1995
un article intitulé “Le Président et le peuple” où on lit :
«L’idée avec laquelle il (De Gaulle) avait paru jouer un moment, d’un retour à la
monarchie, étant impraticable, il rêvait pour la France d’un roi sans couronne,
habilité pour sept ans renouvelables, à parler et à trancher en son nom. A
défaut de l’onction que le saint chrême apportait aux Capétiens, celle du
suffrage universel ferait l’affaire, le suffrage restreint étant voué, comme il
l’avait dit à Alain Peyrefitte, à toujours “écarter Clémenceau
au profit de Deschanel”»
évolution de la iiie
république
C |
ependant la
Constitution et ce qu’elle sous-tend ne peuvent s’appliquer automatiquement.
Encore faut-il que les rapports politiques le permettent. La IIIe République en a donné la démonstration. La bourgeoisie
française s’est libérée de la menace restaurationniste,
du carcan clérical et a trouvé, dans la forme parlementaire républicaine, la
forme politique adéquate à sa domination, pendant 65 ans. Du même coup, la
présidence de la République a joué un rôle secondaire et les pouvoirs du
président, pour l’essentiel, tombés en désuétude, même s’ils n’ont pas été
officiellement abrogés. Ainsi le droit de dissolution de la Chambre des députés
n’a plus été utilisé. Cependant, la IIIe République
s’est effondrée à la suite de la défaite de 1940 et la Chambre des députés a
donné tout le pouvoir à Pétain. La IVe République a
repris la tradition de la IIIe, y compris d’ailleurs
dans la capitulation, en transmettant, en 1958 le pouvoir à De Gaulle.
La Ve république : un bonapartisme batard
L |
e programme de la Ve République c’est le corporatisme,
l’élimination des partis, la suppression des principales libertés
démocratiques. Elle n’a pu l’appliquer intégralement. De Gaulle et ses
successeurs se sont heurtés à la résistance et à la puissance du prolétariat et
de la jeunesse : grève des mineurs de février-mars
1963, grève générale et manifestations de masse de mai 1968, défaite de De Gaulle à son référendum d’avril 1969 ; en novembre-décembre 1986 les étudiants et les lycéens ont
infligé une dure défaite politique au gouvernement Chirac, etc…
Paradoxe : certes le PS
et le PCF sont des partis traîtres et dégénérés, mais ce sont néanmoins des
partis ouvriers. En 1981 et 1988 Mitterrand, principal dirigeant du PS a été
élu président de la République et le PS et le PCF ont obtenu la majorité à l’Assemblée nationale.
La Ve République n’en reste
pas moins un régime de type bonapartiste. Le “Comité pour la construction du
Parti Ouvrier Révolutionnaire, de l’Internationale ouvrière révolutionnaire” se
prononce pour la liquidation de la Ve République.
l’enjeu pour la bourgeoisie
de ces élections présidentielles
rétablir le fonctionnement “normal” de la Ve république
L |
e premier enjeu pour la bourgeoisie de ces élections
présidentielles est de compléter le rétablissement du fonctionnement “normal”
de la Ve République. En 1981 l’élection du principal dirigeant du PS à la
présidence de la République, d’une écrasante majorité de députés du PS et du
PCF à l’Assemblée nationale était contradictoire à
l’essence, à la nature profonde de la Ve République, même si, grâce à la
politique de Mitterrand, du PS et du PCF et des appareils syndicaux, elle s’est
maintenue.
En 1986 les élections législatives, en donnant la majorité au RPR et l’UDF à l’Assemblée nationale, ont établi la situation bâtarde de la
“coexistence”. Le RPR se préparait à reconquérir la totalité du pouvoir en
1988, aux élections présidentielles. Mais il a été battu, Mitterrand réélu, le
PS et le PCF ont disposé à nouveau, à eux deux, de la majorité à l’Assemblée nationale. En 1993 le RPR et l’UDF ont obtenu une
majorité écrasante de députés à l’Assemblée
nationale. Une nouvelle “coexistence” a commencé entre le gouvernement RPR-UDF,
le gouvernement Balladur imposé par Chirac à Mitterrand. Reste à rétablir
l’unité de fonctionnement de la Ve République par l’élection de Balladur ou de
Chirac à la présidence de la République, rétablir la subordination étroite du
gouvernement, de la majorité parlementaire, de tous les organismes de l’État à la présidence de la République.
bilan du gouvernement balladur-chirac
R |
établir l’unité de fonctionnement de la Ve République et de
l’État est d’autant plus important que la bourgeoisie
se prépare à engager une offensive majeure contre le pouvoir d’achat, les
acquis sociaux du prolétariat et de la jeunesse dont le gouvernement RPR-UDF,
le gouvernement Balladur a, depuis 1993, mis en place les éléments et engagé
les préliminaires.
Faire le bilan de toutes les mesures qu’en deux ans le gouvernement RPR-UDF, le
gouvernement Balladur-Chirac a prises contre la
classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse est difficile, tant il
est chargé. Pour l’essentiel :
l Décrets du
28 août 1993 faisant passés de 150 à 160 trimestres le temps de cotisation à
l’assurance vieillesse nécessaire pour bénéficier d’une retraite pleine.
Extension aux 25 dernières années de cotisations de la base de calcul des
retraites. Auparavant c’était les dix meilleures années de cotisation qui étaient
prises en compte ;
l Augmentation
depuis le 1er juillet 1993 de 1,3 % de la CSG, augmentation de 5 francs du
forfait hospitalier journalier, élévation de 5 points de la part des dépenses
de santé portées à la charge des assurés. Accord avec les organisations de
médecins pour réduire de 10 millions les dépenses de santé ;
l “Loi
quinquennale (dite) pour l’emploi”, démantelant en grande partie les acquis des
travailleurs, développant “l’apprentissage” ;
l Formation
professionnelle ;
l Lois Pasqua
de 1993 comprenant :
-la réforme du code de la “nationalité”,
-l’accroissement du droit de contrôle et des
attributions de la police,
-la réduction a minima du droit d’asile.
Le gouvernement Balladur a
subi deux cinglantes défaites politiques :
l la
mobilisation des enseignants et autour d’eux d’une grande partie de la
jeunesse, la gigantesque manifestation du 16 janvier 1994 l’ont contraint à
mettre au rancart la loi Bayrou dont l’objet était “d’autoriser” le financement
par les collectivités locales (communes, départements, régions) des
établissements privés d’enseignement ;
l le mouvement
des étudiants qui a obligé Balladur à annuler les décrets instituant les
CIP ;
Le gouvernement RPR-UDF, le
gouvernement Balladur-Chirac n’a pas pour autant
renoncé à ses attaques contre le prolétariat et la jeunesse :
l les 155
propositions de Bayrou dont l’objectif est le démantèlement du corps enseignant
et de l’enseignement public ont été négociées avec les dirigeants des
organisations syndicales des enseignants. Elles sont devenues 158 décisions,
baptisées “nouveau contrat pour l’école” ;
l poursuite de
la mise en place de la “loi quinquennale (dite) pour l’emploi” ;
l plan
“exemplaire” de “rentabilisation” d’Air France ;
l lois sur la
famille, la séparation des caisses de la Sécurité Sociale ;
l loi de
programmation militaire ;
l loi
d’orientation sur la justice.
Pasqua a sévi à nouveau :
l loi
d’orientation sur “l’aménagement et le développement du territoire” ;
l loi
d’orientation sur la “Sécurité” ;
La liste pourrait être allongée, allongée…
Font partie de cette
politique : l’augmentation de 10 % du chômage en 1993, la
multiplication des petits boulots, l’augmentation de 14 % du nombre des
“Contrats Emploi Solidarité” (CES), les dégrèvements de cotisations sociales
(car c’est une diminution de la valeur de la force de travail au moyen de la
réduction du salaire différé), la diminution du pouvoir d’achat des salaires,
des retraites, etc, etc…
Par contre, les “aides aux entreprises” s’élèveront en 1995, selon le budget, à
114 milliards.
Bilan du gouvernement Balladur-Chirac car Balladur est devenu premier
ministre sur injonction de Chirac qui a approuvé pleinement la politique
pratiquée par le premier ministre.
dans l’ensemble des pays d’europe
L’ |
offensive des organisations et partis bourgeois au pouvoir en
France, contre la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse de ce
pays, à sa contrepartie dans les autres pays d’Europe. Rappelons ce qu’écrivait
CPS n° 56 daté du 15 février 1995 :
“Depuis la fin des “trente glorieuses”, les offensives conduites par la
bourgeoisie pour diminuer le coût de la main d’œuvre se multiplient et se
généralisent, tant dans les pays économiquement arriérés que dans les grands
pays impérialistes : dans ces derniers sont en particulier visés les
acquis sociaux de la classe ouvrière : protection sociale, droits à la
retraite, statuts, législation du travail, etc…
Selon “Le Figaro” du 19/1, la «maîtrise
des dépenses de santé (est) un
chantier mondial» :
«Loin d’être un problème spécifique à la France, la maîtrise des dépenses de
santé est une obligation qui s’impose à tous les pays développés, sauf à
s’interdire tout pas en avant dans d’autres domaines sociaux tout aussi
prioritaires.
En témoigne la multiplicité de réformes qu’ont conduit avant la France nos
voisins, avec des résultats certes inégaux et en tout cas jamais acquis une
fois pour toutes.
La grande réussite, c’est celle de l’Allemagne, parvenue par les réformes
successives de Norbert Blüm et Horst Seehofer, à traquer le déficit des caisses maladie, sans se
laisser paralyser par les corporatismes.
Entre 1992 et 1993, les comptes sont en effet passés d’un déficit de 9
milliards de marks à un excédent de même ampleur.»
Ces attaques sont conduites aujourd’hui y compris dans les pays où la classe
ouvrière avait acquis une situation qui pouvait sembler enviable aux
prolétariats des pays dominés. Ainsi de la Suède :
«Avec une dette totale croissante, représentant environ 90% du PIB et un
déficit budgétaire égal à 13,4 % du revenu national en 1994, la Suède
figure en queue de peloton (de la CE).
L’heure est donc à l’austérité et le ministre social-démocrate des finances, Göran Persson, a présenté, mardi
10 janvier, dans son projet de budget couvrant l’exercice juillet 1995-décembre
1996, une série de mesures qui écornent sérieusement le “modèle social” que son
parti a si largement contribué à édifier. Pour économiser un peu plus de 15
milliards de francs — 1 % environ du PIB —, le gouvernement veut
notamment réduire de 15 %, à compter de 1996, les allocations familiales,
qui se montent aujourd’hui à 525 francs par mois et par enfant. En 1998, il
entend plafonner à 75 % les taux de remboursement de la Sécurité sociale,
de l’assurance-maladie et du congé parental. Les allocations-logement,
en particulier celles dont bénéficient les personnes âgées, seront revues à la
baisse. (“Le Monde” du
13/1)
Mais d’ores et déjà, le chef du parti conservateur estime que ces projets sont
insuffisants et qu’un nouveau plan d’austérité devra être présenté dans les
mois à venir.
Ainsi de l’Autriche, dont le même journal indiquait la veille qu’elle :
«est en passe d’adopter une politique de rigueur sans
précédent qui devrait lui permettre de participer à l’Union
monétaire en 1997 ou en 1999. Le gouvernement de coalition
entre sociaux-démocrates et conservateurs, reconstitué à l’issue des élections
d’octobre 1994, devra réussir à maîtriser les dépenses du secteur public, dont
la progression trop rapide a entraîné un triplement du déficit depuis 1992.
(…) Les effets de ce plan d’austérité se traduiront par une révision
douloureuse du généreux système de dépenses sociales, une réduction des
effectifs dans la fonction publique et la suppression d’un certain nombre
d’avantages accordés aux fonctionnaires».”
Dans les deux cas ce sont les
dirigeants du principal parti de la classe ouvrière qui, au pouvoir, conduisent
cette politique.
En Allemagne, lors des dernières élections, c’est le parti du chancelier Kohl
qui l’a emporté sur le parti social-démocrate, les dirigeants de ce dernier
ayant fait en sorte de ne pas les remporter. Dans ce cas, ce sont les
dirigeants syndicaux qui ont offert leurs services au gouvernement Kohl et à la
bourgeoisie pour la mise en œuvre de projets réactionnaires.
un axe franco-allemand
D |
ébut janvier, le
ministre de l’économie, Günter Rexrodt, repart en
guerre contre les horaires de fermeture des magasins, horaires qui datent de
1956. Il reprend un projet qui avait échoué en 1993 du fait, en particulier, du
veto d’une partie des patrons de ce secteur d’activité. Il a cette fois le
renfort des Chambres de Commerce et d’Industrie. Le
25 janvier se tient la première séance d’une conférence réunissant, sous la
houlette du chancelier Helmut Kohl, dirigeants des syndicats ouvriers et
représentants du patronat. Selon “Le Figaro” du 27 janvier, la satisfaction
dominait après la première séance de cette conférence dite “conférence de
consensus” :
«Tout au moins, déclare le président syndical, Dieter
Schulte, nous ne sommes pas déçus, et sommes décidés
à agir de concert dans différents secteurs importants. L’atmosphère était
constructive et les résultats seront profitables»
(…) Dans l’entourage de Helmut Kohl, on baptise déjà ce tripartisme social “le
trialogue de l’avenir”. L’objectif est de détecter “les rigidités” nées de
l’habitude et de consensus anciens — “un travers très allemand” — pour rendre à
l’économie sa capacité d’innovation.
Le chancelier veut créer — là est la nouveauté — “le changement par le
consensus”.
(…) Le marchandage sur le temps de travail, semaine de 35 heures payées 35 ou
semaine de 4 jours à salaire réduit comme chez Volkswagen, a été évoqué mais
différé. L’ambiance s’est détendue depuis que le DGB a jeté dans la balance, au
début de cette semaine, une contrepartie “historique” : la flexibilité des
horaires de fermeture des magasins, et éventuellement des concessions sur le
travail du samedi, le temps allemand d’utilisation des machines étant le plus
bas d’Europe. Le chancelier admire le travail à temps partiel pratiqué en
Hollande, et Dieter Schulte
plaide, de son côté, pour le modèle de réinsertion Start
également hollandais, à l’essai en Rhénanie-Westphalie».
Il s’agit donc pour les dirigeants syndicaux, par la baisse des salaires et la
flexibilité accrue des horaires, de permettre au patronat une meilleure
utilisation du capital mort et une amélioration du taux de profit.
Aussitôt rendue publique, cette offre des dirigeants syndicaux allemands était
largement utilisée en France par la bourgeoisie, sa presse et ses représentants
dans la classe ouvrière. Dès le 27 janvier, “Le Figaro” remarque :
«L’Allemagne vient de relancer le débat sur le temps de travail. En indiquant
qu’il était ouvert à la semaine de quatre jours sans compensation totale de salaire
et au travail du samedi, le DGB, confédération syndicale qui compte 10 millions
de membres, a donné un sérieux coup de main à la CFDT.
(…) Député RPR de la Vienne,
le premier s’est réjoui hier “que nos voisins d’outre-Rhin avancent
délibérément sur la voie du temps choisi”, et s’est dit “persuadé que ce sera
également l’un des thèmes forts de la présidentielle en France”. Avant lui, Gilles
de Robien, député maire P.R. d’Amiens, avait fait de même, et “regretté que la
France n’ait pas souhaité être pionnier dans ce domaine, alors que la situation
dans notre pays, bien plus encore qu’en Allemagne, nécessite de réels efforts
d’imagination et de solidarité pour lutter contre le chômage”.
(…) Prudent, Jean Gandois, le nouveau patron du CNPF, s’est bien gardé de
répondre aux appels réitérés de Nicole Notat, qui a fait de la réduction du
temps de travail le point clé à partir duquel la CFDT jugera de la volonté
patronale de s’engager vraiment sur l’emploi.
Tout au plus a-t-il confirmé hier aux “Echos” qu’il réunirait après la
mi-février une table ronde de l’ensemble des syndicats pour définir “quels
points et avec quelle méthode des négociations peuvent être engagées…”.
“J’espère, ajoute-t-il, qu’il y aura une ou plusieurs négociations-cadres
au niveau interpro-fessionnel, suivies de
négociations au niveau des branches et des entreprises».
Quant à Nicole Notat, dirigeante de la CFDT, elle se félicite :
«Si le dialogue qui vient de s’entamer en Allemagne peut se conclure, ce sera
une formidable démonstration contre la fatalité et l’impuissance face au
chômage. L’Allemagne ouvre une voie qui ne peut pas être négligée par les
autres pays, dans la mesure où tous sont confrontés à la recherche de solutions
nouvelles dès lors que l’on admet que la croissance ne suffira pas».
A cette politique correspond les directives de la
Commission de l’Union européenne.
les pré-conditions de la “reprise”
D |
iminuer
drastiquement la valeur de la force de travail, avilir les conditions
d’existence et de vie du prolétariat et de la jeunesse, annuler les conquêtes
économiques et sociales qu’ils ont arrachées au cours d’une lutte de classe
plus que séculaire est une nécessité objective pour le capital, pour qu’il
maintienne et si possible améliore son taux de profit.
Actuellement toute la presse bourgeoise met l’accent sur le “boom” économique
aux USA, la “reprise” dans les pays dominants d’Europe. Mais “boom” économique
et “reprise” ont eu comme pré-conditions des dizaines
de millions de chômeurs dans les pays capitalistes dominants, le rejet dans la
“pauvreté” d’autres millions de travailleurs et de jeunes, des pourcentages
extraordinaires et croissants d’hommes, de femmes, de jeunes vivant au-dessous
du minimum, le développement rapide des “sans domiciles fixes”. Des zones entières
de villes, de régions souffrent de ce qui est appelé “le mal des banlieues”.
Mais qu’est donc ce “mal” ? Ce n’est rien d’autre qu’une conséquence de la
décomposition du mode de production capitaliste, de la société bourgeoise.
Parmi les pré-conditions du “boom” économique et de
la “reprise”, il y a les conditions d’existence faites aux masses immenses
d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique, des pays de la partie Ouest de l’Europe
économiquement les moins développés, de ceux de la partie Est de l’Europe et de
l’ex-URSS où le processus de la restauration capitaliste est en cours. Ces
conditions ne peuvent que s’aggraver tant que le mode de production capitaliste
se survit : la population laborieuse et la jeunesse des pays capitalistes
dominants, des puissances impérialistes, peuvent lire leur avenir dans le
présent des pays directement ou indirectement soumis à ces puissances.
le capitalisme : un mode de production pourrissant
M |
anifestement, le
“boom” économique aux USA, la “reprise” dans les pays dominants ne sont que
temporaires. Déjà ils vacillent. La crise financière dont l’épicentre se situe
au Mexique continue à secouer tout l’édifice financier international. Pourtant
l’impérialisme américain a mis le paquet pour tenter de la maîtriser : un
crédit de 50 milliards de dollars a été ouvert au gouvernement mexicain
(crédits très onéreux qui hypothèquent toute l’économie mexicaine),
principalement la production de pétrole et jusqu’à la société nationale
productrice, la “Pemex” ; crédits qui ont été
accompagnés d’un diktat au gouvernement mexicain : il est exigé de lui
qu’il réduise encore, et brutalement, le pouvoir d’achat des masses mexicaines
et aggrave leurs conditions d’existence). L’onde de choc de cette crise n’a pas
fini de se faire sentir. L’effondrement à court terme du système financier
international n’est pas à exclure. En tout cas la crise mexicaine annonce qu’à
plus ou moins long terme il se disloquera ce qui entraînerait, ipso facto, la
dislocation du marché mondial et une crise économique générale sans précédent.
spéculation
A |
chaque moment la spéculation entraîne des krachs dont la
tendance est de s’étendre à l’ensemble des institutions financières, banques,
entreprises, organismes des États. Un article publié par “Le Monde” du 28 février
rappelait :
«Le 6 décembre, le comté californien d’Orange a
demandé la protection de la loi sur les faillites après avoir perdu plus de 2
milliards (de dollars) sur les (produits) dérivés. Plus récemment encore,
mercredi 22 février, un article du Washington Post, affirmait que le district
de Columbia était insolvable à la suite d’opérations de marché. On peut
d’ailleurs parler d’une véritable série noire en 1994. En janvier, la société
allemande Metallgesellschaft a annoncé avoir perdu
plus d’un milliard de dollars sur ses opérations avec des contrats à termes de
produits pétroliers. En mars, le fonds d’investissements Astin
Capital Management (2 milliards de dollars) est liquidé après d’énormes pertes
consécutives à des opérations dérivées sur des hypothèques. En avril les
lessives Practer and Gamble révèlent une perte de 102 millions. En juin c’est l’État de Floride qui révèle avoir perdu 175 millions de
dollars».
Conclusion de l’article :
«Les autorités de tutelle craignent ce qu’elles appellent dans leur jargon “un
risque du système” : que, par effet de domino, la défaillance d’un seul
entraîne la faillite de tous.
Un scénario-catastrophe pas forcément absurde au regard des engagements “hors
bilan” des seules banques américaines. Ils atteignaient, à la fin de 1993, 1923
milliards de dollars pour Banker Trust, 1731
milliards de dollars pour JP Morgan à comparer à des capitaux propres de
respectivement 4,5 et 9,9 milliards de dollars.»
La déréglementation, la suppression de toute entrave à la circulation
internationale des capitaux, ont permis que se rassemble une masse fantastique
de capitaux flottants spéculant sur tout. Rien que “l’encours des produits dérivés est passé de 5000 milliards de dollars
en 1989 à 14000 en 1994”.
C’est un incroyable château de cartes, une bulle spéculative qu’un événement
imprévisible fera éclater. Le 25 février, la banque anglaise Baring Brothers, installée depuis deux siècles à la City a annoncé
une perte de 600 millions de dollars (en réalité un milliard) par suite de
spéculation de son bureau de Singapour sur des produits dérivés. Venant alors
que sévissent les conséquences de la crise mexicaine, ce krach a déclenché “un
coup de tabac” en bourse et de violents remous sur le marché des monnaies
faisant tanguer dangereusement le système.
Les banques et les établissements financiers français sont profondément engagés
dans des opérations douteuses et dans la spéculation. L’exemple typique en est
le Crédit Lyonnais. Pour le sauver de la faillite, l’État
va lui reprendre 135 milliards de francs “d’actifs”. La banque a un
portefeuille de 100 milliards de francs sur l’immobilier (spéculation). Ses
créances douteuses s’élèveraient à 50 millions (à souligner que le “plan de
redressement” inclut le licenciement de 1500 employés du Crédit Lyonnais).
A l’origine de la spéculation il y a le pourrissement du mode de production
capitaliste qui génère cette masse immense de capitaux flottants.
Fondamentalement le capital se heurte nationalement et internationalement à ses
propres limites lesquelles résultent de l’exploitation, de l’impératif
catégorique du maintien et de l’accroissement du taux de profit, de la
propriété privée des moyens de production (c’est la condition d’existence du
capitalisme), de l’étroitesse et du carcan des frontières nationales qu’il tend
à dépasser sans jamais pouvoir y parvenir. Le “boom économique” aux USA y a
fait resurgir les gigantesques déficits commerciaux (166,36 milliards de
dollars en 1994, record battu) et des comptes courants (155,67 milliards de
dollars). Les déficits des budgets de l’État, des
États, des collectivités locales sont toujours aussi abyssaux. Leur endettement
a été relancé, comme celui des entreprises et des particuliers.
au bout : la catastrophe
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ais les déficits budgétaires et l’endettement ne sont pas
le propre des USA. Toutes les puissances capitalistes dominantes subissent les
mêmes phénomènes. L’endettement massif s’est substitué, dans une certaine
mesure, à l’inflation. La spéculation est le produit des contradictions, des
déséquilibres, des mode de production capitaliste.
Elle les amplifie extraordinairement. Au bout : la catastrophe. Si le mode
de production capitaliste se survit, l’avenir de l’humanité c’est la chute dans
la barbarie. A en croire les Balladur, les Chirac et autres candidats des
partis bourgeois de “droite” comme de “gauche” et des partis ouvriers traîtres
et dégénérés (PS et PCF), le chômage, la chute du pouvoir d’achat, la
précarité, la liquidation des conquêtes de la population laborieuse, de la
jeunesse, “l’exclusion”, les SDF, s’apparenteraient aux sept plaies d’Égypte,
comme la peste au Moyen-Age. Ils feraient partie des
“malheurs du temps”. Non ! Ce sont les conséquences des contradictions du
mode de production capitaliste pourrissant, de sa dégénérescence.
un impérialisme de troisieme ordre
L |
e capital français est un anneau faible de la chaîne
impérialiste. Il est plus particulièrement décadent. Ses rivaux mettent en
cause la place qu’il occupe dans le monde depuis la fin de la deuxième guerre
mondiale. Comme l’impérialisme anglais, il a été chassé par l’impérialisme
américain du Moyen-Orient. En Afrique sub-saharienne le même impérialisme
américain commence à s’imposer au détriment de l’impérialisme français. Face au
même, ce dernier se cramponne en Algérie. Il n’est pas jusqu’en Europe que
l’impérialisme français doit faire retraite devant, cette fois, l’impérialisme
allemand. Libéré, à la suite de la chute des régimes satellites de la
bureaucratie du Kremlin de la partie Est de l’Europe, de l’éclatement de
celle-ci, de la réunification allemande, des séquelles de la deuxième guerre
mondiale qui en faisaient un nain politique, alors qu’il était redevenu la
deuxième ou la troisième puissance économique du monde, l’impérialisme allemand
est redevenu la puissance dominante en Europe et cela au détriment de
l’impérialisme français.
Le capital financier français est d’ailleurs divisé : accepter les
exigences de l’impérialisme allemand, ou résister, et comment, à l’hégémonie
allemande au sein de la Communauté Européenne et dans l’ensemble de l’Europe.
Alors que ces divergences sont en arrière fond des élections présidentielles,
elles ont été mises jusqu’alors en veilleuse pendant la campagne électorale
(seuls De Villers et Le Pen en font état).
En tout cas l’impérialisme français subit d’autant plus les conséquences de la
dégénérescence du mode de production capitaliste qu’il est en retrait par
rapport à ses rivaux, en Europe et dans le monde. Il doit d’autant plus, pour
se défendre, écraser économiquement et socialement la classe ouvrière, la
population laborieuse, la jeunesse française.
le “programme commun” de balladur et de chirac
C’ |
est bien l’essentiel des programmes des candidats des
organisations et partis bourgeois à la présidence de la République. Pour ne
prendre que les deux principaux, Balladur et Chirac, on peut dire qu’ils ont de
ce point de vue un programme commun. Leurs axes : utilisation du chômage
pour rendre la population laborieuse et la jeunesse exploitables et malléables
à merci ; destruction de la Sécurité Sociale ; dislocation du corps
enseignant et de l’enseignement public ; mise en pièces des statuts, des
droits et garanties du corps des fonctionnaires, des personnels des services
publics, des régimes particuliers, sont les ligne de force de leur programme.
Chômage
Le gouvernement Balladur a
engagé le processus de l’utilisation de la masses des
chômeurs pour que le capital dispose d’une main d’œuvre malléable et
exploitable à merci et cela au plus bas prix. D’après le “Premier bilan de la
politique de l’emploi en 1994” publié par le ministère du travail, “Le Monde”
du 1er mars indique :
«L’enquête confirme la percée du temps de travail à temps partiel, qui est
l’une des tendances les plus importantes du marché du travail des dernières
années. Ce succès n’est pas étonnant, l’entreprise qui embauche à temps partiel
bénéficie d’une réduction de 30 % de ses charges sociales.. 182 706 salariés ont été embauchés sur ce dispositif
en 1993. Ils ont été 212 176 l’an dernier (+16 %)»
Il y a aussi :
«La progression des formations en alternance (+22 %) tout particulièrement
celle des contrats d’apprentissage (+25 %). Le nombre d’apprentis en fin
d’année est de 250 000, chiffre le plus élevé depuis 1968. Le secteur non
marchand a, lui aussi, profité de subvention de l’État.
459 000 nouveaux contrats emploi-solidarité
(CES) et 216 000 prolongation de CES ont été signés dans les
administrations, les associations et les services publics (8 % contre
11 % en 1993). De plus, 29 496 personnes ont obtenu un contrat dit
“consolidé” (exonération de charges pour l’employeur pendant cinq ans “soit
quatre fois plus que l’années dernière”»
Et encore :
«Aujourd’hui, un actif sur dix bénéficie d’une aide de l’État
pour son emploi (en
réalité ce n’est pas lui mais le patron qui en bénéficie… NDLR) Précaires et subventionnés, telles sont désormais les
principales caractéristiques des emplois ainsi créés»
En septembre 1994 Balladur a décidé que les patrons qui recruteront
bénéficieront de l’exonération des charges sociales pendant un an et toucheront
en plus l’équivalent de l’allocation moyenne du RMI, soit 1950 francs par mois.
Jacques Chirac a proposé dans son programme, que soit instituer “le contrat
initiative emploi” qui établirait une “exonération
des charges sociales et une primes mensuelle de 2000 francs pendant deux ans”
pour chaque chômeur (RMIst ou non) inscrit à l’ANPE
depuis un an, que les patrons embaucheraient. Renchérissant, Balladur a déclaré
qu’il étendrait sa mesure RMI aux chômeurs en fin de droits indemnisés par l’État, soit éventuellement à 450 000 chômeurs. Pour
l’un comme pour l’autre devra être poursuivie la budgétisation des allocations
familiales, le développement du temps partiel, l’aménagement du temps de
travail, c’est-à-dire sa modulation selon les besoins des patrons.
Sécurité Sociale
Corrélativement ce serait un coup direct contre la Sécurité Sociale. La
suppression des cotisations patronales aurait comme conséquence leur prise en
charge par le budget de l’État, donc la budgétisation
de la Sécurité Sociale. C’en serait fini du caractère qui lui reste de
solidarité ouvrière. En même temps, les prestations dépendraient totalement de
l’État et rapidement elles seraient réduites.
Bien entendu, “la maîtrise
des dépenses de Santé” pour “sauver”, soi-disant la Sécurité Sociale, en
mettant fin aux déficits, figure au programme de Balladur. Quant à Jacques
Chirac, il a déclaré la main sur le cœur :
«”Je refuse l’idée exprimée par certains de plafonner les dépenses sociales,
notamment les dépenses de santé par rapport à la richesse nationale”. Il
souhaite tourner le dos à la logique des plans de redressement qui “mettent en
cause l’égal accès aux soins au détriment des plus démunis” au profit de
“réformes de structures” destinées à rendre le système actuel “plus performant,
plus juste”»
Mais il affirme que le système actuel de prélèvement, essentiellement assis sur
le travail «pénalise directement
l’emploi”». M. Chirac entend «accélérer
le transfert à l’impôt du financement des dépenses de solidarité”, les
“premiers efforts” devant être “consacrés aux bas salaires”».
Son projet comprend la création et
l’extension de fonds de pensions, des retraites par capitalisation. Le capital
ainsi constitué étant mis à la disposition du capital financier et du
patronat :
«Non seulement pour assurer le complément indispensable de la réforme des
retraites, mais aussi pour collecter une épargne nouvelle qui pourra s’invertir
dans les entreprises en faveur de l’emploi» (sic).
Enseignants et enseignement publics
La politique de Balladur est toute tracée : elle est contenue dans les 158
décisions de Bayrou appelées “nouveau contrat pour l’école” et le “rapport
Laurent”. Le rapport Minc synthétise à quoi la bourgeoisie veut aboutir :
-
Autonomie des établissements. - Envisager de donner au Conseil d’administration
la possibilité d’élire son président et, par conséquent, la possibilité que ce
soit un non enseignant. - Liberté pour un établissement primaire ou secondaire
de recruter les enseignants. - Accorder aux établissements une dotation
budgétaire aussi globaliser que possible et qui prendraient seuls les décisions
de recrutement et d’organisation - Revoir les contenus, l’école française
souffre de la multiplicité des disciplines qu’elle impose à ses enfants et
mettre en œuvre des dispositifs adaptés à des publics extrêmement hétérogènes.
- Il faut aboutir à l’autonomie pleine et entière de chaque université, à
resserrer leurs liens avec l’économie, y rétablir un pouvoir fort, rétablir la
vérité financière. Il est temps de lever le tabou des droits d’inscription, en
accompagnant cette réforme d’un système de prêts et de bourses adéquat. - Il
faut réformer les premiers cycles universitaires. - Le dogme d’ouverture
illimitée des filières doit en tout état de cause être remis en question. - Un
débat doit s’ouvrir sur l’instauration de quota par spécialités.
- Une place toute particulière doit être réservée aussi bien à l’enseignement
au sein du système éducatif qu’à l’enseignement professionnel au sein du système
productif.
En ce qui le concerne, Chirac envisage en plus d’organiser un référendum pour
couvrir de “la volonté du peuple”, à l’aide d’une question bien posée, ce
saccage du corps des enseignants et de l’enseignement public.
Fonctions, services publics, entreprises
à Statut
La fonction, les services
publics, les entreprises à Statut, à régimes particuliers de maladie et de
retraites subissent déjà et subiront plus encore cette attaque générale contre
la valeur de la force de travail, les conquêtes du prolétariat et de la
jeunesse, même s’il n’est guère question d’eux dans les programmes électoraux.
Cette partie considérable du prolétariat ne peut évidemment pas échapper au
sort prévu pour l’ensemble des travailleurs. Expression des objectifs de l’ensemble
de la bourgeoisie, le rapport Minc souligne : confier certaines fonctions
à des agences spécialisées, gestion prévisionnelle des effectifs pour accroître
les responsabilités et récompenser l’effort réalisé — le régime des retraites
ne pourra rester à l’écart des réformes — contribution accrue des agents
publics à l’indemnisation des chômeurs — évaluer aujourd’hui avec intelligence
ou subir demain un séisme statutaire, etc.
axes du “programme” de jospin, candidat du ps
L |
es programmes qu’exposent
Lionel Jospin, candidat du PS et Robert Hue, candidat du PCF, se situent l’un
et l’autre dans le cadre de la défense du régime capitaliste en crise, de
l’impérialisme français décadent et, politiquement, de la Ve République. Pour
Jospin, il s’agit que le gouvernement s’attache à ce que s’établisse “un partage des revenus plus favorable aux
salariés”. Il fait appel pour cela à la bonne volonté patronale et à la
négociation CNPF-dirigeants syndicaux. “Créer des emplois” : dans ce
domaine Jospin à ses recettes : “reconstruction
des banlieues et développement du logement social”, “développement des services
aux personnes”, “préservation du paysage et du patrimoine, amélioration de
l’environnement”. Pour le financement un “effort budgétaire important” et utilisation de “certains fonds de l’indemnisation du
chômage” (sic) seront nécessaires. Jospin ne s’arrête pas là. Il préconise “un véritable droit à l’adaptation
professionnelle”, en clair la polyvalence et la création de nouvelles
activités (recyclage des déchets, services après vente, etc…).
La “réduction du temps de travail” se
limite à ramener en deux ans la durée légale du temps de travail hebdomadaire à
37 heures. Cependant, il appartiendra au patronat et aux directions syndicales
de négocier “les modalités concrètes (dans
chaque branche et chaque entreprise, NDLR)
et efficaces pour accroître l’emploi durable”. On est loin des 35 heures et
de la réduction des heures de travail sans diminution de salaires.
Propositions remarquables pour “rendre la
fiscalité plus juste” : alléger les charges sociales sur les plus bas
salaires par une franchise de 5000 francs sur l’assiette de la cotisation
employeur d’assurance maladie qui devrait être compensée, notamment par un “réaménagement sur les revenus supérieurs”,
étendre la CSG à l’ensemble des revenus du capital (hormis le livret A). En
clair : d’une part faire porter en partie le montant des dégrèvements
accordés aux patrons, aux salaires réputés élevés, d’autre part étendre la
fiscalisation de la Sécurité Sociale.
Taxation de un pour mille sur le mouvement des capitaux à dix jours.
Par ailleurs Jospin se
propose de poursuivre la politique qu’il a appliqué lorsqu’il était ministre de
l’éducation nationale. En politique étrangère, plus européen que lui tu meures.
Jospin reprend sur le fond le programme et la politique que Delors a énoncée.
Mais en tant que candidat du PS il lui faut marquer dans la forme quelques
petites différences avec ceux de Balladur et de Chirac tout en restant dans le
même cadre et sur les mêmes axes. L’indique sans aucun doute le fait que dans
le programme de Jospin il n’est pas question d’annuler les réformes
réactionnaires du gouvernement Balladur, pas même les lois Pasqua
axes du programme de robert hue, candidat du pcf
J |
ospin est le candidat
du PS qui se veut être un “ parti de gouvernement”. De plus il est le
porte-parole de ceux qui voudraient que le PS se transforme en une sorte de
parti sans rivage à droite. Robert Hue est le candidat du PCF, dont la fonction
est de se comporter en flan “gauche” du capitalisme en crise et de
l’impérialisme français décadent. Aussi présente-t-il des “propositions” qui
peuvent faire impression au premier abord. Dans un tableau comparatif des
programmes des différents candidats “L’Humanité” du
10 mars 1995 énumère les principales de ses propositions.
Mais pourquoi ne pas revendiquer (et non proposer) le rattrapage du pouvoir
d’achat que les travailleurs ont perdu depuis 1982, et sa garantie par
l’institution de l’échelle mobile des salaires ? Pourquoi n’est-il pas dit
un mot sur la Sécurité Sociale et sur l’enseignement public ? Pourtant
leur destruction est au centre de la politique du gouvernement RPR-UDF, des
programmes de Balladur, Chirac et autres candidats à la présidence de la
République. Pourquoi n’y est-il pas exigé l’abrogation de toutes les réformes
réactionnaires réalisées par le gouvernement Balladur et ses prédécesseurs,
dont celles engageant le démantèlement de la Sécurité Sociale, du corps des
enseignants et de l’enseignement public et notamment de la “loi quinquennale
(dite) pour l’emploi, de la fonction et des services publics ?
Parce que le PCF est pour la “réforme” de la Sécurité Sociale, la “réforme” de
l’enseignement public dont le “nouveau contrat pour l’école”, pour laisser
s’appliquer la “loi quinquennale (dite) pour l’emploi”, etc,
etc… Ainsi, la “proposition”, qui veut apparaître
radicale, de “suppression” de la CSG et son remplacement “par la taxation des
revenus financiers au même taux que les salaires” vise à dénaturer la Sécurité
Sociale. Annulation de la CSG d’accord : principalement parce qu’elle met
en cause la nature de couverture sociale des travailleurs par la solidarité
ouvrière qu’est la Sécurité Sociale, qu’elle introduit son financement par
l’impôt et la subordonne au gouvernement et au parlement. Mais substituer à la
CSG un impôt sur les revenus financiers c’est aussi fiscaliser la Sécurité
Sociale. Il faut au contraire, si besoin est, revendiquer l’augmentation des
cotisations patronales. Le PCF ne le veut pas. Au contraire, il couvre la
politique du gouvernement qui pour faire “baisser le coût du travail” dégrève
le patronat des cotisations sociales et vise à budgétiser la Sécurité Sociale.
Autre supercherie facilement décelable : le ralliement honteux à la Communauté
Européenne, et à la monnaie commune sinon unique, car qu’est-ce d’autre que
cette proposition : “un instrument
monétaire commun fondé sur la coopération des monnaies nationales”.
Les “propositions” de ce “programme” pour celles qui pourraient apparaître
comme valables, ne sont que poudre aux yeux car l’orientation du PCF se situe
dans le cadre du régime capitaliste en crise et du soutien de l’impérialisme
français décadent, dans le respect de la forme politique de domination de
classe de la bourgeoisie, aujourd’hui la Ve République. Elles se taisent sur
l’essentiel : combattre pour quel gouvernement, quel pouvoir et comment.
Et la pratique politique du PCF consiste à disloquer toute authentique
mobilisation et tout combat du prolétariat et de la jeunesse.
et les appareils syndicaux
L |
es appareils des confédérations et fédérations
syndicales ouvrières sont décidés de ne pas intervenir dans cette campagne
électorale pour les élections présidentielles. Pourtant à l’évidence le
gouvernement Balladur-Chirac et les candidats des
partis bourgeois sont les ennemis caractérisés de la classe ouvrière. Les
dénoncer est le moins que puissent faire des organisations syndicales
ouvrières. L’attitude des appareils syndicaux dans ces élections est la
prolongation de la politique qu’ils suivent de façon constante : se faire
les instruments de l’application, sinon de la définition de la politique
“sociale” des gouvernements du capital. Aucun d’entre eux ne mène campagne pour
l’abrogation de toutes les mesures prises, depuis des années, contre le
prolétariat et la jeunesse par le gouvernement au pouvoir. Tous participent aux
organismes mis en place par ceux-ci pour les associer à l’application de leur
politique “sociale”. Ils ne veulent par conséquent surtout pas les mettre en
cause, dénoncer pour ce qu’ils sont les Balladur, Chirac et autres.
D’ores et déjà ils se
disposent à appliquer la politique “sociale” que pratiquera le prochain
président de la République, son gouvernement, le patronat. Le 28 février toutes
les directions des centrales syndicales ont répondu à l’invitation du CNPF pour
discuter des “relations contractuelles”. Tous ensemble ils ont affirmé leur
accord pour “donner une nouvelle impulsion à l’emploi et à la lutte contre le
chômage”. Ainsi le chômage pourrait être résolu par une collaboration patronat-syndicats ! En réalité cette démarche
s’inscrit dans la politique de tout gouvernement bourgeois venant au pouvoir à
la suite de l’élection présidentielle. D’ailleurs il s’agit de “manifester leur
volonté de renforcer le dialogue social”, c’est-à-dire la collaboration active
entre le patronat et les appareils syndicaux, à tous les niveaux (entreprises,
branches, inter-professionnel) alors que l’offensive
contre le prolétariat va encore s’intensifier.
uuu
la politique du comité
l’organisation ou le parti révolutionnaire et les
élections présidentielles
P |
résenter un
candidat aux élections présidentielles est un impératif politique pour toute
organisation ou tout parti ayant les moyens politiques et matériels de le
faire. A moins, en ce qui concerne les organisations ou partis ouvriers
révolutionnaires, qu’ils soient en mesure de les boycotter. Mais boycotter, ce
n’est pas un appel à l’abstention, c’est empêcher, par tous les moyens,
qu’elles aient lieu. Boycotter c’est ouvrir une situation révolutionnaire dans
l’objectif de prendre le pouvoir. Pourquoi faut-il, quand le boycott n’est pas
possible, présenter un candidat ? Parce que, en France, les élections
présidentielles sont les plus importantes de toutes les élections. Il faut
donc, lorsque c’est possible politiquement et matériellement, les utiliser,
saisir les opportunités qu’elles offrent pour défendre sa politique, son
programme.
Au regard de quoi la question de savoir si un des candidats des organisations
et partis ouvriers sera présent au second tour, voire éventuellement élu, est
secondaire. Une organisation ou parti ouvrier qui, ayant les moyens de
présenter un candidat au premier tour pour défendre sa politique et son
programme, ne le fait pas, met en cause son existence, le prétexte fut-il
l’importance qu’il y ait au second tour un candidat d’une organisation ou d’un
parti ouvrier face au candidat du capital. Certes, la présence au second tour
d’un candidat d’une organisation ou parti ouvrier, son éventuelle élection sont
importants. Il peut en résulter une modification profonde de la situation
politique ouvrant des opportunités au prolétariat, à son action sur son propre
plan et selon ses propres méthodes. C’est pourquoi une organisation ouvrière et
révolutionnaire doit, au nom de la politique de rupture avec la bourgeoisie, de
Front unique des organisations et partis ouvriers, contre le capital et ses
gouvernements, appeler à voter au second tour pour le candidat d’un parti
ouvrier (si dégénéré et traître que soit ce parti) qui y serait opposé à un
candidat représentant les organisations et partis bourgeois. Mais la priorité
est de défendre au premier tour la politique et le programme de l’organisation
ou du parti ouvrier révolutionnaire, en utilisant les moyens que donne la
présentation d’un candidat, de mesurer (dans une certaine mesure) par les
résultats électoraux obtenus son influence et de se construire.
quelle politique, quel programme
L |
a politique, le programme que
devrait défendre un candidat d’une organisation ou d’un parti révolutionnaire
ne diffèrent pas de ceux que son organisation ou parti défend et impulse dans
la lutte des classes en général et dans toutes ses manifestations. Il n’est de
politique et de programme de défense du prolétariat et de la jeunesse, de
défense de la valeur de la force de travail, de leur droit au travail, de leurs
conquêtes économiques et sociales, de la Sécurité Sociale, de l’enseignement
public etc… qui ne mettent au premier plan la rupture
des organisations et partis ouvriers avec la bourgeoisie.
l Rupture des
appareils confédéraux et syndicaux avec la politique de “participation” qui les
fait siéger dans de multiples organismes aux côtés des représentants du
gouvernement, de l’État, du patronat, organismes dans
lesquels est, sinon définie la politique du capital, en tout cas son
application ; dénonciation de la “participation”, boycotte de ses
organismes.
l Rupture des
organisations (syndicats et partis) avec les organisations et partis bourgeois,
avec les gouvernements, l’État bourgeois, ses
organismes, ses structures.
Sur cette ligne, réalisation
du Front unique des organisations ouvrières (syndicats et partis) pour :
la défense inconditionnelle des revendications du prolétariat, de la jeunesse,
des masses exploitées et opprimées : salaires, droit au travail, droits
sociaux, droits à la santé, au logement, à l’enseignement, etc… ;
annulation de toutes les “réformes” réactionnaires, lois, circulaires,
décisions, portant atteinte aux acquis de la population laborieuse et de la
jeunesse.
Mais il est évident que cette
politique, ce programme, posent la question du gouvernement, du pouvoir et donc
d’y porter un gouvernement des partis, des organisations ouvriers, un
gouvernement du Front unique de ces partis et de ses organisations,
gouvernement sans ministres représentant la bourgeoisie, ses partis, ses
organisations. Par là même la domination de classe de la bourgeoisie, son État,
ses organismes et structures seraient mis en cause.
On ne peut s’arrêter là. Pour que les revendications du prolétariat et de la
jeunesse soient durablement satisfaites, il faut balayer un mode de production
exténué, qui est fondé sur l’exploitation de la force de travail, dont le
moteur est le profit particulier, dont l’agonie se prolonge depuis des dizaines
d’années, un mode de production qui est à l’origine de multiples catastrophes
sociales, économiques, financières et politiques et qui, s’il perdure,
provoquera la rechute de l’humanité dans la barbarie. Pour satisfaire
durablement les revendications du prolétariat et de la jeunesse, leurs besoins
et aspirations un nouveau mode de production est nécessaire.
Est nécessaire : l’expropriation, sans indemnités ni rachat, de la
possession par la bourgeoisie des moyens de production, des banques, des
établissements de crédits, de la grande distribution, des moyens de transport, etc… leur appropriation par l’État,
l’établissement et la réalisation d’un plan de production sous contrôle ouvrier
sont indispensables. Mais tout dépend de qui dispose du pouvoir politique,
quelle est sa nature. Seul un gouvernement ouvrier, disloquant et liquidant l’État bourgeois, s’appuyant sur le prolétariat et la
jeunesse, constituant l’État ouvrier peut réaliser
ces tâches. En bref, il faut s’engager sur la voie menant au socialisme.
une politique, un programme internationalistes
C |
ette politique, ce
programme participent du développement de la lutte des classes en Europe et
dans le monde. Leurs objectifs ne sauraient être l’établissement d’un État
ouvrier national isolé et de mettre sur pied une économie planifiée autarcique.
Une telle conception serait irréaliste et réactionnaire. Le régime capitaliste
fut un progrès pour l’humanité pour autant qu’il a développé une certaine
division internationale du travail, mis en cause les étroites limites
provinciales et nationales. Il fait faillite parce que sa condition c’est la
propriété privée des moyens de production, de la finance, des échanges, des
transports, etc, parce que son moteur est le profit
particulier et qu’il lui est impossible de s’affranchir des frontières
nationales. Le prolétariat d’un pays, combattant pour prendre le pouvoir,
impulse la lutte de classe des prolétariats des autres pays pour qu’ils le
prennent à leur tour. C’est là sa meilleure défense contre les
bourgeoisie de ces autres pays. L’expropriation du capital,
l’organisation de la production, son impulsion en fonction des besoins des
producteurs et sous leur contrôle, là où le prolétariat a pris le pouvoir, ont
leur complément indispensable dans l’expropriation du capital, l’organisation
de la production, son impulsion en fonction des besoins des producteurs et sous
leur contrôle, dans les autres pays. Il ne s’agit pas d’aboutir à une addition
d’économies planifiées, ce qui est d’ailleurs impossible. Il faut en finir sur
le plan mondial avec les limites, les crises, les conséquences catastrophiques
du mode de production capitaliste, en finir avec lui. Les prolétariats
instaurant leur propre pouvoir politique ont à organiser la production, une
coopération économique et politique, une intégration qui donnera une fantastique impulsion au développement des forces
productives, condition de la réalisation du socialisme. Pour les prolétariats
d’Europe cela signifie former et développer les États Unis Socialistes d’Europe
dans la perspective de la constitution de la République socialiste universelle.
En conséquence, la politique et le programme d’une organisation ou d’un parti
ouvrier révolutionnaire présentant un candidat aux élections présidentielles
doit dénoncer tous les organismes internationaux que le capitalisme agonisant a
mis sur pied pour prolonger son existence et qui sont dominés par les
puissances impérialistes (ONU, FMI, banque mondiale, pacte atlantique et
autres, Union européenne et ses multiples organismes, traités et alliances de
toutes sortes).
Cette politique, ce programme ont à préconiser le combat pour le retrait des
troupes impérialistes dans les multiples pays où elles sont présentes, en
Afrique, en Asie et aussi en Europe quelles que soient leurs éventuels
camouflages (exemple : la FORPRONU dans les pays de l’ex-Yougoslavie). De
même ils ont à mettre en lumière que les programmes, plans de redressement ou
d’assistance économique et financier du FMI, d’autres instances
internationales, des différentes puissances impérialistes ne sont que des
moyens d’exploitation et de soumission des pays qui en “bénéficient”. Il leur
faut souligner que les ONG, les associations humanitaires de toute sorte sont
des agences des puissances impérialistes et y opposer la solidarité
prolétarienne. Là aussi pour combattre les différentes manifestations de la
politique des puissances impérialistes, il faut militer pour que les
organisations et partis ouvriers rompent avec la bourgeoisie avec
l’impérialisme et réalisent le Front unique.
vers la reconstruction du mouvement ouvrier sur un nouvel axe
U |
n long processus historique va vers son terme, celui où
les appareils syndicaux, les partis social-démocrates et socialistes, la
bureaucratie du Kremlin et son appareil international ont exercé un quasi
monopole sur le mouvement ouvrier où ils ont pu, non sans problème, manipuler
le prolétariat. Leur emprise a été telle qu’elle a même pu faire craquer et
détruire la IVe Internationale. Pourtant elle était
armée du programme élaboré par Léon Trotsky tirant
les leçons de la vague révolutionnaire qui s’est développée à la fin et à la
suite de la première guerre impérialiste mondiale, de son reflux faute de
directions révolutionnaires dans les pays où elle a déferlé, les leçons de la
révolution russe, de sa dégénérescence, de la naissance et de la victoire de la
bureaucratie du Kremlin et de son rôle dans le monde. Les groupes qui s’en
réclament ont trahi ce programme. Ils ont trahi la révolution prolétarienne. En
France, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) est à la remorque des
“réformateurs” et autres déchets politiques venant du PS et du PCF, des
Verts ; le Parti Communiste Internationaliste (PCI) s’est transformé en
“Courant Communiste Internationaliste” (CCI) composante d’un prétendu “Parti
des Travailleurs” (P.T.) dont l’appareil de FO tire les ficelles.
L’antagonisme fondamental entre la bureaucratie du Kremlin, ses satellites et
le prolétariat s’est exprimé brutalement dès juin 1953 dans le mouvement
révolutionnaire du prolétariat de la partie Est de l’Allemagne. Ensuite ce
furent : le mouvement du prolétariat polonais en 1956, la révolution
hongroise de novembre 1956, celui des masses de Tchécoslovaquie au cours du
printemps et de l’été 1968, la grève générale d’août 1980 en Pologne, le combat
du prolétariat allemand de l’automne 1989, qui a entraîné la chute du mur de
Berlin et par enchaînement, l’effondrement des régimes bureaucratiques
subordonnés au Kremlin dans l’ensemble de la partie Est de l’Europe. Rapidement
s’en est suivi l’éclatement de la bureaucratie du Kremlin, la dislocation de
son appareil international. Le contrôle du stalinisme sur une grande partie du
mouvement ouvrier et du prolétariat international s’affaiblit de plus en plus.
Corrélativement l’emprise sur une autre partie du mouvement ouvrier et du
prolétariat international, qu’ont eu les appareils bureaucratiques des
syndicats, des partis social-démocrates et socialistes s’affaiblit de plus en
plus. La complicité active des appareils syndicaux avec le pouvoir bourgeois,
le patronat ressort de plus en plus aux yeux des ouvriers, de la population
laborieuse, de la jeunesse. L’exercice du pouvoir au compte de la bourgeoisie,
l’accomplissement des basses œuvres du capital en crise, ou la pratique
d’opposition de sa majesté, sont les composants de la
politique des partis social-démocrates et socialistes. Cette politique les
oppose à la population laborieuse et ruine le crédit dont ils disposaient parmi
les travailleurs.
En bref : la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse
entrent en conflit avec les appareils syndicaux, leurs organisations et partis
traditionnels. Ce développement est en cours mais est loin d’être achevé. En
outre, une grande confusion politique existe, que d’un côté la destruction de
l’URSS, de l’autre celle de la IVe Internationale, nourrissent. Quel avenir, quelle politique ? Ces
questions semblent sans réponse. Mais c’est dans le développement de la crise
actuelle du mouvement ouvrier que se dégageront les conditions objectives de sa
reconstitution sur un nouvel axe, celui de la construction de partis ouvriers
révolutionnaires, d’une Internationale ouvrière révolutionnaire, sur la base du
programme résultant des combats et de l’expérience des Ière,
IIe, IIIe et IVe Internationales. L’action politique du “Comité pour la
construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire, de l’Internationale Ouvrière
Révolutionnaire” consiste à défendre l’acquis politique et théorique de ces
Internationales, dans le cours de la lutte de classe du prolétariat et
d’établir des jalons pour la reconstruction sur un nouvel axe du mouvement
ouvrier.
quel vote émettre ?
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es appareils bureaucratiques des syndicats, les
organisations et partis traditionnels sont irredressables.
Historiquement ce sont des partis ouvriers, mais ce sont des partis ouvriers
traîtres et dégénérés que le mouvement du prolétariat devra balayer alors que
se développera le processus de la reconstruction du mouvement ouvrier sur un
nouvel axe. Mais tant que ne seront pas construits des Partis et une
Internationale révolutionnaires ayant une influence de masse, qui soient en
mesure d’impulser et de diriger les combats du prolétariat jusqu’à ce qu’il
prenne le pouvoir, aussi traîtres et dégénérés que soient ces partis, la classe
ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse chercheront à les utiliser
contre la bourgeoisie. Contradiction sans doute, mais contradiction qui ne peut
être résolue que par le mouvement des masses lequel passe nécessairement par
là.
A l’étape actuelle, le “Comité” n’a ni les moyens politiques, ni les moyens
matériels de présenter un candidat à la présidence de la République pour
utiliser les possibilités, que la campagne lui donnerait, de défendre sa
politique, son programme. Or, après deux ans de retour au pouvoir du RPR et de
l’UDF, au moins une partie de l’électorat habituel des partis ouvriers, pour
exprimer son rejet de cette majorité parlementaire, de son gouvernement, votera
pour ses organisations et partis traditionnels, tandis qu’une autre partie plus
ou moins importante marquée par les deux septennats Mitterrand s’y refusera
sans doute.
Tenant compte que plus réduit seront les suffrages obtenus par les partis
bourgeois, plus nombreux seront les suffrages exprimés votant pour les
candidats des partis ouvriers, si traîtres et dégénérés qu’ils soient, plus le
prolétariat et la jeunesse seront encouragés à combattre, pour leurs propres
objectifs et selon leurs propres moyens, les gouvernements et partis bourgeois,
le capital, le patronat, le “Comité” appelle à voter au premier tour pour les
candidats des partis ouvriers. Ce n’est pas pour autant leur faire confiance,
cela va de paire avec la revendication qu’il faut leur adresser : “Rompez
avec la bourgeoisie, réalisez le Front unique des organisations ouvrières
contre le capital, son État, ses gouvernements, pour les revendications ;
combattez pour un gouvernement du Front unique des partis ouvriers sans
ministres représentant la bourgeoisie” et cela s’inscrit dans la politique
visant à la mobilisation des masses qui les submergera et ouvrira une voie
nouvelle au prolétariat et à la jeunesse.
Les candidats des partis ouvriers se limitent à deux : celui du PS, Lionel
Jospin, celui du PCF, Robert Hue. A eux on peut ajouter Arlette Laguiller, dont
l’organisation, “Lutte Ouvrière” se réclame du prolétariat, de la révolution,
du socialisme, mais dont le programme est une sorte de populisme ouvriériste et
la politique une politique d’adaptation au PCF et aux appareils syndicaux.
En aucun cas il ne faut voter, quelle que soit la démagogie “gauche” qu’il
puisse développer, pour Jean-François Hory, candidat de la formation bourgeoise
“Radical”, dont l’origine et la tradition sont celles du parti bourgeois que
fut par excellence le “Parti radical” et “Radical socialiste” des Herriot,
Daladier et autres, ni pour les candidats des formations bourgeoises que sont
les formations se réclamant de “l’écologie”.
Au deuxième tour, si un des candidats des partis ouvriers réussi à y accéder :
vote pour lui. Au cas où ne resterait en lice que Balladur et Chirac, le Comité
appelle travailleurs et jeunes à ne pas voter ou à voter blanc.
Le 21 mars 1995