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Article paru dans CPS n° 18 de septembre 1987

 

LA REVOLUTION PROLETARIENNE EN HAITI

 

J.C. DUVALLIER CHASSE ... L'ARMEE AU POUVOIR

L'absence de direction révolutionnaire se fait immédiatement, douloureusement sentir en Haïti. Dans ce petit pays de 6 millions d'habitants se développe une authentique et profonde révolution prolétarienne. Toutes les couches exploitées et opprimées sont en mouvement. Sans quoi Jean‑Claude DUVALLIER n'aurait pu être chassé du pouvoir et contraint de fuir Haïti le 7 février (après trente ans de dictature de la famille DUVALLIERs il s'appuyait sur 200.000 "tontons‑ macoutes"). Sans quoi 18 mois après sa chute les puissantes grèves générales qui ont commencé le 22 juin contre le Conseil National de Gouvernement et celui qui le dirige, le général NAMPHY, qui ont succédé à J.C. DUVALLIER, n'auraient pas eu lieu.

Chasser DUVALLIER était indispensable. ‑ Tout devait commencer par là. Mais cela n'a pas suffi et ne pouvait suffire. Dans ce qui en constitue l'essentiel, l'armée et le corps des officiers, la police et ses détachements spéciaux, l'Etat bourgeois est resté en place. Y compris les prétoriens du régime DUVALLIER, les "tontons‑macoutes" n'ont pas été disloqués, liquidés. Le Conseil National de Gouvernement, le général NAMPHY, qui ont succédé au pouvoir à DUVALLIER, représentent le corps des officiers et les bandes d'anciens " tontons‑macoutes". Ils s'appuient sur eux. Comme le régime de DUVALLIER, ils bénéficient du soutien de l'impérialisme américain qui considère Haïti ainsi qu'une colonie. Le gouvernement en place dans le pays doit l'administrer à son compte et selon ses directives.

Suite à sa chute et à la fuite de J.C. DUVALLIER, le CNG et le général NAMPHY étaient par contre incapables d'éviter la floraison d'innombrables organisations politiques, la constitution de syndicats, une extraordinaire liberté d'expression, la naissance de multiples journaux, de postes d'émission de radio. Conjointement une formidable aspiration de changement radical de leurs conditions d'existence économique et politique anime le prolétariat, la population laborieuse, la jeunesse.

L'euphorie due à la chute de DUVALLIER et à sa fuite a rapidement pris fin. La déception, l'amertume et la colère ont suivi. Aucune des revendications économiques, sociales et politiques des masses populaires n'ont été satisfaites. Le CNG a plutôt aggravé leur situation économique et sociale et il veut imposer un cadre politique contraignant qui sauvegarde les intérêts de l'impérialisme américain et de l'oligarchie bourgeoise compradore.

CONTRE LA TERRIBLE MISERE DES MESURES D'URGENCE

Les conditions de vie du peuple de Haïti sont effroyables. L'économie de Haïti est non seulement de type colonial mais elle a été soumise au pillage des DUVALLIER et de quelques familles. Cela allait jusqu'à : la vente de corps de Haïtiens morts aux universités américaines pour leurs classes d'anatomie ; la vente d'organes et du sang de Haïtiens aux laboratoires américains ; des Haïtiens étaient pour ainsi dire vendus en République Dominicaine comme coupeurs de canne à sucre. L'aide étrangère était en partie détournée dans les caisses des DUVALLIER et compagnie. DUVALLIER empochait 1 dollar sur chaque sac de farine sortant de la minoterie nationale d’Haïti et 50 cents sur chaque sac de ciment produit par la Société "Les ciments d'Haïti".

L'agriculture et l'industrie dépérissaient : l'agriculture ne satisfait plus que 60 % de la consommation d'une population mal nourries ; le revenu annuel par habitant (donc une moyenne qui comprend les revenus des plus riches et des plus pauvres) a baissé de 9 % entre 1980 et 1985 ; l'endettement extérieur atteint 1 milliard de dollars pour 5,4 millions d'habitants dans un pays où le revenu national par habitant (moyenne) était de 360 dollars en 1984, le plus bas d’Amérique latine. Le chômage touche 60 % de la population "active". Sur un autre plan : 80 % de la population est analphabète.

Seules les mesures économiques, sociales et politiques peuvent faire diminuer l'énorme et terrible misère populaire, réorganiser, réorienter et impulser la production. Expropriation de tous les spéculateurs, les prévaricateurs, les profiteurs d'hier et d'aujourd'hui. Mesures d'urgence qui permettent à chacun de satisfaire ses besoins élémentaires aussi bien par le paiement de salaires et l'attribution de ressources nécessaires que par la répartition des produits de première nécessité. Pas de superflu, de gros revenus, de grande richesse particulière alors que la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse souffrent de la faim, sont plongées dans la misère. Un emploi, un travail pour tous ceux qui peuvent travailler.

Rien que la réalisation de ces mesures exige l'organisation, l'intervention, le contrôle des travailleurs à tous les niveaux et dans tous les rouages de l'économie et de la finance et sans de profondes incursions dans la propriété privée des moyens de production et d'échange. D'emblée se pose la question : quelles décisions politiques sont indispensables pour appliquer ces mesures. En premier lieu, bien que cela ne suffise pas, tous les participants, les soutiens de la dictature, les profiteurs doivent être éliminés et châtiés. A l'évidence la bourgeoisie, compradore ou non, ne s'inclinera pas devant la brûlante nécessité de ces mesures d'urgence indispensables pour réduire dans l'immédiat la terrible misère populaire. L'impérialisme américain ne les acceptera pas non plus.

LA POLITIQUE DU CONSEIL NATIONAL DE GOUVERNEMENT

Le CNG est l'instrument de défense de la bourgeoisie et de l'impérialisme. "Le Monde Diplomatique" de novembre 1986 écrivait :

" Si le rançonnement des patrons à pris fin, d'une certaine manière les postes clés sont toujours entre les mains des duvaliéristes. Et les structures des monopoles, de la contrebande et de la corruption demeurent en place solidement implantées. Elles peuvent réduire à néant les timides efforts d'assainissement conduits par le CNG. Ces effets sont notoirement insuffisants en matière d'épuration puisque jusqu'à présent, seuls deux grands tortionnaires de l'ancien régime ont été jugés : M. Edouard CLAUL, condamné à trois ans de prison et M. Luc DESYE condamné à mort ".

" Cette faiblesse à l'égard des hommes de main de la dictature est perçue par la plupart des citoyens comme un flagrant manque d'autorité et de légalité pour remettre de l'ordre dans la maison de fond en comble. Et tout est à faire : l'administration ne possède pas de fichier fiscal, il n'y a pas de registre de la fonction publique, aucun contrôle des fonds budgétaires ; bref, deux siècles après son indépendance, l'Etat haïtien reste effectivement à construire.

Les plus importantes décisions dans ce sens ne paraissent pas forcément heureuses, en particulier le projet de réduire de moitié le nombre des fonctionnaires et de renforcer, en revanche, les effectifs et la puissance des forces armées avec l'aide des USA. Cette dernière mesure, surtout, est interprétée par certains comme un moyen détourné d'intégrer les impopulaires "tontons‑macoutes" dans l'armée. Il va sans dire qu'un tel soupçon n'est pas de nature à calmer les esprits ni à apaiser les tensions sociales".

En quels termes ces choses‑là sont dites ! Le CNG ne fait aucun effort, même timide, d'assainissement sinon au compte du capital : privatisation et fermeture des sociétés d'Etat déficitaires sont à son programme. Les "citoyens" n'estiment pas que le CNG et le général NAMPHY manquent "d'autorité". Tout au contraire. Dès les mois de mars‑avril 1986 des manifestations, des grèves contre le CNG ont eu lieu. Le 26 avril 1986, devant la prison de Fort‑Dimanche, l'armée tirait : 7 morts. Une tentative de grève générale était sabotée par le PC d'Haïti et toutes les forces politiques bourgeoises pour qui, comme pour le PCH :

"le CNG est un gouvernement provisoire. Nous constatons qu'il est relativement paralysé à cause des contradictions internes, mais en même temps il réagit aux pressions des mouvements populaires et est amené à faire des concessions. Il est juste de parler d'apprentissage de la démocratie ; cela est également valable pour le CNG lui‑même. Avant de songer à l'élection présidentielle nous pensons qu'il serait préférable d'élire une Constituante qui pourrait elle‑même se convertir en Assemblée Nationale et désigner l'exécutif en attendant une normalisation".

Le CNG a tenté d'établir sa propre "légalité". Le 8 juin 1986, il annonçait que le 19 octobre aurait lieu l'élection d'une Assemblée Constituante. Il décidait que sur 61 "constituants", 20 seraient désignés par le CNG lui‑même. Les conditions d'élection éliminaient nombre d'électeurs et de partis. Les différents partis ont appelé au boycott des élections. 95 % des électeurs n'ont pas voté. Le CNG en a tiré la conclusion que le peuple haïtien n'était pas mûr pour la démocratie. L'ensemble des partis dont le Vent Communiste d'Haïti, l'église, ont appelé à voter "oui" au référendum du 29 mars organisé pour ratifier la "constitution". La fraude électorale éhontée s'ajoutant, il y eut 99,81 % de "oui", on ne sait cependant pas sur quel pourcentage de votants. La "constitution" prévoit l'élection d'un président de la République et d'une Assemblée. Le président de la République ne peut dissoudre le parlement. Le parlement ne peut renvoyer le président de la République. L'arbitre est de facto l'armée qui jouit de l'immunité. Elle constituera de fait le pouvoir réel. L'élection présidentielle devrait avoir lieu le 29 novembre 1987, le président élu entrer en fonction le 7 février 1988.

A peine la constitution était‑elle "ratifiée" dans ces conditions que le CNG dissolvait la Centrale autonome des travailleurs haïtiens pour avoir appelé à une grève générale à partir du 22 juin. La CATH appelait à la grève générale pour exiger la réouverture des entreprises d'État liquidées pour cause de déficit, la subvention du prix du riz récolté en Haïti, le dédommagement des planteurs frappés par la fermeture des sucreries, le doublement des salaires ouvriers (de 3 à 6 dollars par jour), etc... Il interdisait également toute manifestation commémorative de l'assassinat de manifestants par l'armée, le 26 avril 1986.

LA GREVE GENERALE SABOTEE.

La grève générale lancée par la CATH pour la réintégration des travailleurs licenciés était largement suivie. A la suite de la promulgation d'un décret électoral réglementant les élections à venir et qui ne laissait qu'un rôle secondaire au Conseil électoral provisoire pourtant prévu par la constitution, la grève générale rebondissait et s'étendait. Un "comité de grève" constitué de "57 partis et organisations" lançait alors un mot d'ordre de grève générale à partir du 26 juin. Tout en annulant le décret et en relâchant des syndicalistes arrêtés, le CNG déclenchait la répression : en quelques jours l'armée et la police tuaient au mains 20 personnes et en blessaient des centaines d'autres. Après avoir suspendu, le vendredi 4 juillet# le mot d'ordre de grève générale, le comité des 57 appelait à une nouvelle grève relançant la semaine suivante un nouveau mot d'ordre de grève générale, grève 'qui allait, au cours des semaines suivantes, être interrompue, puis reprise, puis interrompue et ainsi de suite. C'est une technique soigneusement étudiée pour disloquer la grève générale.

Au lendemain des massacres par l'armée le "comité de grève" a "radicaliser" sa position. Il a réclamé le départ du général NAMPHY du CNG. Un de ses porte‑paroles précisait :

"Nous voulons rester dans le cadre de la constitution et nous sommes à la recherche d'une solution alternative démocratique".

Le "comité de grève" était à la recherche d"'un militaire patriote". Quant au Parti Unifié Communiste de Haïti, dès le début du mouvement, il définissait ainsi sa position :

Le Parti unifié des communistes haïtiens, quant à lui, fait remarquer que s'il reconnaît l'institution CNG, le gouvernement doit être composé d'autres personnes que des gens discrédités. Le PUCH met l'accent sur  trois objectifs immédiats : le CNG doit retirer le décret de dissolution du syndicat (CATH) ; il doit revenir sur le décret anticonstitutionnel qui restreint les droits de Comité Electoral (CEP) ; enfin le PUCH demande que ce soit la CEP qui rédige le décret électoral puisque c'est la seule instance habilitée à organiser les élections. " ("L'Humanité" du 1/7/87.)

Depuis, la plupart des partis et, des organisations qui ont composé le "comité de grève" sont à la recherche, par la médiation de l'église catholique qui prêche le calme, d'un "compromis".

UNE REVOLUTION PROLETARIENNE

La volonté de combat du prolétariat, de la jeunesse, de la population laborieuse est inappréciable, de même que leur capacité révolutionnaire. Mais tout est fait pour les désarmer politiquement. Aucune organisation ne défend le programme, la politique, n'ouvre la perspective qui leur sont indispensables pour vaincre. Les masses populaires de ce pays, constamment écrasées sous une dictature, connaissent le prix des libertés démocratiques. En opposition à la tradition dictatoriale, elles sont pour une représentation démocratique et une Assemblée Nationale souveraine. Encore que l'usage fait par le général NAMPHY et le CNG du mot d'ordre d'Assemblée Nationale souveraine, ou constituante, n'est certainement pas sans l'hypothéquer. Contre la dictature ouverte des DUVALLIER, celle du CNG, combattre sur ces mots d'ordre et pour ces objectifs est indispensable.

Mais les libertés démocratiques sont nécessaires à la classe ouvrière, à la population laborieuse, à la jeunesse. Pourquoi ? Sinon pour s'organiser elles‑mêmes et comme moyens et instrument de leur lutte de classe en vue d'atteindre leurs objectifs de classe. Une représentation démocratique de toutes les classes de la société, une Assemblée Nationale souveraine ne sauraient se maintenir longtemps en période de révolution, alors que les antagonismes entre les classes s'exaspèrent et deviennent inconciliables, lorsque dans un délai proche une des classes fondamentales doit l'emporter sur l'autre. Qui peut nier qu'il en soit ainsi actuellement en Haïti ?

Les mesures économiques et sociales évoquées plus haut ne sont que des mesures d'urgence. Elles exigent déjà une profonde incursion dans la propriété privée des moyens de production et d'échange et seul un gouvernement ouvrier et paysan porté au pouvoir par le prolétariat, la population laborieuse et s'appuyant sur eux peut les prendre. Satisfaire les énormes besoins populaires exige de réorganiser, de réorienter la production, de l'impulser selon un plan élaboré et réalisé sous le contrôle des travailleurs. C'est pratiquement l'ensemble des grands moyens de production, les banques, les assurances qu'il faut exproprier, c'est une réforme agraire radicale qu'il faut réaliser, c'est la dette extérieure qu'il faut annuler. Un gouvernement ouvrier et paysan, l'organisation et l'action révolutionnaire des masses, sont indispensables.

D'autant plus que, tant du point de vue économique que politique, la révolution en Haïti ne peut être considérée et n'a d'avenir que dans la perspective de la révolution prolétarienne dans les Caraïbes et en Amérique latine qui dresse les masses de ces pays contre l'impérialisme américain notamment, et les bourgeoisies compradores, subordonnées, ou au moins étroitement liées, au système impérialiste.

Les mots d'ordre démocratiques, y compris celui d'une Assemblée Nationale souveraine, sont des mots d'ordre transitoires et subordonnés au mot d'ordre et au combat pour le gouvernement ouvrier et paysan. Ils doivent être des leviers aidant le prolétariat la population laborieuse, la jeunesse à s'organiser, à constituer leurs comités, à les centraliser, à former leur propre parlement, leur propre exécutif ‑ comme doivent y contribuer tous les mots d'ordre et revendications de transition. L'objectif c'est : la prise du pouvoir par le prolétariat, la destruction de l'Etat bourgeois, la construction de l'Etat ouvrier fonctionnant selon les normes de la démocratie ouvrière.

L'ARMEMENT DES OUVRIERS ET DES PAYSANS

Quelque soit le pays où elle se produit, dans toute grande lutte de classe, le prolétariat, la population laborieuse, la jeunesse sont généralement confontés à la police et à ses détachements spéciaux, lorsqu'ils ne les affrontent pas. Depuis longtemps la bourgeoisie évite autant que possible d'engager l'armée, lorsque c'est une armée de conscription, contre la classe ouvrière en mouvement : elle craint que les soldats ne se souviennent qu'ils sont des prolétaires sous l'uniforme. De plus, souvent l'armée semble avoir d'autres "missions" qu'une mission de guerre civile : la défense du pays. La fonction fondamentale de l'armée et du corps des officiers est très souvent masquée. En réalité dans tous les pays impérialistes, la fonction de l'armée et du corps des officiers est toujours la défense, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, des intérêts du capitalisme du pays qui est le leur. En cas de révolution prolétarienne# dans tous les pays, l'armée et le corps des officiers a comme tâche essentielle, la guerre civile au compte du capital, contre la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse, pour noyer dans le sang, si nécessaire# la révolution. Il faut remarquer d'ailleurs que la tendance actuelle des bourgeoisies des différents pays capitalistes et notamment impérialistes# est de revenir à une armée de métier, instrument beaucoup plus maniable entre les mains du corps des officiers que l'armée de conscription.

Dans la plupart des pays semi‑coloniaux, notamment en Amérique latine, Caraïbes comprises, l'armée a une fonction et une seule, évidente à tous : la guerre civile, le maintien de « l'ordre » impérialiste et bourgeois dans le pays. Une fois encore, en Haïti elle remplit cette unique fonction. Il ne peut y avoir d'authentique combat pour les libertés démocratiques, une Assemblée Nationale, et bien sûr pour les revendications du prolétariat, que sur la ligne qui mène au gouvernement ouvrier et paysan qui inclut une politique de liquidation de l'armée, du corps des officiers, de la police, de ses détachements spéciaux, des "tontons‑macoutes". Jamais la bourgeoisie, jamais aucune organisation ou parti de la bourgeoisie ne s'engageront sur cette voie. Tout juste parleront‑ils, s'ils ne peuvent faire autrement et pour faire illusion "d'épuration".

Seuls le prolétariat, la population laborieuses la jeunesse peuvent s'y engager. En Haïti, rien de plus urgent aujourd'hui que de développer une agitation politique, en relation avec les autres mots d’ordre, face à la répression et aux fusillades de l'armée, pour l'armement des ouvriers et des paysans. Commencer à organiser des groupes d'auto‑défense de travailleurs armés, s'orienter vers les milices ouvrières et paysannes, contre l'armée, le corps des officiers, la police, les " tontons‑macoutes" est une impérieuse nécessité. Attendre du pouvoir bourgeois leur liquidation est vain et dangereux. Espérer qu' « ils » se désagrégeront du seul fait de la grève générale ou de tout autre mouvement n'est pas moins dangereux. Par une politique résolue, en commençant à s'organiser en milices et à s'armer, seuls les travailleurs les feront se disloquer, éclater, les liquideront.

Voilà qui situe bien la nature de la révolution en cours en Haïti : une révolution prolétarienne. Elle s'oppose radicalement aux gouvernements, au pouvoir, à l'État bourgeois. Pour le prolétariat une seule issue positive : prendre le pouvoir en s'appuyant sur les couches exploitées et opprimées, détruire l'Etat bourgeois jusqu'en ses fondements, constituer un Etat ouvrier. Aucune organisation ne l'explique et ne pratique une politique en conséquence. Aucune organisation ne développe d'agitation pour l'armement des ouvriers et des paysans et n'agit pour la constitution de la milice ouvrière et paysanne. Là réside une des faiblesses de la révolution en Haïti.

 

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