Législatives: Tout faire pour
battre Chirac
et tout candidat des partis
et organisations bourgeois
Gouvernement
Chirac-Raffarin: les "fondés de pouvoir du Medef" (Ayrault,
PS), en tenue bleu CRS
Chirac
n'a pas perdu de temps. Entouré de sa garde rapprochée qui forme l'ossature du
gouvernement, mettant en avant Raffarin, l'homme des petits patrons et des
boutiquiers, de la "France d'en bas" pour rallier l'électorat RPR
capté par le Front National.
Le
gouvernement l'a annoncé: sont à l'ordre du jour l'allongement de la durée de
cotisation retraite (notamment dans le public, ce à quoi N.Notat vient
d'appeler lors du congrès de l'organisation réactionnaire CFDT), le
démantèlement des garanties collectives des travailleurs par le développement
du "dialogue social" (Raffarin a annoncé un calendrier de rencontres
pour y parvenir), la "réforme de l'Etat", c'est-à-dire des
suppressions massives de postes de fonctionnaires, une nouvelle vague de
baisses massives des "charges". C'est déjà tout un symbole que la
première mesure du gouvernement soit la baisse uniforme de 5% du taux de
l'impôt sur le revenu, soit un formidable cadeau aux foyers les plus riches.
E-A.Seillière,
président du Medef, a donné un résumé de cette politique, sur le perron de
Matignon, le 17 mai, annonçant que pour le gouvernement, " la
refondation sociale est la priorité nationale"
En
témoigne la nomination au ministère de l'Economie de F.Mer, dirigeant du Medef,
engagé dans la "refondation sociale" – et ancien PDG d'Usinor dont il
conduisit la privatisation et où il a supprimé 70 000 emplois.
Enfin,
en annonçant que "le bleu CRS va redevenir à la mode",
Devedjian, fidèle de Chirac, annonce la couleur. La politique du gouvernement
en la matière est celle du renforcement de l'appareil de répression: opérations
coup de poing, annonce de recrutements massifs et dévolution de milliards
supplémentaires à la police dans un des pays déjà les plus fliqués d'Europe.
Dans toute l'union européenne, la lutte contre l'immigration clandestine est
déjà annoncée comme prioritaire.
Chirac, appuyé sur son
plébiscite, et le Medef, veulent leur majorité parlementaire
Le 30 mai, Chirac appelait "les Français"
à lui donner une majorité. Auparavant, c'est le Medef lui-même qui l'avait
fait, Seillière arguant "qu'une cohabitation bloquerait complètement la
réforme de notre pays" – comprenez qu'une majorité chiraquienne
permettrait de mener les "contre-réformes" que le patronat
revendique.
Pour
l'obtenir, Chirac a réussi là où il avait échoué depuis 1995: constituer un
grand parti du président, l'UMP, rassemblant RPR, DL et de nombreux UDF, les
fidèles de Bayrou étant réduits aujourd'hui à un dernier carré. Il pourra aussi
compter sur le renfort du RPF de Paqua, après que celui-ci se soit abstenu de
participer à la présidentielle, favorisant un second tour clés en mains pour
Chirac.
Chirac, grâce au plébiscite dont il a été l'objet
(82% des exprimés, 62% des inscrits), se retrouve dans une situation aussi
favorable qu'inattendue. Responsables notamment de ce plébiscite, le PS, le
PCF, la LCR, les dirigeants syndicaux (CGT et FSU en tête), affirmaient qu'il
s'agissait de "sauver la République" (en fait, la réactionnaire
Cinquième République), de faire barrage à Le Pen.
Le président délégué du RPR, Lepeltier, exprimant
tout haut ce que Chirac l'escroc, l'homme du "bruit et de l'odeur",
des charters, de l'assassinat de Malik Oussekine, du massacre d'Ouvéa, de la
loi Debré, pense tout bas, a rappelé l'aboutissement de tous les fronts
républicains. Il a annoncé, avant que de chercher à brouiller les pistes, que
l'UMP ne renverrait pas l'ascenseur dans les législatives au PS (ce qui a été
confirmé par Sarkozy le super-flic dans Le Monde paru le 30 mai), que
l'UMP se maintiendrait le cas échéant, et qu'il ne serait pas dérangé par
l'élection de députés FN.
A bas le front républicain !
Le
front républicain derrière Chirac, les premiers pas du gouvernement en
témoignent, n'a fait que le pousser à droite toute, comme toujours quand les
dirigeants du mouvement ouvrier se prosternent devant les hommes du Capital. Le
FN de son côté a encore progressé entre les deux tours, et conforte sa place –
et profitera peut-être, dès le 16 juin, d'accords avec l'UMP du type de ceux
qui suivirent les régionales de 1998 ou des accords secrets Chirac/Le Pen pour
la présidentielle de 1988.
Or,
qu'exige un combat réel contre le FN et autres MNR? Un accord de front unique
entre le PS, le PCF, les syndicats qui, en commun, s'engagent à organiser
l'action de masse qui interdirait à Le Pen et au FN le droit à la parole dans
quelque lieu que ce soit.
Ainsi,
le premier mai; le rassemblement de Le Pen aurait pu presque sans coup férir
être dispersé par un tel appel conjoint. Les centaines de milliers de
manifestants mobilisés contre le FN auraient trouvé là la perspective leur permettant
de se dégager du piège de l'appel à voter Chirac tendu par tous ses rabatteurs,
de Hollande à Thibault. Mais évidemment cela n'a rien à voir avec la ligne de
la "défense de la République".
Le
front républicain pratiqué par le PS et le PCF prolonge la politique qu'ils ont
suivie cinq ans durant sous l'enseigne de la "gauche plurielle", une
politique au service du Capital, de protection de Chirac et de la Cinquième
République. Or, c'est précisément cette politique, menée en collaboration avec
les dirigeants syndicaux, qui a abouti à leur propre défaite électorale
cinglante du premier tour, et plus généralement à l'expulsion du prolétariat de
la scène électorale, la forte baisse des votants pour l'ensemble des partis et
organisations ouvriers, la présence de Le Pen au second tour..
Le gouvernement
Chirac-Raffarin l'annonce: "nous ne passerons pas en force".
C'est clair: la responsabilité des directions confédérales CGT et FO au premier
chef est de rompre avec lui
Bien que considérablement renforcé par son
plébiscite, Chirac (et son gouvernement) n'aurait pas pour autant la force de
faire passer sa politique réactionnaire sans une association particulièrement
étroite des directions syndicales, à commencer par celles de la CGT et de FO.
Il a annoncé que toutes ses lois passeraient par une phase préalable de
"concertation" avec les partenaires sociaux, et qu'il comptait faire
reculer le champ de la loi pour faire des négociations à tous les niveaux son
instrument privilégié de la destruction des acquis ouvriers, amplifiant l'œuvre
du gouvernement de la "gauche plurielle" (avec les lois Aubry
d'ARTT-flexibilité, la cogestion des licenciements, des fonds de pension,
etc.). François Fillon, ministre des affaire sociales, l'a déclaré: "nous
ne passerons pas en force".
Mais les dirigeants syndicaux sont tous allés porter
leur caution au gouvernement en rencontrant Raffarin le 17 mai, ou encore le
ministre de la fonction publique, Delevoye, certains, comme Blondel,
dégoulinant carrément de compliments sur le gouvernement, Thibault (CGT)
envisageant plus sobrement de "travailler avec lui".
Au contraire, leur responsabilité pour défendre les
intérêts des travailleurs est de refuser toute discussion, toute négociation
avec le gouvernement et autres rencontres qui ne peuvent que s'inscrire sur la
ligne de l'application du programme du Medef au moyen du dialogue social. Ils
auraient dû préparer le combat contre le gouvernement.
Rappelons qu'en Italie, la classe ouvrière vient de
montrer qu'elle répondait en masse à l'appel uni des confédérations ouvrières
rompant toute discussion avec le gouvernement Berlusconi (suivies par les
partis ouvriers traîtres et dégénérés). Trois millions ont manifesté en mars,
treize millions fait grève en avril.
Et face à la première échéance pour faire obstacle
aux prétentions des Chirac et Seillière, les élections législatives, leur
responsabilité serait d'appeler à voter: contre Chirac et tous candidats des
partis bourgeois, pour les partis (PS, PCF) et organisations (LO, LCR, PT) issus
ou se réclamant du mouvement ouvrier, consigne permettant sur le terrain
électoral au prolétariat de se regrouper comme classe.
9 et 16 juin: voter PS, PCF
ou pour toute organisation ouvrière de son choix
Le
PS et le PCF dans ces élections poursuivent leur politique d'effacement devant
les formations bourgeoises avec lesquelles ils ont fait la "gauche
plurielle" et mené une politique réactionnaire durant cinq années (et qui,
elles, en ont largement profité lors des présidentielles). Un accord PS-PCF-Verts-Radicaux
voit le PS se retirer d'une centaine de circonscriptions. Quant à leur
programme, il se situe dans la
prolongation de la politique conduite par le gouvernement
Jospin-Gayssot-Voynet-Schwartzenberg (avec puis sans Chevènement).
Cet
accord doit être dénoncé, de même l'appel du PS et du PCF à voter UMP contre le
FN au second tour dans de nombreuses circonscriptions au nom du "front
républicain".
Mais,
en votant là où c'est possible pour les candidats des partis ouvriers
(traîtres et dégénérés) PS et PCF, auxquels on peut ajouter LO, la LCR et le
PT, au premier tour, et au second tour pour ceux de ces candidats encore
présents, même si Chirac devait obtenir sa majorité, il est clair que plus
nombreux seront les suffrages portés sur les candidats des partis et
organisations ouvriers, plus le prolétariat et la jeunesse seront encouragés à
lutter par leurs propres méthodes et sur leur propre terrain contre le
gouvernement Chirac-Raffarin. Le contenu de ce vote sera à l'évidence
contradictoire avec le programme que défendent ces partis.
Il
sera le moyen sur le terrain électoral qu'aura la classe ouvrière de se
manifester comme classe, et de signifier sa volonté de battre Chirac.
Pour une politique
anticapitaliste, pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire
Il est possible de répondre positivement aux
aspirations des larges masses, telles
*l'interdiction des licenciements, le maintien de
tous les postes dans la fonction publique, le droit au travail pour tous;
* l'augmentation des salaires et la garantie du
pouvoir d'achat par l'échelle mobile;
*l'abrogation des lois "Aubry" d'ARTT, et
la réduction du temps de travail pour tous, sans flexibilité ni annualisation;
*l'abrogation du plan Juppé de destruction de la
sécurité sociale et de l'hôpital public, et l'abrogation des contre-réformes
réactionnaires successives dans tous les domaines;
*le droit de vote pour les travailleurs immigrés à
toutes les élections,
*la défense inconditionnelle du régime des retraites
par répartition, du code des pensions, le retour à 37,5 annuités pour tous,
etc.
Pour
mener cette politique, il faut rompre avec la loi capitaliste du profit,
procéder aux expropriations nécessaires des grandes entreprises et des banques
pour mettre sur pied un plan de production élaboré et réalisé sous contrôle
ouvrier répondant aux besoins des masses; la dette publique doit être annulée,
il faut rompre avec l'Union Européenne, dans la perspective des Etats-Unis
Socialistes d'Europe. Seul un gouvernement ouvrier peut y parvenir, et il faut
donc construire le parti ouvrier révolutionnaire.
Avancer
aujourd'hui dans cette voie exige de combattre pour le front unique des
organisations ouvrières (partis, syndicats), pour un gouvernement issu de ce
front unique.
Pour
cela, une première échéance:
battre Chirac les 9 et 16
juin.