Supplément à Combattre pour le socialisme n°8  - 31 mai 2002

 

Législatives:                    Tout faire pour battre Chirac

et tout candidat des partis et organisations bourgeois

 

Gouvernement Chirac-Raffarin: les "fondés de pouvoir du Medef" (Ayrault, PS), en tenue bleu CRS


Chirac n'a pas perdu de temps. Entouré de sa garde rapprochée qui forme l'ossature du gouvernement, mettant en avant Raffarin, l'homme des petits patrons et des boutiquiers, de la "France d'en bas" pour rallier l'électorat RPR capté par le Front National.

 

Le gouvernement l'a annoncé: sont à l'ordre du jour l'allongement de la durée de cotisation retraite (notamment dans le public, ce à quoi N.Notat vient d'appeler lors du congrès de l'organisation réactionnaire CFDT), le démantèlement des garanties collectives des travailleurs par le développement du "dialogue social" (Raffarin a annoncé un calendrier de rencontres pour y parvenir), la "réforme de l'Etat", c'est-à-dire des suppressions massives de postes de fonctionnaires, une nouvelle vague de baisses massives des "charges". C'est déjà tout un symbole que la première mesure du gouvernement soit la baisse uniforme de 5% du taux de l'impôt sur le revenu, soit un formidable cadeau aux foyers les plus riches.

 

E-A.Seillière, président du Medef, a donné un résumé de cette politique, sur le perron de Matignon, le 17 mai, annonçant que pour le gouvernement, " la refondation sociale est la priorité nationale"

En témoigne la nomination au ministère de l'Economie de F.Mer, dirigeant du Medef, engagé dans la "refondation sociale" – et ancien PDG d'Usinor dont il conduisit la privatisation et où il a supprimé 70 000 emplois.

 

Enfin, en annonçant que "le bleu CRS va redevenir à la mode", Devedjian, fidèle de Chirac, annonce la couleur. La politique du gouvernement en la matière est celle du renforcement de l'appareil de répression: opérations coup de poing, annonce de recrutements massifs et dévolution de milliards supplémentaires à la police dans un des pays déjà les plus fliqués d'Europe. Dans toute l'union européenne, la lutte contre l'immigration clandestine est déjà annoncée comme prioritaire.


Chirac, appuyé sur son plébiscite, et le Medef, veulent leur majorité parlementaire


Le 30 mai, Chirac appelait "les Français" à lui donner une majorité. Auparavant, c'est le Medef lui-même qui l'avait fait, Seillière arguant "qu'une cohabitation bloquerait complètement la réforme de notre pays" – comprenez qu'une majorité chiraquienne permettrait de mener les "contre-réformes" que le patronat revendique.

 

Pour l'obtenir, Chirac a réussi là où il avait échoué depuis 1995: constituer un grand parti du président, l'UMP, rassemblant RPR, DL et de nombreux UDF, les fidèles de Bayrou étant réduits aujourd'hui à un dernier carré. Il pourra aussi compter sur le renfort du RPF de Paqua, après que celui-ci se soit abstenu de participer à la présidentielle, favorisant un second tour clés en mains pour Chirac.

 

Chirac, grâce au plébiscite dont il a été l'objet (82% des exprimés, 62% des inscrits), se retrouve dans une situation aussi favorable qu'inattendue. Responsables notamment de ce plébiscite, le PS, le PCF, la LCR, les dirigeants syndicaux (CGT et FSU en tête), affirmaient qu'il s'agissait de "sauver la République" (en fait, la réactionnaire Cinquième République), de faire barrage à Le Pen.

 

Le président délégué du RPR, Lepeltier, exprimant tout haut ce que Chirac l'escroc, l'homme du "bruit et de l'odeur", des charters, de l'assassinat de Malik Oussekine, du massacre d'Ouvéa, de la loi Debré, pense tout bas, a rappelé l'aboutissement de tous les fronts républicains. Il a annoncé, avant que de chercher à brouiller les pistes, que l'UMP ne renverrait pas l'ascenseur dans les législatives au PS (ce qui a été confirmé par Sarkozy le super-flic dans Le Monde paru le 30 mai), que l'UMP se maintiendrait le cas échéant, et qu'il ne serait pas dérangé par l'élection de députés FN. 


A bas le front républicain !


Le front républicain derrière Chirac, les premiers pas du gouvernement en témoignent, n'a fait que le pousser à droite toute, comme toujours quand les dirigeants du mouvement ouvrier se prosternent devant les hommes du Capital. Le FN de son côté a encore progressé entre les deux tours, et conforte sa place – et profitera peut-être, dès le 16 juin, d'accords avec l'UMP du type de ceux qui suivirent les régionales de 1998 ou des accords secrets Chirac/Le Pen pour la présidentielle de 1988.

 

Or, qu'exige un combat réel contre le FN et autres MNR? Un accord de front unique entre le PS, le PCF, les syndicats qui, en commun, s'engagent à organiser l'action de masse qui interdirait à Le Pen et au FN le droit à la parole dans quelque lieu que ce soit.

 

Ainsi, le premier mai; le rassemblement de Le Pen aurait pu presque sans coup férir être dispersé par un tel appel conjoint. Les centaines de milliers de manifestants mobilisés contre le FN auraient trouvé là la perspective leur permettant de se dégager du piège de l'appel à voter Chirac tendu par tous ses rabatteurs, de Hollande à Thibault. Mais évidemment cela n'a rien à voir avec la ligne de la "défense de la République".

 

Le front républicain pratiqué par le PS et le PCF prolonge la politique qu'ils ont suivie cinq ans durant sous l'enseigne de la "gauche plurielle", une politique au service du Capital, de protection de Chirac et de la Cinquième République. Or, c'est précisément cette politique, menée en collaboration avec les dirigeants syndicaux, qui a abouti à leur propre défaite électorale cinglante du premier tour, et plus généralement à l'expulsion du prolétariat de la scène électorale, la forte baisse des votants pour l'ensemble des partis et organisations ouvriers, la présence de Le Pen au second tour..


Le gouvernement Chirac-Raffarin l'annonce: "nous ne passerons pas en force".
C'est clair: la responsabilité des directions confédérales CGT et FO au premier chef est de rompre avec lui


Bien que considérablement renforcé par son plébiscite, Chirac (et son gouvernement) n'aurait pas pour autant la force de faire passer sa politique réactionnaire sans une association particulièrement étroite des directions syndicales, à commencer par celles de la CGT et de FO. Il a annoncé que toutes ses lois passeraient par une phase préalable de "concertation" avec les partenaires sociaux, et qu'il comptait faire reculer le champ de la loi pour faire des négociations à tous les niveaux son instrument privilégié de la destruction des acquis ouvriers, amplifiant l'œuvre du gouvernement de la "gauche plurielle" (avec les lois Aubry d'ARTT-flexibilité, la cogestion des licenciements, des fonds de pension, etc.). François Fillon, ministre des affaire sociales, l'a déclaré: "nous ne passerons pas en force".

 

Mais les dirigeants syndicaux sont tous allés porter leur caution au gouvernement en rencontrant Raffarin le 17 mai, ou encore le ministre de la fonction publique, Delevoye, certains, comme Blondel, dégoulinant carrément de compliments sur le gouvernement, Thibault (CGT) envisageant plus sobrement de "travailler avec lui".

 

Au contraire, leur responsabilité pour défendre les intérêts des travailleurs est de refuser toute discussion, toute négociation avec le gouvernement et autres rencontres qui ne peuvent que s'inscrire sur la ligne de l'application du programme du Medef au moyen du dialogue social. Ils auraient dû préparer le combat contre le gouvernement.

Rappelons qu'en Italie, la classe ouvrière vient de montrer qu'elle répondait en masse à l'appel uni des confédérations ouvrières rompant toute discussion avec le gouvernement Berlusconi (suivies par les partis ouvriers traîtres et dégénérés). Trois millions ont manifesté en mars, treize millions fait grève en avril.

 

Et face à la première échéance pour faire obstacle aux prétentions des Chirac et Seillière, les élections législatives, leur responsabilité serait d'appeler à voter: contre Chirac et tous candidats des partis bourgeois, pour les partis (PS, PCF) et organisations (LO, LCR, PT) issus ou se réclamant du mouvement ouvrier, consigne permettant sur le terrain électoral au prolétariat de se regrouper comme classe.


9 et 16 juin: voter PS, PCF ou pour toute organisation ouvrière de son choix


Le PS et le PCF dans ces élections poursuivent leur politique d'effacement devant les formations bourgeoises avec lesquelles ils ont fait la "gauche plurielle" et mené une politique réactionnaire durant cinq années (et qui, elles, en ont largement profité lors des présidentielles). Un accord PS-PCF-Verts-Radicaux voit le PS se retirer d'une centaine de circonscriptions. Quant à leur programme,  il se situe dans la prolongation de la politique conduite par le gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet-Schwartzenberg (avec puis sans Chevènement).

 

Cet accord doit être dénoncé, de même l'appel du PS et du PCF à voter UMP contre le FN au second tour dans de nombreuses circonscriptions au nom du "front républicain".

 

Mais, en votant là où c'est possible pour les candidats des partis ouvriers (traîtres et dégénérés) PS et PCF, auxquels on peut ajouter LO, la LCR et le PT, au premier tour, et au second tour pour ceux de ces candidats encore présents, même si Chirac devait obtenir sa majorité, il est clair que plus nombreux seront les suffrages portés sur les candidats des partis et organisations ouvriers, plus le prolétariat et la jeunesse seront encouragés à lutter par leurs propres méthodes et sur leur propre terrain contre le gouvernement Chirac-Raffarin. Le contenu de ce vote sera à l'évidence contradictoire avec le programme que défendent ces partis.

Il sera le moyen sur le terrain électoral qu'aura la classe ouvrière de se manifester comme classe, et de signifier sa volonté de battre Chirac.


Pour une politique anticapitaliste, pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire


Il est possible de répondre positivement aux aspirations des larges masses, telles

*l'interdiction des licenciements, le maintien de tous les postes dans la fonction publique, le droit au travail pour tous;

* l'augmentation des salaires et la garantie du pouvoir d'achat par l'échelle mobile;

*l'abrogation des lois "Aubry" d'ARTT, et la réduction du temps de travail pour tous, sans flexibilité ni annualisation;

*l'abrogation du plan Juppé de destruction de la sécurité sociale et de l'hôpital public, et l'abrogation des contre-réformes réactionnaires successives dans tous les domaines;

*le droit de vote pour les travailleurs immigrés à toutes les élections,

*la défense inconditionnelle du régime des retraites par répartition, du code des pensions, le retour à 37,5 annuités pour tous, etc.

 

Pour mener cette politique, il faut rompre avec la loi capitaliste du profit, procéder aux expropriations nécessaires des grandes entreprises et des banques pour mettre sur pied un plan de production élaboré et réalisé sous contrôle ouvrier répondant aux besoins des masses; la dette publique doit être annulée, il faut rompre avec l'Union Européenne, dans la perspective des Etats-Unis Socialistes d'Europe. Seul un gouvernement ouvrier peut y parvenir, et il faut donc construire le parti ouvrier révolutionnaire.

 

Avancer aujourd'hui dans cette voie exige de combattre pour le front unique des organisations ouvrières (partis, syndicats), pour un gouvernement issu de ce front unique.

 

Pour cela, une première échéance:

battre Chirac les 9 et 16 juin.


 

 

 

Retour à la section: élections

 

Retour à l'accueil