Article
paru dans Combattre pour le Socialisme
n°77 d'avril 1999
Allemagne: après les élections législatives
Le
tableau ci-après donne les résultats de toutes les élections au Bundestag .
Année |
Participation |
Résultats en % d’exprimés |
|
Sièges |
|||||||
|
|
SPD |
Kpd |
Verts |
CDU/CSU |
FDP |
Extdr |
Autres |
|
Bundestag |
SPD |
1949 |
78,5% |
29,2% |
5,7% |
|
31,0% |
11,9% |
1,8% |
20,4% |
|
402 |
131 |
1953 |
85,8% |
28,8% |
2,2% |
|
45,2% |
9,5% |
1,1% |
13,2% |
|
487 |
151 |
1957 |
87,8% |
31,8% |
|
|
50,2% |
7,7% |
1,0% |
9,3% |
|
497 |
169 |
1961 |
87,7% |
36,2% |
|
|
45,3% |
12,8% |
0,8% |
4,9% |
|
499 |
190 |
1965 |
86,8% |
39,3% |
|
|
47,6% |
9,5% |
2,0% |
1,6% |
|
496 |
202 |
1969 |
86,7% |
42,7% |
|
|
46,1% |
5,8% |
4,3% |
1,1% |
|
496 |
224 |
1972 |
91,1% |
45,8% |
|
|
44,9% |
8,4% |
0,9% |
|
496 |
230 |
|
1976 |
90,7% |
42,6% |
|
|
48,6% |
7,9% |
0,9% |
|
496 |
214 |
|
1980 |
88,7% |
42,9% |
|
1,5% |
44,5% |
10,6% |
0,5% |
|
497 |
218 |
|
1983 |
89,1% |
38,2% |
|
5,6% |
48,8% |
7,0% |
0,4% |
|
498 |
193 |
|
1987 |
84,3% |
37,0% |
|
8,3% |
44,3% |
9,1% |
1,3% |
|
497 |
186 |
|
|
|
|
PDS |
|
|
|
|
|
|
|
|
1990 |
77,8% |
33,5% |
2,4% |
5,0% |
43,8% |
11,0% |
2,1% |
2,2% |
|
662 |
239 |
1994 |
79,0% |
36,4% |
4,4% |
7,3% |
41,4% |
6,9% |
1,8% |
1,8% |
|
672 |
252 |
1998 |
82,2% |
40,9% |
5,1% |
6,7% |
35,1% |
6,2% |
3,3% |
2,7% |
|
669 |
298 |
La
CDU (Union chrétienne-démocrate) avec la CSU (Union chrétienne-sociale) en
Bavière et le FDP (Parti libéral-démocrate), partis dominants depuis 1949,
obtiennent ensemble le minimum historique de suffrages (par rapport aux
exprimés comme par rapport aux inscrits).
La CDU-CSU, parti central de la bourgeoisie
s’affaisse. Son résultat reste au-dessus de celui de 1949, mais elle subissait
la concurrence du Zentrum et autres.
Le
FDP, parti propre du capital, craignait le pire, à savoir un score inférieur à
5% qui l’aurait fait pratiquement disparaître de la carte électorale.
L’extrême
droite et ‘néo-nazis’ (Republikaner,
DVU, NPD) atteignent 3,3%. En avril, la Dvu avait fait une percée
époustouflante dans l’élection de Saxe-Anhalt (land de l’ex-RDA) avec 12,9% des
exprimés.
La
signification la plus générale de ces élections : les masses laborieuses ont
voté contre
les principaux partis bourgeois, elles ont voté ‘‘
A basA bas le
gouvernement KohlKohl ’’.
…
victoire, limitée, du SPDProgression marquante du SPD
La progression du vieux Parti social-démocrate est
particulièrement marquante depuis 1990, lorsque son opposition à la réunification de l'Allemagne
s'était traduite par son plus mauvais score
depuis 30 ans.
Ses
résultats (en % par rapport aux votes exprimés) restent toutefois
inférieurs à ceux qu’il a obtenus de 1969 à 1980 et, par rapport à ceux
de 1983 et 1987, cette progression reste limitée. Le SPD
remporte 298 des 669 sièges du Bundestag.
Malgré
la dégringolade des partis traditionnels, les partis et organisations
bourgeoises restent majoritaires en voix et en sièges.
Les Verts
et le
PDS
, obstacles
au regroupement autour du SPD
Les Verts, organisation bourgeoise, (en recul d’une
élection à l’autre) restent dans la même fourchette depuis 1983, année où ils
ont obtenu leur première représentation au Bundestag.
Le
Monde
(11/2) a montré combien les Verts et le FDP sont très proches :
‘‘
L’expert économique des Verts, O. Metzger, a de quoi séduire les yuppies libéraux allemands. J.
Fisher, le ministre des Affaires Etrangères qui accepte l’intervention de
l’Otan au Kosovo sans mandat explicite des Nations unies, marche dans les pas
du libéral Hans-Dietrich Genscher. Seul le combat antinucléaire, constitutif de
l’identité verte, permet d’opposer radicalement les 2 petits partis.. ’’
Quant
au PDS (‘Parti du socialisme démocratique’), il est l’héritier de la Seddu SED,
qui fut, en RDA, fut purement et simplement le parti créé par la bureaucratie
stalinienne, un instrument de la dictature qu’elle exerçait sur les masses. Il
s’inscrit dans le large éventail des organisations bourgeoises.
Il
ne représente rien dans l’ancienne RFA, au-delà du soutien de 'l’‘extrêmel'extrême
gauche’ et d’abord de l’organisation pabliste.
‘‘ Il faut construire une
‘nouvelle gauche’ (...) Le PDS peut jouer un rôle clé dans cet objectif, pour
autant qu’il ne se limite pas au parlement son rôle d’opposition.. ’’
(Rouge - 1/10/1998,
‘‘ Nouvelles chances pour une
nouvelle gauche ’’)
L’importance
du PDS touche à la place qu’il occupe dans les Länder de la partie est de
l’Allemagne : il y rassemble environ 25% des votes. L’élection
régionale qui s’est déroulée le même jour en Mecklembourg-Poméranie est
illustrative :
SPD 34,6% |
PDS 24,4% |
CDU 30,2% |
.... |
Dvu +
Npd 3,9% |
C’est la
politique du SPD qui explique la survivance et les succès du PDS, dont le nom
tout-à-fait trompeur a pour but de faire oublier qu’il est l’héritier du SED.
En tant
que défenseur de l'ordre bourgeois (ce que sont devenus les partis de la
deuxième Internationale depuis août 1914), le SPD s'était fixé comme première tâche
à partir de la chute du mur de Berlin de s'opposer à la réunification de l'Allemagne pour
écarter toute possibilité de mobilisation générale du prolétariat à l'Ouest de
l'Allemagne, avant que de s'opposer (et notamment O.Lafontaine) à la
concession décidée par Kohl qu'était l'échange
des marks au bénéfice des masses de l'est de
l'Allemagne.
L’élection
régionale qui s’est déroulée le même jour en Mecklembourg-Poméranie est
illustrative
:
L’extrême droite et ‘néo-nazis’ (Republikaner, Dvu, Npd) atteignent 3,3%. En avril, la Dvu avait
fait une percée époustouflante dans l’élection de Saxe-Anhalt (land de
l’ex-RDA) avec 12,9% des exprimés.
Le SPD remporte 298 des 669 sièges. Malgré la
dégringolade des partis traditionnels, les partis et organisations bourgeoises
restent majoritaires en voix et en sièges.
Le ‘camarade des patrons’
G.
Schröder a été désigné contre O. Lafontaine, écarté de la candidature par le
fait même de son élection à la présidence du SPD (en décembre 1997). Il est élu
candidat chancelier en (avril
1998). En Basse-Saxe, le SPD, qu’il
dirige, venait de remporter l’élection régionale avec un score ‘triomphal’
(47,9% des voix contre 44,3% en 1994 et 36,5% en 1982). Mais le ‘camarade des
patrons’ (comme on le surnomme dans le SPD) n’a pas été plébiscité (93,4% des
voix; O. Lafontaine avait obtenu 98,7% en 1990 et même R. Scharping : 95,4% en
1994). Il arbore son futur ministre de l’économie, un certain J. Stollman - non
membre du SPD, il déclarera qu’il a bien un exemplaire du programme du SPD chez
lui et qu’il le lira un jour ou l’autre (sic
!) - emphatiquement présenté comme le ‘Bill Gates’ allemand.
Dans
une interview aux Echos (28/7/1998), G. Schröder
donne un aperçu du programme du SPD, qu’il a déjà qualifié comme ‘‘ le plus en
faveur de l’économie de marché de son histoire ’’ :
‘‘ Dans mon Land de
Basse-Saxe [(majorité
SPD]), le temps de travail se situe entre
28,5 heures chez Volkswagen et plus de 40 chez les fournisseurs. Cette forme de
flexibilité s’imposera (...) Le pacte pour l’emploi est l’un des points
centraux de notre programme.. ’’
Et
il répond à la question décisive : avec qui gouverner ?
‘‘
La question de savoir si nous aurons une grande coalition avec les
chrétiens-démocrates ou une coalition avec les Verts reste complètement ouverte
(...) Une chose est sûre : j’exclus de gouverner avec H. Kohl. Et lui aussi..
’’
Tout
cela
est glaçant pour le prolétariat et la jeunesse.
Le
SPD dirige 13 des 16 Länder dont 10 en collaboration
avec la CDSU
(‘grande
coalition’, pour reprendre le nom de la formule utilisée pour désigner le
gouvernement Kiesinger CDU/CSU-SPD entre 1966 et 1969), avec le FDP (‘petite
coalition’ comme les gouvernements Brandt puis Schmidt-SPD-FDP de 1969 à 1982),
les Verts et un avec le PDS.
Les Länder ont une autonomie de pouvoir par rapport à
l’appareil central d’Etat et au gouvernement autrement plus importante que les
régions françaises. Il est majoritaire au Bundesrat (le conseil fédéral,
composé de délégués des gouverneurs des Länder). Il n’est donc que partiellement dans "l’‘opposition"’. Les masses sont encore moins
enclines aux illusions vis-à-vis du SPD qu’elles pourraient l’être, par
exemple, en France par rapport au PS (et au PcfPCF)
avant l’élection de juin 1997.
… Et la
politique des dirigeants syndicaux
Les dirigeants
syndicaux, pour une diminution systématique du prix de la
force de travail..
D. Schulte, président du DGB (Deutscher
Gewerkschaftsbund, la confédération ouvrière) interrogé par les Echos (18-19/9/1998), une
semaine avant les élections :
‘‘
Le coût du travail est trop élevé en Allemagne. Cela tient aux impôts, aux
cotisations sociales et au niveau des salaires. Il nous faut trouver des
solutions pour corriger cela. Par exemple, une partie des cotisations sociales,
payées moitié-moitié par l’employé et l’employeur, sert à financer des
prestations qui devraient être du ressort de l’impôt. Nous voulons ramener les
cotisations sociales au-dessous des 40% du salaire (...) Si on diminue les
cotisations sociales de 2%, l’employeur pourra être plus compétitif (...) ’’
D.Schulte se
prononce.. pour dles sacrifices "librement
consentis" par les
travailleurs. A la question
Question : ‘‘ Que
voulez-vous intégrer d’autre dans le pacte pour l’emploi ? ’’, il
répond:
‘‘
Le dossier des retraites (...) Nous voulons promouvoir le travail à temps
partiel (...) soumettre à cotisations sociales les ‘620 marks-jobs’, des petits
travaux qui permettent à 5,5 millions de gens de travailler ou d’arrondir les
fins de mois (...) Lors d’une négociation salariale, les salariés pourraient
renoncer par exemple à 0,5% d’augmentation et affecter cette somme à un fonds
commun auquel l’employeur cotiserait aussi (...) préretraites progressives. En
ce qui concerne les cotisations maladie, nous voulons les plafonner et
augmenter la prise en charge individuelle (...) On peut renoncer à des hausses
salariales pour assurer la permanence des postes de travail.. ’’
Il
faut souligner que le DGB, qui pour la première fois, a engagé une campagne
publicitaire (pour un vote ‘‘
pour l’emploi
et la justice sociale ’’), refuse de prendre position en faveur du
SPD (‘‘ Elle ne sert aucun parti, aucune coalition ’’).
En
apparence, les conditions semblent donc à nouveau se réunir pour que le SPD,
avec la complicité de la bureaucratie syndicale, ‘échappe’ à nouveau au
pouvoir. Une fois de plus, H. Kohl, le ‘géant noir’ (comme la ‘couleur’ du
parti clérical) ironise : ‘‘ Mes
adversaires gagnent dans les sondages et moi, aux élections ’’. En réalité,
l’effondrement de la CDU-CSU et du FDP, le succès - pas de triomphe électoral -– du SPD, ont
été annoncés dans le grand rassemblement de juin 1996.
En
novembre 1995, le congrès de l’IG Metall propose un ‘pacte pour l’emploi’. En
janvier 1996, un ‘pacte pour
l’emploi et le renforcement de la compétitivité’ est
adopté par les représentants des syndicats des patrons et le gouvernement.
Le
patronat ne se satisfait pas des concessions, pourtant énormes, des appareils.
Pour le dirigeant de la BDA (patronat), ‘‘ la priorité
est de baisser de 20% le coût du travail en Allemagne’’. Les
patrons de la métallurgie proposent, par exemple, le retour aux 40 heures
hebdomadaires sans compensation salariale !
Le 23
avril, constat de l’‘échec’ du ‘sommet social’. Le 25, H. Kohl
présente un plan d'austérité’. Il prévoit la réduction des indemnités de
salaire en cas de maladie payées par les patrons
pendant 6 semaines ( le remboursement de 100% du salaire net est un acquis
depuis 1957, après 17 semaines de grèves). Le
plan fixe ces indemnités à 80%, mais aussi le relèvement de l’âge de la
retraite pour les femmes de 60 à 65 ans (à partir de l’an 2 000), le blocage de
l’allocation-chômage en 1997, d’autres mesures drastiques contre le prolétariat
et d’autres encore en faveur du patronat.
Dans le
prolétariat allemand avait mûri l’aspiration au combat pour défaire et en
finir avec le gouvernement Kohl.
L’annonce
du plan accélère la mobilisation de larges fractions dans le prolétariat. Bien
que corsetée, elle aboutit à une manifestation nationale à Bonn, le 15/6/1996,
rassemblant 350 000 personnes, la plus importante depuis la guerre (et donc
depuis la prise du pouvoir par Hitler), à l’appel du DGB.
On y
dresse des panneaux portant : ‘Kohl dehors !’ et, FO hebdo le rapporte : ‘Grève générale
maintenant !’
L’appareil
du DGB - épaulé par le SPD - qui n’a pas pu se dérober à organiser une
manifestation centrale, va réussir à s’opposer et à bloquer ce mouvement; c’est
ce qu’exige à ce moment la défense du capitalisme allemand.
Le 19
juillet, le Bundesrat repousse le ‘volet social’ du plan d’austérité. Le 12
août, la fédération patronale de la métallurgie annonce
qu’elle prévoit 120 000 suppressions d’emplois sur un an. La métallurgie et
l’électronique auront perdu un quart de ses effectifs en 5 ans !
Le 30 août, la
fédération de l’industrie du bâtiment annonce qu’elle remet en cause de manière
unilatérale les conventions en cours en ex-RDA, avec l’objectif de ne pas
accorder les hausses de salaires prévues.
Le 7
septembre, il y a 250 000 manifestants dans 6 villes à l’appel de la
DGB, avec le soutien du SPD et d’une partie de l’église protestante contre le ‘démontage de
l’Etat social’
Le 13
septembre, au Bundestag, les 341 députés CDU, CSU et FDP adoptent le volet
social du plan d’austérité. La loi abaissant le taux de remboursement à 80% est
votée.
Contre
l’application de la loi, le 26 septembre, des débrayages commencent dans la
métallurgie. L’IG Metall et le patronat ouvrent des négociations. Le 10
octobre, le Bundestag adopte le plan de remise en cause des retraites (baisse
des pensions, l’âge de retraite des femmes repoussé à 65 ans,..). Le 26, à
l’appel de l’IG Metall, forte mobilisation contre la loi : 400 000 métallos
débrayent et se rassemblent.
Finalement,
le 4 décembre, le patronat et la direction d'IG
Metall concluent un accord régional en Basse-Saxe: la patronat accepte de
maintenir jusqu’en 2002 le remboursement à 100% des indemnités maladie mais à
un prix exorbitant pour les travailleurs: les heures supplémentaires et les
primes n’entrent plus dans le calcul; la prime de fin d’année sera réduite de
5%; en outre, l’évolution des salaires sera la suivante : +0,8% en avril 1997 puis 1,9% en avril 1998
!
D’autres
accords du même type sont conclus dans 4 Länder, dans les banques, et la
chimie, à l’échelle nationale.
Pour
juger de la politique des appareils syndicaux, il faut savoir que pendant cette
épreuve de force, se déroule, un congrès extraordinaire du DGB qui adopte un
‘programme fondamental’, qui remplace celui adopté en 1981. Le Monde (16/11)
porte le commentaire suivant : ‘
‘ C’est
la première fois que les syndicats abandonnent toute référence à la lutte des
classes et reconnaissent les vertus de l’économie de marché ‘système mieux
adapté que d’autres à la réalisation des objectifs syndicaux’ (...) La démarche
des syndicats rappelle celle du SPD en 1959 : cette année, le Parti
social-démocrate avait abandonné toute référence au marxisme (...) ‘L’Etat
social n’est pas une corne d’abondance ’’ a ainsi reconnu le président du DGB..
’’
A partir
de la fin novembre 1997, les étudiants manifestent, ‘‘exigeant notamment des
crédits supplémentaires pour améliorer la situation dans des facultés bien
souvent vétustes et surpeuplées ’’ (Le Monde).
‘‘1,9 million
d’étudiants pour quelque 970 000 places disponibles. Un score qui n’a rien à envier à la
situation française ’’ pour
Les
Echos (8/12)
qui précisent :
‘‘ L’Europe de l’éducation est en crise. De façon
diffuse mais persistante, plusieurs universités européennes connaissent des
troubles. Oh, certes, rien à voir avec 1968. Il s’agit, pour les étudiants
italiens, britanniques et, surtout, allemands, d’obtenir des crédits, et donc
des moyens pour travailler. ’’
Ce sont
aux mêmes agressions que sont confrontés les étudiants en France et en
Allemagne. Le ministre fédéral de l’éducation déclare (Le Monde - 28/11) :
‘‘Il
m’apparaît important que nous menions rapidement à terme une réforme
structurelle, afin de donner plus d’autonomie et de flexibilité aux
universités. Je me suis déjà entretenu avec les Länder (responsables de
l’éducation) pour modifier la loi sur les universités, avec un nouveau texte
qui entrera en vigueur le 1/4 prochain. Cette réforme de structure permettra
aux étudiants d’obtenir des diplômes correspondant aux standards internationaux
comme les bachelors, d’une durée de 3 ans, et les masters, qui
durent 2 ans de plus. Ceci leur permettra de raccourcir la durée des études,
trop longues en Allemagne, et allégera les effectifs. Je compte aussi faire
passer cette année une réforme du système des bourses, pour que celles-ci
aillent à ceux qui en ont réellement besoin (...) A l’avenir, nous ferons en
sorte que le financement des universités soit fonction de leurs performances
(...) Dans la loi sur les universités, nous avons donné la possibilité aux universités
de choisir elles-mêmes jusqu’à 25% de leurs étudiants. Mais je reste
fondamentalement attaché à l’évaluation faite par le baccalauréat allemand.. ’’
Comme
les Echos, le
ministre est serein : ‘‘ Les
manifestants ne veulent pas la révolution mondiale ’’. Au
bout d’environ un mois de manifestations (le 4/12, 130 000 manifestants à
Düsseldorf, et aussi à Berlin, Hanovre, Mayence), le mouvement s’achève, sans
rien obtenir. Sans direction, ils ont été ballottés, impuissants, entre le
gouvernement et les Länder.
Avec la réunification de l’Allemagne, a cessé la
division du prolétariat allemand qui matérialisait la division du prolétariat
européen. L’occupation et la division de l’Allemagne (institutionnalisée par la
fondation de la RFA et de la RDA) ont été au centre de l’ordre de Yalta et de
Postdam, dressé par la Sainte-alliance contre-révolutionnaire entre
l’impérialisme et la bureaucratie du Kremlin en Europe.
La réunification a résulté du puissant mouvement
qui a mobilisé les masses de la partie est de l’Allemagne. Alors qu’en juin
1953, à Berlin, a commencé à se dérouler la chaîne des insurrections ouvrières
du prolétariat et des masses contre la bureaucratie du Kremlin (Hongrie et
aussi Pologne en 1956, Tchécoslovaquie en 1968, Pologne des années 70 et en
1980), le mouvement de 1989 ne s’est pas hissé à la révolution politique;
l’inexistence du Parti révolutionnaire a été décisive; le prolétariat de la
partie ouest n’a pas opposé la question du pouvoir. Les 2 parties du
prolétariat allemand ont été réunies dans le cadre accepté de l’Etat bourgeois
allemand, la RFA (juridiquement, les 5 nouveaux Länder adhèrent à la RFA, le 3/10/1990, conformément à
l’article 5 de la Loi fondamentale; la RDA disparaît). Le pays réunifié est passé de
250 000 km2 à 360 000 km2 et de 61,5 millions à 78 millions d’habitants.
Le capitalisme allemand change de dimension
Cela est vrai sur le plan économique et financier.
Il n’est plus le ‘nain politique’ subissant l’ordre de Yalta et de Postdam. Il
le manifeste rapidement en impulsant et soutenant la dislocation de la
Yougoslavie (indépendance de la Slovénie et de la Croatie) en se dressant
contre les intérêts des impérialismes américain, anglais mais surtout français
dans cette région. Aujourd’hui, il participe à une guerre formellement pour la
première fois depuis la 2ème Guerre mondiale.
En 1994, au cours de son voyage en Allemagne,
Clinton l’a intronisé comme l’allié principal en Europe.
Une réunification coûteuse : une mesure
politiquement nécessaire pour le capitalisme allemand
C’est le prix des concessions qu’il doit faire au
prolétariat allemand et d’abord aux travailleurs de la partie est de
l’Allemagne. L’‘unification’ monétaire a lieu au taux de change de 1 pour 1
entre le mark de l’ex-RDA et le deutsche mark, pour les salaires et les
‘petits’ dépôts sur comptes d’épargne (jusquà 2000 marks pour les enfants de
moins de 14 ans, 4000 pour les adultes de moins de 60 ans et 6000 au-delà); au
début de 1990, le taux de change commercial était de 4,5 pour 1 et sur le
marché libre (illégal) de 7 pour 1. Néanmoins, malgré ce taux, les salaires à
l’Est n’atteignent qu’un quart de ceux de l’Ouest.
Le prolétariat de l’ex-RDA obtient l’extension
partielle et progressive des droits arrachés par la classe ouvrière dans la
partie Ouest (conventions collectives, indemnités de chômage..).
Le coût financier est élevé : les transferts
publics s’élèvent de 1991 à 1997 à 1181 milliards de marks (bruts) et à 890
(nets des recettes), soit une moyenne annuelle de plus de 4% du Pib. La
Treuhand, office chargé de la privatisation des 30 000 entreprises, a laissé un
énorme déficit et supprimé plus de 2 emplois sur 3. Les transferts publics ont
été fort bien ‘recyclés’ par les entreprises et les banques. Une taxe de
‘solidarité’ de 7,5% de l’impôt sur le revenu a été appliquée à chaque
contribuable en 1991 puis à nouveau à partir de 1995. Elle a été ramenée à 5,5%
au début de 1998.
H. Kohl doit imposer en particulier à la Bundesbank
l’unification monétaire aux conditions qu’il a annoncées. Il avouera avoir été
‘surpris’ par les ruines économiques de l’ex-RDA (...). Tout cela, en fait, est
infiniment bénéfique pour la bourgeoisie allemande : la découverte de la
prétendue dixième économie du monde en ruines, présentée jusqu’alors comme la
‘vitrine du socialisme’ - et du délabrement général de l’URSS et des autres
pays d’économie planifiée, et s’engageant dans la restauration du capitalisme -
va devenir un formidable argument en faveur des défenseurs du régime
capitaliste.
H. Kohl sera surnommé le ‘chancelier de la
réunification’. Jusqu’au bout, on lui laissera l’espoir de battre Bismarck en
longévité politique ! Le ‘mérite’ en revient d’abord au SPD et à la
bureaucratie syndicale.
En tant que défenseur de l’ordre bourgeois (ce
qu’est devenue la 2ème Internationale depuis août 1914), le SPD s’est
d’abord fixé la tâche de s’opposer à la réunification de l’Allemagne pour
écarter toute possibilité de mobilisation générale du prolétariat à l’ouest de
l’Allemagne, puis à l’échange des marks au bénéfice des masses de l’est de
l’Allemagne (O. Lafontaine s’est particulièrement illustré).
La CDU a, par ricochet, bénéficié de cette nouvelle
trahison, mais provisoirement : elle régresse même globalement dans les
premières élections (en 1990) de l’Allemagne réunifiée.
C’est la politique du SPD qui explique la
survivance et les succès du PDS, dont le nom tout-à-fait trompeur a pour but de
faire oublier qu’il est l’héritier du Sed.
Le prolétariat est d’autant plus cyniquement ligoté
par les appareils syndicaux au nom de la ‘cogestion’ que le patronat s’engage à
remettre en cause les acquis ouvriers.
Ce que sont les lois sur la cogestion (in M. Demotes Mainard, ‘L’économie de la RFA’)
Une véritable cogestion a tout d’abord été
instituée dans les industries sidérurgiques et minières de plus de 1 000
salariés par la loi du 21 mai 1951 : le conseil de surveillance y est composé de
5 représentants des actionnaires, de 5 représentants des travailleurs (2 nommés
par le comité d’entreprise, 3 par le syndicat), et d’un onzième membre supposé
neutre. Un membre du comité est nommé directeur du travail et siège à ce titre
au directoire de l’entreprise; il ne peut être nommé contre la volonté de la
majorité des travailleurs.
La loi sur la cogestion des salariés du 4 mai 1976
a voulu élargir ce principe aux grandes entreprises (plus de 2 000 salariés)
des secteurs autres que la métallurgie et les mines (y compris secteur
public).Les représentants du capital et des travailleurs siègent en nombre égal
dans le conseil de surveillance, mais les différentes catégories de salariés,
et notamment les cadres supérieurs, sont représentées en proportion de leur
présence dans l’entreprise. Le président et le vice-président doivent être élus
à la majorité des deux tiers : sinon le président, qui a voix prédominante, est
choisi par les représentants des actionnaires, et le vice-président par ceux
des salariés. Le directeur du travail, chargé des questions de personnel et
sociales, est nommé à la majorité simple.
Dans la pratique, cette loi de 1976, fruit d’un
compromis politique, accorde beaucoup moins de pouvoir aux salariés que celle
de 1951. Pourtant une trentaine d’associations d’employeurs et 9 grandes
firmes, la jugeant incompatible avec le droit de propriété privée inscrit dans
la constitution, ont déposé plainte devant la Cour suprême de Karlsruhe. Le
tribunal a jugé que la loi n’était pas inconstitutionnelle, dès lors qu’il y
avait prépondérance des employeurs dans le conseil de surveillance.
Dans les entreprises industrielles de moins de 2
000 salariés, la loi de 1952 qui accorde aux représentants du capital 2 fois
plus de sièges qu’à ceux des travailleurs reste en vigueur : il n’existe pas de
directeur du travail. Le pouvoir des salariés y est donc pratiquement nul.
Il n’y a pas de ‘cogestion’, mais acceptation des
appareils syndicaux de se faire les domestiques du capital, les maîtres
d’oeuvre de leurs décisions contre le prolétariat.
Ils acceptent de réduire la portée (ou de retarder
l’application) des conventions collectives dans les länder de l’Est. Volkswagen , ‘laboratoire social’ de G.
Schröder, est le précurseur d’‘accords’ à grande échelle de flexibilité,
préretraites, ‘salaires contre embauches de jeunes’ aux droits plus ou moins
restreints. En
novembre 1995, le congrès de l’IG Metall propose un ‘pacte pour l’emploi’. En
janvier 1996, un ‘pacte pour l’emploi et le renforcement de la compétitivité’
est adopté par les représentants des syndicats des patrons et le gouvernement.
Le patronat ne se satisfait pas des concessions,
pourtant énormes, des appareils. Pour le dirigeant de la Bda (patronat), ‘‘ la
priorité est de baisser de 20% le coût du travail en Allemagne ’’. Les patrons
de la métallurgie proposent, par exemple, le retour aux 40 heures hebdomadaires
sans compensation salariale !
Le 23/4, constat de l’‘échec’ du ‘sommet social’
Le 26/4, H. Kohl présente un plan d'austérité’. Il
prévoit la réduction des indemnités payées par le patrons pendant 6 semaines ;
le remboursement de 100% du salaire net est un acquis depuis 1957, après 17
semaines de grèves. Le plan fixe ces indemnités à 80% , mais aussi le
relèvement de l’âge de la retraite pour les femmes de 60 à 65 ans (à partir de
l’an 2 000), le blocage de l’allocation-chômage en 1997, d’autres mesures
drastiques contre le prolétariat et d’autres encore en faveur du patronat.
Dans le prolétariat allemand, a mûri l’aspiration
au combat pour défaire et en finir avec le gouvernement Kohl.
L’annonce du plan accélère la mobilisation de
larges fractions dans le prolétariat. Bien que corsetée, elle aboutit à une
manifestation nationale à Bonn, le 15/6/1996, rassemblant 350 000 personnes, la
plus importante depuis la guerre (et donc depuis la prise du pouvoir par
Hitler), à l’appel du DGB. Les dirigeants du SPD sont présents mais aussi les
Verts et jusqu’à quelques membres de l’aile ‘gauche’ de la CSU. On y dresse des
panneaux portant : ‘Kohl dehors !’ et FO hebdo le
rapporte : ‘Grève générale maintenant !’ L’appareil du DGB - épaulé par le SPD
- qui n’a pas pu se dérober à organiser une manifestation centrale, va réussir
à s’opposer et à bloquer ce mouvement; c’est ce qu’exige à ce moment la défense
du capitalisme allemand.
Le 19/7, le Bundesrat repousse le ‘volet social’ du
plan d’austérité.
Le 12/8, la fédération patronale de la métallurgie
annonce qu’elle prévoit 120 000 suppressions d’emplois sur un an. La
métallurgie et l’électronique auront perdu un quart de ses effectifs en 5 ans !
Une rupture de contrat exceptionnelle :
Le 30/8, la fédération de l’industrie du bâtiment
annonce qu’elle remet en cause de manière unilatérale les conventions en cours
en ex-RDA, avec l’objectif de ne pas accorder les hausses de salaires prévues.
Le 7/9, 250 000 manifestants dans 6 villes à
l’appel de la DGB, avec le soutien du SPD et d’une partie de l’église
protestante contre le ‘démontage de l’Etat social’
Le 13/9, au Bundestag, les 341 députés CDU, CSU et
FDP adoptent le volet social du plan d’austérité.
Un acquis considérable de la classe ouvrière,
arraché en 1957, après 16 semaines de grève, le remboursement à 100% par le
patron des indemnités maladie, pendant 6 semaines, est remis en cause : la loi
abaissant le taux de remboursement à 80% est votée.
Contre l’application de la loi, le 26/9, des
débrayages commencent dans la métallurgie. L’IG Metall et le patronat ouvrent
des négociations. Le 10/10, le Bundestag adopte le plan de remise en cause des retraites
(baisse des pensions, l’âge de retraite des femmes repoussé à 65 ans,..). Le
26/10, à l’appel de l’IG Metall, forte mobilisation contre la loi : 400 000
métallos débrayent et se rassemblent. La production est arrêtée dans plusieurs
usines de Mercedes, Bosch, Audi; dans la plupart des aciéries de la Ruhr, tout
est bloqué pendant toute la journée. 20 000 participants à un meeting chez
Mercedes-Benz à Sindelfingen..
Finalement, le 4/12, le patronat et IG Metall
concluent un accord régional en Basse-Saxe : la patronat accepte de maintenir
jusqu’en 2002 le remboursement à 100% des indemnités maladie mais à un prix
exorbitant pour les travailleurs : les heures supplémentaires et les primes
n’entrent plus dans le calcul; la prime de fin d’année sera réduite de 5%; en
outre, l’évolution des salaires sera la suivante : +0,8% en avril 1997 puis 1,9% en avril 1998 !
D’autres accords du même type sont conclus dans 4
Etats. Accord aussi dans le secteur bancaire et dans la chimie, à l’échelle
nationale..
Pour juger de la politique des appareils syndicaux,
il faut savoir que pendant cette épreuve de force, se déroule, un congrès
extraordinaire du DGB qui adopte un ‘programme fondamental’, qui remplace celui
adopté en 1981. Le Monde (16/11)
porte le commentaire suivant : ‘‘ C’est la première fois que les syndicats
abandonnent toute référence à la lutte des classes et reconnaissent les vertus
de l’économie de marché ‘système mieux adapté que d’autres à la réalisation des
objectifs syndicaux’ (...) La démarche des syndicats rappelle celle du SPD en
1959 : cette année, le Parti social-démocrate avait abandonné toute référence
au marxisme (...) ‘L’Etat social n’est pas une corne d’abondance ’’ a ainsi
reconnu le président du DGB.. ’’
A partir de la fin novembre 1997, les étudiants
manifestent, ‘‘ exigeant notamment des crédits supplémentaires pour améliorer
la situation dans des facultés bien souvent vétustes et surpeuplées ’’ (Le Monde).
‘‘ 1,9 million d’étudiants pour quelque 970 000
places disponibles. Un score qui n’a rien à envier à la situation française ’’
pour Les
Echos (8/12) qui précisent :
‘‘ Turbulences universitaires
L’Europe de l’éducation est en crise. De façon
diffuse mais persistante, plusieurs universités européennes connaissent des
troubles. Oh, certes, rien à voir avec 1968. Il s’agit, pour les étudiants
italiens, britanniques et, surtout, allemands, d’obtenir des crédits, et donc
des moyens pour travailler. ’’
Ce sont aux mêmes agressions que sont confrontés
les étudiants en France et en Allemagne. Le ministre fédéral de l’éducation
déclare (Le Monde - 28/11) : ‘‘ Il m’apparaît important que nous
menions rapidement à terme une réforme structurelle, afin de donner plus
d’autonomie et de flexibilité aux universités. Je me suis déjà entretenu avec
les Länder (responsables de l’éducation) pour modifier la loi sur les
universités, avec un nouveau texte qui entrera en vigueur le 1/4 prochain.
Cette réforme de structure permettra aux étudiants d’obtenir des diplômes
correspondant aux standards internationaux comme les bachelors, d’une durée de 3 ans, et les masters, qui durent 2 ans de plus. Ceci leur permettra de
raccourcir la durée des études, trop longues en Allemagne, et allégera les
effectifs. Je compte aussi faire passer cette année une réforme du système des
bourses, pour que celles-ci aillent à ceux qui en ont réellement besoin (...) A
l’avenir, nous ferons en sorte que le financement des universités soit fonction
de leurs performances (...) Dans la loi sur les universités, nous avons donné
la possibilité aux universités de choisir elles-mêmes jusqu’à 25% de leurs
étudiants. Mais je reste fondamentalement attaché à l’évaluation faite par le
baccalauréat allemand.. ’’
Comme les Echos, le
ministre est serein : ‘‘ Les manifestants ne veulent pas la révolution mondiale
’’. Au bout d’environ un mois de manifestations (le 4/12, 130 000 manifestants
à Düsseldorf, et aussi à Berlin, Hanovre, Mayence), le mouvement s’achève, sans
rien obtenir. Sans direction, ils ont été ballottés, impuissants, entre le
gouvernement et les Länder
‘‘ En Allemagne, nous avons une très grande
stabilité depuis 16 ans ’’,
déclarait le président du BDIdi (confédération des industriels
allemands) dans Le
Monde
(19-20/4/1998),
‘‘ mais
nous avons au gouvernement de M. Kohl une coalition des défenseurs du social
(...) Les choses commencent à bouger à la CDU. Les partisans du social vont
s’affaiblir, tandis que ceux de l’économique vont se renforcer. Il est aussi
essentiel que le FDP reste au Parlement pour empêcher la constitution d’une
coalition SPD-Verts. (...)
L’urgence
- le chômage, les caisses vides, la débâcle du système social - et l’euro vont
contraindre la France, l’Italie et l’Allemagne à entreprendre les réformes
nécessaires. L’obligation de respecter durablement les critères de Maastricht
va rendre nos pays plus compétitifs. Ce sera le principal effet positif de
l’euro et il peut contribuer, à terme, à résoudre le problème du chômage.
L’Angleterre, les Pays-Bas, les Etats-Unis, remplissent les critères de
Maastricht : ils ont su faire baisser le chômage de manière substantielle (...)
(Le)
modèle (allemand de négociations) était valable il y a 20 ans, quand il y avait
des grèves ininterrompues en Grande-Bretagne, en France et en Italie.
Aujourd’hui, tous ces pays connaissent la paix sociale sans ce système de
négociation, qui n’a plus de sens (...) Il faut autoriser la conclusion
d’accords salariaux au niveau de l’entreprise (...)
Le
même dans Les Echos (1/9) :
Question
: quels points positifs dans le programme de la coalition CDU/CSU et FDP ?
‘‘
Ils veulent élargir et accélérer les efforts faits ces dernières années. Des
textes très importants ont été votés, notamment la réforme des retraites, la
réduction des indemnités maladie et la suppression de la protection des
licenciements pour les petites entreprises. Nous avions réclamé ces réformes
tout comme la réforme fiscale, qui a été bloquée au Bundesrat, où le SPD
détient la majorité. C’était des bons débuts mais trop tardifs. ’’
-
Etes-vous en accord avec la totalité du programme du chancelier ?
‘‘ Le programme du parti libéral est certainement
plus proche de nos revendications. Celui de la CDU/CSU est acceptable aussi,
mais il n’est pas aussi clairement positif. ’’
Après
les élections, les injonctions du patronat
Après les élections, les injonctions du patronatEn
septembre 1997, un éminent représentant des industriels allemands s’écriait :
‘‘ Nous
n’avons pas besoin d’un T. Blair, mais d’une M.Thatcher !’’. Mais
après les élections et la déconfiture de ses partis propres, la défense de
l’impérialisme est assurée par un gouvernement dirigé par un parti de ce type.
Pour L. Trotsky (1931), ‘‘ la
partie la plus pourrie de l’Europe capitaliste est constituée par la
bureaucratie sociale démocrate ’’.
Le
président de la BDAda
(patronat), interviewé par les
Echos
(2-3/10),
‘‘ exige
une politique économique assurant la poursuite de la reprise actuelle et de
nouvelles créations d’emplois. Il leur faut pour cela impérativement renoncer à
leur projet de revenir sur les dernières réformes du gouvernement Kohl :
limitation des indemnités maladies, facilités de licenciement pour les
entreprises de moins de 10 salariés et réforme des retraites. ’’
-
Est-ce réaliste d’attendre un recul de la part de la nouvelle majorité
(SPD-Verts)?
‘‘
Je l’exige (...) Quant à la grande coalition, j’ai toujours été opposé à ce
type de solution. ’’
-
Que pensez-vous d’un pacte pour l’emploi ?
‘‘
Je suis très favorable à de telles négociations entre employeurs et syndicats
(...) Nous allons prendre part aux discussions (...) Il ne faut pas attendre de
nous quelque promesse que ce soit en matière d’emploi (...) Il faut intensifier
les réformes engagées par le gouvernement d’Helmut Kohl (...) Le futur ministre
du Travail, W. Riester (...) un pragmatique, un partenaire fiable (...) Il faut
impérativement éviter la création d’impôts nouveaux.. ’’
Sous le
drapeau du "nouveau centre" …
Le SPD
s'est engagé clairement pour la satisfaction des ces "exigences", en
situant sa campagne sous le signe du "nouveau centre". Le 20
octobre 1998, le SPD et les Verts concluent un accord de gouvernement, qui
permet l'élection le 27 de G. Schröder, comme chancelier par le
Bundestag (351/287, 27 abstentions). Dans son
discours d'investiture, il rend hommage à H. Kohl, et, regrettant que les
élections aient été marquées par une ‘‘campagne de
polarisation et une tentative de diviser notre pays en 2 camps’’, il
déclare:
‘‘Le
nouveau centre a triomphé et le SPD a renoué avec la victoire (...) Notre
concept a été de tendre vers un nouveau centre (...) Nous ne sommes pas pour
une politique de droite ou de gauche. Mais pour une politique moderne
d’économie sociale de marché.. ’’
Dans
l’interview aux Echos (28/7/1998)
déjà citée :
Question
: comment pouvez-vous vous définir : orthodoxe, social-démocrate, libéral de
gauche ?
‘‘ Je suis un homme. Je veux qu’on me juge sur ce
que je fais (...) Je me situe clairement dans un système de valeurs
sociales-démocrates, mais je veux formuler et mener une politique très
pragmatique.. ’’
-
Pensez-vous que la querelle idéologique est définitivement morte entre droite
et gauche ? Etes-vous sur la ligne d’un B. Clinton, d’un T. Blair ou d’un R.
Prodi ?
‘‘ Je
pense que ceux que vous avez nommés sont sur la bonne voie. Je ne suis pas de
ceux qui pleurent sur la fin des idéologies. Avant on était de gauche quand on
était pour la propriété publique ou collective des biens de production et de
droite quand on était contre. Aujourd’hui, cette querelle a été réglée par
l’histoire avec l’échec du collectivisme. La gauche doit en tirer les
conclusions qui s’imposent : son système de valeurs doit s’adapter à un système
de propriété privée.. ’’
La référence à Clinton, Blair et Prodi doit être éclairée
par les initiatives prises par Blair, dont le
précédent numéro de CPS a traité. A la tribune du congrès des socialistes européens,
chargé de préparer la campagne des élections ‘européennes’ (1-2/3/1999),
T.Blair a vigoureusement poursuivi sa croisade en faveur d’une politique à la
Clinton et de la ‘culture d’entreprise’.
Quelle
que soit leurs affinités, une
différence fondamentale distingue Blair et le dirigeant de la superpuissance,
Clinton (quant à Prodi, c’est un représentant direct de la bourgeoisie
italienne, qui vient d'être propulsé
par Blair président de la Commission européenne): Blair dirige le parti ouvrier
bourgeois, le parti en Angleterre du prolétariat que les masses ont utilisé, en
mai 1997, pour chasser du pouvoir les Tories bourgeois. En
France, en Italie, en Allemagne, et au
total, dans 13 des 15 gouvernements de l’UE, les partis sociaux-démocrates (PDS
compris) dirigent ou participent au gouvernement. Cela
donne toute son importance à la campagne entreprise par les
dirigeants sociaux-démocrates dans toute l'Europe, dont T.Blair est
la pointe avancée. Le ‘nouveau centre’ de
Schröder s’inscrit dans le même objectif.
Depuis
la disparition de l’URSS et la restauration du capitalisme et tout ce qui l’a
accompagnée, les partis qualifiés de socialistes et de sociaux-démocrates,
flanqués des PC, ont champ libre pour se débarrasser toute référence, même ténue,
au socialisme, au combat du prolétariat contre le régime capitaliste. Ils
constituent les forces des plus acharnées à anéantir dans la conscience du
prolétariat toute autre perspective que le régime capitaliste.
… un
gouvernement au service du capitalisme allemand
Le
gouvernement comprend 12 ministres SPD, avec des postes clés pour les 2
précédents présidents du SPD (O. Lafontaine aux Finances et R. Scharping à la
Défense), 3 Verts ainsi qu’un ‘sans-parti’. L’‘oiseau rare’ déniché par G.
Schröder avait choisi a préféré renoncer. La place vacante est occupée par un
autre ‘sans-parti’, ancien dirigeant du groupe Veba.
L’accord
de gouvernement du SPD et des Verts pour la législature est ordonné par les
besoins du capitalisme allemand. Le gouvernement n’a nulle intention de remettre en
cause la suprématie de l’impérialisme américain.
‘‘ Le
gouvernement considère le Pacte atlantique comme un instrument indispensable à
la stabilité et à la sécurité de l’Europe (...) La participation, garantie par
l’Alliance, des EU et leur présence en Europe restent les conditions
nécessaires à la sécurité sur le continent (...) L’étroite et amicale relation
avec les EU (est) une constante indispensable de la politique étrangère
allemande.. ’’
Mais
l’accord fait ressortir les ambitions de l’impérialisme allemand :
‘‘ La
participation des forces armées allemandes aux actions pour le maintien de la
paix (...) L’Allemagne saisira
l’occasion de devenir un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations
unies quand la réforme du Conseil (...) sera réalisée et si jusque-là le siège
européen au Conseil de sécurité, que l’on doit préférer par principe, ne peut
être assuré ’’(à l’intention
de la France et de l’Angleterre !).
Le
terrain privilégié d’expansion reste l’approfondissement et l’élargissement de
l’Union européenne vers l’Europe centrale et orientale. Alors que les 11
célèbrent l’entrée en vigueur de l’euro, l’Allemagne a déjà dégainé.
L’Allemagne est la troisième puissance économique
au monde.
Comparaison du Produit intérieur brut en 1997,
évalué en milliards de dollars US (aux changes de 1997)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L’Allemagne représente économiquement 50% de plus
que la France. Sur le plan industriel, le rapport est écrasant en faveur de
l’Allemagne (environ +75%) !
Sa puissance financière : le mark ‘était’ la deuxième monnaie de réserve du
monde (13½% des réserves en devises de l’ensemble des banques centrales, mais
16½% pour les pays industrialisés), certes loin derrière le roi dollar
(respectivement 59% et 55½% )
Autre donnée significative : en 1995, l’Allemagne
détenait 15,8% des parts de marché dans les ‘pays industrialisés’ devant 13,9%
pour les Etats-Unis, 9,1% pour la France, 8,8% pour le Japon, ,.. En 1997, les
Etats-Unis devaient la dépasser. Quant à la balance commerciale, bon indicateur
de la productivité d’un pays, le gigantesque excédent de 1998 (430 milliards de
marks) tout près du record ‘historique’ de 1989!
Elle a quasiment annexé les pays du centre et de
l’Est de l’Europe. Elle y dispose de près de 35% de parts de marché (en 1997).
Une seule exception : la Pologne où les EU sont un concurrent de taille.
Machiavel et Mitterrand, avec l’appui de M.
Thatcher, au compte de l’impérialisme anglais, avaient cherché à empêcher la
réunification. Dès novembre 1990, le ministère des Finances français prenait
acte que, vers la fin du siècle, ‘‘ l’Allemagne sera(it), plus encore
qu’aujourd’hui, la puissance économique dominante en Europe ’’. Mitterrand et
l’italien Andreotti crurent mettre au point une ingénieuse formule politique
pour juguler la puissance économique et financière de l’Allemagne. Cps 75 a rappelé que l’initiative qui se conclura par
l’union monétaire (euro, Banque centrale européenne, ‘critères de Maastricht’)
aboutira à renforcer l’emprise de l’impérialisme allemand.
La bourgeoisie français pointe avec effroi la
puissance agressive du ‘partenaire’ allemand
Rédigée alors que les résultats ne sont pas encore
connus, la Lettre de l’Expansion, (datée du 28/9) donne la ligne éditoriale des
chroniqueurs français, sous le titre ‘‘ Le temps des intérêts ’’ :
‘‘ Kohl-Schröder ? Qu’importe le chancelier, c’est
l’Allemagne qui compte (...) Une nouvelle ère commence. Certains diront qu’elle
a déjà commencé. En 1982, H. Kohl disait à F. Mitterrand : Je suis le dernier
chancelier pro-européen (...) Autres temps, autres moeurs, rien ne se décidait
autrefois sans un accord (ou un désaccord) Paris-Bonn. Aujourd’hui, l’Allemagne
émancipée, réunifiée, a soldé ses complexes et ses remords. Elle ne s’encombre
plus de la jurisprudence antérieure, Ce sera encore plus vrai demain (...) La
liste simplifiée des dossiers sensibles s’allonge entre Paris et Bonn.
Le nucléaire : Siemens, partenaire de Framatome
dans les réacteurs du futur, flirte avec le britannique Bnfl sur le
combustible.
En aéronautique civile et militaire, les intérêts
britanniques et allemands contrecarrent la volonté de leadership français (une
autre fois, la Lettre écrira
: ‘‘ Dasa rêve de prendre les commandes d’Airbus..’’)
Dans la finance, le rapprochement boursier
Londres-Francfort..
Le patron de Daimler-Benz installe sa domination
sur le monde automobile, grâce à la fusion avec Chrysler (...) Au moment où se
prépare l’ouverture du capital du Crédit lyonnais, la pieuvre Allianz installe
sa prééminence financière sur l’Europe. premier assureur, premier banquier,
Allianz a ingéré les Agf. ’’
Cette
énumération n’est pas exhaustive ! ‘‘ L’offensive allemande ’’, ‘‘ L’Allemagne
industrielle de nouveau conquérante ’’ et aussi ‘‘ Opa allemande sur la finance
d’Euroland ? ’’... Les titres de la presse française sont clairs !
Le 20/10, le SPD et les Verts concluent un accord
de gouvernement.
Le ‘nouveau centre’
Le 27, G. Schröder, élu chancelier par le Bundestag
(351/287, 27 abstentions), rend hommage à H. Kohl, et, regrettant que les
élections aient été marquées par une ‘‘ campagne de polarisation et une
tentative de diviser notre pays en 2 camps ’’, il déclare : ‘‘ Le nouveau
centre a triomphé et le SPD a renoué avec la victoire (...) Notre concept a été
de tendre vers un nouveau centre (...) Nous ne sommes pas pour une politique de
droite ou de gauche. Mais pour une politique moderne d’économie sociale de
marché.. ’’
Dans l’interview aux Echos (28/7/1998) déjà citée :
Question : comment pouvez-vous vous définir :
orthodoxe, social-démocrate, libéral de gauche ?
‘‘ Je suis un homme. Je veux qu’on me juge sur ce
que je fais (...) Je me situe clairement dans un système de valeurs
sociales-démocrates, mais je veux formuler et mener une politique très
pragmatique.. ’’
- Pensez-vous que la querelle idéologique est
définitivement morte entre droite et gauche ? Etes-vous sur la ligne d’un B.
Clinton, d’un T. Blair ou d’un R. Prodi ?
‘‘ Je pense que ceux que vous avez nommés sont sur
la bonne voie. Je ne suis pas de ceux qui pleurent sur la fin des idéologies.
Avant on était de gauche quand on était pour la propriété publique ou
collective des biens de production et de droite quand on était contre.
Aujourd’hui, cette querelle a été réglée par l’histoire avec l’échec du
collectivisme. La gauche doit en tirer les conclusions qui s’imposent : son
système de valeurs doit s’adapter à un système de propriété privée.. ’’
La référence à Clinton, Blair et Prodi doit être
éclairée par les initiatives prises par Blair. De retour de visite à B. Clinton
à Washington, il révélait au Gardian
(7/2/1998) le projet de créer une internationale de ‘centre-gauche’, basée sur
une relation privilégiée entre le Labour et le Parti démocrate. Le 21/9, un
forum réunira à New-York B. Clinton, T. Blair, R. Prodi et le président
bulgare. A la tribune du congrès des socialistes européens, chargé de préparer
la campagne des élections ‘européennes’ (1-2/3/1999), il a vigoureusement
poursuivi sa croisade en faveur d’une politique à la Clinton et de la ‘culture
d’entreprise’.
Quelle que soit leur affinité, une différence
fondamentale distingue Blair et le dirigeant de la superpuissance, Clinton
(quant à Prodi, c’est un représentant direct de la bourgeoisie italienne,
propulsé par Blair président de la Commission européenne) : Blair dirige le
parti ouvrier bourgeois, le parti en Angleterre du prolétariat que les masses
ont utilisé, en mai 1997, pour chasser du pouvoir les Tories bourgeois.
L’‘Europe rose’
Juin 1997, en France, le prolétariat se tourne vers
le PS (et le Pcf) pour infliger la défaite qu’on connaît au gouvernement
Chirac-Juppé. Et en octobre 1998, c’est au tour de l’Allemagne (depuis, A.
d’Alema, à la tête du PDS a pris la direction du gouvernement italien). Au
total, dans 13 des 15 gouvernements de l’UE, les partis sociaux-démocrates (PDS
compris) dirigent ou participent au gouvernement. Cps 68, 71.. ont donné toute son importance à la
‘rénovation’ entreprise contre le Labour en particulier depuis Kinnock mais
surtout amplifiée par Blair. L. Jospin et la ‘génération Jospin’, en prenant en
main le PS ont poursuivi un processus similaire. Le ‘nouveau centre’ de
Schröder s’inscrit dans le même objectif.
En ce qui concerne le SPD, le congrès de Bad-Godesberg
semblait avoir adopté le ‘programme’ le plus adapté possible au régime
capitaliste; ainsi, le SPD ‘‘ après avoir été un parti de la classe ouvrière
est devenu un parti du peuple ’’ (Volkspartei, comme
la CDU-CSU !); ‘‘ Le socialisme démocratique plonge ses racines dans l’éthique
chrétienne, dans l’humanisme et dans la philosophie classique.. ’’
Les conditions permettent aux appareils
contre-révolutionnaires de voir plus loin encore. Depuis la disparition de
l’URSS et la restauration du capitalisme et tout ce qui l’a accompagnée, les
partis qualifiés de socialistes et de sociaux-démocrates, flanqués des PC, ont
champ libre pour se débarrasser toutes références, qui ne sont plus que ténues,
au socialisme, au combat du prolétariat contre le régime capitaliste. Ils
constituent les forces des plus acharnées à anéantir dans la conscience du
prolétariat toute autre perspective que le régime capitaliste. Une étape
décisive serait atteinte avec la disparition pure et simple des partis ouvriers
bourgeois. Pour autant, ces partis (même le New Labour de T.
Blair) n’ont pas subi le saut qualitatif qui les transformerait en partis
bourgeois.
En septembre 1997, un éminent représentant des
industriels allemands s’écriait : ‘‘ Nous n’avons pas besoin d’un T. Blair,
mais d’une M. Thatcher ! ’’. Mais après les élections et la déconfiture de ses
partis propres, la défense de l’impérialisme est assurée par un gouvernement
dirigé par un parti de ce type. Pour L. Trotsky (1931), ‘‘ la partie la plus
pourrie de l’Europe capitaliste est constituée par la bureaucratie sociale
démocrate ’’.
Elever le rang de l’impérialisme allemand
Le gouvernement comprend 12 ministres SPD, avec des
postes clés pour les 2 précédents présidents du SPD (O. Lafontaine aux Finances
et R. Scharping à la Défense), 3 Verts ainsi qu’un ‘sans-parti’. L’‘oiseau
rare’ déniché par G. Schröder avait choisi a préféré renoncer. La place vacante
est occupée par un autre ‘sans-parti’, ancien dirigeant du groupe Veba.
L’accord de gouvernement du SPD et des Verts pour
la législature est ordonné par les besoins du capitalisme allemand.
Le gouvernement n’a nulle intention de remettre en
cause la suprématie de l’impérialisme américain. ‘‘ Le gouvernement considère
le Pacte atlantique comme un instrument indispensable à la stabilité et à la
sécurité de l’Europe (...) La participation, garantie par l’Alliance, des EU et
leur présence en Europe restent les conditions nécessaires à la sécurité sur le
continent (...) L’étroite et amicale relation avec les EU (est) une constante
indispensable de la politique étrangère allemande.. ’’
Mais l’accord fait ressortir les ambitions de
l’impérialisme allemand : ‘‘ La participation des forces armées allemandes aux
actions pour le maintien de la paix
(...) L’Allemagne saisira l’occasion de devenir un membre permanent du
Conseil de sécurité des Nations unies quand la réforme du Conseil (...) sera
réalisée et si jusque-là le siège européen au Conseil de sécurité, que l’on
doit préférer par principe, ne peut être assuré ’’(à l’intention de la France
et de l’Angleterre !). C’est la même politique que le gouvernement précédent
exprimait sans détour : ‘‘ Nos partenaires sont convaincus d’avoir trouvé en
nous un partenaire fiable pour servir la paix et la sécurité.... En poursuivant
cette politique, nous ne servons pas uniquement la paix, nous servons au mieux
nos propres intérêts. ’’ (K. Kinkel, le 21/4/1995)
Le terrain privilégié d’expansion reste
l’approfondissement et l’élargissement de l’Union européenne vers l’Europe
centrale et orientale. Alors que les 11 célèbrent l’entrée en vigueur de
l’euro, l’Allemagne a déjà dégainé.
Quelques
jours après les élections, G. Schröder est en visite à Paris, rencontre Chirac
pour la première fois, en lui décernant, devant L. Jospin, un brevet de
‘social-démocrate modéré’.
‘‘‘ Conscient de la relation
franco-allemande, ce n’est pas un hasard si je suis ici avant même d’entamer
les négociations pour former une coalition ’’.
Simultanément, le futur ministre de la Défense, R. Scharping,
s’adresse à Blackpool, au Labour :
‘‘ Nous voulons que le gouvernement britannique soit
une force dirigeante au sein de l’Union européenne ’’.
Il s’agit pour les
dirigeants allemands d’en finir avec la prétention des Français de pérenniser
le ‘moteur franco-allemand’ à la tête de l’Union européenne.
Le
10/12, G. Schröder déclare devant le Bundestag, :
‘‘ Nous ne pouvons ni ne
voulons résoudre les problèmes de l’Europe avec le carnet de chèques allemand !
(nous réclamons) une répartition plus juste (des contributions au budget de
l’UE en préalable à tout élargissement) ’’.
L’Allemagne
a versé en 1997 au budget 72 milliards de francsF de plus qu’il ne lui reverse, la
France 5, les Pays-Bas 15 et l’Angleterre 12 .. (l’Espagne gagne 39 milliards
de F). Elle demande une réforme de la PAC (politique agricole commune), dont la
France est le principal bénéficiaire (devant l’Allemagne), épargnant les
agriculteurs allemands, autrement dit, que le budget de la France contribue
plus (‘cofinancement’) à aider les paysans riches de France et la chaîne
capitaliste de l’agro-alimentaire. C’est une première (dans l’histoire de
l’Union européenne) que le capitalisme allemand cherche à dominer les
contradictions des capitalismes d’Europe sur le dos de la France. Et elle a les
meilleurs atouts.
Les
media français font alors ressortir que l’Allemagne est le principal
contributeur parce que l’industrie allemande est la principale intéressée de
l’‘Europe’
‘‘
Finalement, le marché intérieur à portée des entreprises allemandes sera passé
de 60 millions de consommateurs au milieu du 20ème siècle à plus de 200
millions. L’expansion n’est pas terminée : l’élargissement de l’Union
européenne à de nouveaux membres concernent avant tout des clients de
l’industrie allemande (...) De nouveau, il s’agit de réaliser une opération
dont l’industrie allemande sera l’un des principaux bénéficiaires au moindre
coût pour les intérêts allemands. Les agriculteurs allemands ne doivent pas y
perdre un centime des substantielles subventions qu’ils perçoivent au titre de
la Pac.. ’’ (L’européen - Oct 1998).
La France sait qu’elle devra
reculer (‘dégressivité’), d’autant que les intérêts ‘français’ sont eux aussi
contradictoires. Elle a commencé néanmoins à résister en menaçant de bloquer le
calendrier de l’élargissement de l’Union européenne.
Le
capitalisme allemand donne de la voix à la mesure de sa puissance
.
La question nucléaire
L’énergie nucléaire représente 1/3 de l’électricité
consommée en Allemagne. ‘‘ L’abandonner
serait une catastrophe pour l’économie ’’, avait prévenu le président du
BDI (confédération des industriels allemands).
Le ministère vert à peine a-t-il établi un projet
de loi proclamant la fin du nucléaire civil, l’interdiction du retraitement des
combustibles irradiés d’ici un an, et l’augmentation (multiplication par 10) de
la contribution des producteurs d’électricité, que G.Schröder, ayant rencontré
les patrons concernés, annonce l’ajournement du projet et qu’il renonce à
interdire le retraitement des déchets.
Les Verts n’en ont pas fini avec les déconvenues.
Comme l’indique le tableau indiquant les voix
exprimées dans les élections du land de Hesse, le SPD progresse - sans
retrouver le score de 1993 (Le Monde évoque
une comparaison avec la mobilisation de la réaction en 1984 sur la question de
l’école, en France !). Dans le fief de J. Fisher et D. Cohn-Bendit, les Verts
dégringolent. Le FDP aussi. Mais le résultat obtenu par la CDU confirme que les
élections de septembre n’annonçaient certainement pas sa décomposition.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Aussi
coûteuse qu'ait été la réunification, son résultat est que l'impérialisme
allemand n'est plus le ‘nain politique’ subissant l’ordre de Yalta et de
Postdam. Il l'a manifesté rapidement en impulsant et soutenant la dislocation
de la Yougoslavie (indépendance de la Slovénie et de la Croatie) en se dressant
contre les intérêts des impérialismes américain, anglais mais surtout français
dans cette région. Aujourd’hui, il participe à une guerre formellement pour la
première fois depuis la 2ème Guerre mondiale.
L’Allemagne
est la troisième puissance économique au monde. Elle représente économiquement 50% de plus que la
France. Sur le plan industriel, le rapport est écrasant en faveur de
l’Allemagne (environ +75%) !
Sur le
plan financier, le mark ‘était’ la
deuxième monnaie de réserve du monde (13½% des réserves en devises de
l’ensemble des banques centrales, mais 16½% pour les pays industrialisés),
certes loin derrière le roi dollar (respectivement 59% et 55½% ).
Autre
donnée significative : en 1995, l’Allemagne détenait 15,8% des parts de marché
dans les ‘pays industrialisés’ devant 13,9% pour les Etats-Unis, 9,1% pour la
France, 8,8% pour le Japon, ,.. En 1997, les Etats-Unis devaient la dépasser.
Quant à la balance commerciale, bon indicateur de la productivité d’un pays, le
gigantesque excédent de 1998 (430 milliards de marks) tout près du record
‘historique’ de 1989!
Elle a
quasiment annexé les pays du centre et de l’Est de l’Europe. Elle y dispose de
près de 35% de parts de marché (en 1997). Une seule exception : la Pologne où
les EU sont un concurrent de taille.
En
1989-90, Machiavel-Mitterrand, avec l’appui de M. Thatcher,
au compte de l’impérialisme anglais, avait cherché à empêcher la réunification.
Dès novembre 1990, le ministère des Finances français prenait acte que, vers la
fin du siècle,
‘‘l’Allemagne
sera(it), plus encore qu’aujourd’hui,
la puissance économique dominante en Europe ’’.
Mitterrand et l’italien Andreotti crurent mettre au point une ingénieuse
formule politique pour juguler la puissance économique et financière de
l’Allemagne. Cps 75 a
rappelé que l’initiative qui se conclura par l’union monétaire (euro, Banque
centrale européenne, ‘critères de Maastricht’) aboutira à renforcer l’emprise
de l’impérialisme allemand.
Aujourd'hui,
la bourgeoisie français pointe avec effroi la puissance agressive du
‘partenaire’ allemand. La Lettre de l’Expansion, datée
du 28/9, donne la ligne éditoriale des chroniqueurs français, sous le titre ‘‘ Le temps des
intérêts ’’ :
‘‘
Kohl-Schröder ? Qu’importe le chancelier, c’est l’Allemagne qui compte (...)
Une nouvelle ère commence. Certains diront qu’elle a déjà commencé. En 1982, H.
Kohl disait à F. Mitterrand : Je suis le dernier chancelier pro-européen (...)
Autres temps, autres moeurs, rien ne se décidait autrefois sans un accord (ou
un désaccord) Paris-Bonn. Aujourd’hui, l’Allemagne émancipée, réunifiée, a
soldé ses complexes et ses remords. Elle ne s’encombre plus de la jurisprudence
antérieure, Ce sera encore plus vrai demain (...) La liste simplifiée des
dossiers sensibles s’allonge entre Paris et Bonn.
Le
nucléaire : Siemens, partenaire de Framatome dans les réacteurs du futur,
flirte avec le britannique Bnfl sur le combustible.
En
aéronautique civile et militaire, les intérêts britanniques et allemands
contrecarrent la volonté de leadership français (une autre
fois, la Lettre écrira : ‘‘ Dasa rêve
de prendre les commandes d’Airbus..’’)
Dans la
finance, le rapprochement boursier Londres-Francfort.
Le
patron de Daimler-Benz installe sa domination sur le monde automobile, grâce à
la fusion avec Chrysler (...) Au moment où se prépare l’ouverture du capital du
Crédit lyonnais, la pieuvre Allianz installe sa prééminence financière sur
l’Europe. premier assureur, premier banquier, Allianz a ingéré les Agf. ’’
Cette énumération n’est pas exhaustive! ‘‘L’offensive
allemande’’, ‘‘L’Allemagne
industrielle
de nouveau conquérante’’ et
aussi ‘‘Opa allemande
sur la finance d’Euroland ? ’’...
Les titres de la presse française sont clairs!
C’est à
la surprise générale et sans donner d’explications, comme atteint d’‘une grosse
fatigue’, que le ‘numéro 2’ du gouvernement, le ministre des finances a
démissionné de son poste. L’annonce faite le 11 mars déchaîne l’enthousiasme
des ‘marchés financiers’ - la bourse de Francfort enregistre en cours de séance
une hausse de plus de 7%, un record depuis la guerre -, parce qu’ils prévoient
‘‘ moins de
dépenses et moins de déficit en Allemagne ’’
Les
Echos
rapportent que, le 10 mars, lors du Conseil des ministres, Gerhard Schröder
avait tapé du poing sur la table, déclarant qu’il n’était ‘pas prêt à mener une
politique contre les milieux économiques’. Lafontaine
passait pour le champion, à un poste clé, d’une politique de ‘relance’
budgétaire. La politique de Lafontaine est fondamentalement une
politique de défense du capitalisme (elle s’accommode d’une résurgence
éventuelle de l’inflation qui annulerait toute augmentation des salaires et, en
fait, ferait fondre et reculer le pouvoir d’achat de ces salaires). Mais elle
ne répond pas aux nécessités actuelles du grand capital (l’exemple du Japon, où
cette politique dite keynésienne, à moins qu’elle ne soit néo-keynésienne,
montre que, dans une autre situation, elle pourrait revenir parfaitement à
l’ordre du jour). Son porte-parole, ce sont les dirigeants de la Bundesbank et
de la Banque centrale européenne, ou encore le Conseil des ministres des
Finances des quinze fustigeant le ‘plan de stabilité’ du gouvernement allemand,
la réduction du déficit budgétaire trop peu ‘ambitieuse’, etc.
Oskar
Lafontaine n’a pas démissionné seulement du gouvernement, il a abandonné aussi
la direction du SPD.
Le
‘Thatcher du SPD’ c’est ainsi que la ‘gauche’ surnommait Lafontaine au moment
de l’élection de son prédécesseur, R. Scharping, à la tête du parti, comme le
rappelle dans Libération
(13-14/3) un membre du SPD, présenté comme expert, qui ajoute :
‘‘ Il
n’est pas totalement exact que Lafontaine soit vraiment l’homme de la base.
Lafontaine était très apprécié par les couches intermédiaires du parti, les ‘fonctionnaires’
du parti qui forment les gros bataillons de délégués aux congrès. A la base,
chez les ouvriers notamment, il est toujours resté une certaine méfiance envers
Lafontaine... ’’
Et Le Monde (13/3) ajoute: quand
il était secrétaire général du SPD, il affirmait que le SPD devait
‘‘
s’ouvrir à de nouvelles couches de la population nées de la troisième
révolution industrielle : travailleurs indépendants, entrepreneurs.. ’’.
Le premier à défendre la flexibilité contre la
revendication traditionnelle de réduction du temps de travail, c’est lui aussi
- la presse bourgeoise l’avait qualifié d’‘éclaireur’.
C’est
Schröder qui s’est présenté et a été élu président du SPD par 23 voix contre 6
et 3 abstentions (vote à confirmer par le congrès extraordinaire du 12 avril).
Pour Le Monde (13-14/3):
‘‘ il aurait été inimaginable que M. Schröder
puisse prendre la tête de ce parti, ne serait-ce qu’il y a une semaine [mais ce vote
est aussi mauvais parce que le SPD] ne fait
pas massivement bloc derrière le chancelier ’’.
Le
départ de Lafontaine n’exprime pas un ‘coup de barre à droite’ de la direction
du SPD, parce qu’il n’y a jamais eu de contradiction entre elle et ‘Oskar’.
Alors que les patrons font le siège de Schröder contre les mesures fiscales que
Lafontaine leur assénerait, menaçant de ‘délocaliser’ (mesures d’ailleurs
votées après la démission de Lafontaine), il plaide non coupable : ‘Nous avons
allégé les impôts des Pme de 5 milliards de marks !’’.
Quant à Daimler(-Chrysler) qui s’est directement adressé à G. Schröder, on
rappelle qu’il ne paie pas d’impôt depuis 1995.
‘‘ Sans
Lafontaine, Gerhard Schröder ne serait jamais arrivé au pouvoir. Le président
du SPD a assuré la discipline du parti et mobilisé l’électorat traditionnel de
la social-démocratie en faveur du candidat Schröder. ’’ (Le Monde -
13/3)
L’affaire
Lafontaine signifie à l’adresse des masses : il n’y a qu’une politique
possible, épouser le plus étroitement possible les besoins du capital.
La CDU
avait mis au centre de sa campagne le refus du projet gouvernemental du code de
la nationalité. Il ouvrait la possibilité de naturalisation au bout de 8 ans au
lieu de 15, en conservant la nationalité d’origine. Cette loi n’aurait rien à
voir avec la mesure accoRDAnt tous les droits, politiques compris, à tout
prolétaire immigré. C’est un projet contre lequel, pourtant, la CDU a engagé
une campagne réactionnaire de pétition sur l’axe Oui à
l’intégration, non à la double nationalité’.
En perdant la majorité (54/56) de ce land, le
gouvernement perd sa majorité absolue au Bundesrat et G. Schröder déclare que
le gouvernement va présenter un autre projet, qui puisse recueillir une
majorité au Bundesrat !
La cinglante défaite que les masses ont infligée,
lors des élections législatives, à la CDU, CSU et au FDP n’ont pas laissé
d’autre choix au SPD pour constituer un gouvernement bourgeois que de faire
alliance avec les Verts. S’il est prématuré d’envisager sérieusement un
gouvernement ‘petite coalition’ (avec les Libéraux du FDP, sans parler d’‘une
grande coalition’ avec la CDU-CSU), d’ores et déjà, la direction du SPD
justifie sa politique de défense du capitalisme par une prétendue nécessité de
réaliser le ‘consensus’ au Bundesrat. Le durcissement de la ‘réforme’ du code
de la nationalité est un premier exemple.
Le
gouvernement a annoncé, en application de l’accord de gouvernement, le
rétablissement du remboursement à 100% des indemnités maladie. En fait, 30% des
salariés sont concernés par la réduction des indemnités maladies. Dans de
nombreuses conventions collectives, le patronat a
négocié aveca obtenu de l’appareil syndical,
contre le maintien du remboursement à 100% du salaire,
sans les
baisser à 80% ‘‘ comme la loi nous le permettait ’’, rappelait aux Echos
(2-3/10/1998) le président du patronat, ‘‘ mais
nous avons négocié des compensations. Par exemple, les heures
supplémentaires ou les primes de vacances ou de Noël ne sont plus prises en
compte et nous les avons réduites.. ’’
(le
président du patronat, dans Les Echos des 2-3/10/1998)
D’autres
mesures ont été décidées, comme la réduction, relativement symbolique, du
ticket modérateur pour l’achat des médicaments - l’intention du gouvernement
est de procéder à une prétendue ‘réforme’ du système de santé sur le même axe
que les remises en cause successives du gouvernement Kohl -; le rétablissement,
dans les PmeP.M.E.
de 5 à 10 salariés, du bénéfice de la loi sur la protection des salariés.
Quant
à la ‘réforme’ des retraites, l’accord de gouvernement ne prétend pas annuler
mais suspendre les mesures prises :
‘‘ la
première mesure sera d’interrompre la réduction du montant des retraites
décidée par l’ancien gouvernement (...) Nous voulons garantir l’avenir des
retraites sur 4 piliers : l’assurance-vieillesse prévue par la loi restera le
pilier décisif de la retraite (...) L’assurance-vieillesse de l’entreprise,
(...) l’assurance-vieillesse privée doivent être renforcées. Comme nouveau
pilier, nous voulons une participation plus forte des salariés au capital
productif et aux bénéfices des entreprises ’’.
Au
cœur de son programme, le gouvernement a placé le ‘pacte pour l’emploi, la
formation et la compétitivité’.
‘‘ Il doit permettre des accords sur (...) une organisation
flexible et efficace du temps de travail, par exemple travail à temps partiel,
temps partiel selon l’âge, temps partiel à l’entrée de la vie active pour les
plus jeunes; réduction effective des heures supplémentaires.. ’’
‘‘ Toutes les parties prenantes doivent
apporter leur contribution équitablement : savoir prendre et donner ’’,
avait prévenu le gouvernement.
Le gouvernement sait en effet ‘donner’ : il a promis aux ‘entreprises’ pour ‘‘
renforcer leur capacité d’investissement ’’ une baisse de l’impôt sur le revenu
de 45% à 35%, la réduction des charges sociales.
Satisfaction du patronat qui
‘‘ sait prendre ’’. A l’issue de la première réunion de discussions, le 7/12,
enjouement chez les ‘partenaires’ : ‘‘
Nous avons
pris un bon départ ’’ (G. Schröder), ‘‘
la discussion
a été très intensive et positive ’’ (le président des
patrons), ‘‘ on peut être
raisonnablement optimiste ’’
(le responsable du DGB).
Mais le calendrier amène une
suspension des discussions. Les conventions collectives salariales dans la
métallurgie, la fonction publique et d’autres branches, arrivent à échéance. Et
l’appareil syndical tient a besoin
d'à afficher que les salaires ne se
négocient pas - au niveau de la branche - contre de la flexibilité,
c’est-à-dire plus d’exploitation.
Les
négociations se mènent au niveau des branches. L’IG Metall revendique une
hausse de 6,5% des salaires (à propos de cette revendication, il faut avoir en
tête que le pouvoir d’achat des travailleurs a été fortement atteint, ces
dernières années, par les augmentations d’impôt et de cotisations, s’ajoutant à
l’inflation, même limitée). Le patronat de la métallurgie (Gesamtmetall)
propose +2% et 0,5%, quand les ‘résultats’ de l’entreprise le permettent !
Devant une telle ‘provocation’ (ses propres termes), la
direction du syndicat reste la bureaucratie contre-révolutionnaire dont
l’objectif déterminant est d’empêcher toute mobilisation générale qui
dresserait les métallos en fer de lance du prolétariat allemand.
C’est
donc le processus classique qu’elle déclenche : La négociation ne concerne pas
formellement les 3,4 millions de salariés; elle se déroule land par land et
cette année, c’est le Bade-Wurtemberg qui est choisi comme land pilote. Tout
est calculé, y compris le choix du land, réputé constituer un bastion.
Une
période de ‘paix sociale’ doit prolonger de 4 semaines la fin du précédent
accord salarial : elle est respectée, pendant que les
négociations se sont poursuivies, ici et dans d’autres länder; puis 4 jours de
débrayages.
Les arrêts de travail
d’avertissement ont concerné un million de travailleurs.
Le
patronat modifie sa proposition : ce sera +2,3% (+0,5% dans les entreprises ‘en
bonne santé’). Les négociations sont interrompues. Le 11/2, la commission
régionale de Rhénanie du Nord-Westphalie proclame l’échec des négociations salariales.
Cela suffit pour demander à la direction de l’IG Metall (qui décide des lieux
et donc de la stratégie) de mettre en place la procédure de consultation des
syndiqués. Rappelons que la réglementation de la grève procède essentiellement
de la décision de l’appareil syndical. Ainsi le vote préalable de 75%, et même
des 2/3 des syndiqués en cas de nouvelles propositions, a été inscrit librement
dans le statut de la plupart des syndicats.
G. Schröder écrit au patronat et à l’IG Metall pour
les pousser à un règlement négocié et le 14, l’IG Metall accepte la proposition
du patronat d’une ‘médiation spéciale’ qui vise à éviter le déclenchement de la
grève, mais non la consultation et le vote de la grève (alors que la ‘médiation
normale’ fonctionne quand la grève a commencé).
Le
19/2, l’accord (‘de la dernière chance’) est conclu. Il porte sur 14 mois: les
840 000 travailleurs du Bade-Wurtemberg recevront une prime de 350 marks Dem pour janvier et février, puis
3,2% au 1/3 + une prime de 1%. Le 23, la grande commission salariale de l’IG
Metall du Bade-Wurtemberg entérine l’accord (4 des 210 membres de CE et DP
l’ont refusé). IG Metall ‘recommande’ d’adopter le même accord ‘région par
région’.
L’appareil
annonce que c’est une augmentation de 4,2% qui a été obtenue sur 14 mois. Le
patronat déclare que cela fait 3,6% sur 12 mois, bien loin de la revendication
de 6,5% ! Si l’accord est déjà étendu à la Bavière et au nord de l’Allemagne,
dans le Mecklembourg-Poméranie (Est), la prime de 1% n’est calculée que sur 11
mois; la prime foRFAitaireforfaitaire
est divisée par 2 (soit 175 marks) et les métallos travailleront 3 heures de
plus par semaine. En outre, la date de versement de cette prime pourra être
négociée dans les entreprises.
Le
Gesamtmetall recommande aux autres régions de ‘‘
continuer à
négocier et d’obtenir au moins quelques changements ’’. Pour la bourgeoisie,
c’est trop. Il s’agit de concessions économiquement excessives, mais c’est,
pour la majorité des capitalistes allemands, le prix à payer pour permettre aux
appareils de museler le prolétariat allemand, prolétariat décisif d’Europe.
La
cogestion
Le
prolétariat allemand est le plus massif prolétariat industriel en Europe: les
effectifs s’élèvent à 5,9 millions dans l’industrie manufacturière (en 1996).
Par comparaison, 2,8 millions en France.
C'est un
prolétariat puissamment organisé dans les organisations syndicales : 11,8
millions d’adhérents dans la centrale ouvrière en 1991 (après la
réunification), dont 30% dans l’IG Metall, le plus grand syndicat de branche au
monde. Mais la chute des effectifs a été rapide; en 1997, les syndiqués sont de
8,6 millions.
Il est
d’autant plus cyniquement ligoté par les appareils syndicaux au nom de la
‘cogestion’ que le patronat s’engage à remettre en cause les acquis ouvriers.
Ce
que sont les lois sur la cogestion (in M.
Demotes Mainard, ‘L’économie de la RFA’)
Une véritable
cogestion a tout d’abord été instituée dans les industries sidérurgiques et
minières de plus de 1 000 salariés par la loi du 21 mai 1951 : le conseil de
surveillance y est composé de 5 représentants des actionnaires, de 5
représentants des travailleurs (2 nommés par le comité d’entreprise, 3 par le
syndicat), et d’un onzième membre supposé neutre. Un membre du comité est nommé
directeur du travail
et siège à ce titre au directoire de l’entreprise; il ne peut être nommé contre
la volonté de la majorité des travailleurs.
La loi sur la
cogestion des salariés du 4 mai 1976 a voulu élargir ce principe aux grandes
entreprises (plus de 2 000 salariés)
des secteurs autres que la métallurgie et les mines (y compris secteur
public).Les représentants du capital et des travailleurs siègent en nombre égal
dans le conseil de surveillance, mais les différentes catégories de salariés,
et notamment les cadres supérieurs,
sont représentées en proportion de leur présence dans l’entreprise. Le
président et le vice-président doivent être élus à la majorité des deux tiers :
sinon le président, qui a voix prédominante, est choisi par les représentants
des actionnaires,
et le vice-président par ceux des salariés. Le directeur du travail, chargé des
questions de personnel et sociales, est nommé à la majorité simple.
Dans la
pratique, cette loi de 1976, fruit d’un compromis politique, accorde beaucoup
moins de pouvoir aux
salariés que celle de 1951. Pourtant une trentaine d’associations d’employeurs
et 9 grandes firmes, la jugeant incompatible avec le droit de propriété privée
inscrit dans la constitution, ont déposé plainte devant la Cour suprême de
Karlsruhe. Le tribunal
a jugé que la loi n’était pas inconstitutionnelle, dès lors qu’il y avait
prépondérance des employeurs dans le conseil de surveillance.
Dans les
entreprises industrielles de moins de 2 000 salariés, la loi de 1952 qui
accorde aux représentants du capital
2 fois plus de sièges qu’à ceux des travailleurs reste en vigueur : il n’existe
pas de directeur du travail. Le pouvoir des salariés y est donc pratiquement
nul.
Il n’y a
pas de ‘cogestion’, mais acceptation des appareils syndicaux de se faire les
domestiques du capital, les maîtres d'œuvre de
leurs décisions contre le prolétariat.
Cette
revendication centrale, les patrons ont tenté de la faire passer lors des
négociations salariales, comme l’explique l’Usine nouvelle (4
février) qui annonçait :
‘‘Le
patronat de la métallurgie revendique une plus grande autonomie des entreprises
dans la définition de leur politique salariale. ’’
‘‘ Le
modèle social plie. Va-t-il rompre ? La question se pose aujourd’hui en
Allemagne, à l’occasion de la négociation salariale engagée dans la métallurgie
(...) Le conflit se focalise autour d’une disposition à première vue anodine
mais qui, si elle était adoptée, pourrait bouleverser l’équilibre - historique
- de la politique tarifaire allemande. Le patronat propose, en effet, en plus
des 2%, une rallonge optionnelle de 0,5%, accordée ou non en fonction de la
situation financière des entreprises. Idem pour la
prime de Noël. Dans ces conditions, le Conseil d’entreprise, présidé par un
représentant des salariés, se substituerait à la branche pour juger de
l’opportunité d’augmenter les salaires. ‘Nous voulons plus de flexibilité et
d’individualisation, négociée au niveau de l’entreprise, explique un dirigeant
de Gesamtmetall (patronat). Or IG Metall refuse un renforcement du pouvoir du
conseil d’entreprise’. La prééminence de la branche dans la négociation
salariale est déjà contestée depuis plusieurs années. Mais IG Metall veut
dissuader à tout prix le patronat d’enfoncer un coin dans la politique
tarifaire.. ’’
On le
sait, le patronat a dû renoncer à la clause liant une partie de l’augmentation
salariale à la situation de chaque entreprise, devant le refus de l’IG Metall.
Mais jusqu’à quand ? s’interroge le même organe patronal, 3 semaines plus tard.
Sous le titre ‘‘ Comment les
entreprises allemandes se débrouillent... ’’ on lit:
‘‘
Depuis 10 ans, pour sauvegarder leur compétitivité, les industriels font des
entorses à la règle de la convention collective. Et souvent sur le terrain, en
collaboration avec les représentants d’IG Metall, dans les conseils
d’entreprise et les Länder !’’.
Et l’Usine nouvelle
d’illustrer significativement comment la ‘‘ négociation descend dans les
entreprises ’’, les ‘entorses’ aux conventions collectives que les ‘partenaires
sociaux’ autorisent aux patrons (flexibilité, annualisation, baisse des
salaires contre actions ou pas, départs anticipés..).
Plus de
la moitié des entreprises ne relèvent plus de la convention collective, près des
¾ dans les Länder de l’Est. L’appareil syndical a démontré jusqu’à présent
qu’il savait conserver le contrôle du prolétariat, en faisant respecter
notamment l’interdiction de toute grève, hors du cadre de la branche. Les
patrons ne l’oublient pas et quant à ceux qui quittent l’organisation de
branche, l’Usine
nouvelle en
illustre les risques, en choisissant comme exemple telle entreprise où 100% des
travailleurs sont syndiqués à l’IG Metall : ‘Opération délicate’, conclut
l’hebdomadaire. Vous avez dit : euphémisme ?
L’appareil
a refusé l’‘anodine proposition’ du patronat et sa logique d’affrontement avec
la classe ouvrière. Le patronat - sachant qu’il a toujours été payé de retour -
n’a pas cherché l’épreuve de force.
Le 25
février, après la conclusion de l’accord salarial en question, c’est la reprise
des réunions sur le ‘pacte pour l’emploi, la formation et la compétitivité’. Le
discours de patrons de l’industrie est net :
‘‘
L’économie allemande se trouve face à 2 scénarios. Soit nous évoluons à l’image
de la Grande-Bretagne thatchérienne, dont le pays paie encore le prix, soit
nous évoluons à la hollandaise. C’est cette deuxième voie que je préconise ’’,
a déclaré le président de la Confédération de l’industrie, ‘‘ pourtant connu
pour ses critiques sévères envers les blocages du modèle social allemand ’’ (Les
Echos - 26-27/2).
Ce que
le patronat allemand craint, c’est qu’une tentative ‘thatchérienne’ aboutisse à
une radicalisation et à une issue victorieuse pour le prolétariat allemand avec
tous les enchaînements qui s’ensuivraient. C’est le ‘pacte à la hollandaise’
qui fait aujourd’hui référence en Europe, avec la flexibilité très poussée des
salaires, les rémunérations au mérite, des records en matière d’emplois à temps
partiel, la prise en compte de la spécificité de l’entreprise ... et un minimum
de grèves.
Il s’agit du plus massif prolétariat industriel en
Europe : les effectifs s’élèvent à 5,9 millions dans l’industrie manufacturière
(en 1996). Par comparaison, 2,8 millions en France.
Un prolétariat puissamment organisé dans les
organisations syndicales : 11,8 millions d’adhérents dans la centrale ouvrière
en 1991 (après la réunification), dont 30% dans l’IG Metall, le plus grand
syndicat de branche au monde. Mais la chute des effectifs a été rapide; en
1997, les syndiqués sont de 8,6 millions.
Le patronat a l’habitude, plaidant pro domo, de publier des statistiques qui doivent prouver
que le ‘coût du travail’ en Allemagne est un handicap qu’il faut éliminer. C’est
ainsi que le ‘coût du travail’ dans le secteur automobile y serait plus élevé
de 44% par rapport à la France (1996); cet écart serait de 21% dans l’industrie
en général (insignifiant dans le secteur financier..). Pour les capitalistes
allemands, le Standort Deutschland
(l’Allemagne comme lieu de ‘production’) est en jeu
! Leur cri d’alarme (et leur menace de délocaliser massivement) a été relayé
par le président même de la RFA (dont le rôle n’est pas comparable au président
de la République, en France), R. Herzog, s’inquiétant de ‘‘ la perte de
dynamisme économique ’’, dans un discours d’avril 1997, dont on dit qu’il est
resté fameux.
Malicieusement, la presse française apporte plus
que des bémols. C’est ainsi que Le Monde
(29/10/1997) écrivait :
‘‘ Il est un lieu en Europe où le smic n’existe pas
et où l’on peut le plus légalement du monde travailler 15 heures par semaine,
pour gagner au maximum l’équivalent de 2 055 F par mois, sans payer la moindre
cotisation sociale (maladie, retraite, chômage). Non, ce pays du travail noir
officiel n’est pas l’Angleterre victime du thatchérisme, c’est l’Allemagne,
tant louée pour son modèle social et ses hauts salaires (...) Avec la hausse du
chômage et le niveau prohibitif des charges sociales pesant sur les salaires
‘normaux’, le nombre de ces emplois, baptisés billigjobs (on
pourrait dire en français ‘petits boulots mal payés’) s’envole (...)
Parallèlement, le nombre des emplois ‘normaux’ s’est réduit de 36,5 millions
début 1992 à moins de 34 millions aujourd’hui.. ’’
Officiellement, 9,1% des travailleurs sont au
chômage. Un sur cinq dans les länder de l’Est.
Le gouvernement Schröder-SPD-Verts a décidé de ne
pas remettre en cause l’existence de ces billigjobs.
Ce n’est pas une situation paradoxale. Les salaires
relativement (aux autres pays) élevés d’une partie importante des masses
laborieuses en Allemagne, un ensemble d’acquis qui n’est dépassé nulle part
ailleurs n’est pas incompatible avec un haut degré d’exploitation, bien au
contraire.
Cette revendication centrale (cf. déclaration au Monde des
19-20/4/1998, déjà citée), les patrons ont tenté de la faire passer, lors des
négociations salariales, comme l’explique l’Usine nouvelle (4/2) qui annonçait : ‘‘ Le patronat de la
métallurgie revendique une plus grande autonomie des entreprises dans la
définition de leur politique salariale. ’’
‘‘ Le modèle social plie. Va-t-il rompre ? La
question se pose aujourd’hui en Allemagne, à l’occasion de la négociation
salariale engagée dans la métallurgie (...) Le conflit se focalise autour d’une
disposition à première vue anodine mais qui, si elle était adoptée, pourrait
bouleverser l’équilibre - historique - de la politique tarifaire allemande. Le
patronat propose, en effet, en plus des 2%, une rallonge optionnelle de 0,5%,
accordée ou non en fonction de la situation financière des entreprises. Idem pour la prime de Noël. Dans ces conditions, le
Conseil d’entreprise, présidé par un représentant des salariés, se
substituerait à la branche pour juger de l’opportunité d’augmenter les
salaires. ‘Nous voulons plus de flexibilité et d’individualisation, négociée au
niveau de l’entreprise, explique un dirigeant de Gesamtmetall (patronat). Or IG
Metall refuse un renforcement du pouvoir du conseil d’entreprise’. La
prééminence de la branche dans la négociation salariale est déjà contestée
depuis plusieurs années. Mais IG Metall veut dissuader à tout prix le patronat
d’enfoncer un coin dans la politique tarifaire.. ’’
On le sait, le patronat a dû renoncer à la clause
liant une partie de l’augmentation salariale à la situation de chaque
entreprise, devant le refus de l’IG Metall. Mais jusqu’à quand ? s’interroge le
même organe patronal, 3 semaines plus tard.
‘‘ Comment les entreprises allemandes se débrouillent... ’’
‘‘ Depuis 10 ans, pour sauvegarder leur
compétitivité, les industriels font des entorses à la règle de la convention
collective. Et souvent sur le terrain, en collaboration avec les représentants
d’IG Metall, dans les conseils d’entreprise et les Länder ! ’’. Et l’Usine
nouvelle
d’illustrer significativement comment la ‘‘ négociation descend dans les
entreprises ’’, les ‘entorses’ aux conventions collectives que les ‘partenaires
sociaux’ autorisent aux patrons (flexibilité, annualisation, baisse des
salaires contre actions ou pas, départs anticipés..).
Plus de la moitié des entreprises ne relèvent plus
de la convention collective, près des ¾ dans les Länder de l’Est. L’appareil
syndical a démontré jusqu’à présent qu’il savait conserver le contrôle du
prolétariat, en faisant respecter notamment l’interdiction de toute grève, hors
du cadre de la branche. Les patrons ne l’oublient pas et quant à ceux qui
quittent l’organisation de branche, l’Usine nouvelle en illustre les risques, en choisissant comme
exemple telle entreprise où 100% des travailleurs sont syndiqués à l’IG Metall
: ‘Opération délicate’, conclut l’hebdomadaire. Vous avez dit : euphémisme ?
L’appareil a refusé l’‘anodine proposition’ du
patronat et sa logique d’affrontement avec la classe ouvrière. Le patronat -
sachant qu’il a toujours été payé de retour - n’a pas cherché l’épreuve de
force.
Le 25/2, après la conclusion de l’accord salarial
en question, c’est la reprise des réunions sur le ‘pacte pour l’emploi, la
formation et la compétitivité’. Le discours de patrons de l’industrie est net :
‘‘ L’économie allemande se trouve face à 2
scénarios. Soit nous évoluons à l’image de la Grande-Bretagne thatchérienne,
dont le pays paie encore le prix, soit nous évoluons à la hollandaise. C’est
cette deuxième voie que je préconise ’’, a déclaré le président de la
Confédération de l’industrie, ‘‘ pourtant connu pour ses critiques sévères
envers les blocages du modèle social allemand ’’ (Les
Echos - 26-27/2).
Ce que le patronat allemand craint, c’est qu’une
tentative ‘thatchérienne’ aboutisse à une radicalisation et à une issue
victorieuse pour le prolétariat allemand avec tous les enchaînements qui
s’ensuivraient. C’est le ‘pacte à la hollandaise’ qui fait aujourd’hui
référence en Europe, avec la flexibilité très poussée des salaires, les
rémunérations au mérite, des records en matière d’emplois à temps partiel, la
prise en compte de la spécificité de l’entreprise ... et un minimum de grèves.
C’est à la surprise générale et sans donner
d’explications, comme atteint d’‘une grosse fatigue’, que le ‘numéro 2’ du
gouvernement, le ministre des finances a démissionné de son poste. L’annonce
faite le 11/3 déchaîne l’enthousiasme des ‘marchés financiers’ - la bourse de
Francfort enregistre en cours de séance une hausse de plus de 7%, un record
depuis la guerre -, parce qu’ils prévoient ‘‘ moins de dépenses et moins de
déficit en Allemagne ’’
Lafontaine passait pour le champion, à un poste
clé, d’une politique de ‘relance’ budgétaire.
On le rend même responsable de la ‘générosité’ des
accords salariaux. Il faut préciser que s’il a, semble-t-il, approuvé la
revendication initiale des dirigeants de l’IG Metall (+6,5%, ramenée à 3,6 ou
4,2% au moment de la signature), il a surtout rappelé à l’ordre les syndicats
de fonctionnaires (‘‘ Le service public (...) doit montrer plus de modération
’’).
La politique de Lafontaine est fondamentalement une
politique de défense du capitalisme (elle s’accommode d’une résurgence
éventuelle de l’inflation qui annulerait toute augmentation des salaires et, en
fait, ferait fondre et reculer le pouvoir d’achat de ces salaires). Mais elle
ne répond pas aux nécessités actuelles du grand capital (l’exemple du Japon, où
cette politique dite keynésienne, à moins qu’elle ne soit néo-keynésienne,
montre que, dans une autre situation, elle pourrait revenir paRFAitement à
l’ordre du jour). Son porte-parole, ce sont les dirigeants de la Bundesbank et
de la Banque centrale européenne, ou encore le Conseil des ministres des
Finances des quinze fustigeant le ‘plan de stabilité’ du gouvernement allemand,
la réduction du déficit budgétaire trop peu ‘ambitieuse’, etc.
Les
Echos rapportent que, le 10/3, lors du Conseil des
ministres, Gerhard Schröder avait tapé du poing sur la table, déclarant qu’il
n’était ‘pas prêt à mener une politique contre les milieux économiques’. Oskar
Lafontaine n’a pas démissionné seulement du gouvernement, il a abandonné aussi
la direction du SPD.
Le
‘Thatcher du SPD’ c’est ainsi que la ‘gauche’ surnommait Oscar Lafontaine au moment de l’élection de
son prédécesseur, R. Scharping, à la tête du parti, comme le rappelle dans Libération (13-14/3) un membre du SPD, présenté comme expert,
qui ajoute : ‘‘ Il n’est pas totalement exact que Lafontaine soit vraiment
l’homme de la base. Lafontaine était très apprécié par les couches
intermédiaires du parti, les ‘fonctionnaires’ du parti qui forment les gros
bataillons de délégués aux congrès. A la base, chez les ouvriers notamment, il
est toujours resté une certaine méfiance envers Lafontaine... ’’
Et Le Monde (13/3) : quand il était secrétaire général du SPD,
il affirmait que le SPD devait ‘‘ s’ouvrir à de nouvelles couches de la
population nées de la troisième révolution industrielle : travailleurs
indépendants, entrepreneurs.. ’’. Le premier à défendre la flexibilité contre
la revendication traditionnelle de réduction du temps de travail, c’est lui
aussi - la presse bourgeoise l’avait qualifié d’‘éclaireur’ -.
C’est Schröder qui s’est présenté et a été élu
président du SPD par 23 voix contre 6 et 3 abstentions (vote à confirmer par le
congrès extraordinaire du 12 avril). Pour Le Monde
(13-14/3), ‘‘ il aurait été inimaginable que M. Schröder puisse prendre la tête
de ce parti, ne serait-ce qu’il y a une semaine (mais ce vote est aussi mauvais
parce que le SPD) ne fait pas massivement bloc derrière le chancelier ’’. Le
départ de Lafontaine n’exprime pas un ‘coup de barre à droite’ de la direction
du SPD, parce qu’il n’y a jamais eu de contradiction entre elle et ‘Oskar’.
Alors que les patrons font le siège de Schröder contre les mesures fiscales que
Lafontaine leur assénerait, menaçant de ‘délocaliser’ (mesures d’ailleurs votées
après la démission de Lafontaine), il plaide non coupable : ‘Nous avons allégé
les impôts des Pme de 5 milliards de marks !’’. Quant à Daimler(-Chrysler) qui
s’est directement adressé à G. Schröder, on rappelle qu’il ne paie pas d’impôt
depuis 1995.
‘‘ Sans Lafontaine, Gerhard Schröder ne serait
jamais arrivé au pouvoir. Le président du SPD a assuré la discipline du parti
et mobilisé l’électorat traditionnel de la social-démocratie en faveur du
candidat Schröder. ’’ (Le Monde - 13/3)
L’affaire Lafontaine signifie à l’adresse des
masses : il n’y a qu’une politique possible, épouser le plus étroitement
possible les besoins du capital.
Comme
l’indique le tableau indiquant les voix exprimées dans les élections du land de Hesse,
le 7 février dernier, le SPD
progresse - sans retrouver le score de 1993 (Le Monde évoque une comparaison avec la mobilisation de la
réaction en 1984 sur la question de l’école, en France !). Dans le fief de J.
Fisher et D. Cohn-Bendit, les Verts dégringolent (après
avoir essuyé une sévère rebuffade sur leur projet d'abandon du nucléaire,
que le gouvernement, sous l'injonction du patronat, à proprement enterré).
Le FDP dégringole aussi.
Mais le résultat obtenu par la CDU confirme que les élections de septembre
n’annonçaient certainement pas sa décomposition.
|
SPD |
Verts |
CDU |
FDP |
20/01/1993 |
40,8% |
8,8% |
40,2% |
7,4% |
19/02/1995 |
38,0% |
11,2% |
39,2% |
7,4% |
07/02/1999 |
39,4% |
7,4% |
43,4% |
5,1% |
La CDU
avait mis au centre de sa campagne le refus du projet gouvernemental du code de
la nationalité. Il ouvrait la possibilité de naturalisation au bout de 8 ans au
lieu de 15, en conservant la nationalité d’origine. Cette loi n’aurait rien à
voir avec la mesure accordant tous
les droits, politiques compris, à tout prolétaire immigré. C’est un projet
contre lequel, pourtant, la CDU a engagé une campagne réactionnaire de pétition
sur l’axe Oui à
l’intégration, non à la double nationalité’.
En
perdant la majorité (54/56) de ce land, le gouvernement perd sa majorité
absolue au Bundesrat et G. Schröder déclare que le gouvernement va présenter un
autre projet, qui puisse recueillir une majorité au Bundesrat !
La
cinglante défaite que les masses ont infligée, lors des élections législatives,
à la CDU, CSU et au FDP n’ont pas laissé d’autre choix au SPD pour constituer
un gouvernement bourgeois que de faire alliance avec les Verts. S’il est
prématuré d’envisager sérieusement un gouvernement ‘petite coalition’ (avec les
Libéraux du FDP, sans parler d’une ‘grande coalition’ avec la CDU-CSU), d’ores et déjà,
la direction du SPD justifie sa politique de défense du capitalisme par une
prétendue nécessité de réaliser le ‘consensus’ au Bundesrat. Le durcissement de
la ‘réforme’ du code de la nationalité est un premier exemple.
*
Pour un
gouvernement du seul SPD
En
1996, face à l’offensive généralisée de la bourgeoisie et de son gouvernement,
la question du pouvoir a commencé à affleurer, dans le prolétariat, dans les
termes : il faut chasser le gouvernement Kohl !
Lors
des les élections de 1998, les masses laborieuses ont fourni la réponse
possible avec l’organisation dont elles disposent, le SPD : vote massif en
faveur du SPD; les partis bourgeois sont défaits et le gouvernement Kohl
chassé.
Le
SPD a immédiatement constitué, avec les Verts, un gouvernement au service du
capital qui s’est rapidement mis en ordre de bataille. Cela pèse sur les
masses, d’autant que cela apparaît comme un engrenage inévitable pour la classe
ouvrière en Europe.
Pour
se défendre contre les remises en cause de ses conditions d’existence qu’exige
la défense du mode de production capitaliste et arracher les revendications, le
prolétariat aura à combattre et battre ce gouvernement. Dans ces affrontements,
pour les préparer, il lui faudra se dresser contre les appareils syndicaux, les
dirigeants du DGB, leur imposer qu’ils rompent avec le gouvernement et le
patronat - qu’ils soutiennent sans réserve -, avec la ‘cogestion’ sous toutes
ses formes, et d’abord leur imposer la rupture des ‘négociations’ préparant le
‘pacte de solidarité’.
Compte
tenu des relations politiques, le prolétariat sera poussé à contraindre le SPD
à rompre avec les partis bourgeois, des Verts au CDU et FDP (et PDS !), à tous
les niveaux, à revendiquer qu’il forme un gouvernement du seul SPD, soutenu par
le DGB, avec la volonté d’obtenir que ce gouvernement satisfasse les
revendications.
Il faut
lui ouvrir cette voie.
Mais le
prolétariat n’ira réellement de l’avant que, quand Ddans
la lutte de classe et les conflits inévitables avec les appareils syndicaux et
le SPD, pour une nouvelle génération de militants issue des rangs de la classe
ouvrière, mais surtout de la jeunesse, la question du parti révolutionnaire
nécessaire à un véritable gouvernement ouvrier, un gouvernement révolutionnaire, reviendra à l’ordre du jour.
Le 2 avril 1999
Retour
à la section: Europegouvernement révolutionnaire, redeviendra à l’ordre
du jour.
[1] Ce que recouvre la colonne ‘autres’ :
¨ Les partis ‘allemand’, ‘panallemand’, ‘expulsés’, ‘bavarois’.. obtiennent 8,5% en 1949, 12% en 1951 et 8% en 1957. Ils participent alors pour l’essentiel aux gouvernements de ‘grande coalition’. Ils ne recueillent plus que 2,8% en 1961.
¨ le vieux parti Zentrum recueille 3,1% en 1949, 0,8% en 1951.
¨ Les autres organisations représentent peu : 2,9%, en 1949, en faveur d’une ‘union pour le développement économique’; 3,8%. pour les indépendants. Une ‘Union pour la paix’ obtient 1,9% en 1961 et 1,3% en 1965. Le Kpd a été interdit en 1961.
En 1998, c’est une poussière de listes hétéroclites de
‘Vieux’, ‘Femmes’, ‘Familles’, ‘Amis de la nature’, ‘Amis des animaux’, ainsi
qu’un Pro DM : 0,9%