Article paru dans Combattre pour le Socialisme  5 (87)  d'octobre 2001

 

Prise de position de Combattre pour le Socialisme en date du 28 septembre

 

A bas la "croisade" impérialiste contre l'Afghanistan

et les peuples du Moyen-Orient et d'Asie centrale

 

Inconditionnellement contre l'intervention militaire

 

Pour le retrait de toutes les troupes impérialistes du Moyen-Orient

et d'Asie centrale, à commencer par les troupes françaises

 

La responsabilité du PS, du PCF, des dirigeants de la CGT, de FO,

de la FSU, de l'UNEF, c'est de se prononcer en ce sens

 


A l'heure où nous écrivons ces lignes, d'importantes troupes américaines, porte-avions, divisions aéroportées, font route vers le Golfe persique, le Golfe d'Oman, et, plus discrètement, s'installent en Asie centrale (Ouzbékistan), dans le cadre d'une opération baptisée "justice sans limite", puis rebaptisée "liberté immuable" par Washington. Près de trente mille soldats britanniques ont aussi fait mouvement, et selon la presse anglaise, engagé des premières actions sur le sol afghan. Tandis que le parlement allemand, et en son sein le parti social-démocrate a voté pour le principe d'une action militaire aux côtés des Etats-Unis,  Chirac et Jospin ont affirmé vouloir faire de même.

Des milliers de soldats français stationnent déjà dans le Golfe, en Arabie Saoudite, à Djibouti (selon  Le Monde du 23 septembre, depuis le 15 septembre y ont été envoyés des mirages flambant neufs), plusieurs frégates croisent dans l'Océan indien; enfin, les avions français effectuent des missions régulières au-dessus de l'Irak.

 

L'objectif affiché par les puissances impérialistes est la "lutte contre le terrorisme". Au nom de cet objectif, l'impérialisme américain entend rassembler une large coalition derrière lui sur le long terme. Mais la "lutte contre le terrorisme" n'est qu'un prétexte.


La "lutte contre le terrorisme", un prétexte


Les travailleurs, les jeunes, ne peuvent que condamner les attentats aveugle qui ont frappé la population de New York. Mais qui sont les auteurs de ces attentats? Bush junior a désigné Oussama Ben Laden. Rappelons donc certains faits.

Le dit Ben Laden est une créature de l'impérialisme américain, agent de la CIA pendant des années quand il faisait la guerre contre l'URSS en Afghanistan.  Sa fortune provient des familles de roitelets du pétrole installés sur leurs puits en Arabie saoudite par la bonne grâce des USA. Cette fortune a été recyclée et placée depuis des années sur les 'honorables' places financières internationales, à commencer par la City de Londres.

 

Quant au régime ultra-réactionnaire des Taliban, dont Ben Laden est une éminence grise, il a été mis en place, financé et reconnu par les gouvernements du Pakistan, de l'Arabie saoudite, des Emirats, qui sont tous subordonnés politiquement aux USA.

 

Au-delà de ces faits, comment ignorer le rapport entre les attentats aux Etats-Unis et la politique menée au proche et Moyen-Orient par l'impérialisme américain? A commencer par la guerre d'écrasement du peuple irakien en 1991, saigné depuis lors par un embargo qui a fait plus d'un million de morts (pour lesquels jamais une minute de silence n'a été proposée). Et également, le soutien constant à l'Etat d'Israël, Etat colonial, Etat raciste, en guerre permanente contre le peuple palestinien et son droit à recouvrer sa souveraineté sur l'ensemble de la Palestine?


L'objectif immédiat de l'opération militaire sous direction américaine : faire main basse sur l'Asie centrale


L'objectif premier de l'impérialisme américain est de s'implanter dans une région d'où il était absent jusque là: l'Asie centrale et ses immenses ressources pétrolières et gazières, profitant de la situation créée par la disparition de l'URSS. Malgré les pressions exercées discrètement par Moscou, les troupes américaines pourront se déployer dans les Etats de la CEI en Asie centrale.

 

Comme lors de la guerre contre l'Irak il y a dix ans, l'objectif des USA est de s'implanter durablement dans la zone, d'écraser sous leur botte les peuples de la région (ce qui implique peut-être aussi de nouvelles frappes contre l'Irak en plus de celles programmées contre l'Afghanistan). Déjà, instruits par l'expérience irakienne, près d'un million d'Afghans seraient sur les routes de l'exil. La catastrophe (entassement dans des camps, famine) qui se prépare ainsi est déjà un premier résultat de l'intervention impérialiste.

 

Au-delà, au travers de la "guerre contre le terrorisme", l'impérialisme US entend renforcer sa suprématie sur l'ensemble des grandes puissances capitalistes, obtenir d'elles une coopération renforcée sur tous les plans.

Profitant de la situation créée par les attentats, le gouvernement américain a également fait adopter par le Congrès des lois de renforcement des pouvoirs du président et du FBI. Les capitalistes américains ont eux aussi cyniquement sauté sur l'occasion pour procéder à des licenciements massifs, 100 000 dans le secteur du transport aérien, licenciements rendus nécessaires par la récession économique (qui s'annonçait déjà avant les attentats), mais d'une ampleur inimaginable sans l'atmosphère de peur et d'union sacrée créée sur le territoire américain. Ajoutons que les capitalistes américains vont bénéficier d'une manne financière de plusieurs dizaines de milliards de dollars versés par l'Etat.

 

Autre bénéficiaire immédiat des attentats: l'Etat d'Israël, qui a pu en toute quiétude multiplier les opérations militaires et les tueries dans les ghettos sous contrôle formel de l'OLP, et exiger et obtenir d'Arafat qu'il prenne de nouveaux engagements à faire cesser la résistance du peuple palestinien contre l'Etat d'Israël. Le même Arafat, qui en 1991 avait soutenu l'Irak, contre l'intervention impérialiste, soutient l'impérialisme américain dans sa prétendue "guerre contre le terrorisme".


Le gouvernement Jospin-Gayssot-Cochet-Schwartzenberg, Chirac, s'alignent


Dès la mise en branle du dispositif du gouvernement Bush junior, Chirac annonçait, sur CNN, son soutien à l'impérialisme américain. De son côté, Jospin affirmait le 23 septembre que "la France":

"prendra toute sa part dans ce combat déterminé contre le terrorisme (…) y compris par des moyens militaires".

 

L'ensemble des membres de l'OTAN se sont engagés aux côtés de l'impérialisme américain, pour autant que ce dernier veuille les emmener dans ses opérations militaires autrement que comme bailleurs de fonds et soutiens politiques. C'est pourquoi Jospin réclamait aussi:

"La solidarité avec nos alliés a pour corollaire la concertation (…) une coordination internationale".

En fait, ce que veut le gouvernement de la "gauche plurielle", tout comme Chirac, c'est obtenir un peu plus qu'un strapontin pour la France dans l'opération.

En attendant, le gouvernement de la "gauche plurielle" ne reste pas inactif. Bien qu'il n'ait pas procédé jusqu'ici à de nouveaux déploiements de troupes, celles stationnant déjà sur place peuvent intervenir à tout moment en cas de besoin. En France, il a mis en place le plan "vigipirate renforcé", plan de renforcement de la présence policière et militaire, avec son cortège de contrôles au faciès, et en arrière-plan la restriction des libertés démocratiques. Les arrestations se multiplient, ici comme partout en Europe.

 

Dans le même temps, le gouvernement a repris à son compte une formulation lancée par un dirigeant du PS, J-M.Ayrault, qui a appelé au "patriotisme économique", en d'autres termes à l'arrêt de toute critique et a fortiori de tout combat contre le gouvernement de la "gauche plurielle" et en particulier de son budget anti-ouvrier qui sera présenté durant l'automne à l'Assemblée nationale.


La responsabilité du PS, du PCF, des dirigeants CGT, FO, FSU, UNEF, c'est de se prononcer:
 Inconditionnellement contre l'intervention militaire impérialiste


Les dirigeants du mouvement ouvrier officiel se sont d'emblée alignés sur l'impérialisme français. Le PS et le PCF se sont reconnus dans la formule lancée par Robert Hue, réclamant une minute de silence le 13 septembre en soutien au peuple américain "et aux dirigeants qu'ils se sont donnés". Le même a essayé d'imposer la même minute (non sans résistances et sifflets) à ses militants lors de la fête de l'Humanité.

 

A cette occasion, Hue jouait les Rambo:

" Je le répète : il convient d'éradiquer le terrorisme. Cela suppose, d'abord, d'en arracher les germes partout ils sont repérés. C'est la responsabilité de tous les Etats, sans aucune exception, qui accueillent sur leur sol des individus ou des groupes se réclamant du terrorisme, ou le justifiant."

 

Même son de cloche du côté de la direction de la CGT, dans un communiqué du 13 septembre, jugeant "légitime"

"sa détermination à rechercher, poursuivre et condamner ceux qui ont accompli cet acte ignominieux, ceux qui l'ont commandité, ou ceux qui, en ayant eu connaissance, l'ont soutenu ou l'ont toléré."

 

Avec la Cfdt, la Cgt, la Cftc, la Cgc, l'Unsa, la direction CGT a appelé les travailleurs à respecter les minutes de silence initiées par Bush junior et relayées par les gouvernements de l'Union européenne qui s'inscrivaient dans le dispositif politique préparant l'intervention militaire.


 

Au contraire, il faut exiger du PS, du PCF, des dirigeants des confédération et fédérations qu'ils se prononcent:

Inconditionnellement contre l'intervention militaire impérialiste

contre l'Afghanistan et les peuples d'Asie centrale et du Moyen-Orient

 

Pour le retrait inconditionnel et immédiat de toutes les troupes impérialistes

du Moyen-Orient et d'Asie centrale,

 

Le PS et le PCF ont une majorité à l'Assemblée nationale. Ils doivent décider:

le retrait immédiat des troupes françaises du Moyen-Orient

 

Les dirigeants syndicaux CGT, FO, FSU, UNEF, ont la responsabilité d'appeler à une manifestation massive:

Contre l'intervention impérialiste contre l'Afghanistan et les peuples d'Asie centrale et du Moyen-Orient

Pour le retrait inconditionnel des troupes impérialistes de la région, et d'abord des troupes françaises

 

*                                  *                                  *


La situation ouverte par les attentats contre la population de New York, les préparatifs de guerre impérialiste, la récession économique mondiale qui s'annonce ("2002: la pire année depuis la guerre", selon L'Expansion) et dont les attentats ne sont pas la cause soulignent une nouvelle fois: le régime capitaliste n'a pas d'avenir sinon une succession plus ou moins rapide de crises, de guerres, toujours plus d'exploitation et de misère, la marche à la barbarie. L'alternative est le combat pour le socialisme, et pour cela de construire le parti ouvrier révolutionnaire et l'internationale ouvrière révolutionnaire.

Tel est l'objectif des militants de notre Cercle.


 

Le 28 septembre 2001

 

 

 

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