Article
paru dans Combattre pour le Socialisme n°3 (85) de mars 2001
Les étudiants face à la casse progressive des universités
et de leurs organisations
syndicales Enseignement supérieur public :
LE
GOUVERNEMENT J
OSPIN-GAYSSOT-VOYNET-SCHWARTZENBERG CHERCHE A
LIQUIDER LES DIPLOMES NATIONAUX, LE DROIT AUX ETUDES, L’ACCES AU SAVOIR ET A LA
CULTURE
Depuis
le début du mois de mars, les étudiants de plusieurs villes (notamment
Montpellier et Metz, mais aussi Nantes, Nîmes, Toulouse et Bordeaux) sont
entrées en grève pour exprimer leur rejet des conditions d’études qui règnent
dans leurs universités. C’est en effetExemple: à une
situation inadmissible que sont confrontés ces étudiants : selon
des estimations reconnues par le ministère de l’Education Nationale lui-même,
la seule université Paul Valéry (Montpellier III, lettres et sciences humaines)
aurait besoin de 30000m² de locaux supplémentaires, ainsi que de 400 créations
de postes (250 enseignants-chercheurs et 150 personnels IATOS) pour accueillir
ses étudiants dans des conditions décentes. Qui plus est, Montpellier
III est confronté à une carence budgétaire immédiate de 5 millions de francs,
ce qui impliquerait de supprimer la session de septembre, de suspendre certains
cours et enfin d’opérer une coupe franche de 20% sur le budget de toutes les
UFR !
Le 13 mars, les étudiants de Metz sont montés à
Paris pour exprimer leurs revendications immédiates : 60 millions pour
leur université. Les étudiants de Montpellier, quant à eux, se
sont adressés aux dirigeants nationaux des syndicats étudiants (UNEF-ID et
UNEF-se) pour leur demander d’organiser la grève générale des étudiants. Le 13 mars, les étudiants
de Metz sont montés à Paris pour exprimer leurs revendications
immédiates : 60 millions pour leur université. Sur plusieurs
universités, des Assemblées Générales ont été ou sont convoquées. Face à cette
situation, le gouvernement a décidé d’accorder quelques, le 16
mars, une rallonges budgétaires symbolique de 18 millions
de francs à l’université de Metz. Il faut le dire : si le
gouvernement agit ainsi, c’est par crainte de voir s’engager un mouvement
national dans la jeunesse étudiante – un mouvement qui, nécessairement, se
heurterait de front à sa politique, à commencer par le rejet des
orientations du budget 2001.
Le budget 2001 organise l'asphyxie des universités
publiques E BUDGET 2001 ORGANISE L’ASPHYXIE DES UNIVERSITES
PUBLIQUES
La situation budgétaire de Montpellier III, celle de
Metz ne sont pas des cas isolés : elles expriment, de façon extrême, ce
que sont les conséquences de la politique budgétaire du gouvernement. Le budget
de l’enseignement supérieur pour l’année 2001, compte tenu des besoins immenses
des universités, est dérisoire : le nombre total de postes d’enseignants
supplémentaires créés dans le cadre de ce budget (300 maîtres de conférence et
253 ATER) représente à peine plus du double de ceux qui seraient nécessaires à
la seule université Paul Valéry ! Or, selon une déclaration de M. Hérin,
secrétaire national du SNESup, au Monde
de l’éducation de mars 2001, c’est 12000 postes d’enseignants-chercheurs
qui manquent pour assurer le bon fonctionnement de l’enseignement supérieur
public au niveau national.
Les
carences budgétaires, la vétusté des locaux, le manque de personnels qui
affectent toute une fraction des sites universitaires – à commencer par ceux
qui ne sont pas jugés " rentables " par le patronat – sont
le produit d’une politique d’asphyxie budgétaire de longue date des
universités. C’est la France qui présente le rapport étudiants / professeurs
le plus élevé, donc le taux d’encadrement le plus faible, des pays de l’Union
Européenne.
Sur les 64500 enseignants du
supérieur qui sont sous la charge du ministère de l’Education Nationale, 13500
sont des titulaires du CAPES ou de l’Agrégation qui ont donc vocation à
enseigner dans les lycées et collèges (ces derniers
établissements, eux aussi, ayant largement besoin d’être pourvus en
enseignants).
La situation, en terme d’espace et de locaux, n’est
pas meilleure : elle peut être illustrée par le fait qu’au cours des
années 1999 et 2000, plusieurs bâtiments (comme une bibliothèque à Lyon III, ou
le site de l’INALCO à Paris) sont partis en fumée. Les besoins en locaux,
partout en France, sont critiques : dès l’été 2000, les universités
d’Ile-de-France avaient annoncé publiquement qu’elles ne pourraient pas valider
toutes les demandes d’inscription des bacheliers – un fait sans précédent dans
l’histoire des universités publiques. Or, c’est en se justifiant de la
" stagnation " des effectifs étudiants depuis 5 ans –
" stagnation " dont la politique du gouvernement est
largement responsable – que Lang, au compte du gouvernement, justifie son
budget. Ainsi, le Monde de l’éducation de
mars 2001 rapportait :
" D’après Bercy, le simple maintien
des moyens constitue déjà un effort incontestable de la part de
l’Etat ".
On ne peut être plus clair : face aux besoins
criants des universités, le gouvernement gèle délibérément l’enveloppe
budgétaire qui leur est accordée. Mais encore, il faut préciser qu’une part
considérable du budget est utilisée pour appliquer les
" réformes " de liquidation de l’enseignement supérieur
public, comme le plan " 3-5-8 " ou le plan U3M.
LE PLAN
" 3-5-8 " : " Professionnalisation"
des études et destruction des diplômes nationaux PROFESSIONNALISATION "
DES ETUDES ET DESTRUCTION DES DIPLOMES NATIONAUX
En application du plan
" 3-5-8 ", inspiré du rapport Attali, de nombreuses
filières " professionnalisées" " ont
été créées à la rentrée 2000 : en particulier, 195 " licences
professionnelles " sont entrées en
application, rassemblant 4600 étudiants. Il faut rappeler les dispositions
générales qui caractérisent ces " diplômes "-bidon patronaux : plus
de la moitié de l’année d’études est assurée en entreprise ; 50% des
enseignements sont assurés par des "professionnels "
et non par des professeurs qualifiés ; 50% du jury d’examens est également
composé de "professionnels ", incluant des patrons, et une note
de stage inférieure à 12/20 est éliminatoire ; enfin, aucun droit
systématique à la poursuite d’études n’est garanti par l’obtention de ce " diplôme ",
au comme
c’est le cas pour lescontraire des licences classiques.
Par
ailleurs, avec l’agrément et les encouragements du ministère, les conseils des
universités ont procédé à la multiplication de formations
"professionnalisées " aux niveaux bac+4 (" maîtrises
professionnalisantes ") et surtout bac+5: il existe ainsi à ce jour
près de 1400 " diplômes " de type DESS (dont 312 créés à la
rentrée 2000). L’ensemble des diplômes de niveau bac+5, rassemblés sous le nom
de " mastaires " depuis la publication d’un arrêté
d’Allègre, en 1999, est progressivement
" revu " de façon à ce que ces diplômes ne présentent plus
qu’un caractère local, directement lié aux exigences
" professionnelles " des patrons locaux. Les écoles
d’ingénieurs sont ainsi invitées à " revoir leurs contenus
pédagogiques " - comme ça a été le cas dans les deux
nouveaux " pôles " d’architecture d’Ile-de-France, dès
la rentrée.
Les objectifs du gouvernement, avec cette politique,
sont simples : il s’agit de généraliser
l’ " apprentissage ", les stages-bidon, d’adapter
totalement l’enseignement supérieur public aux exigences conjoncturelles du
patronat. Le nombre d’étudiants-apprentis avait déjà, selon le journal patronal
Les Echos du 9/10/2000, dépassé la
barre des 50000 en 1999. Pour les capitalistes, l’aubaine est tellement
significative qu’on constate, a contrario, une diminution des contrats
d’apprentissage au niveau CAP-BEP (-0,8% en 99-2000). Dans ce processus, c’est
l’ensemble des diplômes nationaux reconnus, les DUT et BTS, les licences
classiques, les diplômes d’ingénieurs, qui sont progressivement liquidés au
profit de " licences " patronales et de
" mastaires " qui n’ont aucune validité réelle, une fois
sorti du cadre professionnel immédiat où l’étudiant a été formé. C’est la
destruction des programmes et des diplômes nationaux, la " grande
braderie " et l’expulsion massive des étudiants hors des facs, au
profit des capitalistes.
A cet égard, il faut souligner l'importance de la
loi de "validation des acquis professionnels" adoptée par le parlement en
janvier. Cette
loi élève
l'expérience professionnelle, validée par les patrons eux-même, au rang de
diplôme ou de "certification", et permet à cette "expérience
professionnelle" (un certificat d'exploitation en somme) de faire
(majeure) partie de tout diplôme. Voilà les exploiteurs promus formateurs. Le message et les
conséquences sont: la formation doit servir l'exploitation.
Une privatisation "rampante" des
universités NE PRIVATISATION " RAMPANTE "
DES UNIVERSITES
Il existe encore une conséquence de la politique
budgétaire du gouvernement : c’est le développement de liens de plus en
plus étroits entre les sites universitaire et les " collectivités
locales " - c’est-à-dire les conseils régionaux et les municipalité,
mais aussi les patrons. C’est ce qu’indique le Monde de l’éducation de février 2001 :
" Les universités ont (…) intérêt à trouver des
ressources complémentaires à travers la taxe d’apprentissage versée par les
entreprises, la formation continue et les prestations de services ".
Les Echos du 9/10/2000
précisent encore:
" Selon Laurent Hua, qui dirige
l’ESME Sudria (…) l’apprentissage a généré une hausse de 25% à 30% des ressources
des écoles de commerce. Sans compter les aides des conseils
régionaux ".
La
" loi sur l’innovation " de juillet 99 permet aux
universités et aux autres sites d’enseignement supérieur d’encaisser des fonds
en provenance des entreprises au travers de " prestations de
services " diverses : détachement d’enseignants et de chercheurs
au compte d’organismes privés, mise à disposition du matériel des universités,
voire création d’ " entreprises " universitaires.
L’application de ces mesures de privatisation est
planifiée, pour toutes les universités, au travers du plan
" U3M ", dans le cadre des " contrats de plan
Etat-région " pour 2000-2006 : selon les axes d’" U3M ",
les universités sont " restructurées "
pour constituer des " pôles
d’excellence ", mettre en " réseau "
les " compétences "
fournies par les grandes écoles et les sites de recherche, constituer des " plates-formes
technologiques " à la disposition des patrons… et laisser la
masse des étudiants, ceux qui n’intéressent pas directement les entreprises,
s’entasser dans des universités " poubelles ", sans moyens
et déqualifiées.
Le
mode de financement de ce plan est d’ailleurs éloquent : sur les 50 milliards
que nécessitent son application en 6 ans, seuls 17,2 milliards sont couverts
par l’Etat (dont 7,5
pour le désamiantage de Jussieu) et le reste est fixé localement. Les
" grands travaux " de rénovation des locaux universitaires,
annoncés par le gouvernement pour camoufler son offensive, sont extrêmement
sélectifs : 7,5 milliards sont consacrés au
" désamiantage " (symbolique et démagogique) de Jussieu, à
la rénovation du Museum et à celle du musée du quai Branly ; toutes les
autres universités se partagent 2,7 milliards sur 6 ans, une somme dérisoire à
l’échelle nationale. Par contre, 40 milliards sont consacrés aux
" contrats de plan Etat-régions " (CPER) qui organisent la
" restructuration " des facs – avec un " effort
particulier " en Ile-de-France, où la réorganisation des sites se
fait au détriment de l’immense majorité des étudiants, au profit de quelques
" pôles d’excellence " ( " Sorbonne du troisième millénaire ", grandes écoles… ).
Le Monde de
l’éducation de mars 2001 a rendu compte de lla
constitution d’un de ces " pôles
d’excellence " à Nancy : le pôle " Artem " en construction, rassemblant l’Ecole
des mines , une école de commerce (ICN) et l’Ecole Nationale Supérieure d’Art
(ENSA), pour que
" les grandes entreprises qui, par exemple,
cherchent en même temps un spécialiste des systèmes d’information, un
contrôleur de gestion et un infographiste (aient) ainsi tout sous la
main ".
Le coût de l’opération est
évalué entre 500 et 600 millions de francs – près de 10 fois ce que réclament
les étudiants de Metz, 120 fois le déficit de Montpellier III ! Mais pour
ses " pôles
d’excellence ", la bourgeoisie ne compte pas : " 220 millions de francs ont déjà
été débloqués dans le cadre du contrat de plan Etat-région signé voilà un
an ". L’ICN reçoit déjà à elle seule 25 millions de subventions
par an pour 1500 étudiants, quand toute l’université de Nancy II est créditée
de 18 millions pour 20 000 étudiants. Les frais d’inscription au pôle " Artem " se
chiffreront enfin en dizaines de milliers de francs par an (30 000frs/an à
l’ICN)… A Paris, dès la rentrée, c’est un regroupement des écoles
d’architecture en deux autres " pôles
d’excellence " (l’un au sein du pôle " Val de Seine ", l’autre à " Paris-Malaquais ")
qui a été effectué dans des termes similaires. Ces exemples constituent une
expression claire de ce que sont les objectifs du gouvernement, celui des
patrons au travers du plan U3M.
La "réforme" des IUFM: "il faut que les futurs
enseignants aussi aient droit aux stages" A " REFORME " DES IUFM :
DANS LA LIGNEE DES " PLANS PLURIANNUELS DE RECRUTEMENT "
Pour compléter le tableau,
il faut y ajouter un autre élément important : l’annonce faite par J.
Lang, au début du mois de mars, des axes de la " réforme "
des IUFM qui doit s’appliquer à la rentrée 2002. De quoi s’agit-il en
effet? De privilégier la " professionnalisation " des élèves-enseignants,
au détriment de leur préparation sur la base d’un programme et de connaissances
strictement établis. Lang
a affirmé en
présentant cette "réforme" qu'il s'agissait de "permettre aux enseignants d'articuler
harmonieusement formation disciplinaire et formation professionnelle".
Cqfd: la formation disciplinaire des futurs enseignants n'est pas considérée comme
formation professionnelle!
Il s'agit avec cette "réforme" de faire
passer les licences traditionnelles à la moulinette de la
"professionnalisation". Lang
ne le cache pas:
" ces futurs professeurs ne se voient proposer
aucune approche, si modeste soit-elle, de leur futur métier, alors que nombre
de leurs camarades, qui se destinent à d'autres professions , commencent à
suivre des stages. "
Au programme: création de licences "pluridisciplinaires"
agrémentées de stages ("Si l'étudiant n'effectue pas ce stage en
licence, il sera tenu de le faire l'année de préparation du concours" Lang),
ainsi que de certificats en langue étrangère obligatoires pour présenter le concours de professeur des
écoles; licences professionnelles à l'initiative de
l'Etat-patron ("des licences adaptées pouvant tenir compte du
précédent des licences professionnelles, dispositif qui se complètera par un
système de validation d'acquis de l'expérience.") pour les futurs profs de lycée
professionnel.
A noter encore: l'évaluation du "stage"
serait intégrée dans le concours de professeur des écoles, pour commencer, ce serait même l'objet
essentiel de l'oral.
Un stage de
" présélection " serait ainsi proposé aux étudiants dès la
licence, et l’obtention d’un certificat en langue étrangère (CLES),
deviendrait obligatoire – prélude à la réduction au minimum des postes aux
concours en langues. La formation des étudiants en IUFM serait par
ailleurs " allégée " en volume horaire et laisserait une
plus grande place à l’enseignement des " problèmes
pédagogiques " (comme le traitement de la violence ou
l’ " éducation citoyenne ") ; la durée des stages
serait augmentée et leur évaluation pèserait davantage sur la sélection des
enseignants. Mais surtout, il s’agirait pour le ministre de
favoriser la " formation continue " de tous les jeunes
enseignants après leur
entrée dans les établissements scolaires, sur une période de trois ans.
Lang affirme haut et fort qu’ils ne veut pas toucher
aux concours nationaux : la vérité est que de toutes façons, l’objectif du
gouvernement est de détruire le statut et les qualifications des enseignants,
de les former et de les sélectionner " sur le tas ", de les
transformer progressivement en personnels déconcentrés et polyvalents, voire en
éducateurs sociaux. Il suffit pour s’en convaincre de constater ce qui
s’applique aujourd’hui dans la fonction publique au nom de la " résorption de la
précarité " (protocole Sapin) ou de l’organisation des " plans pluriannuels de
recrutement " : " titularisation " par
la bande des employés précaires ; " déconcentration "
programmée du recrutement. Quand on sait que depuis 1996, les postes créés pour
le CAPES et l’agrégation ont chuté de près de 40%, on comprend ce qu’il en est
des " bonnes paroles " du gouvernement.
Le journal Les Echos, principalement destiné à
la bourgeoisie et à ses " cadres ", ne s’encombre
d’ailleurs pas des précautions du gouvernement et de ses sbires et affirme tout
net : "L’enjeu
est de parvenir à recruter sans créer d’ " effet
d’éviction " sur le reste de l’ économie " (édition
du 2/3/2001). C’est bien l’objectif immédiat de la politique du gouvernement:
il est hors de question, pour lui, de procéder à un recrutement massif, en
prévision des dizaines de milliers de départs en retraite dans la fonction
publique, sans organiser avant cela la bousille des statuts et des
salaires ; pour la bourgeoisie, il n’est pas question de laisser l’Etat s’approprier
une part conséquente de la " manne " des jeunes diplômés
(plus de 20% si le recrutement des fonctionnaires s’opérait par concours).
De là procède le
matraquage, très en vogue, sur le " désintérêt " de la
jeunesse pour le métier d’enseignant, " désintérêt " qui
mettrait à l’ordre du jour de nouvelles formes de recrutement : ce
" désintérêt " procède d’abord et avant tout du dénigrement
des enseignants, de la dégradation continue de leurs conditions de travail, de
la restriction au maximum des postes créés dans le cadre des concours, de la
démultiplication des emplois précaires (emplois-jeunes, vacataires, etc), enfin
de la dégradation générale de la vie dans les quartiers populaires qui heurte
les établissements publics de plein fouet et contraint les enseignants à
endosser le rôle d’assistants sociaux, voire de flics, au détriment de leur
rôle d’enseignement : c’est pour exacerber cette situation, pour
l’exploiter à son compte, pour faire de la précarité la règle dans
l’enseignement, mais aussi pour pousser les " jeunes
diplômés " les plus brillants dans les bras des patrons, à moindre
coût, que le gouvernement prépare sa " réforme " des IUFM.
LA LMe rapport du commissariat au plan: marche à la liquidation des aides
sociales étudiantes ARCHE A LA LIQUIDATION DES AIDES SOCIALES
ETUDIANTES
L’année universitaire 2000-2001 est également
la dernière année d’application du " Plan Social Etudiant ", déjà analysé dans CPS : en tout, 12000
" allocations d’études " sans critères nationaux, ainsi que
plusieurs centaines de " bourses au mérite " (sur critères
pédagogiques) ont été créées. Il s’agit d’avancées significatives vers la
destruction du système des bourses sur critères sociaux, vers l’institution de
la " charité chrétienne ", de l’arbitraire et du tri
" sur le volet " des étudiants – contre le droit aux études
de toute une fraction de la jeunesse. Mais Iil s’agit maintenant d’ores et
déjà, pour le gouvernement, de franchir
un saut qualitatif et d’aller jusqu’au bout dans ce sens.
Un rapport du Commissariat Général du Plan sur " les jeunes et la politique
publique " , commandé dès 1998 par Jospin et rendu public à la fin
du mois de février, propose ainsi d’instituer en lieu et place des bourses sur
critères sociaux, de l’ALS et des aides aux parents (demi-part fiscale,
allocations familiales…) une allocation unique et
" universelle " d’un montant situé entre 1200 et 1700 frs
par mois. Cette allocation serait assortie d’un " capital formation " de vingt ans, attribué à
chaque jeune à compter de son entrée dans le système scolaire, et d’un " droit à l’expérience
professionnelle " - en pratique, l’obligation pour tout jeune
d’inclure au moins un stage de longue durée à sa formation.
Aucune référence directe à la scolarité obligatoire
n’est faite pour instituer ce " capital " :
par contre, le rapport du Plan indique que la fraction de ces vingt années qui
n’aurait pas été " consommée "
dans le cadre de la scolarité pourrait " être
mobilisée ultérieurement pour suivre une formation ou reprendre des
études, à l’initiative du titulaire du droit" et que l’exercice d’une
activité professionnelle permettrait de " réalimenter "
les droits – mais cette fois dans le cadre de la formation continue.
Les conséquences de
l’application de ces mesures sautent aux yeux : elles impliquent la
subordination totale des études et des aides accordées aux étudiants à un
" projet professionnel ", l’obligation de se faire
exploiter gratuitement sous prétexte de " formation ", le
rationnement du droit aux études en fonction des exigences
" professionnelles " des patrons. C’est ni plus ni moins
que le corollaire du PARE à l’université.
Les dirigeants de l’UNEF-ID, l’ont bien compris : pour
se disculper, et pour
semer le désarroi dans la jeunesse étudiante, ils font signer un
appel intitulé " Le Medef en a
rêvé, le rapport l’a proposé " appelet adressé à…
Matignon. Mais cCela qui n’empêche
pas Carine Seiler, présidente du syndicat, de déclarer que ce rapport
" a le mérite de
poser le débat sous un angle intéressant, en disant qu’il faut privilégier
l’aide aux jeunes plutôt qu’aux familles " (L’Humanité des 3 et 4
mars 2001).
C’est que le rapport du Plan
doit servir de base à une " concertation " nationale
engagée au mois de décembre, après une opération politique du groupe PCF (voir
à ce sujet l’éditorial de CPS n°84). Une " commission nationale
d’expertise " a été constituée, et c’est Jospin lui-même qui doit " rendre ses conclusions lors de
la prochaine conférence nationale de la famille, en juin " (La Tribune du 13/12/2000).
Or, Lles dirigeants
de l’UNEF-ID, ceux du " Bureau national " de l’UNEF-se
participent à ce processus. Au contraire, ils doivent exiger le rejet total
de ce rapport et boycotter toute concertation à son sujet.
Les dirigeants syndicaux jusqu'au cou dans la
participation
Il faut le dire : si le gouvernement est aujourd’hui
en mesure de faire passer toute sa politique à l’université, c’est en bonne
partie du fait que les dirigeants des organisations syndicales étudiantes, et
particulièrement ceux de l’UNEF-ID, participent systématiquement à la mise en
place de cette politique. Ceci est d’autant plus vrai que, depuis le dernier
remaniement ministériel, le principal dirigeant de la Gauche Socialiste au sein
du PS, Jean-Luc Mélenchon est devenu ministre délégué à la formation
professionnelle aux côtés de J. Lang. Or, ce courant du PS est aussi celui qui
rassemble les dirigeants majoritaires de l’UNEF-ID. L’homme qui, au compte du
gouvernement, est responsable de l’application des licences professionnelles,
l’agent de liaison du gouvernement avec le patronat, avec le MEDEF, celui qui
coordonne avec le patronat la destruction de l'enseignement public est
également celui qui dicte sa politique aux dirigeants du premier syndicat
étudiant !
Depuis 1995, l’ensemble des
" réformes " de destruction des universités passent exclusivement
par la participation : par les réunions de
" concertation " entre syndicats et représentants du
gouvernement, par le CNESER, par les conseils des universités (conseils
d’administration, conseils d’UFR et autres) qui organisent l’application fac par
fac de la politique gouvernementale. C’est ainsi qu’a été appliquée la
" réforme " Bayrou, et que s’appliquent aujourd’hui les
mesures du plan " 3-5-8 ", en particulier les
" licences professionnelles ".
Le rôle des syndicats est donc central dans ce dispositif:
leur participation forme un obstacle central au combat unifié contre le
gouvernement et sa politique.
L’orientation
qui est défendue ouvertement par les dirigeants de l’UNEF-ID est celle de la
participation systématique à la mise en place des mesures
gouvernementales : ils ont systématiquement poussé à la roue, partout où
ils étaient présents, pour que soit appliquée fac par fac la
" réforme " Bayrou en 1997 et 1998, ouvrant la voie à la
destruction complète des formations nationales ; ils se sont abstenus au
CNESER, en 1999-2000, sur l’institution des licences professionnelles et
participent au " comité de suivi " sur ces
" licences ", aux côtés de représentants des patrons, du
MEDEF, alors même que ce comité n’a pour seul but que de coordonner
l’application de ces " licences ": au sein des CROUS
ils appliquent l’ " Allocation d’études
individualisée " et le " Plan Social
Etudiant " ; ils bataillent tant qu’ils le peuvent pour siéger
au sein des organismes de mise en place du plan U3M.
LA " Refondation du mouvement
étudiantEFONDATION DU MOUVEMENT ETUDIANT " :
une mystification
totale UNE MYSTIFICATION TOTALE
L’UNEF-ID, principale organisation syndicale
étudiante, est en conséquence de plus en plus cadavérique et réduite à un club
d’ " élus ", de
petits bureaucrates administratifs sans tradition syndicale et sans liens réels
avec la masse des étudiants, regroupés autour des militants de la
" Gauche Socialiste " et autres courants du PS qui
appliquent directement les consignes du gouvernement.
Depuis des années, les dirigeants du syndicat
procèdent à la " normalisation " des sections syndicales au
compte du gouvernement : de nombreux opposants ont été exclus ou ont claqué
la porte. Officiellement, l’UNEF-ID ne regroupe désormais plus qu’une dizaine
de milliers d’étudiants – moins de 0,5% du total des jeunes inscrits dans
l’enseignement supérieur ! Une partie de ses sections locales (A.G.E.) est
enfin exclusivement structurée par les élections, sans aucun militant au sens
strict du terme.
C’est à partir de cette situation qu’il faut
considérer la perspective de " refondation
du mouvement étudiant ", substituée à la perspective frauduleuse
de " réunification de
l’UNEF " adoptée par les congrès de l’UNEF-se et de l’UNEF-ID, en
1999. Le processus de " refondation "
a été relancé après les élections aux CROUS d’avril 2000, où l’UNEF-se a perdu
son dernier représentant national : dans cette situation favorable aux
dirigeants de l’UNEF-ID, il s’agit d’abord d’absorber l’UNEF-se en pleine
décomposition.
D’autre part, ce processus vise à l’intégration au
syndicat d’éléments qui lui sont foncièrement étrangers, des corpos.
C'est la participation aux conseils d'universités
qui est le levain de ce processus. Les " rencontres nationales des
élus étudiants " de mai 2000, qui ont adopté un " manifeste pour une révolution pédagogique " de couverture totale de la politique
gouvernementale comme son nom l'indique assumé depuis par l’UNEF-ID,
sans qu’un congrès syndical ait eu lieu, constituent une illustration très
nette de ce processus.
La contribution des militants de la
" majorité nationale " de l’UNEF-ID (essentiellement
composée des militants de la Gauche Socialiste) au débat national sur la " refondation " se
permet même carrément des affirmations qui ne peuvent que faire frémir tout
militant un tant soit peu lié au mouvement ouvrier : " alors qu’on parle de " refondation
sociale ", nous voulons nous aussi écrire une page, notre page " !
Aujourd’hui, le processus de " refondation " est
laissé en suspens (voir plus loin). Cependant, appuyé sur les coups d’ores et
déjà portés au syndicalisme étudiant, les militants de la Gauche
Socialiste, et autres courants du PS, leurs " élus "
ont pour le moins largement œuvré à la liquéfaction de l’UNEF-ID : le
prochain congrès de ce syndicat, prévu pour le mois de mai, pourrait marquer
une nouvelle étape dans ce processus.
L’UNEF-se à l'article de la mortA LA DERIVE
En
perspective de ce congrès, la direction nationale de l'UNEF-se, ou du moins ce
qu'il en reste, vient de lancer une nouvelle manœuvre pour pousser à la destruction du syndicalisme
étudiant: elle veut tenir une Assemblée générale de … dissolution pure et
simple de l'UNEF-se.
Le 80ème congrès de ce syndicat, tenu à
Orsay les 11 et 12 novembre 2000, avait marqué une étape significative dans la
décomposition de cette organisation. Préparé de manière scandaleuse – les
débats au sein des sections locales ont été étouffés au travers de
" questionnaires " adressés aux adhérents ; des
centaines de voix d’ " adhérents " fantômes et de
nombreux " délégués " bidon ont été utilisés par les
militants du PCF, à la tête du syndicat – ce " congrès "
n’avait en fait qu’un seul but : entériner l’absorption pure et simple de
l’UNEF-se dans l’UNEF-ID, sur l’orientation développée par les dirigeants de
l’UNEF-ID, dans la perspective d’un pseudo-" congrès
de refondation " en décembre.
Cependant, la direction de l’UNEF-se, sa présidente
K. Delpas en tête, se sont heurtés à la résistance d’une majorité de sections
locales (AGE) qui refusent d’être purement et simplement
" avalés " par l’UNEF-ID.
Le
processus de " refondation ",
suite à l’échec de ce " 80ème congrès ", est
aujourd’hui revenu au point mort : en décembre, en lieu et place du " congrès de
rassemblement " annoncé, se sont tenus des " Etats généraux étudiants " sans portée
réelle.
Mais l’UNEF-se est sortie comme démembrée de son
dernier congrès: en effet, la " direction nationale ",
quand bien même elle a été désavouée par la majorité de ses AGE, n’a pas été
remplacée et n'est plus reconnue par de nombreuses AGE dont beaucoup vivent
leur propre vie de manière autonome, voire indépendante. Le caractère
d'organisation de l'UNEF-se est de plus en plus théorique. Pour les étudiants,
cela constitue un obstacle supplémentaire à l’expression unifiée, nationale de
leurs revendications.
Il
faut encore préciser : la crise de l’UNEF-se, sa
" décapitation " actuelle, procèdent de la politique qui
est impulsée par le PCF au compte du gouvernement. Ce sont en effet les
militants du PCF, les derniers lambeaux de l’ " Union des
Etudiants Communistes " (UEC) qui tiennent la direction du syndicat.
C’est parce que le PCF est à la dérive, contraint de s’inféoder toujours plus
au PS et à la " gauche plurielle " pour conserver un
semblant d’existence électorale, dépendant même financièrement du PS et du
gouvernement, qu’il organise la bousille du syndicalisme étudiant de concert
avec les militants du PS dans la jeunesse. La proposition faite par le groupe
PCF de créer une " allocation d’autonomie pour les jeunes "
qui a fait le lit du rapport du Plan, au cours du mois de décembre, constitue
une expression claire et nette de cette orientation. La dérive accélérée du PCF
depuis son 30ème congrès, marquée par l’opposition, la sécession ou le départ
pur et simple d’une partie de ses militants, la catastrophe qu’ont représenté
pour ce parti les dernières élections municipales ne peuvent que le pousser
encore davantage à intégrer ses militants à l’appareil de l’UNEF-ID, même avec
pertes et fracas. Et une telle situation ne peut que jouer dans le sens d’une
dislocation catastrophique du syndicalisme étudiant.
Les groupes gauchistes décomposés Lcomplètent
le travail des petits bureaucrates étudiants
A l’offensive des bureaucrates au service du
gouvernement, celle des militants du PS, du PCF et de leurs
" alliés " de la " gauche plurielle ",
il faut ajouter celle des diverses organisations et des divers groupes
"gauchistes". En marge des combines nationales des
" grands " bureaucrates, chacun de ces groupes cherche en
effet à récupérer ce qu’il peut à son propre compte, en construisant sa petite
chapelle. Les " syndicats étudiants " d’envergure locale
poussent ainsi comme des champignons : " Fédération Syndicale
Etudiante " (FSE) récemment créée, implantée sur trois villes
universitaires (Montpellier, Caen, Dijon), Sud étudiants, AGET-ASL de Toulouse,
AGEN (maoïste) de Nanterre, CNT anarchiste… La démultiplication de ces noyaux
syndicaux ou pseudo-syndicaux, tous plus " unitaires " les
uns que les autres et néanmoins disséminés à l’extrême, n’aboutit qu’à
accroître encore davantage la confusion politique des étudiants.
Parmi
la myriade d’organisations gauchistes, il faut surtout considérer la politique
développée par les militants des " JCR-RED ", organisation
de jeunesse de la LCR : en dehors de Lutte
ouvrière qui dédaigne depuis toujours l’intervention politique à
l’université, c’est en effet la LCR qui constitue la principale force politique
se réclamant de la révolution, du trotskisme dans la jeunesse étudiante. Or,
tout comme l’appareil du PCF, en opportunistes béats qu’ils n’ont jamais cessé
d’être, les dirigeants de la LCR ont sauté à pieds joints dans l’entourloupe de
la " refondation "
corporatiste des syndicats étudiants, offrant ainsi aux appareils de l’UNEF-ID
et de l’UNEF-se, leur caution " révolutionnaire ". Ils ont
en effet pris l’initiative d’un appel intitulé " Tous ensemble, réussir l’unification pour refonder le
syndicalisme étudiant " qui rassemble leurs militants de
l’UNEF-ID (tendance " Unité et
Démocratie "), de l’UNEF-se, de Sud étudiants et quelques
représentants des réseaux " Socialisme
Par En Bas ".
Le
collectif " Tous
ensemble ", la LCR ont
toute leur part de responsabilité dans le cadenassage politique des étudiants
et dans l’offensive liquidatrice contre le syndicalisme étudiant: ils se prononcent
ainsi " pour un strict cadrage
des stages " et " pour
des modules d’insertion professionnelle disponibles à chaque niveau
d’études", affirme qu’ " on
ne peut que se réjouir " de l’ " intérêt "
des bureaucrates pour la " révolution
pédagogique ", s’affirme " pour
une allocation d’études universelle et sociale ", se situe donc
sur le terrain d’une participation " offensive " à la
politique du gouvernement (bulletin
du collectif Tous ensemble n°1,
décembre 2000). En pratique, quel que
soit le baratin " radical " dont se parent les militants de
la LCR, cela revient à laisser toute latitude au gouvernement pour qu’il
applique son programme réactionnaire. Cette question, centrale, du
gouvernement, les dirigeants de la LCR l’occultent d’ailleurs complètement en
se situant sur le terrain du combat contre l’ " harmonisation européenne " ou encore " contre la mondialisation
libérale ".
Quelle orientation immédiate à l'Université? UELLE
ORIENTATION IMMEDIATE A L’UNIVERSITE ?
Le mouvement de grève des étudiants, personnels
IATOS et enseignants de Montpellier et Metz contre l’asphyxie budgétaire de
leurs universités ne pourra pas aboutir sans une perspective impliquant
l’enseignement supérieur public au niveau national. Or, comme les
développements faits dans cet article le montrent, le combat en ce sens se
heurte à un obstacle politique immédiat : l’émiettement et la division des
organisations syndicales étudiantes, ainsi que le cadenassage politique des étudiants
par les appareils. S’ajoute à cela un autre problème : l’éclatement de
l’enseignement supérieur public, produit de la politique du gouvernement :
posées en termes uniquement budgétaires, les revendications des étudiants ne
pourraient qu’être détournées, puisqu’elles se résumeraient en pratique à
réclamer de l’argent… pour appliquer les plans U3M et 3-5-8 ! D’autre
part, posées université par université, les revendications des étudiants ne
pourraient qu’être démultipliées à l’infini et aboutir à la confusion la plus
totale.
Cela,
le mouvement pratique des étudiants de Montpellier et Metz l’a déjà montré sous
des formes différentes. Ainsi, le 15/3/2001, une partie des étudiants de Metz,
venus manifester à Paris, ont envahi la Sorbonne… pour exhorter les étudiants
de cette université de rejoindre leur cortège sur la base des seules
revendications de Metz, sous prétexte que les universités parisiennes seraient
" privilégiées " ! Les étudiants de Montpellier III,
quant à eux, se sont prononcés en Assemblée Générale pour la grève générale des
étudiants dans toute la France, mais ils ont été relayés dans ce sens… par la
FSE présente sur trois sites universitaires et quelques AGE
" oppositionnelles " de l’UNEF-se. Enfin, à Nantes, un communiqué
du " CEN-UNEF " déclare que, compte tenu de la
" confusion " du mouvement étudiant, la section nantaise de
l’UNEF-se se prononçait… pour cantonner le mouvement à la défense de l’UFR de
Portugais de Nantes !
Ce
qui est commun à la majorité des étudiants, c’est la revendication : des
profs ! des locaux ! des moyens pour étudier ! Cependant, pour
obtenir satisfaction dans ce sens, les étudiants ne peuvent que se retrouver
confrontés à la politique d’ensemble du gouvernement. Pour permettre aux étudiants
de s’organiser nationalement contre la politique du gouvernement, il est
nécessaire de combattre en direction des dirigeants nationaux de l’UNEF-ID, de
l’UNEF-se, ainsi que des sections syndicales étudiantes dans leur ensemble pour
exiger : boycottez immédiatement les conseils d’université qui appliquent
le budget 2001 et les " réformes " du gouvernement !
Appelez immédiatement à la grève générale des universités ! Pour permettre
au mouvement étudiant de mûrir et de formuler ses revendications de manière
claire, unitaire et nationale, il faut également exiger des dirigeants
syndicaux : convoquez ensemble une conférence nationale des délégués
étudiants élus en assemblées générale, pour la défense du droit aux études.
C’est
ainsi que la voie pourrait être ouverte aux étudiants dans le sens du combat
pour défendre leurs conditions d’études. Du même élan, cette politique pourrait
donner un coup d’arrêt à la liquidation du syndicalisme étudiant, vers sa
reconstruction sur le terrain des revendications étudiantes.
Construire l'organisation
révolutionnaire de la jeunesse
Mais le combat pour la défense de l’enseignement
supérieur public, du droit aux études et des diplômes nationaux, ne prend tout
son sens qu’en lien avec les combats du prolétariat contre l’aggravation
toujours plus prononcée de ses conditions d’existence les plus élémentaires,
comme partie intégrante de ce combat. Il ne peut être endossé jusqu’au bout que
par une organisation combattant pour le socialisme. Faute de cette référence au
socialisme, la fraction de la jeunesse qui cherche aujourd’hui une issue
politique est repoussée par les appareils et leur politique co-gestionnaire, ou
attirée par les sirènes du " combat contre la mondialisation
libérale ", une pitoyable supercherie théorique véhiculée par les
appareils et par les gauchistes pour occulter la question centrale du combat
contre les gouvernements au service de la bourgeoisie, pour un gouvernement
ouvrier, vers le renversement du mode de production capitaliste.
Seul
le développement d’une conscience politique aiguë, nourrie par l’intervention
d’une organisation révolutionnaire, peut permettre à la jeunesse de comprendre
sa place sur le front de la lutte des classes, aux côtés du prolétariat.
L’offensive du gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet-Schwartzenberg contre
l’enseignement supérieur public, le droit aux études et les diplômes nationaux
est partie intégrante de l’offensive générale de la bourgeoisie pour casser le
coût de la force de travail, pour réduire toujours davantage la grande masse
des travailleurs au rang de simples " rouages " du mode de
production capitaliste, taillables et corvéables à merci – offensive dictée par
les nécessités du capitalisme pourrissant. Pour la jeunesse étudiante comme
pour les jeunes travailleurs, c’est la question de l’avenir qui est en jeu. Aux
jeunes dans leur immense majorité, le capitalisme n’a à
" proposer " que la déchéance, de
" formations "-bidon en PARE, d’ " emploi-jeune "
en RMI.
Le
combat pour la défense de l’enseignement supérieur public est partie intégrante
du combat pour la défense de l’enseignement public en général, du droit au
savoir et à la culture qui devrait être un objectif élémentaire pour la
société, enfin du droit pour tout travailleur de vivre dignement de son
travail. Dans le même temps qu’il s’attaque aux universités publiques, aux
diplômes supérieurs, le gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet-Schwartzenberg,
flanqué désormais du MEDEF, s’attaque aux écoles primaires, aux collèges, aux
lycées, à la formation professionnelle, aux conventions collectives qui
garantissent la reconnaissance des qualifications. Il s’agit en définitive pour
la bourgeoisie de revenir au modèle moyenâgeux de l’apprentissage
patronal : au nom de la " formation
tout au long de la vie ", instituer la subordination tout au long
de la vie du prolétariat aux exigences conjoncturelles des patrons. La jeunesse
étudiante, du fait de sa place particulière, joue un rôle essentiel dans le
combat pour contrer cette offensive.
En définitive, il n’existe pas
d’autre issue politique que de combattre pour l’édification d’une autre
société, une société socialiste organisant la production en fonction des
besoins des masses et non plus du profit. Cette perspective implique de
combattre pour la construction de l’organisation révolutionnaire de la
jeunesse, celle du parti ouvrier révolutionnaire et de l’internationale
ouvrière révolutionnaire.