Article paru dans Combattre pour le Socialisme n°3 (85) de mars 2001
La refondation sociale :
uUne machine de
guerre contre le prolétariat
Lle Medef
Le
Mouvement des Entreprises de France, MEDEF, a été créé le 27 octobre 1998,
succédant au Conseil National du Patronat Français, CNPF, lequel avait vu le
jour le 12 juin 1946. Il regroupe près de 600 syndicats professionnels auxquels
sont adhérentes la quasi totalité des grandes entreprises françaises.
Le
MEDEF constitue la principale organisation collective des capitalistes
français, véritable rassemblement de combat contre le prolétariat agissant pour
la défense des intérêts commun de l’ensemble des patrons. Dans cette tâche, il
est secondé par d’autres organisations patronales, toutes aussi réactionnaires,
telles que la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, la
CGPME, et l’Union Professionnelle Artisanale, l’UPA.
Dans
la société bourgeoise, les capitalistes se livrent à une concurrence acharnée
tant au sein des différentes branches de la production qu’entre les branches de
l’activité économique. Ceci explique que sur l’ensemble des questions
auxquelles est confrontée la bourgeoisie françaises, comme par exemples
la défense des positions de l’impérialisme français face à ses principaux
concurrents, la définition des voiesx et des moyens
pour affronter sa propre classe ouvrière ou encore l’adéquation des
institutions de l’Eétat
bourgeois aux conditions politiques du moment, de sérieuses divergences peuvent
surgir et s’exprimer.
Mais
en dernière analyse la bourgeoisie constitue la classe sociale qui dans la
société capitaliste détient les moyens de production et contrôle l’État,
instrument de sa domination sur la classe ouvrière et l’ensemble des masses
exploitées qui constituent le prolétariat. Au-delà des clivages en son sein, la
classe capitaliste doit mener un combat continu et incessant en tant que telle
contre la classe ouvrière. Ce combat collectif vise à lutter contre la baisse
du taux de profit moyen en cherchant à tout moment à accroître le taux
d’exploitation de la classe ouvrière et de l’ensemble du prolétariat. Pour cela
il lui faut remettre en cause et détruire l’ensemble des acquis et des droits
arrachés par le prolétariat.
Ernest
Antoine Seillière a été élu Président du CNPF en décembre 1997. Il est lui-même
un représentant direct de la grande bourgeoisie française. Il a été à
l’initiative de sa transformation en MEDEF fin 1998. En novembre 1999, il
lançait l’opération de la refondation sociale.
La crise des partis
bourgeois
Après
la défaite du RPR et de l’UDF lors des élections législatives de 1997, la crise
des partis bourgeois, en particulier celle du RPR, s’est accentuée et s’est
développée d’une manière inquiétante du point de vue d’une partie des cercles
dirigeants du capitalisme français. La défaire récente des listes UDF-RPR à
Paris et à Lyon lors des dernières élections municipales, où l’électorat
bourgeois est indiscutablement majoritaire, est une nouvelle illustration de
cette crise même si dans l’immédiat l’UDF et le RPR semblent avoir réduit le
poids politique du FN et du MNR (voir éditorial du présent bulletin).
Sous la
cinquième république la crise des partis bourgeois n’est pas une nouveauté et
elle a déjà pris par le passé un caractère aigu. Depuis la défaite de de Gaulle
en 1969, elle s’exprime d’une manière chronique comme manifestation au sein de
la bourgeoisie de l’échec dans l’instauration d’un régime corporatiste sur la
base de défaites politiques décisives du prolétariat. De plus le bonapartisme
bâtard implique que la présidence de la République impose sa discipline y
compris aux différents partis bourgeois. Du fait des rapports politiques,
l’Assemblée nationale, même avec des pouvoirs réduit, joue un rôle politique de
première importance. Le président de la République doit nécessairement disposer
d’un parti, à défaut d’une coalition de partis, assurant au gouvernement une
couverture parlementaires.
Sur les
péripétie de la crise des partis bourgeois, CPS n° 58 du 9/6/95 rappelait:
«
En outre, la victoire de Chirac, n’est pas celle de n’importe quel candidat
bourgeois. Il est le fondateur et le chef du RPR dont il faut rappeler
l’origine.
Le 24
septembre 1958 les «gaullistes » formaient l’UNR (Union pour la Nouvelle
République) au moment où était adoptée la constitution de la cinquième
république. L’UNR s’est prolongée sous différentes appellations, pour devenir,
en juin 1968, l’UDR (union pour la Défense de la République). De Gaulle, défait
au référendum du 27 avril 1969, a démissionné de la présidence de la
République. Le 15 juin, Pompidou lui a succédé, mais il est mort le 2 avril
1974. C’est Chirac qui a assuré au deuxième tour de l’élection présidentielle
qui a suivi, l’élection de Giscard d’Estaing, en signant au coté de 43 députés,
dont 35 de l’UDR, un texte dénonçant la candidature de Chaban Delmas, pourtant
représentant (bien qu’inofficiellement) de l’UDR. Élu le 19 mai président de la
République, Giscard d’Estaing nomme Chirac Premier ministre.
Jacques
Chirac prend le contrôle de l’UDR. Mais le 25 avril 1976 il démissionne du
poste de premier ministre en déclarant publiquement :
« Je
ne dispose pas des moyens nécessaires pour assurer efficacement mes fonctions
de Premier ministre »
Le 3
octobre il lance un appel à un «vaste rassemblement populaire ». Le 5
décembre, au cours d’assises extraordinaires l’UDR se transforme à l’appel de
Jacques Chirac en RPR (Rassemblement Pour la République) dont il est élu
président. Le RPR c’est le parti de la tradition gaulliste, dont la finalité
est le corporatisme, le parti qui vise à la subordination totale, absolue, de
la classe ouvrière au capitalisme en crise, à l’impérialisme français
décadent. ».
En 1995,
la crise du parti gaulliste prenait un nouveau tour, ceci après ses
déchirements internes à l’occasion du référendum sur Maastricht en 1992.CPS n° 56 du 15/02/95 commentait
à propos de l’élection présidentielle :
« Pour
la première fois depuis 1958 il y a donc deux candidats au sein de la mouvance
gaulliste, la candidature de Chirac ayant été annoncée dès le 4 novembre. Au
delà des ambitions personnelles, des intérêts de cliques et de clans, ces deux
candidatures traduisent l’existence de réelles contradiction au sein de la
bourgeoisie française, des divergences qui s’étaient déjà manifestées à
l’occasion du référendum sur Maastricht et lors des élections à l’Assemblée
européenne (12 juin 1994).(…) alors que s’engage cette campagne électorale se
confirme que les organisations et partis bourgeois recouvrent des bandes, des
cliques dont les chefs, à l’occasion, se comportent les uns vis-à-vis des
autres, en véritable forbans. Ces affrontements s’accentuent quand il y a des
enjeux décisifs, quand la situation devient difficile pour cette bourgeoisie.
Or, à
l’échelle internationale, l’impérialisme français est pris à la gorge,
contraint de battre en retraite devant des rivaux plus puissants, les
impérialisme américain et allemand, tout en s’accrochant bec et ongles, à ses
positions. »
Depuis
1997, la crise du RPR, parti de Chirac, s’est encore développée. Après la
démission de Seguin, le candidat de Chirac à la présidence de ce parti à été battu. De plus, Aaprès
plusieurs décennies dans les sphères du pouvoir, le RPR est déliquescent. Le
député du PS Arnaud de Montebourg, mis en quarantaine au
sein de son parti du fait de son acharnement à vouloir faire traduire Chirac en
justice, indique :
« La
totalité des hauts dignitaires du RPR placés à la tête de ce parti au moment
des élections présidentielles de 1995 est aujourd’hui poursuivie et mise en
examen. Tel est le cas du secrétaire général du RPR de l’époque, Alain Juppé,
mis en examen pour prise illégale d’intérêt, recel d’abus de biens sociaux,
ainsi que des trois trésoriers successifs du RPR, Robert Galley, Jacques Oudin
et Jacques Boyon. Pourtant l’organisateur en chef de ce vaste système illégal,
premier receleur de ces infractions graves – celles par lesquelles son élection
fut acquises - , ex- président du RPR, actuel président de la République, n’est
toujours pas poursuivi par la justice pénale ». ( tiré de la Machine à
trahir).
Cette
situation au sein du RPR laisse planer
des incertitudes sur la capacité de Chirac à reprendre les affaires en main au
compte de l’ensemble de la bourgeoise française. Elle concourt à l’émergence de
candidats à la présidence de la République au sein des partis bourgeois.
Peut-être à l’intérieur du RPR lui-même comme ce fut le cas en 1995.
Cette
situation incertaine a conduit le MEDEF à prendre l’initiative et à s’engager
directement dans l’attente de jours meilleurs, en particulier après les
prochaines échéances électorales de 2002 (élections présidentielles et
législatives).
le MEDEF sous les feux de
la rampe
Ce sont donc
des circonstances politiques bien précises qui ont amenées le MEDEF à occuper
ainsi le devant de la scène politique. En particulier la crise des partis
bourgeois, notamment celle du RPR et de l’UDF, qui a pesé lourd parmi les
causes de leur défaite lors des élections législatives de 1997. Pour la
bourgeoisie, il était absolument nécessaire que l’offensive engagée avec
l’élection d’une majorité RPR-UDF à l’Assemblée nationale en 1993 puis celle de Jacques Chirac à la
présidence de la république en 1995 ne baisse pas d’intensité.
La
constitution du gouvernement bourgeois de la majorité plurielle l’a en partie
rassuré. Et en effet les gouvernements dirigés par Lionel Jospin ont mené une
politique s’inscrivant totalement dans les objectifs poursuivis par le capital
mais dans des conditions politiques plus difficiles. Le retour à la
«cohabitation » est un obstacle au fonctionnement normal des institutions
de la cinquième république. Suite à la défaite de Chirac la crise du RPR, parti
du président de la République, a pris une tournure aiguë qui, de fait, réduit
sa marge de manœuvre et sa capacité d’initiative.
De plus
le fait de devoir céder les rênes du gouvernement au parti socialiste
cristallise des rapports politiques où dans la manière de porter les coups
contre les masses, le gouvernement et la bourgeoisie doivent tenir compte de
l’existence d’une majorité du PS. et du PCF à l’Assemblée nationale. Le
gouvernement lui-même doit tenir compte des résistances au sein du PS, comme
l’a montré le retrait du plan Sauter en mars 2000 ou encore les clivages lors
du dernier congrès du parti socialiste en novembre dernier sur la question du
PARE. Il doit être à même de bénéficier d’un soutien sans faille de la part des
dirigeants des confédérations ouvrières et des fédérations de l’enseignement.
La non-signature à ce jour de l’accord salarial dans la fonction publique,
celles des accords sur l’UNEDIC et les retraites complémentaires par les
dirigeants de la CGT et de FO illustrent le fait que la collaboration des dirigeants
syndicaux ne va pas sans difficulté même si pour eux, bien entendu, il ne
s’agit en aucun cas d’engager le combat réel contre le gouvernement.
La
bourgeoisie française doit chercher à s’affranchir de ces circonstances
politiques. Les attaques contre la prolétariat ne peuvent pas être différées.
C’est à ce prix que les bourgeoisies rivales des principales puissances
impérialistes ont pu relancer leurs économies et gagner en compétitivité. C’est
la voie dans laquelle doit nécessairement poursuive l’impérialisme français
sans cumuler de retard pour affronter la concurrence de ses rivaux dans des
conditions plus âpres du fait de la récession économique qui s’annonce.
Llancement de
la refondation sociale
Par
une lettre en date du 15/11/1999, Ernest-Antoine Seillère, en tant que
président du MEDEF, s’adressait «aux
présidents et secrétaires généraux des cinq organisations syndicales de
salariés (CFDT, CGT-FO, CGT, CFE-CGC, et CFTC) ». Il déclarait,
évoquant en particulier la préparation de la seconde loi Aubry dites des «35
heures » qui compromettait selon lui «la
politique contractuelle» :
« Force
est de constater aujourd’hui que l’immixtion généralisée et répétée de la
puissance publique dans les relations entre employeurs et salariés vide de son
contenu la politique contractuelle et remet en cause la gestion paritaire. Ceci
conduit à une situation dangereuse qui ne peut perdurer sans dommage pour les
entreprises, leurs salariés et l’ensemble de l’économie française.
C’est
la raison pour laquelle le MEDEF – profondément attaché au dialogue social et
convaincu qu’il appartient aux partenaires sociaux de réfléchir ensemble aux
voies et moyens du développement économiques et du progrès social – propose aux
cinq organisations syndicales de salariés qui sont ses interlocuteurs naturels
d’entamer une réflexion de fond et d’ouvrir un chantier ambitieux. (…)
L’objectif est de bâtir une nouvelle constitution sociale redéfinissant en
commun nos champs de responsabilités dans les domaines des relations du travail
et de la protection sociale ainsi que les rapports nouveaux susceptibles d’être
noués avec les Pouvoirs publics »
En
conclusion, il proposait :
« Afin
que nous soyons opérationnels dans les meilleurs délais, je suggère que nous procédions
à une première série de rencontres bilatérales permettant à chacun de livrer
ses analyses, d’identifier les thèmes à traiter et de proposer les méthodes de
travail les plus appropriées. A la lumières de ces rencontres bilatérales, une
réunion plénière pourrait être décidée qui arrêterait le programme, la méthode
de travail, le calendrier et un ordre de priorité des dossiers à traiter.
En
cette période cruciale où il nous appartient de faire un choix entre
l’étatisation et le refondation de rapports sociaux adaptés au XXIéme siècle,
le MEDEF espère que nous construirons ensemble le dialogue social et la
protection individuelle et collective de demain »
Force
est de constater que le patronat ne s’est pas toujours plaint de «l’immixtion généralisée et répétée de la
puissance publique » : tel
ne fut pas le cas par exemple en 1993 lors de la promulgation des décrets du
gouvernement Balladur sur le régime général des retraites ou encore à
l’occasion du plan du gouvernement Chirac-Juppé parachevant la budgétisation
sous le contrôle exclusif de l’État des ressources de la Sécurité Sociale
constituées par les cotisations ouvrières tant sous formes de
cotisations directes que de salaires différé (les
cotisations dites patronales).
Prenant prétexte des lois Aubry, dites
fallacieusement des « 35 heures », le MEDEF appelait « les organisations de syndicales
de salariés » à prendre part à une entreprise de démolition finale de
tous les acquis arrachés, en particulier après la deuxième guerre mondiale, par
la classe ouvrière et le prolétariat. La mise en œuvre des lois Aubry sur la
réduction du temps de travail démontre d’ailleurs qu’en aucun cas lea patronat ne
remet en cause les objectifs poursuivis par ces lois (voir plus loin à ce propos).
Il s’insurge simplement sur le fait que les lois Aubry telles qu’adoptées
constituent encore un cadre trop contraignant qui manque de souplesse dans
l’application. C’est la seule raison pour laquelle Gandois, le prédécesseur de
Seillière à la tête du CNPF, avait quitté avec fracas la "conférence sur
l’emploi"
du 10 octobre 1997.
Ernest-Antoine Seillère
précise les objectifs
A
l’occasion d’une tribune publiée par le journal Le Mmonde
en date du 6/12/2000, Seillièére précisait
les objectifs poursuivis par l’opération refondation sociale lancée un an
auparavant. Il écrivait, après avoir affirmé sans fard
« Ce
qui fait la force d’une société ou, si l’on préfère, d’un pays, qu’on le veuille
ou non, c’est aujourd’hui avant tout la puissance et l’efficacité de ses
entreprises » :
« Or
nous estimons que le modèle social français, qui résulte très largement des
décisions prises au lendemain de la dernière guerre, doit être réformé en profondeur.
C’est la raison pour laquelle le Medef a pris, dans le droit fil de sa
responsabilité économique et sociale, l’initiative de proposer à l’ensemble des
partenaires sociaux sa rénovation et sa modernisation. Le constat fait par le
Medef des transformations radicales du monde de l’entreprise, d’une part, et
des scléroses du modèle social, d’autre part, a conduit à cette démarche que
nous avons appelée «la refondation sociale » »
Plus
loin il indiquait :
« La
refondation sociale se propose comme objectif ambitieux de redonner force à la
démocratie sociale par le dialogue et le contrat entre les acteurs sociaux et
de mieux redéfinir, nécessairement, pour ce qui nous concerne en le limitant,
le rôle de l’État dans l’ordre public social (…) d’abord le contrat en
entreprise, puis, à défaut, le contrat collectif de la branche, c’est-à-dire du
métier et cela dans le cadre de principes généraux fixés au départ par la loi.
Ce modèle est de nature fondamentalement différente de celui qui exige qu’on
lise dans la loi et dans le règlement de détail de ce qui doit être exécuté
dans l’entreprise »
En
clair, il s’agissait d’engager les organisations syndicales dans un vaste
processus de concertation visant à casser toutes les garanties collectives
arrachées par le prolétariat au plan national en les «renégociant »
entreprise par entreprise, à. Il faut
liquider tous les acquis que cristallisent le droit du travail, ce droit devant
se limiter à fixer des «principes
généraux ». Il faut à la bourgeoisie réduire au minimum les
budgets sociaux, tels ceux de l’assurance chômage, de la Sécurité Sociale, des
allocations familiales et des caisses de retraite, et en refondre les régimes
jugés trop avantageux pour les salariés. Seillière
Il
ajoutait de plus:
« La
refondation sociale vise aussi à redéfinir les objectifs des politiques
sociales, en matière de chômage, santé, retraites ou de formation
professionnelle. Elle demande à repréciser les frontières entre les systèmes de
solidarité à financement budgétaire et les systèmes contributifs de type
« assurantiel » financés par la cotisation. Elle veut enfin revoir
les rôles respectifs des administrations et des partenaires sociaux dans la
gestion des systèmes sociaux. »
Derrière
ce langage de jésuites se cachent des objectifs
précis : en finir avec les régimes de retraites par répartition, donner
une nouvelle impulsion aux développement de «systèmes
contributifs de type «assurantiel » »,
c’est-à-dire les assurances privés basés sur la capitalisation et les fonds de
pension, lesquels sont gérées par les dirigeants du capital
financier, avec la participation des dirigeants des organisations syndicales
s’il le faut.
Llancement
réussi avec la collaboration des dirigeants CGT et FO
Le
3/2/2000, Seillièére
pouvait déclarer, en ouverture de la réunion avec les «partenaires
sociaux », convoquée à son initiative :
« Je
tiens tout d’abord à remercier l’ensemble des organisations syndicales d’avoir
bien voulu participer aux rencontres bilatérales que nous avons organisées au
mois de décembre. Nous avons considéré que ces réunions étaient fructueuses,
dans la mesure où vous avez paru partager des constats que nous avions dressés
dans le domaine aussi bien des relations du travail que de la protection
sociale. Il existe certes des différences d’appréciation et d’analyse, mais
nous avons retiré de ces entretiens la conviction, je dis bien la conviction,
que l’on pouvait ensemble entreprendre de dégager des solutions aux nombreuses
questions que nous avions identifiées »
A
cette messe patronale ont participé, aux côtés de la CFDT et de la CFTC,
organisations bourgeoises, d’origines cléricales, partisanes de la doctrine
sociale de l’église, de
l’association capital-travail, et de lae CFE-CGC,
organisation non moins bourgeoise à caractère corporatiste, les dirigeants des
confédérations ouvrières de la CGT et de la CGT-FO.
La participation de ces derniers a rendu possible le lancement de l’opération
refondation sociale.
A
l’issue de la réunion du 3/2/2000, un communiqué commun déclarait :
«Les
représentants des entreprises – MEDEF, CGPME et UPA – et les organisations
syndicales – CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO – réunis au Conseil Économique et
Social le « février 2000, ont exprimé leur volonté commune de donner
toute sa place au dialogue social. Ils ont arrêté ensemble les thèmes de
travail et de négociations suivants :
1. Voies et moyens de l’approfondissement de le négociations collectives
(…)
2. Assurance-chômage ; lutte contre la précarité ; insertion des
jeunes
3. Santé au travail, prévention des risques professionnels et accidents du
travail
4. Évolution des régimes de retraites complémentaires
5. Adaptation de la formation professionnelle
6. Égalité de la formation professionnelle
7. Place et rôle de l’encadrement
8.
Protection sociale (parmi
les thèmes à aborder figurent notamment l’assurance vieillesse, l’assurance
maladie, les prestations familiales, l’articulation entre assurance et solidarité,
la clarification du financement et des responsabilités)
Les
thèmes précédents seront traités dans des groupes de négociation. Les points 1,
2, 3 et 4 seront traités prioritairement et les groupes correspondant tiendront
leur première réunion d’ici le 15 mars 2000 »
Martine
Aubry en personne donnait sa bénédiction de l’opération au nom du gouvernement.
La refondation sociale était bel et bien sur les rails. Au cours de l’année
2000 plus de quarante réunions de «groupes de travail » se sont tenues
pour traiter les points jugés prioritaires. A chaque fois, les dirigeants de le
CGT et de FO ont participé. Quelques jours avant la réunion du 3/2/2000, aux
côtés de la CFDT, de la CFTC et de la CGC, elles avaient déclaré dans un communiqué
commun en date du 26/1/2000, répondant à la menace du MEDEF de quitter les
organismes de gestion des «organismes de
protection sociale collective au plus tard le 31 décembre 2000 » dans le cas où des
négociations ne s’engageraient pas :
« Qu’il
s’agisse de l’Assurance-Chômage, de la lutte contre la précarité et le chômage,
des retraites complémentaires ; de la prévention des risques
professionnels, du statut de l’encadrement, de l’égalité professionnelle ou
encore du droit syndical et du développement de la représentation collective
notamment dans les PME, les cinq confédérations syndicales soulignent
l’importance et l’urgence d’ouvrir des négociations pour répondre aux attentes
des salariés, des demandeurs d’emplois , des jeunes et des retraités.
Réaffirmant
leur attachement à la négociation sociale et aux garanties collectives, sources
de progrès économique et social, les cinq organisations syndicales se rendront
à la rencontre du 3 février, porteuses de leur exigences. Elles affirment ainsi
leur volonté de s’opposer à toute offensive patronales qui viserait à remettre
en cause les garanties collectives »
Les
résultats des négociations sur les retraites complémentaires, l’assurance chômage
et la médecine du travail permettent de juger sur pièce de ce qu’il en était du
combat "contre la remise en cause des garanties collectives". Dans
l’immédiat, le MEDEF avait atteint un objectif d’une toute première
importance : que les dirigeants des confédérations ouvrières – CGT et FO –
participent.
Retour sur les lois Aubry…
Parmi
les chantiers prioritaires de le refondation sociale ne figure pas celui de
l’organisation du temps de travail et de sa durée. Et pour cause !
Dans ce domaine le «chantier » a très
sensiblement progressé avec la mise en application des lois Aubry dites des «35
heures ». Certes le MEDEF ne cesse de guerroyer contre le gouvernement
pour assouplir les conditions de leur application, en particulier pour les
entreprises de moins de 20 salariés pour lesquelles la loi sera applicable à
partir de janvier 2002. Le patronat cherche à assouplir encore en sa faveur les
modalités d’application et à obtenir un surcroît d’aide sous forme d’allégementsallègements
supplémentaires de «charges sociales ». Mais sur le fond ni le MEDEF en
tant que tel, ni les partis bourgeois, ne remettent en cause l’existence de ces
lois.
En
effet, leur application, avec la collaboration actives des
bureaucrates syndicaux de la CGT et de FO, aux côtés de la CFDT qui est à l’avant-garde en
la matière, ont permis que soient signés et mis en application des milliers
d’accords d’entreprises, des dizaines d’accords de branche, qui généralisent la
mise en place de la flexibilité du travail, la remise en cause de tous les
«avantages acquis », les possibilités d’utiliser
les moyens de production au moindre coût.
Les patrons français ne peuvent que reconnaître
l’effet bénéfique des loi Aubry sur la compétitivité des entreprises. Dans un
article des Échos du 23/1/2001, au titre évocateur «les salaires devraient repartir
à la hausse en 2001 après la modération liée à la mise en place des 35 heures », l’un des dirigeants de PSA indique
que grâce aux lois Aubry :
« En
2000, nous avons demandé beaucoup aux unités de production, l’outil industriel
a fonctionné à plus de 100 %, avec la mise en place de trois équipes dans de
nombreux sites et à la possibilité de ne plus fermer les usines en août »
.
Dans
le même article, le DRH de Schneider Electric France confiait
«la maîtrise de l’évolution de la masse
salariale, commencée en 1998 dès l’ouverture des négociations sur les 35 heures
– avant même que l’accord soit conclu en décembre 1999 – s’est poursuivie en
1999 et début 2000. Pendant cette période, des primes ont été versées, mais pas
d’augmentations générales ».
En
particulier, l'eur application
des lois d'ARTT aà
permis d’organiser la baisse systématique des salaires. Sur ce sujet, le
journal patronal Les Échos du
192/2001 soulignait :
« Le
phénomène de modération salariale est intéressant à plus d’un titre. Il montre
que l’effet des 35 heures continue de jouer dans les accords qui sont conclu
entre les chefs d’entreprises et les syndicats. Il met aussi en évidence le
fait que les tensions sur l’appareil de production, notamment les difficultés
de recrutement, ne sont pas insurmontables puisque les entreprises continuent
d’embaucher à tour de bras – 121 000 postes créés au quatrième trimestre – et
que la pression sur les salaires n’augmente pas »
Les Échos du 8/3/2001
précisaient :
« En
période de croissance soutenue, on pourrait s’attendre à ce que la baisse de la
durée légale du travail s’accompagne d’une augmentation du volume des heures
supplémentaires – pour compenser. C’est en fait le phénomène inverse qui s’est
produit en 1999 et en 2000, selon le ministère de l’Emploi.(…) Une fois sur
deux, les entreprises ayant signé des accords sur la réduction du temps de
travail ont adopté des outils de flexibilité interne, comme la modulation des
horaires qui, en faisant varier les horaires d’un trimestre, d’une semaine,
voire d’un jour à l’autre en fonction des pics d’activité, ont permis de
diminuer, voire de supprimer les heures supplémentaires.
Nombre d’accords prévoient également que les
heures supplémentaires récupérées en repos compensateur ne soient pas imputées
sur le contingent annuel d’heures supplémentaires : elles ne sont alors
pas comptabilisées. En fin le risque de perdre les aides publiques
si l’employeur y recourt trop fréquemment a pu jouer pour limiter leur
volume.(…)
L’autre surprise est venue des sociétés restées à 39 heures, dont
le volume d’heures supplémentaires n’a que peut progressé en
2000, malgré la baisse de la durée légale en début d’année. Ceci s’explique par
le fait que les heures supplémentaires n’ont, le plus souvent, pas donné lieu à
rémunération, mais à repos compensateur, et que pour cette raison elles n’ont
pas été toujours prises
en compte par les employeurs »
Ce fait, la diminution des heures supplémentaires
effectuées mais non comptabilisées en tant que telles, a conduit pour des
centaines de milliers de salariés à la diminution du de leur salaire
nominal, venue à s’ajouter à celle du salaire réel du
fait de la «modération salariale ».
…le gros lot pour les
patrons
Le
bilan de l’application des lois Aubry serait incomplet si on n’y ajoutait pas les
dizaines de milliards de francs que les
patrons ont empochés en 2000 au titre des «allèégements
de charges sociales »
accordés aux entreprises.
En cumulant les allèégements de charges
résultant de la ristourne dégressive Juppé, des lois Aubry, et des aides en
application de la loi de Robien, les remboursements reçus par le patronat en
2000 s’élèveront à prés de 80 milliards de francs. De plus, selon Les Échos du 22/3/2001 «pour l’année 2001, les dépenses liées aux 35 heures seront
comprises entre 95,6 et 100,2 milliards de francs ». Ces prévisions
n’intègrent pas les allégementsallègements qui seront induits par
l’application de la loi Aubry aux entreprises de moins de 20 salariés pour
lesquelles l’application va s’imposer à partir de janvier 2002.
Pour mesurer l’ampleur de l’opération, il suffit de
rapporter les 100 milliards de francs prévus pour 2001 au budget de l’État qui
tourne autour de 1700 milliards de francs. C’est gigantesque. A cela il faut
ajouter que les recettes fiscales qui devaient alimenter le Forec, le fonds qui permet de
financer les allégementsallègements de charges, étant plus faibles
qu’escomptées, le gouvernement s’apprête àa faire
combler le déficit par la Sécurité Sociale. Selon le Les Échos 22/3/2001, pour l’année
2000, ce sont 12 milliards de francs que la Sécurité sociale a déjà pris à sa
charge ; pour 2001, la note devrait atteindre plus de 20 milliards de
francs. Le Medef est monté au créneau pour crier au scandale, mais Le Monde du 8/3/2001 commente :
« En
manifestant son souci de l’intégrité financière de la Sécu, le MEDEF occulte le
fait qu’il se soit auto-eéxonéré
de cotisations, sur un autre terrain, celui des
retraites complémentaires, en imposant l’abandon au premier trimestre 2001 des
cotisations à l’association pour la structure financière (ASF). »
Dans
cses
conditions on comprend que le MEDEF n’ait pas placé parmi les «chantiers
prioritaires » de la refondation sociale la question du temps de travail
et de son organisation"aménagement".
Depuis 1997, le gouvernement, avec les lois Aubry, appliquées avec la
collaboration active des dirigeants syndicaux, a largement engagé le chantier.
Chantier par chantier :
la médecine du travail
Le
groupe de négociation «santé au travail » a commencé ses travaux le
22/3/20001.
Le 13/12/2000, un accord était signé par les seules CFTC et CGC. Le 19 décembre
la CFDT signait à son tour à la demande expresse du MEDEF. A l’occasion d’une d’une manifestation
de 300 médecins du travail le 28/2/2001, Le
Monde du 2/3/2001 commentait expliquait :
« Le
mécontentement de la profession vise l’accord santé au travail signé le 13
décembre par le patronat, la CFCT, la CFTC et la CGC dans le cadre de la
«refondation sociale ». Ce texte «minoritaire » aux yeux de la CGT,
prévoit notamment d’espacer les visites médicales tous les vingt-quatre mois,
et non plus tous les ans, pour les salariés non soumis à des risques
spécifiques Bien que cet accord ait été
qualifié d’ «important », le ministère s’est gardé de donner un calendrier
précis sur ses dispositions qui relèvent d’une validation par la loi. « On
ne garantite
pas qu’avant la fin de l’année, un train de mesures législatives » soit
envisageable, a prudemment souligné indiqué l’entourage de Mme Guigou, de plus
en plus confronté aux critiques des médecins du travail sur le désengagement de
l’État »
En
effet l’accord remet en cause le droit du travail en réduisant considérablement
les obligations des employeurs, qui en fonction de l’effectif de leur
entreprises, que les salariés soient considérés comme exposés ou non, doivent
au delà d’un certain seuil (en général 400 personnes), avoir recours d’un
médecin du travail propre à l’entreprise. C’est pourquoi par ailleurs l’accord
prévoit d’ouvrir la médecine du travail aux médecins libéraux et non plus
systématiquement à des médecins spécialistes formés en la matière.
En réalité, au nom du gouvernement, Elisabeth Guigou
reconnaît la validité de l’accord ; ce dernier, malgré des précautions de
langage, prépare les dispositions législatives qui le rendront applicables.
Les
dirigeants de la CGT et de FO ont participé aux négociations jusqu’à leur terme. Ils n’ont
pas signé et dénoncent mais se situent totalement dans le cadre de son
application. Ainsi, dans FO Hebdo du
7/3/2001, les dirigeants de FO s’interrogent :
« L’accord
prévoit le remplacement des médecins du travail par des médecins de ville,
raison essentielle du refus de FO de signer, mais Mme Guigou rappelle que la
«démographie de la profession » relève de la «responsabilité de
l’État » et annonce des mesures pour
la renforcer, notamment par l’ouverture de postes d’internat. De même,
sur l’espacement des visites obligatoires pour les salariés, vingt-quatre mois
au lieu de douze, sauf métiers à risques répertoriés branche par branche, le
ministère prend acte mais renvoie à la «faculté de modulation qui existe en
droit depuis 1986 ». Concrètement, ira-t-on jusqu’à vingt-quatre mois, et
quel sera le rôle des branches ? »
Il faut noter que cet accord est intervenu au moment
où les statistiques publiées par la CNAM indiquent que les accidents du travail
ont augmenté de 3,24 % en 1999. Cyniquement, patronat, dirigeants de la CNAM et
gouvernement ont souligné en cœur que cette situation résultait de « l’augmentation de l’effectif salariés ».
Ll’assurance
chômage : chantier de démolition de l’UNEDIC…
Après
bien des péripéties, (voir sur ce sujet les numéros de CPS n° 82 du 6/10/2000 – pages 3
à 7 – et CPS
Nouvelle Série n° 2 (n°84) – page 3 et 4) le 23 septembre 2000, le patronat, la
CFTC, la CFDT et la CGC, laquelle s’est ralliée in
extremis, ont signé l’accord sur la nouvelle convention de
l’UNEDIC. Les « négociations » sur cette question avaient commencé le
17 mars 2000, avec la participation jusqu'e en juin
2000, à toutes les réunions, des dirigeants de la CGT et de FO. Une fois
encore, Lla
CGT et FO ont refusé de signer. Suite à l’intervention directe de Seillière
auprès de Lionel Jospin, le gouvernement a décidé d’agréer la nouvelle
convention, l’arrêté d’agrément ayant été pris publié le 4 décembre
2000.
Cette
convention aboutit
à la liquidation de l’assurance chômage dans son principe : il ne suffit
plus d’avoir cotisé pour avoir droit aux allocations ; chaque chômeur doit
s’engager dans pas moins de deux contrats individuels avec l’ANPE – le PARE et
le PAP -, de fait obligatoires, le tout sous le contrôle des ASSEDIC. La
nouvelle convention organise la chasse au « mauvais chômeurs » et met
en branle tout un système d’expulsion des chômeurs qui ne seront pas
suffisamment dociles pour accepter n’importe quel travail à n’importe quel
prix. De plus, la convention prévoit que c’est par un transfert des
« surplus » de l’UNEDIC vers l’ANPE, c’est-à-dire vers le budget de
l’État, que la mise en place du système sera financé.
Les
dirigeants de la CGT et de FO n’ont pas signé. Ils dénoncent, de moins en moins
fortement la nouvelle convention. Leur refus de signer ne les a pas conduit à
engager le combat pour affronter et vaincre le gouvernement afin de lui imposer interdire d'agréer de
retirer l’agrément de la convention. Bien au contraire, ils
participent activement aux négociations en vue de son application.
…avec un détournement des
cotisations ouvrières de 15 milliards de francs
Le
journal Les Échos du 15/2/2001
indique :
« Les
partenaires sociaux et le gouvernement
avancent rapidement la préparation de la mise en place du plan d’aide au retour
à l’emploi (PARE). Si elles ne sont pas encore finalisées, les conventions
entre les différentes parties prenantes au dispositif sont pratiquement
bouclées.
Ce nouveau système d’accompagnement des demandeurs
d’emploi, qui se conjugue avec la fin de la dégressivité des indemnités, doit
entrer en vigueur au 1er juillet. Ce calendrier devrait être
respecté à une condition : le Parlement doit adopter d’ici là une mesure
législative autorisant l’Unedic à financer autre chose que des allocations
chômage et organisant le transfert de 15 milliards de francs du régime
d’assurance chômage au budget de l’État. Ces deux articles seront inscrit dans
un projet de loi portant diverses propositions d’ordre social qui sera discuté
à l ‘Assemblée nationale au printemps. Mais le gouvernement devra déclarer
l’urgence pour qu’elles soient votées par le sénat avant la fin juin. »
Si
pour quelques esprits mal intentionnés, dont les représentants du gouvernement,
le doute subsistait, le même numéro des Échos précise :
« Les
deux conventions, l’une conclue entre l’ANPE et l’UNEDIC, l’autre entre ces
deux organismes et l’Etat, confirment le sens général de la réforme négociée
sur le terrain politique l’année dernière. A l’occasion de son inscription, le
demandeur d’emploi signera un PARE, puis, après un entretien avec l’ANPE et en
fonction de son « degré d’autonomie », un projet d’action
personnalisé (PAP) (…) Le diable étant dans la boîte, c’est évidemment le
contenu précis des deux textes qui fait l’objet de toutes les attentions. Sans
qu’ils lèvent, apparemment, certaines ambiguïtés : le patronat estime que
le caractère obligatoire de la signature du PARE est confirmé, une lecture
récusée par certains syndicats et, bien sûr, par le gouvernement. Avec plus de
précision qu’aujourd’hui, ce texte attire en tous cas l’attention du demandeur
d’emploi, notamment, sur le fait qu’il doit effectuer des « actes positifs
de recherche d’emploi » ou qu’il encourte des
sanctions en cas de « non-respect des obligations » résultant des
obligations légales ou réglementaires »
Mais
une question restait encore en suspens : qui sera autorisé à gérer le système
au sein de l’UNEDIC et des ASSEDIC. Le patronat et les organisations
signataires ont menacé : seuls les signataires de l’accords
devraient participer à la gestion des caisses. Du coup les dirigeants de FO
prennent peur….
Lles dirigeants
de FO plongent
CPS n° 48 de juin 1993 faisait l’analyse de la
nouvelle convention UNEDIC de 1993 (accords du 30/12/92 qui instituait au nom
de l’équilibre de l’UNEDIC une augmentation des cotisations ouvrières et une
diminution de la durée et du montant des prestations) que les dirigeants de FO
ont signé après bien des hésitations. CPS précisait alors :
« Loin
de « défendre les intérêts des chômeurs » en cogérant avec le
patronat l’UNEDIC, les dirigeants des centrales syndicales ouvrières font
supporter aux travailleurs les conséquences de la crise du régime capitaliste.
Ils le disent eux-mêmes : leur présence sert, y compris, de caution auprès
des banques. De plus les dirigeants de FO ont senti le vent du boulet lorsque
le patronat les a vidés de la présidence de l’UNEDIC. Toute une bureaucratie
« gestionnaire » s’est sentie menacée. Vite, il fallait faire marche
arrière. Le fond de la question est pourtant que refuser de
« co-gérer », refuser de participer aux mille organismes ad hoc, serait
s’engager vers la rupture avec le régime capitaliste. »
Au
moment où s’achèvent les discussions sur la mise en place du PARE, on apprend, selon (Les Échos du 22/3/2001) :
« Sujet sensible. Après
plusieurs semaine de discussion feutrées et discrètes, patronat et syndicats
ont ouvert en début d’après-midi une longue séance de négociation sur un sujet
sensible : la présence de FO et de la CGT non signataires de la réforme et
opposants parmi les plus résolus, dans les instances nationales et locales de
l’Unedic. Lors des précédentes réformes, ces deux syndicats avaient toujours
rejoint discrètement le camp des signataires après les négociations
« politiques ». En début de soirée FO semblait prêt a ratifier non
pas la réforme elle-même, mais la «convention des institutions » qui régit
le fonctionnement des organismes. Mais le patronat, la CFDT, la CFDT et la
CFE-CGC souhaitaient obtenir des garantie que la confédération de Marc Blondel
renoncerait à mener la guerre contre le PARE de l’intérieur ou en justice.
« ce qui importe, c’est que l’Unedic puisse fonctionner avec le nouvelle
convention », soulignait Michel Coquillon (CFTC) ».
Et
effectivement FO a plongé. Le 23 mars, on apprenait que les dirigeants de cette
confédération avaient décidé de signer la « convention de gestion
régissant le fonctionnement des institutions » de la nouvelle Unedic. Dans
la foulée ceux de la CGT s apprêtent le à faire. Au moment où est bouclé
cet article, ils n’ont pas encore signé formellement mais la négociatrice de la
CGT, Jacqueline Lazare a déclaré
« Le prix à payer pour notre
participation nous semble nettement plus faible que celui revendiqué, au départ
par le MEDEF » (Les Échos du 24/3/2001).
Le
MEDEF a obtenu gain de cause. Pour appliquer le PARE, il a besoin de la
collaboration des dirigeants de la CGT et de FO. Il a menacé de les virer de la
gestion des caisses. Les dirigeants de la CGT et de FO se sont alors ravisés.
Pour un « plat de lentilles », ils font payer le prix fort à la
classe ouvrière : la liquidation de l’Unedic. La signature de la
convention de gestion est une capitulation en rase campagne ; elle vaut en
réalité signature de la convention en tant que telle. Les Échos du 24/3/2001
commentent :
« FO
assure que sa position n’a pas changé. La convention de gestion
« reconnaît le droit aux confédérations syndicales représentatives d’être
gestionnaires du régime sans pour autant accepter les éléments de la convention
d’assurance-chômage », affirme, dans un communiqué, le secrétaire général
de FO Marc Blondel. Dans son entourage, cependant, on ne cache pas voir dans
cet accord « un signe plutôt encourageant » pour les relations
sociales. A demi-mot, le numéro un de FO laisse entendre qu’il ne donnera pas
forcément suite à son recours devant le conseil d’Etat : la confédération
« conserve sa liberté d’appréciation sur la manière dont sera réellement
mise en œuvre la convention d’assurance-chômage », indique simplement Marc
Blondel. »
Cchantier des
retraites : le MEDEF et le gouvernement en association
En
1998, le budget des régimes de retraites, tous régimes confondus, représentait en
France environ 960 milliards de francs (soit 12,1 % du PIB). Pour les
capitalistes français l’enjeu est considérable. D’une part c’est pour eux une
charge insupportable qui pèse sur le « coût du travail », d’autres
part ces régimes sont essentiellement basés encore sur le système dit par
répartition. Par conséquent, des masses considérables de capitaux potentiels
échappent au contrôle direct des patrons, et notamment des groupes capitalistes opérant dans le secteur
des assurances, qui souhaiteraient en disposer pour investir à un moindre
coût ou tout simplement spéculer, et des groupes capitalistes opérant dans le
secteur des assurances.
En
1993, quelques semaines après son investiture, le gouvernement Balladur décidait
de frapper vite et fort, tablant sur le
désarroi politique des masses qu’exprimait la défaite du P.S. et du PCF aux
élections législatives et la capitulation des dirigeants syndicaux qui venaient
d’accepter en décembre 1992 la nouvelle convention pourrie de l’UNEDIC. Le 22
juillet 1993, la majorité RPR-UDF modifiait la loi ; en août, les décrets
Balladur portaient un coup considérable contre le régime général des
retraites : passage de progressif, à raison d’un trimestre
supplémentaire par an, de 150 à 160 trimestres (de 37,5 à 40 annuités) pour
bénéficier de la retraite à taux plein ; passage progressif des 10 aux 25
meilleures années, à raison d’une année supplémentaires par an, pour
calculer le montant de la retraite ; désindexation des revalorisations des
pensions du régime général de l’évolution du salaire brut des actifs.
Les décrets Balladur ont abouti à une baisse
considérable du montant des retraites. Cet effet des décrets Balladur a été
considérablement amplifiés par les divers accords pourris
signés par les dirigeants de FO et de la CGT au nom du maintien de l’équilibre
du régime général et de la préservation du paritarisme. En particulier les
accords signés en 1993, suite aux décrets Balladur ont plafonné à 6 %
du salaire brut le montant des cotisations afin de laisser de la place pour le
développement des retraites par capitalisation. Pour mesurer les effets
progressifs de ces décrets et accords, dont il faut préciser qu’il ne jouent
pas encore à plein, on peut par exemple considérer les données publiées par la
Sécurité Sociale : de 1996 à 2000, la retraite pour les non-cadres est
passé de 73 à 66 % du salaire en activité ; pour les cadres elle est
passée de 71 à 62 %.
Après l’élection de Chirac en 1995, le gouvernement
Chirac-Juppé tentait de prolonger l’offensive. Le plan Juppé prévoyait la « réforme »
des régimes spéciaux avec l’allongement pour tous de la durée de cotisation à
quarante ans. Confronté au puisant mouvement
de novembre-décembre 1995, le gouvernement Chirac-Juppé n’a dûu son salut
qu’au refus des dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU et de la FEN, ainsi qu’à
celui du P.S. et du PCF de
combattre pour en finir avec lui. Toutefois, face à la détermination de la
grève des travailleurs de la RATP et de la SNCF, face à la mobilisation du
corps enseignant, le gouvernement Chirac-Juppé a dûu reculer sur
la « réforme »
des régimes dits spéciaux. Les 37,5 annuités ont été maintenues et les modes de
gestion des caisses n'ont pas été modifiés. Sur ce plan la bourgeoisie a été
contrainte de différer son offensive.
En
1997, après la défaite de Chirac et du RPR et de l’UDF aux élections
législatives le gouvernement de la gauche plurielle a été constitué.
Gouvernement bourgeois au service du capital, il a repris à son compte l’objectif
de la bourgeoisie de la réforme-destruction des régimes de retraites des
fonctionnaires et de tous les régimes spéciaux. A cet effet, le gouvernement a
mis en place le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) dont la fonction est
d’associer les dirigeants de FO, de la CGT , et de la FSU,
lesquels ont accepté d’y participer dès le début, à une contre réforme visant
dans un premier temps à
aligner les régimes des fonctionnaires et des grandes entreprises publiques sur
ceux du privé, en particulier en ce qui concerne la durée de cotisation (passer
de 37,5 annuités à 40) et le calcul du montant des pensions (actuellement, dans
la plupart des cas, le calcul prend en compte le salaire le plus élevé du
salariés tout au long de sa carrière).
Jospin, chef du gouvernement de la gauche plurielle,
n’a pas caché son objectif : en résumé, réussir là où le gouvernement
Chirac-Juppé a échoué en 1995. Dans le même temps le gouvernement, et les
députés du PS. et du PCF, ont adopté en 2000 la loi sur « l’épargne salariale », premier pas significatif et
décisif ouvrant de nombreuses nouvelles possibilités légales de constituer des
fonds de retraites par capitalisation, des fonds de pension à la française,
lesquels peuvent, qui plus est être cogérés par les organisations syndicales (voir l'article paru à ce
sujet dans CPS n°82).
Mais pour le MEDEF, le temps compte. En la matière
il y a urgence. D’où la tentative de coup de force sur la question des
retraites complémentaires. Il s’agissait de porter, bien entendu, une nouvelle
attaque en soi, mais aussi de pousser le gouvernement à s’engager plus
résolument.
Rretraites
complémentaires : le MEDEF tente de passer en force… et empoche 11
milliards de plus
Le
chantier des retraites complémentaires a été ouvert le 3 mars 2000. Pour le
MEDEF, la délégation patronale était directement sous le contrôle de Denis
Kessler, représentant des grands groupes capitalistes français dans le domaine
des assurances,
dont l’un des champs de développement décisif dans le contexte de la
compétition internationale est celui de l’assurance privée en matière de santé
et de retraites.
Le
23 novembre 2000, lors d’une nouvelle réunion du groupe de travail à laquelle
participaient toutes les organisations syndicales, le patronat a présenté son
« projet » : allongement progressif de la durée de cotisation
jusqu’à 45 annuités pour bénéficier d’une retraite complémentaire à taux plein,
abandon de toute référence à un âge d’ouverture du droit à la retraite sans
abattement inférieurs à 65 ans (ce qui revient à supprimer
le droit à une retraite complémentaire à taux plein à 60 ans dés même lors que
le salarié s’est se serait acquitté de ses années de
cotisation au titre de la retraite de base), réorganisation par la fusion des
caisses de retraites des régimes complémentaires des cadres (AGIRC) et des
non-cadres (ARRCO).
Le
21 décembre 2000, devant le refus de toutes les organisations de contresigner un tel l’« accord »,
le patronat menaçait de cesser les versements à l’organisme chargé de
centraliser les cotisations pour les retraites complémentaires, l'ASF, et de ne pas
reconduire l’accord donnant
une existence légale
à l'« ASF ,» qui venait à terme au 31
décembre 2001. Le 19 janvier 2001, il mettait sa menace à exécution,
tentant de passer en force. Les conséquences, selon FO :
« Dans l’immédiat, en cas de
non-reconduction de l’accord ASF, les salariés qui feraient liquider leurs
retraites à compter du 1er avril 2001, se verraient appliquer un
abattement de 22 % sur leurs retraites complémentaires ARRCO comme AGIRC !
Un abattement définitif ! »
Après
les manifestations et les grèves du 25 janvier 2001 (voir à ce propos l’éditorial
du présent bulletin), le MEDEF était amené à composer. Saisissant lae perche
tendue par la CFDT, dont le projet de "retraite à la carte" s’inscritt totalement
dans la
cohérence de celui du MEDEF, il ce dernier concluait
finalement le 14 février avec les seules CFDT et CFTC, un protocole d’accord
prolongeant pour 18 mois, jusqu’à fin 2002, un dispositif de levée des
cotisations pour les retraites complémentaires équivalent à l’ASF.
Les dirigeants de la CGT et de FO, ainsi que ceux de
la CGC, se félicitaient de cet accord. Mmais ils refusaient de le
contresigner en tant que tel du fait de son volet « politique ».
Quoiqu’en disent la CDFT ce volet cristallise un
accord « politique » pour poursuivre dès maintenant les
« négociations » pour une « réforme » des régimes généraux des retraites et pour
inciter le gouvernement à s’engager d’ici là en ce qui concerne les retraites
des fonctionnaires. Il acte du fait que cette « réforme » ne peut en aucun
cas être basée sur une augmentation des cotisations patronales, lesquelles sont
gelées pour dix ans, mais qu’elle doit par contre intégrer l’augmentation
inéluctable de la durée de cotisation. Il a reçu la bénédiction dElisabeth
d'E.Guigou
au sens où il s’inscrit totalement dans l’objectif poursuivi par le
gouvernement à travers le COR, sans le contraindre à prendre de décisions avant
les échéances électorales de 2002.
Dans
l’immédiat, il s’agit pour le MEDEF d’une avancée politique : les
dirigeants de la CGT et de FO restent impliqués autant à travers le COR que part
l’accord du 14 février dans les « négociations » en vue d’une
« réforme ». Et de plus, cerise sur le gâteau, les patrons n’auront
pas à payer les 11 milliards de cotisations non levées au titre de l’ASF au
premier trimestre 2001 (ceux qui n’avaient pas suivi la consigne du MEDEF
seront remboursés) ; le payement des retraites complémentaires pour cette
période sera assuré en puisant dans les réserves de l’ASF.
Ttrois nouveaux
chantiers
La
marche à la refondation sociale ne faiblit pas. Toujours avec la participation
des dirigeants de la CGT et de FO, deux nouveaux chantiers se sont ouverts et
les discussions sur l’engagement d’un troisième sont en cours.
Le
premier est celui de la formation professionnelle. Il s’est ouvert le 20
décembre 2000, au moment même où le MEDEF lançait son ultimatum sur les
retraites complémentaires. Le groupe de travail est dirigé par le patron
d’Usinor, Francis Mer. Les exigences du patronat peuvent être résumées
ainsi :
« Une
chose est sûre, le MEDEF refuse de payer la facture. Cette formation,
puisqu’elle est à l’initiative du salarié, devra être à sa charge et se faire
sur son temps libre »
(Le
Journal du Dimanche du
25/2/2001)
tandis que Les Échos du 26/2/2001 précisent :
« Le MEDEF préconise un droit individuel
entièrement pris sur le temps libre du salarié, l’entreprise prenant en charge
les frais pédagogiques de la formation. Pour y accéder le salarié pourrait
piocher dans un compte épargne temps (constitué au niveau de la branche ou de
l’entreprise ou des deux), alimenté en partie des congés payés du salarié (10
jours dans le projet patronal de départ), ses heures supplémentaires, ses
primes converties en temps ou encore une fraction de ses augmentations de
salaires »
Le
deuxième chantier est
celui hautement politique des «voies et moyens de l’approfondissement de
la négociation collective ».
Les discussions se sont ouvertes le jour prévu par le patronat, il y près d’un an,
le 31 mars 2000. La dernière réunion du groupe s’est tenue le 19 mars 2001 et
pour le moment les travaux sont interrompus jusqu’au 8 juin prochain. Là aussi
le MEDEF a annoncé clairement la couleur :
« Le
patronat cherche avant tout à exiger du gouvernement que la place des
partenaires sociaux soit reconnue, y compris dans la Constitution, avec la
création d’une instance chargée de faire respecter le partage des rôles. Il souhaite
aussi modifier le principe de «faveur » - les accords signés à un niveau
ne peuvent être moins favorables aux salariés que ceux des niveaux
supérieurs » pour lui substituer le principe d’ «autonomie ». Ce dont les syndicats
ne veulent pas entendre parler. Mais, sur la forme, le climat est manifestement
assez apaisé – hormis avec la CGT -, notamment parce que, tactiquement, Denis
Gauthier-Sauvagnac rêve d’un accord avec 4 syndicats, y compris FO, et semble
prêt au compromis qui le rendra possible ».(Les Échos du 22/3/2001).
Le
troisième chantier à ouvrir est celui est celui de la «protection
sociale ». Les travaux n’ont pas encore commencé pour la simple raison que
pour le moment FO n’a pas confirmé sont intention de
participer comme elle a participé à tous les autres chantiers. En effet, au
moment où la possibilité pour FO de rester dans la gestion de l’UNEDIC n’était
pas encore acquise, Blondel tonitruait :
« Le
secrétaire général de FO, Marc Blondel, s’est interrogé, vendredi 16 février,
lors d’une conférence de presse, sur l’utilité de poursuivre la refondation
sociale qualifiée d’ « opération pourrie » dans laquelle « les
patrons ne sont pas sincères ». « j’en arrive à me poser la question ;
est-ce qu’il faut que nous allions (…) discuter de la Sécurité Sociale »,
le prochain chantier qui devrait être ouvert en mars, a ajouté M. Blondel.
Selon lui, depuis le début, cette refondation initiée par le MEDEF, qui a vu la
crise se nouer successivement autour de l’assurance-chômage, de la santé au
travail et des retraites, « est un désaveu politique complet ».
« Il y a un jour où les patrons se diront : « mais dans le fondt, ils [les
responsables du MEDEF] nous ont entraîné où ? », a conclu le
secrétaire général de la centrale » (Le Monde du 19/2/2001).
Mais depuis le 16 février, avec la
signature par FO de la convention de gestion de l’UNEDIC qui garantite que FO
conservera ses postes de gestion, « le
climat est manifestement apaisé ». Il ne fait aucun doute que les dirigeants
de FO s’apprêtent à retrousser eux aussi les manches sur le chantier de la
« Protection sociale », comme ceux de la CGT.
Aà propos du
paritarisme
Pour
justifier leur participation à la refondation sociale initiée par le MEDEF, les
dirigeants de FO et de la CGT ont avancés que l’enjeu était le remise en cause
du paritarisme, que de son côté le patronat menace constamment de remettre en
cause. Sur cette question il est nécessaire de rappeler comment les trotskystes
considèrent la question.
CPS n° 42 d’avril 1992 indiquait :
« La
co-gestion d’organismes paritaires est toujours une duperie pour la classe
ouvrière. Rien ne le démontre mieux que la « co-gestion » des ASSEDIC
et de l’UNEDIC. Obliger d’accepter l’institution d’une assurance chômage, de
contribuer à son financement, le patronat amène ses «partenaires » à
prendre la responsabilité de rogner de plus en plus les indemnisations
fournies, au fur et à mesure où le chômage s’accroît, et à faire supporter à
l’ensemble des travailleurs des charges financières s’alourdissant.
La
« co-gestion » c’est l’intégration pleine et entière dans les
rapports de production capitalistes. Elle exige de se plier à ses
déterminations et à ses exigences. C’est-à-dire : le respect et la défense
de la propriété privée des moyens de production ; la production et la
réalisation de la plus-value, le taux de profit ; pousser au maximum la
rationalisation et l’efficacité de l’exploitation de la force de travail ;
faire droit aux nécessités de la concurrence, à savoir la productivité, la compétivitécompétitivité. C’est
la «religion de l’entreprise (capitaliste) » et la soumission par les
«représentants » des travailleurs de ceux-ci à celle-là. Tel est le contenu
de « l’économie sociale de marché » dans laquelle s’intègre la
« co-gestion ». Par exemple l’une des tâches des comités d’entreprise
est de participer à la définition et à l’application de la politique patronale
de gestion de la force de travail en raison de la conjoncture économique
générale et de la situation particulière de l’entreprise, de ses besoins
prévisibles immédiats, à moyen et à long termes »
CPS n° 46 de février 1993 complétait :
« La
co-gestion (et la paritarisme est une forme de co-gestion) qu’elle concerne les
organisme sociaux, la Sécurité Sociale, l’indemnisation du chômage ou tout
autre domaine, est toujours une institutionnalisation de la coopération du
capital et du travail, et est, par principe inacceptable. Inéluctablement elle
signifie auto-limitation pour ma la classe ouvrière et joue contre elle. La
gestion par les syndicats (à condition qu’elle soit placée sous un contrôle
ouvrier réel et étroit) des organismes sociaux, de la Sécurité Sociale, de
l’indemnisation du chômage, etc. est une revendication qui doit être avancée (le patronat
et l’État payent, les syndicats ouvriers gèrent). Mais nulle illusion ne doit
être diffusée : la gestion par les syndicats ouvriers n’est pas durable,
si la classe ouvrière ne prend pas le pouvoir politique pour détruire la
société et gérer la nouvelle, en un mot s’engager sur la voie qui mène au
socialisme. Bien plus : si la classe ouvrière ne prend pas le pouvoir, la
gestion risque de se retourner en son contraire. En quelques mots, ce mot
d’ordre n’a de valeur que comme mot d’ordre de transition dans la perspective
de la prise du pouvoir » (souligné
par nous –ndlr)
Ainsi,
l’engagement des dirigeants des confédérations ouvrières CGT
et FO dans la refondation sociale, qui plus est au nom de la défense du
paritarisme, est l’expression de leur attachement irréversible à la défense de
l’ordre bourgeois. En acceptant de leur plein gré le cadre de la refondation
sociale, les dirigeants de ces confédérations adaptent la collaboration de
classe aux exigences de l’impérialisme français : pour
défendre son rang et tenter de repousser les échéances de la crise
dislocatrice de l’économie capitaliste,: faire payer le prix à la classe ouvrière et
à l’ensemble du prolétariat, participer du combat de liquidation de ses
conquêtes antérieures arrachées par des décennies de lutte acharnées et sanglantes.
Imposer aux dirigeants des
confédérations de rompre avec le MEDEF et sa refondation sociale
La
défense des revendications du prolétariat et des masses exploitées passe
nécessairement par le combat pour imposer aux dirigeants des confédérations
ouvrières, la CGT et FO, de rompre avec le MEDEF. Pratiquement, seul
l’engagement du prolétariat peut leur imposer de quitter tous les
«groupes » de la refondation sociale, de dénoncer tous les accords pourris
qui ont été signés dans ce contexte, de refuser de participer à leur
application dans le cadre du «paritarisme », de rompre tout lien avec les
«organisations de salariés » qui sont en tant que telles les alliés
directs des patrons (en premier lieu la CFDT mais aussi la CFTC et le CGC).
REVENDIQUER
Ce
combat est indissociable de celui pour que ces mêmes dirigeants rompent avec le
gouvernement, qu’ils réalisent le front uni des centrales syndicales pour
imposer aux députés du P.S. et du PCF de rejeter à l’Assemblée nationale toutes
les mesures que le gouvernement va leur demander d’adopter pour permettre l’application
pleine et entières des «accords ». passés dans le cadre de la "refondation"
patronale S’engager dans cette voie, c’est s’engager dans la voie de la
constitution d’un gouvernement du PS et du PCF sans représentant des partis
bourgeois, chasser Chirac et mettre à bas la cinquième 5ème Rrépublique. De ce gouvernement, le
prolétariat et la jeunesse exigeraient la satisfaction de leurs revendications,
la mise en œuvre d’un véritable programme anticapitaliste seul à même de le permettre la
satisfaction des revendications urgentes du prolétariat.