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Editorial de CPS n°35, 7 janvier 2009

Chômage, misère, contre-réformes, alors que la crise du capitalisme déferle,
pour les prolétaires, les jeunes :

La première mesure d’urgence face aux conséquences de la crise,
C’est d’imposer aux directions syndicales
la rupture avec le gouvernement Sarkozy-Fillon et le patronat
pour les combattre dans l’unité et les vaincre

La crise du capitalisme : un tournant dans la situation politique mondiale


C’était il y a quelques mois et cela semble dater de décennies : en juin dernier François Fillon célébrait la « victoire idéologique» des partis bourgeois qui auraient imposé « le libéralisme, la compétition et la mondialisation» comme une « réalité » indéniable : « Quand on refuse la réalité, on est au bout du compte renversé par la réalité » soulignait-il… Certes !
Au diapason, le PS a concocté une nouvelle déclaration de principes se prononçant ouvertement pour « l’économie sociale de marché », la LCR va faire disparaître sa référence au communisme (cf. dans ce numéro), et le 34ème congrès du PCF s’est fixé comme objectif l’oxymoron suivant : la « maîtrise publique des marchés » ou encore (mais la LCR ne dit pas autre chose) «un nouveau partage de la rémunération entre capital et travail ».

Mais la crise du capitalisme ouverte à l’été 2007 a pris un tour encore plus âpre et violent au point de faire se volatiliser tous les discours des mystificateurs se décernant à eux-mêmes sans parcimonie les titres de « penseurs » ou « intellectuels ».  La « victoire idéologique » que célébraient les partis bourgeois, c’est fondamentalement le ralliement de toutes les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier au mode de production capitaliste – l’immense désarroi politique du prolétariat mondial, privé de la perspective du socialisme.
La base de ce ralliement, de ce reniement ouvert, ce fut la restauration du capitalisme dans l’ex-URSS, qui permettait à tous les appareils, déjà profondément insérés dans la société bourgeoise, de reprendre en chœur que la différence entre capitalisme et socialisme était que le premier marchait tant bien que mal, et le second (en assimilant le socialisme et sa négation, le stalinisme) était voué à l’échec sanglant. Et voilà que le capitalisme ne marche plus.

S’accumulent les prévisions (aussi peu fiables soient-elles), qui annoncent que 2009 sera une année épouvantable, que des économies parmi les plus importantes vont reculer brutalement et simultanément, la Deutsche Bank parlant ainsi de 4% de baisse du PIB de l’Allemagne, cœur économique de l’Europe. Le BIT annonce des dizaines de millions de chômeurs de plus dans les pays dominants.

Les Etats-Unis suppriment un million d’emplois en deux mois, l’économie de la Grande-Bretagne semble projetée violemment en arrière par l’élastique du système de crédit, la production industrielle en cette fin 2008 s’effondre en Espagne et en France dans des proportions sans précédent depuis les années 30 (10 à 15% en quelques mois). Ajoutons que la crise financière n’est absolument pas terminée.

Mais il y a plus encore. Georges Bush qui déclare, « désolé », le 17 décembre dernier sur CNN « J’ai abandonné les principes de l’économie de marché pour sauver le système d’économie de marché ». Le recours généralisé à l’Etat, aux nationalisations ouvertes ou masquées, même dans le cadre du mode de production capitaliste, est une défaite idéologique qu’aucun des gouvernements œuvrant à défendre le capitalisme ne peut masquer, ne songe même à masquer.  La porte ouvrant vers le socialisme qui avait été fermée avec violence suite à l’effondrement de l’URSS,  s’entrebaille de nouveau avec les mesures prises aujourd’hui pour sauver le Capital de la faillite. Pour les masses, outre la remise en cause ouverte du capitalisme, la crise signifie aussi un saut qualitatif dans la dégradation de leurs conditions d’existence – comme elle signifie sur un autre plan un durcissement des relations entre puissances capitalistes.

C’est un tournant politique qui s’est engagé, et qui peut, sans qu’il n’y ait de certitude, permettre, au travers des combats de classe qui vont s’y inscrire, que les masses surmontent dans leur mouvement le désarroi profond dans lequel elles ont été plongées par la fin du cycle ouvert par la révolution d’octobre 1917. Et aux avant-postes de ce mouvement, on trouvera nécessairement la jeunesse, elle qui, des intérimaires licenciés aux étudiants privés d’avenir, est lourdement frappée par cette crise historique du mode de production capitaliste.


Italie, Grèce : la jeunesse engage le combat


Dans toute l’Europe, en réalité, depuis les lycéens allemands jusqu’aux étudiants espagnols, l’automne a vu la jeunesse manifester en s’opposant frontalement aux « plans de sauvetage » des banques financés dans tous les pays à son détriment comme à celui des prolétaires. On trouvera dans ce numéro de CPS un article consacré au mouvement en Italie. Partout s’exprime la volonté présente dans les banderoles des manifestations italiennes : « Nous ne paierons pas, nous, pour votre crise. ».
En Grèce, dans plusieurs manifestations dirigées vers le parlement, a été formulé clairement le mot d’ordre essentiel, l’objectif premier pour faire face aux conséquences de la crise du capitalisme : « dehors le gouvernement», lequel en Grèce comme ailleurs n’est que le conseil d’administration de la bourgeoisie, et programme à vitesse accélérée l’arsenal des contre – réformes visant à faire porter par le prolétariat et la jeunesse le fardeau de la crise.
En Grèce comme en Italie, c’est en relation avec la situation d’ensemble de la classe ouvrière que ces mouvements se sont développés dans une jeunesse plus libre de s’engager dans la lutte. La mobilisation étudiante en Italie a pris appui sur le puissant mouvement des instituteurs. La Grèce a connu d’importantes mobilisations d’enseignants pour les salaires, du prolétariat dans son ensemble en défense des retraites.
En Grèce comme en Italie, c’est la politique des dirigeants syndicaux, des partis issus du mouvement ouvrier, qui a interdit à ces mobilisations d’aboutir. Mais dans le même temps, les assemblées étudiantes ou lycéennes se sont adressées aux dirigeants syndicaux pour qu’ils organisent le combat de toute la classe ouvrière en particulier sous la forme de la grève générale pour défaire  - et même en Grèce pour chasser- les gouvernements bourgeois. A Athènes, à Patras, troisième ville de Grèce, les manifestants ont envahi les locaux de la GSEE (Confédération générale des travailleurs grecs) pour exprimer cette exigence du Front Unique des organisations du mouvement ouvrier, indispensable pour vaincre les gouvernements bourgeois. Les dirigeants syndicaux y ont fait obstacle. Ainsi la direction de la GSEE non seulement a refusé d’appeler à la grève générale mais a même activement saboté son propre appel à la grève du 10 décembre, annulant la manifestation qu’elle avait prévue en direction du parlement … à la demande du gouvernement lui-même ! Il faut y ajouter la position du PASOK (parti social démocrate) et du KKE (parti  d’origine stalinienne) qui refusent d’exiger le départ immédiat du gouvernement Caramanlis et de se porter immédiatement candidats au pouvoir, alors que même d’un point de vue de comptabilité électorale, avec l’« extrême gauche » ils étaient majoritaires en voix aux dernières législatives. Le KKE dénonce même en des termes brutaux la mobilisation des jeunes assimilés à des hooligans, au point que des journaux bourgeois grecs en appellent ouvertement à lui pour « restaurer l’ordre public et la protection du système démocratique si la police n’est pas capable de le faire. » (Article du quotidien Avrani)

Ces événements illustrent la nécessité brûlante de construire de nouveaux partis ouvriers révolutionnaires et leur Internationale pour mener ces combats. Ils témoignent aussi du contenu du tournant politique engagé, auquel la France n’échappe pas.


Faute d’être suffisamment couvert par la concertation,
le gouvernement recule préventivement sur la « réforme » des lycées.


C’est explicitement en référence à la situation en Italie ou en Grèce que le gouvernement a manœuvré en recul en « reportant » la réforme des lycées d’un an pour « donner le temps à la concertation », face au mouvement qu’engageaient les lycéens. Sans atteindre une puissance énorme, il est apparu suffisamment menaçant, compte-tenu du souvenir cuisant de la défaite du CPE, pour que Sarkozy décide de manœuvrer en recul. Ce que met en évidence cette manœuvre, c’est que la force du gouvernement réside dans la participation des appareils syndicaux.
Car le mouvement lycéen a pris appui sur la volonté des enseignants de combattre contre les « réformes », les suppressions de postes - ce qui vaut aussi et surtout pour les enseignants du primaire qui continuent par tous les moyens et malgré la politique des appareils syndicaux à s’opposer à la réforme du primaire et à la suppression des 6000 postes. Cette volonté s’est encore exprimée dans la grève largement suivie du 20 novembre (7 instituteurs sur 10 !) alors même que les dirigeants syndicaux en faisaient une grève « pour le dialogue social » écartant méthodiquement tout mot d’ordre de retrait des réformes. Elle s’est encore manifestée d’une certaine manière dans le vote massif aux élections paritaires, les directions syndicales ayant le plus ouvertement approuvé les réformes étant en général sanctionnées. Et c’est elle qui a remis en question le dispositif bien huilé de la concertation, ce qui a ouvert la voie au mouvement lycéen.

Lorsque précipitamment, Darcos, sur ordre de Sarkozy, a annoncé le report de la réforme, il n’a pas caché son amertume. Tout était si bien parti, a-t-il dit en substance. Nous avions signé avec la quasi-totalité des directions syndicales – à l’exception du petit syndicat FO de l’Enseignement – un accord en seize points sur la réforme. Mais « ceux qui s’opposent à tout changement » ont fait capoter l’accord et  les lycéens sont descendus dans la rue.
Le rejet de l’accord par  les professeurs est remonté jusque dans l’appareil syndical. L’appareil du SNES a dû se retirer de la commission Gaudemar d’élaboration de la réforme. Voilà une leçon précieuse pour qui entend combattre pour le retrait des contre-réformes du gouvernement Sakozy !

Pourtant s’il s’agit d’une manœuvre en recul, ce n’est pas le retrait de la réforme. C’est ce qu’a encore indiqué Sarkozy lors de ses « vœux » : « Il n’est pas question d’arrêter (les réformes) car elles sont vitales pour notre avenir… Je pense aussi à la réforme du lycée qui est nécessaire…. J’ai demandé que soit pris le temps de la concertation, parce que  prendre le temps de réfléchir ensemble, ce n’est pas perdre du temps pour la réforme. C’est en gagner. ».
Et Darcos d’annoncer qu’à travers la concertation et les « Etats généraux du lycée » il allait tout « reprendre à zéro » mais en intégrant cette fois dans les objectifs la réforme du statut des enseignants. C’est donc en renouant la « concertation », le « dialogue social », que le gouvernement entend poursuivre sa politique.

Ce n’est donc pas une victoire qui aurait été obtenue contre le gouvernement, à l’inverse des déclarations immédiates des dirigeants syndicaux indiquant que « le report, c’est ce que nous demandions » (C. Martens pour la direction du SNES). Par ces cris précipités de victoire, les dirigeants syndicaux espéraient que les lycéens allaient immédiatement rentrer dans le rang. Ce n’est pourtant pas ce qui s’est produit. Après les déclarations de Darcos, la mobilisation lycéenne a persisté et clarifié ses objectifs. « Ni maintenant, ni dans un an, ta réforme, on n’en veut pas » : tel était le mot d’ordre des lycéens lyonnais selon l’US, journal de la direction du SNES, qui semble ne pas y voir l’évidence : à savoir la condamnation par les lycéens de sa politique. Partout, en effet, les lycéens ont formulé : « retrait définitif de la réforme ».
L’exigence qui surgit de cette situation est que les directions syndicales, en premier lieu celle du SNES, rejettent la concertation proposée par Darcos. La « réforme » n’y survivrait pas. Et les réformes à tous les étages (primaire, LP, lycée, réforme des concours), les 13 500 postes supprimés cette année, seraient remis en cause. C’est aussi celle de la centralisation de la force du corps enseignant et de la jeunesse dans le combat contre le gouvernement. C’est le sens des prises de positions adoptées (voir interventions militantes dans ce numéro) dans un certain nombre d’assemblées enseignantes pour que les directions syndicales convoquent l’assemblée nationale des délégués d’établissement pour décider de l’action visant à  le faire plier – ce qui se situe à l’opposé de l’orientation de la journée d’action convoquée le 17 janvier  par  toutes les fédérations de l’enseignement (Sud comprise, à l’exception de FO) pour, entre autres : « un véritable dialogue social ».

Au demeurant, nulle illusion n’est permise : le gouvernement ne peut pas, dans la situation actuelle, en rabattre sur son programme de contre-réformes. Le report de la « réforme » des lycées n’a pour but fondamental que d’éviter que les autres ne soient perturbées.


Sarkozy le 31 décembre : « Il n’est pas question d’arrêter (les réformes)
car elles sont vitales pour notre avenir
 »


La crise vient frapper le capitalisme français alors que sa situation n’a cessé de se dégrader face à ses concurrents
Dans un article datant déjà du 11 septembre 2008, Le Monde  établit que la part de la France dans les exportations mondiales basée sur l’indice 100 en 1995, est tombée à un indice à peine supérieur à 70 en 2007. Le déficit commercial de juillet 2007 à 2008 atteignait le niveau record de 48,7 milliards d’euros quand dans le même temps l’économie allemande pourtant également touchée, restait excédentaire de 13, 9 milliards. Le même article cite le rapport du CAE (Conseil d’analyse économique) qui note : « Sur l’ensemble de la période 1995 -2000, la France a abandonné 17% de sa part de marché mondial pour seulement 2% pour l’Allemagne. ».
Aucun des secteurs où l’économie française pouvait encore se targuer d’une place sur le marché mondial n’est épargné. L’automobile (PSA, Renault), l’aéronautique (EADS en coopération avec l’impérialisme allemand), la distribution (Carrefour) : partout les patrons tiennent le même discours : réduction des ventes, réduction des objectifs de production. Avec à la clef, en particulier dans l’automobile le chômage partiel et derrière, des plans de milliers de licenciements.

Quant au secteur bancaire, où le capital français occupe les premiers rangs mondiaux, les discours de Lagarde de ces derniers mois selon lesquels il serait épargné ont quelque chose de pathétique : après la Société Générale, Natixis, le Crédit Agricole et les Caisses d’Epargne, c’est autour de PNB Paribas dont la presse vantait la « gestion avisée » de voir ses résultats plonger. Il n’est pas jusqu’à la Caisse des Dépôts et Consignations dont on annonce que le bilan pourrait être négatif. Or c’est à la CDC que le gouvernement veut largement faire appel pour son plan de « relance » !

Si on se tourne du côté des finances publiques, le tableau n’est pas plus affriolant. Mais là encore, les derniers développements de la crise viennent percuter une situation de faiblesse plus ancienne. Le déficit public est passé de 1,5% du PIB en 2000 à 2,7% en 2007 ; la dette de 57,3 à 64,2%. Evidemment toutes les mesures prises par le gouvernement, tant le plan de soutien aux banques que les « plans de relance » vont avoir pour effet immédiat de les faire exploser.
Les « plans de sauvetage » et autres « plans de relance » sont financés par l’emprunt et l’émission de bons du trésor. Cela signifie donc qu’au bout du compte ce sera à la population laborieuse d’en payer la note. Le 30 novembre, Copé, le président du groupe UMP interviewé sur i-télé indiquait avec un parfait cynisme quelle était la « contrepartie » des plans de soutien au capital financier :
« A partir du moment où nous sommes entrés dans une crise durable, il faut un plan de soutien. Mais(…) il faut en contrepartie, qu’on soit capable de faire d’authentiques économies. Il faut tailler dans les dépenses inutiles, réformer les procédures obsolètes, tenir la norme de réduction des effectifs dans la fonction publique, qui consiste à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux. Il faut aussi être extrêmement vigilant dans l’application des aides sociales. ».

Le gouvernement a déjà obtenu des succès non négligeables : l’adoption sans coup férir du budget triennal avec ses 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires en est un, et non des moindres. La fusion ANPE –ASSEDIC est chose faite. Elle a pour but de mettre en œuvre les mesures contre les chômeurs définissant de manière extensive l’« offre raisonnable d’emploi » que ceux-ci devront accepter ainsi que la nouvelle convention de l’assurance chômage (voir plus bas). Notons que si plusieurs grèves de 24 heures ont été largement suivies par les employés, les dirigeants syndicaux ne lui ont à aucun moment assigné le rejet de la fusion, mais la contestation des « conditions  dans lesquelles elle se mettait en œuvre ».
Le logement social est également dans le collimateur. D’une part le gouvernement a décidé que la collecte du livret A dont les fonds visent à financer le logement social pourrait désormais servir à financer les prêts aux PME. C’est un véritable rapt. D’autre part, la loi Boutin déjà adoptée au Sénat et en passe de l’être à l’Assemblée organise le pillage du parc HLM ainsi que du financement du logement social : mise en vente de 40000 logements sociaux sous couvert d’accès à la propriété des locataires, obligation pour les organismes HLM d’acheter 30000 logements qui restent invendus sur les bras des promoteurs, relogements d’office dans des appartements plus petits des loueurs lorsque leurs enfants quittent l’appartement familial.


 « Plan de sauvetage »,  « plans de relance » : « SAMU pour le CAC 40 »


Le plan « de relance » consiste pour l’essentiel en cadeaux aux patrons (exonération totale de charge sociales pour toute nouvelle embauche dans les entreprises de moins de 10 salariés, versement précipité de cadeaux antérieurement promis (tel le « crédit-recherche), un milliard d’euros visant à financer les crédits automobiles et « prime à la casse », plan d’investissements publics financées par les entreprises publiques – dont on évoquera ensuite les déficits pour justifier les attaques contre le statut des travailleurs - au profit des Bouygues, Alsthom et autres trusts, prêts à taux zéro pour le bénéfice du secteur du Bâtiment et des promoteurs immobiliers etc. Dans le même ordre d’idée, les entreprises pourront s’adresser à la CDC dans le cadre de la création d’un « fonds d’investissement stratégique », la taxe professionnelle sera supprimée. On comprend que des députés de la commission des finances aient parlé d’un « SAMU pour le CAC  40 » !  En clair, il s’agit de faire payer aux travailleurs la note.
La position du gouvernement Sarkozy dans le cadre de la négociation sur le chômage partiel le prouve : l’Etat va puiser dans l’enveloppe du plan de relance pour accroître le financement public du chômage partiel, lequel a été étendu par décret de 4 à 6 semaines consécutives. Comment mieux dire que ce plan de « relance » est un plan de financement des licenciements, de la misère dans laquelle le chômage partiel va plonger des centaines de milliers d’ouvriers réduits à 60% de leur salaire pour vivre ?

Ces plans au demeurant ne « relanceront » rien. Ils amortiront pour les patrons la chute de la production, des commandes, après que le plan de sauvetage des banques (10 milliards leur ont été effectivement versés) leur a permis d’éviter l’infarctus, sans pour autant empêcher le resserrement du crédit sensible partout. Aucun « plan » capitaliste ne peut empêcher les effets dévastateurs de la conjugaison d’une crise économique profonde avec une crise simultanée du crédit.

Une autre remarque s’impose. Le puits de la dette qui est creusé partout dans le monde par l’émission d’obligations d’Etat pour financer ces aides aux groupes capitalistes n’est pas sans fond. Contrairement à ce que prétendent les bureaucrates syndicaux, ou le PCF, le creusement de la dette ne prouve pas que « de l’argent il y en a » et que donc la question serait sa répartition. Au contraire, ces plans renouvelés mettent à l’ordre du jour un krach obligataire mondial, la capacité des Etats à se refinancer se rapprochant chaque jour de ses limites par de nombreux aspects (depuis la capacité d’action réduite des banques jusqu’au risque que la Chine en crise ne puisse plus financer l’endettement US). Un tel krach mettrait à l’ordre du jour une vague d’inflation renversante, et rendrait le poids de la dette publique insoutenable, même si aujourd’hui prévaut une baisse généralisée des prix consécutive à l’asthénie économique mondiale.
Enfin, jamais à court de compliments à son propre égard, Sarkozy a présenté cette relance comme relevant d’une « coordination européenne » lors de ses vœux : « Les initiatives que j’ai prises au nom de la présidence française de l’Union Européenne pour coordonner l’action de tous les Européens… ont permis d’éviter que le monde s’engage sur la pente de chacun pour soi qui aurait été fatale. »

C’est un mensonge éhonté : dans une tribune commune avec Merkel, publiée dans plusieurs quotidiens européens, Sarkozy explique le contraire. « Il n'existe en effet pas un modèle unique de plan de relance qui puisse être appliqué par vingt-sept États membres dont les situations économiques et budgétaires sont différentes (…)Il revient à chaque pays de construire son propre plan et de décider son propre dosage ». C’est bien justement le « chacun pour soi » qui a prévalu aussi bien dans le domaine des garanties apportées aux placements bancaires, chaque gouvernement tentant de défendre l’attractivité de « ses » banques, que dans le domaine des plans de « relance ». Pour le reste, l’impérialisme allemand a répondu « Nein » à chaque projet visant à le faire payer pour les autres. Et une question se pose déjà et va se poser avec de plus en plus de force : celle du destin de l’euro, monnaie commune de pays concurrents au sein de l’union Européenne.
Face à ces plans, il faut exiger des dirigeants syndicaux, non seulement qu’ils ne s’y associent pas – Sarkozy le leur propose au sein du comité de gestion du « fonds souverain » - mais qu’ils en exigent le retrait, exigence qui vaut pour le PS et le PCF.  On se souvient de la scandaleuse abstention du PS sur le plan de sauvetage des banques dont les dirigeants du PS ont pris soin eux-mêmes d’indiquer qu’elle valait approbation (voir l’article dans ce n° sur le PS).
S’agissant du « plan de relance », le discours des appareils syndicaux a consisté pour l’essentiel à regretter qu’il soit « déséquilibré », ses « manques » ou « insuffisances », s’agissant des salaires ou de l’emploi public, etc. Idem pour le PS et le PCF. Au point que l’éditorialiste du Monde du 4 décembre s’est cru obligé de le relever, indiquant que « même les syndicats se montraient inhabituellement bienveillants envers une initiative susceptible d’éviter les destructions d’emploi et, pourquoi pas, de nouvelles délocalisations. » (ndlr : sans rire !). La « bienveillance » des bureaucraties syndicales (du PS et du PCF) à l’égard de ces plans de relance qu’ils voudraient « compléter » est le nœud de la question : s’inscrire dans le cadre du régime capitaliste implique au bout du compte d’en accepter toutes les conséquences et de se faire les agents de toutes les contre-réformes au programme du gouvernement, au premier rang desquelles celle contre le droit à la santé.


Un enjeu décisif de la lutte des classes : la contre réforme de l’Hôpital Public


La loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » qui doit être adoptée fin Janvier est une loi de destruction de l’Hôpital Public en même temps qu’elle porte un nouveau coup à la Sécurité Sociale. Elle intervient après la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2009, laquelle généralise la tarification à l’activité qui vise à « rentabiliser » à outrance les interventions. La fixation de l’ONDAM (objectif national de dépenses d’assurances maladies) à + 3,3% en 2009 par rapport à 2008 signifie, selon la Fédération Hospitalière de France– qui rassemble les directeurs d’Hôpitaux, et ne peut être accusée de vouloir combattre le gouvernement - la suppression de 20 000 postes !
Elle rationne soins et médicaments (jusqu’aux médicaments administrés dans le cadre des chimiothérapies !). Partout les ARH imposent aux hôpitaux des plans de retour à l’équilibre en vertu de quoi les directions sont invitées à tailler dans les effectifs et même dans les garanties des personnels en termes de progression de carrière. Enfin, elle fait rentrer les mutuelles et assurances privées dans les caisses régionales d’assurances maladies, moyennant un « ticket d’entrée » qui sera au bout du compte payé par les assurés (via l’augmentation des tarifs).
La loi HPST entend instaurer les ARS (Agences régionales de Santé). Les Caisses Régionales d’Assurances Maladies devraient être liquidées en passant sous la coupe des ARS, lesquelles auront en charge la « réorganisation de l’offre de soins ». Traduisons : fermeture de services et d’établissements, transformations d’hôpitaux en centres de long séjour, la charge du financement revenant dans ce cas aux collectivités territoriales, si elles en ont les moyens ; mise en place des « communautés hospitalières ».
Mais l’hôpital public lui-même doit être réorganisé en « entreprise ». Et d’abord à sa tête. Sarkozy, Bachelot le répètent à l’envi : le directeur d’hôpital doit devenir un véritable patron, nommé sur la base d’objectifs de rentabilité et révoqué s’il se montre incapable de les atteindre (comme cela vient d’être le cas au CHU de Créteil). Les « conseils d’administration », présidés par des élus locaux susceptibles de céder aux pressions de la population laborieuse, disparaissent au profit de « conseils de surveillance ». Comme patron, le directeur d’hôpital aura tout loisir de privatiser les services qui ne sont pas directement impliqués dans les soins (buanderie, restauration, logistique). Mieux encore, il pourra recruter sous statut de droit privé les praticiens hospitaliers, et aussi les licencier. C’est un coin enfoncé dans le statut de la fonction publique hospitalière. Il est clair qu’à terme comme le réclament d’ailleurs ouvertement les patrons de CHU, il s’agit de donner tout pouvoir au chef d’établissement hospitalier tant sur le recrutement que sur le déroulement de carrière des travailleurs hospitaliers.
Cette véritable privatisation de l’hôpital public va de pair avec le fait que seront confiées des « missions de service public » aux cliniques privées. En clair, dans le cadre de la  « réorganisation de l’offre de soins », certains actes seront dans certaines régions effectués exclusivement dans le secteur privé. Les conséquences en termes de droit à la santé pour les travailleurs vont très vite se révéler dramatiques.
Car la plupart des médecins et chirurgiens intervenant dans les cliniques privées ne sont pas conventionnés. Cela signifie tout simplement que pour nombre de travailleurs, les soins seront financièrement inaccessibles. Le gouvernement l’avoue d’ailleurs assez ouvertement qui négocie avec les syndicats de médecins via l’assurance maladie un  nouveau secteur à dépassement d’honoraires prétendument limité et le fait qu’une certaine proportion d’actes devraient être faits sans dépassement. Et tant pis pour ceux qui auront la fâcheuse idée de tomber malade après que la dite proportion aura été dépassée !

On pourrait imaginer qu’un projet aussi destructeur suscite immédiatement une prise de position commune des fédérations syndicales de santé pour le retrait. Et bien, pas du tout ! Convoqués par Sarkozy à Strasbourg pour la présentation de la « réforme », les dirigeants syndicaux se sont sagement rendus pour l’écouter. Lors de la Commission Fédérale Nationale de la CGT Santé d’octobre dernier, la direction de la CGT a rejeté la proposition de se prononcer pour le retrait du projet de loi au nom du fait que « la CGT avait des propositions à faire ». Et on peut lire, dans un compte rendu établi par Prada au nom de la CGT
« A la suite d’un débat de fond qui a duré 4 heures,  les organisations syndicales et la Mutualité ont acté un avis partagé et très critique sur le projet de loi.
Le débat a montré que toutes les organisations présentes n’avaient pas, sur toutes les questions débattues, les mêmes propositions alternatives au projet de loi de la Ministre de la santé. Cependant elles ont aussi constaté la possibilité de convergences réelles et la nécessité de donner des suites à cette première réunion. (…) dégager des propositions communes pour peser sur le débat parlementaire prévu en janvier 2009. Trois grand sujets de discussion ont été retenus : l’hôpital public et le rapport entre public et privé, l’offre de soins (Installation des médecins, forme de rémunération), les agences régionales de santé. »
« Discussion », « propositions », litanie bien connue des travailleurs, celle de la trahison.

Certes, tout n’est pas dit tant que la loi n’est pas adoptée. Dans les hôpitaux, comme au CHU de Créteil, ou dans la région Auvergne (voir dans ce numéro), l’unité syndicale s’est constituée sur le mot d’ordre de retrait de ce projet de loi. Mais chacun peut être certain que seule la mobilisation des travailleurs des hôpitaux peut contraindre les dirigeants des fédérations à revenir sur cette honteuse position de « contribution » des directions syndicales à l’adoption de la loi, à les contraindre à convoquer la manifestation nationale des hospitaliers à l’Assemblée nationale au moment de la discussion parlementaire, pour en exiger le retrait.


Au service de la politique violemment anti-ouvrière :
l’Etat policier et le retour aux sources de la Ve république


La crise ne peut qu’attiser la frénésie des attaques tous azimuts contre les acquis ouvriers du gouvernement Sarkozy-Fillon. « Sarkozy bouscule le calendrier  parlementaire » écrit le Monde du 13 décembre. Que le compromis passé avec les plus cléricaux de l’UMP sur le travail du dimanche ne leurre pas un travailleur conscient !  Le projet résultant de cette discussion légalise les dérogations, élargit le recours du travail du dimanche aux zones frontalières, « touristiques », bref, partout où le patronat en a besoin. En tous domaines, nous allons y revenir, le gouvernement entend bien poursuivre sa sale besogne.  

Et s’il le fait dans la concertation, il faut souligner que, parallèlement, complémentairement, il le fait en renforçant sans cesse l’appareil d’Etat. La loi sur l’audiovisuel, outre qu’elle est un cadeau d’importance à son ami Bouygues et à TF1, vise à faire que France Télévisions redevienne la « voix de la France » comme au temps de de Gaulle, c'est-à-dire aujourd’hui la voix de Sarkozy lui-même, tandis que se multiplient les atteintes à la liberté de la presse, que la suppression annoncée du juge d’instruction n’a pour but que soumettre directement au pouvoir les « affaires » sensibles. Signe des mœurs pourries du palais de l’Elysée, l’amnistie de Marchiani, l’homme de l’Angolagate, sur intervention directe de Pasqua, qui ne s’en cache pas et dont chacun connaît la place dans l’appareil gaulliste. Retour aux sources de la Ve république, donc, avec l’Etat policier, le million au moins de personnes fichées, le fichier Gestex contre « l’extrémisme »…   
Le caractère bonapartiste et policier de la Vème République, c’est aussi cela :
« Six jeunes ont été arbitrairement arrêtés lors de la manifestation de soutien aux étudiants grecs vendredi 12 décembre à Paris. La police a pris prétexte de ce que la manifestation n’était pas autorisée pour choisir au hasard quelques manifestants. Après 48 heures de garde à vue, où pendant les premières 24 heures, ils n’ont pu rencontrer ni avocat, ni médecin et où ils ont été menacés et privés de sommeil, ils sont passés en comparution immédiate. Ils ont été inculpés de violence en réunion contre la police, destruction de biens publics en réunion et refus de prélèvement ADN. Ils risquent jusqu’à 5 ans de prison. Face au manque de preuves, le juge a  décidé de reporter leur procès. Il aura lieu le 19 Janvier… »  (Extrait d’un communiqué demandant la relaxe de ces jeunes et appelant à un rassemblement au TGI le jour du procès).

Ce renforcement insidieux mais déterminé de la Vème République, ne retire rien au rôle de la concertation (comme le report de la réforme des lycées l’a confirmé).


Privatisation de La Poste, formation professionnelle, chômage partiel, Fonction Publique …:
la concertation est l’instrument le plus efficace pour le gouvernement Sarkozy-Fillon


Alors que Sarkozy s’apprête, une nouvelle fois, à établir un « agenda partagé » avec les directions syndicales, le produit des discussions passées et présentes suffisent à rappeler à tout travailleur, tout jeune, conscient, qu’elles n’ont rien fait d’autre que paver la voie à toutes les « réformes » Sarkozy.

A La Poste, la commission Ailleret a été mise en place, notre précédent numéro l’avait montré, pour associer la totalité des directions syndicales à la destruction du statut de la Poste. Dans la mesure où, sous couvert de leur pétition pour un « référendum », les directions syndicales ont participé du début à la presque fin de ses travaux, Sarkozy a pu s’appuyer sur la concertation pour annoncer le changement de statut de La Poste le 18 décembre. Avec bien sûr les escroqueries d’usage sur la garantie de la participation de l’Etat que l’exemple de GDF suffit à réduire en bouillie pour chats (ou pour bureaucrates syndicaux).

Lorsque Fillon enjoint les directions syndicales de discuter cette fois-ci de la formation professionnelle, il avait fixé l’objectif : « suppression totale ou partielle d’obligation légale pour la formation professionnelle »(…) au bénéfice d’une obligation négociée librement dans les branches et les entreprises ».
Lorsque le patronat et le gouvernement ouvrent la concertation sur l’assurance chômage, le point de départ, et d’arrivée, c’est la diminution de la cotisation patronale, d’autant plus scandaleuse que le chômage explose !
Au final, quand bien même ni l’appareil FO, ni l’appareil CGT, n’ont estimé pouvoir ou devoir le signer, le texte pourra être ratifié par le gouvernement comme résultat de « négociations » que tous ont acceptées, et dont le contenu découle du cadre fixé dès le départ, à savoir que pour des centaines de milliers de chômeurs, la durée d’indemnisation va baisser (au nom de la filière unique). D’ailleurs, la CFDT vient de mettre les appareils CGT et FO au pied du mur : en signant, elle les oblige, pour que l’accord ne s’applique pas, à faire jouer leur droit d’opposition. Ne pas le faire reviendrait à exposer leur accord plus nettement encore que ne l’avait signifié l’acceptation des négociations sur des bases pourtant inacceptables.
Dans la fonction publique,  la concertation porte sur la mise en musique du « livre blanc » qui ne vise à rien moins qu’à la destruction du statut général (cf. CPS n°32 ).
Ainsi depuis des mois et comme application de l’ « accord sur le dialogue social dans la Fonction Publique » signé par la quasi totalité des dirigeants syndicaux, ont lieu des discussions visant à préparer la loi de réforme – « modernisation » de la Fonction Publique : liquidation  du recrutement sur concours et des corps , des règles de mutation sur barème au profit du recrutement direct par la hiérarchie, liquidation de la grille indiciaire et du point d’indice qui unifie tous les fonctionnaires au profit de l’individualisation  des salaires. Voilà ce qui se discute depuis des mois dans le secret des cabinets ministériels  pour adoption d’une loi de destruction de la Fonction Publique au printemps, après adoption préalable de la loi mobilité - laquelle permettra le licenciement d’un fonctionnaire refusant des propositions de  reclassement.

Quant à l’accord sur la formation professionnelle, dans la continuité du « droit individuel à la formation » à l’époque signé par tous les dirigeants syndicaux y compris ceux de la CGT, il la place dans la perspective ainsi précisée par Le Monde du 24 décembre : « Patronat et syndicats ont essayé de mettre en application la sécurisation des parcours professionnels, un concept inscrit dans l’accord de modernisation du marché du travail du 11 Janvier 2008 et qui vise à « favoriser l’accès à la formation de certains salariés et demandeurs d’emploi » . Le même article croit bon de préciser que c’est là l’ « objectif fixé par Nicolas Sarkozy » et pouvoir annoncer une signature unanime. « Pas décisif » dit la direction FO. « Avancées du texte » dit celle de la CGT.

On l’a compris : il s’agit de préparer les travailleurs aux licenciements massifs, à la déqualification. Il s’agit d’anticiper la généralisation des « contrats de transition professionnels » annoncée par Sarkozy qui imposeront aux travailleurs licenciés moyennant une indemnisation sur quelques mois l’acceptation de n’importe quel travail sur le bassin d’emploi.
Dans le même temps l’accord sur le chômage partiel, signé par toutes les directions syndicales à l’exception de la CGT offre au patronat (grâce aux décrets pondus concomitamment par le gouvernement) une extension sans frais de sa durée. Mettre en avant l’augmentation (de 50 à 60% du salaire) du chômage technique alors que sa durée passe de 4 à 6 semaines d’affilée, c’est vanter une nouvelle perte sèche de revenu pour les travailleurs. C’est pourtant ce que fait l’appareil de FO, celui de la CGT pour sa part n’a pas signé mais ne s’oppose pas.

Il y a évidemment un rapport entre cette politique des dirigeants et l’abstention massive des travailleurs aux prudhommales. Sans doute, il ne faut pas sous estimer les difficultés matérielles du vote, et le fait que patronat et gouvernement ont tout fait pour une telle abstention. Mais en d’autres circonstances, les travailleurs seraient passés par-dessus les obstacles. Elle est inséparable de la baisse constante des adhésions syndicales. Elle constitue une condamnation de la politique des appareils, même si elle s’exprime ici d’une manière négative et stérile.


L’objectif : c’est le front unique des organisations du mouvement ouvrier
pour vaincre, et en finir avec le gouvernement Sarkozy-Fillon,
et pour cela combattre à tous les niveaux pour la rupture du dialogue social
avec le gouvernement et le patronat


Ce que la crise du système capitaliste annonce contre le prolétariat et la jeunesse de ce pays surpasse par la violence des attaques tout ce qui a été subi depuis la dernière guerre mondiale. Devant nous, s’annonce une véritable déferlante de plans de licenciements dans l’automobile et les entreprises sous-traitantes, la métallurgie, l’agro alimentaire etc. Chômage de masse pour les uns et pour les autres « chacun devra faire des efforts… nous devons nous préparer en travaillant plus » (vœux de Sarkozy).
Dans ces circonstances, si le gouvernement va devoir s’appuyer encore davantage sur la collaboration des appareils syndicaux (et celle du PS), cette même collaboration ne va pas être rendue facile, pour le moins, par de telles circonstances. La volonté des appareils de défendre leur place de « partenaires sociaux » du pouvoir peut être battue en brèche par celle des travailleurs, de la jeunesse, d’en finir avec cette politique, avec ce gouvernement.
C’est cette même contradiction, dont la résolution n’est pas donnée d’avance, qui se manifestera lors de la journée d’actions, de grèves, convoquée unitairement par les appareils le 29 janvier.

L’appel au 29, signé par la totalité des confédérations, concentre tous les problèmes politiques. En préalable d’une longue déclaration, voilà ces bureaucrates assemblés qui déclarent en chœur: «les seules lois du marché ne peuvent régler tous les problèmes »… mais presque ? Tout le reste en découle : au lieu de revendiquer « aucun licenciement », elles proposent d’utiliser «les périodes de baisse d’activité pour développer la formation professionnelle » ; de « penser autrement l’évolution des services publics », acceptent le principe des « allègements de cotisations sociales », et des « aides aux entreprises », mais sous conditions, (ah mais !). Conclusion de ces fermes résolutions à capituler au nom de la « cohésion sociale » : l’exigence du « respect du dialogue social sur tous les projets et propositions de loi qui touchent à la réglementation du travail ». Après une telle offre de services, le gouvernement et le Medef, que les bureaucrates disent vouloir « interpeller », auraient tort de s’inquiéter.

Avec la crise, le travail réactionnaire, conservateur, des appareils syndicaux, peut s’en trouver totalement remis en question par le mouvement des travailleurs eux-mêmes. Mais l’absence de perspective politique, que le congrès du PS ou le futur congrès du NPA (voir dans ce numéro) entretiennent, pèse et continue de peser d’un poids plus lourd encore que ne le fait la crise elle-même.

Les travailleurs le savent, le sentent, aucune revendication ne peut être satisfaite sans que soit remise en cause l’existence du gouvernement Sarkozy-Fillon. Comment cela est-il possible? Pas autrement qu’en poussant jusqu’au bout le mouvement pratique découlant des nécessités de tout combat de classe : imposer l’unité des organisations du mouvement ouvrier, combattre pour qu’elles opposent au gouvernement un front uni, qu’elles affichent comme objectif de le chasser et de porter au pouvoir un gouvernement issu de ce front unique, sans représentants des partis de la bourgeoisie. Un tel gouvernement, liquidant la Vème République, serait en mesure sous la pression des masses de prendre les mesures de protection contre la crise du capitalisme qui menace aujourd’hui de précipiter des centaines de milliers de familles ouvrières et populaires dans la misère et la déchéance.

Parmi ces mesures : le refus de tout licenciement, la défense intégrale du pouvoir d’achat des salaires, le refus de toute expulsion, de l’annulation des dettes qui accablent les ménages populaires – et au centre de toutes ces mesures, alors que le chômage explose, celle du droit au travail, qui ne peut se concevoir en dehors de la réduction massive de la durée du travail, hors toute flexibilité, pour permettre à tous de s’employer utilement dans des conditions dignes.
Voilà ce que la crise brutale du capitalisme met à l’ordre du jour : rompre avec la loi du profit, s’engager dans l’expropriation des grands groupes capitalistes, les banques, les Veolia, Lagardère, Pinault, Bouygues, etc.
Que chaque travailleur, jeune, militant, y réfléchisse, vite : l’alternative devant laquelle la crise place l’humanité est soit de s’engager dans la voie qui mène au socialisme, soit le déchaînement de la barbarie capitaliste à tous les niveaux. Dans une telle situation, rien n’est plus décisif que de contribuer activement, à la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, combattant pour la prise du pouvoir par les travailleurs. C’est ce que le Groupe appelle instamment à faire : le temps presse !  


Le 7 janvier 2009

 

 

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