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article paru dans CPS n°34, septembre 2008

Enseignement public :
Combattre les contre-réformes du gouvernement Sarkozy-Fillon-Darcos, c’est combattre pour la rupture des directions syndicales de l’enseignement avec ce gouvernement


Le gouvernement, son ministre Darcos peuvent plastronner. Cette rentrée 2008  a été pour lui d’une remarquable tranquillité.  Aucune mobilisation de quelque importance n’aura troublé cette tranquillité. Et pourtant, sans aucun doute il y avait matière… Mais si aujourd’hui, domine le désarroi dans les établissements scolaires, de ce désarroi, les enseignants ne sont nullement responsables. La cause n’est nulle part ailleurs que dans un degré de collaboration, de coopération des dirigeants syndicaux aux plans du gouvernement sans équivalent dans le passé. 

Dégager les moyens permettant que soit surmonté ce désarroi, indiquer sur quelle orientation il est possible d’œuvrer en ce sens, tel est le but de cet article.


Primaire : remise en cause brutale du droit de grève et réforme obscurantiste


Il faut commencer par dire : cette rentrée 2008 se fait sous le signe de la plus violente offensive contre le droit de grève des fonctionnaires depuis que ce droit existe. L’Assemblée Nationale a voté en Juillet la loi instaurant l’obligation pour les enseignants du primaire de se déclarer grévistes 48 heures à l’avance pour permettre un « service minimum d’accueil » dans les écoles. Pour mesurer le degré d’hostilité des dirigeants syndicaux à cette offensive, il suffira de dire que c’est le secrétaire général du SNUIPP, Moindrot, qui dans le cadre de la « concertation » a proposé que l’appareil syndical lui-même annonce le chiffre globale de grévistes prévus.  Le SMA (service minimum d’accueil) a aussi pour effet  de substituer aux enseignants des personnels communaux sans qualification pour enseigner qu’il est envisagé d’utiliser aussi  pour d’autres occurrences ( et en particulier à terme pour pallier au manque de remplaçants).

Les projecteurs des média ont été braqués sur la mise en place à cette rentrée sur la réforme du primaire.  Les enfants perdent une demi journée de classe par semaine soit quasiment l’équivalent d’une demi année sur l’ensemble de la scolarité primaire. Il s’agit clairement d’une « réforme » pour l’ignorance, d’une réforme obscurantiste et réactionnaire. Il s’agit aussi  d’une réforme contre le statut des professeurs des écoles. Les heures du samedi matin sont remplacés par des heures de « soutien aux élèves en difficulté », heures annualisées, qui ne seront pas nécessairement faites dans l’école où ils exercent anticipant les EPEP (établissements publics d’enseignement primaire). Les 8000 postes spécifiques d’enseignants s’adressant aux élèves en difficulté (RASED) ont vocation à disparaître.

Ajoutons que commencent à surgir dans tel ou tel département des propositions de garderie payante pour les parents dont les enfants ne sont pas pris en charge au titre du « soutien » !  C’est un fait que la réforme est passée sans que son rejet par les enseignants – attesté par le résultat du « sondage » réalisé par le SNUIPP – puisse trouver une issue.

CPS 32 a clairement analysé comment les directions syndicales l’avaient permis. Toutes les directions syndicales, y compris le SNUIPP avaient signé dès novembre 2007 le « protocole de discussion » pour son élaboration. Lorsque Darcos en a annoncé la version finale, la signature du SNUIPP sur ladite version n’était plus nécessaire. Celles du SE et du SGEN suffisaient. Le refus des enseignants pouvait alors être aiguillé sur la voie sans issue de la polémique sur les programmes. Mais les nouveaux programmes supprimant pour les enfants l’essentiel de l’enseignement  de l’histoire, des sciences, pour réactionnaires qu’ils soient n’étaient que la conséquence de la réforme. On vit pourtant les signataires de la réforme eux même (les dirigeants du SE par exemple) s’indigner des  programmes d’une réforme qu’ils avaient soutenue de bout en bout. Aujourd’hui, les dirigeants syndicaux multiplient les « colloques » et autres opérations sur le terrain des effets nocifs de la réforme sur les « rythmes scolaires ». Que la réforme ait aussi pour effet d’imposer aux enfants – en particulier ceux qui suivront le « soutien scolaire » - des horaires qui défient le bon sens, c’est incontestable. Mais là encore, c’est pour mieux avaliser la réforme que les dirigeants font des phrases sur tel ou tel de ses effets. Ce que dit sans phare le responsable national du SGEN :
« Il ne s’agit pas de remettre en cause la suppression du samedi matin – aucun syndicat n’est  prêt à demander son rétablissement – mais de réfléchir à la meilleure organisation possible pour les enfants. ».

Autrement dit, c’est bien dans le cadre d’une « bonne » application de la réforme que se situent les dirigeants syndicaux. Ce qui s’est passé au Conseil national du SNUIPP de Juin en atteste encore. Un amendement se prononçant pour le retrait du décret modifiant le temps de travail des enseignants pour la mise en œuvre de la réforme a recueilli 27 voix pour, 27 voix contre, deux abstentions et un refus de vote. C’est l’appareil du SNUIPP qui a pesé de tout son poids pour que cet amendement ne soit pas adopté, et que le mot « retrait » soit remplacé par « réécriture », ce qui n’est pas du tout la même chose, évidemment. 


Lycées professionnels : liquidation des sections BEP, bacs pros en trois ans ; la réforme est en route


C’est avec la même rapidité que s’est mise en place la contre réforme dans les LP. En réduisant la formation en bac pro de 4 à 3 ans, en liquidant les formations BEP, le gouvernement Sarkozy Fillon livre une partie de la jeunesse sans qualification à la surexploitation patronale. Mais il met aussi en place la première pièce d’une fusée à plusieurs étages. Le second étage, c’est la fusion des Bacs Pros et des Bacs technologiques dans le cadre des « lycées des métiers ». Le dernier étage, c’est l’interdiction aux titulaires d’un tel bac d’accéder  à l’enseignement supérieur long ; la fin donc du baccalauréat comme premier grade universitaire que prépare activement aussi la réforme des lycées qui s’annonce. Car ne nous y trompons pas : la LRU, si violente qu’elle soit contre les étudiants et les enseignants du supérieur a du point de vue de la bourgeoisie un caractère d’inachèvement. Le but final demeure plus que jamais d’instaurer une « vraie » sélection à l’entrée de l’université. Ce que dit par exemple sans  s’embarrasser de périphrases le sieur Blamont dans une tribune libre du Monde du 14 août : « Une leçon à tirer de la pratique internationale est que l’université ne doit pas être asphyxiée par des gens qui n’y ont pas leur place. Une sélection à l’entrée s’impose (…). Notre système d’admission universelle est une catastrophe. ».
La direction du SNETAA, le premier syndicat des LP a porté et porte la réforme à bout de bras, malgré l’hostilité des professeurs de LP. Dans le communiqué de rentrée de la direction du SNETAA, on ne sait ce qui l’emporte du  grotesque ou de la servilité répugnante :
« Le ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, effectue aujourd’hui une visite au Lycée professionnel Toulouse Lautrec de Bordeaux. Cette rentrée différée permet de mettre en lumière un secteur souvent ignoré, celui de l’enseignement professionnel (…). Le SNETAA s’est effectivement engagé dans la rénovation de la voie professionnelle pour la réussite des jeunes : la mise en œuvre d’un parcours diplômant du CAP au BTS et pour les personnels avec maintien du corps spécifique des PLP qui obtient de nouvelles avancées. Le ministre a envoyé aux seuls PLP et aux proviseurs de LP un courrier pour leur expliquer sa réforme de l’enseignement professionnel. Le SNETAA ne peut que trouver positive cette démarche qui vise à rassurer les personnels mais surtout à clarifier les engagements du ministre. »
Et ce au moment où des centaines de postes sont supprimés dans les LP, et autant de sections BEP. Quant aux « nouvelles avancées » pour les PLP, de quoi s’agit-il ? Les PLP pourront enseigner en BTS. Outre la volonté évidente de dresser les uns contre les autres PLP et professeurs de lycées technologiques, cette  prétendue « avancée » se situe totalement dans le cadre des visées du gouvernement de fusion des LP et lycées technologiques dans les « lycées des métiers ».

Mais si, la direction du SNETAA – flanquée dans cette tâche du SE et évidemment du SGEN CFDT -a porté à bout de bras la contre réforme, elle a été bien aidée dans cette tâche par les autres directions syndicales, CGT et SNUEP FSU. Outre le fait que la direction de la CGT, loin de se situer sur le terrain du rejet pur et simple des bacs pro en trois ans se prononce pour leur mise en place  à titre « expérimentale », refusant seulement leur généralisation ; dirigeants du SNUEP et de la CGT ont toujours refusé de s’adresser au SNETAA pour qu’il rompe son soutien alors même que l’hostilité de nombreux syndiqués aurait constitué un point d’appui considérable dans une telle bataille si elle avait été menée.
Ainsi ne se met en place la réforme, dans des conditions – et ce n’est pas un hasard – où le ministre n’a publié aucun programme pour les nouvelles sections, laissant à chaque Lycée Professionnel le soin de bricoler des programmes locaux. Il s’agit de faire du bac pro un diplôme maison permettant au patronat local de puiser une main d’œuvre locale façonnée selon ses besoins.


Suppression de la carte scolaire,  suppressions de postes


Enfin cette rentrée scolaire est marquée par la suppression de la carte scolaire. Nul n’avait vraiment besoin d’un rapport savant de spécialistes pour savoir que le résultat – et d’ailleurs le but – d’une telle suppression serait une augmentation considérable de la ségrégation  sociale. Il n’en est pas moins significatif que le ministère ait refusé de publier le rapport qui l’établissait. Quant aux affirmations du ministère selon lesquelles les établissements qui perdraient des élèves comme résultat de cette suppression  - les établissements des quartiers populaires transformés en ghetto et donc fuits par tous ceux qui ont les moyens ou les relations pour le faire – conserveraient tous leurs moyens d’enseignement, ce sont tout simplement des mensonges.

La réduction des moyens d’enseignement les frappe particulièrement. Mais elle est générale. Les 11000 suppressions de poste du budget 2008 se traduisent à cette rentrée  de manière sensible. Dans le primaire, c’est le retardement systématique de l’âge d’inscription des enfants en maternelle en particulier. Dans le secondaire c’est la suppression d’options, et de manière imminente   l’impossibilité d’assurer les remplacements. A cela la campagne des dirigeants syndicaux  pour le refus des heures supplémentaires  - en lieu et place d’un combat contre le budget 2008 qu’ils n’ont même pas fait semblant de mener - contribue d’ailleurs. Car dans les quelques endroits où cette campagne  a été suivie d’effet, le ministre  n’a évidemment pas recréé le moindre poste  mais a affecté pour assurer les heures des titulaires remplaçants.

Quant à la décision du ministre de verser une aumône de 500 euros aux enseignants qui accepteraient trois heures supplémentaires, c’est une véritable insulte aux enseignants confrontés comme tous les fonctionnaires à la baisse massive de leur pouvoir d’achat.


Fort des succès déjà enregistrés, le gouvernement  continue sur sa lancée : la réforme des lycées…


Dans  la mise en œuvre des contre réformes, le gouvernement n’a pas la moindre raison de faire une pause. Bien au contraire, dans l’enseignement comme ailleurs, la crise du système capitaliste, l’aggravation des déficits publics qui en résulte, le conduit à tailler toujours plus brutalement contre les budgets alloués aux besoins sociaux, en particulier celui de l’Education Nationale. D’où la nécessité d’aller vite, appuyé par la pleine collaboration des dirigeants syndicaux. C’est cette pleine collaboration qui permet à Darcos de dire : « Le mot moratoire ne fait pas partie de mon vocabulaire ». Le gouvernement entend que  son calendrier soit totalement respecté. Ainsi la réforme des lycées qu’il avait commencé à évoquer au début de l’année civile doit être bouclée dès le mois d’octobre.

Pour cela le point d’appui décisif dont il dispose, c’est la signature par la direction du SNES des seize  - pas une de moins ! – convergences avec le gouvernement. Les conditions dans lesquelles la direction du SNES a signé ces « convergences », réunissant un bureau (instance restreinte à la différence du Conseil National) à la fin de l’année scolaire, au moment où la plupart des professeurs de lycée n’étaient plus dans les établissements scolaires mais occupés à faire passer les examens, s’apparente à un véritable coup de force contre les enseignants, contre les syndiqués. Les dirigeants du SNES savent mieux que quiconque que si les professeurs avaient pu  donner leur position avant la signature, ils l’auraient rejeté massivement. Mais les bureaucrates  du SNES ont tiré les conclusions des mésaventures des dirigeants CGT à EDF qui avaient eu l’imprudence en  2002 de soumettre leur projet d’accord pourri au personnel et avaient reçu un camouflet retentissant.
Pour signer cet accord les dirigeants du SNES ont du aller jusqu’à ravaler leurs positions antérieures, celles qu’ils exprimaient à peine quelques semaines  avant la signature. Ainsi, la direction du SNES écrivait encore en février à propos du rapport Pochard : « Temps de service flexible pour les enseignants, horaires- élèves définis en partie localement, renforcement du pouvoir des chefs d’établissement… tout y est. ».
Or tout cela directement ou indirectement est dans les seize points de convergences qui contiennent trois éléments essentiels du point de vue du gouvernement : d’abord, l’affirmation formulée de la manière la plus explicite qu’il faut en finir avec le décret de 50, qui définit les obligations de service des professeurs en heures d’enseignement dans une seule matière, et de manière hebdomadaire.  Ensuite, la mise en place d’un bac « modulaire », chaque lycéen ayant le loisir de composer son propre « menu scolaire », ce qui implique bien sûr la liquidation des sections. Naturellement, la mise en place des modules (dont on précise qu’ils ne pourront excéder 50 heures par an, mise en place sur un semestre) contient comme conséquence la réduction massive des heures de cours des lycéens. Les matières non enseignées en collège ne pourront en effet l’être que sous forme de modules en lycée (la philosophie, l’économie – dont un rapport précise d’ailleurs que son enseignement doit être modifié pour faire la pure et simple apologie du système capitaliste conformément aux injonctions du MEDEF-). Inutile de dire que ce bac « à la carte » n’aura plus de fait valeur de premier grade universitaire, et que tout dépendra pour s’inscrire en faculté de ce qu’il y aura sur la dite carte.

Enfin, la direction du SNES a signé très explicitement le principe de l’  « autonomie des établissements », c'est-à-dire le droit pour le chef d’établissement et le Conseil d’administration à sa botte de modifier localement les horaires, de diminuer l’horaire consacrée aux enseignements obligatoires au profit d’autres activités.
Dans sa déclaration du 15 Juillet, le ministre n’avait rien d’autre à faire qu’à préciser ce qui avait été signé moins de deux mois plus tôt par les directions syndicales (à l’exception de FO, l’appareil CGT signant malgré le vote contraire de son instance nationale !). A partir de là la concertation allait bon train, dans le cadre fixé par le ministre. A chaque étape, avec les circonvolutions d’usage, les dirigeants du SNES ont confirmé leur accord, leur seule inquiétude étant dans leur capacité à faire avaler aux enseignants une aussi monstrueuse couleuvre. C’est le sens de l’article de Roland Hubert dans l’US du 28 août : « On peut entendre certains arguments qui plaident pour la mise en place de modules semestriels… », écrit -il  -alors que quelques mois avant le SNES le condamnait encore -…mais…  « quelles conséquences sur les programmes, sur l’évaluation, et enfin sur les services des enseignants ». Et là Hubert fait le faux ingénu, comme s’il ne connaissait pas ces conséquences : liquidation des programmes nationaux, et annualisation des services des enseignants notamment. Mais c’est parce qu’Hubert connaît les conséquences qu’il s’inquiète du calendrier au nom de « l’exigence d’un large débat avec les personnels avant toute décision et a fortiori toute mise en œuvre » car « la réflexion doit pouvoir permettre d’associer largement les collègues » (compte-rendu de la réunion de concertation du 27 août).
Autrement dit, il faut associer autant qu’il est possible les enseignants à la  mise à mort de leur statut et à la liquidation du bac. Rude tâche en effet à l’issue incertaine…


…la réforme des recrutements : liquidation des IUFM et premier pas vers la liquidation des concours


Liquider le statut, c’est liquider en amont le recrutement tel qu’il existe aujourd’hui qui garantit à la fois la qualification et l’affectation sur un poste. C’est pourquoi le rapport Pochard proposait des décisions radicales pour en finir avec les concours, visant à les remplacer par un simple « master d’éducation » ; le possesseur de ce master devant sur cette base aller proposer ses services à un chef d’établissement disposant de son recrutement et, à terme, de son licenciement.

Il était impossible au gouvernement d’aller immédiatement dans cette voie. Mais la réforme du recrutement avance déjà bien dans cette direction. Elle prévoit effectivement un tel master, maintenant dans l’immédiat le concours au terme du cursus universitaire. La différence est cependant décisive avec la situation actuelle. D’une part, ce master se préparera à l’université, signant la mort des IUFM avec la liquidation de centaines de postes de formateurs à la clef. Le terrain avait été préparé par la loi Fillon qui les avait déjà intégré à l’université avec la bénédiction des dirigeants syndicaux en particulier ceux du SNESup. D’autre part, les titulaires du concours seront immédiatement mis devant les classes avec un service entier alors qu’aujourd’hui, ils n’effectuent qu’un service partiel (un tiers ou moins par exemple pour les professeurs du secondaire). Cette modification permet au gouvernement de réaliser une économie de milliers de postes. Elle met les nouveaux titulaires dans une situation insupportable du point de vue de la charge de travail et constitue une vraie déqualification, car l’année du stage pratique constituait une  année d’apprentissage  du métier.
C’est un euphémisme que de dire que les appareils syndicaux ne combattent pas le projet de réforme du gouvernement. Selon une technique éprouvée, ils se sont associés à la cohorte de spécialistes, vrais ou faux pour initier un  « appel pour une formation des enseignants de haut niveau dans des IUFM rénovés » qui se situe explicitement dans le cadre de la réforme gouvernementale. On y précise que « le compagnonnage auprès d’enseignants expérimentés peut constituer un de ces apports (de la formation) » (Le « compagnonnage » est le maître mot de la réforme gouvernementale qui consiste à flanquer le jeune professeur à plein temps d’un enseignant plus ancien). On y indique que  « le processus  de masterisation annoncé doit se traduire par une élévation du niveau de qualification et non l’inverse ».

Bref ! On plaide pour une bonne mise en œuvre de la réforme, ne dénonçant même pas la liquidation de l’année de stage. On ne s’étonne pas de la conclusion de ce vibrant appel : « les signataires…. demandent une réelle concertation avec des Etats Généraux de la formation. »


Budget 2009 : 13 500 suppressions de poste


Sarkozy l’a répété sur tous les tons : ce sont les réformes qui permettront les suppressions de poste. Le budget 2009 l’illustre avec ses 13500 suppressions de poste. Aucun secteur n’est épargné pas même le supérieur avec ses 900 suppressions. L’enseignement primaire est sinistré avec 6000 postes en moins alors même que le nombre d’enfants scolarisables continue d’augmenter. C’est par la suppression de postes d’enseignants spécialisés par milliers (voir plus haut) que le gouvernement compte atteindre cet objectif. Mais il faut ajouter que les écoles maternelles sont dans la ligne de mire.  Un nouveau rapport (de la députée UMP Tabarot) remet en cause leur existence même. Il préconise l’ « assouplissement » des niveaux de qualification et des taux d’encadrement pour les moins de trois ans et la création en lieu et place des petites sections avant trois ans de  « jardins d’éveil »  dans les écoles maternelles, encadrés par des non enseignants et… payants en fonction des revenus des familles !
 Notons que c’est à la direction du SNES (syndicat du secondaire) que Darcos a confié le soin d’annoncer ces suppressions. Celle-ci se targue du fait que le secondaire soit moins touché. Fabienne Bellin et Daniel Robin osent écrire dans l’US : « Les suppressions d’emplois pour les enseignants du second degré seraient donc de 4500 (elles sont de 8830 à la rentrée 2008).Ces suppressions sont bien sûr moins importantes que l’année passée et nul doute que les actions menées durant la dernière année scolaire y sont pour quelque chose. ». Ainsi pour Bellin et Robin, les 13500 postes supprimés constituent en quelque sorte… un succès de l’action syndicale. Il faut oser et « nul doute »  que les enseignants, notamment ceux du primaire, apprécieront.
Par ailleurs le très catholique Darcos a dans le même temps donné toute garantie à l’enseignement privé – essentiellement confessionnel –  sur la pérennité de son fonctionnement.


Appareils syndicaux : concertation et bousille


Darcos n’a pas manqué de s’en féliciter : « Jamais autant de protocoles n’ont été signés avec les syndicats. ». En effet : « protocole de discussion » avec le SNUIPP, le SE, le SGEN à l’automne 2007, « protocole pour la rénovation de la formation professionnelle » avec le SNETAA, le SE et le SGEN, « convergences sur la réforme des lycées »   avec le SNES, le SE, la CGT, le SGEN : le bilan est impressionnant. Il marque un approfondissement de la prise en charge par les dirigeants syndicaux des contre réformes.

 Pour ce qui concerne la direction du SNES, il n’est pas exagéré de dire que sa signature des « convergences » n’a pas d’équivalent dans le passé. Même sa signature en 89 sur la « revalorisation » Jospin ne peut être mise sur le même plan : au moins à l’époque, la direction du SNES pouvait elle se targuer d’une amélioration de la rémunération de la plupart des professeurs.
Cette coopération forcenée, équivalent dans l’enseignement de ce que font les directions confédérales sur toutes les questions touchant à l’ensemble du prolétariat manifestent le fait qu’avec l’approfondissement de la crise du capitalisme, les directions syndicales ont pour mission de porter et de  faire avaler l’intégralité des contre réformes de la bourgeoisie aux travailleurs.
Les « actions » proposées par les directions syndicales constituent dans ces conditions non des moyens de combattre le gouvernement mais un écran de fumée visant à camoufler le soutien à celui-ci.
La kyrielle des « actions originales », « actions symboliques », « journées décentralisées » « jeudis de l’éducation » etc. organisées à cette rentrée l’illustre jusqu’à la caricature. Ainsi les dirigeants ont-ils appelé le 11 septembre à une « journée d’action » dont ils précisaient d’emblée qu’elle était « sans appel à la grève ». Aschiéri annonce le programme à l’AFP dans ces termes : « La mobilisation promet d’être multiforme (…) distribution de tracts, des sits in, des envois de courrier aux élus….. Autres initiatives, plus ludiques ou symboliques : on pourra assister à Valence à des lâchers de ballon réclamant « de l’oxygène pour l’école », à un rassemblement « pique nique » pour dire « non à l’Ecole au pain sec » à Mont- de –Marsan, à un concert de casseroles à la gare de la Part Dieu à Lyon, ou encore à un lâcher de pigeons en Vendée. ». De quoi terroriser le gouvernement sans aucun doute.

Dans la même veine, les dirigeants du SNESup ont organisé une « nuit  des IUFM » sur le terrain d’une « bonne » réforme du recrutement et de la formation des maîtres, évacuant soigneusement tout combat pour le retrait de la réforme du gouvernement
Le 7 Octobre, les fédérations de fonctionnaires, et en leur sein celles de l’enseignement appellent à une journée d’action « pour le travail décent ». Cette journée d’action, totalement intégrée à celle de la CES, a surtout pour but de détourner les travailleurs du combat dans chaque pays contre leur propre gouvernement. (Voir l’éditorial).
Les dirigeants des fédérations de fonctionnaires se sont réunis pour voir comment ils y prenaient part. La direction de la FSU  a envisagé d’appeler à la grève. Un tel appel ne modifierait en rien – faut il le préciser – le caractère d’une telle journée. Mais il n’y aura finalement rien de ce genre : FO n’en voulait pas, ni la CFDT. Bref, « dans ces conditions, il est apparu préférable de se séparer sans appel commun. Un accord a minima s’est cependant fait sur le principe d’une lettre commune au Ministre de la Fonction Publique réclamant une négociation salariale. ».

Enfin, le 19 octobre, les fédérations de l’enseignement appellent à « une grande manifestation nationale  à Paris. ». Le titre de l’appel : « L’Education est notre avenir, il ne doit pas se décider sans nous » l’indique assez clairement. L’objectif de la manifestation, c’est : plus de concertation, il faut faire les réformes « avec nous » : « Cette école publique, que nous aimons pour ses réussites incontestables, rencontre aussi des difficultés. C’est pourquoi nous souhaitons passionnément qu’elle évolue et se transforme pour s’acquitter vraiment de sa mission démocratique… Pour nous, ce débat et cet effort concernent tous les citoyens car, à travers l’avenir de la jeunesse, c’est celui du pays qui se joue. ».  Bien évidemment, l’appel « évoque » les suppressions de poste du budget et s’en plaint. Mais il se garde bien de se prononcer pour le retrait dudit budget. Mieux même il concède au gouvernement que « tout n’est sans doute pas question que de postes en matière éducative … ». Voilà au moins un point d’accord avec le gouvernement !
En clair, la manifestation du 19 a tous les traits d’un contre feu par rapport à un véritable combat contre le budget.
D’ailleurs n’est ce pas une évidence que s’il s’agissait de cela, serait organisé non pas une promenade un dimanche après midi, mais une véritable manifestation de centaines de milliers de fonctionnaires – et non des seuls enseignants – à l’Assemblée nationale au moment de l’ouverture de la discussion parlementaire.


Sur quel axe combattre ?


Les enseignants n’ont pas de doute sur le contenu ultra réactionnaire de l’offensive gouvernementale. La collaboration des dirigeants syndicaux ne bénéficie pas d’une quelconque sympathie dans les établissements.  Pour ne prendre que cet exemple, la signature des « convergences » par la direction du SNES est massivement rejetée, au point que les fidèles alliés de la direction du SNES, l’Ecole Emancipée, aient cru bon de prendre leurs distances avec cette signature.
Mais la question pour les enseignants est la suivante : comment faire sauter cette chape de plomb que constitue l’alliance pour les contre réformes nouée entre gouvernement et dirigeants syndicaux.
Et aujourd’hui, un el objectif leur semble difficile d’accès.
Tout n’est pourtant pas joué. Il n’est pas sûr que la réforme des lycées ou celle recrutement passent sans encombre. 
Une chose est sûre : seul le surgissement de la mobilisation des enseignants et étudiants peut faire sauter la collaboration des dirigeants syndicaux.
C’est dans cette optique qu’il faut combattre. Cela signifie qu’il faut organiser le combat pour exiger des directions syndicales qu’elles défendent les véritables revendications des enseignants, rejettent les contre – réformes, défendent inconditionnellement les statuts et se prononcent pour le retrait ou l’abrogation des différentes mesures. Cela signifie l’exigence que soit rompue la concertation, retirée la signature des dirigeants syndicaux des différentes protocoles, combat d’une actualité particulièrement brûlante dans le secondaire en direction de l’appareil du SNES concernant la réforme des lycées.
Cela signifie que sur la question décisive du budget – décisive pour les postes, mais aussi pour les salaires dont le budget 2009 décide –, aux  diverses initiatives de dislocation des appareils, il faut opposer le combat pour la manifestation de centaines de milliers de fonctionnaires à l’appel de leurs fédérations à l’Assemblée Nationale sur les mots d’ordre : à bas le budget 2009 du gouvernement Sarkozy Fillon ! Aucune suppression de poste !
Rétablissement du pouvoir d’achat perdu depuis 2000 par augmentation massive de la valeur du point d’indice.
C’est sur ces mots d’ordre qu’il faut chercher à renforcer le combat pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire dans l’enseignement.


                        Le 15 septembre 2008

 

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