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Editorial (2nde partie) de CPS n°34 du 29 septembre 2008

Sarkozy a énoncé lui-même l’alternative :

- Soit « l’accélération des réformes » du gouvernement UMP

- Soit un gouvernement « renouant avec le collectivisme »


 

Dans un discours prononcé le 25 septembre à Toulon devant 4 000 godillots, Sarkozy a pris acte à sa manière du tournant que représente la crise économique et financière :

« cette crise, sans équivalent depuis les années 30, marque la fin d'un monde qui s'était construit sur la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide ».

Prétendant, pour la galerie, chercher des « responsables » de la « folie », il n’a trouvé que des « on » anonymes (« On a laissé les banques spéculer » … « On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs » etc.), d’autant plus que lui et son parti l’UMP (mais également le PS et le PCF) sont de ces « on » - contre lesquels naturellement il n’a proposé et ne pouvait proposé aucune mesure de quel qu’ordre que ce soit.

 

Et il a formulé une alternative que peu ont relevée dans son entièreté. Soit, a-t-il péroré, « nous acceptons de changer », en conséquence de quoi : « la crise appelle à accélérer le rythme des réformes non à le ralentir.» (Sarkozy). Et sinon ? Réponse de Sarkozy :

 « Je veux le dire aux Français : l'anticapitalisme n'offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme qui a provoqué dans le passé tant de désastres serait une erreur historique. »

 

Combat pour le socialisme ou capitulation devant les « contre-réformes », voilà comment la question est réellement posée.

 

Le gouvernement Sarkozy-Fillon entend donc utiliser le choc de la crise du capitalisme pour accélérer des « réformes » qui étaient prévues avant la crise, et que Sakozy a énumérées : « réforme » de la fonction publique (RGPP) et de l’hôpital public, de la taxe professionnelle, de la formation professionnelle, pour reprendre les principales à avoir été énoncées, avec la réaffirmation que le projet de budget 2009 envisage la liquidation de plus de 30 000 postes de fonctionnaires.

 

C’est que, en effet, la situation l’impose aux capitalistes français. Et que Sarkozy ait évoqué dans son discours la possible défaillance des banques françaises le souligne. Ces dernières sont en effet parmi les plus grandes du monde et donc impliquées sur tous les marchés financiers et fonds de pension issus de l’alambic des alchimistes de la finance. Et elles sont en difficulté : non seulement la Société Générale, sous couvert d’un providentiel trader, on s’en souvient, mais tout particulièrement Natixis qui affiche une perte nette d’un milliard d’euros sur le premier semestre. La ministre Lagarde (madame « la crise est derrière nous ») estimait récemment le montant global des pertes des banques françaises à 20 milliards d’euros depuis le début de la crise.

 

Les difficultés du capitalisme français ne s’arrêtent pas là : la crise signifie pour eux la perte de débouchés, de marchés, Laurence Parisot déclarait ainsi le 16 septembre :

« Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, (...) nous observons un ralentissement de la croissance des carnets de commande (…). Le pire n'est pas certain mais (...) nous sommes obligés de l'imaginer (…) »

 

Traduction par Sarkozy : « la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat. ». « Réformes », chômage, inflation, son programme est clair : c’est de faire payer aux masses l’intégralité du poids de la crise (« moins taxer l’investissement, moins taxer le travail » (…) « tout ce qui pourrait contribuer à alourdir le coût du travail serait suicidaire »).

 

Des « réformes », donc, se préparent, d’une brutalité exceptionnelle. Le chômage, les licenciements, vont bondir. Le devoir des organisations du mouvement ouvrier dans de telles circonstances ne serait-il pas de dire : « aux capitalistes de payer leur crise ! », d’exiger le retrait des « réformes » Sarkozy ?

 

Au lieu de cela, au moment même où Sarkozy et ses pairs redécouvrent le mot « capitalisme », les appareils traditionnels du mouvement ouvrier réaffirment leur insertion et leur attachement à ce mode de production en faillite. Quelle autre signification apporter par exemple aux bons conseils prodigués à Sarkozy par la confédération FO ! Dans un communiqué du 15/09, sa commission économique propose en effet :

« Pour la CGT Force Ouvrière, le réalisme économique exige de mettre entre parenthèse les politiques budgétaire et monétaire restrictives et de lever l’embargo sur la modération salariale pour libérer cette croissance que les Etats-Unis ont su retenir par un plan de relance adapté à la situation. »

Revendiquer une simple … « parenthèse » tout en se réclamant de la politique de Bush (il s’agit de son plan de distribution massive de chèques du Trésor… plus élevés pour les plus riches), et ce alors que l’Amérique s’enfonce dans une crise effroyable, c’est une monstruosité indigne d’une organisation syndicale ouvrière.

 

Mais qui plus est s’adresser à Sarkozy pour lui demander quoi que ce soit, c’est duper les masses populaires. Car face à la crise du capitalisme, si maintes revendications doivent être mises en avant (voir la première partie de cet éditorial), le b-a ba de tout plan d’urgence c’est le combat dans l’unité pour interdire au gouvernement de mener à bien cette nouvelle vague de contre-réformes. Et pour cela, tirer le bilan d’un an de gouvernement Sarkozy-Fillon est indispensable.


 

Une année de coups sans précédent contre les travailleurs et la jeunesse,
une année de « dialogue social » à un niveau sans précédent


Lors du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, Sarkozy s’est félicité de ce que son gouvernement a « réformé » plus qu’aucun autre sous la cinquième République – avançant le chiffre de 61 lois votées (et encore, toutes les « réformes » ne sont pas passées par le parlement). Certaines ont eu une importance politique majeure, comme celle des régimes spéciaux à la Ratp ou la « réforme » ouvrant la voie à la privatisation des universités, puisque avec celles-ci, Sarkozy, dans la foulée de son élection, avait asséné de durs coups aux secteurs qui avaient par le passé été le cauchemar des partis bourgeois.

 

 

Mais le point commun à la quasi-totalité des « réformes » du gouvernement, c’est d’avoir été préparées et menées dans une concertation et un « dialogue social » tellement étroit que c’est à bon droit que Sarkozy pouvait déclare au Monde du 16 juillet : « jamais les discussions avec les syndicats n'ont été aussi fructueuses. Jamais un président n'a autant vu les syndicalistes. Je ne les bouscule pas. »

 

Non seulement il ne les « bouscule pas », mais ce sont eux qui se bousculent à l’Elysée, tel Bernard Thibault qui a rencontré Sarkozy le 10 septembre, mais était aussi à l’Elysée le 2 septembre et s’y fit brocarder selon le Figaro par les dirigeants de l’UMP présents qui lui demandaient s’il rejoignait le « G7 » informel, ce gouvernement-bis que Sarkozy réunit autour de lui, sans Fillon.

Plus encore, jamais les directions syndicales ne se sont autant engagées aux côtés du gouvernement sous le drapeau du « dialogue social ».

 

Ce furent d’abord les négociations sur le contrat de travail qui aboutirent à la signature de la direction FO (couverte par l’appareil CGT) au bas d’un texte aggravant la précarité et facilitant les licenciements. Le combat interne pour le retrait de cette signature a été étouffé, il faut le dire, par les dirigeants du « P.O .I. » qui occupent d’importantes positions dans l’appareil.

Puis ce fut la « position commune » CGT-Medef sur la « représentativité », point d’appui fondamental à la loi votée par le parlement cet été qui permet de mettre en pièces la durée légale du travail par des négociations d’entreprise, signature qui a déclenché des vagues d’hostilité au sein de cette centrale.

Dans la foulée, un texte était signé dans la fonction publique sur le « dialogue social » et la « représentativité » par les appareils CGT, FSU ou encore SUD, affirmant leur volonté de chercher des « convergences » avec un gouvernement qui se fixe comme objectif la destruction du statut de la fonction publique. Cette fois, les dirigeants LCR dans la FSU ont eu un rôle décisif pour faire passer cette signature qui avait été rejetée dans un premier temps par le Conseil National de la FSU – et dont le rejet aurait eu des répercussions en chaîne sur les autres fédérations de la fonction publique.

 

C’est sur cette base de cet engagement scandaleux dans le « dialogue social » (dont le pendant était la déclaration de Thibault donnant, dès le mois de juin, « rendez-vous » en octobre, c’est-à-dire ouvrant un boulevard au gouvernement) que, jusqu’au cœur de l’été, les coups ont continué de pleuvoir. Ainsi, la majorité UMP a également voté la mise en place d’un « service minimum » antigrève dans l’enseignement primaire, la « réforme » des allocations-chômage qui vise à contraindre les chômeurs à accepter déqualification et salaires de misère.

En dehors du parlement, le « plan d’économies » sur l’assurance-maladie a été salué par un Mailly (« le pire a été évité »). Mais ce plan, outre une nouvelle vague de déremboursements, prétend taxer les mutuelles d’un milliard pour en fait renforcer considérablement leur place dans le « pilotage » de l’assurance-maladie. A ce compte, le prix du ticket d’entrée dans le poste de pilotage est dérisoire du point de vue des mutuelles. La « réforme des lycées » a été lancée après celle du primaire, la porte en ayant été ouverte par la direction du SNES, laquelle a signé avec le ministre un document commun sur la question (cf. dans ce numéro).

 

Devant un tel verrou fait de « positions communes » démultipliées, il n’est pas étonnant que ce soit sur une question imprévue qu’ait été faite la démonstration éclatante de la nécessité pour le gouvernement d’une telle association des directions syndicales à sa politique.


 « Dialogue social » : la preuve par « Edvige »


C’est en effet sur la question de la création d’un fichier policier nommé « Edvige » que le gouvernement a été amené à manœuvrer en cette rentrée.

Qu’est-ce que ce fichier ? D’abord l’expression concentrée de ce qu’est l’Etat bourgeois dans notre période de réaction : le fichage généralisé et informatisé de la population sous toutes les coutures, des opinions politiques jusqu’à l’étude de mœurs, au nom de la possibilité de « trouble à l’ordre public ». Fichage, flicage depuis l’âge de 13 ans, à la disposition de la nouvelle direction de la sécurité intérieure créée par Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, en centralisant l’appareil de répression dans notre pays comme il l’est ailleurs. Fichage technologique et renforcement de l’appareil d’Etat, atteinte aux libertés démocratiques à la sauce Sarkozy, voilà ce qu’est ce fichier.

Mais pourquoi d’un coup l’émoi a-t-il saisi des ministres, jusqu’à retirer sur cette question la couverture parlementaire du petit Bonaparte de l’Elysée, mettant celui-ci à nu ? Parce qu’aucune précaution politique n’a été prise : pas de concertation préalable, qu’elle qu’en soit le périmètre. Et si le front constitué sur cette question était fort large (après tout, même les bourgeois peuvent se sentir menacés, eux ou leurs enfants, par ce fichier), il n’en incluant pas moins la totalité des organisations du mouvement ouvrier. Quand bien même leur opposition n’allait pas jusqu’à appeler à une quelconque manifestation.

 

Ce sont ces conditions qui ont obligé le gouvernement à manœuvrer (quoiqu’il n’ait pas été confronté à une mobilisation directe, car une pétition sur Internet - où l’on se fiche soi-même - n’est pas en la matière une quelconque menace pour le pouvoir). Et comment ? Par l’ouverture immédiate d’une large concertation à laquelle se sont prêtées les directions syndicales. Et pour quel résultat ? Avant même l’ouverture de la dite concertation, Alliot-Marie annonçait un nouveau décret en précisant que, « sur le fond », elle ne bougerait pas. La concertation avait donc comme cadre la préservation de l’essentiel, à savoir un nouvel instrument venant s’ajouter à l’effarante accumulation de lois et décrets liberticides déjà en vigueur. Se prêter à cette concertation, c’était permettre à la manœuvre de marcher : c’est la responsabilité qu’ont prise les appareils syndicaux. L’appareil CGT en sortait en criant « c’est une belle victoire », puisque la première version du décret passait à la trappe. Mystification ! Même le collectif anti-Edvige, pourtant vertébré par les appareils, devait reconnaître (après avoir lui aussi salué un « recul » du gouvernement) que le nouveau fichier (Edvirsp) reprenait l’essentiel du précédent, n’en ôtant somme toute que la notion « d’orientation sexuelle » et prévoyant un « droit à l’oubli » pour les mineurs. Significativement le communiqué du collectif qualifie Edvirsp de nouvelle version d’Edvige. Quel « recul » en effet ! Mais la démonstration est une fois de plus faite : sans concertation, face à un front uni des organisations du mouvement ouvrier, le gouvernement peut être mis en difficulté.

 

C’est cette conclusion que les travailleurs qui cherchent la voie pour briser l’offensive du gouvernement doivent absolument intégrer pour agir en conséquence, et tout particulièrement à la Poste où c’est une urgence.


A la Poste aussi, c’est le « débat » (et un hypothétique référendum) que les appareils dressent
face à la volonté des postiers de lutter contre le changement de statut


C’est aussi cet été que le directeur de la Poste, sur injonction gouvernementale, a annoncé le changement de statut de la Poste pour la transformer en société anonyme cotée en bourse. C’est une attaque sérieuse qui est lourde de potentialités explosives, le gouvernement le sait, puisque s’ajoute à la possibilité de combat des 300 000 salariés la difficulté que représente l’alignement complet de cette entreprise sur les normes de fonctionnement du privé, avec ce que cela implique en termes notamment de fermetures de bureaux et de tarifs. Certes, depuis des années – en particulier depuis la loi Quilès séparant France Telecom de la Poste, cette dernière est rongée de l’intérieur par les normes de fonctionnement du privé, le statut des postiers par contrats de droit privé. Certes, l’ouverture à la concurrence mise en œuvre par les gouvernements des pays de l’UE au sein de la commission de Bruxelles à coups de directives a été et est un puissant aiguillon vers la privatisation de ce bastion ouvrier. Mais cela n’a pas encore suffit.

Signe des potentialités de combat contre la privatisation: la constitution d’un « Comité national de mobilisation contre la privatisation » rassemblant rien moins que la CGT, FO, la FSU, le PS, le PCF, la LCR, et aussi SUD-PTT, avec les Verts, le MRC,

 

Mais sur quelle ligne se situe ce comité ? D’une part, il reprend une « exigence » de l’appareil CGT-PTT, à savoir « un débat public » (laquelle demande figure sur la pétition lancée par la direction fédérale), et de l’autre, « un référendum » (idée promue par Libération et l’appareil FO-PTT). Ce qui sous-tend cette orientation, c’est l’affirmation lancée par Besancenot, lequel est en première ligne dans cette affaire avec son projet de NPA, puisque facteur de son état : « les postiers seuls n’arriveront pas à s’opposer » (Mediapart, le 8 juillet).

Difficile de glacer davantage les travailleurs de la Poste. Mais cela éclaire la position des appareils syndicaux et du comité national de (dé)mobilisation. Que signifie en effet l’exigence d’un « référendum » sinon le refus de se situer sur le terrain de la lutte de classe des postiers au profit d’une initiative « citoyenne »? Qui plus est dans la perspective de l’application d’un des aspects de la réforme constitutionnelle de Sarkozy votée par le Congrès en juillet grâce aux voix des radicaux de gauche et de Jack Lang ? Le « référendum » est opposé au combat des postiers sur leur propre terrain, avec leurs propres méthodes.

En ce sens, il n’est pas étonnant que cette demande soit accompagnée de celle d’un « grand débat public». Là encore, il s’agit de déposséder les travailleurs de la Poste de leur avenir, de leur dénier par avance le droit d’avoir le dernier mot. Et il s’agit tout aussi… de la ligne de Sarkozy. Une première série de rencontres de « concertation » a eu lieu les 10 et 11 septembre. Toutes les directions syndicales s’y sont rendues, c’est-à-dire se sont situées sur le terrain du changement de statut.

 

Mais le gouvernement a senti que ce ne serait pas assez. La grève unitaire relativement suivie le 23 septembre, en particulier dans les centres de tri, montre que du chemin reste à faire pour démoraliser les travailleurs de l’entreprise.

Il a donc accédé sans se faire prier à la demande d’un « grand débat », autour de la commission présidée par Jacques Ailleret (« puisque la gauche veut un débat, il va l’organiser » souligne Libération du 18 septembre). Au sein même de cette commission, on trouve au moins un représentant syndical de la Poste, et diverses auditions sont prévues parmi lesquelles comme de bien entendu celle des appareils syndicaux.

C’est clair comme le jour : défendre aujourd’hui le statut de la Poste exige de combattre pour le boycott de la commission Ailleret par les directions syndicales, mais aussi par le PS et le PCF, exigence qui, si elle aboutit, sera un point d’appui considérable pour aller vers l’appel dans l’unité à la grève générale de la Poste jusqu’au retrait du projet de la direction et du gouvernement – exigence qu’il faudra imposer aux directions syndicales.


Une session de rentrée pour boucher toute alternative politique


Si pour Sarkozy l’association des directions syndicales à sa politique destructrice est une nécessité incontournable, il a tout autant besoin de faire en sorte que le PS (et accessoirement le PCF) ne puissent apparaître aux yeux des masses comme une éventuelle alternative politique (ce qui d’ailleurs rendrait plus compliquée la tâche des directions syndicales). C’est à l’évidence le but de la session extraordinaire du parlement qui s’est ouverte le 22 septembre. Le choix de l’ordre du jour ne doit en effet rien au hasard. En procédant à un débat et un vote sur l’intervention militaire française en Afghanistan d’une part, et d’autre part à l’examen du texte instaurant le RSA, présentée par Martin Hirsch, compagnon de route des hiérarques socialistes, le gouvernement n’a plus eu qu’à laisser le PS manifester sa soumission politique.

Certes, les députés PS (à de notables exceptions comme celle de Valls) ont voté contre le texte du gouvernement sur l’Afghanistan (voir dans ce numéro de CPS à ce sujet). Mais ce fut en affirmant leur soutien de principe à la présence impérialiste française dans ce pays (c’est Jospin qui y envoya les premiers soldats français) et en refusant nettement de se prononcer pour le retrait des troupes.

 

Quant au RSA, on est là en présence d’une formidable escroquerie politique. Ce projet est présenté par Sarkozy et Hirsch comme une aide au retour à l’emploi pour les bénéficiaires des minima sociaux, au premier chef du RMI. Mais en vérité il s’agit d’aller au bout de ce que visait la mise en place du RMI par Rocard, lequel avait échoué d’ailleurs à lui donner sa pleine dimension : faire accepter n’importe quel petit boulot sous-payé aux Rmistes. Cette fois, on y est : le projet de loi vise tout à la fois à fournir de la main d’œuvre subventionnée aux patrons pour occuper des emplois hyper-précaires et à … supprimer ces allocations de misère à ceux qui s’y refuseraient. Le million de Rmistes est un affront pour les bourgeois bien-pensants, qui veulent les « remettre au travail » de force, plus précisément les contraindre à accepter la pire des exploitations. En ce sens, le projet sur le RSA complète celui sur les « droits et devoirs des demandeurs d’emploi » adopté en juillet qui pose le principe qu’une « offre raisonnable d’emploi » peut être payée au même montant que l’allocation chômage après un an d’inscription à l’Anpe. Le RSA s’inscrit aussi par conséquent dans le dispositif de fusion des Assedic et de l’Anpe : tout cela converge vers la transformation des chômeurs en main d’œuvre précaire et corvéable à merci (engagée par le Pare de Mme Aubry).

Or la seule objection réelle émise par les députés PS (qui ont prévu de s’abstenir) porte sur … le financement du RSA ! Il n’est certes pas indifférent de voir le gouvernement taxer, non pas les revenus du capital (abrités derrière leur « bouclier fiscal »), mais encore une fois les couches populaires, pour financer sa machine à déqualifier et à surexploiter. Mais quel que soit le mode de financement, ce projet est inacceptable !

 

Donc, le PS offrira à Sarkozy, dès la rentrée, un accord de principe, sinon son vote, sur sa politique ! Et pour la suite des évènements, il va évidemment s’absorber dans la préparation de son congrès – ce qui est aussi le cas du PCF. D’autant que ledit congrès pourrait être un remake du congrès de Rennes, un congrès d’affrontement entre cliques d’un appareil divisé. Les questions abordées lors de ce congrès ne sont pas indifférentes aux travailleurs, puisque les deux qui ont de l’importance sont celles de l’acceptation des alliances avec le Modem, d’une part, et de l’autre de la création de « primaires » ouvertes à tout vent, instrument de la destruction du PS au compte de la bourgeoisie. A cet égard, le courant Royal-Valls est ouvertement un courant liquidateur. Mais tandis que même la soi-disant « motion de gauche » se refuse à revendiquer l’abrogation des « réformes » Sarkozy, l’essentiel est que, pendant que Sarkozy redouble de coups, pendant que la crise du capitalisme se développe, le PS s’occupera de ses misérables querelles internes, au plus grand profit du gouvernement et du patronat. Hollande le signale à sa façon, quand il répond à plusieurs reprises dans sa conférence de presse du 29 septembre aux appels de Fillon à l’unité nationale « Unité nationale ! D’accord ! Chiche ! (…)Entièrement d’accord (…)Pourquoi pas (…)Jusqu’au bout », quand bien même il conditionne cet accord verbal à un changement de politique du gouvernement.


Les appareils syndicaux mâchent le travail du gouvernement :
il faut leur imposer de rompre le « dialogue social » avec Sarkozy-Fillon


Autant dire que si la situation du capitalisme français est périlleuse, les conditions politiques sont pour le moment éminemment favorables au gouvernement, quand bien même les conséquences de la crise pourraient les modifier brutalement. Encore qu’il faille se garder de tout mécanisme, comme le montre la situation dans le groupe Renault où après l’annonce de la fermeture de l’usine de Sandouville, l’appareil CGT a appelé seul à une grève de 24 heures dont le résultat a indiqué une démoralisation des ouvriers de l’entreprise.

Aujourd’hui plus qu’hier, le gouvernement compte sur la concertation, la collaboration des appareils syndicaux pour éviter tout affrontement sur ses projets, qui sont de taille :

- la casse du statut de la fonction publique, en appliquant le projet de loi « mobilité » (que l’Assemblée nationale n’a même pas eu le temps de voter avant l’été) et les pistes du « livre blanc » (cf. notre précédent numéro) se prépare par des rencontres quasi-permanentes entre le ministère et les bureaucrates syndicaux.

- La réforme de l’hôpital et notamment le projet de loi « santé, patients, territoires », qui prévoit un véritable démantèlement du réseau des caisses de sécurité sociale qui passeraient sous la coupe des « Agences Régionales de Santé » a été préparée par la concertation autour de la commission Larcher, concertation qui se poursuit sous d’autre formes. Elle est d’autant plus nécessaire que sur cette question un combat centralisé pourrait se faire jour, comme les manifestations en défense de l’hôpital de Carhaix, en Bretagne, l’ont montré.

- La réforme du lycée  est elle aussi l’objet d’une concertation quasi-permanente et accélérée. Là encore, ce que craint le gouvernement, c’est l’engagement du combat des enseignants en défense de leur statut, qui est directement menacé par cette « réforme » (voir dans ce numéro).

 

Sur ces questions-clé, il est clair que les conditions politiques du vote du budget, tant celui de l’Etat avec les 30 000 suppressions de postes de fonctionnaires, que celui de l’assurance-maladie, seront des tests sur la capacité politique du gouvernement à aller plus avant.

 

Parallèlement à leur engagement dans cette concertation dans laquelle ils mâchent littéralement le travail du gouvernement, les appareils syndicaux ont mis en place un dispositif de journées d’action dans la division syndicale (attisée pour les appareils par l’approche des élections prud’hommales et professionnelles dans la fonction publique).

Ainsi l’appareil CGT a-t-il rallié la FSU et SUD pour concocter une « journée d’action » multiforme le 7 octobre, laquelle s’inscrit dans le cadre d’une initiative fourre-tout de la très réactionnaire CSI sur le « travail décent ». De son côté la direction FO a répliqué en convoquant sa propre journée d’action le 23 octobre, avec grève dans la fonction publique dans les 2 cas… Ajoutons qu’entre les deux se tiendra dans l’enseignement une manifestation nationale à Paris, le … dimanche 19 octobre, sans aucun mot d’ordre anti-gouvernemental. Une telle succession ne peut aboutir qu’à faire le jeu du gouvernement !

 

C’est pourquoi au dispositif et mots d’ordres des appareils, du PS et du PCF, il faut opposer les revendications et moyens d’action des travailleurs, qui aujourd’hui se concentrent dans l’exigence que les capitalistes payent pour leur propre crise (ce qui implique le refus de tout licenciement, de la baisse du pouvoir d’achat). Et conséquemment, le combat pour le front unique des organisations du mouvement ouvrier, partis et syndicats, contre ce gouvernement dont c’est précisément le programme.

 

L’exigence de la rupture de la concertation, concrétisée dans chaque secteur, peut se faire jour, particulièrement avec les futurs développements de la crise économique et le durcissement de l’offensive gouvernementale, qui vont rendre de plus en plus difficile la poursuite de la concertation. Pour preuve, le refus de la CGT de poursuivre les concertations sur la « réforme des lycées », éventualité que même la direction du SNES agite.

L’exigence du rassemblement de la force des travailleurs au grand jour, sur leurs revendications, contre le gouvernement, doit elle aussi s’exprimer, notamment sur la question du projet de budget 2009, sous la forme d’une immense manifestation à l’Assemblée nationale à l’appel uni des fédérations de fonctionnaires, contre toute suppression de postes, contre la baisse du pouvoir d’achat.

 

C’est sur une telle orientation que peut-être poursuivi le combat pour la reconstitution en France d’une organisation révolutionnaire, point d’appui indispensable non seulement dans le combat pour submerger les vieux appareils traîtres du mouvement ouvrier, mais aussi levain d’un nouveau parti ouvrier révolutionnaire combattant pour le socialisme.

 

Alors que la crise du capitalisme s’impose comme un fait politique majeur, que Sarkozy met en garde significativement dans son discours de Toulon contre « le retour au collectivisme », c’est ben d’un tel parti, et d’une telle organisation, dont ont besoin les travailleurs. Une organisation qui, précisément parce qu’elle n’est pas liée au mode de production capitaliste, serait en mesure à la fois de mener le combat contre la politique des appareils pourris, bourgeois, et à la fois d’ouvrir la perspective indispensable que les développements de la crise appellent : le socialisme.


 

Le 29/09/08

 

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