Éditorial du
bulletin « Combattre pour le socialisme » n°84 (n°166 ancienne série)
- 6 octobre 2022 :
Réchauffement climatique, guerre, profonde récession économique :
le système capitaliste conduit l’humanité tout entière au désastre
Une brutale accélération de
la marche à la barbarie : la catastrophe climatique...
En quelques mois, la marche à la
barbarie s’est brutalement accélérée. L’avenir suscite angoisse et effroi. Si
dans les larges masses la clarté n’est pas nécessairement faite sur les causes
du désastre en cours, encore moins sur les solutions pour le conjurer, le
constat est désormais patent.
Dans les modifications du climat de
plus en plus catastrophiques pour la survie de l’humanité, l’été que nous
venons de vivre a marqué une étape supplémentaire.
Les records de chaleur et de sécheresse
ont été battus, suivis dans quelques régions du globe par des inondations
destructrices, qui ont par exemple touché un tiers de la surface du Pakistan.
Les conséquences sont terribles.
Alors que des régions sont rendues inhabitables car immergées, d’autres le sont
à cause de la progression du désert. La Mésopotamie, un des berceaux de la
civilisation humaine, se transforme en désert brûlant et aride. La production
agricole va partout être brutalement réduite. En Afrique, elle va précipiter
dans la famine des millions d’êtres humains. Des centaines de milliers d’hommes
et de femmes prennent la route de l’exil à la recherche d’un lieu où ils
pourront simplement survivre. Ils sont violemment refoulés en Europe, aux
États-Unis, jusqu’en haute mer par les « push back », où ils sont
condamnés par centaines à périr noyés.
Aucun pays n’échappe au désastre.
Les incendies se propagent avec une ampleur sans précédent. La politique des
gouvernements du capital tout entière ordonnée par la nécessité de drainer toutes
les ressources de la société dans la réalisation du profit a liquidé les moyens
de lutte contre ces incendies. Le régime algérien – le premier pays africain
par le budget militaire – s’était débarrassé de ses Canadair. En France même,
la forêt est laissée largement à l’abandon, donc aux flammes : 5 000
postes ont été supprimés à l’ONF en 20 ans. La baisse des cours d’eau rend
souvent impossible la navigation fluviale. La production d’énergie
hydroélectrique est menacée, ainsi que la production d’énergie nucléaire dont,
faute d’eau, les réacteurs ne peuvent être refroidis.
Les plumitifs de la classe
dominante rendent l’humanité en général, et plus particulièrement le
prolétariat, responsable du désastre climatique. Au nom de la « crise
climatique » la bourgeoisie a commencé à supprimer des milliers de poste
dans l’automobile, et s’apprête à amplifier ces suppressions. (Suite page 2)
Au nom des investissements dans la
« transition écologique », les budgets de l’école, de l’hôpital vont
être laminés.
La crise climatique procède en réalité
directement de la pérennité du système capitaliste lui-même. Durant
des décennies, les transports en commun les moins énergivores ont été laminés,
les lignes de train fermées, en même temps – c’est inséparable – que le statut
des personnels était attaqué jusqu’à destruction.
La concurrence capitaliste à la
campagne a conduit à la disparition dans tous les pays de millions de fermes,
au profit de « fermes usines » de milliers d’hectares, où au nom des
exigences de rentabilité, la terre a été lessivée et les éléments naturels qui
évitaient le ravinement des sols et entretenaient l’humidité naturelle, ont été
détruits. C’est cette même exigence de rentabilité qui conduit aujourd’hui à
une réduction dramatique de la forêt amazonienne au profit des grands
propriétaires latifundiaires.
Enfin, qui dira la place du
militarisme dans le réchauffement climatique ? Plusieurs personnalités
écrivaient ceci sur le site Ledevoir en 2019 :
« (...)
L’armée des États-Unis (É.-U.), avec ses énormes besoins en carburant pour les
guerres qu’elle mène et les opérations de ses quelque 800 bases militaires, est
l’institution qui produit le plus de gaz à effet de serre dans le monde. (...)
De 2010 à 2017, le département de la Défense des É.-U. a produit une moyenne
annuelle de 66 millions de tonnes métriques d’équivalents CO2. Ces
émissions sont bien supérieures aux émissions totales de la Suède (50,8), de la
Finlande (46,8) ou du Danemark (33,5) en 2017. Cela ne représente qu’un faible
pourcentage des émissions totales des É.-U., mais à cela il faut ajouter les
émissions des industries militaires aux É.-U., estimées à environ 15 % du
total des émissions industrielles du pays.
Pour
connaître l’empreinte carbone réelle des guerres et du militarisme, il faudrait
ajouter à cela toutes les émissions liées aux autres armées et aux autres
industries militaires dans le monde (celles de plusieurs autres membres de l’OTAN, de la Chine, de la
Russie, etc.). Il faudrait aussi estimer les émissions résultant du ciblage
des puits, des raffineries — dont celles de l’Arabie saoudite tout récemment —
et des convois de ravitaillement en carburant. Et il faudrait aussi ajouter les
émissions liées à la reconstruction des infrastructures détruites ou
endommagées dans toutes ces guerres. »
Devant le
désastre en cours, à quiconque aurait la moindre illusion sur la possibilité de
la classe dominante à prendre malgré tout quelques mesures sérieuses contre la
catastrophe climatique, il faut opposer ce simple chiffre :
« Les
dépenses militaires mondiales ont continué d’augmenter en 2021, atteignant un
niveau record de 2 113 milliards de dollars. C’est la septième année
consécutive d’augmentation des dépenses » (d’après le Stockholm
International Peace Research Institute).
Or il est certain que l’année 2022
va être marquée par une augmentation en flèche des dépenses militaires. Avec la
guerre d’Ukraine, les usines d’armement sont en rupture de stocks et tournent à
plein régime.
…
et la guerre
Le capitalisme, en particulier à
son stade suprême, l’impérialisme, c’est la guerre. La guerre en Ukraine
l’illustre à nouveau. Il est clair que cette guerre a tous les traits d’une
guerre inter-impérialiste (voir CPS 83 du 1er juin 2022). Du
reste, ce qu’expriment les dernières évolutions du rapport de force militaire
sur le terrain, c’est la supériorité de l’impérialisme US en matière de
technologie militaire. L’armée ukrainienne n’aurait pas l’ombre d’une
possibilité de résister et de contre-attaquer si elle n’était armée jusqu’aux
dents par l’impérialisme US – et de manière beaucoup plus limitée par les
puissances impérialistes de l’ouest de l’Europe.
Mais la supériorité en matière de
technologie militaire renvoie à la supériorité technologique tout court, à la
domination de l’impérialisme US.
Sans doute peut-on parler d’un
« impérialisme russe ». Mais c’est à la condition expresse d’en
préciser les limites. La Russie, géant militaire, est un nain économique, dont
la place dans la division mondiale du travail s’apparente davantage à celle des
pays dominés : celle de pourvoyeuse de matières premières. L’hypertrophie
de son appareil militaire ne masque plus son énorme retard technique. Telle est
la raison de ses revers actuels à laquelle il faut ajouter le peu
d’enthousiasme au combat des troupes russes. Certes, personne ne peut prédire
si le recul russe se transformera ou non en débâcle. Personne ne peut dire non
plus jusqu’où, acculé par ses propres revers, Poutine est prêt à aller dans
l’escalade. Mais une chose est sûre : d’ores et déjà, il est acquis que
les objectifs initiaux de Poutine sont hors d’atteinte et que le résultat de
l’intervention russe, c’est l’accélération de la mise sous tutelle de l’Ukraine
par l’impérialisme US, non seulement au détriment de l’impérialisme russe, mais
aussi de l’impérialisme allemand.
Ne l’oublions pas : la guerre
d’Ukraine s’inscrit dans l’accentuation des conflits inter-impérialistes, en
particulier du premier d’entre eux, celui qui oppose l’impérialisme US et
l’impérialisme chinois.
Cet antagonisme s’est exacerbé sur
tous les terrains durant les derniers mois. Taiwan est une des scènes de cet
affrontement, mais pas la seule. C’est cet affrontement qui est aussi à l’œuvre
par exemple dans la crise politique qui secoue depuis plusieurs mois le
Pakistan, où la faction pro US a expulsé du gouvernement Imran Khan, partisan
du resserrement des liens avec la Chine.
Quant à lui, Poutine a engagé son
offensive en essayant de se saisir de ce conflit USA-Chine comme d’une
opportunité pour avancer ses propres pions ; mais il a dû rapidement faire
l’amère expérience des limites du soutien de la Chine, peu disposée à prendre
le risque d’un engagement plus direct à ses côtés.
En tout cas une chose est
sûre : ce sont les masses, le prolétariat et la jeunesse qui paient
lourdement le tribut de la guerre. D’abord en Russie et en Ukraine, par les
dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, et toutes les horreurs
inhérentes à toute guerre (tortures, assassinats de masse des civils, etc.).
Mais aussi par la brutale dégradation des conditions d’existence et la
liquidation des libertés démocratiques. Les masses russes connaissent les plans
de licenciement liés au défaut d’approvisionnement des entreprises dépendant
des fournitures occidentales. Elles connaissent l’inflation galopante
(22 % pour 2022). Elles subissent la violente répression de l’appareil
policier de Poutine. Il n’en va pas autrement en Ukraine sous la férule du
« héros de l’Occident », le très « démocrate » Zelenski. Ce
dernier vient de décider la liquidation de toutes les maigres garanties dont
disposait le prolétariat ukrainien à travers celle du code du travail.
Plusieurs partis ont été interdits, et pas seulement ceux qui se réclamaient du
soutien à la Russie. La langue russe – pourtant parlée par plus de la moitié de
la population – est proscrite, au bénéfice de la langue ukrainienne désormais
seule langue officielle. La littérature russe est largement bannie. Et d’ores
et déjà, le gouvernement ukrainien anticipant sur sa victoire, annonce sa
volonté de faire payer une énorme dette de guerre à la Russie – donc au peuple
russe, au nom de sa supposée « responsabilité collective » dans la
guerre.
La
guerre, accélérateur de la crise économique et de la récession
Au-delà des masses ukrainiennes et
russes, c’est tout le prolétariat européen qui va durement payer la guerre.
Plus Poutine est en difficulté sur le terrain militaire, plus il utilise
l’« arme du gaz ».
L’article économique dans ce numéro
analyse longuement la récession qui s’annonce. Nous y renvoyons. Mais les
conséquences en sont évidentes : fermeture de centaines d’entreprises qui
ne peuvent plus s’approvisionner à cause des prix prohibitifs de l’énergie,
augmentation faramineuse du prix du chauffage et du carburant sur fond de spéculation
effrénée des grands groupes capitalistes, diffusion de cette augmentation sur
le prix de l’ensemble des marchandises, en premier lieu de l’alimentation, donc
renforcement de la tendance antérieure à l’inflation, baisse massive du pouvoir
d’achat.
La
situation de l’impérialisme français continue de se dégrader
Il y a quelques mois, Lemaire
fanfaronnait. Le PIB avait augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre 2022.
En réalité, l’avantage comparatif de la France était l’avantage des
faibles : moins sensible au contexte international à cause de la faiblesse
de ses exportations, bénéficiant paradoxalement de la faiblesse de l’euro, par
exemple au niveau touristique.
Mais du point de vue de ce qui est
le cœur de l’économie capitaliste, c’est-à-dire la production de marchandises,
la dégringolade continue et s’amplifie. Les chiffres du commerce extérieur
relevés par Le Monde du 9 juillet en témoignent.
« Le
déficit des échanges de biens s’élève à 71 milliards d’euros sur un semestre
contre 51 milliards au second semestre 2021 et 84 milliards sur l’ensemble de
l’année écoulée (…). Quelques filières connaissent une belle progression à
l’export depuis la fin de 2019, dont l’agro-alimentaire (+25 %), le
textile (+26 %) et les cosmétiques et parfums (+22%).
Cependant
les deux locomotives de l’export à la française restent à la traîne :
l’aéronautique, toujours en retrait d’un bon tiers par rapport à l’avant-crise
(-34%) et dans une moindre mesure l’automobile (-8%). »
On ne saurait mieux souligner
l’insigne faiblesse industrielle du capitalisme français.
Dans cette dégradation, d’autres
facteurs interviennent. La hausse du dollar par rapport à l’Euro renchérit
notablement le prix des hydrocarbures importés, qui sont libellés en dollars.
Et puis, fait nouveau : la France est désormais importatrice
d’électricité. La production d’électricité d’origine nucléaire est à l’étiage,
comme les cours d’eau qui servent à refroidir les réacteurs. La moitié des
centrales sont à l’arrêt à cause des problèmes de corrosion qui manifestent
que, pendant des années, les investissements d’entretien n’ont pas été faits
par souci de rentabilité immédiat. La crise est telle que Lévy, le désormais
ex-patron d’EDF et Macron s’insultent publiquement, chacun faisant porter à
l’autre la responsabilité de la situation.
D’un certain point de vue, la
situation de l’emploi en témoigne encore : la « baisse du
chômage » s’explique pour l’essentiel par le développement massif de
l’apprentissage, main-d’œuvre quasi-gratuite pour les patrons, raison de son « succès ».
Ce financement pèse lourdement sur le budget de l’État. Le gouvernement a un
temps envisagé de le réduire, mais il a rapidement fait marche arrière sous la
pression du patronat.
Et puis il y a le problème
lancinant de la dette qui ne cesse d’enfler. Fin juin, elle s’élevait à
114,5 % du PIB, soit +1,5 % en 6 mois. Circonstance aggravante :
l’augmentation des taux d’intérêt se traduit par l’augmentation du taux
d’emprunt de l’État français, passé de -0,4 % à +2,4 %. Il faut
ajouter qu’un certain nombre d’obligations d’État sont, elles, indexées sur
l’inflation. Le résultat est que le « loyer » de la dette devrait
augmenter, selon les études spécialisées, de la bagatelle de 80 milliards en 8
ans.
La position de l’impérialisme
français à l’échelle mondiale est au diapason de cette situation économique. En
Afrique, elle est marquée par le départ dans des conditions humiliantes des
troupes du Mali. Les troupes sont redéployées au Niger notamment en protection
des mines d’uranium. Mais le succès des troupes « redéployées » est
plus qu’aléatoire. Déjà se font jour des manifestations d’hostilité à la
présence française. Cet échec piteux intervient alors qu’en juin, la rupture du
contrat de vente des sous-marins français de Naval Group à l’Australie, qui
signifie aussi la marginalisation de la France dans l’Asie Pacifique, a été
officiellement entérinée.
Évidemment, Macron, représentant de
l’impérialisme français, se bat avec l’énergie du désespoir. Il a déroulé le
tapis rouge pour les dictateurs d’Arabie saoudite et des Émirats en juillet. Il
s’est rendu en grande pompe et accompagné d’une brochette de grands patrons en
Algérie, où il a renouvelé son soutien à Tebboune et tenté de rétablir les
positions françaises dans le pays, grignotées par les concurrents petits et
grands (américains, chinois, mais aussi russes et turcs). A Oran, son prétendu
« bain de foule » s’est fait sous la protection d’un énorme
dispositif policier, le préservant des cris d’hostilité de la population.
D’ores
et déjà, une brutale aggravation des conditions d’existence du prolétariat et
de la jeunesse
Pour préserver les intérêts du
capitalisme français aux abois, le gouvernement Macron qui en est le
représentant n’a pas d’autre possibilité que d’augmenter le taux d’exploitation
de la force de travail par tous les moyens en s’en prenant au salaire direct ou
indirect.
Du reste, il ne s’en cache guère.
Quand les représentants du gouvernement sont interrogés sur la manière de
concilier l’augmentation massive du budget de la police et de l’armée, la
diminution des « impôts de production » pour les capitalistes, la
caisse ouverte pour le développement de l’apprentissage et la nécessité de
« contenir » la dette, Borne et Attal répondent en évoquant la
réforme des retraites. Autrement dit : le prolétariat paiera !
Dès maintenant, la classe ouvrière
et la jeunesse paient durement la note. L’inflation conduit à une baisse
brutale du pouvoir d’achat. La DARES estime elle même que les salaires réels
ont diminué de 3 %. Mais pour les plus exploités, l’inflation réelle est
bien supérieure aux 5,9 % annoncés. Le Monde indique que le coût
moyen du caddie de supermarché a augmenté de plus de 11 %. Il ne faut pas
oublier cette réalité : s’il est faux de prétendre que la bourgeoisie
maîtrise l’inflation, il est par contre exact de dire qu’elle l’utilise pour
augmenter brutalement le taux d’exploitation du prolétariat.
L’inflation frappe particulièrement
la jeunesse : augmentation des loyers, des frais d’inscription,
augmentation faramineuse de la complémentaire santé (plus de 30% !). Et
désormais, pour la jeunesse, la sélection massive est la réalité à tous les
niveaux : à l’entrée de l’université, avec 100 000 bacheliers sur le
carreau ; en fin de licence, avec des milliers d’étudiants sans master.
C’est le développement de la misère étudiante qui explique le
« succès » de l’apprentissage dans le supérieur dont se targue
cyniquement Macron. Pour nombre d’étudiants, il n’y a pas d’autre recours que
d’accepter la misérable rémunération allouée aux apprentis. Pour ceux qui sont
issus de familles plus aisées, il y a le recours à l’enseignement supérieur
privé qui prospère comme résultat de l’impossibilité d’accéder au public
(désormais 25 % de la population étudiante). Autre remise en cause brutale
du droit aux études : la rentrée retardée à Sorbonne nouvelle, et même la
fermeture de certaines facs envisagée cet hiver pour raison alléguée
d’« économies d’énergie ».
L’accès aux soins s’est aussi
brutalement dégradé. Des milliers de patients voient leurs opérations déprogrammées,
ce qui met en cause leur espérance de vie. Une illustration dramatique :
selon l’INSERM, à partir de 2012, une augmentation significative du taux de
mortalité infantile a été observée (la France se situe maintenant au 25e
rang en Europe). Le ministre Braun a réglé la question de la pénurie de
soignants : il suffit d’interdire l’accès à l’hôpital aux malades. C’est
ce qui a été fait avec la poursuite de la fermeture de lits d’hôpitaux, de
maternité, de nombre de services d’urgences et, en corolaire, le tri très
sélectif des malades pour y accéder.
Une
nouvelle avalanche d’attaques programmées dans les semaines qui viennent.
Nouvelle offensive contre le droit à la retraite
Ce n’est qu’un début. La suite est
annoncée par Macron : « Nous
devons accepter de payer le prix de notre liberté et de nos
valeurs ». Le programme d’attaques anti-ouvrières est fourni comme
jamais.
Le 12 septembre, Macron a annoncé
que la réforme des retraites entrerait en vigueur dès 2023. Est même évoquée –
sans que la chose soit certaine – la possibilité qu’une mesure d’âge soit prise
dans le cadre de la Loi de financement de la Sécurité sociale. On connaît déjà
l’essentiel du contenu de la réforme : retardement de l’âge légal de
départ à la retraite (64 ou 65 ans) éventuellement combiné avec une
augmentation des annuités nécessaires pour en bénéficier à taux plein,
liquidation des régimes spéciaux et du code de la Fonction publique. Pendant
des mois, les appareils syndicaux ont expliqué que la réforme n’était pas
nécessaire, en prétendant s’appuyer sur les conclusions du COR (Conseil
d’orientation des retraites) dans lequel ils siègent. Las ! Le dernier
rapport du COR conclut opportunément que dans 2 ans le régime des retraites
sera de nouveau « déficitaire »… et justifie donc la réforme
gouvernementale. De toute manière, accepter de discuter dans ces termes
d’« équilibre », comme le font les appareils syndicaux, c’est déjà
accepter la réforme. Des millions d’emplois, parmi lesquels les centaines de
milliers d’apprentis, sont exonérés de cotisations retraite ; des millions
d’heures de travail sont exonérés de même (c’est le contenu même de la loi dite
« pouvoir d’achat »). Des millions de prolétaires sont privés de
travail. Et le gouvernement comme le COR disent eux-mêmes que la réforme des
retraites doit d’abord permettre de réduire la dette... et la fiscalité du
capital ! Comment, dans ces conditions peut-on accepter une discussion
biaisée sur « l’équilibre des régimes », question qui n’a du reste aucun
sens lorsqu’il s’agit de la Fonction publique, où la pension est un salaire
continué ?
Une
offensive anti-ouvrière tous azimuts
Droit des chômeurs.
Le gouvernement entend, avant le 31 décembre 2023, les moduler selon la situation
économique. Les allocations diminueront quand la situation est
« bonne », et augmenteront (théoriquement) lorsqu’elle est
« mauvaise ». Or justement, chacun l’aura remarqué, elle est en ce
moment... « bonne » (en regard des chiffres annoncés, il faut
rappeler que seulement 40% des chômeurs sont indemnisés). La preuve : il y
a de nombreux métiers « en tension », où les employeurs ne trouvent
pas de personnel : hôtellerie-restauration, métiers de bouche,
transporteurs. Il s’agit d’emplois mal payés, souvent en temps partiel ou
temporaire, où les salariés ont vu leur situation se dégrader… suite à la
dernière réforme de l’assurance chômage (que le projet de loi proroge jusqu’à
2023). Par exemple, les emplois saisonniers dans le secteur du tourisme ne permettent
plus de vivre du fait que les saisonniers ne touchent plus le chômage entre la
saison d’été et la saison d’hiver. Le gouvernement a ordonné à Pôle emploi de
dresser les listes de chômeurs qui, quelle que soit leur qualification
antérieure, seront sommés d’accepter ces emplois. Il s’agit en fait de faire
disparaître leur droit à l’indemnisation. La « modulation » des
droits aboutira à ce que le chômeur n’aura plus de revenu fixe. Autrement dit,
il n’y aura plus de droits.
Attaques redoublées contre le
statut de la Fonction publique. On lira
dans ce numéro de CPS l’article consacré à l’enseignement. Les attaques
contre le statut des enseignants ont le sens d’une attaque générale contre le
statut de la Fonction publique. Il faut déjà enregistrer la décision officielle
de diminution tangible du salaire des fonctionnaires avec l’augmentation du
point d’indice de 3,5 %, soit officiellement inférieur de 2,4 % à
l’inflation. Mais le recrutement massif de contractuels dans l’enseignement
procède totalement de la loi de Transformation de la Fonction publique qui
entérine le recrutement de non-fonctionnaires, y compris sur les emplois
pérennes. En annonçant (pour 2023) que dans l’enseignement on débutera
désormais à 2 000 euros… mais que les fonctionnaires les plus anciens ne
seront pas concernés par les augmentations, le gouvernement signifie la
liquidation d’un des principes fondamentaux du statut : la progression à
l’ancienneté. En indiquant que les chefs d’établissement pourront recruter
leurs enseignants sur projet, il annonce la fin des règles d’affectation sur la
base du concours et de mutation garantissant l’équité entre les fonctionnaires.
En annonçant un « double statut », avec un salaire supérieur pour
ceux qui accepteront des tâches supplémentaires, il anticipe
l’individualisation des rémunérations et le salaire au mérite pour tous les
fonctionnaires.
Loi d’orientation et de
programmation du ministère de l’Intérieur.
Font partie de cette offensive, les mesures d’accentuation de l’État policier.
Dès le 7 septembre, le conseil des ministres a adopté le projet de loi LOPMI («
du bleu dans la rue », dixit Macron pendant sa campagne
électorale) : création de 3 000 postes de policiers et de gendarmes
en 2023 (Le Pen n’en avait promis « que » 1 500), 8 500 d’ici
à 2027. La loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur
prévoit la création de onze unités de forces mobiles supplémentaires et de deux
cents nouvelles brigades de gendarmerie, avec 15 milliards d’euros
supplémentaires au budget sur cinq ans.
S’agissant de la police, en
application du « Beauvau de la sécurité », les flics tirent désormais
comme sur du gibier ceux qu’ils cherchent à interpeller pour « délit de
fuite ». Ce n’est qu’un début. Darmanin, ne laissant décidément aucun espace
à Ciotti et au RN, annonce la légalisation de l’expulsion de tout étranger
passible d’un délit. Il sera extrêmement facile de transformer tout immigré
qu’on veut exclure en « délinquant », par exemple pour « outrage
à policier » sur la base du témoignage… du policier.
Budget.
On ne connaît pas encore le menu détail du budget. Mais parmi les éléments
annoncés :
+ 3 milliards pour l’armée (avec la
possibilité, si besoin, est d’une rallonge supplémentaire) ;
+ 1,4 milliard pour la police et
+0,7 milliard pour la justice (qui englobe la construction de prisons) ;
- suppression des « impôts de
production » pour les patrons sur deux ans. Il s’agit tout de même de la
suppression de 8 milliards d’impôts !
Loi de financement de la Sécurité
sociale (LFSS). L’ONDAM (Objectif national
de dépenses de l’assurance maladie) est annoncé à 3,5 % ce qui, au vu de
l’inflation (prix de l’énergie, des produits alimentaires, des fournitures
médicales et médicaments) et du coût des salaires et des pensions, ne peut signifier
qu’une diminution massive des moyens réels dont disposera l’hôpital public en
particulier.
Le caractère archi-réactionnaire du
PLFSS ne pourrait qu’être renforcé si d’aventure le gouvernement intégrait sous
forme d’un article de la loi une mesure d’augmentation de l’âge légal de départ
à la retraite.
Démantèlement, privatisation de
l’Enseignement public (voir article enseignement
dans ce même numéro).
Macron :
la réforme « par la concertation sociale »
« Emmanuel
Macron a assuré, jeudi 15 septembre, que le gouvernement allait mener la réforme des retraites “par la concertation sociale”. Devant les préfets
réunis à l’Élysée, le chef de l’État a affirmé que la réforme des
retraites “est
une réforme qui s’impose”
car il est nécessaire de “travailler
plus longtemps dans une nation où on vit plus vieux et on rentre plus tard en
moyenne dans la vie active” ».
Invité par une partie de ses
troupes à précipiter le mouvement, Macron a remis les choses au clair :
rien n’est possible sans la concertation. Il répond ainsi au conseil de Bayrou
cité par Les Echos :
« Pour François Bayrou, “la réforme est vitale” mais pour
qu’elle soit acceptée, il faut la conduire selon une méthode, “celle de la concertation avec toutes les forces économiques et
sociales”. »
Le ministre Dussopt donne la
recette à France
Info, le 7/09 : «
Dans une concertation, c’est un échange, une discussion, des propositions, des
contre-propositions… et à la fin le gouvernement prend les décisions qu’il doit
prendre. «
La concertation avec les appareils
syndicaux est d’autant plus nécessaire que Macron doit faire avec une simple
majorité relative à l’Assemblée nationale. Le soutien des appareils syndicaux
ne lui en est que plus nécessaire.
Certes, l’expérience du vote de la
loi « pouvoir d’achat » a de quoi le rassurer sur le degré
d’opposition qui peut se manifester dans l’Assemblée. Rappelons que c’est avec
le vote positif de LR, du RN, de l’abstention d’une bonne partie des députés PS
et PCF que cette loi a été très largement adoptée.
Il n’empêche : par rapport aux
développements possibles de la lutte des classes, c’est d’abord la pleine
collaboration des appareils syndicaux qui est la plus nécessaire.
La CGT, FO et la FSU ont dû
refuser de participer à la première séance au Conseil national de la
refondation (CNR). Mais ils maintiennent totalement leur orientation
de participation à la mise en œuvre de toutes les contre-réformes
À cet égard, les directions
syndicales donnent toutes les garanties :
- Assurance-chômage : la
concertation – du reste, sans que les appareils syndicaux en donnent le contenu
– devait commencer après présentation du projet de loi au conseil des ministres
du 7 septembre. Rien n’indique un quelconque refus d’y participer des appareils
syndicaux.
- Réformes de l’enseignement
public : à noter que la concertation sur la mise en œuvre de la réforme
liquidation des lycées professionnels est déjà engagée. Les directions
syndicales ont été reçues par le gouvernement. La FSU a déploré le « flou »
(sic) de la réforme. Le SNETAA-FO s’est déclaré « ouvert » à la
reconversion des professeurs de lycée professionnel en école, lycée ou collège.
- Contre-réforme des
retraites : la concertation a commencé lundi 19 septembre. Les Echos,
journal de la bourgeoisie, le note avec satisfaction : « Tout le monde est venu, personne n’a quitté
la salle en cours de route, les noms d’oiseau n’ont pas volé. Mais les échanges
ont été tendus avec les syndicats. Ils avaient déjà dit par médias interposés
tout le mal qu’ils pensaient d’un tel scénario. Leurs représentants l’ont
répété à leur interlocuteur ministériel. « Il n’y a pas d’urgence »,
« pas péril en la demeure », « il ne faut pas prendre le sujet
par le petit bout de la lorgnette », ont affirmé les syndicalistes qui étaient
nombreux : les cinq confédérations, CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC ainsi
que l’Unsa et la FSU avaient tous répondu présent contrairement au lancement du Conseil national de la refondation ». Notons-le :
la discussion a porté sur l’utilisation ou non du 49ter à travers un amendement
de la Loi de financement de la Sécurité sociale, donc sur la façon de faire
passer la réforme, non sur son adoption. Pour le gouvernement, la réunion du 19
septembre a atteint son objectif. Les dirigeants syndicaux ont participé « contrairement au lancement du
Conseil national de refondation des retraites ».
La non-participation à la première
réunion du Conseil national de refondation est notable. En juin, tous les
dirigeants s’apprêtaient à s’y rendre sauf la CGT. Celle-ci justifiait alors
son refus par le contexte électoral – celui des législatives – et non pour des
raisons de principe. Finalement, le gouvernement avait ajourné le lancement du
CNR.
Le revirement en septembre, et
finalement la décision de ne pas s’y rendre, procède donc probablement de
réticences jusqu’au sommet de l’appareil à se transformer comme le dit le
communiqué FO en « co-législateurs »
de la politique gouvernementale. Mais les termes mêmes avec lesquels les
appareils syndicaux motivaient leur refus ne pouvaient guère laisser
d’illusion. C’est au nom d’un « vrai
dialogue social », en défense du rôle du Conseil économique, social et
environnemental que les appareils syndicaux justifiaient leur refus de
participer au CNR.
À cet égard, la réunion du 19
septembre manifeste que tout est rentré dans l’ordre et que les appareils
ont docilement repris la place que leur attribue le gouvernement comme rouages
indispensables de la mise en œuvre de sa politique. Il ne pourra en être autrement
tant que le prolétariat ne leur imposera pas la rupture avec celui-ci.
Le
PCF donne le la
Chacun sait que dans quelques
appareils syndicaux d’importance (CGT et FSU), c’est le PCF qui donne le la.
Que le PCF n’ait plus qu’une influence résiduelle sur le plan électoral, ne
fait pas disparaître son influence au sein des appareils syndicaux. En ce sens,
les prises de position du PCF ont une certaine importance. Ce n’est pas un
hasard si ce dernier bénéficie d’une telle mansuétude de la part de la bourgeoisie
et du gouvernement lui-même.
On se rappelle que Borne avait dit,
immédiatement après le premier tour des législatives, qu’elle appelait à voter
Roussel au second tour dans la circonscription de ce dernier. On se rappelle
que le même Roussel avait indiqué qu’il n’avait pas d’objection de principe à
un gouvernement d’union nationale. Et le discours de Roussel contre la « gauche
de l’assistanat » est tombé à pic pour venir à l’aide du gouvernement
au moment où celui-ci programme la liquidation des indemnités chômage et le
conditionnement du versement du RSA à 15 ou 20 heures de travail obligatoire.
Roussel persiste et signe.
L’affaiblissement relatif de la majorité macroniste à l’Assemblée ? » Elle doit nous imposer de trouver les
moyens de nous entendre sur les réformes justes qu’attendent les Français. Elle
doit donc laisser place au débat, et pas à l’invective, à la construction et
pas au blocage ». La réforme des retraites ? « S’il y a une réforme des retraites, on souhaite qu’il y ait un
vrai débat et non pas un débat en catimini et éteint par le 49-ter »
(interview dans La Montagne). Pas de blocage du gouvernement :
telle est la position du PCF. Ainsi s’éclaire la position des appareils
syndicaux.
La
journée d’action du 29 septembre
C’est dans ce cadre que s’inscrit
la journée d’action du 29 septembre, dont l’appel évite tout mot d’ordre
précis. C’est à peine si sous une forme indirecte, pas sous la forme d’un mot
d’ordre, est évoquée la nécessité d’une augmentation de 10 % des salaires.
Ce qui importe, c’est ce qui n’y figure pas : ni l’exigence de retrait du
projet de réforme des retraites de Macron, ni l’exigence d’échelle mobile des
salaires (indexation automatique des salaires sur les prix seule à même de
garantir le pouvoir d’achat des travailleurs).
La première phrase de l’appel à la
journée du 29 septembre donne le ton :
« Les mesures gouvernementales annoncées sur le pouvoir d’achat sont en
dessous de la situation de paupérisation de la population. » Autrement
dit, la politique du gouvernement est simplement insuffisante. Elle n’est pas
caractérisée comme elle doit l’être : une offensive brutale, ordonnée,
systématique contre les conditions d’existence des masses.
À
propos de la « taxation des superprofits »
« Le
gouvernement se contente d’incitations à des économies d’énergies
culpabilisantes, tandis que d’autres pays européens s’engagent dans la taxation
des superprofits des entreprises du secteur énergétique et que d’autres
mettent en place des passes ferroviaires gratuits ! »
Que faut-il penser de la
« taxation des superprofits » comme perspective de combat pour la
classe ouvrière ? C’est ce mot d’ordre que LFI - rejoint par le PS et EELV
- met au centre lors de sa « marche contre la vie chère ». Le PS a
même proposé sur ce mot d’ordre un « referendum d’initiative
populaire ».
Commençons par dire que les
« superprofits » existent bel et bien. Les trusts pétroliers, les
grands groupes qui monopolisent le fret maritime en particulier (Merck,
CMA-CGM), les trusts de l’agro-alimentaire et pharmaceutiques ont battu tous
les records de bénéfices. Le prix du fret a été multiplié par huit en un an. La
spéculation sur le prix des céréales a atteint des sommets.
Par ailleurs, il est de notoriété
publique que les mêmes grands trusts, experts en « optimisation
fiscale », ne paient pour ainsi dire pas d’impôt. TotalEnergies ne paie
pas un centime d’impôts en France, et CMA-CGM est imposée… à hauteur de
2 % sur ses bénéfices.
La taxation de ces trusts ne peut
donc pas susciter d’hostilité parmi les travailleurs ! Mais poussons un
peu plus loin la réflexion. L’impôt supplémentaire ne va pas dans la poche du
prolétariat. Il est affecté au budget de l’État qui en l’état actuel des choses
est entièrement ordonnée par la défense des intérêts des capitalistes. Et ce sont
bien des gouvernements entièrement dévoués au capital qui ont pris – en
particulier en Europe - des mesures de taxation des « superprofits ».
Pourquoi ? Parce que du point de vue des intérêts de la bourgeoisie dans
son ensemble, la spéculation à la hausse des prix de l’énergie, du transport
pose un réel problème. Les coûts de l’énergie et du transport sont tels qu’ils
remettent en question la survie de secteurs entiers de la production
capitaliste elle-même. Des usines de métallurgie ferment faute de pouvoir
assumer les factures d’électricité. La chimie est lourdement menacée pour les
mêmes raisons. Idem pour la plasturgie. C’est donc du point de vue des intérêts
d’ensemble de la classe bourgeoise que les gouvernements essaient de calmer la
fièvre spéculative, jusqu’à menacer de taxation ceux qui y ont recours.
Voilà pourquoi en aucun cas la
« taxation des superprofits » ne peut se substituer à ce qui doit
être la véritable revendication ouvrière : à savoir augmentation générale
des salaires – les dirigeants syndicaux eux-mêmes évoquent 10 % - et
échelle mobile des salaires (indexation automatique des salaires sur les prix
dont l’augmentation doit être évaluée par les organisations syndicales).
Quels
axes de combat correspondent aujourd’hui aux intérêts ouvriers ?
Ce mot d’ordre d’augmentation
générale des salaires et d’échelle mobile des salaires doit être mis au premier
plan au moment où le pouvoir d’achat est rongé par l’inflation et où l’hiver
qui vient s’annonce comme une redoutable échéance pour les familles ouvrières.
C’est ce mot d’ordre qu’il faut imposer aux directions syndicales.
Toutes les revendications
salariales des fonctionnaires se heurtent au mur du budget de Macron-Borne. Les
appareils syndicaux font le silence complet sur ce budget qui va être discuté
début octobre à l’Assemblée. Comme on l’a vu, la LFSS consacre une nouvelle
attaque contre l’hôpital public et le droit à la santé. Il est possible qu’elle
contienne au détour d’un article une violente attaque contre le droit à la
retraite. Il faut donc que dans l’unité, les organisations syndicales se
prononcent : A bas le budget Macron-Borne ! A bas la loi de
financement de la Sécurité sociale (LFSS) ! Forcément de tels mots d’ordre
supposent que les directions syndicales organisent la manifestation nationale
de toute la classe ouvrière et de la jeunesse sur ces mots d’ordre, à
l’Assemblée, au moment de la discussion parlementaire.
Macron, Borne, Dussopt ont
clairement annoncé le contenu de leur contre-réforme des retraites. Il faut que
les travailleurs imposent aux dirigeants syndicaux qu’ils reprennent sans
barguigner la revendication toute simple : retrait du projet de réforme
(contre-réforme) des retraites ! Pas touche à l’âge légal de départ !
Défense inconditionnelle de ce qui reste des « régimes spéciaux » et
du code des pensions de la Fonction publique !
Cela tombe sous le sens : la
satisfaction de ces revendications suppose l’affrontement avec le gouvernement
Macron-Borne. Elle est à l’inverse incompatible avec la politique de concertation
permanente avec le gouvernement. Le gouvernement dit lui-même qu’il a besoin de
la concertation. Cela indique assez bien que les travailleurs, eux, ont le
besoin le plus immédiat que la concertation soit rompue. Il faut donc œuvrer à
l’organisation sur l’objectif : rupture de toutes les concertations en
cours ! Que les organisations annoncent qu’elles renoncent définitivement
à toute participation au CNR !
Mais
les travailleurs sont-ils prêts ? L’exemple de la Grande-Bretagne
Lorsque de tels mots d’ordre sont
évoqués, les représentants des appareils syndicaux opposent
l’« apathie des travailleurs », leur prétendu refus de
combattre. Une telle campagne, qui fait retomber sur le dos des masses la
responsabilité des attaques qu’elles subissent, ne va pas manquer de redoubler
après la journée d’action du 29. « Vous voyez bien ! Nous appelons à
l’action et ils ne répondent pas ! »
Ceux qui justifient ainsi leur
soumission au gouvernement risquent bien de se voir infliger un cinglant
démenti. Si le gouvernement hésite sur la marche à suivre sur les retraites,
c’est qu’il n’est pas, lui, aussi sûr de la passivité des masses !
Il regarde avec inquiétude la
situation britannique. Des grèves massives ont eu lieu dans des secteurs
névralgiques du prolétariat : cheminots, dockers, pétrochimie,
travailleurs d’Amazon, etc. Toutes posent la question des salaires dans une
situation où l’inflation atteint déjà 13 % et où elle est annoncée à
22 % l’an prochain. La revendication d’augmentation générale des salaires
à hauteur de l’inflation coule donc de source comme revendication unifiant tout
le prolétariat. Mais les dirigeants syndicaux s’ingénient à maintenir le cadre
des grèves disloquées, se dressent contre la grève générale qui est
incontestablement à l’ordre du jour, au point que même le dirigeant du syndicat
RTM, syndicat des cheminots, a indiqué que son syndicat était prêt à répondre à
un appel à la grève générale des TUC (Trade Union Congress :
la principale confédération britannique).
Quant au Labour Party,
Starmer, son dirigeant, a… interdit aux responsables du Labour de
rencontrer les grévistes, consigne que d’ailleurs certains de ces dirigeants
ont outrepassée.
Le prochain numéro de CPS
consacrera un article à la situation britannique, qui est un concentré de la situation
dans tous les pays. La volonté de ne pas subir existe dans les masses. Dans un
certain nombre de pays, ces dernières sont déjà engagées dans la lutte. Mais
contre leur volonté se dressent les appareils dirigeants des organisations tout
entiers voués au maintien du régime capitaliste et de l’ordre bourgeois.
Le
combat pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire,
de l’Internationale ouvrière révolutionnaire ne peut être différé
Les militants révolutionnaires
militent avec la certitude que dans les redoutables temps qui viennent, le
prolétariat et la jeunesse, comme ils ont commencé à le faire en
Grande-Bretagne, mais aussi au Sri Lanka (voir l’article dans ce numéro) et
dans de nombreux autres pays, ne subiront pas passivement l’avalanche. Ils ont
aussi la certitude que, s’engageant dans la lutte, les travailleurs devront
surmonter l’obstacle principal qui se situe au sommet des organisations qu’ils
ont eux-mêmes édifiées à travers l’histoire.
Surmonter cet obstacle ne peut se
faire qu’en disposant d’une organisation dotée d’un programme établissant un
pont entre les revendications immédiates (telles que celles évoquées au-dessus)
et la perspective du socialisme. En l’absence de cette organisation
révolutionnaire (même minime), le prolétariat ne peut que chercher à utiliser
les organisations ouvrières traditionnelles - de fait, en France, les
organisations syndicales issues de l’historique CGT (CGT, FO et FSU) - bien que
leurs dirigeants trahissent leurs intérêts et leurs luttes.
Nous intervenons pour que les
organisations ouvrières rompent avec le gouvernement, réalisent le front unique
et combattent le gouvernement, sa politique, pour le défaire.
La défaite du gouvernement
inscrirait à l’ordre du jour le combat pour un gouvernement du Front unique,
sans ministre bourgeois.
L’accélération de la marche à la
barbarie capitaliste indique que le socialisme, qui suppose l’expropriation du
capital, l’organisation à l’échelle mondiale de la production en fonction des
besoins des masses, et non de la réalisation du profit, est une urgence, parce
que la perpétuation du capitalisme est une menace immédiate pour la survie même
de l’humanité.
Nous appelons nos lecteurs à
s’associer à notre combat.
Le
21 septembre 2022
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