Éditorial du
bulletin « Combattre pour le socialisme » n°82 (n°164 ancienne série)
- 9 mars 2022 :
L’élection présidentielle, déroute annoncée pour le prolétariat, ne peut
que constituer un tremplin pour une nouvelle et violente offensive
anti-ouvrière !
Il faut dès maintenant militer pour que les
organisations
du mouvement ouvrier rejettent le programme commun de la bourgeoisie et de ses
candidats, rompent avec la bourgeoisie,
annoncent clairement leur refus de collaborer
à la mise en œuvre de ce programme via le « dialogue social »
L’élection présidentielle : la ré-intronisation
du Bonaparte
Les 10 et 24 avril prochains aura lieu l’élection
présidentielle. Les thuriféraires de la Ve République présentent les
élections comme l’expression la plus achevée de la « démocratie ».
C’est exactement l’inverse.
Rappelons-le , c’est à la suite du referendum initié
par De Gaulle en 1962 qu’a été instaurée l’élection du président de la
République au suffrage universel. Le but était d’en finir avec le « régime
des partis », le système parlementaire qui prévalait sous la IVe
République. Il s’agissait pour De Gaulle de dresser l’élection du président de
la République comme la véritable source du pouvoir, la représentation
parlementaire ayant désormais vocation à être réduite à une assemblée de
godillots.
Ainsi, le premier ministre est-il nommé par le
président de la République. Ce dernier peut d’ailleurs, au nom de
« circonstances exceptionnelles » que lui seul détermine comme
telles, accaparer tous les pouvoirs (article 16). Il est chef des Armées et
dispose de la décision de la guerre et de la paix. Le gouvernement peut
légiférer par ordonnances, l’Assemblée ne pouvant contester une telle
législation que par le dépôt d’une motion de censure (article 49 ter). Le
pouvoir de l’Assemblée sur le budget est lui-même limité par l’interdiction de
tout amendement ayant pour effet l’augmentation des dépenses (article 40), etc.
Les mois qui viennent de s’écouler ont illustré
jusqu’à la caricature le caractère violemment anti-démocratique de la Ve
République. Le vote de l’« état d’urgence sanitaire » a abouti
à la concentration des décisions les plus importantes dans les mains d’un « conseil
de défense » entièrement sous le contrôle du président de la
République.
Quant aux modalités de l’élection présidentielle,
qui conditionnent la possibilité même de se présenter au parrainage de 500
maires, elle vise encore à écarter les candidats jugés inopportuns.
Il est donc évident que toute organisation du
mouvement ouvrier devrait formuler comme une exigence immédiate l’abrogation de
la Ve République. Or non seulement ce n’est pas le cas, mais c’est à
qui se présentera comme le meilleur défenseur de celle-ci, chacun y allant de
son hommage à De Gaulle. Du reste, c’est le Parti socialiste, par l’intermédiaire
de Jospin, qui a renforcé le caractère bonapartiste de la Ve
République en faisant procéder les élections législatives de l’élection
présidentielle pour faire en sorte – autant que faire se peut – que la majorité
des députés soit aux ordres du président.
Et même un candidat comme Mélenchon, qui
formellement se prononce pour une « VIe République »,
indique qu’il commencerait par exercer totalement les prérogatives que lui
donnent les institutions de la Ve (voir article dans ce numéro de
CPS consacré à Mélenchon).
Ainsi, l’élection présidentielle ne peut avoir
d’autre fonction que de ré-introniser un Bonaparte. Comme on le verra, c’est
particulièrement le cas de cette élection-ci où la classe ouvrière n’a aucune
possibilité réelle de voter pour tenter de défaire sur le plan électoral les
candidats de la bourgeoisie.
Au cours des cinq dernières années, avec les
gouvernements Macron, la bourgeoisie a accompli des pas de géant dans le sens
de la réalisation de nombre de ses objectifs historiques
Sans sous-estimer le moins du monde les réalisations
des gouvernements antérieurs au compte de la bourgeoisie, les coups portés aux
acquis du prolétariat durant les cinq années de la présidence Macron ont été
d’une violence et d’une ampleur inédites. Les conquêtes de 1936 et de la
Libération – où dans la crainte de tout perdre, à savoir le pouvoir lui-même,
la bourgeoisie avait dû faire de profondes concessions à la classe ouvrière –
ont été profondément entamées. Le prolétariat n’a encaissé que de nouvelles défaites,
sans combat, ou à l’issue de grèves considérables mais entièrement maîtrisées
et donc trahies par les appareils syndicaux contre-révolutionnaires. Des
défaites historiques dans ce qui demeurait deux bastions, malgré la succession
d’échecs : la SNCF a été privatisée et le personnel a perdu ses droits
fondamentaux, en commençant par son statut (garantie de l’emploi) ; la
RATP est entrée dans un processus de privatisation totale, en application de la
loi LOTI (Loi d’orientation des transports intérieurs), avec la perte
simultanée du statut des personnels et d’autres acquis. Le retard historique
pris à cet égard par la bourgeoisie française par rapport à ses rivales
européennes a été en grande partie comblé. Si, dans le même temps, la situation
de la bourgeoisie française a continué à se détériorer, comme le montre
l’ampleur du déficit commercial, ce n’est plus essentiellement à cause d’un
moindre taux d’exploitation, mais à cause des faiblesses intrinsèques de
l’appareil de production du pays.
Parmi les coups portés au prolétariat, et sans
prétendre tous les citer, notons les suivants.
● Les ordonnances Macron (2017)
font disparaître pour l’essentiel le « principe de faveur » par
lequel un accord d’entreprise ne pouvait être moins favorable au salarié que l’accord
de branche, lequel ne pouvait faire exception au code du travail. Désormais
l’accord d’entreprise peut être dérogatoire. C’est ce qui s’est concrétisé avec
l’accord conclu sur le télétravail en 2020, à la suite d’une négociation à
laquelle tous les appareils syndicaux ont participé, qui renvoie au niveau de
chaque entreprise, c’est-à-dire là où le rapport de forces est le plus
favorable au patron, la détermination des normes censées protéger les
salariés ; et dernièrement, avec l’accord conclu dans la métallurgie
substituant aux 74 conventions collectives existantes une « convention
collective » qui ne constitue plus qu’un socle et renvoie à des
négociations boîte par boîte pour déterminer dans les 42 000 entreprises
concernées la classification des emplois, ce qui constitue un recul
considérable pour les travailleurs de la métallurgie.
Par ailleurs, outre l’instauration, dans les
entreprises de moins de 20 salariés, d’un diktat total du patron qui peut
proposer un accord par referendum, celui-ci peut soumettre également à
referendum un accord minoritaire (signé par des syndicats représentant
seulement 30 % du personnel). Un accord modifiant le contrat de travail
pour adapter l’entreprise à de « nouvelles conditions du marché »
pourra être signé. Le travailleur refusant ce nouveau contrat (augmentation du
temps de travail, baisse du salaire) peut désormais être licencié sans recours
(ce qui s’est produit dans de nombreux cas, en particulier en 2020 lors de la
première vague du COVID).
En outre, les ordonnances Macron liquident les
délégués syndicaux et délégués du personnel au profit d’un « Conseil
social et économique », instance de participation-cogestion. L’instauration d’une protection sociale complémentaire
obligatoire – récemment adoptée aussi avec le soutien de tous les appareils
syndicaux dans la Fonction publique d’État – est un coup décisif à la Sécurité
sociale (voir dans ce numéro de CPS l’intervention de la représentante du
courant Front unique au congrès national de la FSU).
● L’assèchement méthodique des
ressources de la Sécurité sociale dans la perspective de sa liquidation au
profit de systèmes d’assurances privées notamment. Il faut noter à cet égard ce
que représente le remplacement du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et
l’Emploi) par des diminutions massives de cotisations sociales pour les
salaires entre 1 et 2,5 SMIC à partir de 2019. Une des conséquences en est la
fermeture chaque année de milliers de lits dans l’hôpital public y compris
depuis le développement de la pandémie.
● Les baisses massives d’impôts pour
les patrons. Le journal Les Echos
les évalue à 23 milliards d’euros auquel le ministre Reister
propose de rajouter 10 milliards sur la seule année 2022, soit les trois
cinquièmes du budget annuel de l’Éducation nationale !
● La brèche profonde portée au statut
général de la Fonction publique à travers la loi dite de
« transformation de la Fonction publique ». Elle contient en
particulier la liquidation des commissions paritaires qui avaient en charge le
respect des garanties statutaires en matière de promotion, mutation des
personnels au profit d’un système de mutations sur profil et de promotions au
mérite à la discrétion de la hiérarchie. Elle contient également une remise en
cause profonde du droit de grève, en particulier dans la Fonction publique
territoriale, l’augmentation massive du temps de travail dans celle-ci, la
possibilité élargie du recours dans toute la Fonction publique aux contrats de
droit privé et à l’apprentissage, la dislocation des garanties nationales au
profit de la « négociation » locale, etc.
● Les attaques tous azimuts contre le
droit à l’instruction et le statut des enseignants de l’enseignement primaire à
l’université. Macron a réussi là où d’autres avant lui s’étaient cassé les
dents, en particulier Chirac, qui dut retirer la loi Devaquet. Le baccalauréat
a cessé d’être le premier diplôme universitaire permettant la poursuite
d’études supérieures. Désormais, et depuis l’adoption en 2018 de la LORE (Loi
d’orientation et de réussite des étudiants), les universités recrutent sur
dossier, chacune selon ses propres critères : c’est la mise en place de Parcourssup. La liquidation du baccalauréat remplacé par un
diplôme-maison qui se passe pour une large part sous forme d’un contrôle
continu s’articule sur la contre-réforme du lycée qui liquide les sections et
les classes, ce qui a permis la suppression de milliers de poste en même temps
que d’heures de cours.
La LORE a trouvé son complément logique dans la LPPR
(Loi de programmation pluriannuelle de la recherche). Celle-ci liquide le
cadrage national des diplômes, en particulier de la licence, donc le caractère
national des diplômes universitaires. Elle instaure un financement sur projet,
donc pose en principe l’inégalité entre les différentes universités. Elle
liquide profondément le statut des enseignants-chercheurs et des chercheurs,
individualisant les salaires, multipliant les formes de recrutements précaires.
Alors que les gouvernements Macron s’attaquaient au
droit aux études - d’abord celui des étudiants étrangers, via le décret qui
multiplie quasiment par 10 les droits d’inscription pour les extra-communautaires -, ils œuvraient au développement
massif des formes de surexploitation de la jeunesse, en particulier via un
développement sans précédent de l’apprentissage, dont le financement public
permettait aux patrons de disposer d’une main-d’œuvre quasiment gratuite.
L’instauration du SNU (Service national universel) relève de la même logique,
ajoutant à la surexploitation l’embrigadement réactionnaire au nom des
« valeurs de la république ».
À ce terrible état des lieux, il faut ajouter la
progression spectaculaire de l’enseignement supérieur privé (25% des
étudiants), qui n’est ouvert véritablement qu’à ceux qui sont issus des couches
les plus aisées ou à ceux qui n’auront d’autre choix que de s’endetter pour des
années, comme c'est le cas aux USA ou en Angleterre.
L’enseignement primaire n’est pas épargné. Là aussi,
Macron a réussi là où ses prédécesseurs avaient essuyé de cuisants échecs. Le
ministre Monory, ministre de Chirac entre 86 et 88, s’était ainsi cassé les
dents sur le projet des « maîtres-directeurs » visant à faire des
directeurs d’école des fonctionnaires d’autorité par rapport à leurs adjoints.
La loi Rilhac elle, fraîchement adoptée, accorde aux directeurs d’école une
« autorité fonctionnelle », ce qui constitue un pas décisif dans ce
sens.
Ce carton plein au service
de la bourgeoisie n’a été possible que par la coopération constante des
appareils syndicaux tout au long du quinquennat. Chacune de ces offensives
s’est accompagnée de dizaines de réunions de concertation où les appareils
syndicaux discutaient dans le détail de chaque élément de la contre-réforme
gouvernementale. Et lorsqu’elle était adoptée, ils étaient encore assidûment
présents dans les différents « comités de suivi » mis en place. C’est
en accompagnement de ces « comités de suivi » et autres
« concertations » qu’étaient – que sont – périodiquement convoquées
des journées d’action du reste de plus en plus désertées par les travailleurs.
Si l’on tire le bilan de cinq années de
contre-réformes et de collaboration des appareils syndicaux, Il faut évoquer la
question de la réforme-destruction des
retraites. Il est d’autant plus nécessaire de le faire que les appareils syndicaux
se glorifient de la « victoire » qu’aurait constitué le retrait de la
dite réforme. C’est là une falsification complète. Lorsque l’épidémie du COVID
a frappé avec la virulence et la soudaineté que l’on sait, la contre-réforme
était adoptée. Elle avait été votée en première lecture à l’Assemblée
nationale. C’est au nom du besoin impérieux de l’union nationale que Philippe –
soutenu en cela par Berger, dirigeant CFDT pourtant supporter inconditionnel de
la « retraite par points » et aussi par Roux de Bézieux, président du
MEDEF - a annoncé la suspension de la dite réforme. Il y avait plus
urgent : faire accepter aux travailleurs les accords d’entreprise
comprenant baisse brutale de salaire et licenciements du fait de l’effondrement
économique. C’est pourquoi Macron, anticipant sa propre victoire, a annoncé
qu’une réforme portant l’âge de la retraite à 65 ans et liquidant totalement
les régimes spéciaux et le code des pensions de la Fonction publique
constituerait le premier point à l’ordre du jour du prochain quinquennat.
Pendant les cinq années
Macron, le dialogue social permanent a eu comme corollaire la répression
policière permanente : lycéens mis à genoux à Mantes-la-Jolie, enseignants mutés d’office,
suspendus ou sanctionnés, maccarthysme à l’université au nom de la lutte contre
l’« islamo-gauchisme », manifestants traînés par terre, matraqués
jusque dans les hôpitaux et les facs, violences policières entraînant la mort
de Zineb Redouane (à
Marseille) ou de Cedric Chouviat
(à Paris).
Le gouvernement Macron a accéléré la marche à l’État
policier avec la loi « Sécurité globale », qui dote de pouvoir
judiciaire les polices municipales, autorise l’usage de drones pour surveiller
les manifestants. L’article 24 de cette loi permettant de punir de peine d’emprisonnement
les auteurs de vidéos d’interventions policières réalisées en particulier par
les journalistes a été « retoqué »… et réintroduit, à quelques
virgules près, sous la forme de l’article 18 de la loi
« séparatisme ».
La dite loi « séparatisme » vient
compléter l’arsenal policier. Elle s’en prend en particulier à la liberté
d’association dont elle prétend conditionner le financement à la signature
d’une « charte des valeurs de la République ». La cible est
claire : c’est la population des banlieues d’origine immigrée.
Cinq années de Macron, c’est
cinq années d’interventions impérialistes, cinq années de soutien aux
gouvernements les plus réactionnaires et sanguinaires en Afrique et en Asie. Ce sont les cinq années
d’intervention au Sahel. Qu’une des dernières décisions de Macron soit le
retrait des troupes du Mali (mais leur transfert au Niger voisin, où les
convois de l’uranium doivent être « sécurisés ») signe l’échec de
l’impérialisme français à assurer la défense de son « pré carré » en
Afrique. Cependant, les Rafale interviennent désormais directement au Yémen
pour écraser de bombes la population yéménite. En même temps, le gouvernement
français livre des Rafale à l’Égypte et à l’Inde, et à leurs gouvernements
sanguinaires.
Ainsi peut être résumé le bilan de cinq années
Macron. C’est pourtant pour Macron que les appareils syndicaux (en particulier
CGT, FSU, UNEF) s’apprêtent sous une forme ou une autre, à demander aux
travailleurs de voter, pour peu que le second tour de la présidentielle le mette
en face d’un candidat dit d’« extrême droite » : Zemmour ou Le Pen.
La bourgeoisie française exige de continuer et
d’accélérer
l’offensive anti-ouvrière après la présidentielle
Or non seulement ce « carton plein » n’a
pas permis le rétablissement de la situation du capitalisme français, mais
encore cette dernière s’est profondément dégradée. Deux chiffres le manifestent
de manière impitoyable. Le déficit du commerce extérieur vient de battre de
nouveaux records, passé en un an de 64,2 milliards à 84,7 milliards. Et la
dette publique atteint désormais 113,3 % du PIB (à comparer aux
69,8 % de l’Allemagne).
Voilà pourquoi, de manière complémentaire, MEDEF et
Cour des comptes (présidée par Moscovici, ancien ministre PS de Jospin) exigent
que des mesures soient prises pour frapper le prolétariat encore et encore.
La Cour des comptes exige que soient engagées des
« réformes structurelles » dans les plus brefs délais. Outre la
nouvelle contre-réforme des retraites (retraite à 65 ans, liquidation totale
des régimes spéciaux et du code des pensions de la Fonction publique), elle
demande que soit revue la part respective de l’assurance maladie obligatoire
(Sécurité sociale) et des complémentaires. Elle demande que soit limité
drastiquement l’accès au soin à travers le développement de la télémédecine,
c’est-à-dire la médecine… sans auscultation, et même le plafond annuel de
dépenses santé par patient (« développer le versement de rémunérations
au forfait, expérimenter une enveloppe annuelle individualisée par patient et
modulée en fonction de l’état de santé »).
Outre la contre-réforme des retraites, le MEDEF
exige que soient accélérées les mesures de diminution de la fiscalité du
Capital avec une nouvelle diminution des impôts de production de 35 milliards
sur cinq ans, une accélération du transfert de la protection sociale sur
l’impôt, la liquidation de toute référence législative à la limitation du temps
de travail qui devrait être défini par la seule négociation d’entreprise, etc.
Telles sont les injonctions du Capital. Tel est le
programme des candidats de la bourgeoisie.
Macron offre les meilleures garanties pour la
bourgeoisie française
Il est certain que, pour atteindre les objectifs
fixés conjointement par le MEDEF et la Cour des comptes, Macron a fait ses
preuves.
Il a d’abord pour lui les cinq années qui viennent
de s’écouler. Alors qu’il n’est pas officiellement candidat, il a posé les
jalons de son « programme », qui reprend à son compte tous ces
objectifs, complétés sur quelques questions cruciales.
● Il a ainsi indiqué son intention de
parachever le travail de liquidation du droit aux études pour la jeunesse, en
particulier pour les jeunes d’origine populaire. Ainsi, Macron cité par Le Monde
du 16 janvier indique :
« Emmanuel Macron a estimé qu’“on ne pourra pas rester
durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la
quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme
boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante, et une
difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que
partout dans le monde” ».
Il précise encore son intention de chasser une
fraction considérable d’étudiants, quitte à trafiquer quelques chiffres :
« Nous avons injecté un milliard d'euros de
moyens en
plus dans le premier cycle depuis 2017 et créé donc plus de 84 000 places dans
nos universités et permis à 29 000 étudiants de bénéficier d'un parcours
personnalisé pour les aider à réussir en première année de licence. Formidable.
Et pourtant, 50% des étudiants seulement se présentent aux examens de première
année. Nous devons regarder cette réalité en face, ce qui montre bien que nous
avons un problème, malgré tout cet investissement, ces améliorations,
d'orientation et de choix, en tout cas de la première année universitaire.(...)
C'est intolérable pour nous tous parce que c'est un formidable gâchis. »
Dans le même discours, il enfonce le clou :
« Quand on ouvre des filières qui correspondent
certes aux demandes d'inscription ou à la structure de notre offre éducative,
mais qu'il n'y a pas derrière des perspectives, nous conduisons un
investissement, en l'espèce, à perte, parce que nous formons pendant plusieurs
années des jeunes qui n'auront pas de perspectives ».
L’objectif est clair. Le 1,7 million d’étudiants
constituent une charge insupportable pour la bourgeoisie française. L’éviction
de l’enseignement supérieur de tous ceux qui ne pourront pas payer - les jeunes
d’origine populaire – est à l’ordre du jour. La fermeture de toutes les filières
ne fournissant pas au patronat une main-d’œuvre immédiatement rentable doit
être menée à bien.
● Il a programmé, via la
« conférence salariale » de son ministre Montchalin, qu’ont dû
quitter après de longues semaines de participation les dirigeants syndicaux, le
parachèvement de la liquidation du statut de la Fonction publique à travers
celle du point d’indice comme référence commune du salaire de tous les
fonctionnaires, au bénéfice d’une définition contractuelle et individualisée du
salaire.
● Il a initié (avec la participation des
directions syndicales présentes dans tous les comités de mise en place et de
suivi, et malgré la résistance des professeurs d’école) la nomination des
professeurs d’école par les directeurs d’école à travers l’expérimentation de
Marseille ayant vocation à être généralisée. Il s’est plus récemment prononcé
(interview dans le journal Sud-Ouest)
pour la fin du recrutement sur concours des professeurs, en particulier pour la
fin du CAPES, et pour la fin de l’« emploi à vie » des enseignants.
● Il a annoncé vouloir résoudre plus
radicalement la question de l’afflux des migrants en renforçant Frontex et de faire traiter les dossiers du droit d’asile à
l’extérieur de l’UE.
● Il a enfin indiqué sa volonté de
doubler le nombre de flics dans les cinq années à venir.
Pour l’ensemble de son œuvre et de ses propositions,
il a sans aucun doute conquis les galons de meilleur candidat de la bourgeoisie
française.
Pécresse, la candidate du parti historique de la Ve
République
C’est un statut auquel postule également Pécresse.
Elle est candidate LR, mais ne fait pas l’unanimité dans son propre parti. En
témoigne le fait que, à ce jour, elle n’a pas obtenu le soutien de Sarkozy, et
qu’un homme aussi central que Woerth dans l’histoire du parti gaulliste
(président de la commission des finances à l’Assemblée nationale et mêlé de
près à toutes les « affaires » du parti gaulliste ces dix dernières
années) ait décidé de soutenir Macron.
Lui reste la ressource de faire de la surenchère par
rapport à Macron, créneau étroit compte tenu du programme de ce dernier. Ainsi
promet-elle de supprimer 200 000 emplois de fonctionnaires, de tailler
plus radicalement encore dans les cotisations patronales, de « ressortir
le Karcher » (référence à Sarkozy). Mais à vrai dire, rien ne distingue
réellement le programme de Pécresse de celui de Macron. C’est « bonnet
blanc et blanc bonnet ».
Les candidats dits d’« extrême droite » Le
Pen et Zemmour
« Le principal problème
de la France, c’est l’immigration ». La déclaration est de Zemmour,
mais elle vaut pour les deux candidats dits d’« extrême droite »,
quelles que soient par ailleurs leurs différences.
Le Rassemblement national a lui-même initié à la
suite du départ de l’armée US d’Afghanistan une pétition : « Mais le droit d’asile ne doit pas
continuer à être, comme il l’est actuellement, le cheval de Troie d’une
immigration massive, incontrôlée et imposée, de l’islamisme, et dans certains
cas du terrorisme, comme ce fut le cas avec certains assaillants des attentats
du 13 novembre 2015. (...) Alors comme nous, DITES NON À L’ACCUEIL MASSIF DE
RÉFUGIÉS AFGHANS ! »
Les candidats dits d’extrême droite ne font qu’en
rajouter par rapport à Macron lui-même, comme par rapport à Pécresse flanquée
de Ciotti. Pas besoin que Zemmour ou Le Pen soient
aux commandes pour que les flics lacèrent les tentes des migrants et les
laissent cyniquement mourir dans la Manche en choisissant délibérément de ne
pas répondre aux messages de détresse des naufragés. Pas besoin qu’ils soient
aux commandes pour engager une campagne d’état contre l’« islamo
gauchisme » à l’université, etc.
L’écho électoral que rencontrent Le Pen et Zemmour dans la petite bourgeoisie mais aussi dans
certaines fractions du prolétariat est à la mesure de la rage de ces couches
sociales devant le déclassement et la paupérisation qu’ils subissent dans une
situation où les dirigeants « officiels » du mouvement ouvrier
n’offrent pas d’autre perspective que la collaboration étroite avec Macron, la
coopération aussi bien aux contre-réformes que, dans les entreprises, à la mise
en œuvre des plans de licenciement.
Cela étant, s’ils prennent appui sur la petite
bourgeoisie, c’est bien la politique du grand capital qu’ils défendent. Dans la
grande bourgeoisie, leur discours – en particulier celui de Zemmour
- résonne dans la conscience qu’a celle-ci de son propre déclin sur l’arène
mondiale, de l’effondrement de son empire colonial, sentiment encore aiguisé
par la douleur brûlante du départ du Mali. Notons-le : Le Pen a remballé
sa rhétorique anti-Union européenne, consciente du fait que désormais dans les
sphères du grand capital, l’adhésion à l’UE ne fait plus question. De même,
elle a remballé sa proposition incongrue pour la bourgeoisie de retraite à 60
ans. Les deux promettent moins de cotisations sociales, moins d’impôts pour les
patrons, etc.
Si en concurrence à Le Pen, Zemmour
a surgi (avec le soutien d’une partie du grand capital, Bolloré notamment, et
d’une large partie des médias), c’est parce que Le Pen, dans son désir de
« normaliser » le RN, lui libérait une place. Zemmour
ne s’embarrasse pas de précautions. Il désigne ouvertement la population
immigrée entière comme population délinquante devant être chassée. Il indique
que la police doit pouvoir se livrer à cette chasse sans limite. Il propose
d’instaurer un véritable droit de tuer en situation «de peur et non seulement de danger imminent ». Le 23 janvier,
participant au « Grand oral » convoqué par Alliance, le
« syndicat policier », il promet « la
présomption de légitime défense (pour les forces de l’ordre, afin que ce ne
soit) plus au policier de prouver son
innocence, mais au juge de prouver la culpabilité » (de l’agent qui
aura blessé ou tué). Son discours a été applaudi, souligne Le Monde. Sur cette orientation, il a
très clairement repris le projet de « recomposer » la
« droite » dont il est persuadé qu’une large partie de l’état major
LR partage ses positions.
Jadot, l’écologie « Medef‑compatible »
Les médias ont coutume de classer les candidats
comme étant de « droite » ou de « gauche ». Dans cette
classification, ils ont coutume de placer la candidature Jadot (et plus
généralement EELV) à « gauche ». En réalité, d’un point de vue d’une
caractérisation de classe des candidats et des partis politiques, une telle
classification n’a aucune signification. La candidature Jadot est une
candidature purement bourgeoise.
Sa place particulière tient au fait qu’il préempte
les thèmes dits « écologiques ». La question de la préservation des
conditions d’existence de l’humanité, donc de la préservation de
l’environnement naturel de l’être humain, est une question non seulement
sérieuse mais même dramatique. Nous renvoyons à cet égard nos lecteurs à la
brochure édité par le Cercle des jeunes révolutionnaires (« Socialisme ou
Barbarie ») qui montre l’incompatibilité absolue entre une telle
préservation et le maintien du système capitaliste.
Jadot quant à lui indique à qui veut l’entendre son
attachement absolu au système capitaliste. En réalité, il en a fait son slogan
de campagne central : « la transition écologique
se fera avec les entreprises ou ne se fera pas ». C’est
clair.
Son programme est celui de
l’association capital-travail :
« A Bruxelles, j'ai pu
observer ce qui s'est passé en Allemagne où tout le pays se mobilise pour la
voiture électrique ou la sortie du nucléaire et du charbon. Je veux construire
un consensus à partir des acteurs économiques et sociaux, en sortant des
oppositions politiques stériles.
La relation avec les
grandes entreprises n'est pas saine : il faut sortir du co-pilotage court-termiste pour
aller vers une co-construction qui nous projette vers
l'avenir. Avec des signaux clairs sur le long terme, et la garantie d'une
stabilité fiscale et réglementaire. Je veux miser sur la capacité
extraordinaire des entreprises à transformer les contraintes en opportunité,
une fois que le cap est fixé. »
Jadot indique ainsi la voie par
laquelle pourra être réalisée la « transition écologique » - qui
promet à la classe ouvrière licenciements massifs, déqualification et baisse
brutale du niveau de vie puisque c’est sur elle que la classe dominante entend
faire retomber le fardeau. Cette seule voie, c’est l’association étroite des
directions syndicales à ladite transition, le renoncement de la classe ouvrière
à défendre ses intérêts propres « en sortant des oppositions – de
classe, ndlr - stériles ».
Pour le reste, Jadot entend bien
être le meilleur défenseur de l’OTAN dans le conflit avec la Russie, le
meilleur supporter de Macron dans la répression aux Antilles, etc. En bref, la
candidature Jadot doit être caractérisée : réactionnaire sur toute la
ligne.
Mélenchon,
l’« Union populaire », union de toutes les classes
Ce numéro de CPS consacre un article spécifique à la candidature Mélenchon. La
raison est la suivante : électoralement, Mélenchon vise à ramasser ce
qu’était l’électorat du PS et du PCF. Sans aucun doute une fraction de cet
électorat se reportera sur Mélenchon, même si celui-ci sera très loin de
rassembler ce qui a pu constituer l’électorat ouvrier de ces dernières
décennies.
Cela ne fait pas de la
candidature Mélenchon une candidature relevant du mouvement ouvrier. Mélenchon
n’est pas le candidat d’un parti. Il s’est fait plébisciter comme candidat à
travers une procédure typiquement bonapartiste où quelques dizaines de milliers
de « citoyens » l’ont intronisé comme candidat. Il a décidé qu’il
était candidat de l’« Union populaire ». L’« union
populaire » (sous ce titre ou sous le vocable « union du peuple de
France ») a toujours été opposée – en particulier par les PC, partis
staliniens – comme alliance avec la bourgeoisie, au front unique ouvrier. La
perspective politique du gouvernement de l’union populaire a toujours été
dressée contre celle du gouvernement de front unique ouvrier. Il ne s’agit pas
d’un simple rappel historique. L’union de toutes les classes, c’est bel et bien
la perspective actuelle de Mélenchon. Dans l’émission Elysée
2022 du 12 février sur France 2, face à Roux de Bézieux, il a expliqué : « Les
chefs d’entreprise , je les connais. Quand je discute avec eux ils me parlent
de carnets de commande. Quand le patron a un carnet de commande rempli, il fait
ce qu’il faut. Si je veux que l’entreprise bosse, je lui passe des commandes.
Avec la commande publique on fait tourner la machine... » Et de citer
les éoliennes of shore, le « pôle public de l’énergie », etc. « je
vous garantis le prix, je vous garantis la mise en service... »
L’important n’est pas la
prétendue « démonstration » économique de Mélenchon à laquelle il ne
croit probablement pas lui-même. L’important est le projet politique visant à
associer dans un prétendu intérêt commun patrons et ouvriers. Sous une autre
forme et comme pour Jadot, c’est encore un projet d’association
capital-travail.
Ni de près, ni de loin, la
candidature Mélenchon n’ouvre une issue aux travailleurs et à la jeunesse.
L’« Union populaire » de Mélenchon n’a pu prospérer – prospérité
relative du reste - qu’en même temps qu’agonisaient les vieux partis
ouvriers (PS et PCF). Loin d’être une manifestation de sa renaissance, c’est un
produit de la décomposition du mouvement ouvrier, étranger au mouvement ouvrier
lui-même.
Hidalgo,
candidate de la destruction du PS
Hidalgo n’est pas la candidate du
PS. C’est là un constat de fait, pas une interprétation. Sa candidature a été
annoncée en dehors du PS. Son programme, si tant est qu’il y en a un, n’est pas
celui du PS. Les modalités de sa candidature épousent étroitement les
institutions de la Ve République pour lesquelles la présidentielle
est « la rencontre d’un homme et d’un peuple », transcendant
les partis.
Lors de son congrès, le PS n’a eu
d’autre choix que d’entériner une candidature qui était déjà effective, Hidalgo
n’ayant même pas éprouvé le besoin de s’y déplacer.
Mais en l’occurrence, les
prétentions « gaulliennes » d’Hidalgo, malgré son pèlerinage à
Colombey-les-Deux-Églises, tournent à la farce. Ce qui s’annonce, c’est une
Berezina électorale. Une grande partie de l’appareil du PS du reste n’est guère
disposé à s’associer au désastre annoncé. Sans compter le fait qu’une nouvelle
vague de responsables du PS profite de cette situation pour passer avec armes
et bagages chez Macron (Touraine, Guigou, Rebsamen) et que d’autres ont cru bon
de soutenir contre Hidalgo la candidature de Taubira, candidature elle-même totalement
étrangère au mouvement ouvrier, promise au même désastre si toutefois elle va à
son terme.
Quant au « programme »
d’Hidalgo, tout est dit dans le titre : « Réunir la France ».
Le reste est du même tabac : augmentation du budget militaire,
augmentation des effectifs de la police, défense de l’Union européenne et au
milieu de cela, en guise de trompe-l’œil qui ne trompe personne, une vague
référence à l’augmentation du SMIC, mais surtout l’appel aux dirigeants
syndicaux à travers une conférence sur les salaires avec les dirigeants
patronaux .
Hidalgo n’est pas la candidate du
PS. Le désastre de la candidature Hidalgo n’en sera pas moins un désastre pour
le PS. Le coup le plus violent contre l’existence du PS lui a été porté par le quinquennat
Hollande. La candidature Hidalgo est un coup supplémentaire, une étape
supplémentaire dans les convulsions de l’agonie de celui-ci.
Le
candidat du PCF
Roussel se distingue des
candidats évoqués plus haut en ce sens qu’il est, lui, candidat au titre d’un
parti, le PCF, parti ouvrier par ses origines mais associé depuis des décennies
à plusieurs reprises à plusieurs gouvernements de maintien de l’ordre bourgeois
et de prise en charge des objectifs de la bourgeoisie (du gouvernement
tripartite à la Libération au gouvernement d’« union de la gauche »
en 1981, jusqu’au gouvernement de la « gauche plurielle » en 1997).
Le PCF est donc un parti contre-révolutionnaire, définitivement passé du côté
de l’ordre bourgeois. Son rôle contre-révolutionnaire ne se limite d’ailleurs
pas aux épisodes de participation directe au gouvernement. Dans les périodes où
la classe ouvrière à travers sa mobilisation révolutionnaire postulait
directement à la prise du pouvoir (à la Libération, en Mai-Juin
1968), le PCF a joué un rôle décisif pour permettre à la bourgeoisie de
rétablir sa position, pour briser la grève générale en 1968, par exemple.
Pendant des décennies, les
travailleurs n’en ont pas moins cherché à se saisir de ce parti comme du PS
pour défaire les partis de la bourgeoisie. Mais l’influence électorale du PCF a
brutalement décliné non seulement comme conséquence de ses trahisons
successives, mais aussi avec le rétablissement du capitalisme en Russie car sa
place était intrinsèquement liée à l’existence de l’Union soviétique, premier
état où, à la suite d’une révolution prolétarienne, le Capital avait été
exproprié.
En 2017, le PCF avait renoncé à
se présenter à l’élection présidentielle en soutenant la candidature de
Mélenchon. Mais à nouveau cette année, il a décidé, au prix de tiraillements
internes (certains de ses élus, comme Jumel, choisissant de soutenir Mélenchon)
de se présenter sous ses propres couleurs.
Pour apprécier la candidature de
Roussel, on peut d’abord évoquer son programme. On y trouve un certain nombre
de revendications ouvrières (le SMIC à 1500 euros nets, l’augmentation sensible
des salaires des fonctionnaires, le recrutement massif d’enseignants,
l’ouverture ou la réouverture d’hôpitaux dotés de maternités et de services
d’urgence, etc.). Mais comment ces revendications pourraient-elles être
satisfaites quand, dans le même temps, Roussel se présente comme le meilleur
défenseur de la compétitivité de « nos » entreprises ? Comment
ces revendications pourraient-elles être satisfaites quand Roussel ne touche
pas réellement à la propriété privée des moyens de production ? Certes il
évoque « la nationalisation des groupes stratégiques » :
la Poste, l’Énergie, quelques laboratoires et quelques banques et assurances
(BNP, Société Générale, Axa). Mais outre le fait qu’il ne précise pas si les
travailleurs devront payer le rachat de ces entreprises, il oppose ces
« nationalisations » à une « étatisation », préférant
parler de « pôles publics décentralisés ». On peut d’autant plus
s’interroger sur ces « nationalisations » que par ailleurs le
programme du candidat du PCF se prononce très ouvertement pour la
« cogestion », l’« intervention
dans l’organisation du travail, la gestion et les orientations stratégiques de
l’entreprise ». Or la cogestion est parfaitement compatible avec le
maintien de la propriété capitaliste et revient à associer les travailleurs aux
objectifs de l’entreprise qui ne peut être autre que la réalisation du profit.
Autrement dit la cogestion revient à associer les travailleurs à leur propre
exploitation.
Pour le reste, le programme de
Roussel se situe entièrement sur le terrain de la défense de l’État
bourgeois ; il promet un renforcement de l’armée, en défense de
l’impérialisme français : « Un outil militaire moderne et cohérent
sera reconfiguré. Il devra disposer de moyens non vulnérables, être polyvalent
et apte à répondre au surgissement des crises souvent inattendues. Il
s’appuiera sur des forces armées garantes de la sécurité du pays, de la
métropole et des territoires d’outremer et de la défense des intérêts
nationaux, notamment du vaste domaine maritime de la France ».
Il n’est donc pas question de
retrait des troupes impérialistes françaises, ni du départ des Antilles des
forces de répression, ni du droit à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
Quant à l’État policier, il
suffit de rappeler la présence de Roussel à la manifestation des flics le 19
mai 2021, aux côtés de Le Pen, Zemmour, Faure (PS)
Jadot, etc., avec comme personnage central Darmanin lui-même, manifestation
contre le « laxisme de la justice ».
Cela situe mieux le contenu de la
candidature de Roussel que toutes les déclarations programmatiques...
La
ou les candidatures d’« extrême gauche »
Pour être à peu près complet, il faut
dire deux mots de la candidature (ou des candidatures) d’extrême gauche.
Nathalie Arthaud sera candidate pour Lutte ouvrière. Les travailleurs n’ont pu
que constater que l’orientation de Lutte ouvrière sur un plan pratique ne se
distinguait en rien de celle du PCF. Certes, sur un plan purement idéologique,
Lutte ouvrière se réclame du « communisme », de la « propriété
collective des moyens de production ». Mais pratiquement, Lutte ouvrière
est le meilleur soutien de la politique des appareils syndicaux, des journées
d’action. Ses militants intégrés à l’appareil syndical font la politique de
celui-ci et négocient les plans de licenciements, comme ils l’ont fait à PSA,
dont le dirigeant CGT, Mercier, est aussi un dirigeant de Lutte ouvrière.
Il est possible que ni Poutou ni Anasse Kazib, éventuels candidats de deux fractions du NPA ayant
récemment scissionné, ne puissent se présenter du fait de la condition
réactionnaire des 500 parrainages nécessaires. Mais il faut pourtant dire qu’à
aucun moment ces candidatures, elles aussi comme celle d’Arthaud, se situant
sur un terrain d’extrême dépendance par rapport à la politique des appareils
syndicaux, n’offriraient une perspective politique, fusse à une avant-garde de
la classe ouvrière.
Quel
programme d’action défendrait un candidat révolutionnaire ?
Pour des militants
révolutionnaires, la présentation ou non présentation aux élections est affaire
de circonstances, non de principe. Si les militants regroupés autour de Combattre pour le socialisme en avaient
les moyens politiques et organisationnels, il serait parfaitement justifié
qu’ils présentent un candidat. Ce n’est pas le cas.
Si nous en avions les moyens,
nous ne présenterions pas un candidat dans l’illusion que l’émancipation des
travailleurs, qui suppose la prise du pouvoir par le prolétariat, pourrait être
réalisée par la voie électorale. Les élections peuvent constituer un baromètre
du rapport des forces entre les classes. Elles peuvent constituer un moment de
la lutte des classes, créant une situation politique plus ou moins favorable au
combat du prolétariat. Elles ne constituent jamais la bataille décisive pour le
pouvoir, bataille qui ne peut avoir lieu que sur le terrain de la lutte des
classes directe.
Pour les militants
révolutionnaires, l’intérêt de leur participation dépend de la réponse à une
question : les élections offrent-elles l’opportunité d’avancer dans la
construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de projeter à une échelle plus
large leur programme d’action ?
Quels seraient les grands axes de
ce programme d’action ?
La pandémie qui sévit depuis 2020
a dévoilé de manière plus aiguë l’impasse tragique que représente la
perpétuation du système capitaliste.
● Les systèmes de santé, les
hôpitaux ont été débordés par l’afflux de malades. Ce qui paraissait
inimaginable, le tri des malades, est devenu une réalité quotidienne. La
pénurie de médicaments, de matériel médical a été criante. Tout cela ne doit
rien à la fatalité mais à la politique constante des gouvernements au service
du Capital qui exige la baisse des cotisations sociales, l’asphyxie de la
Sécurité sociale et donc la fermeture des lits.
À l’opposé de la politique des
appareils syndicaux qui pavent la voie à une nouvelle étape de démantèlement de
la Sécurité sociale (ce que prônent les candidats bourgeois en réclamant la
suppression de cotisations sociales), en ayant signé l’accord sur la protection
sociale complémentaire (PSC) qui permet aux complémentaires de se substituer de
plus en plus à la Sécurité sociale, notre premier mot d’ordre serait :
défense de la Sécurité sociale, annulation de toutes les exonérations accordées
au patronat depuis des décennies, création des postes dans l’hôpital public
autant que de besoin et augmentation massive des salaires sous forme indiciaire.
L’essentiel de la charge de la
pandémie a reposé sur l’hôpital public pendant que les cliniques privées se
réservaient les interventions les plus juteuses. Les cliniques privées doivent
être nationalisées sans indemnité ni rachat
● La pandémie a fait surgir
au grand jour la contradiction entre les possibilités qu’offrait la science
pour combattre la maladie – par exemple la découverte des vaccins par ARN
messager - et les barrières imposées par le système du profit à l’exploitation
de ces possibilités. Les laboratoires publics ont été asphyxiés financièrement
interdisant la recherche jugée « non rentable ». Les trusts
pharmaceutiques, comme Sanofi, ont licencié par centaines leurs propres
chercheurs. Le capitalisme fait obstacle aux progrès médicaux. Le programme
d’action comprend donc comme mot d’ordre immédiat : nationalisation sans
indemnité ni rachat des trusts pharmaceutiques, développement de la recherche
publique avec des personnels statutaires.
● La pandémie a révélé avec
quelle barbarie étaient traitées les personnes âgées notamment dans les EPHAD
privés . Pour garantir des profits records, elles sont privées de soin,
d’hygiène, et même de nourriture. C’est une évidence que la totalité des EPHAD
doivent être nationalisés sans indemnité, ni rachat, et que dans tous les
EPHAD, un recrutement massif de personnels payés à la hauteur de la difficulté
de leur tâche doit être opéré. La prise en charge des personnes âgées doit être
assurée par la Sécurité Sociale sur la base des cotisations patronales et non
via une « cinquième branche » financée… par les personnes âgées
elles-mêmes comme le proposent les programmes bourgeois
● Tout le système de santé
est un système de classe. Les déserts médicaux se situent dans les zones
rurales et les banlieues ouvrières. Il faut en finir avec le sacro-saint
principe parfaitement réactionnaire de la « liberté d’installation ».
L’affectation des médecins doit relever exclusivement des exigences de la santé
publique, ce qui suppose par ailleurs que les médecins soient rémunérés à hauteur
de leur qualification et recrutés à hauteur des besoins (abrogation de tous les
systèmes de « numérus clausus » ouverts ou déguisés).
● La pandémie a précipité
les plans de licenciements dans l’aéronautique, le transport aérien, plus
généralement dans l’industrie. Des « accords de performance »
incluant licenciements et baisse de salaire ont été imposés aux travailleurs.
Mais à vrai dire, c’est bien avant la pandémie que licenciements massifs et
fermeture d’entreprises ont été programmés. Entre 2007 et 2020, Stellantis (ex-PSA) est passé de 74 000 à 40 000
ouvriers. Au nom de la « transition écologique », une nouvelle vague
de licenciements et de fermetures est programmée.
La première exigence est :
pas un seul licenciement, pas une seule suppression de poste.
Les médias nous abreuvent de
discours sur la réduction « historique » du chômage. Mais en même
temps, on nous dit que le « halo du chômage », lui, augmente. Et les
nouveaux emplois sont des emplois précaires ou des contrats d’apprentissage.
Cette situation met à l’ordre du jour le combat pour le partage du travail
entre toutes les mains disponibles, la diminution massive du temps de travail
sans diminution de salaire, l’échelle mobile des heures de travail.
Combattre le chômage est inséparable
du combat pour le droit à la retraite pour les vieux travailleurs. Il faut non
seulement rejeter la nouvelle contre-réforme annoncée, mais abroger l’ensemble
des contre-réformes contre le droit à la retraite (réformes Balladur, Fillon,
Touraine).
● Depuis plus d’un an,
l’inflation flambe. Elle a été présentée comme conjoncturelle et ne devant pas
durer. Mais tout montre que nous sommes à la veille d’une nouvelle flambée. La
conséquence probable de la crise entre les vieilles puissances impérialistes et
la Russie est une nouvelle augmentation des prix de l’énergie, augmentation se
diffusant sur l’ensemble des produits manufacturés. Les travailleurs la paient
déjà d’une brutale baisse de leur pouvoir d’achat. À la politique des appareils
syndicaux qui, sous couvert de demander une augmentation immédiate des
salaires, renvoient en fait les travailleurs à des négociations salariales
boîte par boîte, conformément à la politique du gouvernement, nous opposons la
revendication générale d’échelle mobile des salaires seule à même de préserver
l’ensemble du prolétariat de l’inflation en assurant l’augmentation automatique
des salaires en fonction de l’augmentation des prix appréciée selon un indice
syndical.
Par ailleurs, les augmentations
de prix sont considérablement amplifiées par la spéculation. Celle-ci ne peut
être combattue que par le contrôle ouvrier sur les prix, ce qui suppose
l’organisation des travailleurs en comités ad hoc pour mettre en œuvre ce
contrôle.
● Le gouvernement Macron n’a
cessé d’asphyxier le logement social depuis 5 ans, faisant retomber sur les
offices HLM ses mesures de réduction d’impôt. La défense des intérêts des
travailleurs exige la construction massive de logements sociaux de qualité,
ainsi que la réquisition des logements vides au profit de la population mal
logée. Elle exige le rétablissement des conditions d’octroi de l’APL, en
particulier pour la jeunesse.
● Toute la politique du
gouvernement, de la bourgeoisie consiste à remettre en cause le droit de la
jeunesse à l’instruction, la qualification, la poursuite d’études (voir plus
haut). Les premières exigences pour la jeunesse, ce sont : l’abrogation de
toutes les lois contre le droit aux études : LRU, LORE (avec tout ce
qu’elle contient, notamment Parcoursup), LPPR ; le rétablissement du
baccalauréat comme diplôme national, examen national et anonyme, premier
diplôme universitaire permettant la poursuite d’études dans la filière de son
choix.
La défense du droit aux études
est inséparable de la défense des statuts des personnels à tous les
niveaux ; toutes les attaques contre le statut des enseignants doivent
être abrogées, en premier lieu la dernière d’entre elles : la loi Rilhac,
qui instaure l’« autorité fonctionnelle » des directeurs d’école.
Tous les projets de recrutement des enseignants par les chefs d’établissement
doivent être rejetés. Plus généralement, le statut de la Fonction publique doit
être protégé et rétabli. La « loi de transformation de la Fonction
publique » doit être abrogée.
L’enseignement privé à tous les
niveaux de la scolarité doit être nationalisé sans indemnité ni rachat :
une seule école, publique et laïque !
● À l’heure
où déferlent les discours racistes les plus répugnants, où la population
immigrée est la première cible des violences policières, où les dirigeants de
l’UE, via Frontex, organisent le naufrage de
centaines d’immigrés fuyant la misère résultat de la domination impérialiste en
Afrique et en Asie, il faut défendre l’internationalisme prolétarien, celui des
Communards, celui qui prône la libre circulation des hommes, les droits égaux
entre Français et immigrés, y compris le droit de vote.
Aucune de ces revendications ne
peut être satisfaite sans que le prolétariat ne prenne en main les rênes du
pouvoir, c’est-à-dire sans la constitution d’un gouvernement ouvrier. Un tel
gouvernement aura immédiatement pour tâche le démantèlement de l’appareil de
répression de l’État bourgeois. La police, l’armée ne peuvent être
« démocratisées ». Elles doivent être démantelées pour laisser place
aux organisations de défense des masses par elles-mêmes.
Aucune de ces revendications ne
peut être satisfaite sans que tous les leviers de l’économie, les grands moyens
de production et d’échanges, les banques ne soient nationalisés sans indemnité
ni rachat.
C’est la condition pour que
puisse être élaboré par les travailleurs eux-mêmes, s’appuyant sur la science
et les scientifiques, un plan de production conforme aux besoins des masses et
compatible avec la préservation de la planète.
La crise dite
« sanitaire », les menaces que fait peser sur l’avenir de l’humanité
la « crise climatique », sont des produits directs ou indirects du
système du profit, dont la devise a toujours été : « Après moi le
déluge ». La crise du système capitaliste a un caractère mondial. Jamais
les discours empreints de patriotisme, prétendant trouver des solutions sur
l’arène nationale, n’ont eu un caractère aussi évidemment réactionnaire. La
pandémie n’a pas de frontières. Le réchauffement climatique n’a pas de
frontières. Les soubresauts de la production à Taiwan ont des conséquences
immédiates sur le pouvoir d’achat de l’ouvrier de la région parisienne. La
compétition toujours plus âpre entre puissances impérialistes, le développement
énorme des arsenaux militaires qui accompagne inéluctablement l’impérialisme
portent le germe de la guerre planétaire. L’alliance militaire entre les
principales puissances impérialistes doit être démantelée : A bas
l’OTAN !
À la politique des candidats à
l’élection présidentielle qui tous aujourd’hui acceptent le cadre de l’UE, nous
opposons la nécessité de rompre avec l’UE et la déréglementation systématique
des droits des travailleurs qu’elle implique. Nous y opposons la nécessité de
combattre pour la constitution d’un véritable gouvernement ouvrier dans chaque
État et des États unis socialistes d’Europe comme seule perspective positive
pour l’ensemble des peuples d’Europe, seul remède durable aux menaces de la
guerre qui resurgit en Europe.
La
tâche de l’heure
La perspective du socialisme doit
être tracée. Mais le but final n’est rien si on n’indique pas quel est le
premier pas dans sa direction.
Aujourd’hui, l’élection
présidentielle se déroule dans une situation où sur le plan électoral les
possibilités d’une expression du prolétariat sont sinon inexistantes, du moins
très limitées. La seule possibilité consiste dans le vote pour le candidat du
PCF (malgré son programme), voire pour les candidats de LO ou du NPA (malgré
leur orientation politique). Par contre, en aucun cas (voir ci-dessus
et dans ce numéro l’article consacré à Mélenchon) on ne peut appeler à voter ni
pour Mélenchon, ni pour Hidalgo, ni pour Jadot. Mais chacun sait qu’un
tel vote n’a pas le pouvoir de modifier la place de cette élection dans la
lutte des classes. Inévitablement, cette élection constituera le tremplin d’une
nouvelle et violente offensive contre le prolétariat.
C’est à cela qu’il faut se
préparer. Là, se pose de manière centrale la place des organisations
syndicales.
Jusqu’au bout les dirigeants syndicaux
ont accompagné les contre-réformes du gouvernement Macron. En signant dans la
Fonction publique l’accord sur la protection sociale complémentaire, ils ont
indiqué leur disposition à coopérer à la suite de l’offensive, en particulier
la liquidation pure et simple de la Sécurité sociale. Via le COR (Conseil
d’orientation des retraites), ils ont anticipé la mise en œuvre de la prochaine
contre-réforme des retraites. Ils ont annoncé à demi-mot qu’ils étaient prêts à
appeler à voter Macron en cas de deuxième tour face à « l’extrême
droite ».
Mais les syndicats
n’appartiennent pas aux appareils dirigeants. Les travailleurs chercheront à
s’en saisir pour faire face. Il faut donc combattre pour leur permettre de le
faire.
L’intervention du représentant
Front unique au dernier congrès national de la FSU donne l’axe sur lequel il
est possible de le faire. Nous la reproduisons en conclusion :
« Le congrès national de la FSU s’est tenu.
En entérinant la signature de l’accord PSC, il a
renié ses positions antérieures, qui étaient les positions de toujours du
mouvement ouvrier de défense de la Sécurité sociale : « Chacun
contribue selon ses moyens et a recours selon ses besoins ». Il a entériné
un accord qui porte un coup de première importance à notre Sécurité sociale
fondée sur le salaire différé et socialisé.
Cette signature unanime des directions syndicales
intervient quelques semaines avant l’élection présidentielle.
Chacun le sait : les représentants du capital
entendent utiliser le boulevard de cette élection pour porter des coups d’une
brutalité inédite contre les travailleurs et la jeunesse. C’est ce qui ressort
clairement des dernières déclarations du président du MEDEF.
Face à cette déferlante, malgré la signature de
l’accord PSC, qui ne peut que dégoûter et décourager les travailleurs, il est
inévitable que ces derniers cherchent demain à résister. Dans ce but, ils
devront se saisir de leurs organisations syndicales, donc de la FSU.
Ils chercheront par conséquent à mettre ces
organisations à leur service.
C’est pourquoi il est nécessaire de dire avant le
terme de ce congrès, ce qu’ils sont en droit d’exiger d’elles.
C’est la responsabilité de
la FSU
de rejeter l’objectif affirmé du MEDEF de « réduire le coût du
travail ».
C’est la responsabilité de
la FSU
de rejeter les déclarations de Macron indiquant que « la protection
sociale doit moins peser sur le travail », mais aussi celles de Pécresse
qui martèle que pour augmenter les salaires, il faut diminuer les cotisations
sociales.
C’est sa responsabilité de rejeter l’exigence du
MEDEF de diminution massive de l’impôt sur le capital, et de réduction de
l’ensemble des budgets sociaux qui en est la conséquence inévitable.
Mais c’est aussi sa
responsabilité :
● de se prononcer contre la
« réforme » des retraites en préparation, qui prévoit le passage de
l’âge légal à 64, 65 ou 67 ans. Et donc, de quitter le Conseil d’orientation
des retraites (COR), qui prépare le terrain à cette contre-réforme.
● C’est aussi de rejeter la
déclaration de guerre à la jeunesse faite par Macron annonçant l’université
payante, l’expulsion de l’université de tous les jeunes d’origine populaire, la
soumission totale de l’université et de la recherche au patronat.
● S’agissant de l’enseignement, c’est
tout particulièrement de rejeter les objectifs affirmés par Macron de
destruction du statut des enseignants par l’annualisation, entre autres, et le
recrutement des enseignants par les chefs d’établissement.
C’est la responsabilité de
la FSU
de rejeter les objectifs communs des Macron, Pécresse, Le Pen, Zemmour :
● de renforcement de l’État policier,
par exemple en doublant le nombre de policiers en 5 ans.
● d’expulsions massives des immigrés,
parqués dans de véritables camps, condamnés à mort par noyade, comme dans la
Manche récemment.
C’est la responsabilité de
la FSU de
se prononcer pour le retrait immédiat de toutes les troupes impérialistes
françaises des pays où elles stationnent.
Rejeter, autrement que dans
les mots, ce programme commun de tous les candidats du capital, c’est dire dès maintenant
que la FSU ne participera à aucune des instances de « dialogue
social » visant à mettre en œuvre ce programme. C’est dès
maintenant : quitter les concertations, que ce soit le COR, les groupes de
travail d’application de la loi Rilhac ou l’« expérimentation » de
Marseille) qui, avant même l’élection, commencent à mettre en œuvre ce
programme.
Une question immédiate est
posée, celle de l’inflation, qui lamine le pouvoir d’achat des travailleurs.
La responsabilité de la FSU est d’indiquer que le
combat pour l’augmentation massive des salaires passe par la défense
inconditionnelle de la grille de la Fonction publique et du point d’indice.
C’est donc de revendiquer l’augmentation massive de la valeur du point, à
l’exclusion de toute forme d’individualisation des rémunérations, et d’œuvrer à
ce que se constitue le front uni des organisations syndicales pour faire valoir
ces revendications.
C’est à condition d’adopter
une telle orientation que la FSU peut contribuer à ce que soit ouverte,
pour les travailleurs de ce pays, une issue politique conforme à leurs
aspirations. »
Le 23 février 2022
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