Éditorial du bulletin « Combattre pour le socialisme » n°81 (n°163 ancienne série) - 1er décembre 2021 :

 

Face à la hausse des prix, il faut imposer aux dirigeants syndicaux
qu’ils défendent les revendications d’augmentation de salaire
formulées par les travailleurs eux-mêmes
et qu’ils rompent tous les accords de baisse du pouvoir d’achat et d’individualisation des rémunérations

Face à l’avalanche des contre-réformes en cours ou à venir
qui accablent le prolétariat, il faut combattre
pour la rupture de la collaboration des dirigeants syndicaux
avec le gouvernement Macron via le « dialogue social »

La résurgence de l’inflation : une grande incertitude pour la bourgeoisie
et un lourd fardeau pour les travailleurs

L’inflation est de retour depuis plusieurs mois. Pour combien de temps ? Ne nous aventurons pas à quelque pronostic que ce soit. Plutôt que du futur, parlons du présent. D’ores et déjà, le prolétariat, et au-delà de larges pans de la petite bourgeoisie, sont durement frappés dans leurs conditions d’existence.

Dans les pays dominés, c’est un véritable cataclysme. De l’Argentine (50 % d’inflation annuelle) à la Turquie (20 %), en passant par tous les pays d’Afrique, du Soudan à l’Algérie, l’inflation fait basculer des centaines de millions d’êtres humains dans la famine. Dans les pays capitalistes avancés, quoiqu’à un moindre degré, les masses sont aussi brutalement impactées. Aux États-Unis, l’inflation s’est établie à 6,2 % au cours des 12 derniers mois. Dans la zone euro, l’inflation « harmonisée » sur la même période est de 4,1 %, allant de 3,2 % en France à 5,4 % en Espagne ou 4,6 % en Allemagne. Dans tous ces pays, cette inflation est tirée dans une large mesure par l’augmentation faramineuse du prix de l’énergie : celui-ci est en hausse de 30 % aux USA et de 23,7 % en zone euro. En revanche, si les prix alimentaires grimpent de 5,3 % aux Etats-Unis, la situation est plus mesurée en Europe, avec une inflation de 1,9 %. Nous renvoyons notre lecteur à l’article de fond consacré aux causes de cette nouvelle poussée inflationniste et à l’étendue du problème que cela constitue pour les capitalistes. Mais il faut commencer par dire deux choses.

D’une part, l’inflation n’a rien d’un phénomène « naturel ». Elle est l’expression des soubresauts de la production capitaliste, de son caractère chaotique, parce que guidée non par une planification rationnelle en fonction des besoins des grandes masses, mais des impératifs du profit. Les rapports de production capitaliste, et notamment le caractère franchement oligopolistique de nombreux secteurs, peuvent influencer de manière importante l’inflation. Le secteur pétrolier en est une illustration parfaite : le volume de la production est très largement sous le contrôle d’un cartel, l’OPEP, qui peut effectivement rationner la production afin de maintenir les prix à des niveaux élevés comme c’est le cas aujourd’hui. Et toute la filière pétrolière et parapétrolière se gorge de ces prix en hausse. Que de telles augmentations de prix compromettent à l’inverse les marges de leurs clients, c’est-à-dire d’autres secteurs capitalistes, c’est un fait dont les producteurs de matières premières n’ont cure. A cela, on peut ajouter le fait que les prix de nombreuses marchandises, à commencer par ceux des matières premières, sont également influencés par les vastes opérations spéculatives dont elles sont l’objet, les fameux contrats dit à terme.

D’autre part, indépendamment de savoir si cette inflation est plutôt de nature temporaire ou durable et si son importance en fait un problème fondamental pour l’accumulation du capital, autant de questions auxquelles les notes sur la situation économique de ce numéro tentent d’apporter des éléments de réponse, il est évident que pour le prolétariat, ce regain d’inflation a déjà de lourdes conséquences sur ses conditions d’existence : « Les prix mondiaux alimentaires n’ont pas été aussi hauts depuis dix ans. L’annonce, début novembre, par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) que son indice mensuel de mesure des prix alimentaires avait atteint son niveau le plus élevé depuis juillet 2011, a fait l’effet d’une bombe. En douze mois, cet indicateur, qui agrège les prix sur les marchés internationaux de plusieurs denrées de base (céréales, sucre, viande, produits laitiers…), a grimpé de plus de 30 %. De quoi faire craindre une crise économique et alimentaire prolongée, alors que le monde n’en a toujours pas fini avec la pandémie de Covid-19 et que plusieurs pays remettent en place des mesures de restriction. » Dans les vieux impérialismes aussi, les hausses de prix réduisent le pouvoir d’achat des travailleurs et notamment des plus précaires qui sont particulièrement affectés par les augmentations des prix de l’énergie.

Ce qui est certain, c’est que partout où elle en aura les moyens, la bourgeoisie utilisera aussi l’inflation « pour faire retomber sur le peuple le poids du déclin du capitalisme » (Trotsky).

Les tentatives dans le prolétariat de combattre pour les salaires
rencontrent comme premier obstacle la politique des appareils syndicaux

Les travailleurs sont donc en droit de rejeter avec mépris le discours de la bourgeoisie et de ses valets leur présentant l’inflation comme une fatalité inéluctable qu’il faudrait supporter sans broncher. Les grèves qui, même relativement limitées ont commencé à se développer pour l’augmentation des salaires, principalement aux États Unis, mais aussi à un degré moindre en Europe, témoignent de ce rejet. Les plumitifs de la bourgeoisie font à cet égard état de leur grande crainte : l’« inflation de second tour » qui serait provoquée par l’augmentation des salaires, arrachée par la lutte gréviste.

On sait que Macron-Castex ont répondu à l’augmentation des prix par une prime exceptionnelle de 100 euros pour les revenus inférieurs à 2 000 euros. C’est dérisoire évidemment. Mais ce n’est pas seulement dérisoire. Comme la prime d’activité antérieure, la prime pose comme principe que les patrons ne sont plus tenus de payer des salaires suffisants à leurs travailleurs, et que le salaire doit être complété par une prime qui relève du budget de l’État et qui donc au bout du compte est payée par les travailleurs. C’est pourquoi les demandes que la prime soit portée à 4 ou 500 euros comme le fait une partie de l’« extrême-gauche » (Lutte ouvrière, par exemple) s’inscrivent totalement dans cette option réactionnaire qui considère comme un état de fait ordinaire que le travailleur ne puisse vivre décemment de son salaire, payé par le patron.

La situation dominante pour la classe ouvrière à l’échelle mondiale n’est nullement l’augmentation générale des salaires qui n’existe que dans certains secteurs limités où les salaires sont tellement bas que les patrons ne trouvent pas d’employés, comme c’est le cas dans quelques pays dans le secteur de l’hôtellerie restauration. C’est dans le meilleur des cas leur stagnation, voire leur diminution.

C’est à la diminution des salaires que sont confrontés les travailleurs américains à John Deere ou Kellogs, sous la forme du « double statut », où le recrutement des nouveaux travailleurs se fait à un niveau de salaire inférieur de 40 % par rapport à celui des salariés anciens. C’est la diminution de salaire qui est programmée en France par les différents accords de performance collective (APC) imposés aux salariés de manière généralisée depuis le début de la pandémie.

C’est pourquoi les quelques mouvements de classe qui se sont développés ces dernières semaines avaient tous ou presque pour objet la question des augmentations de salaire : en France après Daher, ADP, Dorsher, Labeyrie ce sont des mouvements de grève dans les transports publics (Grenoble, Avignon).

Toute la politique des appareils syndicaux consiste à neutraliser la volonté de combat des travailleurs de s’engager dans la « vraie grève », c’est-à-dire la grève jusqu’à satisfaction, pour lui substituer les sempiternelles journées d’action, grèves « saute-mouton », grèves éparpillées ou perlées : non pas jusqu’à satisfaction des revendications, mais jusqu’à épuisement des travailleurs.

Dans cette offensive contre le pouvoir d’achat des travailleurs, patronat et gouvernement ont d’ailleurs pu compter en toute circonstance, depuis 2019 en particulier, sur le soutien zélé des appareils syndicaux. En France, Derichebourg, Aéroports de Paris sont des exemples des accords de diminution massive de salaires qui ont été alors signés par tout ou partie des appareils syndicaux, négociés par tous.

Le fait que l’aspiration des travailleurs au combat pour les salaires rencontre comme obstacle immédiat les appareils syndicaux, c’est là une réalité qui n’a rien de spécifiquement français. Aux Etats-Unis, les grèves sur les salaires se sont propagées au mois d’octobre (John Deere, Kellogs, et aussi des grèves de personnels de santé et d’enseignants comme ceux de l’université de Columbia). Ces grèves sont souvent déclenchées contre les accords signés dans le dos des travailleurs par les bureaucrates syndicaux.

Dans la Fonction publique une « conférence salariale » non seulement de diminution de salaires
mais de liquidation du statut

Pour en revenir à la France, la diminution considérable du pouvoir d’achat c’est aussi la politique de l’État patron. Et de la même manière, les appareils syndicaux y sont associés. Depuis plusieurs semaines en France, tous les appareils syndicaux sont associés à la « conférence salariale » organisée par le gouvernement et sa ministre Montchalin. Le point de départ explicite de la dite conférence, c’est : pas d’augmentation du point d’indice. Mais plus encore, le but c’est la liquidation du point d’indice lui-même comme mesure commune du salaire de tous les fonctionnaires, la liquidation de la grille, bref, la baisse massive du salaire des fonctionnaires (voir CPS 80 du 29 septembre).

Le soutien des appareils syndicaux à la conférence salariale suscite d’ailleurs des réactions jusque dans les strates inférieures de l’appareil syndical. Les appareils syndicaux sont obligés d’y répondre à leur manière tout en faisant tout pour maintenir le cadre de leur collaboration avec le gouvernement.

En témoigne leur dernière lettre à Montchalin adressée le 16 novembre par les dirigeants CGT, FSU, Solidaires de la Fonction publique :

« De surcroît, à l’instant où de manière absolument légitime, les salaires et le pouvoir d’achat constituent la première préoccupation des Français, nous ne pouvons concevoir que les agentes et les agents de la Fonction publique ne bénéficient pas d’augmentations générales de leurs traitements. Il n’est donc pas question que nous abandonnions aussi peu que ce soit notre exigence d’une revalorisation forte et urgente du point d’indice, ce que la conférence exclut complètement de ses compétences. Cette mesure incontournable doit d’ailleurs trouver une traduction concrète dans les PLF (projet de loi de finances, ndlr) et PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ndlr) 2022 actuellement en examen au Parlement, ce qui justifie une négociation dans les délais les plus brefs. Madame la Ministre, Messieurs les Chargés de mission, vous l’aurez compris : sans réponse claire et rapide de votre part dès le prochain groupe de travail permettant de lever ces lourdes hypothèques, nos organisations syndicales en tireraient les conséquences et sauraient prendre leurs responsabilités. »

C’est un aveu : les dirigeants syndicaux participent à une « conférence salariale » qui a « exclu de ses compétences » l’augmentation du point d’indice. Ce qu’ils ne disent pas, c’est en quoi consiste les dites compétences, à savoir : destruction de la grille, liquidation du point d’indice. Et ce au moment où le budget (contre lequel les dirigeants n’ont pas remué le petit doigt) est en discussion. Petit détail : le 19 octobre, soit un mois avant ce courrier, l’Assemblée nationale a déjà voté la partie « recettes » du budget. Or, en vertu de la très réactionnaire constitution de la Ve République, aucun amendement aboutissant à une augmentation des dépenses ne peut ensuite être adopté.

Et la conclusion : « nos organisations syndicales en tireraient les conséquences et sauraient prendre leurs responsabilités. » Autrement dit : retenez nous ou on va faire un malheur !

Comme on le verra plus loin dans ce bulletin, dès lors que les personnels sont informés, ils sont scandalisés par le projet ministériel et ils comprennent la nécessité de ce combat. C’est bien pourquoi, en toute connaissance de cause, jusqu’à présent, la presse des syndicats avait opéré un black out total sur les enjeux de la conférence.

Plus que jamais, il faut combattre pour la sortie immédiate des dirigeants syndicaux de la conférence, pour leur prise en charge de la revendication qui unifie tous les fonctionnaires à savoir : augmentation générale et massive du point d’indice.

Au-delà même de la Fonction publique, l’augmentation des prix qui se généralise nécessite que soit mise en avant l’exigence de l’échelle mobile des salaires (l’augmentation automatique des salaires avec celle des prix), ce qui suppose que les organisations syndicales préparent un mouvement d’ensemble du prolétariat, le « tous ensemble » seul à même de faire reculer Macron et le MEDEF. Mais évidemment, c’est incompatible avec le maintien un instant de plus de la collaboration avec le gouvernement dans le « dialogue social ». Cela suppose la rupture nette, générale, définitive avec le dit gouvernement.

L’entreprise de destruction de la Sécurité sociale se prolonge et s’accélère

Si la bourgeoisie et son gouvernement Macron laminent le prolétariat via la baisse réelle du salaire, ce n’est là qu’un aspect de l’offensive.

La Loi de financement de la Sécurité sociale vient d’être adoptée le 26 octobre en première lecture à l’Assemblée nationale.

Elle vient de l’être alors que la presse elle-même ne peut cacher l’état désastreux, considérablement aggravé depuis 2019 de l’Hôpital public, la situation insupportable de ses personnels. Médiapart rend compte des propos d’un médecin urgentiste sur l’état de déliquescence du système de santé : » Il s’écrouleMes collègues sont partis, parce qu’ils sont épuisés par les conditions de travail, les interruptions de tâche en permanence, la bataille permanente pour trouver des lits pour nos patients. Regarder des personnes âgées passer des nuits sur des brancards, ça use. »

La situation de l’Hôpital public est totalement déterminée par la loi de financement de la Sécurité sociale et en particulier par l’ONDAM (Objectif national de dépense de l’assurance maladie).

Le fait nouveau, c’est qu’aux fermetures de lits programmées par le ministère et les ARS, s’ajoutent désormais les fermetures de lits… par manque de personnels du fait des démissions (auxquelles il faut ajouter l’expulsion de quelques milliers de personnels non vaccinés, découlant de l’infâme loi sur le pass sanitaire). C’est Delfressy, le président du Conseil scientifique pourtant nommé par Macron qui indique que 20 % des lits sont ainsi fermés. En tout cas, personne ne nie la réalité dramatique de ces fermetures partout en France, et plus violemment encore à Paris, où aucun travailleur hospitalier ne peut vivre de son salaire du fait notamment du coût des loyers. Les conséquences : déprogrammation des interventions les plus nécessaires, « perte de chances » pour de nombreux patients (euphémisme pour dire qu’ils mourront faute de soins), fermeture de services, en particulier de services d’urgence, etc.

Cette situation constitue par elle-même le plus violent réquisitoire contre le Ségur (négocié par tous les appareils syndicaux, signé par FO) avec son volet flexibilité du personnel, transfert selon les besoins immédiats d’un service à un autre, outre l’attaque que le Ségur contient contre la grille de la Fonction publique.

Répétons-le : cette dramatique situation ne peut qu’empirer avec la LFSS 2022.

Nos lecteurs trouveront dans ce numéro de CPS un article détaillant le contenu de la Loi de financement de la Sécurité sociale qui établit aussi que la dite loi constitue un jalon vers l’étatisation de l’assurance-maladie et vers la contre-réforme des retraites à venir (voir plus loin).

La LFSS selon les appareils syndicaux : « circulez, il n’y a rien à voir »

Pourtant, les appareils syndicaux ont fait un quasi-silence sur la dite Loi de financement de la Sécurité sociale, n’ont pas même fait mine d’organiser le combat contre son adoption, en ont banalisé le contenu dans le meilleur des cas, quand ils n’en ont pas fait l’apologie. Ainsi la direction de la CGT qui écrit : « PLSS 2022 Nettement insuffisant « Le PLFSS 2022 ne répond à aucun des défis cruciaux posés à la Sécurité sociale ».

La LFSS pêche donc simplement par « insuffisance ». Mais il y a mieux :

« Enfin, nous demandons que soit véritablement mis à plat le dossier du financement de la Sécurité sociale. L’ampleur des besoins de financement liés aux effets directs et indirects de la crise sanitaire ne doit conduire, ni à des coupes dans les besoins de protection sociale, ni au recul de l’âge de la retraite, mais à réformer son financement en s’appuyant sur le socle de la cotisation sociale. […] En outre, la CGT propose de mettre à contribution les dividendes versés par les multinationales, à commencer par celles du médicament ! »

Demander que « soit véritablement mis à plat le dossier du financement de la Sécurité sociale », c’est très exactement s’inscrire, en l’assortissant de formules pseudo-radicales contre les multinationales, dans le projet du gouvernement et de la bourgeoisie de franchir une étape décisive dans le démantèlement de la Sécurité sociale. C’est à cet objectif que répond la commande par le gouvernement d’un rapport sur l’articulation entre Sécurité sociale et complémentaires avec comme hypothèse privilégiée le projet d’une « grande sécu » reprenant l’essentiel de la couverture des risques assurée aujourd’hui par les complémentaires. Les compagnies d’assurance et la FNMF sont aujourd’hui vent debout contre cette hypothèse. Mais quelle que soit l’hypothèse retenue, étatisation de la sécu avec fiscalisation complète via la CSG, ou au contraire décloisonnement (autre hypothèse émise par le Haut conseil de l’assurance-maladie, qui verrait une répartition des risques entre assurance-maladie obligatoire et complémentaires où celles ci prendraient en charge intégralement certains risques) une chose est sûre : c’est un nouveau coup, peut-être décisif contre la Sécurité sociale de 1945 qui se prépare, avec la « réflexion » sur l’articulation entre AMO (Assurance-maladie universelle) et complémentaires. Car que ce soit par le biais d’une fiscalisation intégrale ou par une prise en charge intégrale de certains risques par les complémentaires, il s’agit dans les deux cas d’en finir avec le financement par le salaire différé en faisant payer les travailleurs, qu’ils soient actifs ou retraités, en lieu et place des patrons. D’ailleurs c’est bien à une contre-réforme de cette ampleur que l’exposé des motifs du PLFSS 2022 appelle lorsqu’il déclare en s’appuyant sur la dette COVID mise par le gouvernement à la charge de la sécu : « les conséquences financières appellent des réformes structurelles nécessairement ambitieuses et complexes que le calendrier de ce texte ne permettait pas d’engager ».

Quant à Veyrier, secrétaire général de FO, il se fend d’une déclaration le 3 novembre, soit 8 jours après l’adoption en première lecture de la LFSS à l’Assemblée. Sous le titre : « Protection sociale : Soyons fiers de notre engagement », il réussit l’exploit de… ne pas dire un mot de la loi qui vient d’être votée.

Mais la palme en matière de soutien au gouvernement appartient peut être à la direction de la FSU qui se livre dans son bulletin à une véritable apologie de la LFSS :

« La poursuite de la mise en œuvre des engagements du Ségur représentera 2,7 milliards dans le PLFSS, afin de financer pour l’essentiel la revalorisation des personnels soignants... Avec 1,2 milliard de financements nouveaux notamment pour la revalorisation des métiers du secteur de l’aide à domicile, l’objectif global de dépenses pour les personnes âgées et personnes handicapées augmentera de 4,4 %. (En réalité à peine un tiers des aides à domicile verront leur misérable salaire un peu augmenter, ndlr) Parmi les mesures financées par ce PLFSS se trouvent des mesures comme la prise en charge intégrale de la contraception par l’assurance maladie pour les femmes de moins de 26 ans. Les annonces faites à l’issue des Assises de la santé mentale fin septembre 2021 seront également intégrées. Il s’agit du remboursement des consultations prescrites par un médecin chez un psychologue de ville à partir de l’âge de3 ans dès 2022 (en réalité le secteur de la psychiatrie est sinistré avec des fermetures de service qui continuent au nom des « alternatives à l’hospitalisation » comme au CHU de Clermont-Ferrand, ndlr).

Selon le bureaucrate de la FSU, la LFSS pour les travailleurs et les jeunes, c’est le père Noël avec un mois d’avance. Pour les personnels hospitaliers qui n’en peuvent plus, cet article est une insulte.

Dans le même temps, la colère gronde dans les hôpitaux confrontés aux fermetures de lits et de services. Cette colère est canalisée sur le terrain des « luttes locales ». Dans ces « luttes locales », les dirigeants CGT et FO mettent au premier rang les élus de tout bord, y compris ceux qui à l’Assemblée et au Sénat… votent la LFSS dans sa version initiale (Assemblée) ou aggravée (Sénat).

Ne prenons qu’un exemple. Dans la Sarthe, l’hôpital de Bailleul est menacé de fermeture, en particulier la maternité, le bloc opératoire et le service d’urgence. Les dirigeants syndicaux proposent d’organiser une entrevue chez Véran avec les sénateurs LR du coin… qui viennent d’adopter la LFSS au Sénat, ajoutant au texte, pour faire bonne mesure, l’augmentation sans délai de l’âge de départ à la retraite !

Ainsi se décline la politique d’accompagnement de la politique gouvernementale par les directions syndicales qui ont tout fait pour éviter que soit posée la question du combat centralisé et national des personnels hospitaliers contre le PLFSS 2022 qui concentre la politique gouvernementale de destruction de l’hôpital public.

Le budget 2022 : caisse ouverte pour l’armée, la police, l’appareil judiciaire

Durant la dernière quinzaine d’octobre, l’Assemblée nationale n’a pas chômé.

Le 19 octobre, une semaine avant que l’Assemblée n’adopte en première lecture la LFSS, elle adoptait la partie recette du budget de l’État. D’un certain point de vue, comme dit plus haut, lorsque la partie « recettes » du budget de l’État est adoptée, la messe est dite. Comme dit plus haut, dans le cadre de la Ve République, toute proposition d’amendement au budget qui aboutirait à une augmentation des dépenses fait l’objet d’un rejet automatique.

Depuis, le budget a été adopté par l’Assemblée, le Sénat se contentant de l’amender, jugeant que les 100 euros de Castex, c’était encore trop !

Sur la distribution des dépenses, voici ce qu’il en est.

- Armée : selon la publication officielle du ministère de la défense,

« Le budget du ministère des Armées continue sa montée en puissance, conformément aux objectifs de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Ce nouveau projet de loi de finances (PLF) enregistre, pour la quatrième année consécutive, une hausse des crédits au profit du ministère des Armées. Ils atteindront en 2022 le montant de 40,9 milliards d’euros, soit une augmentation de 1,7 milliard d’euros par rapport à 2021 et près de 9 milliards de plus qu’en 2017.

Au total, sur la période du quinquennat, les armées auront bénéficié de 26 milliards d’euros de plus pour la défense de la France et des Français que le niveau du budget constaté en 2017. »

- Police nationale : selon le rapporteur spécial du budget de la police nationale à l’Assemblée,

« Les crédits demandés pour la mission Sécurités connaissent une progression sensible en 2022, atteignant 22,7 milliards d’euros en autorisations d’engagement (AE), en hausse de 6,8 %, et 21,6 milliards d’euros en crédits de paiement (CP), en hausse de 4,2 %. La programmation 2022 marque ainsi une accélération de la tendance haussière dont les crédits des forces de sécurité intérieure bénéficient depuis le début de la législature.

Les efforts auront été particulièrement massifs en termes de recrutement. Au terme d’un plan quinquennal, ce sont 6 415 emplois qui auront été créés sur le programme 176 Police nationale et 2 635 emplois sur le programme 152 Gendarmerie nationale. Au-delà de l’année 2022, les recrutements doivent se poursuivre ; le Président de la République a ainsi appelé à un doublement, en dix ans, de la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique.

L’année 2022 se signalera notamment, du point de vue des forces de sécurité intérieure, par le début de la mise en œuvre des mesures annoncées par le Président de la République à l’issue du Beauvau de la sécurité, pour un montant de 762 millions d’euros en AE et 483 millions d’euros en CP… »

- Justice : La Ligue des droits de l’homme indique :

« Le budget alloué à l’extension du parc immobilier pénitentiaire concentre l’immense majorité des fonds publics. Aux près de 5 milliards d’euros de dettes de construction à épurer à ce jour, le budget pour 2022 prévoit d’ajouter près d’un milliard d’euros d’investissement immobilier. Cette course à la construction, outre qu’elle représente un gouffre financier, grève le budget consacré au parc carcéral. Alors qu’une importante proportion de prisons existantes sont vétustes et insalubres, contribuant largement à l’indignité des conditions de détention, les dépenses d’entretien sont limitées à 80 millions d’euros »

Le collectif « Citoyens Justice » précise :

« Le programme de construction est en effet voué à absorber l’augmentation prévue du nombre de personnes détenues. Le gouvernement en escompte 80 000 à l’horizon 2027, soit 15 000 de plus en six ans. »

À l’inverse de Victor Hugo qui disait : « Celui qui ouvre une porte d’école, ferme une prison », la devise du gouvernement Macron est : « Celui qui construit une prison, ferme une école ».

Abondance pour l’armée et la police, misère de l’université. Le Monde du 21 septembre nous informe :

« 11 530 : en euros, coût moyen par étudiant pour l’État, en baisse pour la sixième année d’affilée ( -7,9 % depuis 2009)

1 935 : nombre de postes d’enseignants–chercheurs ouvert au recrutement en 2021 (3 613 en 2011, soit – 46 %). »

Il est vrai que pour les milliers de jeunes bacheliers qui n’auraient pas trouvé de place à l’université, pour les milliers de licenciés interdits de poursuite d’études en master, il y a au budget les 500 millions d’euros alloués aux « contrats d’engagement ». Une rémunération allant « jusqu’à » (on appréciera ce « jusqu’à ») 500 euros conditionnée à des devoirs, le principal étant d’accepter sous couvert de stage ou de formation n’importe quel travail déqualifié.

Il est vrai qu’il y a la reconduction par Castex des mesures d’incitation à l’embauche d’apprentis (c’est à dire de la mise à disposition des patrons d’apprentis gratuitement ou quasi-gratuitement).

Tel est le sort que le gouvernement Macron réserve à la jeunesse.

Pourtant, au-delà des « réserves » obligées, c’est une appréciation positive qui est portée par exemple par la direction de la CGT en date du 15 octobre :

« Le dernier projet de loi de finances du quinquennat a été présenté le 22/9 en Conseil des ministres. (…) La leçon de la crise de 2008 aurait-elle été retenue ? L’immédiate après-crise avait alors vu la plupart des gouvernements européens tailler dans les dépenses publiques dès l’apparition des 1ers signes de retour de la croissance. Ces mesures avaient eu pour effet immédiat de stopper la dynamique de reprise. Au vu des différentes lois de finances aujourd’hui en discussion dans les pays européens, il semblerait que la leçon ait en partie été retenue, au moins pour cette année. (…)

Si ce budget n’est pas placé sous le sceau de l’austérité, il n’est cependant pas un budget de rupture… »

On comprend mieux que, comme sur la loi de financement de la Sécurité sociale, les appareils syndicaux n’aient pas levé le petit doigt contre un tel budget.

France 2030 : au nom de la « transition écologique »

Le budget a du reste été modifié à plusieurs reprises, selon les dernières décisions du gouvernement, rendant plus évident encore le rôle de pure chambre d’enregistrement que celui-ci tend à faire jouer à l’Assemblée. Ainsi au dernier moment, le gouvernement a sorti de son chapeau 3,5 milliards de dépense supplémentaire au titre du plan France 2030, dont le montant global serait de 30 milliards.

Ces 3,5 milliards seront entièrement allouées sous forme d’« aide aux entreprises ». Il s’agit dans le langage du gouvernement de soutien « aux secteurs d’avenir » et à la « transition écologique ».

Il faut en avoir une claire conscience : c’est sous le drapeau de la « transition écologique » que la plus violente offensive va être menée contre ce qui reste de garanties au prolétariat.

Les 9 et 10 novembre a eu lieu une rencontre des dirigeants des patronats allemand, français (MEDEF) et italien.

Le communiqué commun parle clair : « Qui va payer la transition ? », se sont interrogés les trois leaders patronaux. “Nous avons la sensation que les gouvernements européens n’ont pas la force de faire payer les particuliers”, a expliqué Carlo Bonomi, inquiet comme ses homologues d’un alourdissement de la fiscalité, qui priverait l’industrie européenne de « ressources pour la croissance » (cité par Les Echos).

Passons sur l’interrogation sur la capacité des gouvernements à imposer « aux particuliers » c’est-à-dire au prolétariat, le prix de la « transition écologique », qui est plutôt une incitation à aller plus vite et plus loin dans ce sens.

Mais comment le prolétariat va-t-il payer ? Par l’augmentation des prix, par la multiplication des taxes diverses, impôts indirects payés prioritairement par les masses laborieuses (dont les « taxes carbone » étaient en France une première illustration).

Par la programmation de centaines de milliers de licenciements dans l’automobile, la sidérurgie, le secteur de l’énergie.

Mais aussi par la destruction des qualifications : ainsi le gouvernement a annoncé la mise en œuvre d’un « plan Compétences » qui a été négocié avec les dirigeants syndicaux dont Castex annonce le contenu dans Les Echos :

« ... nous allons mobiliser 1,4 milliard d’euros supplémentaires sur 2021 et 2022, dont 900 millions dès cette année et 500 millions l’année prochaine. Nous le ferons en redéployant des crédits d’urgence que nous avions budgétés pour la gestion de la crise et donc sans dégrader le déficit public.

Les PME de 51 à 300 salariés, bénéficieront de 600 millions pour former leurs salariés. Il faut agir vite. Pour les chômeurs, nous assumons le parti pris de privilégier au maximum les formations en entreprise, directement opérationnelles. Nous allons signer de nouvelles conventions avec les régions et avec Pôle emploi, à hauteur de 560 millions, et ouvrir les nouvelles formations à l’ensemble des demandeurs d’emploi quel que soit leur niveau de qualification. Objectif : former 1,4 million de demandeurs d’emploi en 2022. »

Il s’agit de substituer aux qualifications nationales déterminant le contenu des conventions collectives et des garanties qu’elles fournissent aux salariés des « compétences », « directement opérationnelles », c’est-à-dire adaptées à un poste de travail particulier, sans valeur nationale, négocié régionalement voire bassin d’emploi par bassin d’emploi.

Une orientation de défense des intérêts ouvriers

La classe bourgeoise, qui a le pouvoir, invite aujourd’hui les prolétaires à sacrifier leur emploi, leurs conditions d’existence au nom du « sauvetage de la planète » que cette même classe détruit jour après jour au nom des impératifs du profit. La mascarade de la COP 26 a non seulement démontré que ces impératifs sont incompatibles avec quelque mesure que ce soit de préservation de la dite planète, mais aussi que la perpétuation du mode de production capitaliste ne pouvait conduire qu’à la destruction accélérée des conditions même de l’existence de l’humanité (voir dans le précédent CPS « Dérèglement du climat : le capitalisme transforme inéluctablement la planète en enfer »).

Lorsque le prolétariat sera au pouvoir, il déterminera ce qui doit être produit, comment cela doit être produit. Il en finira avec la gabegie de la production capitaliste, avec le militarisme inévitablement lié à l’impérialisme, donnera la priorité aux besoins collectifs, en finira avec la production de biens qui ne correspondent qu’aux lubies délirantes et mégalomaniaques de la classe dominante.

Mais aujourd’hui, à l’échelle planétaire, c’est la bourgeoisie qui est au pouvoir. Elle n’évoque l’impératif « écologique » que comme un misérable alibi pour imposer au prolétariat une augmentation du taux d’exploitation. C’est pourquoi un programme conforme aux intérêts ouvriers inclut nécessairement comme premier point : aucune suppression de poste, aucune augmentation de la fiscalité qui accable la classe ouvrière, aucune diminution du pouvoir d’achat, fusse au nom de la « transition écologique », défense des qualifications !

Les appareils syndicaux et la « transition écologique »

La politique des appareils syndicaux est aux antipodes d’une telle orientation. La bourgeoisie sait parfaitement que la violente offensive qui se prépare au nom de la « transition écologique » pose un problème d’« acceptabilité », autrement dit qu’il faudra la faire avaler au prolétariat. Ce n’est possible que par l’association étroite des dirigeants syndicaux. Celle-ci lui est acquise, mais la tâche promet d’être rude, comme en témoigne Guy Ryder. Ce bureaucrate syndical est président du BIT. Précisons à cette occasion que le Bureau international du travail relève de l’Organisation internationale du travail (OIT), instance de collaboration de classe créée en même temps que la Société des Nations à l’initiative de l’impérialisme US en 1919. Sa création avait été vigoureusement combattue alors par les militants regroupés dans la IIIe Internationale. L’OIT a été reconstituée en 1946 comme la première agence spécialisée des Nations unies (ONU). Le dénommé Ryder témoigne de cette difficulté : « Quand j’étais dirigeant syndical … il y a une dizaine d’années, j’étais allé parler des emplois verts, de la transition écologique. Quand j’ai rencontré les syndicats de mineurs en Silésie (…), mon discours n’a pas du tout été accepté. Un moment difficile… »

La tenue du dernier CESE (Conseil économique social et environnemental), où siègent tous les appareils syndicaux, montre néanmoins que cette association des appareils syndicaux est en œuvre comme l’indique la résolution adoptée :

« S’imposent à nous (à nous, représentants de toutes les classes, ndlr) les grandes transformations en cours que nous devons maîtriser et anticiper (...). Si la décision relève des pouvoirs exécutifs et législatif, l’appropriation, le partage et l’acceptabilité des politiques publiques dépendront de leur assise dans la société toute entière, d’un ambitieux effort d’éducation et de formation tout au long de la vie (voir « plan compétences » évoqué plus haut, ndlr) et d’une co-construction démocratique dont le CESE se doit être l’acteur... »

Tout commentaire est superflu.

Pour l’anecdote, précisons : le représentant FO a voté pour, celui de la CGT s’est abstenu. Pour l’anecdote, car l’essentiel est ailleurs, dans le fait que les dirigeants syndicaux continuent de siéger dans un tel organisme qui a explicitement pour objectif de soumettre les intérêts ouvriers à ceux du capital, un organisme de mise en œuvre de l’association capital-travail.

L’impérialisme français plus que jamais aux abois

Cette association des dirigeants syndicaux est plus que jamais nécessaire au gouvernement Macron, à la bourgeoisie française, à cause même de la situation de cette dernière.

CPS ne cesse d’y insister : c’est une tendance historique que celle qui conduit à la marginalisation économique et politique du capitalisme français. Les rodomontades sur le retour de la « croissance » française visent à camoufler l’essentiel.

Ainsi, Les Échos du 5 octobre sous le titre pourtant d’apparence triomphante : « La production industrielle française progresse pour le 3e mois consécutif » annonce dans le corps de l’article :

« les blessures de la crise due au Covid n’ont toujours pas été pansées. La production industrielle globale reste inférieure de 3,9 % à son niveau de février 2020 - l’avant-crise - et de 4,5 % pour la production manufacturière, précise en effet l’Insee. »

C’est dans ce chiffre qu’il faut chercher la réalité des rapports de force économiques bien plus que dans les chiffres annoncés de la « croissance ». Ou encore dans le déficit record du commerce extérieur et dans celui du déficit public (8,1 % en 2021 pour un objectif de 5 % en 2022).

Bien évidemment les rapports de force politiques entre les puissances impérialistes ne peuvent au bout du compte que refléter de manière plus ou moins déformée les rapports de force économiques. La fameuse réplique de Staline au pape : « Combien de divisions ? » évoquait les rapports de force militaires. Mais c’est sur le plan économique que, lorsque Macron pérore sur la scène internationale, ses interlocuteurs peuvent lui demander : « Macron, combien de divisions ? »

Les rebuffades, échecs qui se succèdent à vitesse accélérée pour l’impérialisme français n’ont pas d’autre raison d’être. Le CPS précédent y insistait : la dénonciation grossière par l’Australie du contrat sur les sous-marins, la constitution de l’Aukus entre les USA, l’Australie et la Grande-Bretagne dans le dos de la France sont la manifestation éclatante de cette marginalisation. Mais la situation n’est guère meilleure concernant les positions de l’impérialisme français en Afrique, notamment au Sahel où l’impérialisme français, obligé de se replier sur la défense de ses positions économiques (golfe de Guinée et zones minières), laisse une place libre à la pénétration de la Russie et même de la Turquie. Le fait que Macron ne soit même pas en état d’imposer à l’Algérie qu’elle joue au Sahel le rôle de supplétif qu’il lui avait assigné est révélateur de l’affaiblissement des positions de l’impérialisme français.

Dans le Pacifique, l’impérialisme français s’accroche comme un forcené à la Nouvelle-Calédonie, enjeu économique à cause de ses ressources minières (y compris les fameuses « terres rares »), enjeu d’une lutte planétaire dans le cadre des « nouvelles technologies », mais aussi enjeu politique pour la place de l’impérialisme français dans cette région du monde. C’est pourquoi le gouvernement s’acharne pour que se tienne coûte que coûte le troisième referendum sur la question de l’indépendance. Mais il va se tenir dans une situation où l’île est ravagée par la pandémie, en conséquence de quoi les diverses factions indépendantistes refusent de participer. Il y a donc fort à parier qu’après le 12 décembre, date prévue dudit referendum, s’ouvre une période d’instabilité et d’affrontement dont on ne peut préjuger l’issue.

Un parfum nauséabond flotte sur la préparation de l’élection présidentielle

La situation de pourrissement de l’impérialisme français n’est pas étrangère à l’odeur pestilentielle qui se dégage de la « campagne » présidentielle.

Que celle-ci se transforme en concours Lépine de propositions visant à faire la chasse aux immigrés ne doit rien au hasard.

Le traitement réservé aux réfugiés est d’ailleurs en France comme en Europe un concentré de la barbarie impérialiste. En Biélorussie, Loukatchenko jette des milliers de réfugiés, essentiellement kurdes, contre les barbelés érigés à la frontière polonaise où se massent les troupes polonaises qui les accueillent avec gaz lacrymogènes, lances à eau, etc., matraquent ceux qui ont réussi à passer. Dans cette situation, bardés des « valeurs » de l’Europe et de la « démocratie », les différents gouvernements d’Europe, Macron en tête, condamnent avec virulence le « barbare » Loukachenko et… assurent de leur plein soutien le gouvernement polonais qui en matière de barbarie n’a pourtant rien à envier à celui de Biélorussie.

Mais il est vrai que pour ce qui est des atrocités envers les migrants, le gouvernement Macron, son ministre Darmanin n’ont si l’on peut dire, de leçons à recevoir de personne. La « négociation » avec la Grande-Bretagne porte sur ce seul objet : combien êtes-vous prêts à payer pour que nous les empêchions de passer en Grande-Bretagne ? Ainsi s’évalue le prix de la vie d’un migrant. En attendant, à Calais, la chasse aux migrants est ouverte toute l’année et sept jours sur sept.

Le discours de Macron du 9 novembre

Relève de cette campagne électorale le discours de Macron du 9 novembre.

Les commentateurs éclairés de la bourgeoisie l’ont noté. Dans ce discours, il a pu « enjamber les élections ». Car si sa victoire personnelle n’est pas absolument certaine, la victoire d’un candidat de la bourgeoisie, elle, l’est.

Il a annoncé des mesures immédiates, en particulier une nouvelle loi de renforcement de l’État policier (« une loi de programmation pour nos sécurités intérieures est en cours de discussion. Elle sera présentée au premier trimestre 2022 et donnera plus de moyens et allégera les contraintes bureaucratiques de nos forces de l’ordre » ).

Il a indiqué que la réforme de l’assurance-chômage entrait en vigueur, en revendiquant haut et fort qu’elle aboutissait à une diminution considérable de l’indemnisation des chômeurs.

Et surtout, il a annoncé l’adoption après les présidentielles de la contre-réforme des retraites. Il faut sur ce dernier point le citer entièrement :

« Le 12 juillet dernier, j’avais évoqué devant vous la nécessaire réforme des retraites.

La situation sanitaire que nous vivons et qui est en train de se dégrader partout en Europe, le souhait unanime exprimé par les organisations syndicales et professionnelles de concentrer les efforts sur la reprise, le besoin de concorde dans ce moment que vit notre Nation, font que les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd’hui ce chantier.

Pour autant, notre volonté de sauver notre modèle par répartition et d’en corriger les inégalités n’a pas changé.

Ce 1er novembre, la retraite minimale pour les agriculteurs, qui est attendue depuis si longtemps, est entrée en vigueur.

Et dès 2022, il faudra, pour préserver les pensions de nos retraités et la solidarité entre nos générations, prendre des décisions claires. Elles feront légitimement l’objet de débats démocratiques indispensables. Mais elles devront suivre à mes yeux des principes simples.

Travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal.

Aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé et en faisant en sorte qu’au terme d’une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1 000 euros. »

Commentons :

Premièrement, le report de la réforme – par ailleurs souhaité par le MEDEF qui estimait que cette dernière ne pouvait passer que grâce à l’élan donné par la présidentielle et le coup qu’elle représenterait pour les masses – n’est nullement le résultat « des luttes » menées par les directions syndicales. Elle résulte du « besoin de concorde dans ce moment que vit notre Nation », autrement dit du besoin qu’avaient la bourgeoisie et le gouvernement qu’aucun accroc ne vienne compromettre le soutien des appareils syndicaux à la politique du gouvernement durant la pandémie.

Deuxièmement, la contre-réforme passera par le « dialogue social » et la concertation. Elle fera « légitimement l’objet de débats démocratiques indispensables. »

Troisièmement, les dits débats « démocratiques » seront d’emblée clairement cadrés : report de l’âge légal, suppression des régimes spéciaux et du code des pensions de la Fonction publique « en harmonisant les règles entre public et privé ».

C’est incontestable : la première bataille que la bourgeoisie entend engager sans délai contre le prolétariat après la présidentielle, c’est une bataille pour la liquidation générale de ce qu’il reste de droit à la retraite .

Zemmour, utile à plus d’un titre

Dans cette campagne électorale mal odorante, le répugnant Zemmour occupe une place de choix, même si à ce jour il ne s’est pas officiellement déclaré candidat. C’est sur le terrain de la chasse aux migrants (mais plus généralement de la chasse à tous ceux que leur peau ou la consonance de leur nom rend suspects) que Zemmour entend faire son beurre.

Mais Zemmour ne serait rien sans le soutien constant que lui apportent les médias, tenus par les plus grands groupes capitalistes, en particulier Bolloré. Alors, à quoi sert Zemmour ?

Évidemment, aucun groupe capitaliste n’envisage de tabler sérieusement sur la victoire de Zemmour à la présidentielle. Du reste Zemmour n’a aucun programme politique achevé en dehors de la chasse aux immigrés. Ce n’est donc pas en vue de sa victoire qu’il est promu de manière aussi indécente par les cercles du grand capital.

Au détour d’une phrase, et avec toute la discrétion nécessaire, le journal Le Monde du 13 novembre nous livre le secret qui est du reste un secret de Polichinelle :

« Après avoir misé sur Marine Le Pen, M. Macron compte sur Eric Zemmour pour étouffer le futur candidat de LR ».

Ainsi, la meilleure manière d’assurer la victoire de Macron, c’est encore aujourd’hui de faire la promotion de Zemmour. Il ne reste plus aux différents prétendants de LR qu’à tenter de concurrencer Zemmour sur le même terrain de la chasse aux migrants, mais aussi à toute la population et la jeunesse d’origine immigrée.

Zemmour a aussi une autre utilité. Il permet aux appareils syndicaux d’engager dès maintenant la bataille pour la réélection de Macron au nom de la « lutte contre l’extrême-droite ». Dans un communiqué commun signé par Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa-Education, Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, Maud Valegeas, co-secrétaire fédérale de Sud-Education et Isabelle Vuillet, co-secrétaire générale de la CGT Educ’action, on peut lire : « [L’extrême droite] est hostile à l’immigration, au féminisme, aux droits des personnes LGBT : dans le champ de l’Éducation, elle s’est illustrée ces dernières années par son opposition à toutes les politiques visant à promouvoir l’égalité. »

Des politiques visant à promouvoir l’égalité, ces dernières années ? On cherche encore. Quant à une politique « hostile à l’immigration » (le mot est faible), nous en connaissons une bien actuelle, sans attendre des périls à venir : celle de Macron-Darmanin.

Lisons plus loin : « Il n’est pas difficile d’imaginer ce que deviendrait l’école si l’extrême-droite prenait les rênes du pouvoir. » Sans doute. Et moins difficile encore de voir ce qu’est devenue l’école sous le gouvernement Macron-Blanquer : loi Rilhac, liquidation du bac, Parcoursup, matraquage des lycéens, mutation d’office des enseignants qui résistent, etc.

Et la conclusion : « Nous appelons donc solennellement les personnels de l’Éducation nationale à faire front contre la montée de l’extrême-droite et ses idées, sur nos lieux de travail comme dans le débat public. »

On voit bien jusqu’où conduit ce front qui n’a d’autre limite que l’extrême-droite, c’est-à-dire jusqu’au vote Macron probablement, au vote LR éventuellement.

Pour le prolétariat, des possibilités d’expression politique
réduites à leur plus simple expression dans cette présidentielle

Le fait majeur de cette élection, c’est l’impossibilité absolue pour le prolétariat et la jeunesse de se saisir d’un bulletin de vote pour combattre la bourgeoisie et ses partis.

Certes, il n’est pas nouveau que le prolétariat ne puisse espérer renverser la bourgeoisie par la voie électorale. Cette impossibilité est aussi vieille que la domination de la bourgeoisie elle-même. Mais en d’autres circonstances historiques, le prolétariat avait la possibilité de voter pour les candidats de partis ouvriers contre les candidats des partis bourgeois. Mais dans le cas présent, même sur le strict terrain électoral, il n’y en a que de très faibles possibilités.

Certes il y a un candidat du PCF. Le PCF est un parti ouvrier au sens où il a été constitué par la classe ouvrière. Mais il faut ajouter immédiatement : c’est un parti « ouvrier bourgeois », pour reprendre la formule de Lénine, bourgeois par des décennies de trahison des intérêts du prolétariat. Il existe encore par le rôle qu’il joue dans les appareils syndicaux. C’est encore lui qui dirige plusieurs organisations syndicales sur la ligne du dialogue social et de la bousille méthodique des opportunités de combat ouvrier. Mais il a cessé d’exister comme organisation ayant une audience de masse, en particulier au plan électoral. Par ailleurs, le candidat Roussel mène une campagne particulièrement réactionnaire où il entend se distinguer par son soutien sans faille à l’appareil policier – rappelons sa présence à la manif des flics du 19 mai. Pour le reste, ce sont des phrases creuses sur l’« humain d’abord » et contre « le pouvoir de l’argent », en prenant garde de n’avancer un seul mot d’ordre remettant en cause la propriété capitaliste.

Quant au PS, réduit à si peu après les cinq années Hollande, il n’a pas de candidat. Hidalgo est une candidate soutenue par le PS, non la candidate du PS, dont elle affirme à qui veut l’entendre n’avoir aucun compte à rendre. Elle se définit comme « gaulliste du 18 Juin » et à ce titre s’est rendue à son tour à Colombey, après Bertrand, Pécresse, Barnier, pour rendre un hommage à de Gaulle. Ce n’est pas un hasard. Le programme commun des principaux candidats, c’est l’association la plus étroite des dirigeants syndicaux aux objectifs de la bourgeoisie avec comme objectif ultime la réalisation du corporatisme, qui était l’objectif de de Gaulle, de l’association capital-travail, dont la résolution du CESE évoquée plus haut donne un avant-goût. Par ailleurs, sur le terrain de l’État policier, de la lutte contre la jeunesse d’origine maghrébine ou subsaharienne au nom de la « laïcité », la candidate Hidalgo entend bien ne rien céder à LR, à Macron, voire à l’extrême-droite. C’est ce que précise sa directrice de campagne Delga :

« comme le fait Anne (...) savoir concilier économie et écologie et savoir aussi rétablir l’autorité de l’État parce que c’est ce qu’attendent nos concitoyens. Qu’on soit capable de parler de sécurité, de donner les moyens à nos forces de police et de gendarmerie. Et puis également être inflexible sur la question de la laïcité ».

Sur le champ de ruines laissé par le PS et le PCF, Mélenchon et son « union populaire » espèrent trouver les matériaux de son électorat. Le socle de constitution de LFI, c’est l’affirmation qu’à la lutte des classes s’était désormais substituée la lutte du « peuple » contre les « élites ». La transformation de LFI en « union populaire » entend enfoncer le clou dans ce sens. L’« union populaire », c’est l’union de toutes les classes. Et c’est pourquoi dans le programme de Mélenchon, il y en a pour toutes les classes. D’un côté l’arrêt des suppressions de lits et de postes dans les hôpitaux, de l’autre la baisse de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises « qui investissent » (le Crédit Impôt recherche a montré que c’est un jeu d’enfant pour les capitalistes de maquiller par un jeu d’écriture comptable la destination des milliards qui leur sont généreusement alloués).

Tant par son histoire que par son programme, la candidature de Mélenchon ne relève pas du mouvement ouvrier. Pas plus que celle de Jadot évidemment (voir CPS 80 : « Déréglement climatique... », article déjà cité plus haut).

Évidemment toutes les candidatures ne peuvent être considérées comme strictement équivalentes. Elles ont pourtant des traits communs par-delà leurs différences : la défense de l’État policier, la défense de l’impérialisme français et de ses positions menacés, et aussi, même si les termes peuvent différer d’un candidat à l’autre, la lutte contre l’immigration.

Dans un tel contexte, l’élection présidentielle ne peut être autre chose qu’un nouveau coup de massue sur la tête des masses, nouveau coup de massue qui donnera à la bourgeoisie l’opportunité d’engager un nouvel affrontement contre le prolétariat pour aller plus loin dans le laminage de ses acquis.

L’action militante nécessaire : de la défense des conditions d’existence au combat pour le socialisme

Préparer à l’échelle qui est celle de notre Groupe rassemblé autour du bulletin « Combattre pour le socialisme » les inévitables affrontements à venir commence dès aujourd’hui.

Dès aujourd’hui, il faut combattre pour faire en sorte que le prolétariat impose aux directions syndicales la rupture avec le gouvernement Macron. Il s’agit d’un combat pratique, immédiat qui prend appui sur la contradiction qui existe entre le caractère ouvrier des organisations syndicales, si affaiblies soient-elles par la politique des appareils dirigeants, et la politique de ces mêmes appareils entièrement dévoués à la défense de la bourgeoisie.

Ce qui se passe sur la question de la conférence salariale de la Fonction publique est instructif. Les dirigeants veulent jusqu’au bout collaborer à cette entreprise destructrice de son statut. Mais ils se heurtent à une opposition jusqu’aux strates inférieures de l’appareil syndical parce que le soutien aux objectifs du gouvernement a des effets destructeurs sur le syndicat lui-même. C’est pourquoi FO a décidé de quitter (bien tardivement) la conférence (tout en faisant en sorte que ce départ ne se fasse pas dans l’unité des organisations), c’est pourquoi la CGT, la FSU, Solidaires alertent le gouvernement en lui disant : « Si vous ne lâchez pas la moindre miette, il nous sera impossible de rester jusqu’au bout ». Appuyer sur cette contradiction en faisant en sorte, autant que faire se peut, que les travailleurs eux-mêmes s’emparent de la question, tel doit être le rôle des militants révolutionnaires.

Imposer la rupture des dirigeants syndicaux dans la Fonction publique constituerait un appel d’air pour tout le prolétariat. Elle permettrait de donner une perspective aux grèves locales qui aujourd’hui se développent pour l’augmentation des salaires. Elle mettrait à l’ordre du jour le combat général du prolétariat pour la défense effective du pouvoir d’achat, c’est-à-dire pour l’échelle mobile des salaires.

En même temps, les travailleurs sentent bien qu’aucune revendication ne peut être durablement arrachée, qu’aucune interruption durable de l’avalanche anti-ouvrière ne peut être imposée sans que soit chassé le gouvernement du capital. Toute lutte sérieuse pour les revendications ouvrières suppose le combat pour le gouvernement ouvrier. L’état de décomposition du mouvement ouvrier, le fait que les partis que la classe ouvrière a édifiés dans l’histoire sont aujourd’hui à l’agonie fait qu’il est impossible de répondre par des noms et des sigles à la question : quelles organisations constitueront un tel gouvernement ?

Mais une chose est certaine : sans expropriation du capital, sans prise en main par les travailleurs eux-mêmes de l’appareil de production tout entier, rien n’est possible. Il n’est possible ni de garantir des conditions d’existence correctes à la grande masse, ni d’assurer pour tous le droit à l’instruction, à la santé, à une retraite convenable. Et cette autre chose est non moins certaine : l’expropriation du capital ne peut se faire sans que l’appareil de répression, celui que Macron n’a cessé de renforcer durant ces cinq années après les quinquennats précédents, ne soit démantelé, qu’y soit substitué l’organisation militaire des masses elles-mêmes, l’État ouvrier.

Enfin à travers deux années de « crise sanitaire », à travers les soubresauts actuels de la production capitaliste révélateurs du caractère mondial de la production, à travers les menaces qui pèsent sur les conditions de survie (« environnement ») de l’humanité tout entière, menaces dont nul ne peut se protéger à l’échelle « locale », chacun a pu faire l’expérience de la vanité de toutes les autarcies et autres formes de « protectionnisme ».

Il n’y a pas de solution « nationale ». Le socialisme sera une réalité internationale, mondiale ou ne sera pas. Combattre pour le gouvernement ouvrier, c’est dans un même mouvement combattre pour les États unis socialistes d’Europe, transition vers la République universelle des conseils ouvriers.

Ce programme grandiose commence par les tâches les plus modestes : œuvrer au front unique des organisations ouvrières, combattre contre toute coalition, toute collaboration avec la bourgeoisie et ses gouvernements.

Ce programme grandiose suppose que soit édifiée l’organisation à même de le défendre à l’échelle nationale comme internationale : c’est le combat pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire, de l’internationale ouvrière révolutionnaire.

Le 18 novembre 2021

 

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Dernière minute

Darmanin envoie le RAID et le GIGN en Guadeloupe

 

La Guadeloupe connaît depuis plusieurs semaines une mobilisation importante dont le premier mot d’ordre est l’arrêt du « pass sanitaire » de Macron-Darmanin, mais qui exprime plus globalement le rejet de la domination coloniale.

La résistance d’une partie de la population antillaise à la vaccination ne peut se comprendre qu’en relation avec la politique coloniale menée pendant des décennies où au nom des intérêts colonialistes, la santé et la vie de milliers d’Antillais ont été sacrifiées. Tout le monde a en tête en particulier les victimes du chlordécone, ce pesticide utilisé massivement dans les bananeraies guadeloupéennes qui a provoqué des milliers de cancers parmi les ouvriers agricoles notamment.

Il faut ajouter à cela le délabrement de l’hôpital public dans les Antilles, bien pire encore que celui subi dans la métropole. La réponse de l’État colonial, à savoir la suspension sans traitement des personnels non vaccinés, ne peut que susciter la colère de la population en particulier de la jeunesse.

Il faut combattre pour que, en Métropole, le soutien aux travailleurs et la jeunesse antillaise se traduise par le combat pour que dans l’unité, les organisations du mouvement ouvrier se prononce :

·      Hors des Antilles l’appareil de répression de l’État colonial en particulier le RAID et le GIGN

·      Réintégration immédiat des personnels suspendus, en particulier à l’Hôpital

 

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